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BD / « Je meurs ». Traits et regards sur la fin de vie. Tome 1

Lundi 11.05.2015

Je meurs

Bande dessinée, Traits et regards sur la fin de vie – Tome 1, Fondation La Chrysalide et Hélice Hélas Editeur, préface de Dr Ph. Babando, président de la fondation, 2015, 60 pages.

Recension par Jean Martin, médecin de santé publique

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Centre de soins palliatifs de la Chaux-de-Fonds, la Fondation La Chrysalide a pour mission de promouvoir la qualité de l’accompagnement en fin de vie dans les lieux de soins à domicile, dans les institutions et les hôpitaux.

Dans une démarche originale, la fondation a publié en 2012 une brochure qui a retenu l’attention, « A la vie… à la mort ! » et organisé une tournée romande de théâtre-forum (présentation dans REISO : « La mort ? Parlons-en et "s’aidons" le passage »). En 2015, elle publie une série de trois bandes dessinées. « Je meurs » est la première et vient de sortir. Treize histoires courtes, par des auteurs de bandes dessinées de notre pays.

  • La première contribution illustre le dialogue de petits-enfants avec un grand-père dont la santé décline. Une autre histoire raconte le grave AVC d’un adolescent, de ses parents à son chevet et des soignantes dont les efforts n’éviteront pas l’issue fatale.
  • Plus loin, une jeune femme mourante pense aux rapports avec ses proches, à leur douleur, à sa colère (« de n’avoir pas su guérir, qu’on me parle de tout et de rien comme si tout allait bien, contre moi-même d’exiger que vous acceptiez l’inacceptable »). Apparaissent aussi des dialogues entre le patient et son corps qui a mal, qui cache des choses, qui ne veut plus bouger (est absent), qui s’affaiblit, qui « m’attire vers les grands fonds ».
  • Une BD évoque le chagrin amoureux d’une jeune fille, ses pulsions suicidaires puis, comme des clips télévisuels, la voit écrasée par une voiture alors qu’elle consulte son téléphone mobile. Une histoire se passe en Afrique dans un contexte d’exactions violentes.
  • Des grands-mères sont à plusieurs reprises au centre du récit ; ainsi, fille et petite-fille visitant dans son EMS une patiente qui glisse dans un état de type Alzheimer. Des processus de deuil.
  • Enfin, dernière histoire du recueil, évocation d’un patient « mort durant quelques minutes » après un accident de voiture et qu’on parvient à réanimer sans séquelle neurologique - « J’étais [à nouveau] vivant. »

La plupart de ces histoires sont réalistes. Certaines ont une dimension plus ou moins onirique, fantasmée : rencontre avec la Mort faucheuse ou pincée de science-fiction, avec survenue d’engins spatiaux et d’animaux fantastiques… On trouve aussi le fameux tunnel au bout duquel luit la lumière. Le dessin va du « bien propre sur soi », si je peux dire, à des styles très originaux, parfois poétiques, parfois côtoyant le trash.

On retrouve, explicitement ou entre les lignes, les stades popularisés par Elisabeth Kubler Ross dans la confrontation à la maladie grave : surprise/dénégation, colère, marchandage, dépression, acceptation. Parmi les publications qui fleurissent autour de la fin de vie, « Je meurs » retiendra l’attention du public familier de bandes dessinées, mais pas seulement. Cet album se prêtera bien à des animations pédagogiques dans des groupes de jeunes ou dans les écoles. Il stimulera les réflexions et les discussions.

Je veux croire que cette BD rencontrera le succès et que sera insuffisant le premier tirage de 1500 exemplaires. Et je me réjouis de voir « Tu meurs » et « Il meurt », les deux tomes qui suivront.

Présentation de la démarche et des auteurs en format pdf, 18 pages

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