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Recension: «A la retraite: les cahiers au feu?»

Mardi 06.02.2018
  • A la retraite, les cahiers au feu? Apprendre tout au long de la vie : enjeux et défis
  • Roland J. Campiche, Yves Dunant (dir.), Lausanne : Editions Antipodes, janvier 2018, 127 pages.

Recension par Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO

alaretraite

 Après un premier livre sur les adultes aînés et la formation continue, Roland J. Campiche reprend son bâton de pèlerin. Malgré le slogan national «la formation la vie durant», presque rien n’a été réalisé en Suisse. Même la récente loi fédérale sur le sujet n’a pas prévu que les cursus couvrent la vie entière.

En prenant appui sur le parcours fictif de Magdalena R., les auteurs de ce petit livre agréable à lire montrent comment le fait d’acquérir de nouveaux savoirs et d’utiliser son expérience tout en nouant de nouvelles relations débouche sur une nouvelle confiance en soi et donne du sens à cette tranche de vie. Le livre documente les apports des échanges intergénérationnels et ceux de l’activité bénévole assurée par les retraité·e·s. Il contredit avec pertinence celles et ceux qui pensent encore qu’après l’activité professionnelle rémunérée, toute personne est un poids pour la société. Il contredit aussi l’image de la vieillesse réduite à une sorte de «maladie».

Un argument est particulièrement documenté dans cet ouvrage, celui de l’effet de la formation sur la santé. Le chiffre à retenir : le niveau de formation contribue à hauteur de 50% au sentiment de bonne santé, quel que soit l’âge de la personne concernée.

Pour Roger Darioli, auteur du chapitre «La formation continue: vecteur de santé la vie durant», médecin et président de Connaissance 3, plus la formation est poussée et continue, plus les chances de vivre longtemps en bonne santé sont grandes. «Avoir un bon réseau de relations sociales et avoir le sentiment de maîtriser sa vie engendrent un effet favorable sur la santé. Or, les personnes ne disposant pas ou de peu de formation post-obligatoire sont nettement plus souvent démunies de soutien social que les personnes au bénéfice d’une formation tertiaire.» Et même si les inégalités sociales sont déterminantes, le niveau de formation qui en découle est un levier sur lequel il est possible d’agir en tout temps.

Pour Yves Dunant, médecin, associé à de grandes études européennes sur Alzheimer, il convient de ne pas se focaliser uniquement sur les ressources médicales et pharmaceutiques : chaque adulte peut se constituer une «réserve cognitive» susceptible de retarder, voire d’éviter les maladies neurodégénératives tant redoutées.

Face à l’explosion des coûts de l’assurance maladie, les autorités politiques et législatives accordent beaucoup d’importance (et d’argent) à la prévention et à la promotion de la santé. Faire du sport et s’alimenter sainement : c’est bien. Mais en négligeant la formation, les campagnes nationales ratent une autre piste pour assurer le bien-être des habitant·e·s et prévenir des dépenses sanitaires, tous âges et classes sociales confondus. Espérons que cet argument financier saura prochainement inciter les élus politiques à prendre le slogan «la formation la vie durant» au sérieux!

Editions Antipodes 


Lire aussi le commentaire de Roland J. Campiche sur l’âge de l’AVS et le temps de formation paru le 2 septembre 2020 dans Le Courrier: «Le travail ne se résume pas au salaire».

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