Go Top

S’engager pour un système de santé plus durable

Lundi 18.12.2023
stdClass Object ( [id] => 45 [asset_id] => 1139 [field_type] => textarea [name] => article_copyright [label] => Copyright [description] => [isfilter] => 0 [isadvfilter] => 0 [iscore] => 0 [issearch] => 1 [isadvsearch] => 0 [untranslatable] => 0 [formhidden] => 0 [valueseditable] => 0 [edithelp] => 2 [positions] => [published] => 1 [attribs] => {"use_ingroup":"0","allow_multiple":"0","add_position":"3","max_values":"0","required":"0","default_value":"","default_value_use":"0","validation":"RAW","auto_value":"0","auto_value_code":"fields;\r\nif ( !isset($F['fieldname01']) ) return array('fieldname01 field not found');\r\n\r\n$vals = array();\r\nforeach($F['fieldname01']->postdata as $i => $v)\r\n{\r\n $vals[$i] = 'Auto : ' . $v;\r\n}\r\n\r\nreturn $vals;","display_label_form":"1","label_form":"","no_acc_msg_form":"","use_html":"1","placeholder":"","maxlength":"","rows":"3","cols":"80","editor":"","width":"98%","height":"150px","show_buttons":"0","import_fv_remap_mode":"0","import_fv_remap":"","import_fv_ccode_mode":"0","import_fv_ccode":"parameters->get('some_param');\r\n\r\nforeach($values as $i => $v)\r\n{\r\n $values[$i] = 'Example ' . $i . ' : ' . $v;\r\n}\r\n\r\nreturn $values;","display_label":"1","show_acc_msg":"0","no_acc_msg":"","include_in_csv_export":"0","csv_strip_html":"0","viewlayout":"default","lang_filter_values":"0","encode_output":"0","clean_output":"0","cut_text_catview":"0","cut_text_length_catview":"200","cut_text_display_catview":"0","cut_text_display_btn_icon_catview":"icon-paragraph-center","cut_text_display_btn_text_catview":"...","prx_sfx_open_close_configs":"","remove_space":"0","pretext":"","posttext":"","separatorf":"1","opentag":"","closetag":"","trigger_onprepare_content":"0","trigger_plgs_incatview":"0","microdata_itemprop":"","useogp":"0","ogpusage":"1","ogpmaxlen":"300","display_label_filter":"2","display_filter_as":"1","display_label_filter_s":"2","display_filter_as_s":"1","editorarea_per_tab":"0","start_of_tabs_pattern":"","end_of_tabs_pattern":"","start_of_tab_pattern":"","end_of_tab_pattern":"","title_tab_pattern":"","force_beforetabs":"1","force_aftertabs":"1","allow_tabs_code_editing":"1"} [checked_out] => 0 [checked_out_time] => 0000-00-00 00:00:00 [access] => 1 [ordering] => 42 [has_access] => 1 [item_id] => 11797 [value] => Array ( [0] =>

© natali_mis / Adobe Stock

) [parameters] => Joomla\Registry\Registry Object ( [data:protected] => stdClass Object ( [use_ingroup] => 0 [allow_multiple] => 0 [add_position] => 3 [max_values] => 0 [required] => 0 [default_value] => [default_value_use] => 0 [validation] => RAW [auto_value] => 0 [auto_value_code] => fields; if ( !isset($F['fieldname01']) ) return array('fieldname01 field not found'); $vals = array(); foreach($F['fieldname01']->postdata as $i => $v) { $vals[$i] = 'Auto : ' . $v; } return $vals; [display_label_form] => 1 [label_form] => [no_acc_msg_form] => [use_html] => 1 [placeholder] => [maxlength] => [rows] => 3 [cols] => 80 [editor] => [width] => 98% [height] => 150px [show_buttons] => 0 [import_fv_remap_mode] => 0 [import_fv_remap] => [import_fv_ccode_mode] => 0 [import_fv_ccode] => parameters->get('some_param'); foreach($values as $i => $v) { $values[$i] = 'Example ' . $i . ' : ' . $v; } return $values; [display_label] => 1 [show_acc_msg] => 0 [no_acc_msg] => [include_in_csv_export] => 0 [csv_strip_html] => 0 [viewlayout] => default [lang_filter_values] => 0 [encode_output] => 0 [clean_output] => 0 [cut_text_catview] => 0 [cut_text_length_catview] => 200 [cut_text_display_catview] => 0 [cut_text_display_btn_icon_catview] => icon-paragraph-center [cut_text_display_btn_text_catview] => ... [prx_sfx_open_close_configs] => [remove_space] => 0 [pretext] => [posttext] => [separatorf] => 1 [opentag] => [closetag] => [trigger_onprepare_content] => 0 [trigger_plgs_incatview] => 0 [microdata_itemprop] => [useogp] => 0 [ogpusage] => 1 [ogpmaxlen] => 300 [display_label_filter] => 2 [display_filter_as] => 1 [display_label_filter_s] => 2 [display_filter_as_s] => 1 [editorarea_per_tab] => 0 [start_of_tabs_pattern] => [end_of_tabs_pattern] => [start_of_tab_pattern] => [end_of_tab_pattern] => [title_tab_pattern] => [force_beforetabs] => 1 [force_aftertabs] => 1 [allow_tabs_code_editing] => 1 ) [initialized:protected] => 1 [separator] => . ) [display] =>

© natali_mis / Adobe Stock

)

Le système de santé contribue de manière importante à la dégradation de l’environnement. Les professionnel·les de la santé, investi·es et concerné·es par la santé de la population, ont un rôle important à jouer dans sa transformation.

Par Camille Despland, maître d’enseignement HES, diététicienne diplômée, master en santé publique, et Fanny Poget, maître d’enseignement HES, master en physiothérapie, Haute école de Santé Vaud (HESAV), Lausanne

Première menace pour la santé humaine au 21e siècle : c’est ainsi que la revue scientifique The Lancet a qualifié le changement climatique et la perte de la biodiversité, en lançant l’alerte sur le dépassement des limites planétaires causées par les activités humaines (Watts et al., 2018 ; The Lancet, 2023). A titre d’exemple, on estime à plus de 61’000 les morts attribuables à la chaleur en Europe pour l’été 2022 (Ballester J et al., 2023). La pandémie de Covid-19, tout comme la dengue et les autres maladies zoonotiques exacerbées par un climat perturbé, en sont d’autres exemples. Ces « nouvelles » menaces nécessitent une transformation des fonctionnements personnels, sociétaux et professionnels.

Dans le domaine de la santé, le défi est de taille en matière d’évolution écologique. Le système de santé lui-même impacte l’environnement naturel de manière délétère. Face à une urgence écologique qui implique une prise de conscience générale, les professionnel·les du domaine se trouvent spécifiquement concerné·es. En effet, elles et ils sont des acteurs et actrices importantes de ce modèle, lequel s’inscrit dans une dualité compliquée à réguler. Si prendre soin de la santé de la population reste l’objectif principal que le système se doit de remplir, il engendre, en parallèle, un impact indirect nocif sur la santé de cette même population lorsque l’on parle de durabilité.

Le système de santé, tout comme la planète, connaît des limites en termes de ressources. Celles-ci sont aussi bien financières, humaines, techniques qu’environnementales. Dans les fonctionnements occidentaux, et plus particulièrement en Suisse, le dépassement de la majorité de ces limites semble [1] atteint. D’ailleurs, l’Association suisse des sciences médicales (ASSM) décrit un système de santé en crise dans sa feuille de route, en 2022, intitulée « Pour des services de santé suisses durables dans les limites planétaires ».

Si toute les limites sont évidemment interconnectées, cet article se concentre sur la problématique environnementale. Ainsi, par exemple, le secteur de la santé s’avère responsable de 4,4% des émissions nettes globales de gaz à effet de serre (GES) au niveau international (Health Care Without Harm, 2019). Ce taux se monte à 6,7% pour la Suisse, soit largement plus que la moyenne mondiale. Ces émissions proviennent principalement des secteurs des soins aigus (hôpitaux et cliniques privées) et de la pharmaceutique (ASSM, 2022). A cela s’ajoutent les autres formes de nuisances aux écosystèmes, comme les consommations de ressources naturelles (eau, matières premières), les pollutions chimiques par l’intermédiaire des médicaments présents dans les eaux usées — on estime à environ 50 tonnes les résidus de médicaments dans les eaux du Lac Léman (Chèvre, 2022) —, ou les déchets spécifiques (infectieux, coupants, radioactifs, etc.) dont les impacts sont actuellement mal connus (ASSM, 2022).

Les enjeux environnementaux actuels amènent également leurs lots de nouvelles pathologies, telles que les maladies mentales, respiratoires ou des allergies, lesquelles s’ajoutent à celles déjà existantes. Les maladies chroniques représentent plus de 80% des pathologies à prendre en charge dans un système de santé qui doit s’adapter à l’évolution démographique de sa population vieillissante. Tous ces paramètres induisent une charge croissante sur le système de santé, qui, sous pression, consomme toujours davantage de ressources, polluant alors toujours plus (ASSM, 2022). Pourtant, il est primordial qu’il puisse poursuivre et restaurer sa mission de protéger la santé de la population.

La transformation du système de santé vers plus de durabilité s’avère donc inéluctable, dans ce contexte complexe. Elle implique une évolution écologique qu’il importe d’amorcer au plus vite. Dans le cadre de ce grand bouleversement, il semble essentiel et urgent d’aborder les rôles et les défis des professionnel·le·s de la santé pour agir adéquatement au sein de ce contexte. Car si les dégradations écologiques sont la plus grande menace pour la santé, la transformation des pratiques représente aussi une grande opportunité de redéfinir les déterminants sociaux et environnementaux de la santé (the Lancet, 2022).

Rôles des professions soignantes et pistes de changement

Dans sa feuille de route, l’ASSM s’est penché sur la question du rôle des professions soignantes, ainsi que des pistes de changements possibles. Certaines associations professionnelles paramédicales se sont également saisies de ces interrogations. Grâce à une revue de la littérature non exhaustive, il est possible de mettre en avant aussi bien les facteurs facilitateurs que les facteurs entravants cette transformation durable.

Tout d’abord, il est nécessaire que tant la communauté médicale que la population reconnaissent l’interdépendance entre la santé humaine et la santé des écosystèmes, aussi appelée santé planétaire. La plupart des associations professionnelles paramédicales l’intègre à leur réflexion, sans que cette notion ne soit toutefois admise au sein de la collectivité.

Redéfinir et mettre en avant les déterminants sociaux et environnementaux de la santé s’avère d’importance pour améliorer la santé des individus. A ce titre, il est intéressant de mentionner que le système de santé n’est responsable de la santé humaine qu’à hauteur de 15 à 20% ; les 80% restant dépendent de l’environnement, des liens sociaux ainsi que de la situation économique des individus (Woolf, 2019). Ainsi, en valorisant la promotion de la santé et la prévention, l’utilisation des ressources limitées va diminuer puisque les gens resteront en meilleure santé. Les bénéfices de l’interprofessionnalité (Yakusheva, et al., 2022) sont également reconnus comme aidant dans ce contexte qui se veut moins hospitalo-centré.

L’éducation est un outil à investir en priorité dans ces processus de changement. Le fait de sensibiliser le personnel soignant aux limites planétaires et aux enjeux que cela implique dans le domaine de la santé ouvre une perspective de transformation des pratiques. C’est par exemple l’objectif de l’initiative « smarter medicine », qui incite la population et les professionnel·les à questionner les pratiques de soins obsolètes ou inutiles, ainsi que la prescription médicamenteuse. Le but est là de prescrire uniquement ce qui est nécessaire et pertinent selon les besoins du patient ou de la patiente. Selon la situation, proposer un traitement conservateur en lieu et place d’une chirurgie présente des résultats similaires sur le moyen et long terme. Il s’y ajoute l’absence des risques péri-opératoire tels que les infections. En plus de l’économie des coûts, un tel choix limite l’utilisation des ressources d’un point de vue environnemental et présente donc une emprunte carbone largement inférieure (Ferchichi et al., 2021).  

La formation du personnel soignant à l’ensemble de ces enjeux est primordiale, les professionnel·le·s de santé représentant un formidable vecteur d’informations. Elles et ils peuvent aborder les aspects de santé et environnement auprès de leur patientèle, tout en étant un soutien à l’accompagnement au changement et en donnant du sens à de nouvelles habitudes durables et bénéfiques pour la santé. On parle ainsi de co-bénéfices, c’est-à-dire un comportement favorable pour la santé et pour l’environnement (de manière indirecte). Un exemple régulièrement cité est celui de rejoindre son travail à pied ou à vélo plutôt qu’en voiture : ce choix s’avère bon pour la santé et pour l’environnement. Dans cette perspective, les soignant·es accompagneraient leurs patient·es, lorsqu’ils ou elles se montrent intéressé·es et ouvert·e·s aux changements, à adopter des comportements favorables pour la santé et l’environnement. Il existe en effet des moments davantage propices au changements au cours de la vie d’une personne. C’est l’exemple des futures mères, auprès desquelles les sage-femmes peuvent avoir un impact optimal.

Identifier les barrières pour mieux les contourner

Ainsi, le rôle et la posture de toutes les professions actrices du système de santé est à investir et transformer lorsque l’on parle de durabilité. Chaque professionnel·le de la santé a un rôle à jouer en s’informant et en relayant les informations aussi bien à ses collègues, à ses supérieur·e·s qu’aux patient·es. Les mots d’ordre sont au nombre de quatre : « Former, transformer (la pratique), sensibiliser (la communauté), innover (rôle et posture) » (ASSM, 2022).

Les associations professionnelles telles que l’Association suisse des infirmier·es a établi dans les lignes directrices « Soins infirmiers 2030 » des priorités dont fait partie l’environnement et notamment « la conscientisation et l’engagement de la profession aux enjeux environnementaux ». De manière plus élargie, au niveau international, les associations professionnelles à l’image de l’Environmental Physiotherapy Association développe la profession de physiothérapeute dite « environnementale » et demande d’intégrer la durabilité dans la formation de l’ensemble des étudiant·es. Toutes ces démarches se veulent incitatives pour modifier la culture inter- et intra hospitalière, amener à plus d’équité structurelle et sociale et, enfin, pour prôner le renforcement de la résilience face aux enjeux climatiques et environnementaux actuels et futurs.

Dans ce contexte de transformation, des barrières sont présentes et connues. Les habitudes des soignant·es s’avèrent par exemple difficiles à modifier. La littérature relève en effet régulièrement que les usages sont souvent préférés aux nouvelles données probantes (O’Hara et al., 2022). Le manque de temps ainsi que de ressources (humaines et financières) représentent aussi des obstacles non négligeables. A cela, s’ajoute le cadre légal, qui mérite une révision importante pour contribuer à une transformation du système, avec notamment le besoin d’une vision à long terme.

La métamorphose d’un système

Pour rendre le système de santé suisse plus durable, le défi relève de plusieurs niveaux, comme le documente l’ASSM. Il s’agirait d’abord de limiter la consommation des ressources, en réduisant l’utilisation des services de soins, tout en changeant et en adaptant les pratiques, afin qu’elles restent en adéquation avec les besoins en santé de la population. Le résultat attendu est d’améliorer la santé de la population et l’efficience environnementale des services de santé.

Cette transformation semble incontournable, raison pour laquelle il est important de se montrer pro-actif·ve pour prendre soin de la santé de la population et de la nature, deux éléments qui ne peuvent plus être dissociés. Dans ce contexte évolutif, les professionnel·les de la santé ont le pouvoir de devenir un formidable vecteur de métamorphose.

Bibliographie

  • Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM). (2022). Pour des services de santé suisses durables dans les limites planétaires. Swiss Academies Communications 17 (4).
  • Ballester, J., Quijal-Zamorano, M., Méndez Turrubiates, R. F., Pegenaute, F., Herrmann, F. R., Robine, J. M., ... & Achebak, H. (2023). Heat-related mortality in Europe during the summer of 2022. Nature medicine29(7), 1857-1866.
  • Chèvre, N., Université de Lausanne et Ecole de la Source (2022). Micropollutants dans les eaux: le cas des medicaments [document inédit].
  • Environmental physiotherapy association: http://environmentalphysio.com/
  • Ferchichi-Barbey, S., Poget, F., Maric, F., & Christe, G. (Éds.). (2021). La physiothérapie comme actrice d’un système de santé plus durable. Mains libres, 38(2), 113‑120.
  • Health Care Without Harm – ARUP. (2019). Health care’s climate footprint: the health sector contribution and opportunities for action. European Journal of Public Health. 2019;30 (Sup 5):1-48.
  • O'Hara, S., Ackerman, M. H., Raderstorf, T., Kilbridge, J. F., & Melnyk, B. M. (2022). Building and sustaining a culture of innovation in nursing Academics, Research, Policy, and Practice: Outcomes of the National Innovation Summit. Journal of Professional Nursing, 43, 5-11.
  • smarter medicine - Contre la surmédicalisation et les soins inappropriés - smarter medicine - gegen Über- & Fehlbehandlung - smarter medicine
  • Watts, N., Amann, M., Arnell, N., Ayeb-Karlsson, S., Belesova, K., Berry, H., ... & Costello, A. (2018). The 2018 report of the Lancet Countdown on health and climate change: shaping the health of nations for centuries to come. The Lancet, 392(10163), 2479-2514.
  • Woolf, S.H. (2019). Necessary but not sufficient; Why health care alone cannot improve population health and reduce health inequities. The Annals of Family Medicine, 17(3), 196-199.
  • Yakusheva, O., Czerwinski, M. A., & Buerhaus, P. I. (2022). Value-informed nursing practice is needed to make our healthcare systems more environmentally sustainable. Nursing Outlook, 70(3), 377-380.

[1] Toutes les limites n’étant pas strictement évaluées, il n’existe pas de données permettant de l’affirmer.


Lire également :

Cet article appartient au dossier Durabilité

Comment citer cet article ?

Camille Despland et Fanny Poget, «S’engager pour un système de santé plus durable», REISO, Revue d'information sociale, publié le 18 décembre 2023, https://www.reiso.org/document/11797