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En cette Journée internationale de de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie, Vaud, Genève et le Valais annoncent différentes actions de communication. Une étude documente l'état de santé de cette population.
A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie, ce mardi 17 mai 2022, le Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences du Canton de Genève diffuse une nouvelle image dans les transports publics. Cette action s’inscrit dans le cadre de la campagne Stop violences à la maison. Dans le canton de Vaud, Unisanté et Vogay publient une étude qui montre que les jeunes LGBT sont davantage la cible de violences que leurs pairs, ce qui péjore leur état de santé. En Valais, la première campagne de lutte contre les discriminations à l'égard des personnes LGBTIQ est lancée.
Le nouveau visuel diffusé à Genève aborde pour la première fois la problématique des violences intrafamiliales en lien avec l'orientation sexuelle et affective. L’objectif est de sensibiliser la population à ces formes particulières de violence. Le message exprimé a également pour vocation d’encourager les individus concernés à demander de l'aide.
Les personnes LGBTIQ+ sont, en effet, particulièrement touchées par les violences au sein de la famille. Selon une étude consacrée aux violences intrafamiliales subies durant l'enfance et la jeunesse [1], les femmes lesbiennes et bisexuelles sont trois fois plus nombreuses à avoir été confrontées à des violences psychologiques (23,2% et 24,5%) que les hétérosexuelles (6,6%). Les hommes gays et bisexuels sont, quant à eux, deux à trois fois plus (8,8% et 9,7%) exposés à ce type d’agression que les hétérosexuels (3,5%).
Les violences subies en lien avec l'orientation sexuelle et affective incluent les insultes, les humiliations, la coupure des liens familiaux, les mises à la porte, les séquestrations, les coups — jusqu'aux tentatives de meurtre —, ou encore les agressions sexuelles.
De son côté, l’étude menée dans le canton de Vaud analyse dans quelle mesure les jeunes LGBT en deuxième année de formation postobligatoire sont davantage concerné·e·x·s que les jeunes hétérosexuel·le·s par des problématiques comme la violence, le harcèlement, ou des problèmes de santé. Ces analyses se basent sur les données d’une enquête réalisée dans le canton de Vaud, auprès de 1’817 jeunes.
Les jeunes non-exclusivement hétérosexuel·le·x·s (non-HET) représentent un·e·x répondant·e·x sur six. Les jeunes femmes non-HET ont quatre fois plus de risques que les autres jeunes femmes d’avoir été victimes d’une agression sexuelle durant les 30 derniers mois. Les jeunes hommes non-HET ont quant à eux quatre fois et demi plus de risques que les autres jeunes hommes d’avoir été cibles de harcèlement-intimidation durant la dernière année.
Concernant l’identité de genre, 1.3% des répondant·e·x·s s’identifient comme non-cisgenres (non-CIS). Parmi ces personnes, 15% rapportent avoir été victimes de différentes formes de harcèlement de manière hebdomadaire durant la dernière année (contre 9% chez les autres répondant·e·s). Les jeunes non-HET ou non-CIS sont
respectivement deux et trois fois plus nombreux∙ses·x que les autres répondant·e·s à rapporter être en mauvaise santé générale. Ces chiffres inédits en Suisse confirment une situation préoccupante.
Pour valoriser la diffusion de la présente étude, Vogay a porté un projet de production de vidéos qui permettent de sensibiliser un large public aux enjeux soulevés par l’étude. La forme et le contenu des vidéos ont été décidés par un comité de pilotage composé de différent·e·s expert·e·s engagé·e·s dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux personnes queer.
La plus-value du projet résidait dans le fait d’incarner les chiffres de l’étude en donnant la parole aux jeunes concerné.e.x.s. Plusieurs vidéos ont été réalisées, une table ronde en format court et long, puis six vidéos témoignages revenant sur les parcours des participant·e·x·s de la table ronde. Les vidéos seront à disposition des partenaires et du réseau afin de sensibiliser le grand public, que ce soit lors de formations aux professionnel·le·x·s, d’ateliers auprès des jeunes, de conférences ou encore lors de campagnes de communication.
Cette étude confirme la situation préoccupante des jeunes non-HET en dernière année de scolarité obligatoire révélée en 2017. Le Canton de Vaud souligne ainsi la nécessité de poursuivre le déploiement du plan de prévention et traitement de l’homophobie et de la transphobie dans les lieux de formation. Les jeunes LGBTIQ doivent pouvoir évoluer dans des environnements scolaires, extra-scolaires et familiaux favorables à leur autodétermination et pouvoir compter sur des professionnel·le·x·s formé·e·x·s sur les questions d’orientation affective et sexuelle ainsi que d’identité de genre.
Les institutions subventionnées rappellent qu’elles sont disponibles pour répondre aux interrogations des jeunes, de leurs proches et des professionnel·le·x·s en contact avec les jeunes.
Une campagne de sensibilisation à l’échelle cantonale a été lancée ce 17 mai 2022. Elle s'inscrit dans la plan d’action valaisan pour lutter contre les discriminations envers les personnes LGBTIQ. Une première phase d’affichage dans l’espace public et sur les réseaux sociaux a débuté. Une deuxième phase se déroulera à la rentrée scolaire.
La démarche de création de la campagne s’est voulue participative. Les partenaires de terrain ont été consultés afin de mieux cerner les réalités vécues par des personnes LGBTIQ, de déterminer les objectifs prioritaires de la campagne et d’en identifier les publics cibles. L’objectif est d’ancrer la campagne en Valais et de toucher la population du canton dans son entier en la sensibilisant à la thématique sous l’angle du respect des différences.
Cette première campagne se focalise sur l’acceptation, le partage et le soutien au sein de la famille, notamment face aux difficultés rencontrées lors du coming-out. Ainsi, les affiches, mettant en scène des couples de même sexe, montrent des situations familiales sereines grâce à une atmosphère chaleureuse et bienveillante. Le canton y affirme également son engagement contre les discriminations à l’égard des personnes LGBTIQ.
En parallèle de la campagne, le canton poursuit la mise en oeuvre de son plan d’action. L’engagement d’un nouveau collaborateur spécialisé sur la thématique fait partie des mesures annoncées et réalisées par l’office : Aymeric Dallinge occupe ce poste depuis le 1er avril 2022. Par ailleurs, le travail de coordination entre les différentes institutions concernées par le plan d’action a débuté, afin de permettre une mise en oeuvre concrète des mesures. Ces dernières permettent d’intervenir dans de nombreux domaines : milieux scolaires, formations des professionnels, renforcement de la coordination entre les différents acteurs, ou encore aide, soutien et orientation des personnes concernées.
La Journée internationale de lutte contre l'homophobie, la biphobie et la transphobie représente l’occasion de rappeler, de manière plus générale, que les personnes LGBTIQ+ sont souvent exposées à des blagues déplacées et à des regards insistants dans les espaces publics, selon le rapport 2021 du Panel Suisse LGBTIQ+. En outre, 14,5% des personnes membres de minorités de genre et 6,7% des membres de minorités sexuelles déclarent avoir subi des violences physiques au cours de la dernière année.
Les femmes lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles (attraction sans distinction de genre ou de sexe), ainsi que les personnes trans et non binaires sont particulièrement touchées par le harcèlement sexuel. Les personnes non binaires subissent par ailleurs des niveaux très élevés de discrimination structurelle et d’exclusion sociale.
(CROC, avec communiqués de presse)
[1] Etudes & résultats, violences intrafamiliales: les filles et les jeunes LGBT plus touchés, Ined, Avril 2020.
Lire l'étude Des chiffres vaudois sur la victimisation des jeunes LGBT