Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
Unisanté lance une campagne de sensibilisation à l’usage des opioïdes, dont la consommation ne cesse d’augmenter malgré les dangers que cela représente.
Les antidouleurs, tout le monde en prend tôt ou tard : que ce soit pour calmer des douleurs menstruelles, articulaires ou chroniques. Pourtant, ces substances ne sont pas anodines, surtout celles qui font partie de la catégorie des opioïdes (morphine, tramadol ou fentanyl par exemple)
Face à l’augmentation de leur consommation, Unisanté a lancé une campagne de sensibilisation destinée aux patient·es, en collaboration avec les pharmacies des cantons de Vaud et Fribourg. « Entre 2010 et 2019, le volume d’opioïdes prescrit a augmenté de 90% en Suisse et les appels à la ligne Tox Info, concernant des problèmes avec ces substances, ont grimpé de 180% », explique Jérôme Berger, pharmacien chef à Unisanté.
Si le paracétamol, qui n’est pas un opioïde, peut déjà abîmer considérablement le foie — entre autres — en cas de surdosage, les opioïdes consommés en excès peuvent causer des convulsions et des troubles du rythme cardiaque, notamment. Surtout, ces substances sont connues pour induire rapidement une dépendance. « Celle-ci peut intervenir déjà après deux semaines d’utilisation quotidienne. Il est donc important d’informer de cet effet les personnes qui en prennent et de leur expliquer que c’est un phénomène physiologique qui peut toucher chaque personne. Il faut aussi leur communiquer des informations sur la façon d’arrêter le traitement pour éviter qu’elles n’y parviennent pas. Par ailleurs, les opioïdes ont un effet sédatif qui est renforcé par la consommation d’alcool. La prudence est préconisée lors de la conduite et de l’utilisation de certaines machines, car la vigilance est clairement réduite », précise Jérôme Berger.
Le projet d’Unisanté, soutenu par Promotion Santé Suisse, ainsi que les Cantons de Vaud et Fribourg, prévoit de distribuer des flyers informatifs dans les pharmacies qui en font la demande. Actuellement, une centaine d’officines volontaires ont souhaité participer à cette campagne. Deux types de documents sont à disposition : ceux qui s’adressent aux personnes qui débutent une médication avec des opioïdes et ceux qui doivent suivre un traitement chronique avec ce type d’antalgiques. « Grâce aux informations fournies sur les flyers, nous espérons aider la population à mieux gérer les douleurs et la prise de médicaments. Ce n’est pas toujours simple d’y voir clair lorsque, après une intervention chirurgicale par exemple, il faut prendre cinq médicaments différents. Les gens s’y perdent parfois et c’est à ce moment-là qu’un surdosage peut survenir », conclut Jérôme Berger.
(Yseult Théraulaz)
Voir le flyer concernant l’initiation d’un traitement avec des antalgiques opioïdes et celui concernant un traitement chronique avec des antalgiques opioïde