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Bender, Gabriel ; Moroni, Isabelle
- Politiques culturelles en Valais : histoire, acteurs, enjeux
- Lausanne : Réalités Sociales, 2011
« Politiques culturelles en Valais » explore les dynamiques culturelles des villes du Valais romand. Elles sont marquées et orientées par les projets et les actions des instances étatiques et communales, des milieux artistiques et des acteurs culturels. Une mise en perspective des politiques culturelles de chaque ville, des prémisses à aujourd’hui, permet ainsi de comprendre ce qui constitue l’esprit et le génie du lieu de Monthey, Martigny, Sierre et Sion.
Gabriel Bender, Isabelle Moroni et leur équipe nous content un Valais culturel dont l’histoire est traversée par des regards pluriels et contradictoires, souvent hiérarchisés de manière caricaturale entre création élitiste et tradition populaire. Pourtant, si l’expression d’une culture traditionnelle est restée longtemps la préférée des élites, déjà dans les années 70 une jeunesse d’ici et d’ailleurs, invente à Sapinhaut une fête qui inspirera Daniel Rosselat pour son Paléo Festival.
Les politiques culturelles révèlent ainsi la diversité et la complexité des dynamiques locales dans leurs dimensions historique et régionale. Elles sont le fruit de rapports tantôt coopératifs tantôt conflictuels entre les acteurs du champ de la culture : instances politiques, organismes privés, associations culturelles, personnalités agissantes. La prégnance des lieux et des héritages est donc loin d’être négligeable. Une volonté de structurer et de professionnaliser le champ culturel émerge aujourd’hui pour favoriser les initiatives innovantes, renforcer la création artistique et former les publics.
Ce livre est le signe d’une évolution importante dans la réflexion nécessaire sur nos sociétés. La dimension culturelle doit être prise en compte au même titre que d’autres secteurs comme l’économie ou l’écologie. Penser les politiques culturelles est nécessaire et salutaire afin de sortir d’actions improvisées, de politiques pragmatiques ou d’orientations idéologiques masquées.
- Gabriel Bender, sociologue et historien, est professeur à la HES-SO Valais.
- Isabelle Moroni, politologue, est professeure à la HES-SO Valais.
- Rafael Matos-Wasem, géographe, est professeur à la HES-SO Valais.
- Sarah Jurish Praz, licenciée en sciences sociales, est collaboratrice scientifique à la HES-SO Valais
Luc van Dongen
- Mémoire ouvrière : ouvriers d’usines et industrie en Valais : à la croisée de l’histoire, de la mémoire et de l’art
- Luc Van Dongen, Grégoire Favre ; avec les contributions de : Sandro Guzzi-Heeb, Charles Heimberg, Jérôme Meizoz, Alain Mélo, Mattia Pelli, Régine Pralong, Simon Roth, Simon Schwery, Saffia Elisa Shaukat, Jean Steinauer ; portraits : Grégoire Favre
- Sierre : Ed. Monographic, 2011
C’est un livre rare que celui-ci, fruit d’une collaboration non moins rare entre artistes, historiens et témoins.
Le Valais est fier de ses fleurons industriels, mais néglige leur histoire, étouffe la mémoire humaine, sociale et politique dont ils sont porteurs. Réunissant une vingtaine de témoignages d’anciens employés des usines valaisannes d’aluminium et les contributions de plusieurs chercheurs, cet ouvrage propose de mieux faire connaître cette réalité ouvrière et industrielle dédaignée, tout en réfléchissant aux divers enjeux de la mémoire. Il offre des éclairages historiques sur l’industrialisation du Valais, les hommes et les femmes qui l’ont rendue possible, les conditions de travail dans les usines. Mais il se demande également ce qu’il est advenu de ce passé dans les mémoires : la mémoire individuelle, la mémoire collective, la mémoire des lieux.
Ce qui fait de ce livre un objet précieux, c’est qu’il ose des passerelles entre les temps (passé, présent, futur) et les genres (l’histoire, la mémoire, l’art) en convoquant les ressources à la fois des historiens, des témoins et des artistes. Leur dialogue, commencé autour d’une exposition qui mettait à l’honneur celles et ceux qui ont fait la saga d’Alusuisse pendant plus d’un siècle, se poursuit ici au fil des pages.
Karine Povlakic
- Suppression de l’aide sociale : un instrument de contrainte : l’aide d’urgence, ou le grand retournement
- Lausanne : Ed. d’en bas & SAJE, 2011
En 2004 entre en vigueur pour certaines catégories de demandeurs d’asile la suppression de l’aide sociale.
En 2006, ce système a été généralisé dans le cadre d’une révision de la loi sur le droit d’asile votée par le peuple suisse. Dès lors, la Suisse peut se targuer d’appliquer une des lois les plus restrictives en Europe, d’avoir légalisé un régime de répression à l’égard des personnes étrangères et institutionnalisé la "chasse aux abus". Christophe Tafelmacher démontre dans sa préface comment le sens même de la justice s’en trouve renversé : la "bonne foi" des personnes est niée et la Suisse légitime un état de suspicion généralisé à l’égard des étrangers qui s’étend à toute la population suisse : il faut débusquer tous ces abuseurs de l’aide sociale, de l’assurance invalidité et du chômage.
L’un des instruments les plus iniques de cette loi est la suppression de l’aide sociale à l’égard des personnes déboutées de leur demande d’asile : un instrument de contrainte pour les forcer à quitter le territoire suisse en le rendant moins accueillant. Ces personnes, par leurs parcours accidentés de vie, forment la partie la plus vulnérable, la plus précarisée de la population en Suisse. Précipitées dans un dénuement encore plus grand par la suppression de l’aide sociale, elles ont droit à l’aide d’urgence : la Suisse réussit le tour de force de panser les plaies qu’elle a elle-même infligées.
Karine Povlakic analyse ces nouvelles formes de gestion des migrants qui se développent partout en Europe. Les autorités exercent un contrôle total sur les personnes, et s’attachent ainsi à priver ces étrangers de toute forme d’autonomie personnelle. L’auteure décrit le caractère particulièrement organisé, en Suisse, de ces nouvelles modalités de discrimination des requérants d’asile.
Thierry Mertenat
- Chroniques de la violence conjugale
- Genève : Labor et Fides, 2011
C’est l’intensité de la violence conjugale, dans sa fréquence et sa durée, que ce livre se charge de documenter, dix-huit exemples à l’appui.
Etre là, à l’endroit où vient de surgir cette même violence ; être présent quand on la juge et la condamne. De l’adresse privée à la salle d’audition, du poste de police au Palais de Justice, s’appliquer à rétablir les faits dans leur enchaînement fatal. Instruire en somme, sans juger ni interpréter, en réservant une attention égale à chacun des protagonistes, à l’agresseur comme à sa victime. Cette enquête a sa propre histoire.
Elle commence en 2007 par l’annonce d’un meurtre au petit matin. Travail classique de fait divers : rendre compte pour son journal de la mort d’une femme, tuée par son mari. Prendre date avec le procès à venir, le suivre sans quitter le prétoire jusqu’au verdict. Chaque mot compte : la violence conjugale a son propre vocabulaire. Quatre années donc à suivre cette actualité d’une richesse par moments décourageante, au gré des gardes aléatoires, des réquisitions et des auditions à rallonge.
L’entêtement a cette double vertu de chasser les idées reçues et de réviser les certitudes trop vite acquises.
Manon Masse
- La maltraitance en institution : les représentations comme moyen de prévention
- Genève : IES éditions, 2011
Les institutions médico-sociales ou socio-éducatives ont pour mission l’accompagnement et le développement de l’autonomie et du bien-être de leurs résidants.
Comment expliquer dès lors les diverses formes d’abus - négligences, violences psychologiques, morales ou physiques - se produisant parfois dans certains établissements ? Face à ce paradoxe, Manon Masse et Geneviève Petitpierre abordent le thème de la prévention de la maltraitance perpétrée envers des adultes présentant une déficience intellectuelle et vivant ou travaillant en institution. L’ouvrage s’articule autour d’une méthodologie originale qui consiste en une recherche-action réunissant trois types d’acteurs : des personnes avec une déficience intellectuelle, des parents concernés et des professionnels du domaine socio-éducatif.
Dans un premier temps, la démarche vise à identifier les représentations de la maltraitance en milieu institutionnel du point de vue des acteurs en présence. Ensuite, dans une perspective multifactorielle et en s’appuyant sur la littérature existante, les auteures distinguent les facteurs augmentant ou diminuant le risque de survenue ou d’exposition à la maltraitance. Enfin, toujours en sollicitant les participants, des pistes d’actions concrètes destinées à prévenir l’apparition de situations abusives sont esquissées.
Marc-Henry Soulet (éd.)
- Changer de vie : un problème social
- Fribourg Suisse : Academic Press Fribourg / Saint-Paul, 2011
La sociologie s’est, dès ses débuts, attachée à rendre compte de ce qui fait que nous continuons à être ce que nous sommes devenus malgré de récurrentes envies d’être quelqu’un d’autre et de vivre autre chose. En sanctionnant le poids des décisions et orientations antérieures, elle a quasiment reconnu l’irréversibilité des trajectoires biographiques. Toutefois, les changements d’orientation professionnelle, les ruptures de parcours biographiques, les crises identitaires, les sorties de carrières ne sont pas aussi rares que cela. Et si tel est le cas, c’est parce que rejouer sa vie est pensable et possible, et même encouragé par des mesures spécifiques (comme la formation tout au long de la vie ou le leitmotiv contemporain de l’égalité des chances rejouable tout au long de l’existence), et donc que la structure sociale permet, voire encourage, des réversibilités. C’est à cet enjeu autant sociologique que social que le présent ouvrage est consacré en s’efforçant de thématiser tant les contextes que les conditions d’émergence et de réalisation de ces bifurcations, reconversions, affranchissements, transformations de nos existences.
Mallory Schneuwly Purdie
- Peut-on intégrer l’islam et les musulmans en Suisse ?
- Charmey : Ed. de l’Hèbe, 2011
La compatibilité de l’islam aux démocraties occidentales et l’intégration des musulmans dans les sociétés européennes préoccupent aujourd’hui politiques et citoyens.
Les défis incontestables de la cohabitation côtoient dans l’arène médiatique les enjeux fantasmés de la présence musulmane. On constate ainsi une réduction de la question musulmane à la visibilité de ses expressions dans l’espace public, avec pour conséquence un détournement de l’attention des paris réels de la sédentarisation des musulmans en Suisse et en Europe. Peut-on être musulman et Européen ? Peut-on être une femme musulmane libre ? Peut-on intégrer les musulmans au multiculturalisme helvétique ? Ce sont là quelques questionnements qui jalonneront la réflexion de cet ouvrage.
Sélection effectuée parMireille Salvi, Médiathèque de la Haute école de travail social, Sierre
Site internet Médiathèque