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Deux enseignants universitaires français de droit de la santé, de Aix-Marseille et Lille, publient ce dictionnaire comptant plus de 600 entrées. Il couvre un large éventail de domaines : pratique et techniques médicales, professions de la santé et des soins, recherche dans différents registres, pharmacie, bioéthique dans ses multiples dimensions actuelles. Pour les aspects légaux est traité essentiellement, en détail, le cadre français, avec toutefois des indications sur ce qui vaut dans d’autres systèmes. Ainsi on y trouve des informations sur la situation suisse (voir par ex. p. 163-164 - ailleurs est mentionné l’article de notre Constitution traitant des médecines complémentaires). Les institutions, agences, commissions, du domaine occupent une place notable. C’est aussi le cas des techniques de soins alternatives. De nombreux médicaments particuliers ont leur rubrique.
Certaines entrées sont très succinctes (toxicodépendance) ou absentes (autonomie, consentement). Pas de rubriques sida, transplantation, suicide ou assistance au suicide. Euthanasie par contre occupe légitimement deux pages et sédation trois. Nombreuses entrées en rapport avec l’assistance médicale à la procréation. On trouve « Disease mongering » (« fabrication » de maladies, sur la base d’intérêts commerciaux), alicament, cannabis thérapeutique ou encore la technique CRISPR-Cas9 - montrant le caractère actuel de la rédaction.
Cet ouvrage se parcourt avec intérêt, ses entrées apportent des informations utiles et actuelles, formulant des positions/appréciations équilibrées, non dogmatiques. Le praticien de la santé publique et de la bioéthique qui rédige la présente analyse a procédé par sondages à propos de tels ou tels concepts. Si certains sujets ne font pas l’objet d’une entrée spécifique ou sont traités de manière brève, cela reflète, logiquement, des choix que devaient faire les auteurs - et n’enlève rien au fait que, sur de multiples thèmes, ce « Petit dictionnaire » soit tout à fait utile. Il est aisé à consulter et les professionnels médicaux et des soins, de l’éthique et du droit trouveront pratique de l’avoir à disposition.
Sur un plan général aujourd’hui, une question vient à l’esprit: savoir combien de temps des documents papier garderont la place qu’ils ont eue jusqu’ici de références, tout en satisfaisant à des critères d’actualité et de maniabilité - à l’heure où chaque ado a sur son I-phone potentiellement accès à toutes les connaissances disponibles, à tant de façons d’obtenir aisément des réponses. Reste toutefois la question de la qualité/sécurité des informations, mieux assurée jusqu’ici par un livre - et par sa maison d’édition. Cela étant, même si à l’avenir des sommes fiables de données pourront de plus en plus souvent être téléchargées à partir de supports numériques, il y a pour l’instant une place et une clientèle pour des ouvrages comme ce dictionnaire - y compris ceux qui apprécient d’avoir en main un « objet de lecture » agréable à consulter.
Partage de fichiers, distribution de musique, installation de logiciels, la technologie du peer-to-peer (P2P) permet différents types de coopération via un échange direct de données entre ordinateurs, sans passer par des serveurs centralisés. Mais ce genre d’utilisation a au fond une portée limitée, et si l’on adopte un point de vue plus large, le P2P peut être considéré comme un nouveau modèle de relations humaines.
Dans cet ouvrage, Michel Bauwens et Vasilis Kostakis décrivent et expliquent l’émergence d’une dynamique du P2P fondée sur la protection et le développement des communs, et la replacent dans le cadre de l’évolution des différents modes de production. Cette nouvelle modalité de création et de distribution de la valeur, qui favorise les relations horizontales, crée les conditions pour une transition vers une nouvelle économie, respectueuse de la nature et des personnes, une véritable économie collaborative.
Une conférence sur le thème de cet ouvrage, avec Michel Bauwens, de Peer-to-Peer Foundation, et Frédéric Sultan, du Réseau francophone des communs, est organisée par la Fondation CL Mayer à Lausanne le jeudi 18 mai 2017 à 18h30 à l'Espace Dickens.
L’Association de défense et de détente des retraité·e·s, AVIVO section interjurassienne, a documenté les effets de seuil et lance une campagne pour que les autorités corrigent cette inégalité sociale.
Qu’est-ce qu’un effet de seuil ? Un rentier disposant d’un revenu juste suffisant sans les prestations complémentaires AVS-AI (PC) aura un revenu disponible inférieur à celui d’un rentier qui bénéficie de ces prestations.
En effet, le premier n’aura droit ni au subside total des primes d’assurance maladie, ni à la gratuité de la redevance radio-TV (Billag), ni à d’autres avantages comme la réduction du prix de l’abonnement au journal ou une éventuelle allocation communale (notamment Delémont) aux personnes à revenu modeste. Il ne bénéficiera pas de l’exonération fiscale d’une partie de son revenu comme prévu pour les prestations complémentaires non imposables.
Il ne bénéficiera pas non plus d’autres avantages comme, par exemple, le remboursement de frais de maladie (y compris soins dentaires et soins à domicile, pédicure) et des moyens auxiliaires (lunettes, lit électrique, etc.).
L’addition de ces avantages peut induire une différence de plus de Fr.5'000.- par an sur un revenu disponible de l’ordre de Fr 14'000.-.
La section interjurassienne de l’AVIVO estime que cet écart est «inadmissible» et a lancé une pétition pour supprimer ces effets de seuil. Elle a mis au point, avec Joël Plumey, une documentation très complète qui présente l’historique, des situations personnelles et des graphiques pour bien visualiser le problème.
Les dépenses totales de santé se montaient à 77,8 milliards de francs en 2015 selon les standards de l’OCDE. Cette somme a été définie sur la base des calculs provisoires de l’Office fédéral de la statistique.
En 2015, les dépenses mensuelles de santé ont atteint 783 francs par habitant, soit 24 francs de plus que l'année précédente. Elles ont été couvertes à raison de
Le 17e numéro «d'égal à égalE», la revue de la déléguée à l'égalité du canton du Jura, est consacré aux «Métiers techniques au féminin».
L’orientation professionnelle des jeunes est fortement sexuée. Le monde de la technique en est un exemple criant. La représentativité féminine y est particulièrement faible: sur les quelque 20 000 places d'apprentissage technique proposées chaque année en Suisse, à peine 1000 sont occupées par des jeunes femmes.
En donnant la parole aux femmes formées ou en formation dans un métier technique et en interrogeant différents acteurs et actrices du domaine, cette publication propose plusieurs regards et prises de positions sur la question de la représentation féminine dans l’industrie et dans les formations techniques.
d'égal à égalE N° 17 en format pdf
Cet ouvrage collectif associe universitaires, chercheurs, syndicaliste et acteurs du soin et de la prévention. Il entend éclairer sous un nouveau jour les liens multiples entre travail, usages de substances psychoactives, santé, prévention et action publique.
A l'inverse des ouvrages qui privilégient le repérage, le dépistage et le soin des personnes usant ou abusant de substances psychoactives, cet ouvrage collectif entend éclairer les fonctions professionnelles de ces usages de produits, licites ou illicites.
Il entend rompre avec la tendance dominante à assimiler usage et conduite addictive, et remet en cause nombre d’affirmations répétées telles que « ces consommations sont risquées pour la santé et la sécurité », « elles nuisent à la production »… Tout au contraire, les auteurs montrent qu’elles peuvent prévenir d’autres risques au travail, et être, dans certaines conditions, des instruments de la production.
Dans l’imaginaire collectif, la prison évoque un univers inquiétant de bâtiments grisâtres entourés de murs, un monde fermé de couloirs et de parloirs abritant des individus que la justice a mis à l’écart de la société. Cette image correspond-elle à la réalité ?
A partir d’un bref survol du système carcéral suisse, Daniel Fink répond à cette question par une analyse précise des différentes formes de privation de liberté, de la détention provisoire jusqu’au placement à des fins d’assistance, en passant par l’exécution des peines et des mesures, ou la détention administrative.
Il évoque les effets des nombreuses révisions du droit des sanctions et de l’introduction du code de procédure pénale suisse. Il traite également des questions du quotidien et de la santé en prison, de celles de la libération et de l’assistance de probation, ainsi que de la récidive des personnes libérées.
Cette enquête suisse sur les soins intégrés (2015–2016) est le premier état des lieux systématique décrivant les initiatives des soins intégrés existant en Suisse.
Elle rend visible le nombre important d’initiatives présentes sur tout le territoire. Elle souligne leur diversité en matière d’organisation, notamment en termes de professions impliquées, du nombre de niveaux de service de santé intégrés ou d’objectifs.
Les résultats de l’étude fournissent des pistes de réflexion intéressantes, par exemple en ce qui concerne l’impact du contexte sur l’émergence des initiatives de soins intégrés; ils devraient également encourager les différents acteurs de la santé à poursuivre le développement et la mise en œuvre de telles initiatives.
Les lecteurs et lectrices de REISO connaissent bien Jean Martin qui collabore à la revue depuis 2010. Médecin de santé publique et bio-éthicien, retraité depuis 2003, l’auteur est par dessus tout un humaniste qui lit énormément et aime partager ses connaissances avec le public, qu’il s’agisse de celui de REISO, du Bulletin des médecins suisses ou de son blog sur le site de 24 Heures.
Ce petit ouvrage tient parfaitement dans la poche. Il rassemble trente-six recensions et réflexions parues ces dernières années. Leur dénominateur commun? Une ouverture d’esprit aux questionnements sur la vie et aux débats de société, un regard à la fois respectueux sur la pensée de l’autre, mais affûté sur les enjeux soulevés, des pistes de réflexion suggérées et présentées de façon dialectique.
Les textes sur Alexandre Jollien, Christian Bobin, Mathias Malzieu ou Tom Shakespeare montrent des fragments de parcours de vie avec ou sans handicap, avec ou sans maladie, dans une quête éthique pour plus d’harmonie et de justice. Les commentaires sur Daniel Klein, Lukas Zbinden, Ezekiel Emanuel ou Gian Domenico Borasio soulèvent les questions de la fin de vie et le «cauchemar de l’immortalité». Sur ce thème, les ouvrages de Véronique Fournier ont particulièrement retenu l’attention de Jean Martin. Il admire sa façon pragmatique de décrire l’évolution des soins médicaux de fin de vie et son combat contre le faux débat entre «laisser» mourir et «faire» mourir.
Jean Martin partage aussi ses réflexions sur «l’amélioration» de l’être humain, les relations entre médecin et patient, par exemple au moment de l’annonce d’une maladie grave, les conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique, la pertinence de légiférer sur certaines questions et pas sur d’autres, par exemple le port du voile ou la mendicité.
Avant d’occuper pendant un quart de siècle la fonction de médecin cantonal vaudois, l’auteur avait travaillé au Pérou, aux Etats-Unis, en Asie du Sud-Est et en Afrique tropicale pendant huit ans. Ces premières expériences professionnelles et l’engagement de sa femme Laurence pour l’écologie, notamment au sein du mouvement «Grands-parents pour le climat» expliquent son intérêt pour les ouvrages consacrés à l’avenir de la planète, la mondialisation et les défis du développement des pays du Sud. Adepte de la marche et de la nature, Jean Martin recense également des ouvrages de coureurs ou d’alpinistes comme Sylvain Tesson, Patrick Dupouey, Erri De Luca ou Nicolas Duruz.
«Des repères pour choisir» est donc un recueil d'articles sur des thèmes en apparence hétérogènes. Mais ils montrent tous la cohérence de la pensée de l’auteur. Jean Martin est un «passeur» : dans chacun de ses textes, son opinion est énoncée de façon à ce que le lecteur parvienne à suivre son raisonnement et à se poser à son tour des questions.
Cet article analyse l’évolution des inégalités scolaires en Suisse entre 2003 et 2012, sur la base des enquêtes PISA Suisse. Il montre tout d’abord que les différents cantons peuvent différer fortement sur le plan de leur efficacité – le niveau scolaire moyen des élèves à la fin de la scolarité obligatoire – et de leur équité avec l’ampleur des inégalités d’acquis en fonction du niveau socioéconomique de la famille.
L'article compare ensuite deux modes de regroupement des élèves dans les établissements et les classes. D’un côté, les systèmes segmentés dans lesquels les élèves sont scolarisés dans des filières différentes en fonction de leur niveau scolaire, de l’autre, les systèmes intégrés qui scolarisent les élèves dans les mêmes classes, quel que soit leur niveau scolaire. Il apparaît que les cantons fonctionnant avec un système segmenté tendent à renforcer les inégalités d’acquis entre élèves.
Pour expliquer ce résultat, les auteurs mettent en avant le rôle de la ségrégation scolaire. En séparant les élèves en fonction de leur niveau scolaire, les filières les séparent aussi indirectement en fonction de leurs caractéristiques sociales, ce qui a un impact sur l’offre d’éducation adressée aux élèves de différents milieux sociaux.
Cette contribution s’inscrit dans le projet de recherche « Comment organiser l’enseignement secondaire obligatoire ? Une étude des réformes scolaires et de leurs effets dans trois cantons romands » (100019_156702/1) soutenu par le Fond national de la recherche scientifique.
Le réseau des centres de consultation pour victimes du racisme publie son rapport pour 2016.
Une grande partie des 199 cas d'incidents racistes signalés aux centres de conseil concernent le monde du travail, comme le montre ce rapport annuel.
Les formes de discrimination les plus fréquentes sont les insultes, les traitements dénigrants et les inégalités de traitement.
La xénophobie vient en tête des motifs, suivie par le racisme anti-Noirs, en augmentation par rapport à 2015.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
La toxicomanie et la prise en charge de personnes dépendantes m’ont accompagné tout un long d’un quart de siècle, jusqu’en 2003, au Service vaudois de la santé publique. J’ai vécu de près les évolutions et controverses au sujet de leur prise en charge ainsi que les empoignades idéologiques. C’est dire que j’ai été très intéressé par ce numéro de la revue Dépendances. Une demi-douzaine de contributions substantielles s’adressent à la difficile question « maladie ou choix » dans l’addiction.
L’opinion prévalente depuis quelques décennies est qu’on est en présence de dépendants et que les toxicomanes ne sont guère libres de leur choix. Etant entendu que, si certains s’en sortaient par des modalités fermes vers l’abstinence, beaucoup d’autres avaient besoin de béquilles, type méthadone, pour épauler leur motivation.
Dans ce numéro, Jean-Félix Savary, secrétaire général du GREA, interviewe Nick Heather, professeur émérite à l’Université de Northumbria (UK). Il évoque l’« insatisfaction face à deux visions polarisées de l’addiction, qui empêchent les progrès dans la compréhension de celle-ci. D’un côté, l’idée que les dépendants n’ont pas d’autre choix que de faire ce qu’ils font. D’un autre côté, certains affirment que l’addiction est un choix libre (…) La vérité réside entre les deux. En fait, il s’agit d’un ‘trouble du choix’, le choix est déformé. Nous conservons le concept d’addiction mais voulons repenser sa signification. » Il relève que de vastes enquêtes ont montré que l’addiction peut être une difficulté dont les gens se remettent relativement rapidement. A cet égard, un exemple marquant a été la consommation massive d’héroïne par les soldats américains au Vietnam, que la plupart ont cessé sans grande difficulté à leur retour.
On sait qu’un problème important réside dans la stigmatisation des personnes touchées. Heather : « Il y a un paradoxe : les tenants du modèle de la maladie prétendent que c’est le seul capable d’inciter la société à cesser de blâmer les dépendants, point de vue qui séduit de nombreux politiciens. Je pense possible de parler de ‘trouble du choix’ sans que cela conduise pour autant à déprécier/juger les personnes, bien qu’on soit toujours susceptible d’être mal compris. » Une de ses enquêtes montre par ailleurs que le fait que l’alcoolisme soit considéré ou non comme maladie a peu d’influence sur l’attitude de la population. Sur ce point toutefois, un aspect pratique à signaler : aux USA par exemple, les assurances ne prendront en charge le traitement que si le problème est étiqueté «maladie».
Plus avant : « La perspective que je soutiens met l’accent sur la problématique du contrôle et de la régulation de soi. Certains penseront que nous sommes moralisateurs. Mais ce que nous disons, c’est que l’addiction est un problème de l’humanité, des conduites humaines. La notion d’addiction devrait être intégrée dans le concept plus large de la difficulté à changer un comportement reconnu par la personne comme dommageable.»
En guise de commentaire : vérité en deçà de la Manche, erreur au-delà ? En fait, il existe un polymorphisme de l’addiction, souvent compliquée par des co-morbidités et des circonstances de vie difficiles. Il n’y a donc pas de réponse catégorique à la question complexe évoquée. Mais l’existence de différents points de vue quant aux circonstances et aux mécanismes impliqués n’empêche pas d’œuvrer utilement au traitement des toxicomanes, par différents moyens et à différents moments de leurs trajectoires.
Dans la prise en charge de patients détenus en vue de leur renvoi, le rôle des médecins pénitentiaires est capital: ils constatent les éventuelles contre-indications à un refoulement et transmettent les résultats des examens. L'ASSM a actualisé et publié sur son site internet les documents requis à cet effet.
La nouvelle liste «Contre-indications médicales aux rapatriements sous contrainte par voie aérienne» récapitule les principaux diagnostics à prendre en compte dans les transports par voie aérienne. Le «Rapport médical dans le domaine du retour / exécution du renvoi» actualisé, élaboré par la FMH, l'ASSM et la Conférence des médecins pénitentiaires suisses (CMPS), sert à la transmission des contre-indications. Celui-ci permet aux médecins pénitentiaires de faire part de leurs éventuelles constatations, dans la mesure où ils ont été déliés du secret médical.
Cette procédure, entrée en vigueur depuis avril 2015, permet une séparation claire des rôles du médecin pénitentiaire et du médecin qui accompagne le vol et décide de l'aptitude au transport. La Commission Centrale d'Ethique (CCE) de l'ASSM s'était engagée pour la clarification des responsabilités et le changement de système.
La brochure actualisée «Exercice de la médecine auprès des personnes détenues», ASSM, 29 pages, est également disponible en téléchargement.
De la grève générale jusqu’à nos jours en passant par l’AVS, cet ouvrage voyage à travers le passé. 167 photos et illustrations retracent l’évolution de la question de la vieillesse au cours du siècle écoulé, tandis que des portraits de personnalités ayant marqué l’histoire de Pro Senectute viennent compléter l’œuvre.
En 1917, à la fin de la Première Guerre mondiale, l’espérance de vie moyenne en Suisse s’élève à 57 ans pour les femmes et à 54 ans pour les hommes. Il n’existe ni réseau social ni prévoyance vieillesse. Pour la grande majorité de la population, travailler « jusqu’au bout » est une nécessité. Il y a 100 ans, la fondation « Pour la Vieillesse », aujourd’hui Pro Senectute, est créée en réponse à la forte précarité dont souffrent souvent les personnes âgées.
L’auteur, Kurt Seifert, raconte de manière accessible l’histoire du développement des institutions sociales en Suisse. Il retrace 100 ans d’histoire, depuis la grève générale en passant par la création de l’AVS jusqu’à notre époque, qui place au premier plan la longévité de la vie et la garantie de la prévoyance vieillesse, et dans laquelle Pro Senectute œuvre pour assurer aux personnes âgées une vie active et épanouie.
Le présent ouvrage illustre bien à quel point la question du vieillissement et de la vieillesse a évolué ces 100 dernières années et décrit le grand rôle joué par le développement d’un solide réseau social.
A noter que, à l’occasion du coup d’envoi des activités liées au 100e anniversaire de Pro Senectute, Toni Frisch a remis la présidence de la fondation à Eveline Widmer-Schlumpf.
Ils et elles ont moins de 20 ans ou plus de 60 ans. Chacune des 23 personnes qui témoignent dans ce livre a son histoire: un licenciement, un accident médical hors mandat, un divorce, une enfance tourmentée ou une situation professionnelle instable.
Toutes se sont retrouvées à un moment ou un autre dans un centre social régional pour demander l’aide sociale. Dans une période de grande vulnérabilité psychologique, se confronter à cette situation est une double peine: non seulement il faut désormais se mettre à nu face aux conseillers, mais en plus appréhender le regard des autres qui définissent par principe qu’il n’y a que des fainéants et des abuseurs de l’aide sociale. Mais qu’en sait-on vraiment? Qui sont ces gens? « Itinéraires entrecoupés » est un projet de portraits photographiques et de récits de vie. Il ouvre le dialogue et donne la parole à ceux qui se sentent brisés par la vie et par le regard des autres. Ils et elles pourraient être nous. Nous pourrions être eux. Sept personnalités s’expriment en deuxième partie de l’ouvrage sur leur parcours de vie. L’ouvrage est préfacé par Pierre-Yves Maillard.
Une exposition itinérante parcourt la Suisse romande depuis avril 2017 jusqu’en janvier 2018 :
En Suisse, la pauvreté touche particulièrement les familles monoparentales et les familles nombreuses. Directement confrontées à cette situation, les villes et les communes se doivent de réagir. Ces collectivités répondent à la pauvreté des familles par une grande diversité de prestations, financières ou non financières. Les villes et les communes assument actuellement une part essentielle de l’organisation et du financement de ces mesures.
La présente étude, lancée dans le cadre du Programme national contre la pauvreté, recense et évalue les stratégies, les mesures et les prestations adoptées dans certaines villes, pour en tirer des recommandations.
L’étude offre une vue d’ensemble des approches de prévention et de lutte contre la pauvreté des familles – leur spectre est large. Elle peut ainsi livrer aux villes et aux communes intéressées des indications et des suggestions sur les mesures de lutte contre la pauvreté des familles à mettre en œuvre et sur la façon de les coordonner, de les ajuster et de les développer.
Les auteur·e·s: Heidi Stutz, Livia Bannwart, Dr. Aurélien Abrassart, Melania Rudin, Victor Legler, Margaux Goumaz, Mattia Simion, Dr. Philipp Dubach
ndlr: dommage que l'étude soit en allemand, les francophones devront se contenter d'un résumé de 11 pages.
Ce document a été conçu et élaboré comme un outil pour les professionnels de l’information. Il est distribué à l’ensemble de la presse romande. Mais aux yeux de REISO, il est extrêmement utile à toutes les personnes qui s’intéressent aux questions d’asile et de migrations et il pourrait tout aussi bien s'intituler «Mémo[ts] pour parler d’asile et de migrations».
Son objectif n’est pas d’imposer un discours ou de le formater, mais de le dénuer de ses nombreux préjugés. Il se décline en trois volets :
Ce document est le fruit d’échanges menés avec des journalistes romands et des experts juridiques dans le cadre du projet Le Comptoir des médias, lancé en 2013 par Vivre Ensemble. Il a été réalisé avec le soutien du Bureau suisse du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). « Le pouvoir des mots, celui des images est considérable » rappelle Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale contre le racisme, qui espère que « ce glossaire puisse accompagner les journalistes sensibles à la nécessité de trouver, au-delà des faits à narrer, les mots justes pour le faire. »
Le Mémo[ts] peut être commandé en version papier ou téléchargé en version pdf.
L’âge des possibles prend l’adolescence au sérieux en considérant cette période comme un temps de la vie durant lequel les paradoxes s’intensifient et les limites se redéfinissent. Une accélération des changements mais aussi la possibilité constante d’une désorientation – dont la société se rend parfois complice – sont mises en jeu. Fabbrini et Melucci offrent une modalité particulièrement originale de décrire et d’analyser non seulement les expériences vives de l’adolescence, mais aussi les enjeux d’une nécessaire négociation entre adultes et jeune génération autour de la différence qui les sépare. De fait, la réception actuelle des phénomènes propres à l’adolescence, notamment une certaine fuite des responsabilités de l’adulte, est également questionnée.
L’âge des possibles (L’età dell’oro pour la version italienne) a rencontré un vif succès auprès des publics universitaires et professionnels du domaine éducatif et social. Anna Fabbrini propose une préface à cette version française revenant sur la manière dont l’ouvrage a posé certains nouveaux enjeux de la vie institutionnelle liée à l’adolescence lors des vingt dernières années.
A l’école, certains adolescents paraissent fermés, inaccessibles, figés dans leur opposition. Les apprentissages scolaires les horripilent, les ennuient, les effraient. Ils refusent d’apprendre, laissant aux enseignants un sentiment d’impuissance et de découragement les menant à s’agiter pédagogiquement, parfois aux limites de l’absurde.
C’est en convoquant l’usage de la littérature que Jessica Vilarroig questionne cet écueil classique de la vie scolaire contemporaine et façonne son expérience d’enseignante dont elle livre ici certains aspects frappants. Elle en tire profit pour donner chair à la souffrance psychique et à la révolte des adolescents, mais aussi pour renvoyer les enseignants à leurs postures et éclairer les impasses pédagogiques dans lesquelles les élèves tentent de les pousser. Enfin, toujours en puisant dans la littérature sa réflexion, l’auteure propose des outils qui permettent d’enclencher une mise en mouvement dialectique au service de la créativité de l’enseignement, mais aussi de la rigueur nécessaire à toute élaboration de la pensée de l’élève.
A travers une réflexion riche et exigeante, Les refus d’apprendre expose un geste pédagogique juste pour qu’apprendre ait du sens, et rend hommage aux adolescents et à leur puissance d’opposition, comme autant de promesses d’avenir.
Cet article de Vincent Artison dresse un état des lieux très complet du travail social de rue ou travail social hors murs (TSHM). Quelles sont ses origines et comment a-t-il été peu à peu introduit en Suisse? Quels enjeux particuliers soulève-t-il?
L'auteur explique comment, par sa nature, ce métier réinvente les manières d’investir les terrains de la pédagogie, l’éducation, la santé, la sécurité et la citoyenneté. Historiquement, le TSHM est encore souvent attaché à des institutions privées de type associatif ou fondation. Toutefois, depuis une bonne décennie, il est de plus en plus directement rattaché aux administrations communales afin de mettre en œuvre leur politique de la jeunesse ou de cohésion sociale. Une telle tendance n’est pas sans poser de questions pour un champ professionnel « atypique », explique le spécialiste. A noter aussi que ce métier se formalise peu à peu en Suisse avec l’élaboration de cahiers des charges, la mise sur pied d’espaces réflexifs et la publication de rapports d’activités, de travaux de recherche ou d’articles.
Vincent Artison décrit aussi le quotidien des travailleurs de rue qui ont pour rôle de tisser des liens avec la population en général et plus spécifiquement avec des jeunes et des adultes concernés par des situations d’exclusion, d’isolement, de précarité, de maltraitance ou de maladie. Dans leur pratique, ils sont attentifs à la détection et à l’intervention précoce ainsi qu'à la promotion de la santé tant au niveau individuel que collectif. L'auteur conclut sur l'importance de construire cette relation de confiance sur le terrain, avec la communauté de base, afin qu'un réel travail d’émancipation se mette en marche.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
À 36 ans, Paul Kalanithi apprend qu’il souffre d’un cancer pulmonaire avancé. Issu de parents de classe moyenne venus d’Inde, établis près de New York puis en Arizona, il a étudié la médecine à Yale avant de rejoindre Stanford où une brillante carrière l’attendait. Attiré par la langue et l’écriture (il avait aussi fait un master en littérature et histoire de la médecine), il a écrit ce livre-témoignage sur une situation classique mais toujours délicate: celle du médecin qui devient le patient.
La première partie de l’ouvrage évoque sa jeunesse et ses études, en soulignant sa constante recherche existentielle de sens à/dans la vie et son intérêt pour la relation. La deuxième est consacrée aux deux ans de maladie et traitements, aux multiples questions, espoirs et désillusions. Il parle de son passage du statut de médecin compétent et apprécié à celui de malade gravement atteint, dans le même hôpital – et des rapports avec ses confrères devenus ses thérapeutes. «A cet instant, mon identité de praticien n’importait plus (…) Au lieu d’incarner une figure pastorale de guide, je me retrouvais mouton, perdu et sans repère. (…) J’étais passé de la fonction de sujet des phrases de ma vie à celle de complément d’objet direct.»
La publication du livre a été rendue possible grâce à son épouse Lucy, qui rédige un substantiel épilogue: «Cet ouvrage, s’il est l’œuvre d’un travailleur acharné, reste néanmoins le témoignage d’un homme à court de temps, dans l’urgence de partager ses pensées les plus profondes.» Et aussi: «Paul s’appuya sur sa force intérieure et sur sa famille pour affronter chaque étape de sa maladie avec grâce – jamais d’aveuglement bravache ou de foi mal placée dans une guérison improbable – et une authenticité qui lui permirent de faire le deuil du futur qu’il avait prévu et de s’en forger un nouveau.» Mais encore: «Avec ce livre, nos amis seront surpris d’apprendre que Paul et moi avons traversé une période de troubles conjugaux. Mais j’en suis heureuse car ces problèmes constituent une partie de ce que nous avons dû redéfinir; en un mot une rédemption.»
Paul et Lucy ont débattu de manière approfondie le point de savoir si, lui étant malade, ils voulaient chercher à avoir un enfant. Choix très difficile, avec les questions qu’il pose sur le «meilleur intérêt», ultérieur, et le bien-être des uns et des autres. Ils l’ont fait, et leur fille Cady a illuminé les derniers mois de son père.
Dans la conclusion: « Loin du Paul brillant et solide dont j’étais tombée amoureuse, la version de mon mari qui me manque le plus reste celle de sa dernière année, celle de cet écrivain fragile (…) Ce qui est arrivé à Paul fut tragique mais lui-même ne le fut jamais.» A la dernière page : « Malgré le travail ardu et brutal qu’a représenté pour lui cette écriture, il ne faiblit jamais. Son œuvre est donc complète, aussi inachevée soit-elle.»
REISO a mis en ligne récemment d’autres récits de malades (1, 2). Les styles diffèrentvivement : chez Malzieu, musicien français, c’est l’humour et la poésie; chez Ogien, philosophe issu d’une famille venue d’Europe de l’Est, c’est la réflexion empreinte de sociologie médicale. Chez Kalanithi, descendant d’immigrés lui aussi, on sent la force du « Rêve américain», du «hardwork» qui permet de réussir, de la concentration sur une pratique impeccable de la médecine, sur le plan technique comme sur le plan de la relation au malade.
1. Mathias Malzieu.Journal d’un vampire en pyjama. Paris: Albin Michel, 2016. Recension sur REISO
2. Ruwen Ogien. Mes Mille et Une Nuits – La maladie comme drame et comme comédie. Paris: Albin Michel, 2017. Recension sur REISO
Ce numéro consacre son dossier à « La mise en œuvre de la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées ». Il contient différents articles sur les thèmes de l’éducation, de la participation, du droit et de l’éthique. Au sommaire:
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
C’est la première fois qu’un ouvrage de Jonathan Glover est traduit en français. Les Editions Labor et Fides offrent ainsi la possibilité aux francophones de se familiariser avec le travail majeur de ce philosophe britannique. La publication originale, Causing Death and Saving Lives, date de 1977 mais le propos n’a pour l’essentiel pas vieilli.
Ce livre traite les questions « qui se posent lorsque l’on envisage d’éliminer ou, au contraire, de sauver des vies humaines », selon la première ligne pour le moins provocante de la préface. Tout en restant pluraliste, l’auteur présente des conceptions représentatives de la bioéthique anglo-saxonne d’orientation conséquentialiste/utilitariste, peu appréciée en Europe continentale par ceux dont l’approche est très déontologique où on tend à appliquer les principes indépendamment de leurs effets.
« Nos attitudes à l’égard du suicide, de l’euthanasie, de la peine de mort et de la guerre ne peuvent pas être traitées rationnellement si on les considère de façon radicalement séparée les unes des autres. » Une remarque étonnante mais fondamentalement correcte. Le but est « d’aboutir à un système de réponses non contradictoires couvrant l’ensemble des questions relatives au faire mourir». Glover propose trois raisons fondamentales de condamner l’homicide : il est immoral d’écourter une vie valant la peine d’être vécue ; il est immoral de faire mourir quiconque désire continuer à vivre ; toutes choses égales par ailleurs, il est moral de privilégier la décision ayant les meilleures conséquences pour le plus grand nombre (option utilitariste). La notion de « vie digne d’être vécue » est largement traitée. Sur ce sujet, l’auteur n’adhère pas à la doctrine de la vie sacrée, il lui préfère une approche fondée sur le respect de l’autonomie des personnes et sur la qualité de la vie qu’elles mènent.
L’essentiel de l’ouvrage est consacré à l’éthique appliquée. Parmi les sujets classiques : l’avortement. Il est traité du point de vue du fœtus (quand devient-on une personne ?) et du point de vue des femmes et de leurs droits. L’auteur rappelle à ce sujet un décret choquant du Saint-Office du 5 mai 1902 condamnant tout avortement d’un fœtus se développant hors de l’utérus, par exemple dans les trompes de Fallope, alors même que ne pas avorter dans ces circonstances aboutissait à la mort de la mère et du fœtus.
Pour Glover, « il ne fait aucun doute que nous n’avons pas encore suffisamment réfléchi à la question de savoir combien notre société devrait être prête à dépenser en vue de sauver des vies. » On sait que la considération de critères sociaux, en particulier s’agissant de transplantation d’organes, est un sujet difficile. Les textes légaux exigent que la sélection d’un receveur ne soit faite que sur la base de critères médicaux. Toutefois, appliqué de manière « étroite », cela mène à des situations mal acceptables du point de vue du simple bon sens. Par exemple à privilégier un malade de plus de 80 ans dont le dossier médical est marginalement plus « approprié » que celui d’une mère de famille de 35 ans. Le philosophe précise : « Si la vie de deux personnes est en jeu, il convient de considérer comme un critère très important le nombre de personnes dont chacune à la charge (…) [C’est une] très bonne raison de ne pas laisser le hasard décider ». Plus avant : « Une fois admis d’accorder une importance aux personnes à charge, faut-il prendre en considération des effets plus généraux tels que la contribution de chacun envers la société ? Il existe de bonnes raisons de ne pas choisir ce critère. » Et c’est bien la règle aujourd’hui puisqu’il ne peut exister de définition consensuelle sur la « valeur sociale » d’une personne.
Cet ouvrage permet finalement de comprendre l’approche anglo-saxonne dans les grands débats éthiques actuels, qu’il s’agisse de soins palliatifs, de suicide assisté ou de politiques de prévention santé.
La campagne 2017 des CSP est consacrée à la classe moyenne inférieure. Avec des revenus parfois proches du seuil de la pauvreté, mais qui ne donnent pas droit à des prestations d’aide sociale, elle est particulièrement vulnérable face aux coups durs de la vie. La campagne rappelle l’aide concrète apportée à ces personnes (28% de la population selon l'Office fédéral de la statistique) qui échappent au filet social et dessine également des pistes pour diminuer certains facteurs de précarisation.
Le filet social déployé aujourd’hui ne prévoit en effet pas beaucoup d’aides pour cette tranche de la population qui vit au quotidien sur le fil du rasoir. La campagne est ainsi l’occasion de revenir sur plusieurs des revendications des CSP :
Visible pendant un mois dans les principales villes et localités de Suisse romande, cette campagne sensibilise le public à des parcours de vie à la fois singuliers et emblématiques, chargés d’une douleur souvent silencieuse. Le portail internet des quatre organisations s'ouvre sur la campagne avec des vidéos en ligne et un aperçu quantitatif et qualitatif des prestations des CSP (nombre de consultations sociales et juridiques en un an, nombre de personnes accompagnées, paroles de pros).
Les cantons de Berne, du Jura et de Neuchâtel intensifient leurs collaborations dans le domaine de la santé et viennent de mettre sous toit la stratégie commune en matière de soins palliatifs pour les années 2017 à 2027.
Dans le prolongement des collaborations mises en place dès 2009, et de manière inédite à une échelle intercantonale, cette stratégie commune est déclinée sous forme de cinq orientations stratégiques, comportant 15 objectifs à atteindre par le biais de 35 mesures:
L’expérience ainsi que la recherche montrent que les soins palliatifs sont un élément indispensable pour une approche clinique de qualité, en particulier en fin de vie, et ceci à un prix acceptable. La (ré)admission en soins palliatifs plutôt qu’en soins aigus est de 13% à 51% moins coûteuse selon les études.
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