«Remobiliser» par les arts: des effets ambivalents

Jeudi 10.04.2025
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Pour faciliter l’insertion socioprofessionnelle des jeunes, des dispositifs utilisant le medium artistique émergent en Suisse. Si l’art favorise leur remobilisation, il semble atteindre ses objectifs surtout auprès des plus doté·es de ressources.

Par Christophe Delay, professeur HES associé, Francesca Quercia, collaboratrice scientifique, et Maurice Avramito, collaborateur scientifique, Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HES-SO)

Depuis les années 1990, on assiste à une transformation des politiques sociales, visant à activer les personnes sans emploi et les rendre « actrices de leur propre parcours d’aide et de formation »[1].

Dans ce contexte se sont multipliés les dispositifs qui utilisent les arts et le coaching pour favoriser l’insertion socioprofessionnelle des jeunes n’étant « ni en études, ni en emploi, ni en formation ».

Financée par le Fonds national suisse (2020-2024), une étude a été réalisée afin de saisir les effets de socialisation [2] de ces dispositifs sur les jeunes et comprendre comment ils affectent leurs trajectoires ultérieures selon les ressources [3] dont iels disposent. Ses résultats montrent comment des prédispositions théâtrales à l’entrée du dispositif, l’autonomie dans la recherche de formations couplée à un soutien institutionnel hors dispositif, ou encore une familiarité avec le monde de l’apprentissage peuvent être un levier dans la remobilisation et l’accès à une formation à la sortie du dispositif.

Acquérir des compétences douces

Renommé Acte Ta Vie, le dispositif enquêté vise à récupérer des jeunes inactif·ves qui n’arrivent pas à intégrer d’autres mesures d’insertion. Il se différencie d’autres structures centrées sur l’élaboration d’un projet et la réalisation de stages. Il propose à quarante jeunes (17-25 ans) de participer à divers ateliers artistiques collectifs, afin de se « remobiliser » et acquérir des soft skills jugés « nécessaires pour construire un projet de vie et réintégrer un parcours de formation ou un emploi » (p. ex. la « confiance en soi » ; cf. rapport d’activité, 2020).

Le dispositif se base sur une conception progressive de l’insertion. Les jeunes sont invité·es à participer quotidiennement aux ateliers animés par des intervenant·es artistiques (9 h- 17 h), ce qui donne à la structure un aspect enveloppant ; leur participation intensive attendue a pour objectif la production d’œuvres de « qualité » (spectacle de théâtre, court métrage) ponctuant dix mois d’investissement. A ceci s’articule un suivi individualisé proposé par des travailleur·euses sociaux·ales et qui prend en compte l’ensemble des dimensions de la trajectoire des jeunes (p. ex. problèmes familiaux, de santé). Après quelques mois, un soutien aux postulations leur est aussi proposé, mais de manière plus ponctuelle. Tout au long de l’année, les intervenant·es cherchent à nouer un lien avec les jeunes selon une logique de proximité et un cadre souple, basé sur un principe de « non-exclusion ».

L’analyse des vingt-deux entretiens réalisés avec des participant·es permet de dégager trois types d’usager·ères, qui s’approprient différemment la double invitation à s’engager dans des créations artistiques, puis dans un parcours d’insertion socioprofessionnelle.

Les usager·ères compliant·es

Envoyé·es par diverses institutions sociales, les compliant·es sont arrivé·es sans projet à Acte Ta Vie. Déjà prédisposé·es à la pratique théâtrale, tou·tes se disent transformé·es par la participation assidue aux ateliers, ce que nos observations ethnographiques confirment : iels réussissent à se lever plus tôt pour se rendre aux ateliers et, grâce aux répétitions de théâtre, prennent la parole de manière plus affirmée. Disposant de connaissances sur le monde du travail (par leur fréquentation des filières préprofessionnelles de l’école secondaire inférieure) et familier·ères de l’apprentissage (de par les diplômes de leurs parents, titulaires d’un CFC), nombre d’entre elleux se mettent à chercher des places d’apprentissage, grâce au soutien ponctuel des TS du dispositif et des institutions partenaires qui les ont orienté·es ; une large majorité se trouve en formation en fin de programme.

Les usager·ères contestataires

Plus souvent orienté·es par des jeunes ayant fréquenté Acte Ta Vie par le passé, les contestataires sont plus âgé·es : arrivé·es avec un projet précis, iels adhèrent moins à la dimension collective et se focalisent sur leurs projets personnels, évitant certains ateliers. Certain·es finissent par quitter la mesure dont le soutien à leur projet professionnel — qui peine à se concrétiser du fait de la sélectivité des filières artistiques auxquelles la plupart d’entre iels aspirent — leur paraît trop ponctuel. Un peu plus de la moitié d’entre elleux se déclare toutefois « transformé·es » (en termes de reprise d’un rythme et d’estime de soi).

Les usager·ères engagé·es intermittent·es

Enfin, du fait de situations familiales conflictuelles et empreintes de précarité économique, mais aussi de faibles prédispositions culturelles, les engagées intermittentes, toutes des femmes, peinent à s’investir régulièrement. Si seule une minorité se dit transformée, ces participantes apprécient l’écoute et le soutien des professionnel·les à leur projet, même si celui-ci ne se concrétise que rarement en fin de suivi. Leur engagement, même partiel, leur permet de s’émanciper des tentatives de renvoi à la sphère privée par des membres familiaux.

Leviers et freins à la remobilisation

Si plusieurs travaux ont montré que les jeunes les plus doté·es en ressources, surtout scolaires et familiales, tirent un meilleur bénéfice du soutien institutionnel que les autres [4], notre étude montre des dynamiques similaires. Les compliant·es disposent de ressources favorisant leur remobilisation et leur entrée en formation au terme du programme [5] : des prédispositions culturelles, ainsi qu’une autonomie dans la recherche de formations (dans des domaines professionnels de plus facile accès) liée à leur familiarité avec le système de l’apprentissage et à un soutien institutionnel hors dispositif. Au contraire, l’absence de prédispositions ou un faible goût pour le théâtre, ainsi qu’une moindre familiarité avec le monde de l’apprentissage et un plus faible soutien institutionnel hors dispositif constituent des freins à la remobilisation et à l’élaboration d’un projet professionnel pour les autres participant·es.

Il semble donc important d’accorder une attention particulière au soutien personnalisé aux projets des participant·es les plus âgé·es, les moins soutenu·es par d’autres institutions et/ou qui, par leurs caractéristiques sociales (p. ex. leurs origines extra-européennes) [6], ont le plus de difficultés à accéder à une formation ou à un emploi. La dynamique collective des créations artistiques favorise, certes, la remobilisation et l’acquisition d’importants soft skills par de nombreux·ses jeunes. Cependant, pour une partie des participant·es, la logique standardisée du dispositif, qui les oblige à s’investir dans des ateliers artistiques nécessitant une grande disponibilité en temps, court le risque de « court-circuiter l’élaboration d’un projet » [7].

Précisions du vocabulaire

Pour Darmon (2006, p. 6), la socialisation consiste en un « ensemble de processus par lesquels l’individu est formé » ; il y « intériorise » des dispositions, c’est-à-dire des « façons de faire, de penser et d’être ».

Pour Accardo (2004, p.76), la détention de certaines quantités ou qualités de biens ou ressources à titre personnel est « source de pouvoir » par rapport à celleux qui en sont démuni·es et met en « position de force » dans un champ particulier.

[1] Vrancken D., Macquet, C. (2006), Le travail sur soi. Vers une psychologisation de la société ?, Paris, Belin, p. 68.

[2] Darmon, M. (2006), La socialisation, Paris, Armand Colin.

[3] Accardo, A. (2004), Introduction à une sociologie critique : Lire Bourdieu, Agone.

[4] Pex. Coutant I, 2005, Délit de jeunesse, Paris, Découverte, p. 273.

[5] Voir aussi Delès, R. (2018), Quand on n’a que le diplôme. Les jeunes diplômés et l’insertion professionnelle, Paris, PUF.

[6] Fibbi, R. (2006), « Discrimination dans l’accès à l’emploi des jeunes d’origine immigrée en Suisse » Formation Emploi, no 94, p. 45-58.

[7] Duvoux, N. & Vezinat, N. (2022) « Quand le collectif remobilise l’insertion professionnelle », Agora débats/jeunesses, no 91, p. 74.


Lire également :

Comment citer cet article ?

Christophe Delay et al., ««Remobiliser» par les arts: des effets ambivalents», REISO, Revue d'information sociale, publié le 10 avril 2025 (Publication originale: ActualitéSociale, avril 2025), https://www.reiso.org/document/13989