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Recension de Jean Martin / « Médecin de dernier recours »

Mercredi 10.02.2016

Médecin de dernier recours

François Choffat, Lausanne : Editions d’en bas, 2015, 292 pages

Recension par Jean Martin, médecin de santé publique

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Le Docteur François Choffat (1941) est un médecin connu de Suisse romande. Lui et moi nous connaissons de longue date et partageons d’avoir tous deux travaillé en début de carrière dans des pays en développement. L’auteur s’est ensuite installé comme généraliste au bord du lac de Neuchâtel. Sa curiosité de paradigmes médicaux autres (y compris guérisseurs et autres « panseurs de secret » dans le Jura) et des expériences positives dans des situations où l’allopathie s’avérait décevante l’ont amené à s’attacher à l’homéopathie, devenue une partie majeure de sa pratique. Il s’est aussi beaucoup préoccupé d’alimentation, en étant notamment un disciple de Catherine Kousmine, et a fondé un Centre de santé holistique dont il raconte les péripéties parfois difficiles.

« Le chamanisme et la chirurgie sont les symboles de deux pratiques diamétralement opposées de l’art de guérir… Un pôle humaniste et un pôle mécaniste. Pour moi, ces deux pôles sont devenus indissociables, et complémentaires come le cerveau gauche et le cerveau droit (…) Dans ma propre pratique, il y a d’un côté l’héritage revendiqué de la médecine conventionnelle, de l’autre certaines médecines complémentaires. Cette synthèse a été le fruit d’une longue confrontation entre mes croyances initiales et les échecs que la réalité m’a infligés. (…)L’homéopathie m’a fait redécouvrir la réalité d’une certaine Energie vitale, qui échappe à la démarche scientifique et la complète. »

C’est toute une carrière, une trajectoire, que retrace Médecin de dernier recours. Un mot sur ce titre, lié au fait que, pas rarement, des patients se sont adressés à lui et à ses méthodes autres après avoir cherché du secours ailleurs, en particulier dans la médecine orthodoxe, sans qu’un remède soit trouvé. Il se dit aussi « médecin des causes perdues ».

L’ouvrage fourmille de vignettes cliniques illustrant le propos, avec des critiques marquées à l’endroit d’aspects commerciaux de la médecine et du carcan imposé par le paradigme biochimique. Il consacre un chapitre à ses réserves vis-à-vis des pratiques vaccinales qu’il juge trop systématiques (tout en ne les excluant pas) et influencées par l’industrie. Un autre est dédié à la sclérose en plaques, une des « causes perdues » pour lesquelles on faisait appel à lui.

Les attitudes ont passablement changé à l’endroit des méthodes qu’on ne souhaite plus appeler parallèles ou alternatives mais complémentaires - pour ne pas donner une impression d’inévitable confrontation. Aujourd’hui, il me paraît que beaucoup d’entre nous peuvent se dire d’accord avec F. Choffat quand il écrit : « Affirmer qu’il n’y a pas de salut en dehors de la médecine officielle relève de l’arrogance. »

Cela étant, on ne sera bien sûr pas toujours d’accord avec l’auteur dans ses affirmations. Mais on ne saurait nier son ouverture aux choses « autres », sa sincérité, et son engagement au service des patients. Ce livre est un exemple d’efforts tout à fait estimables, par des médecins au terme d’une carrière bien remplie, de rassembler vécu, expériences, leçons tirées, questionnements, sous une forme aisément accessible à d’autres. Le récit de vie du Dr Choffat, bien écrit, structuré en nombreuses sections faciles à consulter, est susceptible d’intéresser les professionnels de santé aussi bien qu’un large public.

Site internet Editions d’en bas

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