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Regards croisés sur l’amour, entre aîné·e·s et adolescents

Vendredi 22.10.2021

Dans la web série documentaire « Parlez-moi d’amour », deux générations se livrent autour de la thématique de l’amour. Entre ouverture à l’autre et à soi-même se tissent des échanges tout en finesse.

film parlez moi damour© maxi beaux arts

Qu'est-ce que l'amour ? Avantages comparés de la lettre d'amour et du message digital ? L'amour peut-il perdurer au-delà de la mort ? Comment pardonner lorsque l'on a été trompé·e ? Dans la web série documentaire « Parlez-moi d'amour », des résident·e·s d'un EMS fribourgeois et trois adolescents abordent ensemble ces sujets. Avec délicatesse et authenticité, ils et elles se livrent, s'interpellent, se découvrent, se souviennent ou se projettent.

Chef d'orchestre du projet, le cinéaste Baptiste Janon raconte comment l’aventure est née : « Au départ, ces jeunes s'étaient inscrits à un atelier cinéma. La proposition était de travailler sur l'intergénérationnel. Mais les histoires qu'ils racontaient relevaient passablement de clichés. Quant à moi, j'aime puiser la matière première sur le terrain, dans le réel, de façon documentaire, même en vue d'une fiction. » Entre les préconçus des adolescents et les aspirations artistiques du réalisateur émerge ainsi l'idée de rencontrer des personnes âgées, afin de nourrir l'imaginaire des jeunes. Et la magie opère : « Alors que les aîné·e·s étaient simplement invité·e·s à raconter leur vie, ils ont en fait beaucoup parlé d'amour. C’était extrêmement fort. Les personnes âgées se sont ouvertes de façon phénoménale. » Restait à trouver un financement pour ce qui est devenu un projet parallèle à l'atelier cinéma. Ce fut chose faite, notamment en remportant l'appel à projet du festival Vision du Réel.

Une série, des confidences

Durant six mois, à raison d'une fois par semaine, les jeunes impliqués dans le projet échangent deux heures durant avec quelques résident·e·s, elles et eux aussi librement engagés dans l'expérience. Baptiste Janon anime les échanges, soigneusement préparés en amont : « Les épisodes étaient pré‑écrits mais ils ont été modifiés à la suite des rencontres. En effet, les jeunes tout comme les personnes âgées se sont emparés du dispositif ». C'est peut-être de là que vient, au visionnement de la web série, cette sensation de recevoir de précieuses confidences en toute simplicité.

Entre authenticité et finesse, chaque épisode laisse comme une impression de toucher à l'essentiel. Ainsi du thème de la mort, par exemple, présent dans plusieurs épisodes. En écho au récit d’une aînée qui se remémore le décès de son mari, un jeune livre son propre désarroi : « En pensant par exemple à ma copine, m’imaginer qu’elle puisse partir comme ça, d’un jour à l’autre… Ça serait comme un vide énorme, je sais pas comment je pourrais vivre avec ça, recommencer une nouvelle vie avec quelque chose d’essentiel en moins ». Bien plus légère, l’évocation des découvertes autour des premiers baisers : « J’entendais parler de langues fourrées, je croyais que c’était une pâtisserie… j’avais 27 ans. » A nouveau plus pesante, la question du mensonge : « En nettoyant les habits militaires de mon mari, je découvre une lettre d’amour d’une autre femme. Ça m’a fait quand même un coup. » Un jeune s’étonne du pardon accordé au mari par l’épouse trompée. Et nous revoilà au cœur du thème de la série, avec la réponse donnée dans un souffle : « Et par amour, qu’est-ce qu’on ne fait pas ? ».

(Nicole Berger)

Lien vers la websérie ; huit épisodes de trois minutes. Production : Association des Maxi Beaux Arts (Fribourg) dans le cadre du concours de web séries documentaires du festival Vision du Réel (Nyon), en partenariat avec la Fondation Leenaards et le Service de la prévoyance sociale de l'Etat de Fribourg.

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