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La sécurité, motivation des marcheur·ses bénévoles

Jeudi 26.12.2024
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Un projet valaisan a mobilisé des habitué·es de la randonnée pour documenter la difficulté des sentiers de montagne sur une plateforme numérique. Une étude révèle les motivations de ces bénévoles, entre altruisme et désir de partager leur expertise.

Par Chantal Bournissen, professeure associée, et Gloria Repond, collaboratrice scientifique, Haute école et Ecole Supérieure de Travail Social, HES-SO Valais-Wallis, Sierre.

Les nombreux accidents recensés sur les sentiers de randonnées, plus de 40'000 par année en Suisse [1], démontrent l’importance d’informer encore davantage les usagers et usagères sur les difficultés des chemins qu’ils et elles empruntent. Ainsi, le Bureau de prévention des accidents a collaboré avec trois instituts de recherche de la HES-SO Valais-Wallis — Informatique, Santé et Travail social — pour mener un projet visant à développer la signalisation des chemins de randonnée en Suisse [2].

Le moyen choisi pour documenter les caractéristiques des chemins s’est porté sur la contribution de bénévoles. Utilisant des critères spécifiques pour lesquels ils et elles ont été formé·es, ces personnes ont déposé sur une plateforme informatique des informations précises (estimation de la durée, difficultés décrites et accompagnées de photos, condition physique nécessaire en référence à un test effectué au préalable par exemple) sur un sentier de montagne, assurant qualité et homogénéité des informations partagées.

Dans ce cadre, l’Institut travail social a eu comme mission de définir les motivations qui animent et poussent les bénévoles à s’engager dans de tels projets demandant une implication à trois niveaux : d’abord une formation importante [3], ensuite la récolte d’informations sur le terrain, puis leurs dépôts sur une plateforme informatique afin que des randonneurs et randonneuses puissent en bénéficier.

Mobiliser des randonneurs et des randonneuses afin de nourrir une plateforme informative est une méthode comparable à celle des TIG (technologie de l’information géographique) ouverte au grand public (Choplin & Lozivit, 2019). La contribution d’amateurs et d’amatrices dans le domaine de la cartographie rencontre un vif succès actuellement. Il s’agit, avec des faibles coûts, d’utiliser les connaissances et l’expérience des participant·es pour enrichir des bases de données.

Capteurs et capteuses de données

Dans le cas de ce projet, les citoyen·nes deviennent des « capteurs et capteuses de données », autrement nommé Crowdsourcing (Ammon, 2016). Les motivations qui les amènent à participer sont multiples, à l’image de la reconnaissance, la visibilité, l’hédonisme, l’amusement, la recherche d’expériences positives, le développement de nouvelles compétences ou encore le sentiment d’appartenir à une communauté (Hamadi, 2019). Cependant, la motivation varie selon les individus.

Afin d’identifier les éléments motivationnels ou les freins qui influencent la participation à ce projet, une méthode mixte a été adoptée (Nagels, 2022). Elle a reposé sur un questionnaire en ligne diffusé auprès d’amateurs et amatrices de randonnée et des entretiens approfondis avec quelques bénévoles de la plateforme. Les résultats et analyses sont issus du croisement du questionnaire et des données d’entretiens.

Le questionnaire a été diffusé via les réseaux sociaux et notamment dans les groupes de randonnée en Suisse. Trente-trois personnes ont répondu au questionnaire en ligne. Dix entretiens semi-directifs d’une durée de trente minutes à une heure ont également été effectués avec quatre hommes et six femmes. Cinq des participant·es s’étaient engagé·es à être bénévoles, tandis que les cinq autres avaient uniquement manifesté leur intérêt pour le projet, mais sans engagement. Les entretiens ont ensuite fait l’objet d’une analyse thématique.

Le profil des participant·es, tant au questionnaire qu’aux entretiens, est homogène : il s’agit majoritairement de femmes (82%). Les participant·es ont en moyenne 50 ans et la grande majorité travaille au moins à mi-temps (32%) voire à temps plein (38%). Parmi les interviewé·es, seul deux participants sont retraités. Toutes et tous estiment avoir un niveau de randonnée « bon » à « confirmé » (aucun·e débutant·e dans le panel). Ce sont donc en grande majorité des randonneurs et randonneuses aguerri·es.

Motivation altruiste

De cette « expertise » et connaissances de la randonnée découle la motivation principale des participant·es à l’étude : promouvoir la sécurité. Les répondant·es expriment la volonté de partager leurs savoirs dans une optique de prévention des accidents en montagne. Ils évoquent une démocratisation de la randonnée, surtout pendant et après la période de Covid-19, avec des marcheuses et marcheurs « amateur·es » souvent peu conscient·es des risques, s’aventurant sur des chemins trop difficiles ou pas adaptés (pour une randonnée en famille avec des enfants par exemple) et mal équipés (matériel ou chaussures inadéquates).

Il s’agit ici d’une forme de motivation oblative (Joannis, 1965) dans laquelle les participant·es offrent de leur temps et de leur expérience pour autrui. Dans le même sens, la préservation des sentiers de montagne est un argument phare dans la motivation au projet : 97% des répondant·es se disent d’accord et tout à fait d’accord avec cet argument.

Multiples facteurs motivationnels

Pourquoi s’engage-t-on dans des projets bénévoles ? La théorie VIE (Vroom, 1964), ainsi que celle de l’Expectancy-value (Bourgeois et al., 2009), apportent d’intéressants éclairages sur certains facteurs motivationnels : la valeur perçue, la récompense, le sentiment de capabilité, les bénéfices personnels en terme d’estime de soi ou encore le plaisir à réaliser la tâche, sont autant d’éléments évoqués par les répondant·es de ce projet.

Si l’on se focalise plus précisément sur ces facteurs motivationnels, il apparait que l’expertise de randonnée que soulignent les participant·es augmente le sentiment de capabilité qui, à son tour, favorise l’engagement dans l’accomplissement d’une tâche. Pouvoir se déplacer en toute sécurité sur les chemins et avoir une bonne forme physique encourage à la randonnée. De manière similaire, le fait de devoir passer des examens afin d’être certifié·e ne les freine pas, 76% d’entre elles et eux se sentent capables de relever le défi.

En outre, l’instrumentalité ou l’utilité perçue par les randonneurs et randonneuses se mesure notamment par le fait que plus de 84% des répondant·es énoncent le développement de leurs performances en randonnée comme motivation de participation. Ils et elles peuvent retirer un bénéfice personnel de l’engagement. De même, les examens de fin de formation sont perçus comme un moyen de développer de nouvelles compétences.

De surcroît, baliser les chemins de randonnée pour en améliorer la sécurité revient pour les répondant·es à « joindre l’utile à l’agréable », puisqu’ils et elles randonnent de toute manière de façon régulière (deux à trois fois par semaine pour 38.2% et deux à trois fois par mois pour 47.1% des répondant·es). La notation des chemins ne représente donc pas une charge supplémentaire. Au contraire, les individus peuvent en retirer du plaisir.

Un fragile équilibre coût-bénéfice

Cependant, la balance entre les bénéfices et les coûts peut vite se déséquilibrer. A titre d’exemple, si la rémunération n’est absolument pas une motivation à la participation (82.4%), les répondant·es estiment que les frais engagés pour une randonnée devraient en revanche pouvoir être remboursés (par ex. les frais de déplacement jusqu’au lieu de randonnée – voiture, train ou encore télécabine) ou compensés par le don de matériel de randonnée.

Au-delà des coûts financiers, le coût de l’engagement, c’est-à-dire l’effort à fournir comparativement à ce qui peut en être retiré, parait élevé pour nos répondant·es. A l’engagement important s’ajoute en effet une absence de reconnaissance. Ainsi, les répondant·es estiment que la formation est nécessaire et gage de qualité, mais le fait qu’elle ne donne pas lieu à une attestation ou une quelconque autre forme de validation s’avère problématique. Ce sentiment de potentiel déséquilibre se trouve encore renforcé par le fait de devoir passer un « examen », ce qui demande un investissement important (prendre du temps pour préparer et passer l’examen notamment). De fait, les coûts apparaissent comme plus importants que les bénéfices, pouvant devenir un frein à la participation des répondant·es au projet.

Toujours dans le registre motivationnel, la théorie des buts (Dweck & Leggett, 1988) peut expliquer certains manquements en lien avec l’engagement des participant·es. En effet, plusieurs répondant·es soulignent un cruel manque d’informations à divers niveaux : certain·es s’interrogent sur la plus-value de la plateforme en comparaison à celles déjà existantes, d’autres identifient un manque d’informations pratiques liées à l’engagement dans le projet (organisation de la formation, lieu, dates, durée). La moitié des interviewé·es relèvent qu’ils et elles trouveraient « pratique » que les dates de formations soient posées dès l’inscription au projet, afin de pouvoir s’organiser concrètement. De plus, il se révèle difficile de se projeter, car les buts à atteindre ne sont pas clairement formulés. Une personne ajoute encore que ce manque de clarté quant à l’engagement pris pourrait avoir une incidence sur l’organisation de sa vie privée, dont les occupations priment sur le bénévolat. Là encore apparait la perception d’un coût trop élevé de l’effort à fournir comparativement aux bénéfices qui peuvent en être retirés.  

Motivations et défis dans l’engagement collaboratif

Quelque 76.5% des répondant·es confirment leur intérêt pour le projet malgré l’engagement demandé. Pour ces « capteurs et capteuses de données », la participation apporte un sentiment de valorisation et d’estime de soi dans le partage purement altruiste des informations. Joindre l’utile à l’agréable, éprouver du plaisir et se sentir capable « d’apporter une pierre à l’édifice » représentent sans conteste des éléments motivationnels importants. Pour les bénéficiaires de chemins pédestres, avoir accès à des données éprouvées, précises et nombreuses, accroit la sécurité et favorise l’accès à ce loisir.

Lors des entretiens, plusieurs participant·es se sont étonné·es des difficultés de recrutement des bénévoles pour ce projet, estimant que ce dernier était important et qu’il aurait dû « motiver les foules ». Certains freins à la participation ont pu être mis en évidence et doivent attirer l’attention des chercheur·ses lors de la mise en place d’espaces collaboratifs (de Crowdsourcing). En effet, il apparait crucial d’identifier les éléments de motivation intrinsèque et de les renforcer, car cette dernière demeure l’élément le plus puissant pour susciter et faire perdurer l’engagement (Paquet & Vallerand, 2016). Cependant, les éléments d’informations sur le projet et de reconnaissance (motivation extrinsèque) permettant de maintenir l’équilibre coûts / bénéfices représentent sans conteste des facteurs à ne pas négliger.

Bibliographie

  • Ammon, M. (2016). „Ich wünsche mir sehr gerne noch weitere Karten…“–Georeferenzierung von historischen Karten mittels Crowdsourcing an der Universitäts-und Landesbibliothek Darmstadt. AKMB-news: Informationen zu Kunst, Museum und Bibliothek22(2), 17-24.
  • Bourgeois 1, É., Viron 2, F. D., Nils 3, F., Traversa 4, J., & Vertongen 5, G. (2009). Valeur, espérance de réussite, et formation d’adultes: pertinence du modèle d’expectancy-value en contexte de formation universitaire pour adultes. Savoirs, (2), 119-133.
  • Choplin, A., & Lozivit, M. (2019). Mettre un quartier sur la carte: Cartographie participative et innovation numérique à Cotonou (Bénin)Cybergeo: European Journal of Geography.
  • Dweck, C. S., & Leggett, E. L. (1988). A social-cognitive approach to motivation and personality. Psychological review95(2), 256-273.
  • Chakib, H. (2019). Le Crowdsourcing : Quel rôle de la foule comme partenaire de création de valeur ? Conflit and Nonprofit Management Review, 4(1), 29-45
  • Joannis, H. (1965). De l'étude de motivation à la création publicitaire et à la promotion des ventes. Dunod.
  • Nagels, M. (2022). Les méthodes mixtes, une perspective pragmatique en recherche. Traité de méthodologie de la recherche en Sciences de l’éducation et de la formation. Enquêter dans les métiers de l’humain.
  • Paquet, Y., Vallerand, R. (2016). La théorie de l'autodétermination: Aspects théoriques et appliquées. De Boeck Supérieur.
  • Vroom, V.H. (1964). Work and motivation. Wiley.

[1] BPA https://www.bfu.ch/fr/dossiers/sports-de-montagne-randonnee

[2] Le projet était intitulé « Innovative Ansätze zur Unfallprävention beim Wandern und Bergwandern ».

[3] Contenu de la formation : deux heures de formation en ligne, comprenant plusieurs modules, tous devant être validés par un examen en ligne à la fin du module. Puis un examen sur le terrain consistant à évaluer un chemin de randonnée de 6 à 11 kilomètres, pour une durée de 3 à 4 heures. Les trente pages du manuel d’évaluation de la randonnée comprennent de nombreux critères que le ou la  bénévole doit compléter, avec photos à l’appui. Le tout est ensuite validé ou non par les expert·es du projet. Si l’examen est réussi, le ou la bénévole peut se lancer. En cas d’échec, une nouvelle randonnée d’évaluation doit être organisée.


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Cet article appartient au dossier Sport et mouvement

Comment citer cet article ?

Chantal Bournissen et Gloria Repond, «La sécurité, motivation des marcheur·ses bénévoles», REISO, Revue d'information sociale, publié le 26 décembre 2024, https://www.reiso.org/document/13516

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