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Recension par Jean Martin
Matthias Preiswerk a passé quatre décennies en Bolivie, pays de son épouse, où il a beaucoup travaillé, enseigné, mis en route, sur une base de théologie et d’action œcuménique, dans l’éducation et la formation d’adultes. Depuis peu à la retraite, il a trouvé le temps de penser sa trajectoire de jeunesse : l’enfant et l’ado de Lutry d’abord, jeunesse active dans l’Eglise réformée et ses marges, les études de théologie.
Ce qui retient l’attention, ce sont les facettes diverses, substantielles, d’une trajectoire de jeune en recherche qui, avec d’autres, veut rendre le monde meilleur, plus équitable surtout, avec des volontés d’ouverture, de dépoussiérage des modèles anciens, de solidarité. Cela prend place entre autres dans des mouvements de contestation : au sein de la faculté de théologie de Lausanne, secouée par deux grèves, et dans le cadre militaire, école de recrues, comités de soldats. Il vit aussi en communauté en pays de Fribourg voisin. Développement d’une conscience sociale, religieuse et politique.
Cette histoire de vie est marquée par les espoirs et circonstances propres à sa génération, naviguant dans le foisonnement d’idées et de pratiques nouvelles. L’apprentissage lié à des personnes, institutions et mouvements alternatifs y est décrit de manière vivante. L’auteur s’attache à interpréter ce passé en vue d’y découvrir une réserve de sens.
Dans la foulée, on comprend bien qu’il s’engage dans ce qu’on appelait le «tiers-monde», voulant apprendre ailleurs et, en toute modestie, faire bénéficier de ses compétences et de sa motivation des populations en grand besoin. Départ pour l’Amérique latine - à laquelle est consacrée le dernier chapitre, pour une carrière faite d’engagements pédagogiques, sociaux voire révolutionnaires.
L’intérêt de Partir pour apprendre sera vif pour qui a vécu les éveils, certains rêves et quelques turbulences, y compris dans notre calme pays, d’une jeunesse cherchant à se mettre au diapason de ce qui se passait ailleurs. Tout en rappelant ce qu’était notre société à ce moment de l’histoire. Celles et ceux en tout cas qui ont connu « en eux » les frémissements de l’époque – ou qui, plus jeunes, voudraient les toucher du doigt – s’y plongeront avec plaisir.
Editions de l’Aire, 2019, 324 pages
L’ouvrage sera présenté à Pôle Sud, à Lausanne, le jeudi 9 mai à 20 h, en présence du préfacier Bernard Crettaz