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Une consommation inadéquate de médicaments a engendré plusieurs dizaines de décès d’adolescent·e·s ces dernières années. Une nouvelle brochure d’Addiction Suisse informe et donne des pistes pour aborder le dialogue.
Anodin, un sirop pour la toux ? Pas tant que ça. Comme l’indique Addiction Suisse, « les médicaments pouvant engendrer une dépendance sont facilement accessibles. » Pour les jeunes, il suffit d’ouvrir l’amoire à phramacie familiale et de se servir de médicaments qui contiennent, malgré leur accès en vente libre, des substances dangereuses, surtout lorsqu’elles sont mélangées à d’autres produits. Ils peuvent aussi en obtenir facilement aujourd’hui sur les réseaux sociaux ou auprès de leur cercle d’ami·e·s. Certain·e·s s’approvisionnent en pharmacie, sur le marché noir ou sur internet.
La consommation de médicaments psychoactifs a souvent lieu dans un contexte festif, en compagnie de personnes du même âge. Elle échappe généralement au contrôle des parents, qui sont surpris et consternés lorsqu’ils ont connaissance de cette pratique. Les benzodiazépines (tranquillisants), la codéine ou le dextrométhorphane (sirop contre la toux) ainsi que les antidouleurs contenant des opioïdes sont les produits les plus utilisés.
Pour encourager et faciliter le dialogue, les adultes trouveront de précieux outils dans une brochure développée par Addiction Suisse. L’organisation y recommande par exemple de ne pas formuler de reproches dans la communication avec les adolescent·e·s, mais d’exprimer son inquiétude et d’adopter une position claire : se livrer à des expériences avec des médicaments est trop dangereux.
Cette publication informe également sur les médicaments concernés, les motifs de consommation et les risques. Elle propose des pistes utiles pour prévenir ou gérer les problèmes, comme la conservation des médicaments hors de la portée des enfants et des adolescent·e·s. Un autre aspect important est l’attitude des adultes face aux médicaments. En font-ils usage facilement ? Des suggestions pour répondre aux motivations des jeunes sans avoir recours aux médicaments sont énoncées, par exemple en explorant d’autres façons de faire face à la pression de la performance ou aux sentiments négatifs. L'exploration de sensations fortes dans le cadre des loisirs est également suggérée.
Un autre dépliant, beaucoup plus succinct, est destiné aux ados. Il peut servir de base pour entamer un échange. Comme la brochure, il peut être distribué par l’école, lors de soirées de parents ou dans les services spécialisés.
Si les parents ont un rôle important à jouer, les autorités ne doivent pas rester inactives. Des mesures s’imposent au niveau politique et juridique. Addiction Suisse demande que tous les médicaments contenant de la codéine et du dextrométhorphane ne soient remis que sur prescription médicale. Par ailleurs, l’ordonnance sur les tableaux des stupéfiants ne devrait plus prévoir d’exception aux mesures de contrôle les plus strictes pour ce type de produits. La consommation augmente et peut avoir une issue fatale.
En Suisse, selon l’enquête Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) de 2018, 4.5% des garçons et 4.1% des filles de 15 ans ont déjà pris au moins une fois des médicaments dans l’intention d’en ressentir les effets psychoactifs. Chez les garçons, cela représente une nette augmentation par rapport à 2006.
Le mauvais usage de médicaments recèle de multiples dangers, comme une propension accrue à prendre des risques, des accidents et le développement d’une dépendance. Il peut aussi avoir un impact négatif sur la vie sociale. La consommation simultanée avec d’autres substances (alcool, cannabis ou autres drogues) est particulièrement dangereuse. Elle augmente le risque d’événements graves, voire de décès à la suite de problèmes cardiovasculaires et d’arrêt respiratoire. En Suisse, ce problème a été à l’origine de plusieurs dizaines de morts chez les jeunes ces trois dernières années.
(croc / Addiction Suisse)
Lien vers la brochure Médicaments, en parler avec les ados ; Brochure pour les parents
Lien vers le dépliant pour les jeunes Tranquillisants Antidouleurs Somnifères « Lean » Mélanges