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Nature en crise – Penser la biodiversité
Vincent Devictor, Editions du Seuil, Paris, 2015, 358 pages.
Recension par Dr Jean Martin, médecin de santé publique
Vincent Devictor est chargé de recherches à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier et spécialisé dans la dynamique de la biodiversité. Dans le premier chapitre, l’auteur résume l’histoire de la vie sur la Terre et montre pourquoi nous sommes actuellement à un moment de crise. Il présente notamment la notion d’ère « anthropocène » définie non en fonction de la géologie mais en relation avec l’impact de l’être humain sur la planète. Le deuxième chapitre est consacré à l’éthique et à la problématique écologique. L’auteur situe cette question dans le cadre de la société en général et souligne que des mesures correctrices sont nécessaires mais qu’elles doivent être décidées en lien avec le champ politique.
Les chapitres 3 et 4 sont techniques, voire mathématiques. Plusieurs notions majeures de la biodiversité sont en effet difficiles à cerner. Devictor présente les efforts faits pour apporter des éléments quantifiés, à propos par exemple du nombre d’espèces ou de leur répartition dans une zone donnée. Il décrit les efforts et programmes développés pour progresser dans l’appréhension plus serrée de ces notions. On sera intéressé notamment par la discussion des deux doctrines principales que sont la préservation et la conservation. La conservation vise la bonne gestion de la nature/environnement, alors que la préservation cherche la sauvegarde, compte tenu d’une valeur intrinsèque attribuée à la nature et à ses composantes. L’auteur analyse les conséquences philosophiques et éthiques de ces deux approches différentes.
Le dernier chapitre discute le lien avec la politique au sens large (« l’absence de rupture entre savoir scientifique et enjeux politiques »). En particulier les démarches, conférences, conventions, lois consacrées à la biodiversité au cours des décennies. Un appareil de notes rend compte de l’importance de la bibliographie pertinente.
Devictor analyse les grandes directions de réflexion et les besoins d’actions conjointes, localement et globalement - rassemblant le biologique, le social, l’économique, le politique. « Investir les problèmes de biodiversité, c’est investir l’imprégnation réciproque entre faits et valeurs. Personne ne dit que c’est facile. Mais il se trouve que c’est nécessaire et passionnant. (…) Quoi qu’il en soit, les sciences de la biodiversité bousculent les étanchéités souvent admises ou défendues entre science, politique et société. »
Editions Seuil