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Le geste qui sauve. Des millions de vies, peut-être la vôtre
Crouzet Thierry, Lausanne/Paris : L’Âge d’Homme, 2014 (traduit à ce stade dans une demi-douzaine de langues dont l’allemand et l’anglais)
Recension par Jean Martin
Didier Pittet, champion de la prévention des risques infectieux dans les soins
Didier Pittet est professeur et directeur du Service de prévention et contrôle de l’infection aux Hôpitaux universitaires de Genève. Il s’est acquis au cours des vingt dernières années une reconnaissance mondiale et a eu un impact majeur par ses travaux liés à la lutte contre la transmission d’infections dans les soins.
Le livre qui vient de lui être consacré brosse la fresque d’une vie d’engagements et du Programme de l’OMS « Des mains propres sauvent des vies ». Cette opération mondiale lutte contre la pandémie silencieuse des infections nosocomiales responsables de 20’000 à 50’000 décès par jour dans le monde, nous dit-on.
Récit plein d’anecdotes petites ou grandes, tantôt drôles, tantôt poignantes dans certains pays en voie de développement. Avec des épisodes politico-culturels dans certains pays islamiques : ces pays craignaient que l’alcool entre dans le corps par la peau des mains et le programme a donc aménagé la solution de lavage préconisée pour qu’elle devienne acceptable face à ces exigences.
L’ouvrage bénéficie d’une préface de Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, et de Sir Liam Donaldson, ambassadeur de l’OMS pour la sécurité des patients qui relève que le programme de l’OMS « Un soin propre est un soin plus sûr » (Clean Care is Safer Care) doit beaucoup à Didier Pittet : « Ce livre raconte l’histoire d’un leader, capable avec le concours de l’OMS de concrétiser son rêve de sauver des vies grâce à l’hygiène des mains (…) Peu de gens ont entendu son nom mais beaucoup lui doivent leur santé et leur vie. »
Crouzet souligne aussi comment Didier Pittet n’a à aucun moment cherché à faire de l’argent avec le développement d’un produit (solution hydro-alcoolique) et le « Geneva Model » d’hygiène qui s’est largement répandu dans le monde. C’est un signe fort d’accepter de mettre à disposition gratuitement les découvertes et les développements que l’on a permis. On souhaiterait voir ce genre de « service à la communauté mondiale », non seulement de la part de médecins et autres scientifiques mais aussi de la part les entreprises produisant des médicaments ou des équipements et matériels médicaux.
Je ne sais si l’intéressé est à l’aise avec tous les honneurs, y compris une haute décoration de la Couronne britannique, et compliments qui lui sont adressés, mais l’histoire et les faits que raconte « Le geste qui sauve » méritent d’être largement connus, débattus et enseignés. Procurez-vous ce livre… Dont, soit dit en passant, l’auteur cède ses droits au Fonds « Clean Hands Save Lives ».
Jean Martin, médecin spécialiste d’éthique et de santé publique