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Publié pour la première fois en 1968, puis réédité à plusieurs reprises, The Social Organization of Juvenile Justice (titre original) d’Aaron Cicourel appartient à la catégorie des classiques de la littérature sociologique. Près d’un demi-siècle après, en voici une traduction en français.
Observer les trajectoires des mineurs, supposément délinquants, pris qu’ils sont dans les mailles de leur justice; vivre au plus près – sur quatre ans et en partageant leur quotidien – ceux qui les suivent : policiers et personnel du contrôle judiciaire. C’est-à-dire retracer, d’un entretien à l’autre, d’un rapport au suivant, l’avancée des dossiers que ces services constituent sur ces jeunes, traquant ainsi ce qui tout à la fois éloigne du théâtre originel des frasques et permet de boucler leur «cas». La singularité du livre consiste à aborder la sociologie de la délinquance non par les délinquants, mais par les services qui les définissent comme tels et ainsi les génèrent.
Ce livre d’Aaron Cicourel a fait date non seulement dans le champ de la sociologie de la déviance, mais dans l’histoire même de la sociologie. L’auteur présente un entrelacs réflexif entre singularité d’objet et potentiels des diverses méthodologies susceptibles d’honorer cette singularité. Un pied dans les communities studies ; un autre dans la grille analytique de l’ethnométhodologie sans oublier les approches statistiques.