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Le 13 juin à Lausanne, la Collection de l’art brut organise le vernissage de deux expositions consacrées aux artistes suisses Clément Wild et Pascal Vonlanthen, en situation de handicap.
Les expositions Clemens Wild et Pascal Vonlanthen sont ouvertes du 14 juin au 27 octobre.
En lien avec ces expositions : Colloque international « Les ateliers de création : nouvelles sources pour l’art brut ? »
Elles s’appellent Babsi, Sam ou Uschi. Ce sont les protagonistes des peintures de Clemens Wild. Leurs silhouettes et leurs poses, avec cigarettes, coiffures et tenues colorées, composent une galerie de femmes au destin cabossé, mais dignes et sans complexes. Elles partagent des métiers humbles, une position sociale précaire, des origines lointaines, et racontent leur histoire, leurs tracas, leurs ambitions et leurs loisirs.
Clemens Wild permet aux femmes qui travaillent dans l’ombre de sortir de l’invisibilité sociale. Solidaire, l’auteur a lui-même connu la marginalisation. Il vit depuis 1982 à la Humanushaus, une résidence sociale anthroposophique située près de Berne (Suisse). C’est en observant les femmes qui travaillent dans la cuisine, les appartements et les ateliers de cette institution pour personnes en situation de handicap que l’idée lui est venue de leur rendre hommage.
Fasciné par la typographie des titres et l’agencement des textes, Pascal Vonlanthen recopie à sa façon les pages de journaux, de magazines ou de dépliants publicitaires. Ne maîtrisant pas la lecture, il s’approprie les codes d’un langage qu’il n’est pas en mesure de décrypter. En une dizaine d’années, il a ainsi créé un corpus original d’écritures asémiques, dépourvues de syntaxe, mais dotées d’une grande puissance formelle.
Si au début, les lettres tracées dans ses compositions ont une certaine ressemblance avec celles du modèle imprimé, et permettent parfois de reconnaître l’incipit d’un article, très vite la lecture bute sur des lettres inversées, des chiffres épars, une suite qui défie la logique, des lignes qui s’étirent sans espaces entre les mots et sans ponctuation, ou une même lettre qui se répète de manière de plus en plus abstraite. À la rigidité des caractères typographiques Pascal Vonlanthen oppose une calligraphie qui s’étale par vagues ou par colonnes dans un mouvement ondulatoire. Son écriture se déploie avec une sorte de logique grégaire : la forme de chaque lettre influence la suivante, et chaque ligne s’accorde sur le mouvement de celle qui la précède, dans une dynamique qui rappelle le vol des étourneaux. Parfois, des masses abstraites comme des nuages imposent leur volume ; ailleurs, lettres et images se partagent la composition et l’écriture devient aussi figurative, grâce à la présence d’animaux ou de formes embryonnaires. L’auteur alterne les petits formats au feutre noir ou coloré à la pointe fine, et les grands au marqueur sur papier ou carton d’emballage, jusqu’à atteindre la démesure avec un rouleau de huit mètres de long.