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Pornographie et performance sexuelle: paradoxe genré

Vendredi 11.02.2022

L’usage de pornographie est associé avec l'érosion de la qualité de la vie sexuelle des hommes et l'amélioration de celle des femmes.

porno sexualite 400© cottonbro / pexels

Bien que la pornographie soit une industrie principalement gérée par et pour des hommes, elle semble paradoxalement exercer un effet néfaste sur la sexualité masculine mais bénéfique sur la sexualité féminine. Une étude menée par Nicolas Sommet, du Centre LIVES à l’Université de Lausanne, et Jacques Berent, de l’Université de Genève, révèle que plus les hommes consomment de pornographie, plus leurs performances sexuelles et la satisfaction de leur partenaire diminuent, tandis que pour les femmes, la tendance est inverse.

Cette enquête publiée dans Psychological Medicine a été menée pendant trois ans sur quelque 100’000 répondant·e·s et 4’000 couples hétérosexuels cisgenres francophones recruté·e·s avec le soutien d’un YouTubeur influent en France.

Dans cette étude, les psychologues sociaux Nicolas Sommet et Jacques Berent ont diffusé un questionnaire à 100’000 participant∙e·s pour évaluer trois indicateurs : la perception de ses propres compétences sexuelles (« suis-je un·e bon·ne partenaire sexuel·le? »), le niveau de fonctionnement sexuel (désir, orgasme, érection/lubrification, etc.) et la satisfaction sexuelle (rapportée) de son ou sa partenaire.

Les résultats sont sans équivoque. Plus les hommes regardent de la pornographie (ou plus leur consommation augmente au fil du temps), plus ils se sentent sexuellement incompétents, rapportent avoir des problèmes sexuels et plus leur partenaire dit être insatisfaite. À l'inverse, une consommation importante (voire augmentée) chez les femmes induit un sentiment de compétences sexuelles accrues, moins de problèmes sexuels et un partenaire plus satisfait sur certains aspects, tels que la qualité de l’échange.

Soutien d’un YouTubeur pour la récolte des données

Les précédentes recherches menées jusqu’à présent dans ce domaine se basent sur des échantillons réduits. Pour cette étude, les chercheurs ont collaboré avec le YouTubeur français Mathieu Sommet afin de recruter quelque 100'000 participant·e·s francophones, dont 4’000 couples, pour la première vague du questionnaire. Au total, près de 22’000 personnes ont répondu aux trois vagues de cette étude longitudinale.

Bien que les résultats ne soient pas représentatifs de la population, cette méthode de recrutement a permis de cibler des répondant·e·s hyperconnecté·e·s, à un âge charnière de leur développement sexuel (la moyenne d’âge se situe autour de 21-22 ans), démontrant l’impact de la pornographie sur leur vie sexuelle. « Si les résultats sont statiquement clairs, la force des effets reste toutefois relativement modeste, ce qui nous fait dire que la pornographie ne peut pas être vue comme la source de tous les maux (pour les hommes) ou comme une panacée (pour les femmes) », souligne Nicolas Sommet.

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