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Etude en ligne auprès de 1535 personnes vivant en Suisse, contactées entre le 22 avril et le 4 mai 2020, menée par l’Université de Lausanne et l’Université de Neuchâtel.
Pour Giuliano Bonoli, professeur de politique sociales à l’Institut de hautes études en administration publique, interviewé dans «Le Temps» du 15 mai 2020, «les Suisses sont généreux, mais seulement avec ceux qu’ils considèrent comme méritants», c’est-à-dire «les bénéficiaires qui sont vraiment dans le besoin, ont démontré une envie de s’en sortir, ont contribué au bien commun, soit par leur travail, en payant des cotisations, soit par le bénévolat. Enfin, les sondés sont plus enclins à venir en aide aux Suisses qu’aux étrangers. […] On a retrouvé les mêmes préventions – oui à l’aide si elle est méritée – que l’ors d’études antérieures» avant le coronavirus.
«Les travailleurs au noir sont considérés comme les moins prioritaires dans l’attribution d’aides. C’est même cinq fois plus pénalisant que le fait d’être étranger. Nous avons soumis plusieurs profils hypothétiques aux sondés, tous touchés économiquement : des chauffeurs Uber, des coiffeurs, des dentistes et du personnel de maison qui travaille au noir. Le résultat, c’est que les Suisses sont plus enclins à aider un dentiste qu’un travailleur au noir. En revanche, avoir deux enfants à charge, avoir un conjoint au chômage ou avoir fait du bénévolat sont considérés comme des effets positifs sur l’échelle du mérite. Je m’attendais à plus de compréhension pour les travailleurs non déclarés.»
«On aurait pu s’attendre à ce qu’en situation exceptionnelle, la nationalité perde de son importance. D’autant plus qu’une grande partie du personnel hospitalier est étrangère ou frontalière. Mais les stéréotypes anti-étrangers perdurent.»