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Sélection de nouveautés chez les libraires - Printemps 2009

Mardi 05.05.2009

Un choix d’ouvrages qui ont retenu l’intérêt de REISO dans le domaine social et la santé publique.

Sélection par Marylou Rey

Jeunes

  • « Enfances partagées
, Moments de vie d’un internat scolaire », 

Denis Petitjean

, Editions Delibreo, avril 2009, 160 pages. Dans ce récit, l’auteur présente les multiples péripéties vécues
 durant une année par une communauté de quarante enfants et de presque
 autant de collaborateurs. Au fil de soixante tableaux, le lecteur découvre les
 émotions, les états d’âme et les tensions qui surgissent dans ce petit monde. L’auteur ne vise pas à évoquer les souvenirs de l’orphelinat avec ses grands
 dortoirs, son réfectoire et ses sinistres couloirs. Loin des clichés, il raconte la vie d’une institution avec ses épisodes souvent tragi-comiques. Enseignant de formation, Denis Petitjean a dirigé le Centre éducatif et pédagogique de Courtelary (BE) pendant 32 ans.
  • « Sociologie de la délinquance juvénile », Gérard Mauger, La Découverte, janvier 2009, 122 pages. Ce livre présente une analyse sociologique de la délinquance des jeunes des classes populaires en France. Il distingue deux configurations successives depuis la fin des années 1950. La première, associée aux stéréotypes médiatiques des « blousons noirs » puis des « loubards », correspond à la période qui s’étend de la fin des années 1950 à la fin des années 1970. La seconde, associée à la figure médiatique des « jeunes des cités », apparaît au début des années 1980 et perdure aujourd’hui.
  • « Sociologie de l’éducation », Marlaine Cacouault-Bitaud, Françoise Oeuvrard, La Découverte, février 2009, 128 pages. Un enfant de trois ans a devant lui, en moyenne, plus de dix-huit ans de scolarité. L’école réussit-elle pour autant à offrir des chances de progrès et de promotion sociale à des élèves venus d’horizons divers ? Comment cette diversité est-elle traitée dans les structures scolaires dont l’unification est plus formelle que réelle en France ? Est-ce que l’allongement de la durée d’études et la diversité des parcours scolaires permettent une meilleure insertion sociale et professionnelle ? Cet ouvrage répond à ces questions et présente des données actualisées sur les inégalités sociales de la scolarisation.
  • « L’échec scolaire des enfants de migrants. L’illusion de l’égalité », de Martine Chomentowki, L’Harmattan, avril 2009, 246 pages. L’auteure pointe le corollaire enfants de migrants et échec scolaire en France, en mettant à disposition des éléments statistiques, des éclairages sociologiques, linguistiques et psychanalytiques. Mêlant les évidences les plus flagrantes à des apports plus complexes, elle questionne "la grande difficulté scolaire" des élèves issus de familles migrantes de tradition orale. Une problématique encore souvent considérée comme taboue…
  • « Jeux dangereux. Quand l’enfant prend des risques », Marie-France Le Heuzey, Editions Odile Jacob, avril 2009, 160 pages. Prendre des risques fait partie du développement normal de l’enfant, cela lui permet de gagner en assurance et en autonomie. Mais il arrive que l’enfant, poussé par le besoin de se mettre à l’épreuve ou de soulager une souffrance cachée, ou parfois juste pour s’amuser, se retrouve en situation de danger. Ces jeux dangereux prennent diverses formes : sports à risque, pratiques sexuelles non protégées, consommation d’alcool ou de drogues, scarifications, anorexie, conduites suicidaires.

Migrations

  • « Prostitution et migration. La dynamique de l’agir faible », Milena Chimienti, Editions Seismo, mars 2009, 400 pages. Au travers de l’étude de la prostitution de migrantes en Suisse, Milena Chimienti analyse la manière dont les personnes survivent dans une situation de vulnérabilité. Le thème de la prostitution est également utilisé comme révélateur de la manière qu’ont les politiques publiques de gérer la marginalité et, ainsi, de la morale rattachée à cette question. Enfin, la prostitution de migrantes sert de révélateur du changement social : d’une part parce qu’elle montre comment les politiques s’adaptent à la marginalité ; d’autre part, parce qu’elle illustre les réactions (des individus, des intermédiations associatives et des acteurs économiques) engendrées par les réponses structurelles.
  • « Emploi et immigration, Vers une convergence des pratiques en Europe ? », Brigitte Lestrade, L’Harmattan, avril 2009, 296 pages. Le thème de l’immigration, omniprésent dans les médias, suscite craintes et espoirs dans les pays européens riches. Crainte de l’aggravation du chômage et de l’accroissement de l’insécurité ; espoir en termes de croissance économique. Renforcées par la crise financière, les craintes semblent prendre le dessus. Les auteurs se penchent sur les questions que soulève l’immigration du travail dans les grands pays européens. Y aurait-il une réponse européenne commune à ces problèmes ?

Genre

  • « Figures du féminin dans les industries culturelles contemporaines », Fabienne Malbois, Silvia Ricci Lempen, Valérie Cossy, Lorena Parini, Nouvelles Questions Féministes Vol. 28, Editions Antipodes, février 2009, 152 pages. Comment se rencontrent les héritières des grandes luttes féministes des années 1970-1980 et la génération "Bridget Jones" ? Les figures féminines proposées aujourd’hui au public sont-elles vraiment émancipées en termes féministes ? En fait, les messages délivrés par les productions culturelles contemporaines brouillent le rapport entre réalité et représentation en recourant à la citation et à la parodie. Comment aborder cette ambiguïté ? Au fil des articles, ce numéro de la revue Nouvelles Questions Féministes suggère un renouvellement du discours féministe apte à faire face au défi que posent les nouvelles représentations des rapports sociaux de sexe par les industries culturelles.
  • « Le sexe du militantisme », sous la direction d’Olivier Fillieule et de Patricia Roux, Les presses de Sciences po, avril 2009, 361 pages. Cet ouvrage propose une analyse de la (re)production des rapports de pouvoir au travers des pratiques militantes, saisissant les logiques par lesquelles les inégalités de genre, de classe et de race imprègnent le militantisme, qu’il soit de gauche ou de droite, progressiste ou conservateur. Premier ouvrage en français à explorer le militantisme dans une perspective de genre à partir de recherches empiriques sur les partis, les syndicats et les mouvements sociaux, il rassemble des politistes, sociologues, anthropologues et historiennes dont le souci est de ne pas appréhender les luttes politiques comme si elles étaient « neutres » et non sexuées.
  • « Une pensée en mouvement », Françoise Héritier, Editions Odile Jacob, mars 2009, 464 pages. « Dans ma jeunesse, j’étais plus intéressée par l’ailleurs et l’autrefois, que par l’ici et le maintenant… Ma rencontre avec Claude Lévi-Strauss a changé ma vie en m’orientant vers l’anthropologie sociale. Je n’ai ni la prétention ni la naïveté de croire que l’anthropologie sert directement à changer les mentalités, mais elle participe à la vie de la Cité, tant par sa réflexion que par ses actions. Elle mobilise son savoir dans des domaines nouveaux qu’il lui faut baliser : le rapport entre les genres masculin et féminin, le changement des formes de la vie sexuelle, conjugale, familiale, l’avenir de la recherche, les rapports entre communautés, les difficultés de la jeunesse, la constitution de l’identité et de l’altérité par le regard, etc. Il s’agit aussi, dans ces pages, de rapprocher des imaginaires, de faire comprendre des milieux et des itinéraires, de retracer le cours d’une pensée dont je crois pouvoir dire qu’elle est, toujours et encore, en mouvement. » F. H.

Politiques sociales

  • « Le système français de protection sociale », Jean-Claude Barbier, Bruno Théret, La Découverte, avril 2009, 128 pages. Nouvelle édition. Les auteurs décrivent et analysent le système français de protection sociale, en le situant dans la perspective des trente dernières années et en comparant la situation française à celle des autres membres de l’Union européenne. Les systèmes nationaux sont confrontés à des défis communs, engendrés notamment par les tendances sociodémographiques, la flexibilisation des marchés du travail et le poids croissant de la financiarisation de l’économie, qui a abouti en 2008 à la plus grande crise économique depuis les années 1930. La protection sociale est plus que jamais indispensable. Mais, en Europe, crise ou pas, cela ne conduit pas à une convergence des systèmes, ni même à leur harmonisation…
  • « Investir dans le social », de Jacques Delors et Michel Dollé, Editions Odile Jacob, avril 2009, 288 pages. « Les évolutions de l’emploi et des revenus, l’état des inégalités sociales, les risques pesant sur l’emploi et la protection sociale rendent plus urgent et plus nécessaire que jamais de proposer une synthèse politique portant sur la transformation de l’État social, avec l’espoir de servir à une reconstruction adaptée à notre temps. La crise économique et sociale dans laquelle nous sommes désormais engagés va à la fois solliciter et profondément remettre en question notre système de l’emploi et notre protection sociale… » J. D. et M. D.

Pratiques sociales

  • « Le goût de l’observation. Comprendre et pratiquer l’observation participante en sciences sociales », Jean Peneff, La Découverte, Collection Grands Repères Guides, février 2009, 256 pages. L’observation participante a cent ans : Park, Znaniecki, les élèves de Van Genepp l’ont pratiquée dès 1910. Ce livre retrace son histoire en évoquant les écrivains (Balzac, Zola), les historiens (Bloch, Hobsbawm), les journalistes du judicaire (affaires Grégory ou d’Outreau), les militants et les déportés (Lévi, Tillion). Le XXe siècle a été un grand moment d’ouverture et l’occasion d’une forte mobilité sociale qui rendirent possible l’observation participante. Pour l’auteur, il ne s’agit pas seulement d’une technique sociologique, mais d’un style de vie. Tirée de quarante ans de pratique et d’enseignement, une série d’exercices est proposée, destinée aussi bien aux profanes qu’aux spécialistes.
  • « L’activité professionnelle : compétences visibles et invisibles », de Robert Frund, Cahiers EESP 47, 2008, 112 pages. Les métiers du social pâtissent de la croyance selon laquelle la pratique ne peut véritablement se dire. Comment revendiquer que des pratiques atteignent un certain degré de professionnalisme lorsqu’on les maintient en bonne partie dans l’indicible et l’insaisissable ? Le questionnement sur les compétences des travailleuses sociales et travailleurs sociaux doit reprendre sans cesse la discussion sur l’explicitation des pratiques. Cette question est abordée ici à partir de la dissociation majeure et problématique entre action et réflexion, qui n’a pas lieu d’être et qui a cependant toujours cours.

Réflexions

  • « De la consommation à la consomm’action », René Longet, Jouvence, Collection « Savoir et Agir pour ce Siècle », avril 2009, 192 pages. Avec la crise, le pouvoir d’achat est plus que jamais au cœur des préoccupations sociales. Y a-t-il encore une place, dans ce contexte, pour éviter que la pression sur les prix n’enfonce davantage les travailleurs du Sud ou n’écrase les exigences environnementales ? Commerce équitable et respect des bases naturelles d’existence vont-ils faire les frais de la crise ? Comment sortir de ce dilemme ? L’auteur donne des pistes concrètes et montre que, lors des activités les plus banales de la vie quotidienne, il est possible de passer de la consommation à la consomm’action.
  • « Le contrat social dans un monde globalisé », sous la direction de Guy Bajoit, Academic Press Fribourg, Collection Res Socialis, volume 33, 2008, 282 pages. La globalisation change radicalement les conditions et les pratiques du contrat social. Comment aujourd’hui pouvons-nous coexister pacifiquement, négocier nos différences et nos divergences, mettre en place des compromis acceptables, et bénéficier de la protection et des services d’un État légitime ? Sur quel pacte se fonde la limitation de la liberté de chacun nécessaire à la régulation des rapports sociaux quand la liberté est justement érigée en valeur absolue ? Quelles formes instituées de solidarité viennent étayer le contrat social cher à Jean-Jacques Rousseau ? Avec des éclairages d’Amérique latine, des pays d’Europe et d’Amérique du Nord.
  • « André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle », Christophe Fourel, La Découverte, Collection Cahiers libres, février 2009, 240 pages. Philosophe autodidacte d’origine autrichienne, proche de Jean-Paul Sartre, André Gorz (1923-2007) est l’un des grands penseurs de la critique sociale du XXe siècle. Cet ouvrage, hommage à un philosophe d’exception, rassemble les contributions d’auteurs qui ont tous connu André Gorz et côtoyé de près sa production intellectuelle. Il montre l’ampleur et la pertinence de l’œuvre, présentant et discutant les nombreuses thématiques qu’elle a abordées : l’écologie politique, la place du travail et du temps choisi, la critique du capitalisme, le revenu d’existence. Le livre présente aussi trois textes inédits d’André Gorz.
  • « Cultures populaires. Populisme et émancipation sociale », La Découverte, Revue Mouvements (déc.) n°57, paru en février 2009, 184 pages. L’explosion de nouvelles formes artistiques inspirées par la rue, la ville, les espaces collectifs et les modes de vie ainsi que celle d’une « communication de l’intime » promulguée par les blogs et la téléréalité nous placent devant une configuration culturelle renouant avec des codes et des valeurs populaires. Ces modes contemporains de création, de circulation et d’échange sont-ils le symbole d’un désir accru d’émancipation sociale ou masquent-ils au contraire le basculement de leurs rituels de célébration populaire dans le populisme ? Sans prétendre trancher dans les ambivalences de la modernité culturelle, ce dossier en questionne différents aspects.
  • « Fragments d’intime. Amours, corps et solitudes aux marges urbaines », Pascale Jamoulle, La Découverte, Collection Alternatives sociales, janvier 2009, 264 pages. Dans les espaces urbains marqués par la précarisation, les sphères de l’intime se fragilisent. Cet ouvrage explore la vie émotionnelle, affective et sociale de personnes de toutes origines, souvent marquées par l’épreuve de l’exil, dans un quartier « chaud » de Bruxelles, où les relations hommes/femmes, les quêtes affectives et sexuelles sont d’une grande complexité. L’auteure y a longuement fréquenté des prostituées, des errants avec ou sans papiers, des jeunes issus des anciennes et nouvelles migrations, turques en particulier. Au fil de leurs histoires et de leurs contextes de vie, le lecteur découvre les mondes off des grandes métropoles, ce monde où s’invente la mondialisation par le bas de l’échelle sociale.
  • « Théorie anti-utilitariste de l’action. Fragments d’une sociologie générale », Alain Caillé, La Découverte, mars 2009, 192 pages. Qu’est-ce qui pousse les sujets sociaux à agir ? L’opinion, largement dominante, est que l’action des hommes s’explique exclusivement par l’intérêt, qu’il soit d’ordre économique, sexuel, de conservation, de pouvoir ou de prestige. Dans ce livre, à l’opposé, l’auteur défend une théorie anti-utilitariste de l’action. Car c’est précisément en s’affranchissant du cercle étroit des intérêts, sans pourtant les dénier, que les êtres humains deviennent des sujets. Et c’est parce qu’ils aspirent plus à être reconnus qu’à accumuler que les hommes ne sont pas réductibles à la figure de l’homo oeconomicus. Cette théorie anti-utilitariste de l’action propose de rompre avec les approches « économicistes » de l’Histoire et de la vie en société.
  • « Sciences de l’homme et sciences de la nature », sous la direction de Claude Grignon, Claude Kordon, Editions de la Maison des sciences de l’homme, avril 2009, 280 pages. Les sciences de l’homme sont-elles des sciences, au même titre que les sciences de la nature ? Ne sont-elles pas plus proches de la philosophie ou de la littérature que de la physique ? La diversité des sciences compromet-elle l’unité de la science ? Affaiblit-elle l’opposition, brouille-t-elle la démarcation entre science et non science ? Les différences entre les disciplines tiennent-elles seulement à leurs méthodes, ou, plus profondément, à des styles de pensée différents, à des conceptions différentes de notions aussi fondamentales que la causalité ou l’explication ?

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