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Non, l’islam n’est pas homophobe par essence

Jeudi 26.04.2012
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Jamais le lien entre homophobie et islamophobie n’a été aussi difficile à cerner. En Europe, les collectifs citoyens des homosexuel-le-s musulman-e-s réfléchissent à ces doubles discriminations et à la façon de dépasser les préjugés.

Par Ludovic-Mohamed Zahed, maître de psychologie cognitive, doctorant en anthropologie du fait religieux, EHESS, Paris [12]

Depuis 2010, les associations LGBT européennes et musulmanes ont construit une dynamique [1] sur deux axes principaux. D’une part, l’engagement citoyen contre l’homophobie et la transphobie au sein de la communauté musulmane et dans l’ensemble de nos sociétés contemporaines. D’autre part, la lutte contre l’islamophobie, le racisme et les nationalismes partisans, notamment depuis l’intérieur de la communauté LGBT. Ces deux symptômes de rejet, comme toutes les discriminations, conduisent à la déshumanisation de boucs émissaires : en général ce sont les femmes ou les individus appartenant à une minorité sexuelle qui sont dans la ligne de mire. En psychologie sociale, ce processus est appelé infrahumanisation. Ce phénomène inconscient – donc difficile à réprimer – est produit par un individu ou un groupe social qui se sent en danger et qui, sur la base d’un instinct animal, veut renforcer son identité. Ce déni d’humanité, associé à une violence intergroupe extrême, peut aller jusqu’au génocide [2]. Notre objectif est ainsi de travailler à un islam de France et d’Europe véritablement inclusif, et pour une représentation de la laïcité véritablement respectueuse de toutes les croyances. Il nous faut donc trouver une troisième voie, apaisée, entre rejet systématique de toute forme d’expression culturelle ou spirituelle, ayant trait à l’islam en particulier, et le fondamentalisme qui ne laisse aucune place à la liberté de l’individu en matière d’orientation sexuelle ou d’identité de genre.

Le besoin de « purification culturelle »

Pourquoi est-il si important pour les fondamentalistes de justifier leur homophobie en utilisant les interprétations du Coran les plus exclusives ou des traditions prophétiques de la Sunna souvent fausses ou apocryphes [3] ? En fait, chaque groupe d’êtres humains en péril a désespérément besoin d’entreprendre une « purification » de sa culture, en commençant par ce qu’il considère comme extérieur à son groupe social d’appartenance tel qu’il se le représente : en l’occurrence, les individus appartenant de fait à ce que l’on qualifie aujourd’hui de minorité sexuelle LGBT. Mais cette peur de l’autre institutionnalisée, l’homo-phobie, n’a rien d’exclusivement islamique.

En Europe, au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, trop souvent la médecine puis la psychiatrie ont été utilisées à des fins politiques, tout comme la religion l’est aujourd’hui par certain-e-s, afin de justifier les préjugés moralisateurs, puritains, homophobes et transphobes. Les psychiatres et médecins européens ont depuis lors reconnu leurs erreurs. Pourtant, cette conception moderne et discriminatoire de la sexualité a été exportée à travers la colonisation. Aujourd’hui, des pays d’Afrique ou du Moyen-Orient défendent certaines lois discriminatoires venues d’Europe dans le but, disent-ils, de purifier leur culture de l’influence européenne [4]. Leur raisonnement est schizophrénique puisque ces lois n’ont rien à voir avec l’éthique islamique. Pourtant, on ne peut nier le fait que, actuellement, sur les sept pays qui condamnent toujours les homosexuels à la peine de mort (Mauritanie, Nigeria, Soudan, Somalie, Arabie saoudite, Iran, Yémen), tous sont musulmans [5].

Ainsi, est-ce l’Islam que vivent des centaines de millions de musulmans au quotidien, de manières très diverses, qui est fondamentalement homophobe ? Ou est-ce la représentation d’une identité masculine hégémonique, fantasmée, toute-puissante, qui se voit renforcée à l’extrême, dans un contexte social mondialisé, propice aux peurs de l’autre ? Nous soutenons qu’une meilleure connaissance de l’islam, en particulier par le biais des représentations que proposent les « nouvelles théologies islamiques », peut lutter pacifiquement contre ces peurs sociales et inconscientes. Nous pensons aussi que l’élaboration d’une théologie islamique de la libération, véritablement inclusive, pourra renforcer la conscience humaine. De plus, des concepts humanistes comme celui du Tawhid [6] peuvent renforcer l’autonomisation et l’émancipation des convictions d’individus de fait LGBT [7]. Ces nouvelles théologies permettent de mettre en exergue l’absence d’intermédiaires, en théorie, entre Dieu et chaque être humain, ainsi que la stricte égalité entre tous et toutes. En plus de la lutte pour les droits humains fondamentaux qui sont encore trop souvent vus comme une influence occidentale, moderne, néfaste, et afin de répondre à ces questions sur l’égalité universelle et le respect inconditionnel de la diversité humaine, les intellectuel-le-s LGBT et les féministes musulman-e-s reviennent en effet aux sources de la culture arabo-islamique.

Notons que ni dans le Coran ni dans la Sunna, l’homosexualité n’est condamnée en tant que telle. Le terme « homosexualité » n’y est pas mentionné une seule fois. Les versets mentionnant « les crimes du peuple de Loth » dans le Coran condamnent une sexualité violente, dominatrice et pratiquée sur la place publique par les habitants de Sodome et Gomorrhe, ainsi que d’autres pratiques criminelles comme le viol, le vol, le refus de l’hospitalité ou le meurtre [8]. Ces rapports sexuels ont également été décrits par l’historien antique Hérodote et ne concernent pas l’homosexualité mais essentiellement la prostitution et la pédophilie [9]. A noter que les pratiques sexuelles violentes et autoritaires semblaient être toujours en vigueur chez les Arabes, encore peu de temps avant la fin de l’ère moderne [10].

A l’intersection d’une double discrimination

L’homosexualité est souvent condamnée à mort par les plus extrêmes des musulmans dogmatiques parce qu’ils pensent qu’elle est mentionnée dans le Coran de manière indirecte ; plus encore, parce qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ont peur de la diversité des sexualités et des genres humains. Pourtant, le credo musulman dogmatique précise qu’une condamnation n’est jamais indirecte ; elle se doit d’être toujours clairement justifiée. Enfin, le Prophète acceptait chez lui des hommes qualifiés de mukhanathun, au service de ses enfants et ses femmes. Les mukhanathuns étaient des hommes efféminés, androgynes, qui n’avaient aucun désir envers les femmes, devant lesquels les épouses du Prophète ne portaient pas le voile [11]. Aujourd’hui ces mukhanathuns pourraient être décrits comme des « gays » ou des « transgenres ». Certains des compagnons de Mahomet ont voulu les tuer mais le Prophète a interdit à quiconque de s’attaquer à eux.

« Nous vous avons constitués en peuples et en tribus afin que vous puissiez apprendre à vous connaître. » Le Coran parle à travers les âges d’un humanisme islamique empreint d’un amour inconditionnel pour la diversité des cultures, des genres, des sexualités humaines. Loin des guerres de religions ou de civilisations, loin de toute forme de discriminations contre quelque communauté que ce soit, cet humanisme islamique sanctifie la diversité comme étant la pierre angulaire de notre humanité. Ce n’est qu’ainsi que la laïcité peut être considérée comme une chance double contre les doubles discriminations. Loin des dogmes religieux et des préjugés institutionnels ou politiques, nous pensons qu’il est possible de comprendre l’Islam comme une culture et une spiritualité qui n’a jamais fini d’évoluer depuis plus de 1400 ans. Ces questions concernent tou-te-s les citoyen-ne-s. Nous sommes là à l’intersection de doubles discriminations potentielles, certes, mais plus encore à l’intersection d’apport culturels et cultuels qui peuvent être une formidable richesse. Ils alimentent nos réflexions sur l’égalité, la liberté individuelle, la dignité inaliénable de toutes et tous. Cette démarche évite toute forme de communautarisme ou de ghetto. Elle promeut au contraire l’autonomisation des citoyen-ne-s et l’émancipation de leurs convictions, avec une extraordinaire diversité d’apports culturels que l’Europe n’avait encore jamais rêvée.

[1] Calem, Confederation of associations LBGTQI european and muslim. (LGBTQI pour lesbien, gay, bi, transidentitaire, queer, intersexe). Lien internet.

[2] Leyens & al. (2009). “From infra-humanization to discrimination : The mediation of symbolic threat needs egalitarian norms”. Journal of Experimental Social Psychology ; 45-2, p.336-344

[3] S. Kugle (2010). « Homosexuality in Islam ». Oneworld Publications, London. Le professeur Kugle, après une étude systématique et rigoureuse des traditions prophétiques, parvient à la conclusion qu’aucune parole du Prophète des musulmans ne condamne directement l’homosexualité en tant que telle.

[4] Louis-Georges Tin, président du comité IDAHO, dans le journal Le Monde affirme que « les lois homophobes sont souvent l’héritage de la colonisation ». Lien internet.

[5] Dialogai. Lien internet.

[6] L’unicité de notre humanité, quelles que soient nos différences, en miroir de celle de Dieu. Le Tawhid est l’un des thèmes du Livre Vert 2012 à paraître en mai 2012 : un ouvrage publié chaque année au moment de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie. Lien internet.

[7] Ce fut le principal propos d’Amina Wadud lors de sa présentation à propos du Tawhid, durant la conférence CALEM en 2011 à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales - Paris) ; la vidéo de la présentation est disponible en ligne.

[8] Coran : 7.80-84, 11.69-83,15.51-77, 21.71-75, 22.42-43, 25.40, 26.159-175, 27.54-58, 29.28-35, 37.133-138, 50.12-13, 54.32-40 37, 66.10

[9] Dening, S. (1996). « The Mythology of Sex », Chapitre 3. Macmillan General Reference, New York.

[10] El-Rouayheb, K. (2010). “Before Homosexuality in the Arab-IslamicWorld, 1500-1800“. University of Chicago Press.

[11] Sunan Abu Dawud – livre al-Adab - 4928 (4:282) ; voir aussi Rowson, E., K.. : “The effeminates of early Medina”, Journal of the American Oriental Society, Vol. 111, No. 4. (Oct. - Dec., 1991), pp. 671-693.

[12] Membre fondateur de l’association Homosexuels Musulmans de France (HM2F), coordinateur de la conférence CALEM citée ci-dessus et auteur de Le Coran et la chair, Editions Max Milo, mars 2012, 200 pages. Il est le premier musulman français à s’être marié religieusement avec un homme.

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