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Les enfants comme enjeux et comme acteurs
Tsantsa N°17, Revue de la Société Suisse d’Ethnologie, Appartenances, relations interindividuelles et logiques institutionnelles. Dossier coordonné par Véronique Pache Huber et Laurence Ossipow. Diffusion : Seismo Verlag (Zurich).
Après avoir été longtemps considérés comme des sujets d’étude qu’il était légitime - voire judicieux – d’ignorer, les enfants et les jeunes suscitent, depuis la fin des années 1990, un fort intérêt en anthropologie incitant à examiner comment ils sont tout à la fois, des agent-e-s déterminé-e-s par des conditions sociales spécifiques et des protagonistes agissant sur leur environnement familial et institutionnel.
Prenant en compte les interactions entre enfants ainsi que celles entre enfants et adultes, les articles examinent les pratiques et les représentations des enfants dans différents espaces : institutions publiques (hôpital, bibliothèque), entreprises (mines), espace domestique et familial, contexte sportif et scolaire (baseball) et milieu associatif (associations américano-vietnamiennes, association de défense de ‘sans papiers’). Sur la base d’analyses effectuées dans différents contextes sociopolitiques (Congo, France, USA, Taiwan, Suisse) le présent numéro initie une réflexion selon trois axes et examine : 1) comment les logiques institutionnelles conditionnent et modèlent la vie quotidienne des enfants/jeunes ; 2) si et comment les enfants/jeunes parviennent à aménager une marge de manœuvre, qui leur permet de poursuivre des objectifs spécifiques ; 3) comment s’articulent les agendas des institutions et ceux des jeunes et vérifier si ces agendas coïncident, se différencient, voire s’opposent.
Eclairant les formes, les limites/potentialités de l’agencéité des enfants, ces articles démontrent que ces derniers sont bien des actrices et des acteurs qui développent une fine compréhension de leurs entourage, font sens des situations initiant des actions (transgressives ou non), manifestent des préférences, inventent leurs propres règles et se fixent des objectifs. Les analyses proposées attestent aussi que les enfants et les jeunes décrits sont confrontés à des contraintes politiques, économiques et sociales qui touchent à des sphères plus ou moins étendues de leur vie quotidienne et dont les conséquences se manifestent à plus ou moins long terme. L’une de ces contraintes, d’ordre idéologique, touche à l’imposition d’une ‘autonomie normée’, qui est définie d’une façon variable par les institutions et s’avère congruente avec les priorités et les contraintes institutionnelles, au risque d’ailleurs d’être contraire aux intérêts spécifiques des enfants.
Tsantsa sur le site de la Société suisse d’ethnologie