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Éthique dans l'accompagnement social, poids d'un drame familial, exil, addiction ou deuil sont les thématiques de la sélection de Corinne Biel, de la Haute école de travail social du Valais, à Sierre.
Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l'insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence... 45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame. Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale...
Le sens commun tend à rendre synonymes des notions qui ne recouvrent aucune réalité commune. L’éthique, de nos jours, n’échappe pas à ce travers. Cet essai tente d’extraire l’énigme éthique du sens commun en la différenciant de la morale et de la déontologie. Ainsi s’attache-t-il à mesurer les enjeux qui viennent au jour, partir du questionnement éthique, lorsqu’il s’agit d’accompagner des personnes dites « fragilisées ». L’accompagnement est d’abord et avant tout une relation. Qu’est-ce qu’une relation, d’un point de vue éthique ? Qu’est-ce que l’accueil, la rencontre, l’hospitalité, le face-à-face... Autant de dimensions qui retrouvent, au travers du questionnement éthique, toute leur profondeur. C’est ainsi que l’auteur souligne la nécessité de refuser « l’infâme prise en charge » qui chosifie les individus accompagnés. Accompagner, c’est « aller de compagnie avec ». Dès lors, toute réflexion éthique exige la prise en compte de la singularité et de l’altérité de l’Autre-homme. Ce n’est qu’à partir de là que l’on peut penser ce qu’est une relation humaine d’accompagnement. Dominique Depenne trouve ici, en l’oeuvre d’Emmanuel Levinas, une référence irremplaçable pour penser l’éthique. Cet ouvrage est destiné à tous les professionnels du travail social, quels que soient leurs métiers et leurs postes, et qui, d’une façon ou d’une autre, sont confrontés à la dimension relationnelle de l’accompagnement.
Les Mineurs Non-Accompagnés, jeunes migrants sans autorisation de séjour ni responsable légal, interrogent notre société. Leur jeune âge, leur déracinement, leur isolement culturel constituent autant de défis pour leur intégration. Loin des mythes colportés, l’auteure s’appuie sur sa pratique pour fournir des clefs de compréhension basées sur la loyauté, la résilience et l’isomorphisme. Au-delà des traumatismes et ruptures, l’attention portée sur la créativité et les compétences de ces jeunes, permet l’élaboration de projets d’avenir tenant compte de leur parcours, de leurs situation et réseaux d’appartenance actuels. L’alternance d’exemples concrets et de réflexions théoriques invite le lecteur, citoyen ou professionnel, à se forger une représentation complexe de ces jeunes fragiles et touchants, mais dont la force et les ressources suscitent l’admiration.
L’angoisse est la compagne quotidienne et tenace de Roselyne, depuis que son fils Arthur se drogue : « Pourquoi a-t-il l’air fatigué ? Pourquoi maigrit-il à vue d’oeil ? Pourquoi tousse-t-il autant ? Revoit-il ses anciens camarades à l’influence vénéneuse ? M’a-t-il volé de l’argent pour s’acheter sa came ? A-t-il fumé du cannabis ? Pris des amphétamines, des champignons ou de la cocaïne ? » Dans un texte bouleversant, Roselyne Febvre se met à nu avec courage en racontant le terrible engrenage, la descente aux enfers : Arthur au commissariat après un bad trip, son studio ravagé, ses études de cinéma en pointillé, les mensonges, les vols, l’errance d’un hôpital psychiatrique à un autre, les médecins qui défilent et ne parviennent ni à poser un diagnostic ni à le sevrer — remplaçant les drogues illicites par des ordonnances toujours plus chargées... Confrontée à la folie passagère de son fils, quand le dévoreur s’empare de lui, Roselyne crie son impuissance à sauver sa brindille, son colibri. Elle est Sisyphe, Don Quichotte... et ce combat sans fin, elle ne cesse de le mener, dans l’espoir de voir apparaître une lumière, même vacillante.
Un matin, Rose s’est envolée. Autour de Rose et de sa maman gravitent des personnages que la mort de la petite fille ne peut laisser indifférents. Une pédiatre, un aumônier, un thanatopracteur ou encore une vieille tante : les souffrances de cette galerie d’individus se côtoient, rassemblées autour du décès d’une enfant et autour de la lumière qui se dessine au loin.
Médiathèque de la Haute école de travail social, Sierre.