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Les « tournantes » sont un aveu d’impuissance

Mercredi 13.08.2008
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La médiatisation des tournantes renforce la stigmatisation des jeunes des « cités ». Enquête à Onex, dans la banlieue de Genève.

Par Alexandra Grandjean et Roxane Aubry, diplôme de fin d’études à la HETS, Genève

Comment les jeunes vivent-ils leur rapport à l’amour et la sexualité ? Quelle lecture pouvons-nous en faire pour ajuster prévention et intervention dans les situations de violence sexuelle ? Telles sont les deux questions qui ont guidé notre travail.

A travers une enquête de type ethnographique, menée au sein de la Cité-Nouvelle d’Onex, dans la périphérie de Genève, nous avons découvert l’existence d’une véritable micro-société de la rue, obéissant à un système de normes, de croyances et de valeurs s’inscrivant dans un contexte marqué par l’exclusion, la ghettoïsation et la dévalorisation des statuts sociaux.

La culture de la rue émerge en réponse au sentiment d’impuissance et se forme donc en opposition aux normes de la société dominante. On observe ainsi une valorisation accrue de la survie par l’économie illégale, des rites de passages délinquants (vols, bagarres, viols collectifs) mais aussi des attitudes machistes et « virilistes ». Ces conduites « héroïques » offrent la possibilité d’acquérir une identité alternative à l’identité sociale traditionnelle acquise par l’exercice d’une profession ou d’une activité reconnue socialement. Elles permettent d’annihiler les vulnérabilités individuelles.

La culture de rue favorise une omniprésence du collectif

Cette culture a la particularité de s’être créée au sein d’un univers essentiellement masculin, les garçons étant semble t-il les plus touchés par les situations de rupture scolaire et professionnelle. Face au vide et à la difficulté de se projeter dans l’avenir, conséquences de ces ruptures, auxquelles s’ajoutent parfois aussi des ruptures familiales, les garçons surinvestissent le groupe de pairs et l’espace public. On peut dès lors parler d’un véritable univers de la rue caractérisé par une absence de mixité et par l’omniprésence du collectif.

L’absence de mixité est renforcée par la codification importante qui existe au sein des rapports sociaux de sexe et qui agit comme un véritable mode de contrôle externe des garçons sur les filles. Cela a pour conséquence de complexifier davantage les relations de genre et la sexualité adolescente. Par ailleurs, l’ingérence du collectif qui transparaît dans les rapports de sexe et qui s’exprime au travers de la rumeur et de la réputation marque l’apparition du nombre dans les relations intimes.

Ce que nous mettons en évidence dans la problématique des « tournantes », c’est que chez les filles, comme chez les garçons, il existe un fort besoin d’intégration qui, à défaut de pouvoir se vivre au travers d’une socialisation plus élargie, se vit essentiellement auprès des pairs. Les relations de genre sont ainsi le lieu où s’expriment le malaise et la frustration d’une condition sociale qui ne satisfait pas au besoin légitime de reconnaissance. Ceci permet en partie d’expliquer l’émergence d’une certaine forme d’agressivité et de violence dans la rencontre entre les deux sexes et dont la prise de conscience se trouve aliénée par l’univers normatif de la rue. En effet, la violence y est une modalité relationnelle qui s’est inscrite dans la norme d’une jeunesse en marge où les comportements à risque participent du processus de valorisation sociale.

Les tournantes sont le reflet de l’état d’une société

Nous démontrons enfin que les « tournantes », qui s’inscrivent dans le panel des comportements à risque, masquent une importante vulnérabilité sociale et affective. Si cette dernière s’explique en partie par les situations de précarité et leurs conséquences sur l’environnement familial, par l’influence du milieu socio-culturel ou encore par la désaffiliation scolaire et professionnelle, elle nous semble cependant devoir être mise en perspective avec le contexte sociétal actuel. En effet, ne pas tenir compte de ce dernier, c’est en quelque sorte redonner toute la responsabilité de ces violences aux jeunes ainsi qu’à leur environnement social et familial. Si, dans le cadre des actes commis, on peut en effet imputer une part de responsabilité à l’individu et à son micro-environnement, il nous paraît néanmoins que les violences juvéniles doivent être appréhendées en tant que reflet de l’état d’une société.

En marge des injustices sociales, la société n’offre plus de modèles fiables en terme de réalisation personnelle et professionnelle. Elle offre une pluralité de modèles, sans garantie de réussite et où la responsabilité individuelle est de plus en plus engagée. Pour les jeunes, ce brouillage des modèles engendre un sentiment d’insécurité dont ils ne sont pas toujours conscients mais qu’ils projettent sur la société aux travers de multiples passages à l’acte. Pointés comme instigateurs d’une montée de l’insécurité, n’incarnent-ils pas en fait l’insécurité de la société elle-même ?

Dès lors, qualifier les « tournantes », comme le font les médias, d’actes barbares commis par de jeunes violeurs à l’encontre de pauvres jeunes filles, n’est-ce pas faire l’impasse sur la nécessité de contextualiser ce phénomène afin de l’appréhender dans toute sa complexité ?

  • Les « tournantes » : la parole aux jeunes. Enquête au sein de la Cité-Nouvelle d’Onex, Alexandra Grandjean et Roxane Aubry, HETS-IES, février 2008.

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