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Femmes et santé: améliorer les prises en charge

Vendredi 07.06.2024

La prévention, la formation et la recherche en santé doivent davantage se pencher sur les besoins de la gent féminine, selon le Conseil fédéral.

Senior woman in the hospital ward gazes out of the window, deep in thought.© ABCreative / Adobe Stock

S’il y a bien un domaine dans lequel l’égalité entre hommes et femmes reste béante, c’est celui de la santé. Certes, toutes et tous doivent être soigné·es avec les mêmes outils et la même implication, mais les femmes ont des besoins différents de ceux des hommes [1]. Tout d’abord, les unes comme les autres ne sont pas touché·es de la même manière par les maladies. Elles et ils n’adoptent pas non plus les mêmes comportements, ne présentent pas toujours les mêmes symptômes et sont donc exposé·es à des risques différents. « Par exemple, les expertes et experts estiment qu’en Suisse, il faut en moyenne 6 à 9 ans pour diagnostiquer une endométriose. Un tel délai peut entraîner la formation de tissu cicatriciel, ce qu’il faut absolument éviter ». De même, « Les femmes présentant des douleurs dans la poitrine sont 2,5 fois moins souvent adressées au service de cardiologie que les hommes. De manière générale, les maladies courantes sont également moins souvent diagnostiquées chez les femmes. Et ce, bien qu’elles présentent des évolutions similaires, voire plus graves. » [2].

La prise en charge médicale actuelle demeure trop souvent centrée sur le standard masculin. Fort de ce constat, le Conseil fédéral a adopté en mai dernier un rapport mettant en évidence la nécessité d’agir dans ce domaine. Il a mandaté plusieurs services fédéraux pour mettre en œuvre des mesures dans la recherche, la prévention et la formation.

Parmi les bureaux chargés de se pencher sur cette question, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) devra examiner les possibilités pour intégrer davantage les aspects du sexe et du genre dans la mise en œuvre des stratégies Prévention des maladies non transmissibles et Addiction, entre autres tâches.

Le Conseil fédéral souhaite également agir sur le lieu de travail. Pour cela, il a mandaté le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes et le Secrétariat d’État à l’économie pour actualiser les supports de prévention contre le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel.

Quant à l’Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic, il est chargé de contrôler s’il est nécessaire de mieux tenir compte des facteurs liés au sexe et au genre dans la recherche clinique et d’intégrer ces aspects dans les organes et les directives importants.

Mieux soigner les femmes en fonction de leurs caractéristiques biologiques, notamment, est désormais un enjeu de santé publique important.

(Yseult Théraulaz)

[1] A ce sujet, lire notamment : Alyson McGregor, Le sexe de la santé ; Notre médecine centrée sur les hommes met en danger la santé des femmes. Toulouse : éditions érès, 2021, 260 pages ou le compte-rendu paru sur REISO en mars 2022.

[2] Voir la fiche d'information « Comment mieux prendre en compte les besoins des femmes en matière de santé », OFSP,  mai 2024, 3 pages.

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