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Déconfinement: l’heure de détecter les situations de maltraitance

Lundi 14.09.2020

Par Sarah Depallens, médecin associée, pédiatre au Child Abuse and Neglect team, CHUV, Lausanne

Les études montrent que le risque de maltraitance des enfants et des adolescents augmente durant les crises sanitaires et/ou socio-économiques. Ce risque s’explique par la précarisation psycho-sociale de certaines familles déjà vulnérables avant la pandémie, mais également par l’absence de filet social et de soutien habituellement constitué par la famille élargie, les voisins, les amis, les soignants, les écoles ou garderies, les éducateurs ou les travailleurs sociaux.


L’opportunité d’en parler

Après plusieurs mois de déconfinement progressif, la rentrée scolaire offre l’opportunité aux professionnel·le·s d’aborder la situation avec les familles. Comment se sont passés les deux mois sans école pour les membres de la famille ? Et les vacances scolaires ? Qui a le plus souffert de cette situation ? Qui a été la personne de ressource ? Avez-vous senti du stress ? Des troubles du sommeil ? Une baisse de moral? Est-ce qu’il y a eu plus de dispute que d’habitude ? Vous êtes-vous senti seuls ? En danger ? La reprise de contact permet de donner la parole aux enfants, adolescents, parents ou grands-parents afin de faire un point de situation sur leurs ressources, leurs ressentis ou leurs fragilités.

 

Collaboration interdisciplinaire

En cas de suspicion de difficultés dans une famille, de souffrance ou de maltraitance, les professionnel·le·s doivent alors pouvoir travailler de façon concertée. Ainsi, un élève inquiet car son père a perdu son travail pourrait être vu par l’infirmière scolaire, un parent qui présente une rechute dans sa consommation d’alcool pourrait être orienté vers un psychologue abordant les questions des compétences parentales, un adolescent qui présente un absentéisme dès les premières semaines de la rentrée scolaire pourrait être vu par son médecin traitant, etc.

La collaboration entre les professionnel·le·s de l’enseignement, les travailleurs sociaux et le monde médical est essentielle à la mise sur pied d’une continuité dans l’accompagnement des familles vulnérables. Cette période de déconfinement progressif permet d’explorer les ressources et les vulnérabilités des familles et d’orienter si nécessaires les situations critiques vers les structures adaptées. Parler avec les familles, patients, élèves ou bénéficiaires d’aide sociale est une opportunité unique qu’il faut saisir pour repérer les situations de maltraitance intrafamiliales et protéger la santé des enfants et adolescents en danger dans leur développement.

Lire aussi : Di Benedetto L, Sangsue J, Cheseaux JJC, Depallens S. COVID-19 : la fin du semi-confinement rime-t-elle avec le début des révélations de mauvais traitements envers les enfants ? Rev Med Suisse 2020 ; 16 : 1459-61. En ligne

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