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Les systèmes de retraites des pays occidentaux offrent un point d’entrée privilégié pour discuter les diverses formes de discriminations liées au genre dans les dispositifs de sécurité sociale et retracer les étapes de l’élaboration de la critique féministe des politiques sociales.
La retraite apparaît comme le reflet des inégalités économiques qui existent entre les hommes et les femmes pendant la vie active du fait de la division sexuée du travail : les disparités salariales, l’inégale répartition du travail familial et les interruptions liées à la maternité ont un impact fort sur le montant des cotisations versées, et donc sur le niveau des prestations reçues. Les dispositifs de retraite peuvent non seulement perpétuer, mais aussi renforcer les inégalités entre les sexes ou en créer de nouvelles, comme c’est le cas lorsque le mari perçoit une rente unique pour le couple, ou que certains droits (par exemple la possibilité, en cas de décès, que soit reversée une partie de la pension au conjoint survivant) ne sont pas ouverts aux mêmes conditions aux femmes et aux hommes.
En Suisse comme dans d’autres pays, différentes réformes des dispositifs en vigueur ont été proposées, et pour certaines adoptées, en vue de corriger des systèmes de retraite qui pénalisent les femmes (en particulier lorsqu’elles ont vécu en couple et ont eu des enfants). Le calcul de l’âge de jouissance de la retraite à taux plein, du nombre d’annuités nécessaires ou du montant perçu peut ainsi prendre en compte le sexe, l’état matrimonial, ou encore le nombre d’enfants. Ces mesures s’appuient sur des visions de la protection sociale, des modèles familiaux et des conceptions de l’égalité entre les sexes très diverses. Le débat sur les retraites des femmes apparaît ainsi comme un lieu où peut s’observer l’évolution des problématiques et des lignes de front autour de ces questions plus générales.
Alors que se profile un référendum sur l’augmentation à 65 ans de l’âge de départ à la retraite des femmes en Suisse, et une reprise des débats sur la réforme des retraites en France, cette journée d’étude propose d’éclairer les enjeux des réformes des retraites au prisme du genre dans ces deux pays. Les contributions scientifiques présentées lors de la première partie de la journée permettront de croiser les perspectives de différentes disciplines des sciences sociales (sociologie, histoire, science politique, droit). Dans un second temps, une table ronde réunira des chercheuses et des militantes syndicales, féministes et de défense des droits des migrant.e.s, autour de questions plus directement liées à l’actualité politique.