Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
Du roller derby au football féminin au Sénégal, les contributions publiées dans l’avant-dernier numéro de «Nouvelles Questions Féministes» analysent comment le sport peut devenir un espace d’émancipation et de lutte féministe.
Du roller derby au football féminin au Sénégal, les contributions publiées dans l’avant-dernier numéro de «Nouvelles Questions Féministes» analysent comment le sport peut devenir un espace d’émancipation et de lutte féministe.
Le sport, malgré son éthique proclamée d’égalité et de fair-play, reste un domaine où la reproduction des inégalités de genre persiste. C’est ce paradoxe qu’examine le dernier numéro de « Nouvelles Questions Féministes » à travers cinq articles dédiés aux pratiques sportives. « Dans les mondes du sport, le genre continue de produire et de valoriser la différence et la hiérarchie sexuées (...) Dans ce contexte, les « autres », les personnes en situation de handicap ou définies comme telles, les femmes, les personnes racisées ou minorisées, n’ont le droit de concourir que sous conditions. Et lorsqu’elles concourent, leurs performances sont minimisées ou au contraire survalorisées, réduisant les personnes à leurs exploits physiques », affirment Sigolène Couchot-Schiex, Eva Nada, Clothilde Palazzo-Crettol et Béatrice Bertho dans leur édito.
Ainsi, Solène Froidevaux et Claire Nicolas ouvrent la réflexion en démontrant que le sport constitue un espace essentiel de revendication pour la pensée et l’activisme féministes. Leur analyse met en lumière l’importance d’une meilleure prise en compte de la diversité des corps sportifs, notamment grâce aux apports interdisciplinaires.
L’étude d’Aurélie Aromatario sur le roller derby illustre comment ce sport de contact devient un outil féministe de modification des rapports de genre. Cette pratique, résolument inclusive, permet une transformation des corps et des identités qui bouleverse les normes établies.
Dans une perspective internationale, Marame Cissé analyse la situation du football féminin au Sénégal, où les jeunes footballeuses doivent négocier entre leurs aspirations sportives et les résistances sociales. Pendant ce temps, en France, Alison Hernandez-Joset, Virginie Nicaise et Natacha Chetcuti-Osorovitz étudient l’émergence d’équipes de football féministes et queers qui remettent en question les normes institutionnelles du sport.
La question des transidentités dans le sport est abordée par Bastien Pouy-Bidard à travers l’expérience d’une élève trans en éducation physique et sportive, ouvrant ainsi la réflexion sur un possible horizon transféministe dans cette discipline.
Les questionnements soulevés dans ce dossier intitulé « Féminisme aux risques du sport » se révèlent essentiels à une évolution en faveur de davantage d'équité et d'inclusivité dans le sport. Car comme le concluent les coordinatrices de ce numéro : « À l’heure des nouveaux défis concernant les définitions catégorielles des sports, du genre et d’autres rapports sociaux, soumettre le sport à l’analyse féministe est à l’évidence une urgence sociétale, afin de réduire les discriminations qui y ont cours et d’affaiblir les injustices faites aux corps et aux personnes minorisées. »
(CROC, avec résumés)
Lire également :
Aurélie Hofer et Nadia Bonjour, «Les femmes, des athlètes sous-visibilisées», REISO, Revue d'information sociale, publié le 19 décembre 2024