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Avril 2011 : détour dans les bibliothèques

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Lamour, Martine & Gabel, Marceline
Enfants en danger, professionnels en souffrance
Toulouse : Erès, 2011

Qu’ils soient ceux qui repèrent, qui évaluent la situation des enfants en danger au sein de leur famille, ou qu’ils soient ceux qui prennent la décision de les placer dans une famille d’accueil ou dans une institution, tous les professionnels impliqués dans la protection de l’enfance sont en souffrance, mais n’osent pas en parler dans la crainte d’être jugés, voire disqualifiés.

Plus les relations parents-enfant sont perturbées, plus des troubles graves de la parentalité exposent l’enfant psychiquement et physiquement, et plus les professionnels se vivent malmenés et sortent meurtris de ces suivis.

Trop longtemps méconnue, cette souffrance mérite pourtant d’être prise en compte car elle entrave les compétences de chacun, provoque des dysfonctionnements majeurs et a des effets néfastes tant pour les familles que pour les professionnels. L’identifier, la comprendre pour tenter d’y remédier, telle est l’ambition de cet ouvrage.

Co-construit par et pour les professionnels dans le cadre d’une formation continue, il témoigne de leur souffrance au travail et propose des outils théoriques et pratiques pour leur venir en aide ainsi qu’une bibliographie très ciblée.



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Bodin, Véronique
Ecrire dans le secteur médico-social : un mot pour un Autre
Paris : L’Harmattan, 2010

« Il faudrait rédiger un projet pour votre activité, Véronique », « Tu peux faire un compte rendu de la visite de Sébastien à sa mère ? », « Faites une évaluation de l’autonomie de ce jeune »… Dès ses premières expériences d’éducatrice, l’écrit s’est avéré incontournable en tant qu’outil de communication au sein du secteur médico-social. Mais que devient-il une fois transmis ? Quel pouvoir confère-t-il au rédacteur ? Quels risques, quelles difficultés implique-t-il ? Ces questions, que l’autrice s’est posées au fil de ses expériences éducatives puis pédagogiques, ont été renforcées par les remarques des cadres d’associations et de structures : « Les équipes n’écrivent pas », « Les professionnels ont du mal à écrire ». Alors, quelles compétences, quelles conditions favorables requiert cette pratique ? Et que répondre à « je n’ai rien à écrire », « je n’aime pas ça », « ça ne sert à rien » ? Quelles résonances cela provoque-t-il chez les professionnels ? Ce livre témoigne des prises de conscience progressives face à ce sujet aussi banal que complexe. Il s’adresse aux personnes que l’écrit interroge, et plus particulièrement celles impliquées dans l’accompagnement de publics vulnérables.



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Ed. Maria Luisa Cesoni et Marie-Sophie Devresse (éd.)
La détention de stupéfiants entre criminalisation et décriminalisation
Fribourg : Academic Press, 2011

Cet ouvrage propose un premier état des connaissances sur les phénomènes de criminalisation et de décriminalisation de l’usage de stupéfiants et/ou de la détention pour usage personnel. Il s’attache à comprendre les liens entre les processus de (dé)criminalisation et quatre thématiques contemporaines :
- l’impact des médias (y compris leur rapport avec l’opinion publique et avec les discours et savoirs experts) ;
- l’émergence d’une forme d’empowerment des victimes dans le cadre des politiques publiques ;
- l’évolution des politiques sociales
- et le développement de l’importance accordée à la notion de droits de l’Homme.

L’examen d’une diversité de situations nationales illustre ce projet et permet de mieux identifier les facteurs culturels, sociaux, institutionnels et politiques influençant les processus politiques et législatifs conduisant à une (dé)criminalisation de l’usage ou de la détention de stupéfiants.



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Agier, Michel
Le couloir des exilés : être étranger dans un monde commun
Bellecombe-en-Bauges (Savoie) : Ed. du Croquant, 2010

Un conflit est ouvert à propos de la liberté de circuler et de la possibilité pour chacun de trouver une place dans un monde commun. Arrêtées par les murs et les législations protectionnistes des Etats-nations, des millions de personnes ne trouvent plus le lieu d’arrivée de leur voyage et n’ont pas non plus d’autre ailleurs où aller pour se protéger, se reconstruire, revivre. Dans cet exil intérieur, de nouveaux lieux, « hétérotopiques », apparaissent, se développent et se fixent, et avec eux une nouvelle conception de l’étranger, celle de l’indésirable au monde. La frontière, le camp, la jungle ou le ghetto dessinent cette nouvelle topographie de l’étranger : un couloir des exilés se forme, où règnent l’exception, l’exclusion et l’extraterritorialité, mais où parfois des transformations sociales ont lieu, où la marge devient refuge, à nouveau habitable et même vivable. Sur le chaos du présent s’inventent des mondes à venir… Face aux politiques de la peur et de l’enfermement, l’anthropologue Michel Agier défend une cosmopolitique de l’hospitalité, seule à même de fonder une anthropologie-monde, qu’il conçoit comme une pensée des rencontres et des reconnaissances de l’autre, d’ouvertures de lieux qui naissent et se développent comme refuges.



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Compiègne, Isabelle
La société numérique en question(s)
Auxerre : Sciences humaines éditions, 2010

La notion de « société numérique » semble aujourd’hui se substituer à des expressions jusqu’ici consacrées telles que « société de l’information » ou « société en réseaux », comme si elle en était une nouvelle étape. Elle insiste sur la puissance des technologies qui imprègnent désormais l’ensemble de la société. Elle est également l’affirmation de l’émergence d’une ère nouvelle : le temps de l’homo numericus marquerait un nouveau moment de l’évolution de l’humanité.

Toutefois, le succès grandissant de cette notion ne doit pas occulter le flou qui l’entoure. Quels sont les traits distinctifs de la société numérique et quelles voies se dessinent ? Une universalité et une démocratisation de l’accès au savoir et à l’éducation ? Des liens sociaux et une liberté d’expression confortés ? Un espace politique revitalisé ? Un monde inégalitaire et sous surveillance ? Des capacités de raisonnement accrues ? Une pensée fragmentée et une culture appauvrie ? Un individu désorienté et déshumanisé ?…

Ce livre très pédagogique fait le point opportunément sur une notion clé et les réalités complexes qu’elle recouvre.



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Ursel, Damien d’
La médiation, entre tradition et modernité familiales : le défi de la médiation pour tous, par une prise en compte des modèles familiaux, des valeurs et des cultures
Louvain :Presses universitaires de Louvain, 2010

La médiation familiale, fille du nouveau modèle de la famille émergeant depuis une trentaine d’années, véhicule une vision bien particulière du couple et de la parentalité. Si l’on n’y prend garde, elle en vient à s’aliéner une large frange de publics qui ne partagent pas cette vision.

L’auteur se fonde sur ces moments où le malaise s’installe et où le professionnel se voit confronté à ses propres limites. Il tente, progressivement, de redessiner les contours de sa discipline. Au départ d’une enquête de terrain et du croisement de regards sur la médiation, il propose des pistes et des outils susceptibles d’améliorer de manière très concrète la capacité des professionnels à recevoir en médiation des personnes a priori peu en phase avec ce type de démarche.

Au terme de cette vaste entreprise, le travail en médiation familiale est recentré autour de trois axes principaux. Le premier consiste en l’accueil sans jugement et l’intégration positive des différents vécus familiaux qui se manifestent, fussent-ils traditionnels. Le deuxième se caractérise par une vision pleinement assumée du conflit, qui suppose une acceptation de ses expressions les plus virulentes. Le troisième axe porte sur l’utilisation d’outils spécifiques facilitant l’accompagnement des protagonistes, tant dans le processus du deuil de leur relation, que dans la reconstruction identitaire à l’œuvre pour chacun d’eux dans la foulée de la crise familiale qu’ils traversent.

« Dans le concret des entretiens qu’il nous relate, Damien d’Ursel montre comment le dispositif et les valeurs implicites de la médiation familiale peuvent provoquer la méfiance et l’opposition de certains consultants. En filigrane se dessine, à la lecture de ce livre, la distance sociale entre les professionnels et nombre d’usagers auxquels ils s’adressent. Un tel diagnostic n’intéresse donc pas que les médiateurs. Il concerne l’ensemble des professions qui, tant dans les domaines juridiques que de la santé mentale au sens le plus large, sont au contact de personnes et de familles en difficulté » (Pascale Jamoulle, socio-anthropologue).



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Sous la direction de Boris Cyrulnik et Patrick Conrath
Les enfants aux cent familles : enfants placés, déplacés, migrants, adoptés
Paris : Les éd. du Journal des psychologues, 2010
- Textes issus du IXème Colloque international sur la résilience organisé à Salon-de-Provence les 18 et 19 mai 2006

Les enfants sans famille sont aussi des enfants aux cent familles. Placés, déplacés, adoptés, migrants, ils vivent souvent douloureusement les conséquences de séparations, d’abandons, de déqualifications parentales ou de situation sociale précaire.

Tous ont en commun la rupture des liens, la quête d’un amour parental impossible, rejouant le scénario d’abandon suivant de multiples modalités, confrontés à des difficultés d’intégration, d’appartenance, à une identité difficile à conquérir.

Des mesures sont mises en place pour assurer leur protection, ils passent entre les mains de services sociaux, mais pas toujours pour le meilleur, sont accueillis dans des foyers où ils peuvent trouver un certain équilibre, mais souvent de manière temporaire ou, encore, s’ils sont adoptés, trouvent la chaleur d’un foyer, mais sont pris par des questionnements sur leurs origines et leur filiation.

Le présent ouvrage, issu d’un colloque orchestré par Boris Cyrulnik, propose une lecture approfondie et multiple de ces situations ; afin de comprendre comment mieux accueillir ces enfants, il ouvre des espaces de réflexion à partir de la dimension historique, de l’ethnopsychiatrie, de l’anthropologie, du judiciaire et de la clinique au quotidien. Face à ces enfants déjà confrontés à des carences fondamentales, il est nécessaire, lorsque cela est possible, de sauvegarder les liens d’attachement et d’éviter les retraits parfois brutaux de familles considérées comme défaillantes. Cet ouvrage propose de prendre le temps d’une réflexion fondamentale : comment accompagner ces enfants ? Comment peuvent-ils eux-mêmes lutter, voire se repérer, donner un sens à leur vie et finalement, à leur tour, « faire famille » au sens plein du terme ?



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Laacher, Smaïn
De la violence à la persécution, femmes sur la route de l’exil
Paris : La Dispute, 2010

Le nombre de femmes qui tentent d’émigrer vers les pays riches augmente sensiblement depuis le début des années 1990. Mais la littérature qui leur est consacrée se structure autour d’une distinction et d’un silence. La distinction est fondée sur l’opposition, infiniment problématique, entre une migration forcée et une migration volontaire. Le silence réside dans le fait que la violence et les persécutions ne sont envisagées que dans le pays d’origine ou le pays d’accueil. Jamais lors du voyage interdit.

Smaïn Laacher, sociologue, et juge assesseur représentant le HCR à la Cour nationale du droit d’asile, propose un examen sans concession de ce point aveugle lié aux phénomènes migratoires : les violences faites aux femmes sur la route de l’exil. Au cours d’une minutieuse enquête, il a recueilli les témoignages de femmes migrantes qui demeurent dans un statut précaire ou dans une situation de non droit au Maroc, en Algérie, en Espagne et en France. Leurs récits et les analyses de l’auteur permettent de mieux comprendre l’expérience subjective et les causes sociales et politiques de leur voyage traumatique.

La question de la reconnaissance de ces violences spécifiques, de la protection de ces femmes (pendant et après leur voyage) et des dispositifs juridiques et politiques (nationaux et internationaux) qu’elles nécessitent, se fait aujourd’hui plus nécessaire que jamais. L’auteur nous propose des réflexions et des réponses originales pour comprendre et lutter contre ces violences et ces dénis d’humanité.



Sélection effectuée parLoïc Diacon, Infothèque de la HETS Genève

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Par Doriane Baettig
Les conflits en garderie entre les parents et un·e membre de l’équipe éducative tendent à se multiplier, représentant une source de pression importante pour les professionnel·les. Peu utilisée, la médiation est une piste à explorer.