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Aborder la diversité sexuelle à l’école

Jeudi 12.03.2015
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La prévention de l’homophobie à l’école reçoit une attention grandissante. Une étude montre comment les valeurs d’ouverture à la diversité sexuelle sont transmises. Des enseignant·e·s LGBTIQ choisissent de témoigner en classe.

 Par Sophie Torrent, assistante à l’Institut de pédagogie curative et d’éducation spécialisée, Université de Fribourg

Les élèves qui se questionnent sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre sont plus vulnérables que les autres élèves. En 2013, une conférence intitulée « Suicide et homosexualité en Suisse : des chiffres qui interpellent » [1] a montré un état de santé mentale des jeunes homosexuels préoccupant : anxiété, dépression, tentatives de suicide. De plus, ces jeunes sont plus souvent victimes de diverses formes de violences. Cette vulnérabilité a un impact direct sur leur scolarité et se traduit par des difficultés d’apprentissage, une baisse des résultats scolaires ou de l’absentéisme [2]. Dans un tel contexte, le sentiment de solitude au moment de cette découverte est très présent et peut se trouver accentué par des violences vécues à l’école ou par un rejet dans le milieu familial. Si les jeunes avec une orientation sexuelle minoritaire ont peu de soutien et de ressources identifiables dans leur environnement direct, comme leur famille, il est alors indipensable pour eux de se mettre en quête d’autruis significatifs [3].

Ces constats se sont vérifiés dans ma recherche [4]. Les difficultés vécues à la maison et reportées par les élèves LGBTIQ à l’école prennent diverses formes : la peur d’être rejeté par ses parents, le rejet effectif ou encore l’exclusion du cadre familial. Dans ces situations, l’impact sur la scolarité devient évident et il importe que l’élève demande de l’aide à son enseignant ou à un autre intervenant scolaire.

Comment thématiser la diversité sexuelle ?

La recherche qualitative et exploratoire a porté sur douze entretiens menés auprès d’enseignant·e·s d’écoles du postobligatoire de Fribourg. Elle a visé à comprendre comment les enseignant·e·s qui thématisent la diversité sexuelle à l’école s’y prennent concrètement. Premier constat : les enseignant·e·s expriment un fort sentiment de justice sur le fait de thématiser la diversité sexuelle. Ils abordent ce sujet car il est largement médiatisé dans l’actualité et parce que les élèves montrent un grand intérêt à des discussions sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, thèmes importants à leur âge.

Lorsque les enseignant·e·s abordent spontanément la diversité sexuelle, c’est-à-dire sans que les élèves n’amènent le sujet, ils le font de différentes manières. La plupart développent ce sujet en tant que tel. D’autres choisissent de ne pas en faire un sujet à part, mais utilisent systématiquement un langage inclusif. Afin d’éviter les pièges de l’hétérosexisme, ces enseignant·e·s veillent à ce que les différentes sexualités soient représentées et mettent en situation des personnes non hétérosexuelles dans les exemples et les contextes étudiés.

Les représentations négatives des manuels scolaires

Peu d’enseignant·e·s utilisent leurs manuels scolaires pour aborder la diversité sexuelle, d’ailleurs souvent absente de ces ouvrages. Selon une étude canadienne et une autre menée en France [5], la diversité sexuelle apparaît effectivement peu dans les livres scolaires. Et quand elle est évoquée, c’est au travers de représentations négatives : la déportation des personnes homosexuelles durant la deuxième guerre mondiale, les infections sexuellement transmissibles, l’augmentation du risque suicidaire.

Pour éviter de tomber dans une vision stéréotypée ou catastrophique de l’homosexualité, les enseignant·e·s rencontré·e·s cherchent donc d’autres supports, ou les construisent eux-mêmes (courts métrages, articles, documentaire télé, émission radio). Le fait de s’appuyer sur des documents existants facilite l’entrée en matière sur ce thème, parfois jugé délicat. Un support pédagogique permet d’ouvrir le débat. Lorsqu’il n’existe aucun support, certains enseignant·e·s n’osent pas aborder ce sujet car ils ont de la peine eux-mêmes à trouver les réponses et ils préfèrent alors s’abstenir.

A titre de comparaison, une étude [6] menée il y a dix ans en Irlande a montré que 41% des enseignants estimaient plus difficile de réagir au harcèlement homophobe qu’à d’autres formes de violence. Soit par peur de devenir eux-mêmes cibles d’attaques homophobes, soit par crainte des réactions négatives de la part de leur direction, des collègues ou des parents.

Peut-on dire son homosexualité à ses élèves ?

De telles craintes n’ont pas été exprimées par les enseignant·e·s fribourgeois interrogés. A la question « Doit-on, peut-on dire à ses élèves que l’on est homosexuel ? » [7], les personnes rencontrées dans une des deux écoles ont aujourd’hui clairement répondu par l’affirmative. Certains enseignant·e·s qui vivent avec un partenaire de même sexe ont choisi de témoigner de leur homosexualité à leurs élèves. Le fait de nommer sa diversité est apparu à cette enseignante comme un devoir : « Je crois important de donner une visibilité dans notre école à une sexualité qui peut prendre diverses formes. Au fond, elle est compatible avec une vie normale. Et puis on n’a pas l’air si malheureux, en tout cas pas plus malheureux que les autres. »

Un autre enseignant explique sa façon de faire : « Je dis devant mes élèves ‘Mon mari et moi avons fait tel et tel voyage.’ La première fois, ils sont parfois surpris mais ensuite cela devient normal. Je le fais exprès car je pense important pour eux de connaître des personnes pour lesquelles cela ne pose aucun problème, qui ne vivent pas dans la misère parce qu’ils sont homosexuels, bien que peut-être leurs parents disent autre chose. Je crois qu’il appartient aussi à notre travail d’enseignant de servir d’exemples aux élèves. Même sur un plan privé car, dans certaines conditions, la vie privée est aussi liée au métier. »

La personnification d’une possibilité

L’ouverture d’esprit de cette école et le soutien de la direction permettent aux enseignant·e·s de se sentir libre de témoigner face à leur classe d’une partie de qui ils sont. Comme le dit Khayatt [8], « en affirmant mon identité sexuelle, je leur enseigne quelque chose. Je deviens l’idéal personnifié d’un certain comportement, d’une certaine identité ou d’une certaine possibilité ».

Les élèves ont ainsi en face d’eux un modèle différent, une personne avec une vie épanouissante, un travail intéressant, une situation personnelle plaisante et qui n’a pas honte de son homosexualité. Cette transparence est un acte important pour des élèves en questionnement sur leur orientation sexuelle. Elle l’est probablement tout autant pour les autres élèves. Cette posture aide aussi l’institution à sortir de l’hétérosexisme ambiant.

[1] Université de Zurich, & Dialogai. (2013). Suicide et homosexualité en Suisse : des chiffres qui interpellent. Conférence de presse du 21.02.2013. Retrieved July 12, 2014, from this page.

[2] Chamberland, L., Émond, G., Julien, D., Otis, J., & Ryan, B. (2010). L’impact de l’homophobie et de la violence homophobe sur la persévérance et la réussite scolaires. Rapport de recherche. Montréal : Université du Québec, Montréal. Retrieved from this page.

[3] Dayer, C. (2010). « Souffrance et homophobie. Logique de stigmatisation et processus de socialisation ». In S. Heenen-Wolff (Ed.). Homosexualités et stigmatisation (pp. 93-115). Paris : PUF.

[4] Torrent, S. (2014). Prévenir le rejet lié au genre à l’orientation sexuelle à l’école, Mémoire de master non publié présenté à la Faculté des lettres, sous la direction de T. Ogay, Fribourg, 128 pages.

[5] Temple, J.R. (2005). People who are different from you. Heterosexism in Quebec high school textbooks. Canadian Journal of Education, 28(3), 271-294.

Le Mat, A. (2014). L’homosexualité, une « question difficile ». Distinction et hiérarchisation des sexualités dans l’éducation sexuelle en milieu scolaire. Genre, sexualité & société, [En ligne], 11. DOI : 10.4000/gss.3144s

[6] Norman, J. (2004). A survey of teachers on homophobic bullying in Irish secondlevel schools. Dublin, School of Education Studies, Dublin City University.

[7] Lec, F., & Lelièvre, C. (2005). Les profs, l’école et la sexualité. Paris : Odile Jacob, p. 101.

[8] Khayatt, D. (1997). L’identité sexuelle et l’enseignement : devons-nous nous affirmer au travail », Sociologie et sociétés, 29(1), p. 91. DOI : 10.7202/001387ar

Cet article appartient au dossier (In)égalités de genre

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