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Un atelier de peinture clos et porteur de création

Lundi 19.10.2015
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En créant un lieu spécifique à l’abri de tout jugement et de toute attente artistique, cet atelier de peinture favorise la créativité des enfants. Une expérience genevoise inspirée d’Arno Stern.

Par Anne-Marie Brestaz Junet, éducatrice, et Christine Miglietti Leresche, psychomotricienne, Externat Horizon, Association Astural, Genève

Dans le canton de Genève, les enfants de 3 ans et demi à 10 ans qui n’ont pas trouvé leur place dans l’école « ordinaire » sont confiés à des structures adaptées. Ces établissements proposent alors un accompagnement à la fois pédagogique et thérapeutique pour les aider à surmonter leurs difficultés et à vivre avec leurs fragilités au quotidien. L’externat Horizon, de l’Association Astural, créé en 1975, accueille une partie de ces enfants qui présentent des difficultés dans leur développement et des troubles de la personnalité. L’accompagnement individualisé est organisé au sein de petits groupes d’enfants répartis selon leur âge et conduits par 2 à 3 adultes.

Dans cet externat, l’atelier de peinture [1] occupe une place particulière. Cet espace est libéré de toutes influences extérieures et de tout jugement. Inspiré par l’approche que le chercheur et pédagogue Arno Stern [2] a mise en place auprès d’enfants victimes de traumatismes de guerre, il offre un lieu de développement et d’épanouissement favorisant l’expression libre et spontanée de l’enfant.

Les bâtonnets vert clair

Durant deux ans, chaque semaine, sans exigence de produire quelque chose de beau ou ressemblant à la réalité, Michael a peint des bâtonnets vert clair sur toute sa feuille. C’était le rythme de Michael : grandir très lentement. Il s’est exprimé par un besoin 
de répétition extrême, reflet de la construction organique de son être très « carapacé », par une nécessité – peut-être aussi – de vérifier qu’il était accepté et qu’il avait le droit d’exister ainsi, qu’il était reposant de pouvoir se répéter dans des traits extrêmement simples.

Michael a pu compter sur un cadre défini : respecter les règles de l’atelier dans la prise de couleur et la tenue du pinceau, appartenir au groupe, côtoyer les autres enfants autour de la palette, tout en ayant la sécurité d’avoir son propre espace d’existence à travers sa feuille. A sa guise, en toute liberté, Michael a pu faire des allers et retours entre l’individuel (sa feuille) et le collectif (la palette).

Et, un jour, une petite étincelle a surgi de l’être qui s’ouvrait : quelques formes colorées sont apparues au milieu des bâtonnets vert clair ! Michael a pris le risque de se dévoiler furtivement, de prendre vie, de se colorer, mais à son rythme, quand il a jugé le moment bon pour lui, dans ce lieu protégé, à l’abri de tout jugement, sans avoir besoin de montrer et justifier ses peintures… ni à ses parents, ni à quelque personne de son entourage, ni aux responsables de sa classe.

Un outil de travail pertinent

En 1975, deux éducatrices formées à Paris chez Arno Stern ont aménagé dans le grenier de l’institution un local correspondant aux exigences de cette technique : un lieu clos, sans fenêtres, à l’abri de tous regards extérieurs. Recouverts d’un papier kraft, ses murs se sont colorés au fil des ans, traces des bordures des peintures des enfants. En son centre, palette de couleurs, pinceaux et bocaux pour les mélanges sont à leur disposition. Un local contigu conserve les peintures de tous les enfants qui ont fréquenté l’atelier, semaine après semaine, année après année.

Depuis, plusieurs éducatrices et psychomotriciennes d’Horizon se sont formées à Paris et animent des séances chaque semaine pour des petits groupes de quatre à six enfants. L’atelier de peinture accueille les enfants – tous ou presque le fréquentent – sur des temps soit de classe soit d’expression de l’après-midi.

Ces ateliers constituent un outil de travail pertinent et riche pour des enfants envahis d’angoisses et souffrant de graves troubles relationnels. L’objectif recherché ? Que chaque enfant puisse, à son rythme, trouver dans cet espace un lieu de développement et d’épanouissement à travers l’expression libre et spontanée, pour :

  • renforcer sa confiance en lui ;

  • avoir une meilleure image de lui-même ;

  • travailler sa relation aux autres ;

  • travailler son rapport aux règles et à l’autorité.

Oser sans craindre l’erreur

« Cette absence de directivité, note l’Association des praticiens d’éducation créatrice, crée un espace de confiance dans lequel chacun, libéré autant du jugement que de la comparaison, retrouve le plaisir de travailler en fonction de lui-même.

Ainsi, peu à peu, reconquérir la surface de la feuille, oser, sans craindre l’erreur, jouer avec les formes et les couleurs devient un acte dont la portée est aussi importante que profonde. »

L’enfant quitte – physiquement et concrètement – son lieu quotidien et habituel de vie et d’apprentissage pour se rendre dans un espace différent des autres, avec ses propres règles appartenant à l’atelier plutôt qu’aux adultes qui l’animent.

Dès le moment où le seuil de cet espace est franchi, où les adultes mettent leur tablier, se crée pour les enfants un climat de travail très particulier : les adultes ne sont plus ceux qui jugent, organisent, pensent le travail des enfants. Ils deviennent ceux qui se mettent au service du tracé de l’enfant, ils essaient de leur faciliter la tâche pour que l’acte de peindre se place au centre, ils sont à l’affût de tout frein entravant le geste créateur de l’enfant tout en assurant le maintien des règles de ce lieu.

Ces adultes n’attendent ni résultat ni performance. Ils sont là pour veiller au respect du matériel, tout en portant une attention particulière à ce que chaque enfant ait sa place. Que l’espace commun et individuel soit propice à l’acte créateur, telle est leur mission.

Un lieu contenant

Hervé et Matthieu ont pu vivre pleinement l’atelier de peinture. Souffrant, entre autres, d’un manque d’attention et de limites, ils y ont retrouvé – comme dans nombre d’autres lieux – la présence de règles, très concrètes ici : tenir un pinceau, attendre patiemment que la peinture sèche pour repeindre à nouveau, prendre soin des peintures sur la palette, appeler l’adulte pour décrocher une punaise ou essuyer une coulée de peinture…

Pour ces deux enfants, l’atelier de peinture est un lieu contenant. Ils doivent y suivre des consignes structurées – auxquelles Hervé et Matthieu se sont souvent confrontés, parfois même violemment.

Une fois le cadre testé et sa solidité constatée, ils se sont montrés entièrement disponibles et ouverts pour peindre. Ont alors émergé des peintures soignées, structurées, colorées, empreintes de bribes importantes de leur vie.

Le bon moment

Zoé, petite fille aux forts traits autistiques, terriblement angoissée par le rapport à l’autre, a elle aussi trouvé dans l’atelier de peinture un espace d’abord de confrontation, puis, petit à petit, d’expression. Se sentant perpétuellement envahie par l’autre, cherchant à contrôler son environnement pour contenir ses angoisses, Zoé s’est beaucoup confrontée à l’adulte autour de la tenue du pinceau… et non autour du contenu de sa feuille. Il y a trois ans, quand elle a débuté l’atelier de peinture, toute son énergie et son attention se focalisaient sur cet aspect technique. Ce qui avait l’avantage de ne pas toucher à l’espace expressif de sa feuille…

Zoé a pu suivre son rythme d’expression très archaïque et spontané. Elle a peint pendant plus d’une année des fonds de couleur uniforme. Puis, un jour, quand ce fut le bon moment pour elle, quand elle s’est sentie suffisamment en confiance, elle a commencé à peindre des tableaux très créatifs, personnels, décoratifs et lumineux. Et son comportement, dans l’atelier, s’est transformé. Elle s’est assouplie, elle ne s’est plus montrée perpétuellement sur la défensive, elle a moins cherché la confrontation à l’adulte, elle s’est concentrée sur son travail. Zoé est devenue souriante et satisfaite de ce qui s’exprime sur sa feuille. Tout simplement gratifiant pour elle !

Un lieu protégé des regards extérieurs

Enfant très créatif et intelligent, mais envahi de terreurs et habité d’une toute-puissance massive, Hari peignait, à son arrivée dans l’atelier, des figures d’une grande beauté, très artistiques, très esthétiques. Peu à peu, Hari s’est imprégné du climat de l’atelier, il a senti les autorisations données, il a compris que le lieu était protégé des regards extérieurs. Tout en observant les peintures des autres enfants, Hari a pu lâcher progressivement la nécessité de représenter des formes parfaites. Il a commencé par recouvrir systématiquement de peinture ce qu’il avait joliment tracé, puis il s’est autorisé des ratures, des gribouillis, des figures plus imparfaites et enfantines.

Finalement, il a su développer un style très personnel, moins régulier et précis, mais tellement moins barricadé derrière un style figé et parfait. Hari s’est soumis peu à peu aux règles très strictes de l’atelier, tout en s’y appuyant pour créer de gigantesques mondes imaginaires sur plusieurs feuilles juxtaposées. Avec un grand plaisir d’utiliser un espace ample dans l’atelier, d’être vu et respecté dans sa nature vraie et originale, et non pas dans le « il faut, je devrais ».

L’atelier, un instrument précieux

L’atelier de peinture d’Horizon constitue un instrument de travail précieux et privilégié : il permet d’offrir un contenant rassurant au sein duquel l’enfant, souvent perturbé et envahi par un monde interne tourmenté, peut en toute liberté se mettre en contact avec cette nécessité organique de déposer une trace. Au fil des années s’est renforcée la conviction de la pertinence d’un tel atelier de peinture au sein de l’institution.

Quoi de plus beau que le sourire d’un enfant qui trouve son fil de créativité, qui chantonne dans le plaisir de déposer sa trace ? Quoi de plus puissant que la concentration d’un enfant – qui a dû parfois beaucoup « bagarrer » pour accepter les règles et les exigences de ce lieu – circulant de sa feuille à la palette, absorbé par son travail ? Arno Stern a écrit : « Heureux comme un enfant qui peint et qui peut entrer dans le jeu de peindre. »

[1] Cet article est repris de l’analyse parue dans le rapport d’activités 2015 de l’Association Astural, site internet.

[2] Lire notamment : « Le jeu de peindre », Arno Stern, Editions Actes Sud, Collection Essais sciences, 2011, 140 pages.

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