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En 2022, 85% des personnes de 15 ans et plus vivant en Suisse s’estimaient en bonne santé et 83% se déclaraient heureuses. Mais plus d’un tiers de la population du pays souffre d’un problème de santé de longue durée.
En 2022, 21’930 personnes ont été interrogées en Suisse sur leur état de santé et leurs comportements en la matière. Réalisée tous les cinq ans depuis 1992 par l’Office fédéral de la statistique, l’enquête suisse sur la santé permet d’observer les modèles de comportement sur une période de trente ans. Ainsi, malgré la pandémie de Covid-19, il apparaît que la majeure partie de la population suisse continue de s’estimer globalement en bonne santé. En 2022, 85% des personnes interrogées déclaraient être en bonne ou très bonne santé, alors que 3% seulement considéraient leur santé comme mauvaise ou très mauvaise. Même si 13% des personnes considéraient que leur état de santé s’était dégradé avec la pandémie de coronavirus, l’appréciation de l’état de santé général est restée pratiquement inchangée par rapport aux années précédentes.
Comme en 2017, la grande majorité de la population a déclaré en 2022 ressentir bien plus souvent des émotions positives que négatives. La plupart des personnes interrogées ont indiqué s’être senties tout le temps ou la plupart du temps « calmes et paisibles » (80%) ou « heureuses » (83%). La part des personnes avec une détresse psychologique moyenne ou élevée a toutefois progressé de 15% à 18% par rapport à 2017, tout particulièrement chez les 15 à 24 ans (22%), les femmes étant plus touchées : 9% d’entre elles souffraient de détresse psychologique élevée, 20% de détresse psychologique moyenne. Parmi les jeunes femmes, 18% ont par ailleurs indiqué avoir connu des troubles anxieux au cours des douze derniers mois.
Les problèmes de santé et les limitations liées à la santé augmentent avec l’âge. Dans la tranche des 65 ans et plus, une personne sur deux a fait état d’un problème de santé de longue durée, et 8% se sont dites fortement limitées dans leurs activités quotidiennes. Le diabète atteint 12% des personnes de ce groupe d’âge, la proportion des hommes étant en hausse. Les prévalences de l’hypertension et de l’hypercholestérolémie ont également augmenté de manière significative. La proportion de seniors souffrant d’hypertension est passée de 36% à 49% au cours des trente dernières années. L’hypertension est plus fréquente et progresse à un rythme plus soutenu chez les hommes que chez les femmes.
Parmi la population âgée de 15 ans et plus, 43% étaient en surpoids ou obèses en 2022. Les hommes étaient nettement plus nombreux à présenter un surpoids que les femmes, la différence étant négligeable pour ce qui concerne l’obésité. Après une augmentation sensible de la prévalence du surpoids et de l’obésité entre 1992 et 2012, la tendance s’est infléchie : l’obésité n’a que peu progressé depuis 2012 (de 10 à 12%), tandis que le surpoids est resté stable (31%).
En 2022, 71% de la population déclaraient faire attention à certains aspects de leur alimentation, et 16% à suivre les recommandations concernant la consommation de fruits et légumes (contre 21% en 2017), les femmes davantage que les hommes (20% contre 11%). Par ailleurs, 47% de la population affirmaient consommer de la viande plus de trois fois par semaine. La fréquence de consommation de viande a diminué depuis 1992 : la part des personnes en mangeant quotidiennement a été divisée par deux (de 25% à 12%), tandis que la part de celles qui n’en mangent jamais a triplé (de 2% à 6%).
La part de fumeur·se·s a reculé ces trente dernières années, passant de 30% en 1992 à 24% en 2022. Après une phase de stagnation entre 2007 et 2017 (27%), une baisse significative s’est amorcée. Elle a été plus nette chez les hommes, l’écart entre les sexes tendant donc à se réduire. Les différences sociales augmentent par contre : la part de fumeur·se·s est nettement plus élevée chez les personnes sans formation tertiaire. Les adeptes de produits alternatifs comme les cigarettes électroniques ou le tabac à sucer (snus) sont essentiellement des personnes jeunes : chez les 15 à 24 ans, 6% des femmes déclaraient utiliser des cigarettes électroniques en 2022, 11% des hommes du snus.
Les hommes consomment plus souvent de l’alcool que les femmes et en plus grande quantité. En 2022, 65% des hommes et 46% des femmes disaient boire de l’alcool au moins une fois par semaine. Depuis 1992, la proportion de personnes qui consomment quotidiennement de l’alcool a été divisée par deux, tant chez les hommes (de 30% à 12%) que chez les femmes (de 11% à 5%). Les habitudes de consommation évoluent : la population tend à boire moins souvent de l’alcool, mais à en consommer de plus grandes quantités en une seule occasion. Ainsi, 11% des femmes et 19% des hommes ont indiqué s’enivrer au moins une fois par mois.
(Source : communiqué de presse, OFS)
Le rapport « Aide sociale dans des villes suisses 2022 » montre qu’une personne réfugiée dépendante de l’aide sociale travaille plus souvent que les autres bénéficiaires. En outre, une légère baisse du recours à l’aide sociale est enregistrée.
L’Initiative des villes pour la politique sociale a dévoilé ce mardi 24 octobre 2023 à Berne son rapport « Aide sociale dans des villes suisses 2022 ». Ce document met notamment en lumière que toutes les grandes villes suisses accueillent davantage de personnes réfugiées (qu’elles soient réfugiées ou personnes admises à titre provisoire) par rapport à leur population que la moyenne cantonale, jusqu’à doubler dans certaines villes de taille moyenne. Ce rapport se fonde sur des données tirées de la Statistique suisse de l’aide sociale (établies par l’OFS) et porte sur quatorze villes : Bâle, Berne, Bienne, Coire, Lausanne, Lucerne, Saint-Gall, Schaffhouse, Schlieren, Uster, Wädenswil, Winterthour, Zoug et Zurich.
Ces villes accueillent un quart environ des bénéficiaires de l’aide sociale enregistrés en Suisse. Elles se trouvent ainsi être les actrices essentielles d’une intégration réussie et les spécialistes des municipalités soulignent l’importance de déployer rapidement les mesures d’intégration et de les moduler en fonction de la situation individuelle.
Le président de l’Initiative des villes pour la politique sociale, Nicolas Galladé, relève aussi l’importance de l’Agenda Intégration Suisse (pour les personnes réfugiées et les personnes admises à titre provisoire) et du Programme S (pour les personnes avec statut de protection S) : « Ce sont là des programmes déterminants en matière d’intégration. Pour les villes, il est essentiel de poursuivre le Programme S afin d’offrir une perspective aux Ukrainiennes et Ukrainiens présents en Suisse. » En outre, il déplore l’inégalité juridique actuelle dans le domaine de l’asile : « L’aide financière accordée aux personnes réfugiées autorisées à rester en Suisse devrait correspondre au minimum vital — indépendamment du lieu de domicile et du statut », ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Trouver un travail constitue une étape fondamentale dans le processus d’intégration et d’accession à l’autonomie financière. Selon les données actuelles, les personnes réfugiées à l’aide sociale exercent plus souvent un emploi que les autres bénéficiaires de l’aide sociale. Parmi les personnes réfugiées adultes inscrites à l’aide sociale, 36% d’entre elles ont un emploi (23% pour les autres bénéficiaires de l’aide sociale). Cependant, elles sont souvent des working poors. Elles possèdent souvent un niveau de formation plus faible et la part des femmes seules élevant des enfants est également plus importante. Pour Émilie Moeschler, vice-présidente de l’Initiative des villes pour la politique sociale et conseillère municipale à Lausanne, le rapport confirme que « les cours de langue, l’accès à la formation professionnelle, la reconnaissance des diplômes mais aussi le soutien à la conciliation familiale sont des mesures indispensables pour trouver un emploi qui permette à ces personnes de vivre dignement. »
Sur les quatorze villes impliquées, une dizaine signale un taux d’aide sociale stable ou en baisse, parfois même sur plusieurs exercices. Le nombre moyen de nouveaux dossiers marque également un net recul de 11,1% par rapport aux trois années précédentes. Ainsi, le total des dossiers d’aide sociale dans les villes a connu une réduction de 2,6% en moyenne. Cette baisse s’explique notamment par la situation favorable sur le marché du travail.
Comparaison des indicateurs
L’Initiative des villes pour la politique sociale est une section de l’Union des villes suisses et représente les intérêts sociopolitiques de quelque soixante villes suisses de toutes les régions du pays. Elle s’engage pour un système de sécurité sociale cohérent et pour une collaboration de qualité entre les villes, la Confédération et les cantons.
Le rapport « Aide sociale dans des villes suisses » résulte d’une comparaison des indicateurs de l’aide sociale dans quatorze villes, basée sur la Statistique suisse de l’aide sociale établie par l'Office fédéral de la statistique. Il est édité chaque année depuis 1999 par l’Initiative des villes pour la politique sociale. Le but est de détecter les tendances et les bonnes pratiques dans les villes ainsi que d’objectiver le débat public concernant l’aide sociale.
(Source : communiqué de presse)
Voir le rapport « Aide sociale dans des villes suisses — Comparaison des indicateurs 2022 »
Boys boys boys est une série de dix témoignages animés pour encourager les hommes à réfléchir à la notion de masculinité. Genre, violence, sexualité, contraception, vulnérabilité ou féminisme font partie des thématiques.
Être fort et responsable, ne pas pleurer, dégager une image virile et assumer une sexualité qui l’est tout autant. En 2023 encore, nombre de stéréotypes pèsent sur les hommes, rendant parfois difficile de s’épanouir en dehors de ces codes sociaux implicites. Pour encourager la réflexion et la prise de conscience du poids de ces stéréotypes, Arte a réalisé Boys boys boys, une série de dix capsules thématiques de six minutes chacune, relatant le témoignage d’une personne ayant vécu une expérience particulière sur le sujet abordé. Car comme le dit Matti dans le sixième épisode, « le fait de s’accrocher à une vision aussi étriquée de la masculinité et de l’homme, ça fait peur. C’est comme s’il n’y avait qu’un seul stéréotype de la masculinité et qu’il ne pouvait pas y en avoir d’autres. »
Ainsi, dans le premier numéro, Arthur se questionne sur la notion d’amitié masculine. Que devient ce lien, lorsque l’un des protagonistes se rend coupable de violences sur sa compagne ? Le jeune homme évoque la colère, la confrontation, les valeurs, tout ce qui surgit lorsque quelqu’un avec qui l’on nourrit un lien d'affection depuis de longues années commet des actes inacceptables.
À la suite de ce premier numéro, Tristan détaille les enjeux liés à la paternité, puis Florian questionne la virilité de l’homme dans les relations hétérosexuelles, avant que Werner raconte comment, à 50 ans, après avoir assumé le rôle de « chef de famille, fort et responsable », il a réappris et accepté de pleurer. La contraception masculine, l’homosexualité, la transition, le racisme ou encore le féminisme au masculin complètent les sujets abordés dans cette série, animée à l’aide du « motion design ».
Dans l’avant-dernier numéro, Arthur, drag-queen, raconte sa prise de conscience de la « performance du genre » que chacun·e mène chaque jour, en fonction des stéréotypes sociétaux. « Où qu’on soit, on performe un genre (..) En Minima, je performe le genre féminin, dans toute la diversité que peut avoir ce genre féminin, mais au final aussi en Arthur, où dans la vie de tous les jours, je performe le genre masculin et je vais être des fois bien plus masculin et d’autres jours où (...) je vais beaucoup plus naviguer sur le spectre du genre, et c’est assez exceptionnel comme libération de l’esprit. »
La série est disponible sur le site d’Arte jusqu’au 22 août 2026.
(Céline Rochat)
Une nouvelle publication offre une feuille de route complète pour planifier, mettre en œuvre et évaluer des initiatives de santé axées sur la participation d’adolescent·e·s dans les projets de promotion de la santé.
Mandaté par Promotion santé suisse, le guide La participation d’adolescent-e-s dans des projets de promotion de la santé offre une feuille de route complète pour concevoir, planifier, mettre en œuvre et évaluer efficacement des initiatives de santé axées sur la participation des adolescent·e·s. L’objectif de ces démarches est de créer des espaces de vie favorables à la santé. Trois questions à Yuri Tironi, professeur à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL) et co-auteur de ce guide réalisé en partenariat avec la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW), la HETSL et l’Association faîtière suisse pour l’animation socioculturelle enfance et jeunesse.
Comment est née l’idée de créer un guide pratique sur la participation des adolescent·e·s dans des projets de promotion de la santé ?
(Yuri Tironi, vice-doyen, responsable pédagogique de la filière travail social) Depuis 10 ans, la HETSL collabore avec la FHNW sur des ouvrages, des articles et des recherches autour de la participation. Si les projets participatifs figurent au centre de plusieurs études, il manquait une synthèse qui permette de passer rapidement de la théorie à l’action. Promotion santé suisse souhaitait pouvoir mettre à disposition des responsables de programme d’actions cantonaux, des services spécialisés et des directions de projet dans le domaine de la promotion de la santé, un guide pratique clé en main.
Comment est conçu ce document ?
Ce guide synthétise sur dix pages les éléments essentiels de la participation. Qu’est-ce que la participation, à quoi sert-elle et quelle est la plus-value de la participation pour un projet ? Il s’agit d’un guide très pratique qui permet à chacun·e, indépendamment de son expérience dans la mise en œuvre de projets participatifs, de se lancer dans l’aventure participative. Une check-list favorise l’accompagnement du processus participatif dans son élaboration, sa planification, sa mise en œuvre et son évaluation. S’agissant d’un guide en ligne, les personnes qui souhaiteraient aller plus loin dans la réflexion ont accès à plusieurs ressources supplémentaires.
Quelle est la plus-value de ce guide ?
La force de ce guide, initialement à destination de la création de projets participatifs dans le domaine de la promotion de la santé, réside dans le fait qu’il peut être utilisé de manière plus large pour tout type de projet intégrant une dimension participative.
(Propos recueillis par Tiffany Guggenheim, HETSL)
Fuchs, M., Gerodetti, J., Gerngross, M., Tironi, Y., Casutt, M. & Nowacki, A. (2023). La participation d’adolescent-e-s dans des projets de promotion de la santé — Guide. Promotion Santé Suisse, 11 pages.
Le Rapport social statistique suisse montre que les dépenses ont crû de 14 milliards de francs dans le domaine du chômage. Le taux de pauvreté à l’issue des transferts de l’année 2021 se montait encore à 8,7%.
Une fois par législature, le Rapport social statistique suisse rassemble les résultats des statistiques de l’OFS dans les domaines de la sécurité sociale et de la situation sociale de la population. Il permet ainsi d’avoir une vue d’ensemble des changements socio-économiques et des conditions de vie de la population en Suisse. Il met en lumière les développements intervenus dans le système de sécurité sociale et renseigne sur les groupes qui risquent de tomber victime de l’exclusion sociale.
Depuis quelques années, la politique sociale de la Suisse est confrontée à des défis de taille, qui sont liés notamment à l’évolution démographique et aux changements socio-économiques. Mentionnons par exemple le vieillissement de la société, avec ses conséquences sur le financement des assurances sociales, ou l’accroissement de la population résidante étrangère et son intégration. Sans oublier les changements sur le marché du travail, qui exercent une influence sur les carrières professionnelles et affectent les conditions de travail de certains groupes de population.
Depuis la parution du dernier Rapport social statistique suisse, en 2019, la politique sociale a dû faire face à un autre défi : la pandémie mondiale de Covid-19 et son impact. La crise sanitaire a entraîné notamment un important recul du produit intérieur brut par habitant·e ainsi qu’une augmentation du taux de chômage.
Le système suisse de sécurité sociale prévoit, entre autres, des prestations d’assurance et des prestations sociales sous condition de ressources, qui visent à éviter que la survenance de risques tels que le chômage ou la maladie empêche une personne de subvenir à ses besoins. Ces prestations servent à la fois à prévenir la pauvreté et à lutter contre ce phénomène. Les dépenses consacrées aux prestations sociales s’élèvent à plus de 200 milliards de francs et représentent un tiers environ du PIB. La pandémie a fait grimper passagèrement les dépenses dans le domaine du chômage notamment (2020 : +14,3 milliards de francs). Des mesures telles que les indemnisations en cas de réduction de l’horaire de travail, les allocations pour perte de gain destinées aux personnes travaillant à titre indépendant et les indemnités journalières supplémentaires en cas de chômage ont permis d’atténuer l’impact de la pandémie. Elles ont par exemple permis d’éviter une forte hausse du taux de chômage.
Les transferts du système de sécurité sociale jouent un rôle important pour prévenir la pauvreté également en dehors des périodes de crise. Sans eux, près d’un tiers de la population suisse serait pauvre en termes de revenu. Et les prestations versées au titre de l’assurance-vieillesse et survivants suffisent à elles seules pour diviser cette proportion par deux. Même si l’on tient compte de tous les transferts sociaux, comme les allocations familiales, les rentes d’invalidité, la réduction des primes de l’assurance-maladie, l’aide sociale ou les indemnités journalières de l’assurance-chômage, le taux de pauvreté atteint tout de même 8,7%. La pauvreté touche plus particulièrement les personnes sans emploi, celles vivant dans un ménage monoparental, celles de nationalité étrangère et celles sans formation postobligatoire. Exercer une activité professionnelle ne garantit toutefois pas toujours un revenu couvrant les besoins, puisque 4,2% de la population active occupée vit en dessous du seuil de pauvreté.
Une analyse des conditions de vie de la population en Suisse révèle deux évolutions opposées. D’une part, une proportion croissante de personnes se disent très satisfaites de leur situation financière. Il s’agit en particulier des groupes à revenu élevé, comme les personnes de 65 ans ou plus, les propriétaires de logements, les personnes au bénéfice d’une formation du degré tertiaire et les personnes de nationalité suisse. D’autre part, il y a des groupes de population aux revenus les plus modestes, qui ont du mal à faire face aux dépenses indispensables, qui comprennent notamment des personnes sans emploi, des personnes de nationalité étrangère, des personnes sans formation postobligatoire et des ménages monoparentaux. Des écarts sociaux apparaissent également en matière de formation et de santé. La participation à des cours de formation continue s’accroît par exemple avec le niveau de formation et les personnes sans formation postobligatoire renoncent plus souvent à des prestations médicales.
D’autres thèmes et résultats du domaine de la politique sociale sont abordés dans la nouvelle publication « Rapport social statistique suisse 2023 ».
(Source : communiqué de presse)
Jean-Pierre Tabin et René Knüsel signent une troisième édition actualisée de « Lutter contre les pauvres ; Les politiques de la mendicité ; L’exemple suisse ».
Comment expliquer que la présence, dans les rues de certaines villes, de quelques dizaines de personnes qui mendient suscite autant de réactions négatives ? D’où vient cette méfiance face à la mendicité ? Pourquoi ce sujet est-il à l’agenda politique en Suisse et en Europe ? Qui sont les personnes qui mendient à Lausanne ? Comment vivent-elles ?
La troisième édition revue et augmentée de « Lutter contre les pauvres ; Les politiques de la mendicité ; L’exemple suisse » cherche à répondre à ces questions en explorant tout d’abord l’histoire de la pauvreté, de la mendicité et du vagabondage dans nos sociétés. Avec la sécularisation de l’assistance sociale, depuis le Moyen-Âge, l’idée que les personnes qui demandent la charité n’ont pas leur place dans la société s’est progressivement installée.
Jean-Pierre Tabin et René Knüsel proposent ensuite une analyse de la construction du « problème » de la mendicité par les autorités législatives, judiciaires et administratives en Suisse, et plus particulièrement dans le canton de Vaud. Au regard d’un traitement médiatique et politique caricatural, l’ouvrage présente enfin les résultats de plusieurs enquêtes de terrain à Lausanne fondées sur des entretiens avec des personnes en contact avec la mendicité ou qui la pratiquent, ainsi que sur des observations systématiques.
En conclusion, les auteurs montrent que lutter contre les pauvres ne réduit en rien la pauvreté. D’autres politiques sont nécessaires, qui doivent être dignes.
(Source : Éditions d’En Bas)
R. Knüsel et J.-P. Tabin, « Lutter contre les pauvres ; Les politiques de la mendicité ; L’exemple suisse », Lausanne, Ed. d’En Bas, 2023, 176 pages
Le Congrès « Regards croisés sur les enjeux d’accès à la justice 30 ans après l’entrée en vigueur de la Loi fédérale d’aide aux victimes » organisé par la Conférence régionale LAVI de Suisse latine a réuni 300 personnes à Fribourg.
Depuis 30 ans, la loi fédérale d’aide aux victimes (LAVI) accorde une aide gratuite à celles et ceux qui ont subi une infraction pénale ayant causé une atteinte à leur intégrité physique, psychique ou sexuelle, ainsi qu’à leurs proches. Dans chaque canton, les centres de consultation LAVI renseignent les personnes concernées sur leurs droits, leur apportent conseils juridiques et aide psychologique et organisent des mesures de protection immédiate comme de l’hébergement d’urgence. Le Congrès qui a eu lieu le 12 septembre à l’Université de Fribourg a été l’occasion de faire le point sur l’aide aux victimes, particulièrement sur les questions en lien avec l’accès à la justice.
Quelque 30 ans après l’entrée en vigueur de la loi, l’existence dans chaque canton suisse de centres de consultations pour les victimes est réjouissante. De 2000 à 2022, le nombre de personnes qui ont bénéficié d’une consultation a triplé. Toutefois, des obstacles concrets empêchent encore les victimes de connaitre et de faire appliquer leurs droits. Une étude qualitative de la Haute Ecole de Travail Social (HETS) de Genève, mandatée par la Conférence régionale LAVI de Suisse latine (composée des organisations cantonales chargées d’appliquer la loi sur l’aide aux victimes en Suisse romande et au Tessin), a permis de faire remonter de nombreuses observations de terrain.
Sur la base des résultats de cette étude, la Conférence régionale LAVI de Suisse latine a rédigé quinze recommandations visant à améliorer la situation des victimes dans les faits. Toutes visent à favoriser l’intégration de la perspective des victimes dans les mécanismes de la justice, à favoriser leur expression et à minimiser les risques de victimisation secondaire durant la procédure judiciaire.
La nécessité de devoir répéter de nombreuses fois le récit des événements subis est un exemple de victimisation secondaire induite par le système. A l’audition par la police lors du dépôt de plainte, succèdent celles au Ministère public, puis au Tribunal. La victime doit ainsi répéter à de nombreuses reprises le récit de l’infraction subie, réouvrant à chaque fois ses blessures et les symptômes traumatiques. Ce parcours est trop souvent relevé par les personnes victimes comme étant une épreuve aussi difficile à traverser que l’infraction elle-même, ce qui les pousse à renoncer à porter plainte ou à abandonner en cours de route. Pour améliorer la situation, la Conférence régionale LAVI de Suisse latine recommande d’intégrer la perspective des victimes dans l’évaluation des institutions concernées, de relever les adaptations permettant de mieux répondre à leurs besoins.
Il s’agit aussi d’octroyer les moyens nécessaires à la bonne application des droits des victimes, en particulier celui de ne pas être confronté·e physiquement à l’auteur·e.
Par ailleurs, l’étude de la HETS Genève montre que l’aide aux victimes reste trop peu connue. La Conférence régionale LAVI de Suisse latine recommande de renforcer les efforts visant à rendre l’information pour le grand public plus accessible et facile à comprendre, mais aussi de mieux former les professionnel·le·s, en particulier des domaines de la santé, du social et du droit, sur l’aide aux victimes, afin d’améliorer leurs compétences de détection et de prise en charge des personnes concernées.
Le renforcement des moyens permettant de promouvoir les bonnes pratiques et les initiatives innovantes a également été abordé, par exemple concernant les modalités d’audition des victimes, favorisant leur sécurité et le respect de leur parole, ou encore les mesures concrètes adoptées sur le terrain pour permettre aux victimes de comprendre leurs droits fondamentaux et de faire des choix en conséquence.
Enfin, certaines recommandations de la Conférence régionale LAVI visent à encourager des projets de réforme de la Loi fédérale sur l’aide aux victimes d’infractions ou du code de procédure pénale. Il s’agirait, par exemple, de pouvoir accorder aux victimes le droit de bénéficier d’un défenseur dès le moment du dépôt de plainte, de façon similaire à ce qui existe aujourd’hui pour les prévenu·e·s d’infraction grave et d’élargir les critères d’octroi de l’aide immédiate de la LAVI dans ce but.
(Source : communiqué de presse)
Le « Lab. Histoire de la sécurité sociale » est la première plateforme d’apprentissage en ligne sur la sécurité sociale. Gérée par un large partenariat d’acteurs, la plateforme reflète l’état actuel de la recherche portant sur l’État social.
Les thèmes de la sécurité sociale, de la politique sociale et de l’État social ne sont abordés que de manière marginale dans les plans d’étude en Suisse. Il n’existe, dès lors, que peu d’outils didactiques à la disposition des enseignantes et enseignants qui souhaitent traiter l’histoire complexe de l’État social suisse et son évolution. Pourtant, l’importance sociale et politique de la sécurité sociale ne cesse de croître. C’est à la suite de ce constat que la plateforme d’apprentissage « Lab. Histoire de la sécurité sociale » a été développée.
Axés sur les plans d’étude en vigueur, les contenus de la plateforme peuvent être utilisés dans des branches telles que l’économie et le droit, l’histoire, le travail social ou la sociologie. Disponible en allemand, français et italien, la plateforme est régulièrement actualisée.
Cette ressource éducative libre met à la disposition du corps enseignant des gymnases et des écoles professionnelles (niveau secondaire II) du matériel didactique sur les principaux risques couverts par l’État social : pauvreté, chômage, vieillesse, maladie et accidents. La plateforme propose non seulement des exercices de recherche, mais aussi un vaste matériel didactique, y compris des documents de référence. De plus, les enseignantes et enseignants y trouveront des conseils didactiques pour chaque unité d’enseignement.
Le contenu de la plateforme d’apprentissage reflète la recherche actuelle sur l’État social et constitue un complément didactique au site Internet qui existe depuis dix ans : Histoire de la sécurité sociale en Suisse.
Les deux plateformes sont gérées par un partenariat entre les Universités de Bâle et de Zurich, la Haute école spécialisée de Suisse occidentale, les Hautes écoles pédagogiques des cantons de Berne et de Vaud ainsi que l’Office fédéral des assurances sociales. Elles ont été réalisées à l’aide de subsides provenant du Fonds national suisse (FNS), via l’instrument Agora. Un partenariat thématique a également été mis en place avec iconomix, la plateforme d’apprentissage en ligne consacrée à des thèmes économiques de la Banque nationale suisse.
(Source : communiqué de presse)
Voir la plateforme « Lab. Histoire de la sécurité sociale »
Dans le cadre du programme de prévention du surendettement « Parlons Cash », le Canton de Vaud propose un serious game de survie narratif basé sur des faits réels et des témoignages.
Le surendettement peut toucher tout le monde sans distinction d’âge, de genre, de formation, de condition sociale ou de revenu. Les problèmes d’argent sont souvent la conséquence des imprévus de la vie (ex. accident, naissance, perte d’emploi, maladie, etc.). Till Next Bill est un jeu sérieux qui invite les joueur·se·s à se mettre dans la peau d’un personnage confronté à différents défis de gestion d’argent.
Dans ce jeu gratuit, sur mobile, les décisions prises impactent les événements qui se produisent ensuite et sur la réussite ou non du jeu. Ce jeu sérieux est né des besoins des jeunes et de leur ressenti vis-à-vis des campagnes de prévention du surendettement. Selon leurs retours, ce public recherche plus d’interactivité et de mise en situation dans les actions de prévention.
Le but de Till Next Bill est de toucher un maximum de jeunes afin de les placer dans des situations de vie où les questions d’argent sont centrales. Si les objectifs sont multiples, les principaux sont de briser le tabou autour des questions d’argent, de s’entraîner à la résolution de problème, de se confronter à l’endettement, au surendettement et aux difficultés qui en découlent et enfin de les inciter à demander de l’aide.
Par l’approche de gamification, l’idée est de mieux visibiliser et faire connaître les services à disposition des 15-25 ans (et des moins jeunes) en risque de surendettement. Dans une étude menée sur un panel de jeunes en 2021, il est apparu qu’un jeune sur cinq ne parle à personne des problèmes d’argent auxquels il ou elle se retrouve confronté·e. Till Next Bill a aussi l’ambition d’atteindre d’autres publics-cibles que les campagnes d’information et de prévention du surendettement habituelles soit, au-delà des jeunes en difficulté financière, leurs amis, leurs parents, les professionnel·le·s de l’éducation ou de l’encadrement des jeunes, le grand public et les médias.
Ce projet vaudois a été réalisé avec un studio de jeu de référence et un large groupe composé de spécialistes de la prévention, d’expertes et d’experts de l’éducation scolaire et extrascolaire, ainsi que de membres de la Commission de jeunes et d’autres partenaires de l’État. Destiné aux 15-25 ans, Till Next Bill s'adresse principalement aux jeunes adultes en fin de formation ou dans leurs premières années de travail. Il pourra être également utilisé dans les lieux de formation de la fin de la scolarité obligatoire et surtout dans les écoles professionnelles, les gymnases, les hautes écoles mais aussi en dehors des lieux de formation.
Cette utilisation sera facilitée par la mise à disposition d’une fiche pédagogique pour le corps enseignant, les animatrices et animateurs socioculturels et éducatrices et éducateurs de proximité.
Ce jeu est gratuit et disponible en quatre langues (français, anglais, allemand et italien), il ne nécessite ni création de compte, ni téléchargement. Conçu pour les téléphones mobiles, on peut aussi y jouer sur tablette ou ordinateur.
(Source : communiqué de presse)
Problèmes de surendettement ?
Ressources vaudoises : Programme cantonal « Parlons Cash », son site (www.parlons-cash.ch) et sa ligne d’appel gratuite (0840 43 21 00).
Selon la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse, une meilleure participation des enfants et des jeunes à la vie politique et sociale passe par un éveil de leur intérêt dès l’école.
La société et le système politique suisse reposent sur l’engagement et la participation de la population. Or, l’éducation à la citoyenneté consiste précisément à donner aux enfants et aux jeunes les compétences qui leur permettront de se renseigner et de se forger leur propre opinion de sorte à pouvoir exercer leurs droits démocratiques et participer à la vie politique et sociale.
Dans un communiqué publié ce lundi 21 août, la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ) se dit convaincue que le fonctionnement durable de la démocratie suisse dépend de l’éducation à la citoyenneté des enfants et des jeunes. Connaître les rouages du système politique et disposer des compétences nécessaires telles que la tolérance, le respect, le sens du compromis et du consensus, tout comme la capacité à gérer les conflits et les débats pluralistes, contribue à renforcer l’engagement social. À son tour, cet engagement enrichit l’éducation à la citoyenneté. Éveiller l’intérêt des jeunes pour la politique est une condition essentielle au développement de cette dynamique positive. En effet, c’est souvent parce qu’ils et elles s’intéressent à un thème donné que les jeunes ont envie de s’engager. Il est donc crucial que l’éducation à la citoyenneté fasse le lien avec la réalité et le quotidien des jeunes.
Les actuels plans d’études régionaux représentent une base solide sur laquelle développer, dans le cadre scolaire, une éducation à la citoyenneté efficace. Une étude de la CFEJ datant de 2022 montre pourtant que les jeunes souhaitent une éducation à la citoyenneté harmonisée à l’échelle du pays et enseignée plus précocement. Il faut reconnaître le rôle central joué par les enseignantes et enseignants. Leur formation initiale et continue en matière d’éducation à la citoyenneté doit notamment être renforcée, estime la CFEJ.
Les offres non formelles, comme celles proposées par les associations de jeunesse, les parlements d’enfants ou de jeunes ou encore l’animation socioculturelle, jouent déjà aujourd’hui un rôle important dans le paysage suisse de l’éducation à la citoyenneté dont elles constituent un pilier important. Elles doivent cependant être ouvertes à toutes et tous. Il faut donc commencer par identifier les difficultés d’accès, avant de si possible les éliminer. Il importe également de développer des offres viables dans les régions rurales et périphériques, ce qui implique d’en garantir le financement.
Par ailleurs, le bénévolat joue un rôle social important et renforce durablement l’éducation à la citoyenneté. La CFEJ estime donc qu’il est fondamental de reconnaître et de soutenir les diverses formes d’engagement politique et social des enfants et des jeunes afin de les pérenniser.
Au cours de l’actuelle législature, la CFEJ a traité de manière approfondie la question de la participation politique des enfants et des jeunes. Outre une étude sur les formes de participation politique et la motivation des jeunes à s’engager, ainsi que l’élaboration de recommandations relatives au renforcement de la participation politique, elle s’est exprimée à plusieurs reprises sur la question du droit de vote à 16 ans. Cette position sur l’éducation à la citoyenneté vient compléter ces travaux.
(Source : communiqué de presse)
Consulter le document « Education à la citoyenneté en Suisse ; position de la CFEJ ». Berne, août 2023, 21 pages
Le CHUV a développé « Smaart », une application permettant de limiter la consommation d'alcool chez les jeunes utilisateurs·trices. Efficacité démontrée auprès de la communauté étudiante de l'UNIL, l'EPFL, l'EHL et l'HESAV.
Malgré que l’ingestion d’alcool demeure l’une des principales causes de morbidité et de mortalité chez les jeunes, une consommation à risque est fréquente chez les étudiant·e·s. En vue d’intervenir de façon précoce, le Service de médecine des addictions du Département de psychiatrie du CHUV innove en créant une application gratuite pour smartphones.
Nommée « Smaart », cette application a été développée avec la participation d’étudiant·e·s de l’Université de Lausanne, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, de l’Hospitality Business School (Lausanne) et de la Haute École de Santé Vaud. Disponible gratuitement sur les plateformes de téléchargement, elle évalue la consommation des utilisateurs·trices et leur signale si cette dernière présente des risques pour la santé.
L’efficacité de Smaart a été évaluée auprès de 1'770 étudiant·e·s volontaires de ces quatre écoles vaudoises. Deux mesures ont été étudiées chez ces participant·e·s : le volume total d’alcool consommé et le nombre de jours de consommation excessive, à savoir quatre verres ou plus dans la même journée pour les femmes et cinq verres ou plus pour les hommes.
Résultats : Smaart a permis de limiter la consommation d’alcool pendant les douze mois de l’étude (diminution du nombre de boissons alcoolisées consommées par semaine et diminution du nombre de jours de consommation excessive). Ces résultats viennent d’être publiés dans le prestigieux « British Medical Journal » (BMJ).
L’étude en question, menée par le Service de médecine des addictions et financée par le Fonds national suisse (FNS), est l’une des premières à montrer l’efficacité d’une application de prévention sélective pour la consommation d’alcool à risque.
En plus de fournir des informations sur l’alcool, Smaart permet d’initier une réflexion sur sa consommation en monitorant cette dernière et son évolution au fil du temps, en la comparant à celles de personnes du même âge en Suisse, en évaluant les risques pour sa santé et en se fixant des limites à ne pas dépasser.
« Ce qui est intéressant avec cet outil digital, c’est qu’il propose une auto-évaluation de sa prise de risque en dehors du cadre d’une consultation, relève le professeur Nicolas Bertholet, médecin adjoint au Service de médecine des addictions du CHUV et premier auteur de l’étude. Il permet de diffuser un message de prévention à un large groupe de jeunes adultes, dont des personnes qui n’auraient pas forcément envie de parler de leur consommation d’alcool à quelqu’un, que ce soit un proche ou un professionnel. »
(Source : communiqué de presse, CHUV)
Lire l’article complet par dans le « British Medical Journal »
Contributeur régulier de REISO avec des recensions d’ouvrages, l’ancien médecin cantonal vaudois Jean Martin a fait l’objet d’un film Plans-Fixes. Vernissage le 19 septembre à la Cinémathèque suisse à Lausanne.
Homme aux facettes multiples, Jean Martin est passé de « serviteur de l’État » à personnalité engagée dans la désobéissance civile. « Je crois que la situation actuelle montre que nous sommes à un tournant qui n’est pas comparable à ce que nous avons connu dans le passé. (...) Nécessité fait loi », explique-t-il ainsi dans les premières minutes du film « Plans-Fixes » qui lui est consacré. Cette réalisation sera dévoilée le mardi 19 septembre 2023 à la Cinémathèque suisse, au Casino de Montbenon [1], puis disponible en libre accès sur le site de l’Association [2].
Médecin cantonal vaudois de 1986 à 2003, après avoir été l'adjoint de son prédécesseur dès 1976, Jean Martin s'est engagé dans des dossiers clés durant sa carrière au service de la santé publique : port obligatoire de la ceinture de sécurité, abaissement de l’alcoolémie au volant à 0,5 pour mille, arrivée du sida, crise de la listériose, prise de position sur les politiques liées à la toxicomanie. Le professionnel de la santé a également soutenu le développement de la santé sexuelle et du planning familial, ainsi que l'évolution de la santé en milieu scolaire. En outre, il a siégé, sur nomination du Conseil fédéral, à la Commission nationale d'éthique pour la médecine humaine.
Auteur prolifique, l’ancien membre du Parti radical-démocratique et membre de l’Assemblée constituante vaudoise évoque, tout au long des 50 minutes du film en noir et blanc, les grands sujets de sa vie. Il se remémore ainsi son enfance, liée à la nature et aux saisons, passée au cœur du domaine vigneron familial, à Echandens. De ces jeunes années, il se souvient d’une éducation « marquée par une bonne tolérance » et fortement ancrée dans la culture religieuse. « Un milieu chaleureux, d’où je tire des valeurs fortes », précise-t-il.
Médecine, écologie, religion, politique,... Outre ces grands sujets marquants de son existence, Jean Martin se souvient aussi de ses études, se confie sur la rencontre avec sa future épouse, Laurence Monod, lorsqu’il était moniteur pour de jeunes Parisien·ne·s venu·e·s en camp de ski, et se rappelle ses missions professionnelles à l’étranger, comme ces deux années passées dans un hôpital péruvien, dans la forêt vierge amazonienne.
Désormais fortement engagé en faveur d’un tournant écologique, notamment à travers le mouvement des Grands-parents pour le climat, il revient sur le sujet en fin de film. « On voit bien que le système libéral est en bout de course, c’est une glissade vers le chaos », estime-t-il. « Il faut que le monde change, on ne s’en sortira pas si on ne réinjecte pas beaucoup plus, dans le fonctionnement de la société, une attention à l’autre, un intérêt pour l’autre et pour son bien-être. » Et de ne pas mâcher ses mots : « Une de mes souffrances, j’ose un grand mot, c’est de voir comment, depuis le début de ma carrière, les inégalités n’ont cessé de croître. » Lui qui pensait, à son arrivée au service de la santé publique, que les inégalités allaient être gommées rapidement a dû, avec peine, se rendre à l’évidence : « Notre système ne permet pas de les résoudre, à l’intérieur des pays et entre les pays. »
(Céline Rochat)
[1] « J’aime ce monde, il faut le changer », Plans-Fixes avec Jean Martin, Casino de Montbenon, Lausanne, mardi 19 septembre 2023, 18 h, en présence de Jean Martin. Entrée libre.
[2] Depuis 1977, l’Association Films Plans-Fixes part à la rencontre de personnalités suisses, qui sont interviewées dans des films tournés en cinq plans fixes et en noir et blanc, en un seul lieu et sans que le ou la journaliste ne soit visible. Voir le site de l’Association
Pour Rahma Bentirou Mathlouthi [1], face aux vulnérabilités climatiques, les instances politiques devraient reconnaître la fragilité des peuples et des écosystèmes. Le point en trois questions.
[2] », vous êtes également juriste de formation et vous occupez des questions de durabilité à la HETS Fribourg. Pourquoi vous êtes-vous intéressée au concept de vulnérabilité ?
(REISO) Rhama Bentirou, Mathlouthi, vous avez dirigé la publication de « Vulnérabilité(s) environnementale(s)(Rahma Bentirou Mathlouthi) Dans le cadre d’un travail de recherche effectué à l’Université de Barcelone entre 2020 et 2022 et soutenu par le Fonds nationale suisse, je me suis penchée sur la question de la vulnérabilité environnementale. Cette notion est récurrente dans les discours institutionnels et politiques, mais elle reste très floue. C’est un concept vague qui traverse plusieurs disciplines. La définition fournie dans cet ouvrage collectif est celle d’un état de fragilité de l’environnement face à des menaces d’origine anthropique, naturelle ou climatique et également celle de la fragilité humaine liée à l’environnement.
En réalité, il n’y a pas qu’une mais bien plusieurs vulnérabilités car elles prennent des formes très diverses. Par exemple, les atteintes à l’écosystème des récifs de Polynésie française. Ou encore les problèmes des peuples autochtones d’Amérique latine qui sont forcés de quitter leurs terres pour des raisons climatiques, en abandonnant ainsi leurs ressources et leurs savoirs. Il y a aussi le modèle d’agriculture familiale au Brésil qui est menacé par les effets du réchauffement. Les femmes ne trouvent plus d’eau près de leur exploitation et doivent se déplacer. Non seulement, elles risquent de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de leurs enfants, mais en s’éloignant elles sont parfois victimes de violences. Cet exemple, parmi d’autres, montre bien à quel point la notion de vulnérabilité est capable de mobiliser différents acteurs de la société civile et des instances politiques à une échelle nationale et internationale. Elle crée des synergies pluridisciplinaires et conceptuelles inévitables entre les sciences sociales, justice, droits humains, nature, société, économie. C’est pour cela qu’il faut une réponse globale à ces problématiques. Chercheur·euse·s, juristes, scientifiques, économistes doivent travailler de concert pour une meilleure appréhension du concept de vulnérabilité et de ses fonctions et ainsi trouver des solutions pour réduire les situations de fragilité environnementale et humaine.
Les vulnérabilités doivent-elles être davantage reconnues juridiquement ?
Sans aucun doute et les choses commencent à bouger, bien que très lentement. La meilleure illustration est la mise en œuvre progressive de la notion de « justice climatique » qui est abordée dans le préambule de l’Accord de Paris de 2015. Cette reconnaissance internationale et officielle devrait permettre de protéger les droits humains des personnes fragilisées par le réchauffement climatique. Désormais, elles doivent avoir accès aux informations concernant les projets susceptibles d’avoir un impact sur leur environnement, elles peuvent participer aux décisions qui concernent de tels projets et enfin elles ont accès à la justice pour réparer les torts qu’elles auraient subies.
Il y a d’ailleurs eu un exemple récent en Suisse de la mise en œuvre de la justice climatique. Des femmes de plus de 65 ans, regroupées au sein de l’association Ainées pour la protection du climat, ont accusé la Confédération d’être responsables de leurs problèmes de santé liés aux émissions de C02. Elles se sont identifiées comme un groupe vulnérable et demandent des comptes à la Suisse. En mars 2023, elles ont déposé une plainte en ce sens à la Cour européenne des droits de l’Homme. Il n’y a pas encore eu de décision définitive, mais les juges sont sensibles à leurs arguments et surtout à considérer les personnes âgées comme étant un groupe vulnérable aux effets des changements climatiques.
Que peuvent faire concrètement les gouvernements pour les peuples fragilisés par les changements climatiques ?
Plusieurs actions sur le terrain sont déjà proposées par les différentes aides humanitaires. Il faudrait cependant aller plus loin et reconnaître le statut de réfugié·e climatique. Malheureusement, les pays ne veulent pas s’aventurer sur ce terrain car ils craignent une augmentation des demandes d’asile basées sur une menace ou une urgence climatique. Aujourd’hui, on reconnaît uniquement les réfugié·e·s de guerre, mais un grand nombre de personnes doivent fuir leur pays à cause des dégâts engendrés par le dérèglement du climat. Heureusement la diplomatie environnementale et la solidarité internationale agissent déjà, mais une réponse juridique englobante, systémique et respectueuse des droits humains et de notre écosystème s’impose face aux vulnérabilités climatiques.
(Propos recueillis par Yseult Théraulaz)
[1] Rahma Bentirou Mathlouthi est docteure et professeure à la Haute École de Travail social Fribourg où elle s'occupe également des questions de durablitié (HES-SO).
[2] « Vulnérabilité(s) environnementale(s) », Rahma Bentirou Mathlouthi et Adélie Pomade (dir.), Ed. Harmattan, 2023, 622 pages.
Un livre aborde la notion de frontières entre le domaine du social et du médical, et met en lumière les enjeux d’une meilleure coopération. Interview croisée des trois directeur·trice·s de la publication.
L’intervention sociale aux frontières du médical [1] est un recueil de textes qui décrit les interactions multiples, parfois complexes, entre deux domaines amenés à travailler en complémentarité. Des améliorations bénéfiques aux patient·e·s comme aux professionnel·le·s issu·e·s de ces deux secteurs se dessinent au fil des pages.
(REISO) Plusieurs situations décrites dans l’ouvrage que vous avez dirigé montrent une hiérarchisation importante entre le secteur médical et celui du travail social. Pourquoi la figure du médecin est-elle si forte, au détriment de celle du ou de la travailleur·euse social·e ?
[2]) L’origine de cela est avant tout historique. Le travail social est en partie issu du monde médical. Les deux domaines partagent un vocabulaire commun : diagnostic médical ou social, plan de soins ou d’aide. Par exemple, les assistantes sociales étaient, dans la première moitié du XXe siècle, celles qui assistaient le médecin sur la partie sociale de la problématique médicale.
(Yvette MolinaComment faire bouger les mentalités afin que le domaine social soit davantage valorisé et reconnu ?
(Yvette Molina) C’est avant tout un travail politique. Alors que le prestige médical est bien ancré dans les mentalités, celui des métiers du social est faible. Il faudrait une meilleure reconnaissance de ceux-ci.
(Françoise Tschopp [3]) Il suffit de comparer les salaires entre un·e infirmier·e et un·e assistant·e social·e en Suisse pour voir qu’il y a un grand déséquilibre de statut. L’une des pistes seraient de promouvoir des formations communes. Lors de la création des Hautes écoles spécialisées, il y a eu un débat pour savoir si un tronc commun entre les soins et le social allait être créé. Finalement, cela ne s’est pas fait. Cependant, en formation continue, certaines initiatives de ce genre sont prises et permettent une meilleure connaissance des pratiques de chacun des domaines.
Au-delà des instances publiques et politiques, quelles actions peuvent être mises en place sur le terrain pour une verticalisation moins importantes entre ces deux domaines ?
(Yvette Molina) Plusieurs initiatives de coopération se créent spontanément dans certaines institutions car les professionnel·le·s se rendent bien compte de leur complémentarité et du besoin de croiser leurs pratiques. Une meilleure collaboration et une moins forte hiérarchisation passent par une acculturation réciproque et cela dès la formation. A titre d’exemple, les futur·e·s travailleur·euse·s sociaux·ales sont amené·e·s à faire un stage dans un établissement médical, alors que la réciproque n’existe pas : les futur·e·s soignant·e·s ne vont pas passer du temps dans un foyer ou un centre d’accueil pour personnes vulnérables.
Quels sont les domaines où le médical et le social travaillent déjà de manière plus horizontale ?
[4]) Dans certains services, l’horizontalité fonctionne mieux que dans d’autres, notamment dans ceux qui s’occupent de publics très précaires. Les généralistes, par exemple, y sont très en contact avec les métiers du social. Ils et elles travaillent souvent main dans la main. Ce n’est en revanche pas le cas en santé mentale, où les psychiatres ont du mal à partager leur pouvoir. A noter que, dans certains cas, la tendance est inversée. Je pense notamment aux jeunes médecins qui sont parfois très content·e·s de pouvoir s’appuyer sur l’expérience des professionnel·le·s du social.
(Jean-François GasparLa pandémie a montré qu’il y a pénurie de ressources dans les deux secteurs. Pensez-vous qu’elle ait permis de redorer le blason des métiers du social ?
(Yvette Molina) Malheureusement pas. Alors que le personnel soignant était acclamé aux fenêtres pour son travail, les travailleur·euse·s sociaux·ales n’étaient pas considéré·e·s. Elles et ils étaient pourtant au front, par exemple, à la suite de l’augmentation des violences conjugales, à la multiplication des problèmes psychologiques, à l’isolement et ses conséquences. Là encore, ils et elles ont subi un déficit de reconnaissance.
(Jean-François Gaspar) La pandémie n’a pas changé grand-chose. Partout en Europe, il existe une pénurie de travailleur·euse·s sociaux·ales et médico-sociaux·ales. Il devient de plus en plus difficile de trouver du personnel car il n’est pas soutenu, il est parfois même discrédité. Les gens oublient tout ce qu’ils apportent socialement. Il suffit de s’attarder sur les récents événements en France avec les jeunes auteurs et autrices de troubles dans l’espace public. Le gouvernement s’accorde à dire qu’ils et elles doivent être pris en charge par les services sociaux, mais on oublie que les mesures éducatives préventives ont été supprimées pour des raisons économiques, alors que c’est bien moins cher de prévenir que de réparer !
(Françoise Tschopp) La détresse post-Covid à Genève a entraîné un manque de personnel dans les services de psychiatrie, désormais surchargés. Les professionnel·le·s du domaine médical et de celui social sont épuisé·e·s. Cependant, dans de petites structures, certaines initiatives d’interdisciplinarité voient le jour. Elles devraient améliorer le travail de coopération et, par voie de conséquence, la prise en charge de la patientèle.
Votre ouvrage va-t-il permettre de faire avancer la cause des métiers du social ?
(Yvette Molina) Les nombreux textes présentés dans le livre retracent des situations vécues en Suisse, en France, en Belgique et au Canada. Ils contribuent à rendre visible des problématiques, tout comme des ajustements que les personnes intéressées ne connaissant pas forcément. C’est aussi en attirant l’attention que les choses peuvent bouger. Notre livre parle de frontières, mais elles ne sont pas fermées. Elles doivent permettre la circulation des savoirs et des pratiques.
(Propos recueillis par Yseult Théraulaz)
Un vernissage du livre est prévu le 2 octobre à la Haute école de travail social de Genève. Plus d’infos
[1] L’intervention sociale aux frontières du médical, sous la direction de Jean-François Gaspar, Yvette Molina et Françoise Tschopp, Ed. Ies, 2023, 208 pages.
[2] Yvette Molina est docteure en sociologie, directrice du Centre de recherche d’ASKORIA en Bretagne et chercheuse associée au Centre Maurice Halbwachs, à Paris.
[3] Françoise Tschopp est titulaire d’un Master en sciences de l’éducation. Elle a été responsable de la formation continue et chargée d’enseignement à la Haute école de travail social de Genève.
[4] Jean-François Gaspar est docteur en sociologie et responsable du Centre d’études et de recherches en ingénierie et actions sociales, à Namur. Il est également chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, à Paris.
Les personnes atteintes de fibromyalgie font encore face à un manque de reconnaissance de la société. Une publication vise à renforcer la compréhension de la maladie et tient lieu de guide.
Des douleurs étendues dans les muscles, les tendons et les articulations, des problèmes de sommeil, un épuisement chronique et des troubles cognitifs : ce ne sont là que quelques symptômes parmi une centaine d’autres du syndrome de fibromyalgie. La médecine n’est pas en mesure d’attribuer des lésions organiques, des processus auto-immuns ou d’autres processus pathologiques objectifs à la souffrance subjective des personnes concernées.
Trop de personnes concernées entendent encore qu’elles sont en bonne santé ou qu’elles ont une dépression. Effectivement, trois personnes sur quatre atteintes de fibromyalgie souffrent d’une dépression latente ou marquée. Des troubles anxieux ou de l’agressivité peuvent également survenir. Mais ils correspondent à des schémas de réaction émotionnels face à des conditions de vie compliquées, empruntes de douleurs, de problèmes, d’incompréhension et d’isolement social. La fibromyalgie n’est pas en soi une maladie psychique.
Selon l’OMS, la fibromyalgie ne relève pas du rhumatisme. L’Organisation mondiale de la santé l’a classée en 2022 dans le groupe nouvellement créé des douleurs chroniques primaires. Cette classification (CIM-11) ne change cependant rien au fait que les personnes concernées sont généralement suivies par un·e rhumatologue. Il y a également de la nouveauté concernant le diagnostic. À la différence des lignes directrices précédentes, la fibromyalgie ne constitue plus un diagnostic d’exclusion. Cela signifie que la fibromyalgie peut être diagnostiquée seule ou en complément d’autres diagnostics.
Pendant longtemps, le traitement de la fibromyalgie suivait un plan par étapes, commençant par la formation des patient·e·s. Toutefois, la littérature scientifique des cinq dernières années confirme les avantages d’un traitement multimodal. Il comprend, dès le début, un traitement ou un conseil psychologique, des activités physiques et des entraînements, un traitement médicamenteux ainsi que des soins complémentaires, y compris ceux de la médecine empirique. En principe, tous les traitements et toutes les formes d’autogestion qui soulagent les symptômes de la fibromyalgie de manière avérée et qui freinent la chronification de la maladie entrent en ligne de compte.
Les personnes atteintes d’une fibromyalgie et actives professionnellement rencontrent souvent des difficultés avec l’assurance-invalidité mais aussi avec la caisse-maladie ou l’assurance perte de gain. La Ligue suisse contre le rhumatisme recommande une détection précoce AI préventive et que les personnes concernées exploitent toutes les possibilités de rester actives professionnellement. Il est souvent possible d’adapter les conditions de travail. Le conseil social gratuit de certaines ligues cantonales ou régionales contre le rhumatisme, ainsi que le conseil juridique de Procap, Inclusion-Handicap et Pro Infirmis proposent un soutien professionnel.
Télécharger ou commander la nouvelle brochure (disponible en français, allemand et italien)
Un document donne les informations de base aux personnes concernées par ce trouble, directement ou en tant que proche. Il compte également des ressources utiles en matière de diagnostic, vie sociale, assurances, santé et bien-être.
L’autisme est un trouble qui se manifeste sous des formes très différentes. Certaines personnes ont des déficiences intellectuelles associées, alors que d’autres sont dotées d’un potentiel intellectuel supérieur. Il n’est donc pas toujours simple de comprendre un trouble du spectre autistique (TSA), au vu de sa complexité.
Autisme suisse romande vient de publier un guide [1] clair et accessible pour évoquer ce trouble développemental d'origine biologique dont la prévalence est passée, selon ce document, de 1 sur 150 à 1 sur 40. L’ouvrage s’adresse aux personnes directement concernées ou suspectant de l'être ainsi qu'à leurs proches.
Le guide commence par expliquer les deux critères qui permettent de poser un diagnostic : une altération de la vie sociale et un modèle restreint et répétitif de comportements. Ces deux dimensions doivent être présentes depuis le début, même si elles sont parfois masquées, et entraîner une altération du fonctionnement de l’individu.
L’ouvrage aborde également les questions relatives à la vie sociale et professionnelle, à l’autonomie, à la santé. Il évoque encore les soutiens possibles, qu’ils soient financiers ou psychologiques. Rédigé de manière claire, cette ressource compile enfin plusieurs liens vers des associations, des publications et différentes aides possibles.
Le guide peut être commandé ou téléchargé gratuitement sur le site d'autisme suisse romande.
(Yseult Théraulaz)
[1] « Autisme, guide adultes Romandie », par Nathalie Quartenoud, Valérie Cuénoud et Fabienne Clément, édité par autisme suisse romande, Lausanne 2023, 20 pages.
Une pénurie d’expert·e·s qualifié·e·s entraîne de longs délais d’attente pour les assuré·e·s de l’assurance invalidité, selon une analyse statistique de 2022. Un article récemment publié par Sécurité sociale CHSS tire la sonnette d’alarme.
Depuis des années, l’assurance-invalidité (AI) est confrontée à une pénurie d’expert·e·s. Il en résulte souvent de longs délais d’attente avant que les mandats puissent être attribués. C’est ce que montrent les données statistiques analysées par Sécurité sociale (CHSS), une publication en ligne de l’Office fédéral des assurances sociales. L’article précise que ces dernières ne sont toutefois disponibles que pour les expertises impliquant deux ou plusieurs disciplines (expertises bi- ou polydisciplinaires).
En 2022, il restait encore environ 1’600 mandats en suspens à la fin du mois de décembre. Ce fait résulte du retard accumulé durant les années précédentes et encore non résorbé, puisque le nombre de demandes d’expertises a dépassé le nombre de mandats attribués. De plus, l’activité des expert·e·s a dû être en partie suspendue en 2020 durant la pandémie de Covid-19. En ce qui concerne les expertises bidisciplinaires, environ 500 mandats étaient en attente d’être distribués.
Divers éléments émergent de l’analyse : en Suisse romande, l’insuffisance d’expert·e·s dans les centres a déjà été constatée lors de la mise en fonction de la plateforme d’attribution en 2012 et les délais d’attente ont toujours été longs. La complexité des cas influe sur la durée de l’attente : les expertises qui nécessitent de nombreuses disciplines enregistrent un délai d’attribution supérieur aux mandats plus simples. Des mandats nécessitant l’intervention d’expert·e·s de disciplines considérées comme rares (gastroentérologie, gynécologie et infectiologie par exemple) peuvent, pour leur part, rester bloqués sur la plateforme pendant de très longues périodes.
En 2022, les offices AI ont mandaté au total 11’293 expertises médicales, pour un montant de plus de 87 millions de francs. Quelque 86 % des mandats d’expertise monodisciplinaire attribués avaient pour discipline la psychiatrie et psychothérapie. Cette discipline est la plus demandée dans toutes les régions linguistiques. Quant aux mandats d’expertises bidisciplinaire, 1'354 ont été attribués aux centres d’expertises et 649 aux binômes d’experts. Dans 97% des mandats attribués aux binômes d’expert·e·s, la psychiatrie et psychothérapie fait partie de l’une des deux disciplines demandées. Le plus souvent, la deuxième discipline est la rhumatologie, la chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur, la médecine interne générale ou la neurologie. La psychiatrie et psychothérapie prennent également une part importante dans les expertises pluridisciplinaires (94 % des mandats déposés).
(CROC, avec Sécurité sociale CHSS)
Lire l’article complet « Expertises AI : la pénurie de médecins entraîne des temps d’attente », publié le 3 juillet 2023
La pénurie de professionnel·le·s formé·e·s en travail social représente un défi majeur pour l’accompagnement des publics concernés et le maintien de la cohésion sociale. Deux écoles vaudoises renforcent leurs collaborations.
Nombreuses et nombreux sont les jeunes Vaudois·es ou les professionnel·le·s en emploi intéressé·e·s à acquérir une formation dans le domaine du travail social. L’ARPIH et la HETSL s’engagent fortement à l’échelle cantonale pour répondre aux difficultés de recrutement dans les institutions, en particulier dans les établissements socio-éducatifs, dans le domaine du handicap, de la protection de l’enfance, dans le champ de la vieillesse et dans les institutions en lien avec la crise migratoire, où les équipes doivent souvent gérer un nombre croissant de bénéficiaires.
Les deux écoles ont ainsi décidé de renforcer leurs collaborations dans un esprit de complémentarité, notamment en publiant conjointement la brochure « Se former en travail social ». Ce document présente les formations des deux écoles qui préparent à des métiers de l’humain enrichissants, bénéficiant d’une forte employabilité dans une large palette d’institutions, de services et d’associations, à plein temps, à temps partiel ou en cours d’emploi.
Le domaine du travail social offre une diversité de formations à tous les degrés du système éducatif suisse. Que ce soit en éducation sociale, en animation socioculturelle, en service social ou en maîtrise socioprofessionnelle, ces formations présentent des différences et des similitudes. Et comme il n’est pas toujours aisé de saisir les spécificités de chacune d’entre elles, la brochure veut informer sur les formations du social dans le degré tertiaire, les emplois et les perspectives professionnelles et post-diplômes. Elle ambitionne d’orienter les choix, tant des personnes intéressées que des employeuses et employeurs, et de créer des passerelles entre les différentes formations proposées.
Cette publication est l’une des concrétisations de la collaboration entre l’ARPIH et la HETSL qui s’inscrit pleinement dans les recommandations de la Confédération et du Canton de Vaud en termes de perméabilité, de flexibilité et de renforcement de la collaboration entre les hautes écoles et les prestataires de la formation professionnelle supérieure. Une meilleure reconnaissance des actrices et acteurs du secteur et une vision intégrée du système de formation et de l’apprentissage tout au long de la vie sont visées dans ce cadre.
(Source : communiqué de presse)
Parfois controversé, le scientifique Ernst Zuercher signe un ouvrage questionnant notamment le lien des humains à la terre, et l’ouverture de la science —encore trop timide à ses yeux— à des phénomènes jusqu’à peu relayés au rang de croyances.
Recension par Jean Martin
L’ingénieur forestier et enseignant dans plusieurs Hautes Écoles, Ernst Zuercher, est une personnalité qui, après avoir œuvré discrètement, est aujourd’hui très présente, y compris médiatiquement. Chercheur au contact intime de la nature, il s’intéresse assidûment aux relations des végétaux, particulièrement les arbres, avec les êtres humains ainsi qu’entre les éléments, notamment l’influence de la lune sur leur vie et croissance.
D’abord considéré avec réserve — pour ne pas dire incrédulité —, il voit maintenant reconnaitre ses apports, y compris par des revues prestigieuses. Son ouvrage « Les arbres, entre visible et invisible — S’étonner, comprendre agir » (Actes Sud, 2016), est un succès de libraire, récemment réédité.
Publié dernièrement, Le pouls de la Terre [1] est le récit d’une trajectoire personnelle, humaine et scientifique, marquée par son attrait pour la forêt. Ce fils de fromager né dans le Jorat y narre sa pratique pulsionnelle de la marche depuis l’enfance. Il témoigne de sa randonnée de 25 jours, à l’âge de 58 ans, entre la Suisse et la Méditerranée, passant par le massif de la Chartreuse et le col de la Croix-Haute pour arriver à La Ciotat.
Suivant ces éléments autobiographiques, les chapitres traitent du lien avec la nature. Ernst Zuercher y affirme l’importance de le faire revivre, du chant de cette nature, des rythmes de la terre, pour arriver au mystère des synchronicités observables (référence à C.G Jung). Il relate aussi l’expérience d’un arboriculteur de Floride, dont les récoltes d’agrumes s’améliorent par la diffusion dans les vergers de chants d’oiseaux. Il explore la résonance de Schumann, l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci, le nombre d’or et la série de Fibonacci, avant de proposer une conclusion philosophique intitulée « Retour à l’essentiel et à la joie ».
Ce qui retient l’attention, c’est la présentation de ce qui n’est pas saisi par la science « usuelle », ce qui a trop aisément été tenu pour des croyances paysannes, des rêveries voire des dérives du registre magique. « Une question qui m’accompagne de plus en plus est celle du juste rapport que nous humains devrions développer et cultiver avec la Terre. Face à l’ampleur et la gravité de l’impact humain dont elle souffre aujourd’hui, force est de constater que le lien autrefois naturel et vital est rompu » (p. 45).
Puis le botaniste de souligner l’importance de l’ouverture de la science contemporaine aux savoirs ancestraux :
« C’est grâce aux méthodes de la science moderne, mais ouverte à de tels sujets, que des vieux savoirs ont pu être réhabilités par la mise en évidence de phénomènes statistiquement significatifs. La thématique de la chronobiologie lunaire est devenue pour moi l’un de mes cœurs de métier de chercheur. Pour un scientifique marcheur, il est devenu évident que les liens entre les choses et entre les évènements ne peuvent se réduire à des rapports purement physiques de cause à effet, le passé étant supposé seul à conditionner le présent. Ne constate-t-on pas sur notre chemin des surprises inattendues, “bienveillantes” ? Le réductionnisme scientifique s’efforce d’expliquer un système par des sous-systèmes auxquels on a accès par la dissection par exemple (...) Un moyen majeur est d’appliquer la méthode par essais et erreurs. Les composantes du système sont supposées liées par des processus d’action et rétroaction de nature causale » (p. 52-53).
Pourtant…
Il écrit plus loin au sujet de la démarche d’acquisition de savoir non limitée par le paradigme mécaniste de l’impérialisme cognitif occidental. A ce sujet, il évoque l’anthropologue Jeremy Narby, qui a travaillé avec des chamanes amazoniens en rapport avec l’ayahuasca, ainsi qu’avec le curare, le paralysant utilisé en anesthésie. Contrairement à ce que la science classique postulerait, qu’il n’y a pas là, selon lui, des démarches essais-erreurs. Des entretiens avec les préparateurs de cette substance complexe, il ressort une origine mythique en lien avec un plan spirituel, et non pas expérimentale… (p. 54).
Surprenantes paroles, défrisantes... qu’on tend à écarter du dos de la main et auxquelles l’auteur de cette recension ne saurait formuler d’appréciation catégorique. Zuercher a toutefois le mérite d’affirmer l’insuffisante prise en compte, en science classique, de choses qui sont de l’ordre de facteurs et influences non encore « cataloguées », d’énigmes, voire de pratiques inspirées ! « J’ai une grande sympathie, dit-il, pour les “braconniers de la science” qui font de la résistance aux conventions et aux idées reçues ».
A ce sujet, il évoque le « chemin parcouru par la recherche médicale en lien avec les bienfaits de la forêt », faisant référence à la thérapie japonaise des bains de forêt — Shinrin-yoku (p. 61). Des chercheurs occidentaux aussi parlent maintenant de « Nature Deficit Disorder » ; empiriquement en tout cas, ce syndrome de manque de nature apparaît plus que plausible.
Finalement est abordée la question des co-bénéfices, thème majeur aujourd’hui à propos de relation entre santé, maladie et climat. « Cela amène la question du rôle que pourrait/devrait jouer l’humain dans la nature qui l’entoure et le traverse. Nous attendons d’elle de multiples bienfaits. A contrario, pourrait-on imaginer que la nature attende quelque chose de nous, dans un sens de coévolution qui veut qu’il y ait un équilibre entre le recevoir et le donner ? » (p. 72).
[1] Ernst Zuercher, « Le pouls de la Terre ». Éditions de la Salamandre, Neuchâtel, 2023, 139 pages
Un recueil de textes issus de multiples recherches explique les fondements de l’épidémiologie sociale et de ses enjeux actuels. Aperçu.
L’épidémiologie sociale est une discipline qui met à jour « le fait que l’espérance de vie ne peut dépendre uniquement de facteurs biologiques ou de choix individuels : elle est plus fondamentalement déterminée par des contextes socio-économiques qui relèvent de décisions collectives, et donc politiques. » Ainsi est-elle définie dans l’introduction du livre « Inégalités de santé » [1], paru au mois de mars sous la direction de Mathieu Arminjon, historien et philosophe de la médecine du soin, adjoint scientifique à la Haute école de santé Vaud (HES-SO).
Cet ouvrage est un recueil de textes écrits par des épidémiologistes, des historiens et philosophes de la médecine, des médecins, des professeur·e·s suisses et français·se·s et complété par des traductions d’écrits d’autres pays. Dense et très pointu, il s’adresse aux chercheur·euse·s en humanités médicales, aux professionnel·le·s de la santé mais aussi à un plus large public intéressé par cette vaste thématique.
Pourquoi les personnes qui se situent en bas de l’échelle sociale sont-elles en plus mauvaise santé ? Est-ce uniquement une question de manque d’accès aux soins et de bas revenus ? Ce n’est pas si simple : « (…) les différences socio-économiques en matière de santé ne se limitent pas à une mauvaise santé pour ceux qui sont en bas, et une bonne santé pour tous les autres. Bien davantage, il existe un gradient social de santé chez des individus qui ne sont pas pauvres : plus la position sociale est enlevée, meilleure est la santé. J’ai nommé́ cela « le syndrome du statut ». (…) Si l’on est privé d’un environnement propre et sûr, d’un travail satisfaisant, de possibilités d’obtenir une éducation de qualité́ pour ses enfants, et si l’on est soumis à la violence et aux agressions, il est plus difficile de jouir d’un contrôle sur sa vie ou d’être un acteur social au sens plein », explique le chercheur anglais en épidémiologie et en santé publique Michael G. Marmot.
Pour faire avancer la recherche et pour améliorer la santé de tous les individus, les auteurs et autrices espèrent que l’accès aux données de masse puisse être un allié. « On peut (…) souhaiter que l’ensemble des données socio-économiques à l’échelle individuelle et collective, contenues dans des bases de données diverses soient rendues accessibles et susceptibles d’être croisées avec des données environnementales, territoriales, comportementales, cliniques, biologiques ou encore relatives à l’accès aux soins. Un des enjeux pour l’épidémiologie sociale sera alors de parvenir à rassembler l’ensemble de ces données et de produire des résultats interprétables pour la santé publique dans le respect de la confidentialité́ et des libertés individuelles. »
Ce vaste chantier devrait être facilité grâce aux nouvelles technologies. Malheureusement, les données socio-économiques restent encore absentes des statistiques relatives au nombre et aux causes des décès, lesquelles sont rendues publiques dans l’Enquête santé suisse publiée tous les cinq ans.
(Yseult Théraulaz)
Accéder au livre en Open Access
[1] « Inégalités de santé – fondements historiques et enjeux contemporains de l’épidémiologie sociale ». Matthieu Arminjon (dir.), Georg Editeur, mars 2023, 330 pages
Dépression ou addictions peuvent se soigner avec du LSD ou d’autres drogues. Le corps médical s’y intéresse depuis maintenant plusieurs années.
[1] du 6 avril dernier, le professeur Daniele Zullino, chef du service d’addictologie aux Hôpitaux universitaires de Genève explique que des études internationales ont été menée et que : « On a les meilleures données pour le traitement des dépressions résistantes, de certains troubles anxieux (…) et des addictions. »
Certaines drogues psychédéliques peuvent-elles soigner ? C’est le constat que le corps médical fait du LSD, du MDMA (principe actif de l’ecstasy) et de la psylocibine (présente dans certains champignons hallucinogènes), entre autres. Ces substances peuvent jouer un rôle important vers la guérison des dépressions pour lesquelles les traitements classiques n’ont pas été efficaces. On parle alors de psychothérapie assistée par psychédéliques. Interviewé dans l’émission de la RTS Temps présentComment ça marche ? Pour simplifier, le « trip » psychédélique proposé sous supervision médicale [2] permet au patient ou à la patiente de sortir de ses ruminations négatives habituelles. Cela opère une sorte de redémarrage du cerveau. « On sait que ces substances-là augmentent la capacité du cerveau à changer de structure et de fonctionnement », poursuit le médecin dans l’émission.
Dans son numéro d’avril [3], le Bulletin des médecins suisses confirme l’intérêt du corps médical pour ces psychédéliques. On peut y lire ceci : « La psilocybine, le DMT (le principe actif de l’ayahuasca), la kétamine, l’ibogaïne et la mescaline font l’objet d’un nombre croissant d’études pour le traitement de troubles psychiques tels que la dépression, le stress post-traumatique ou encore l’abus de substances. Une soixantaine d’essais cliniques sont en cours autour du monde pour la psilocybine (…), une trentaine pour la MDMA et une dizaine pour le LSD. »
En ce qui concerne le LSD, une étude menée par l’Université de Bâle a déjà démontré que deux doses, moyennes à fortes, administrées à des patient·e·s ont contribué à atténuer les symptômes de dépressions moyennes à sévères.
La Suisse est en avance sur les autres pays. Depuis 2014, l’Office fédéral de la santé publique délivre des autorisations exceptionnelles pour l’usage de ces substances dans le cadre de traitements médicaux.
Pour rappel, le LSD a été découvert par hasard par le chimiste Albert Hofmann en 1943. A l’époque, cette substance semblait déjà prometteuse mais son trop grand succès en tant que drogue récréative l’a totalement discréditée aux yeux de la recherche, jusqu’à en interdire l’usage.
(Yseult Théraulaz)
[1] « Dépression, addiction, guérir grâce aux hallucinogènes », Émission Temps présent, 2023, 48 minutes
[2] Relaté par l’émission Haute fréquence (RTS La Première, 19 juin 2023), le témoignage d’un homme suisse-romand met en garde contre les risques d’absorption d’ayahuasca sans supervision médicale. Écouter l’émission
[3] Daniel Saraga, « Ces drogues qui guérissent ». Bull Med Suisses. 2023;104(1415):10-13
Comment limiter les dommages sur la santé des expériences négatives et autres traumatismes vécus durant l’enfance ? Un document donne des pistes d’action. Explications
La Société canadienne de pédiatrie s’est penchée sur la corrélation entre les expériences négatives vécues dans la petite enfance et les relations affectives saines qui se développent entre adultes et enfants.
Selon le document de cette institution : « Si les expériences négatives contribuent à expliquer les problèmes de santé ou de développement, la santé relationnelle précoce forge un parcours proactif pour les atténuer. » Ce terme décrit les « relations affectives entre les enfants et des adultes de confiance qui favorisent la santé et le développement, donne lieu à des expériences positives et peuvent tempérer les effets négatifs des traumatismes et de l’adversité. »
Parmi les expériences négatives listées par la société canadienne, il figure la maltraitance physique (abus sexuels, violences), la négligence tant affective que physique, mais aussi toutes les difficultés familiales qu’un·e enfant peut traverser : divorce, maladie, entre autres.
Le document insiste sur le rôle important des professionnel·le·s de la santé au moment du dépistage des problèmes de santé de l’enfant. Les clinicien·ne·s devraient ainsi intégrer une approche de santé relationnelle à toutes les rencontres médicales.
Comment ? Les moyens sont nombreux. Tout d’abord en déterminant les besoins de chaque famille et en lui proposant les programmes de soutien communautaire adéquats. En surveillant les signes de santé et de risques relationnels dans les interactions entre les parents et l’enfant. Ou encore en cernant mieux les effets du stress toxique sur le cerveau en développement, tout en valorisant les expériences et comportements positifs qui contribuent à les tempérer.
« Puisqu’il est possible d’apprendre et de modifier les compétences parentales, chaque rencontre médicale est une occasion de promouvoir la santé relationnelle précoce », peut-on lire sur le document de la Société canadienne de pédiatrie.
On découvre ainsi que les parents qui ont eux-mêmes vécu plusieurs expériences négatives dans leur petite enfance peuvent avoir plus de difficulté à gérer des situations compliquées avec leur progéniture. Cependant, lorsque le parent se rend compte que ses propres traumatismes influencent négativement son rôle de père ou de mère, il ou elle a l’occasion de briser le cycle de la négativité.
Une évaluation relationnelle de la famille et des conseils avisés prodigués par les professionnel·le·s sont la clef pour garder les enfants en bonne santé et assurer leur développement optimal.
(Par Yseult Théraulaz)
Consulter le document : Robin C. Williams MD. «Des expériences négatives de l’enfance à la santé relationnelle précoce : les conséquences pour la pratique clinique », Société canadienne de pédiatrie, groupe de travail de la petite enfance, 2023
L'Association faîtière suisse pour l’animation socioculturelle enfance et jeunesse publie un guide qui vise à renforcer les compétences en santé des jeunes, notamment en matière de consommation.
Dans le cadre des stratégies nationales de Prévention des maladies non transmissibles et Addictions, l’Association faîtière suisse pour l’animation socioculturelle enfance et jeunesse (AFAJ) publie un guide destiné à encourager les professionnel·le·s de l'animation socioculturelle à discuter ouvertement des substances psychoactives avec les jeunes. Ce document fournit des conseils pratiques pour favoriser une intervention précoce (IP), s’arrêtant notamment autour de l’importance d’un environnement favorable.
Ce document se penche sur la nécessité de l’IP dans l’animation socioculturelle pour répondre de manière précoce aux éventuelles situations de vulnérabilités chez les jeunes. Ainsi, il souligne l’importance de la mise en réseau, de la formation continue, de la collaboration entre professionnel·le·s et du développement de leurs compétences. Il met en exergue des méthodes et des stratégies pour mettre en œuvre ces compétences dans le cadre de l’animation socioculturelle, en mettant notamment l'accent sur la communication ouverte et la collaboration interdisciplinaire.
L’ensemble des chapitres donne un tableau complet qui encourage le développement des compétences en matière de consommation dans l’animation socioculturelle pour l’enfance et la jeunesse. Pour conclure, le dernier chapitre est riche en exemples inspirants tirés de la pratique. Il permet d’incarner ces concepts et de montrer comment ils peuvent être appliqués sur le terrain. Des liens, des références de publications spécialisées et des définitions de termes complètent le tout en fournissant des ressources supplémentaires pour approfondir la compréhension de ces sujets.
(Source : GREA)
La campagne de prévention « Bébé pleure ? Restez zen », lancée par le CHUV et les HUG, vise à prévenir tout état d’épuisement qui pourrait engendrer un geste dramatique.
Le syndrome du bébé secoué se produit lorsqu’un adulte secoue un nouveau-né ou un nourrisson de manière violente et répétée, d’avant en arrière. Cette maltraitance susceptible de provoquer des lésions cérébrales sévères ou le décès de l’enfant touche des dizaines de bébés chaque année en Suisse. La fréquence de ce phénomène est toutefois sous-estimée puisque seules les situations graves nécessitant une hospitalisation ou conduisant au décès du nouveau-né sont identifiées.
Pour aider à prévenir ce type de violence infantile, le CHUV et les HUG unissent leurs compétences pour mettre à disposition des parents et personnes en charge de la garde d’enfants de nouveaux outils de sensibilisation. Grâce au soutien financier du Département de la santé et de l’action sociale via le Fonds pour le développement de la prévention et de la promotion de la santé et de la Fondation privée des HUG, un site internet dédié avec des vidéos témoignages de parents et des conseils pratiques a été créé.
L’objectif de la campagne « Bébé pleure ? Restez zen » est d’aider les personnes concernées à mieux gérer leur stress et frustration face à un bébé qui peut parfois pleurer jusqu’à plusieurs heures par jour, afin d’éviter un état d’épuisement qui pourrait engendrer un geste dramatique. Si l’on se sent dépassé·e ou à bout, on peut par exemple s’accorder une pause, demander de l’aide à un proche, laisser son bébé en sécurité dans son lit et attendre d’être calme avant de le reprendre dans ses bras.
Durant ces prochaines semaines, les vidéos seront diffusées sur les réseaux sociaux et une campagne d’affichage est planifiée dans les bus lausannois et genevois. Des flyers et affiches complètent le dispositif afin d’offrir aux professionnel·le·s de santé du matériel pour aborder ouvertement et sans jugement cette thématique avec les parents.
Cette campagne de prévention a vu le jour dans le cadre des cours MicroMBA du CHUV, une formation interne qui accompagne les cadres supérieurs dans le domaine du management. Les participant·e·s du MicroMBA se sont ensuite associés au Département femme-mère-enfant du CHUV, avec des expert·e·s néonatologues, pédiatres et des pédiatres spécialisés dans la protection de l’enfant (CAN Team).
Le Pr Jean-François Tolsa, Chef du Service de néonatologie et du Département femme-mère-enfant du CHUV a soutenu et encadré ce projet. « Je me réjouis du lancement de cette campagne de sensibilisation, menée par des professionnel·le·s concerné·e·s et impliqué·e·s dans ces situations dramatiques qui doivent et peuvent être évitées à travers une information constante de toutes et tous. »
Le Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) est aussi associé au projet puisque le Pr Tony Fracasso, directeur adjoint du CURML, en est l’un des initiateurs. « En tant que médecin légiste, j’ai trop fréquemment eu affaire à des nourrissons victimes de secousses. À chaque fois j’ai le sentiment d’un grand gâchis pour la victime et d’une tragédie pour les familles. L’expérience dans d’autres pays montre qu’une prévention est nécessaire et utile. »
(Source : CHUV)
La nouvelle stratégie du canton du Valais propose des recommandations et actions concrètes, de la naissance à la majorité, en adaptant les messages à l’âge des destinataires. Ce projet peut être mis à disposition d’autres cantons.
Le lancement d’une stratégie cantonale pour une éducation à un usage numérique responsable répond à un problème de santé publique signalé par de nombreux·ses professionnel·le·s dans les milieux scolaires et extra-scolaires. La pandémie de Covid-19 a fait augmenter l’utilisation des écrans avec l’apparition de problèmes de développement et de comportement chez les enfants de tout âge. Fort de ce constat, le canton du Valais, en collaboration avec les partenaires du domaine de la formation, de la jeunesse et de la santé publique, a décidé de développer une stratégie pour offrir des bonnes pratiques et des recommandations aux parents et aux professionnel·le·s. Sa coordination est assurée par Promotion santé Valais.
La stratégie cantonale pour une éducation à un usage numérique responsable est compatible avec les objectifs des plans d’études valaisans. Ses messages se déclinent sur quatre axes : dialoguer, responsabiliser, sécuriser et saisir les opportunités. Un parcours de formation pour les jeunes de 0 à 18 ans aborde le rôle de guides et de modèles des adultes (parents, enseignant·e·s, …) qui posent le cadre pour laisser ensuite davantage de place aux jeunes. Les messages sont évolutifs en fonction de l’âge et permettent aux utilisatrices et utilisateurs de devenir progressivement actrices et acteurs et porteur·se·s de leurs pratiques numériques.
La brochure Ecran, dis-moi… recommande des pratiques numériques et propose des alternatives aux écrans par tranche d’âge ; elle donne des pistes d’auto-évaluation de son propre usage numérique. Son format de poche a également été créé sous forme de carte.
Le site educationnumeriquevalais.ch recense l’ensemble des mesures offertes dans le cadre de la stratégie cantonale, comme la formation des professionnel·le·s de la petite enfance, le guide Les écrans et moi disponible à la prochaine rentrée scolaire pour les 3-4H ou l’intervention de Hall of Games offerte en 9CO. Du matériel vidéo est également disponible en deux formats (court et long) ainsi que divers liens et informations à destination des enfants et adolescent·e·s, des parents et des enseignant·e·s pour chacune des six tranches d’âge du parcours de formation.
Ce projet novateur réunit tous les acteurs et actrices du terrain pour offrir des outils concrets pour permettre l’apprentissage d’un usage numérique responsable. Il peut être mis à disposition d’autres cantons qui souhaiteraient développer un tel outil.
(Source : communiqué de presse)
Voir la brochure Ecran, dis-moi...
Voir le site Education numérique