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Les proches, victimes collatérales du jeu excessif

Lundi 03.02.2025
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Les proches de personnes dépendantes aux jeux d’argent subissent de nombreuses conséquences de cette addiction. Pourtant, peu de démarches sont mises en place pour les soutenir. En Valais, une campagne de prévention s’intéresse à leur réalité.

Par Romaine Darbellay, responsable du Programme cantonal de prévention du jeu excessif, Promotion santé Valais, Alexandre Dubuis, responsable du secteur Addictions-CIPRET, Promotion santé Valais, et Olivier Simon, médecin psychiatre et spécialiste en santé publique, Centre du jeu excessif, Service de médecine des addictions du CHUV et Dicastère jeu excessif, Comité de la Société suisse de médecine de l’addiction

Selon la législation fédérale, les jeux d’argent réfèrent aux jeux qui, « moyennant une mise d’argent ou la conclusion d’un acte juridique, laissent espérer un gain pécuniaire ou un autre avantage appréciable en argent » (LJAr, 2019). Les jeux d’argent comportent la plupart des jeux de hasard comme les jeux de casinos, de loteries et paris (notamment sportifs), ainsi que des jeux opérés dans des cercles privés (dont le poker). Ils comprennent également les jeux d’adresse dont le gain dépend totalement ou principalement de l’habileté de la personne qui joue.

En quelques décennies, l’industrialisation des jeux de hasard et d’argent, stimulée par Internet, a profondément modifié les enjeux (Abott, 2020), entraînant des conséquences financières pour les joueur·ses régulier·ères et leurs proches. Depuis les années 2000, les neurosciences et les sciences sociales ont reconnu le phénomène comme un « trouble addictif », une classification officialisée par le DSM-5 (2013) et la CIM-11 (2021). Confrontés à ce problème de santé publique, les gouvernements doivent désormais adopter des mesures structurelles pour protéger les populations, sous l’influence d’organes tels que l’OMS (Abott, 2017) et le Conseil de l’Europe (2022).

En 2019, la nouvelle loi fédérale a consolidé le principe selon lequel les jeux de casinos et les jeux de loteries ou paris sont soumis à l’octroi de licences et doivent répondre à l’exigence de « mesures sociales ». Les autorités de surveillance sont tenues de prendre en compte la dangerosité des offres et de leurs modalités d’exploitation. Les casinos terrestres et les opérateurs de jeu par internet (casinos et loteries/paris) ont l’obligation de détecter et d’exclure les personnes qui jouent au-delà de leurs moyens, et de les orienter vers les lieux d’aide spécialisés. Les cantons se voient déléguer la mise en œuvre d’une taxe de prévention prélevée sur le revenu des loteries. Ce financement soutient la consolidation de l’offre d’aide, mais aussi la formation des professionnel·les et la réalisation de campagnes de sensibilisation ciblant différents publics.

Le jeu excessif et les proches

Traditionnellement, les problèmes de santé sont évalués par leur prévalence, soit le nombre de personnes touchées sur une période donnée. Cependant, cette approche est trompeuse, car elle prend en compte seulement les cas « cliniques », laissant de côté un grand nombre de personnes présentant des troubles subcliniques, moins sévères mais bien plus nombreux (3 à 6% pour le jeu problématique, 0,5% pour le jeu pathologique selon l’enquête suisse de la santé).

De plus, les proches des joueur·ses sont également affecté·es par le stress lié aux pertes financières, avec des conséquences sociofamiliales et professionnelles. Il est estimé qu’en moyenne, six personnes de l’entourage sont impactées pour chaque joueur·se au comportement problématique (Goodwin & al, 2017). Lorsque l’on tient compte de cette charge cumulée, les impacts du jeu excessif se rapprochent de ceux des troubles liés à l’alcool et à la dépression. En termes de coûts sociaux, rapportés à la perte de qualité de vie des joueur·ses et de leurs proches, ils dépassent les revenus générés par les jeux (Hofmarcher & al, 2020). Ainsi, les proches partagent le fardeau des conséquences négatives, y compris la stigmatisation, et leur propre souffrance doit être reconnue. Les structures d’aide spécialisées les intègrent donc aujourd’hui dans la prise en charge, ce qui améliore également les résultats liés à l’accompagnement des joueur·ses (Tremblay & al, 2023).

Sensibiliser les proches

Stigmatisation, problèmes financiers, difficultés psychologiques : de multiples aspects se trouvent donc imbriqués pour les personnes vivant avec la dépendance au jeu d’un·e parent·e, d’un enfant, d’un ami·e. Ces proches demandent peu souvent d’aide, et les campagnes de prévention les ciblant s’avèrent rares [1]. Ainsi, pour sensibiliser à ce sujet l’ensemble de la population valaisanne, toute région linguistique confondue, le Programme cantonal de prévention du jeu excessif [2] s’est emparé du sujet pour le vulgariser dans une campagne de sensibilisation spécifiquement destinée aux proches.

Pour s’assurer de l’adéquation d’une telle démarche avec la réalité et les besoins des personnes concernées, des entretiens avec des professionnel·les de terrain (curatelles, kiosques, centre de formation professionnelle spécialisée, foyer pour personnes issues de la migration) ont confirmé la pertinence de thématiser sur cette problématique encore méconnue. Par ailleurs, un groupe de pilotage comptant des professionnel·les de terrain a été mis en place afin de développer les axes stratégiques de la campagne et son positionnement non jugeant et non culpabilisant.

darbellay test proches jeu excessif campagne valais reiso 170.jpgCe questionnaire inspiré de l’Al-anon questionary a été adapté et traduit par le Centre du jeu excessif (CHUV).Les discussions ont abouti sur le déploiement d’une campagne reposant sur plusieurs actions, dans le but d’atteindre le plus de personnes possible. D’abord, un site internet [3] propose un test d’autoévaluation spécifique [4] pour les proches. Y répondre leur permet d’évaluer l’impact du jeu sur leur vie et la nécessité de demander de l’aide.

Il contient également des conseils pour que les proches se protègent face aux conséquences financières et émotionnelles, comme le fait de ne pas payer les dettes de la personne concernée, de refuser de lui prêter de l’argent ou d’exprimer les impacts de la situation. Attirer l’attention sur ces éléments est important tant pour les joueurs et les joueuses que pour leurs proches, car il permet de discuter et d’agir sans maintenir l’illusion que la situation est normale.

En complément, des témoignages de proches confrontés à la spirale du jeu illustrent les problèmes auxquels ces personnes doivent faire face. Ainsi de Stella qui a vécu avec un joueur excessif ayant dépensé 400'000 francs dans les jeux de hasard et d’argent. Cette femme de 50 ans exprime les conséquences du comportement de son mari pour elle et sa fille, à commencer par les problèmes financiers et la honte. Elle ne pratique plus d’activités, ne rencontre plus ses amis, ne voit plus ses enfants de son précédent mariage. Elle reste cloîtrée à la maison avec sa fille. Désespérée, elle a puisé dans les comptes épargnes de ses enfants pour rembourser les dettes de jeux d’argent de son conjoint. « Ça fout en l’air une famille », confie-t-elle. Pendant deux ans, elle a perdu le contact avec ses enfants qui étaient déçus de ses agissements.

darbellay campagne jeu excessif addiction valais reiso 170La campagne se déploie notamment sur des affiches.L’objectif de ces démarches de communication est que les proches prennent conscience de la situation qu’ils vivent et cherchent de l’aide sans attendre. Il importe par ailleurs d’étendre, dans les années à venir, le réseau d’aide en formant les professionnel·les sociosanitaires, mais également tout professionnel·les entrant en contact avec des populations vulnérables (ORP, offices AI, etc.).

En conclusion, le groupe cible des proches, bien qu’identifié par la littérature comme particulièrement concerné, reste sous-représenté dans les offres de prévention spécifiques. La campagne décrite constitue, à notre connaissance, une première en Suisse romande et apportera des données qualitatives sur les conséquences socio-économiques négatives du jeu excessif. Celles-ci font actuellement défaut. Pourtant, comme le souligne le Panorama suisse des addictions 2024, « il importe d’instaurer un système de monitorage au plus vite. » [5] Dès lors que notre cadre législatif fixe expressis verbis comme finalité le fait de « tenir compte des dangers inhérents aux jeux d’argent » (art 106, constitution suisse) et impose aux opérateurs des mesures de protection contre les conséquences socialement dommageables du jeu excessif (LJAr), un tel système de monitorage devrait impérativement intégrer des indicateurs de charge des problèmes rencontrés par l’entourage des personnes qui jouent.

Références

  • Confédération Suisse (2019). Loi Fédérale Sur Les Jeux d’argent (LJAr) du 29 septembre 2017 ; RS 935.51 (État le 1er Juillet 2019). [en ligne] (accessed on 25 March 2021).
  • Abbott M. W. (2020). The changing epidemiology of gambling disorder and gambling-related harm: public health implications. Public health, 184, 41–45. [en ligne] 
  • Abbot M (2017) “The epidemiology and impact of gambling disorder and other gambling-related harm”, WHO Forum on Alcohol, Drugs and Addictive Behaviours, 2017. Sur who.int
  • Addiction Suisse. (2024). Panorama suisse des addictions 2024. [en ligne] 
  • American Psychiatric Association (2013), “Substance-Related and Addictive Disorders”, in Diagnostic and statistical manual of mental disorders, Section II.
  • Classification internationale des maladies (2019, 2021), onzième révision (CIM-11), Organisation mondiale de la santé (OMS) [en ligne] 
  • Conseil de l’Europe (2022), « Nos priorités en 2022 », Groupe Pompidou. Sur coe.int
  • Goodwin B & al (2017), “A typical problem gambler affects six others”, International Gambling Studies, 17:276–89.
  • Hofmarcher T & al (2020), “The societal costs of problem gambling inSweden”, BMC Public Health 2020, 20:1-14.
  • Tremblay, J., Dufour, M., Bertrand, K., Saint-Jacques, M., Ferland, F., Blanchette-Martin, N., Savard, A.-C., Côté, M., Berbiche, D., & Beaulieu, M. (2023). Efficacy of a randomized controlled trial of integrative couple treatment for pathological gambling (ICT-PG): 10-month follow-up. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 91(4), 221–233.

[1] Panorama synthétique des réponses au jeu excessif en Suisse romande, 2018

[2] Ce programme fait partie de Promotion santé Valais

[3] Voir le site de la campagne tujoues.ch/proches et duspielst.ch/angehorige

[4] Ce questionnaire a été conçu par le Centre du jeu excessif (2023). Le comportement de jeu d’un·e proche vous inquiète? [Inspiré et traduit de l’Al-anon questionary]. Centre hospitalier universitaire vaudois. 

[5] Addiction Suisse. (2024). Panorama suisse des addictions 2024, p.33 [en ligne]


Lire également :

Comment citer cet article ?

Romaine Darbellay et al., «Les proches, victimes collatérales du jeu excessif», REISO, Revue d'information sociale, publié le 3 février 2025, https://www.reiso.org/document/13671

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