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En réponse aux risques sanitaires liés à une médicalisation croissante chez les seniors, la déprescription s’impose comme une solution nécessaire et complexe. Comment renforcer le lien social et la collaboration entre professionnel·les du social et de la santé ?
© Elyse Persoz / HETSLLa polymédication se définit, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme une prise simultanée à partir de cinq médicaments. L’hyper-polymédication induit, quant à elle, une prise conjointe d’au moins dix médicaments. Actuellement, en Europe, environ un quart des personnes de 60 ans et plus vivant en dehors des structures médicalisées, ainsi que la moitié de celles résidant en milieu médicalisé, sont concernées par la polypharmacie. Si le recours à une médication importante est à relier aux effets du vieillissement et à l’apparition de maladies multiples, la maîtrise et les conséquences de ce phénomène révèlent de nombreuses difficultés. Neuf personnes sur dix souffrant de plus de trois maladies reçoivent des médicaments inappropriés, entraînant des accidents ou de nouvelles pathologies dues à des traitements inadéquats ou à des interactions néfastes entre médicaments.
Dans un système de soin jugé efficace, le constat a de quoi surprendre. Il est en fait révélateur de quelques problèmes déjà connus : a) le manque de coordination et de communication entre acteurs de la santé b) le décalage entre les échantillons constitués pour tester les traitements (population jeune) et la population à laquelle ces mêmes traitements sont prescrits une fois qu’ils sont homologués (personnes âgées souffrant souvent de comorbidité chronique).
Outre corriger ces effets de système, une solution consiste à déprescrire des médicaments. L’opération est complexe : si certains traitements, comme les vitamines et les compléments alimentaires, peuvent être interrompus sans difficulté, d’autres, tels que les statines, les antihypertenseurs, les somnifères ou les antidépresseurs nécessitent des études approfondies pour évaluer la possibilité et les conséquences de leur déprescription.
Ce symposium intitulé « Médicaments, surprescription et déprescription. Un équilibre à repenser entre qualité, prévention et lien social » propose de questionner le concept et les projets de déprescription : la déprescription est-elle une innovation ou n’est-elle qu’un retour à des principes fondamentaux de prudence médicale (« phronesis ») ? Se décline-t-elle également en des formes démédicalisées ? Si à des tranquillisants, on substitue un renforcement du lien social, un accompagnement non-médicale pour prévenir l’isolement et la solitude, quelle forme de collaboration doit être renforcée ou mise en place entre professionnel·les du social et de la santé ? Qu’exige la déprescription, enfin, de la part des patient·es ?
Destinée aux travailleuses et travailleurs sociaux et aux professionnel·les de la santé, en particulier les personnes qui œuvrent à l’interface des champs du social et de la santé, cette après-midi de symposium vise à offrir des perspectives pratiques pour aborder les défis posés par la déprescription. Elle permettra d’identifier les ressources disponibles lorsque la surprescription devient préoccupante et de réfléchir à des solutions qui favorisent le lien social et une bonne collaboration entre les intervenant·es.