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Après le succès de son premier essai, la journaliste Salomé Saqué signe «Résister», un nouvel ouvrage qui appelle à s'élever face à la montée de l’extrême droite.
Après le succès de son premier essai, la journaliste Salomé Saqué signe «Résister», un nouvel ouvrage qui appelle à s'élever face à la montée de l’extrême droite.
Recension par Jean Martin
Résister. Un verbe pour un titre. Un verbe comme titre à un petit opus fraîchement publié par la journaliste française Salomé Saqué, qui éclaire en détail la très inquiétante montée de l’extrême droite en France. Le sujet posé, elle traite ensuite de l’engagement et la nécessaire militance pour combattre ce mouvement sur plusieurs créneaux, par exemple les enjeux climatiques ou la biodiversité.
Très active pour le média libre et indépendant Blast, souvent en débat dans l’émission C ce soir sur France 5, Salomé Saqué est bien connue depuis la parution de son livre Sois jeune et tais-toi — Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse (Payot, Paris, 2023 — récemment édité en poche). Dans ce nouveau livre, elle plaide donc pour que nos sociétés ne soient pas tentées « d’essayer l’extrême droite », comme certaines en Europe semblent trop prêtes à le faire, à l’image de l’Allemagne. La banalisation croissante de ce mouvement et de ses messages (qui ne nous choquent plus comme ils le devraient) contribue à sa montée en puissance et c’est là « un cercle mortifère ». Comme le rappelait Albert Camus, « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ». Et les Suisses le savent — à tout le moins devraient le savoir — puisque c’est en principe une des règles de ce pays.
Avec d’autres, dont l’écrivain et militant écologiste français Cyril Dion, elle souligne l’importance de créer de nouveaux récits, de proposer une alternative qui ne soit pas seulement une critique, mais une révolution de nos manières de vivre ensemble. Elle partage sa conviction, cite le passé et les tentatives en cours : « Les grands bouleversements sont nés dans la tête des rêveurs. Les droits civiques, l’égalité des sexes. Des utopies devenues réalités. Alors on continue de rêver avec combativité, et on rêve grand (…) Cette réappropriation du monde par l’imaginaire, par la créativité, constitue le préalable à nos révolutions futures et la force de résistance contre les élans de repli et de haine » (p. 104-109). Pour résister, donc, créer du lien et ouvrir le débat s’inscrit comme un objectif fondamental, mais peut relever de la gageure avec des personnes peu intéressées, indifférentes ou fortement opposées. Salomé Saqué partage ses bonnes manières pour y parvenir dans une section « Savoir convaincre » (p. 91 ss.).
Soyons joyeux, dansons ! « La joie n’est pas une faiblesse, c’est un acte de résistance. Pendant que l’extrême droite ressasse le passé, on invente l’avenir », écrit la journaliste. Toutefois, malgré toute la meilleure volonté du monde, malgré la foi en son combat, Salomé Saqué rappelle que les burnouts militants existent et qu’il s’agit d’y prendre garde : « On peut résister en prenant soin de soi comme de celles et ceux qui luttent ».
Résister. Un verbe pour un titre. Un mot qui contient un monde, qui contient aussi l’espoir, comme la conclusion de l’autrice : « Ce livre a l’ambition d’être une petite pierre au pied d’un immense édifice de résistances plurielles qu’il faut consolider et inventer ». On lui souhaite de susciter d’autres telles pierres.
Salomé Saqué, « Résister », Payot, Paris, 2024