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Vieillesse, amours adolescentes, monde hospitalier, intervention sociale, études genre et féminisme figurent dans la sélection de Dina-Elisabeth Ngani, bibliothécaire à la Haute école de santé Fribourg.
Les conditions sanitaires inédites mises en place lors de la pandémie de Covid-19 ont bouleversé les modèles sociaux et psychologiques ayant trait à la contagion, à la mort, au vieillissement… Elles ont mis en évidence la nécessité d’élaborer nos relations ambivalentes à la vulnérabilité et à la finitude. Il est essentiel dans l’après-coup de revenir sur ce que nous avons traversé : le concept d’accès égal pour tous aux soins, notamment aux urgences, l’isolement préventif mis en application dans les EHPAD restreignant les visites des proches, les rapports entre jeunes et âgés, certains jeunes pensant être injustement soumis à des restrictions afin de protéger des aînés « à risques », les modalités de fin de vie, en interdisant toute visite aux mourants et en faisant voler en éclat tous les rites funéraires… À distance du déclenchement de la pandémie et avec le recul de la réflexion, ce livre fait appel à des professionnels et chercheurs de différentes disciplines. Il met en perspective ces différents points et leurs conséquences en termes d’exclusion, d’abandon ou d’emprise, mais aussi de solidarité et de créativité, auxquelles nous sommes actuellement confrontés. [In Press]
Les premières amours sont des choses sérieuses : les filles s’y transforment en femmes, les garçons en hommes. Loin de la fraîcheur et de la liberté que leur prêtent parfois les souvenirs adultes, ces métamorphoses sont difficiles, pleines d’enjeux et d’embûches. Pour faire leurs preuves, les jeunes doivent s’efforcer de répondre à des attentes sans que celles-ci ne soient jamais nettement formulées, tant l’attirance et le sexe sont réputés affaires naturelles et spontanées. À partir de trois terrains d’observation qui l’ont menée des cités d’habitat social aux beaux quartiers parisiens en passant par le monde rural, Isabelle Clair propose une lecture sensible et incarnée de la façon dont les jeunesses françaises traversent cet âge des amours débutantes, du collège à l’entrée dans l’âge adulte. Elle montre qu’on attend toujours du de la part des filles, de la puissance de la part des garçons et que les conduites quotidiennes sont loin d’être bouleversées par le mariage pour tous et le mouvement #MeToo. Son travail d’enquête au plus près des expériences révèle ainsi comment les jeunes viennent à la sexualité. Directrice de recherche au CNRS, Isabelle Clair est sociologue. Elle a publié Les Jeunes et l’amour dans les cités (Armand Colin, 2008) et Sociologie du genre (Armand Colin, 2e édition 2023). Elle a également dirigé, avec Elsa Dorlin, l’ouvrage collectif Photo de famille. Penser des vies intellectuelles d’un point de vue féministe (Editions de l’EHESS, 2022). [Editions du Seuil]
Lieu de soins, l’hôpital est-il aussi devenu source de souffrances ? Les patients, leurs proches, les professionnels témoignent d’un environnement toujours plus complexe dans lequel l’individu peine à trouver sa place. Les écouter, leur permettre d’exprimer leurs doléances, de reconstituer leurs parcours parfois entachés de conflits ou d’incompréhensions : tel est l’un des remèdes au risque de voir l’hôpital devenir inhospitalier. Cet ouvrage éclaire la façon dont le travail de médiation peut contribuer à restaurer du lien dans un hôpital lui-même en tension, soumis aux injonctions contradictoires d’une prise en charge toujours plus individualisée et d’une standardisation des processus de soins dictée par le souci d’efficience. Écrit par une vingtaine d’auteurs issus des Humanités, par des patients et des professionnels de la santé, il s’adresse à tout lecteur préoccupé par la préservation de l’hospitalité dans la société qui l’environne, et dont l’hôpital est un symptôme. Il s’adresse également à tout patient ou professionnel de santé en devenir qui souhaite aborder l’hôpital sans risquer d’en souffrir. [Revue Médicale Suisse]
Cet ouvrage collectif procède par déplacement du regard habituel dans le champ du travail social. Regard focalisé par les politiques sociales et les métiers institués en tant que professions mobilisées par celles-ci au plus près des publics concernés. Avec cette diversité de contributions, ce sont autant d’angles d’éclairage sur « l’envers du métier institué », c’est-à-dire sur le métier en train de se (re) faire en continu ainsi que sur le caractère invisible et indicible du métier « en actes », pour faire écho au titre de la nouvelle collection qu’inaugure cet ouvrage. L’emprise des situations, dans leur caractère des plus problématiques, et l’embarras des pratiques de co-activité avec les personnes accompagnées, participent de nouveaux chemins dans les façons de « faire connaissance » dans le cours de l’intervention et dans le cadre de recherches « embarquées. Le parti pris pragmatiste de l’introduction et de la postface mettent ainsi en valeur les apports d’une perspective de contre-plongée sur la face invisible des métiers en train de se déployer et de se recomposer.. [Champs social]
Dans les années 1950 et 1960, au Etats-Unis, des psychologues conceptualisent le » genre « afin de médicaliser l’intersexualité et la transsexualité. Au cours de la décennie suivante, des féministes s’emparent du terme pour dénaturaliser la féminité. De catégorie normative, le genre devient dès lors un outil critique. Depuis une dizaine d’années, les études de genre (gender studies) font l’objet de débats et de critiques. Eric Fassin, l’introducteur en France des travaux de Judith Butler, revient sur la nature ambiguë du genre, à la fois normatif et critique. [Payot]
Dans cet essai publié en 1978, Françoise d’Eaubonne montre que l’exploitation de la nature et l’oppression des femmes ont un dénominateur commun : le patriarcat. Si les hommes se sont au cours des siècles approprié la fertilité des femmes et de la terre, un autre seuil a été franchi avec l’expansion du capitalisme à l’échelle mondiale : c’est la vie même qui est désormais menacée. Rejetant l’injonction permanente à la croissance démographique et économique, la pionnière française de l’écoféminisme insiste sur les limites de la planète et épingle les responsables. Face à l’incapacité des hommes au pouvoir à gérer la crise écologique et politique, il revient aux femmes de reconquérir leur fécondité et d’œuvrer à la mutation vers une société écologique, égalitaire et autogestionnaire. Car seule une mue écoféministe de l’humanité nous permettra de préserver ce qu’il reste de l’environnement. La sociologue Geneviève Pruvost éclaire d’un jour nouveau ce brûlot visionnaire pétri d’humour et source d’inspiration pour renouveler les stratégies et l’imaginaire collectif, écologique et féministe. [Champs social]
Ce livre part d’un constat simple, qui se présente comme une énigme : bien que parfaitement justifiées et nécessaires, les luttes pour l’émancipation des femmes sont pour la plupart restées sans conséquences. A l’inverse de conquêtes sociales résultant clairement de mobilisations diverses, l’évolution du statut des femmes dans la société n’a fait suite à aucune grève, aucune manifestation d’ampleur, aucun blocage. Et cependant nul ne peut nier que, même s’il leur en reste à parcourir, les femmes ont fait du chemin depuis un siècle et demi. À la croisée de deux thématiques, le féminisme et la crise environnementale, Véra Nikolski pose l’hypothèse « matérialiste » que c’est l’enrichissement général de la société, le progrès technique et plus spécifiquement médical qui ont permis aux femmes de faire évoluer leur statut social et politique. Volontairement polémique, le titre lie donc sciemment l’amélioration du sort des femmes avec le vaste processus historique enclenché à la révolution industrielle et dont on sait aujourd’hui qu’il fait peser des risques immenses sur notre environnement. Et ce afin de mettre les femmes en garde : la déstabilisation du climat et la crise des ressources ne menacent-elles pas de fragiliser voire d’inverser le mouvement d’égalisation ? Et dans ce cas ne faudrait-il pas abandonner la logique de réclamation qui caractérise le féminisme actuel pour mener le combat sur d’autres terrains ? Issue d’une famille de scientifiques, Véra Nikolski est normalienne, titulaire d’un DEA de sciences sociales et d’un doctorat en science politique. Mère de trois filles et ancienne pratiquante d’arts martiaux, elle travaille dans la fonction publique. [Fayard]
La désinformation est une arme de guerre psychologique de longue date. Ses techniques sont bien rodées et pratiquées par des spécialistes discrets. Le développement d’Internet et la multiplication des sources d’information lui donnent aujourd’hui une nouvelle vitalité. Comment lutter ? Des outils de contrôle mis en place sur les réseaux sociaux aux ateliers d’éducation aux médias et à l’information, les pistes ne manquent pas. [Éditeur]
Bibliothèque des Hautes écoles de santé et de travail social Fribourg
(photo: HETS-FR – © Beni Basler)