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Sexualité et addictions : zoom sur un sujet tabou
18ème Forum des addictions, Genève, 2008, 55 pages.
L’addiction sexuelle est rare, mais elle se révèle déstructurante pour celui qui en est atteint. Cette thématique a été débattue en septembre passé à Genève par le Forum addictions, qui réunit plusieurs fois par an des professionnels du social et de la santé, sous l’égide de l’association Première ligne (réduction des risques), d’ARGOS (toxicomanie), des Hôpitaux universitaires et de l’Hospice général. Les actes de cette rencontre viennent d’être publiés.
Il apparaît que la définition de l’addiction au sexe est des plus floues. Il n’existe pas de critères spécifiques pour la délimiter. « Le déroulement du forum ne s’est toutefois pas révélé moins complexe que sa préparation », écrivent ses organisateurs. En effet, il n’est pas facile d’évoquer – même pour des thérapeutes et des travailleurs sociaux – la sexualité en tant que telle, sans réserves personnelles ou allusions plus ou moins ludiques.
Se droguer pour oublier son corps
Gaëlle Martinez, collaboratrice socio-sanitaire à Première ligne a fait apparaître que le recours aux drogues diverses par les prostituées est avant tout un moyen de conjurer leurs angoisses et de favoriser leur désinhibition. La consommation de drogue fonctionne comme un « outil de travail » qui leur permet de dissocier la tête et le corps. « Les femmes vont consommer de l’alcool pour pouvoir travailler, de la cocaïne avec le client et ensuite elles vont prendre des médicaments (somnifères, antidépresseurs) pour pouvoir se reposer ou supporter cette situation ». Pour ces femmes, parler de consommation de drogues est difficile. « Elles ne veulent pas être associées aux femmes toxicomanes et vivent déjà difficilement le fait de pratiquer la prostitution ». Par ailleurs, il existe des « échanges de services sexuels » entre prostituées et dealers. Enfin, une rivalité oppose les consommatrices de drogues qui se prostituent aux prostituées qui consomment des psychotropes.
L’abus sexuel et l’abus d’abstinence
Le psychiatre Georges Abraham a mis en évidence le fait que les comportements addictifs en matière de sexualité ne sont souvent que des réponses à divers besoins. Considérant les abus de comportements sexuels, il souligne que l’abstinence peut être tout aussi tyrannique que l’addiction ! Quant aux sources de cette addiction, elles peuvent être diverses. L’angoisse de la perte d’appétit sexuel constitue par exemple une angoisse pouvant aller jusqu’à la perte du goût de vivre.
L’impact des maltraitances
Pour le docteur Bron, chef de clinique a la consultation interdisciplinaire de médecine et de prévention de la violence aux HUG, la maltraitance et l’abus de drogues sont liés. Par ailleurs, il est également apparu que la consommation de drogues rend les auteurs de maltraitances aussi vulnérables que leurs victimes.
Stéphane Herzog / Source : Sexualité et addictions : zoom sur un sujet tabou, 18ème Forum des addictions, Genève.
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