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Secouer un bébé par jeu ou énervement est dangereux. La journaliste Josianne Bodart Senn décrypte ce syndrome du bébé secoué. Elle indique comment désamorcer le stress qui peut mener à un tel geste.
Un petit enfant léthargique, très pâle, saisi de convulsions ou de vomissements, doit faire penser qu’il a peut-être été secoué. Secoué une seule fois, de temps en temps, ou régulièrement, par ses grands-parents, la baby-sitter, la maman de jour ou les parents eux-mêmes…
Ainsi, par méconnaissance, de jeunes pères lancent en l’air le jeune enfant ou le font tourner autour de leur taille. Or ce simple geste peut handicaper gravement un bébé. S’il n’est pas dangereux de bercer un enfant ou de danser gentiment en le tenant dans ses bras, tout geste qui fait ballotter le cerveau dans sa boîte crânienne risque de provoquer de graves blessures. Et elles ne sont pas toujours visibles immédiatement…
Au moment où l’enfant active ses fonctions cérébrales, le cerveau secoué tape sur la boîte crânienne et endommage les vaisseaux sanguins situés entre le cerveau et le crâne. Des hémorragies plus ou moins importantes engendreront une pression qui pourra entraver les fonctions corporelles. Des crises d’épilepsie pourront survenir, voire perdurer. Bien plus tard, des séquelles oculaires risquent d’apparaître, ou encore des troubles de l’apprentissage, du comportement, etc. Il arrive même que l’enfant n’y survive pas ! En Suisse, en 2006, trois bébés en sont morts. Aucune classe sociale n’est épargnée.
Des pleurs excessifs
Le facteur principal déclenchant le syndrome du bébé secoué, ce sont les pleurs qui perdurent, sans qu’on puisse leur trouver une explication et une solution pour les faire cesser. Les cris constituent un stress intense pour l’être humain. Pour un parent, oser avouer que la limite du stress et atteinte constitue un premier échappatoire. Le message selon lequel il n’y a pas de honte à être à bout doit passer. Et il faut donner l’occasion aux jeunes parents de s’exprimer. Tout le monde peut perdre le contrôle en cas de surmenage.
« Qu’est-ce que cela vous fait quand il pleure ? Quels sont vos sentiments à son égard ? Avez-vous pensé à lui dire votre désarroi ? ». Raconter calmement ce qui se passe permet de dédramatiser la situation et de trouver une solution. Passer l’enfant à une personne de confiance, quand l’impulsivité menace de prendre le dessus, est une des réactions possibles. Une voisine ou une amie peuvent venir en aide aux parents. S’il n’y a personne à disposition, il suffit de placer l’enfant en sécurité dans son lit et de prendre une douche ou de sortir pour se « ressourcer ».
Les campagnes d’information actuelles ont ceci de nouveau qu’elles évitent de culpabiliser les parents. Il est « naturel » d’avoir, à un moment ou un autre, l’envie de secouer un bébé qui pleure sans discontinuer. L’idée est d’installer les bons réflexes chez le parent. Car reconnaître une envie, c’est aussi se donner le moyen de ne pas y céder. Si vous avez envie de secouer un bébé, passez donc la main AVANT de passer à l’acte.
Josianne Bodart Senn