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Manger est un acte vital et complexe qui nécessite un apprentissage mobilisant de multiples compétences. On considère que 13 à 50% des enfants au développement typique rencontrent des difficultés avec l’alimentation. Un chiffre qui grimpe à plus de 80% chez les enfants avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), dont les particularités sensorielles influencent et complexifient la construction de leur comportement alimentaire.
Destiné aux parents, aux aidant·e·s et aux professionnel·le·s, ce livret documente les particularités sensorielles observées chez les enfants avec un TSA et leur implication sur l’acceptation des aliments. Avec six chapitres :
Travail réalisé par Anne-Claude Luisier à l’Institut Paul Bocuse, dans le cadre d’un doctorat de l’Université Claude Bernard Lyon 1, en cotutelle avec l’Université de Fribourg, édité par le Groupe Apicil, collection Nutrition et santé
Par Dr Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Pour le médecin qui comme moi a fait ses études il y a plusieurs décennies et sait ce que représente historiquement la Mayo Clinic, haut-lieu de la « grande » médecine scientifique, c'est une surprise de voir sortir de cette institution un manuel sur les apports possibles de méthodes dites complémentaires à la pratique classique, celle enseignée en faculté. Personnellement, je le salue. Même quand j'étais, comme médecin cantonal, un « gardien de l'orthodoxie médicale », j'ai voulu résister à toute chasse aux sorcières.
Cette traduction française, qui a eu un soutien de la Fondation Leenaards notamment, bénéficie d'une préface de Pierre-Yves Rodondi, bon connaisseur du domaine qui dirige maintenant la formation en médecine de famille à l’Université de Fribourg. Extrait: « Cet ouvrage n'a pas pour objectif de séparer le bon grain de l'ivraie. Les pratiques médicales évoluent ; dans la diversité des thérapies, la recherche a montré que certaines amènent des bénéfices clairs [...] La médecine intégrative diversifie et complète la boîte à outils à disposition. Lors d'un voyage d'étude à la prestigieuse Clinique Mayo, j'y ai découvert comment, par exemple, l'acupuncteur travaille avec le gastroentérologue ou le chirurgien, sans a priori négatif. » C'est dans ce sens, explique le directeur de publication, le prof. Bauer, qu'on parle maintenant de médecine intégrative plutôt qu'alternative.
Titres de quelques grands chapitres : Au centre des soins : nutrition, exercice, prévention du stress; Techniques corps-esprit (relaxation, méditation, biofeedback, hypnose); Chiropraxie et ostéopathie; Acupuncture; Plantes et compléments alimentaires. Au début de chaque chapitre, un « Rendez-vous avec le/la Dr... », un-e praticien-ne du domaine à la Mayo Clinic. Un chapitre présente la manière dont les méthodes complémentaires (souvent associées entre elles) peuvent apporter d'utiles contributions dans la prise en charge de pathologies notoirement difficiles : arthrose, polyarthrite rhumatoïde, fatigue chronique, douleurs chroniques, fibromyalgie, côlon irritable entre autres.
C'est un ouvrage substantiel, avec une présentation aérée, fait de sections courtes, de nombreux sous-titres permettant de s'orienter facilement. A noter une absence qui surprendra (en tout cas de ce côté de l'Atlantique) : aucune mention de l'homéopathie. Ce Guide aura utilement sa place au cabinet du médecin « conventionnel » qui entend mener son activité dans un sens holistique, avec un éventail large de préoccupations.
«Guide de médecine intégrative de la Clinique Mayo. Quand la médecine conventionnelle s'allie à la médecine complémentaire», Brent A. Bauer (Ed.), préface de Pierre-Yves Rodondi, Chêne-Bourg: Éditions Planète Santé, 2020, 341 pages.
Lire aussi «Les médecines complémentaires à l’uni et à l’hôpital», de Pierre-Yves Rodondi et Bertrand Graz, REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 3 mai 2012.
L’Association professionnelle pour l’éducation sociale et la pédagogie spécialisée Intégras a publié un guide encourageant les professionnel·le·s à réfléchir sur leur pratique et sur le lien entretenu avec leurs jeunes bénéficiaires en temps de crise.
Et si les institutions et leurs professionnel·le·s prenaient quelques instants pour lever le nez du guidon ? C’est ce à quoi invite Intégras, l’Association professionnelle pour l’éducation sociale et la pédagogie spécialisée, dans son guide « Une respiration en temps de crise ». Publiées juste avant Noël, les six pages du livret donnent des « impulsions éthiques pour le travail relationnel en situation de crise », principalement sous forme interrogative. Cette publication a été élaborée avec la participation de 24 institutions à l'échelle nationale.
Parmi les questions encourageant à réfléchir sur le lien avec les jeunes bénéficiaires figurent par exemple :
D’autres interrogations encouragent à questionner la pratique des travailleurs et travailleuses sociales :
Une réflexion au niveau de l’institution est aussi promue. Les impulsions énoncées dans cette section portent sur la culture interne, les possibilités de soutien, les champs de tension et les perspectives. Enfin, le document contient une proposition de procédure pour initier une réflexion éthique.
Le Covid-19 a fait oublier les principes de base de l’autodétermination des personnes en situation de handicap. Catherine Agthe, sexo-pédagogue spécialisée, a partagé ses réflexions dans la revue Insieme de décembre 2020.
«Les éducateurs disent que nous, les résidents, on est vulnérables et ils veulent pas prendre des risques. Mais je sais qu’ils sortent, ils vont voir leurs amis, ils vont dans leurs familles. Nous, on peut jamais sortir à cause du virus, c’est vraiment pas juste, parce que moi je fais rien de dangereux!»
En fait, la reconnaissance des couples et de leurs intimités dans le cadre de la vie institutionnelle a été mise à rude épreuve pendant la pandémie. La sexo-pédagogue rappelle que, «au vu de la nature du handicap et de la sexualité humaine, la marge de manœuvre dans l’accompagnement de la personne handicapée se situe entre banalisation et dramatisation, surprotection et laisser faire. Mais n’oublions pas que la personne concernée ne doit pas être réduite à un objet de soins, être surprotégée et infantilisée dans les prises de décisions.»
Avec le virus, de nouvelles questions éthiques sont posées. Catherine Agthe conclut : «Ces questions agissent comme le balancier d’un funambule, inquiet à la fois des désirs affectifs et sexuels encore et toujours à reconnaître, mais aussi de désirs plus étendus afin de ne pas perdre l’humanité de la personne en situation de handicap.»
Découvrir le magazine Insieme
Recension par Jean Martin
L’Arbre-monde de l’écrivain américain R. Powers, très préoccupé par la dégradation de l’environnement et de la biodiversité, est une fiction inspirée par des démarches militantes aux Etats-Unis dans les années 1980-1990. Une épopée qui a reçu le Prix Pulitzer 2019.
Ce roman suit les parcours de neuf jeunes gens qui s’engagent suite à des événements de vie divers. Parmi eux : l’arrière-petit-fils d’immigrants norvégiens dans l’Iowa au XIXe siècle, une ingénieure qui fait carrière dans une multinationale, fille d’un immigré de Shanghai, un sociologue thésard, un vétéran du Vietnam, une fille charismatique qui abandonne ses études, une botaniste et chercheuse qui a découvert les vertus et propriétés des arbres. Quand elle explique qu’ils communiquent entre eux, voire ont une « intelligence », elle fait penser à Peter Wohlleben, le réel auteur de « La vie secrète des arbres » dont on sait le succès. Il y a aussi un génie de l’informatique qui fait fortune dans les jeux vidéo, sorte de rappel, en toile de fond, de ce qu’un nombre croissant d’entre nous vivent en mode virtuel.
D’abord, Powers décrit individuellement les protagonistes, leurs enfance et famille, études, emplois. Puis comment chacun·e part vers l’Ouest et se retrouve dans la résistance à l’abattage de la forêt séculaire. Par des engagements forts fondés sur la non-violence, ils obtiennent quelques succès: ainsi, le couple qui prend une résidence de deux semaines en principe sur une plateforme bricolée à 60 mètres de haut dans un séquoia géant, « patriarche » exemplaire, et qui va finalement y vivre dix mois avant que l’obstination des bûcherons et de la police ne les déloge.
Déçus, frustrés de la non-écoute et de la brutalité des exploitants comme des autorités (pour qui croissance quantitative et efficience sont les critères déterminants indiscutables et l’utilité toujours à maximiser), ils ont eux-mêmes quelques actions violentes (dont un incendie qui entraîne la mort d’une des leurs) avant de se disperser. On les retrouve vingt ans plus tard : certains réintégrés dans « le système », d’autres marginaux. Par (mal)chance, le FBI tombe sur une trace, remonte à certains qui sont incarcérés mais ne regrettent rien. Tous se souviennent.
Quelques extraits : « La richesse a besoin de barrières [et l’Amérique n’en veut pas]. Il ne reste rien sur le continent pour seulement suggérer ce qui a disparu. Tout est remplacé à présent par des milliers de kilomètres de fermes et de jardins contigus. Le sol se rappelle, un peu plus longtemps, les forêts disparues. » A propos des possibles capacités des arbres : « Qu’est-ce qui est le plus dingue [incroyable] : des plantes qui parlent ou des humains qui écoutent ? » Ou encore : « Nous ne sommes pas équipés pour percevoir les lents changements de fond. On peut fixer l’aiguille des heures sans la quitter des yeux, et pas une fois on ne la voit bouger. »
L’Arbre-monde tient en haleine. Très bien informé des choses de la nature, l’auteur offre une fresque de vies vécues, de choses réalisées, de réflexions psychologiques et philosophiques substantielles, dans un pays où le (néo-)libéralisme n’a accepté jusqu’ici que tellement peu de limites à l‘exploitation sans scrupule du milieu de vie. « Tous [ces jeunes gens] essaient d’écoper l’océan du capitalisme avec une capsule de gland », écrit Powers.
Une bonne fiction qui permet de mieux appréhender l’urgence de changements, avec des enjeux qui survivront au Covid quand le vaccin nous aura aidés.
L’Arbre-monde, Richard Powers, Paris : Le cherche midi, 2019, 741 pages. Traduction par Serge Chauvin. Désormais en poche 10/18
SantéPsy.ch, MOICMOI et Radix publient «Promouvoir la santé psychique des adolescent-e-s à l’école et dans l’espace social», un document de référence pour les professionnel·le·s.
Ce document est le résultat d’un travail effectué entre mars 2019 et juin 2020 sur mandat de la campagne latine santepsy.ch consacrée aux adolescent·e·s, de la Commission de prévention et de promotion de la santé des cantons latins (CPPS), du projet romand #MOICMOI et du programme MindMatters par le biais de RADIX, la Fondation suisse pour la santé. Il poursuit quatre objectifs principaux.
Auteure : Gilberte Voide Crettenand
Ce document est disponible en version papier et en version électronique.
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