Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
Cette étude tente de dresser un premier état des lieux global du fonctionnement de la médecine de famille en Suisse en mettant en lumière ses forces et ses faiblesses à travers 56 indicateurs considérés comme prioritaires.
Quelques conclusions :
- La médecine de famille en Suisse est basée essentiellement sur un modèle médico-centré.
- D’importants efforts sont nécessaires afin d’assurer le renouvellement des forces de travail.
- La continuité relationnelle peut être qualifiée de bonne.
- Les coûts spécifiquement liés à la médecine de famille représentent seulement 8% de l’ensemble des coûts de la santé.
Le rapport intégral, Obsan Dossier 55, 171 pages. La synthèse, Obsan Bulletin 11/2016, 4 pages
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Cet ouvrage résulte de collaborations en lien avec le colloque « Agir face à la crise psychiatrique : policiers, proches, soignants », organisé à Lausanne en 2011. Il compte 19 auteurs : psychiatres, infirmiers en psychiatrie, psychologues, auteurs issus des sciences sociales et du travail social, policiers et trois laïcs-profanes confrontés à la maladie mentale.
Dans la préface, le psychiatre V. Kapsambelis, évoque un passé pas si lointain : « Dans les années 1950, un asile d’aliénés pouvait accueillir plusieurs milliers de patients. Une vraie ville, une polis. Mais la police de cette polis échappait au droit commun de l’ensemble des citoyens. [La psychiatrie comprenait des] espaces régis par leurs règles propres, inventeurs d’un droit se voulant adapté à leur population (et, pour leurs détracteurs, espaces de non-droit). Vouloir pratiquer une psychiatrie anti-asilaire impliquait aussi le risque d’exposer les malades mentaux aux règles communes, donc aussi à la police valant pour tous. »
La règle et la vie telle qu’on la vit : « La discrétionnarité [marge de liberté ou de manœuvre] renvoie à un principe crucial pour l’analyse du travail des policiers et des soignants. Cette marge de pouvoir discret accompagne toute procédure et concerne autant l’ordre que le soin. [Dans les fonctions professionnelles,] c’est la soupape des routines règlementaires. Elle protège les acteurs et leurs institutions d’une application trop rigide de protocoles en décalage avec la réalité vécue. En toile de fond, un concept décrit adéquatement le contexte interdisciplinaire du travail : la polyphonie, principe organisateur du présent ouvrage. »
Parmi les sujets traités : le parcours d’un « schizophrène dangereux » devenu après des années usager-formateur ; l’importance de faire se rencontrer policiers et soignants : découvrir l’autre par l’immersion professionnelle - contribution d’un officier de police et d’un infirmier-cadre à propos de leur pratique réussie de stages croisés ; l’interview d’une patiente avec une longue histoire de contacts avec psychiatres et policiers ; « le métier de proche » ; la présentation et discussion du « Dialogue de crise », modèle développé récemment et décrit comme une langue à construire ; les expériences faites dans des cellules de négociation ; un chapitre sur la pratique psychiatrique avec des migrants, incluant une approche ethno-psychiatrique ; deux contributions par des collaboratrices de Pro Mente Sana, organisme de défense de droits des patients psychiques. Un auteur discute comment gérer l’anormalité dans un centre de rétention administrative (dispositif mis en place en France pour examiner et évaluer les situations de migrants).
Police et psychiatrie compte, à côté de composantes et élaborations théoriques, de nombreuses descriptions de situations pratiques et expériences vécues. Il se lit avec grand intérêt et même plaisir. C’est une somme remplissant un rôle important d’analyse de la variété des interactions entre policiers, soignants et patients et leurs proches, apport substantiel sur un domaine qui demande à être adéquatement étudié. Lecture recommandée à qui s’intéresse aux rôles intriqués de la médecine et du soin psychique, de la police et de la loi, notamment en situations de crise et dans la perspective de la protection des droits des personnes.
A travers la création depuis quelques années d’une association d’institutions – Accroche – le canton de Genève expérimente une voie alternative de recherche de solutions pour les jeunes décrocheurs qui ne parviennent pas à rejoindre les mesures de pré-qualification ou les parcours de formation proposés.
C’est cette approche que se propose d’explorer ce dossier, en particulier à travers un projet porté par l’Association Accroche et appelé Scène Active, qui vise à remobiliser des jeunes ayant vécu plusieurs échecs dans leur parcours scolaire et de formation.
Scène Active travaille à partir du champ culturel. Son équipe est un mix entre professionnels de la musique, de la vidéo, de la scénographie ou encore de la cuisine, et des professionnels issus du social. Cette mesure vise à redonner du sens en élaborant collectivement un spectacle, en donnant à chacun une place tout en travaillant sur les dynamiques de groupe.
Trois courts métrages pour les 20 ans de l’Artias
A l’occasion de ses 20 ans, l’Artias a fait confiance aux jeunes de Scène Active pour mettre en valeur la cohésion sociale : quelle vision ont les jeunes du « vivre ensemble ». Carte blanche leur a été donnée pour s’exprimer au travers de courts métrages.
Entre cohésion et collision sociale c’est une version pertinente des incompréhensions et des paradoxes dans lesquels nous vivons qui est présentée dans ces 3 clips d’environ 4 minutes.
Dossier et clips en ligne
Les cliniques Hirslanden sont sous le contrôle d’un milliardaire sud-africain qui investit entre autres dans le tabac. C’est totalement légal.
Mais est-il éthiquement correct de soigner d’un côté des maladies dans ces cliniques et de l’autre d’avoir des parts dans un produit pathogène qui cause chaque année la mort précoce de dix mille Suisses ?
On ne moralisera pas facilement ni complètement le milieu financier, c’est clair, mais il importe d’interpeler ses opérateurs quant aux dilemmes éthiques suscités par leur activité.
L’article sur le site du BMS
Le présent rapport offre aux cantons et aux organisations spécialisées une base pour le lancement des programmes d’action. Il analyse l’importance d’un engagement en faveur de la santé des personnes âgées et les avantages de la promotion de la santé auprès de ce groupe cible.
Sur la base de preuves scientifiques, le rapport montre le rôle essentiel de l’activité physique, de la prévention des chutes, de l’alimentation ou encore de la santé psy- chique dans le fait de vieillir tout en bénéficiant d’une qualité de vie élevée. Pour chacun de ces quatre thèmes, des interventions et des approches qui ont fait leurs preuves dans la pratique sont proposées.
La qualité de la coordination de la promotion de la santé des personnes âgées permet non seulement d’allonger l’espérance de vie en bonne santé et de maintenir l’autonomie des personnes âgées, mais aussi de diminuer les coûts de santé.
Le rapport en format pdf
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Jean-Pierre Fragnière est bien connu en Suisse romande et au-delà par son engagement dans le domaine social, en particulier sur la problématique de la vieillesse. Après de nombreuses publications sur le domaine social en général, y compris un « Dictionnaire suisse de politique sociale », il a écrit récemment plusieurs ouvrages traitant des défis que pose l’évolution démographique (vieillissement, « cylindrisation » de la pyramide des âges).
Dans l’ouvrage évoqué ici, l’auteur commence par rappeler d’où nous venons avec, depuis trois quarts de siècle, les progrès importants en termes de protection sociale, les avancées de la médecine, la plus grande autonomie reconnue aux individus et à des groupes auparavant minorisés ou négligés, ainsi qu’un meilleur accès à la formation et la montée des préoccupations environnementales. Ce qui n’empêche pas que subsistent certaines « inégalités choquantes ».
A propos de l’introduction de l’AVS, intéressant de rappeler que l’âge de 65 ans, discuté aujourd’hui, a été choisi vers 1950 parce qu’il correspondait à l’espérance de vie moyenne des hommes à l’époque – hommes qui vivent aujourd’hui quinze ans de plus… Pour bien/mieux vivre le temps de la retraite, Fragnière débat quatorze questions, parmi lesquelles : quels rôles vont assumer ces centaines de milliers de personnes retraitées ; quel sera leur niveau de vie (actuellement, il tend à être meilleur que celui d’autres classes d’âge) ; vivre longtemps c’est faire le lent apprentissage de la solitude (que des programmes sociaux et d’animation divers cherchent à contrer) ; il y a un risque de fossé entre les générations ; nos sociétés sont de plus en plus cosmopolites ; les nouvelles technologies offrent des services considérables et/mais bousculent profondément nos habitudes ; plus d’attention est donnée aujourd’hui (il faut s’en féliciter) à la dimension spirituelle de la personne – que ce soit par les gens eux-mêmes ou par les institutions.
Des défis sont lancés aux professions, l’auteur en relève trois. D’abord, l’intervention des professionnels apporte un risque de disqualification des compétences des personnes (les aînés) elles-mêmes. Ensuite, la spécialisation croissante peut favoriser un « découpage de l’usager » suivi et pris en charge par plusieurs intervenants. Enfin, ces facteurs entrainent des exigences de qualité et disponibilité dans la communication entre professionnels. Fragnière met en garde contre la « prolifération des officines du bien vieillir » ; il énonce plusieurs principes pour aller vers des systèmes tenant compte de ces défis. Il estime aussi que le retraité doit disposer d’un certain « devoir d’ingérence » et de présence à la vie sociale.
A juste titre, on parle aujourd’hui beaucoup d’éthique, individuelle, professionnelle, sociale : « Le travail éthique devient une composante explicite de nos vies, pour chacun et, pour plusieurs groupes, de leur activité professionnelle ». Une citation conclusive : « Chacun est invité à la table du partage entre les générations, jusqu’au bout. Tout cela doit être rendu possible. Nous en avons les moyens. Reste à écarter quelques obstacles et à saisir les outils voulus. »
Bienvenue dans la société de longue vie est une présentation synthétique pratique, maniable, agréable à lire, de ce dont tout un chacun, particulièrement ceux qui s’intéressent aux enjeux sociaux et sociétaux, devraient être conscients. A noter enfin que, au cours des dernières années, l’auteur a dû faire face à plusieurs sérieux soucis de santé, qui l’ont beaucoup fait fréquenter médecins et hôpitaux et dont l’expérience, en toile de fond, soutient son propos.
Pour la première fois, Pro Senectute Vaud, en partenariat avec l’Association vaudoise d’aide et de soins à domicile (AVASAD), l’Association vaudoise d’EMS (AVDEMS), Pro Infirmis Vaud et le Service des assurances sociales et de l’hébergement (SASH), organise les assises des logements protégés et de l’habitat adapté « Pour ajuster l’offre d’aujourd’hui aux besoins de demain ».
Avec des résumés des interventions suivantes :
Les résumés en format word
Préface de Laurence ROSSIGNOL. Avec la participation de Nourredine BOUBAKER, Dounia BOUZAR, Jean-Eric DOUCE, Bénédicte DUPONT-PINERI, Philippe GUTTON, Anne LANCHON, Laurent LARDEUX, Jean-Philippe RAYNAUD, Isabelle SOMMIER, Serge TISSERON
Cet ouvrage collectif analyse les multiples raisons, individuelles ou sociales, qui peuvent inciter un jeune à se tourner vers le radicalisme. Il en dresse les étapes progressives pour agir, quand il est encore temps.
La question du sens est au cœur de l’adolescence et vient faire rupture avec l’enfance. L’adolescent a un besoin impérieux de donner un sens à sa vie et recherche, pour cela, des engagements forts : citoyens, religieux, artistiques… Les adolescents vulnérables, parfois relégués du système scolaire et sans espoir de réussite sociale, ou sans étayage parental, trouvent parfois ce sens dans des engagements radicaux. Comment travailler avec eux cette question de la citoyenneté et du sens, et prévenir les dérives potentielles ?
Site internet Editions érès
La Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées adoptée par l’ONU en 2006 énonce comme principe fondamental que ces personnes puissent prendre part aux décisions les concernant. Son article 29 est consacré à leur participation à la vie politique et à la vie publique sur la base du principe de l’égalité de traitement.
Les institutions socio-éducatives dans lesquelles vivent ou travaillent les adultes ayant une déficience intellectuelle sont sensibles à cette dimension et ont créé des dispositifs individuels et collectifs favorisant leur participation.
Cet ouvrage rend compte d’une recherche qui vise à mieux comprendre ce qui se joue dans ces espaces collectifs d’expression. Cette démarche a permis d’analyser le fonctionnement de groupes d’expression existants et d’en dresser une typologie.
Les auteurs mettent en lumière ce qui facilite ou fait obstacle à la participation collective au sein de ces groupes. Enfin, ils esquissent des repères pour le développement d’espaces d’expression encourageant une participation citoyenne tant dans les lieux de vie et de travail institutionnels que dans la communauté élargie.
Lire aussi, des mêmes auteur·e·s : Les espaces d’expression en Suisse romande, REISO, Revue d’information sociale, Suisse romande, 13 mai 2013.
Site internet Editions IES
Co-auteurs : Daniel Laufer, Grégoire Courtine, Gregor Wolbring, Alexandre Mauron, Charles Joye, Alain Kaufmann, Daniela Cerqui Ducret, Valentine Gourniat, Benoît Rey, Benoît Thévenaz, Gérald Vouilloz, Philippe Weber, Jean-Philppe Ruegger, Adriano Previtali.
Aussi loin que nous pouvons remonter dans l’histoire du handicap et des personnes handicapées, nous constatons le souci de corriger l’individu différent, présentant une altération physique ou sensorielle… Actuellement, les avancées en génétique, robotique et nanotechnologie placent le couplage « être humain – machine – handicap » dans une position où le débat éthique devient incontournable.
Soucieux d’ouvrir le débat sur des questions de société où la personne handicapée joue un rôle central, Pro Infirmis Vaud a organisé fin 2014 un colloque sur ce thème et plus précisément sur les questions suivantes : Y-a-t-il des limites aux nouvelles fonctions technologiques ? Quels sont les moyens mis à disposition des personnes handicapées par les assurances sociales pour les acquérir ? Enfin, il ne s’agit plus parfois de réparer les fonctions lésées d’un individu handicapé, mais de renforcer des fonctions moyennes d’un individu valide. La réalité est-elle en train de rejoindre la science-fiction ? Quels en seraient les domaines d’application ? Sont-elles acceptables ?
Site internet Editions Médecine et Hygiène
Au sommaire du dossier, pages 3 à 43 :
Tour d’horizon du Programme national contre la pauvreté
Etat et limites des rapports sur la pauvreté en Suisse
Comment mesurer la pauvreté ?
Le programme vu par le groupe de pilotage
Situation de logement des ménages pauvres ou précaires
L’encouragement précoce, un instrument efficace
Parents socialement défavorisés et choix professionnel
CHSS 2/2016 en ligne
Destinée à la pédagogie spécialisée, cette brochure sur les compétences médiatiques décrit les modalités d’une prise en charge transversale, reposant sur une coordination entre institution, école, famille et société. Toute action devrait comporter des objectifs orientés vers l’octroi d’un appui actif aux parents, vers le développement d’une culture médiatique au sein de l’institution qui soit concrète, perceptible et positive, et vers une fluidité de contacts entre l’institution et l’école (ordinaire ou spécialisée). Le terme « compétences médiatiques » est à comprendre comme une notion revêtant plusieurs dimensions : le maniement technique pur et les compétences d’utilisation (savoir-faire), mais également les capacités d’analyse et de réflexion ainsi que les compétences sociales et éthiques (savoir-être).
En plus de fournir des recommandations générales, le guide de l’OFAS offre aux institutions désireuses de se saisir de ces questions, la possibilité de faire un bilan de l’acquis et des aménagements à prévoir, à travers la mise à disposition de questionnaires. Ceux-ci permettent une autoévaluation de l’institution sous quatre aspects : les compétences médiatiques des collaborateurs, leur manière de gérer les médias avec les enfants et les adolescents et leur collaboration avec les parents, la culture d’institution et le degré d’intégration des médias numériques dans le travail pédagogique à l’école.
La brochure fournit également des pistes pour l’élaboration d’une stratégie, ainsi qu’une liste d’organismes, de programmes ou de plateformes en ligne permettant d’obtenir des conseils ou du soutien. Ainsi des organisations romandes œuvrent-elles à accompagner les institutions qui le souhaitent dans une démarche de formation interne, en fonction de leurs besoins et/ou de les soutenir dans la mise sur pied d’une « stratégie digitale éducative ».
Source : Estelle Trisconi, chargée de communication pour les activités de protection des jeunes face aux nouveaux médias de l’Office fédéral des assurances sociales
La brochure en format pdf, 24 pages
De plus en plus de professionnel·le·s sont sensibilisés aux enjeux de la parentalité en situation de toxicodépendance, mais l’accompagnement de ces parents est encore trop pénalisé par des peurs et une méconnaissance des dangers associés à la consommation de drogues. Une recherche révèle la persistance de stéréotypes qui conduisent trop souvent les professionnels à retirer à ces parents la garde de leurs enfants.
A l’occasion de la journée internationale des familles le 15 mai 2016, la Fondation Le Relais (VD) a publié le rapport de la Prof Annamaria Colomobo, de la Haute école de travail social Fribourg (HETS-FR), suite à la recherche–intervention qu’elle a menée sur la parentalité en situation de toxicodépendance, en collaboration avec le Rel’Aids.
Tribu sur la RTS du 13 avril 2016 a consacré une émission à ce sujet.
Le rapport en format pdf et La synthèse en format pdf
L’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) s’est associé au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) pour le dernier numéro de la revue française Formation Emploi. Le dossier porte sur la formation professionnelle suisse et plus particulièrement sur la formation initiale et ses défis.
Le modèle de la formation professionnelle suisse, fréquemment associé à la rhétorique du « miracle suisse », ne cesse de gagner en légitimité hors de ses frontières. Y est associé un faible taux de chômage des jeunes, une insertion professionnelle rapide et une bonne adéquation entre système de formation et système d’emplois. Au-delà de ces représentations, les recherches de terrain présentées dans ce numéro, tant romandes qu’alémaniques, visent à interroger le système à divers niveaux.
Deux tiers des jeunes s’engagent dans la formation professionnelle au sortir de l’école obligatoire et parmi elles et eux, près de 80% optent pour le système dit dual, qui alterne formation théorique en école professionnelle et formation pratique en entreprise. Les articles du présent numéro interrogent ce qui se cache derrière ces chiffres. Il ressort que les frontières sociales restent marquées en Suisse, les jeunes issus des classes supérieures se concentrant dans les filières académiques et étant sous-représentés dans le système dual et les écoles professionnelles à « temps plein ».
Les auteurs questionnent également l’une des particularités du système dual, à savoir le lien entre formation et marché du travail, qui laisse supposer une forte adéquation entre formation et emploi. Deux aspects sont mis en évidence : d’une part, les déséquilibres entre offres et demandes de formation (qualitatifs et/ou quantitatifs), et d’autre part, le fonctionnement du « marché » des places d’apprentissage reproduisant les logiques du marché du travail en termes de ségrégations, d’inégalités et de discriminations.
Les travaux proposent enfin une image nuancée de l’implication des entreprises dans le système. En effet, seule une entreprise sur trois forme des apprentis et il s’agit principalement de PME, avec une prédominance de micro et petites entreprises. Pour autant, certaines innovations, tels les « réseaux d’entreprises formatrices », permettent aux petites structures de partager les charges de recrutement, l’administration et le suivi des apprentis tout au long de leur formation professionnelle.
Vanté pour sa préparation adaptée au marché du travail, le système dual suisse est confronté aujourd’hui à de nouveaux défis. Les travaux portant sur le passage de la formation professionnelle à l’emploi révèlent d’importantes disparités. Selon le niveau de formation et le type de filière suivie – en système dual ou en école – les chances d’obtenir un emploi et de s’y maintenir varient.
Nadia Lamamra : sociologue, Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle, EHB IFFP IUFFP, Lausanne
Gilles Moreau : sociologue, Groupe de recherches et d’études sociologiques du Centre Ouest, GRESCO, Université de Poitiers
Formation emploi, Revue française de sciences sociales
La violence sexuelle envers les hommes est la thématique d’un court-métrage produit par Cerkenamo Production, une association fondée par des étudiants valaisans. Ce projet créé avec le soutien de l’Association ESPAS, active dans l’aide aux victimes d’abus sexuels, ainsi que la Fédération des Centres SIPE, association au service des Valaisans pour toute question liée à l’intimité et à la sexualité, a été mis en ligne le 1er juin 2016.
Il a pour but de sensibiliser la population sur la thématique des violences sexuelles, en particulier envers le sexe masculin. Ce film de 3 minutes veut faire réfléchir aux comportements protecteurs à adopter dans les soirées, à prévenir un éventuel viol ou à donner le courage aux victimes d’abus sexuels d’en parler afin d’avancer dans un processus de « libération ».
Parlons-en ! sur Youtube
A quoi sert le travail social en milieu scolaire ? A qui s’adresse-t-il ? Quelles sont les prestations fournies par les professionnel-le-s du travail social actif dans ce domaine ? Pour répondre à ces questions, AvenirSocial, l’association des professionnel-le-s du travail social ainsi que l’association du travail social en milieu scolaire (SSAV) publient des nouvelles lignes directrices.
Le travail social en milieu scolaire (TSS) est un service socio-éducatif, qui apporte aux enfants et aux jeunes un soutien face aux problématiques quotidiennes qui peuvent se poser dans et autour du cadre scolaire. En collaboration avec le corps enseignant, l’élève et la famille, le TSS répond aux problématiques d’ordre scolaire, familial, et/ou psychosocial dans un contexte global. Le TSS joue un rôle préventif notamment en termes de détection précoce au sein des établissements scolaires. Le TSS contribue à mobiliser les ressources et les compétences de tous les acteurs : élèves, enseignant-e-s, parents, intervenants du réseau. Il permet d’œuvrer de façon concertée, de valoriser l’enseignement et l’éducation dans sa globalité et d’accompagner l’élève dans son parcours de formation.
Télécharger la brochure en format pdf
Renforcer l’autonomie des personnes handicapées : tel était le but de la contribution d’assistance, mais il reste encore du chemin à faire.
D’après l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS), trois quarts des bénéficiaires de la contribution d’assistance se disent très satisfaits. Mais cette nouvelle prestation ne profite qu’à la moitié des personnes initialement visées. « Handicap et politique » a demandé à l’OFAS quelles pourraient être les raisons de ce succès en demi-teinte, en mettant en lumière le potentiel d’amélioration. AGILE.CH a aussi questionné des personnes concernées sur d’autres moyens de parvenir à l’autodétermination. Responsabilité individuelle, solidarité et robots peuvent y contribuer.
L’édition de mai de « Handicap et politique » dresse ce bilan après quatre ans d’application. Plusieurs pistes sont évoquées pour parvenir à l’autodétermination.
Cette édition 2/2016 contient également une analyse critique des prises de positions exprimées dans le cadre de la consultation sur la 7e révision de l’AI et de la réforme des prestations complémentaires.
Source : Agile.ch
Handicap et politique 2/16 en format pdf
Le travail social auprès des familles confronte souvent les professionnel-le-s à des évidences – « être parent, ça ne s’apprend pas », « une mère doit rester près de son enfant », « la famille monoparentale est un problème ».
Fondé sur des connaissances sociologiques récentes, ce livre dépasse ces a priori en questionnant la notion même de parentalité.
Il est un outil indispensable pour la pratique sociale et éducative.
Comment expliquer que la présence dans les rues de certaines villes de quelques dizaines de personnes qui mendient suscite autant de réactions négatives ? D’où vient cette méfiance face à la mendicité ? Pourquoi ce sujet est-il à l’agenda politique en Suisse et en Europe ? Qui sont les personnes qui mendient à Lausanne ? Comment vivent-elles ?
Ce livre cherche à répondre à ces questions en explorant tout d’abord l’histoire de la pauvreté, de la mendicité et du vagabondage dans nos sociétés. Avec la sécularisation de l’assistance sociale, depuis le Moyen-Âge, l’idée que les personnes qui demandent la charité n’ont pas leur place dans la société s’est progressivement installée. Les auteurs proposent ensuite une analyse de la construction du « problème » de la mendicité par les autorités législatives, judiciaires et administratives en Suisse, et plus particulièrement dans le canton de Vaud.
Au regard d’un traitement médiatique souvent caricatural, l’ouvrage présente enfin les résultats d’une enquête de terrain à Lausanne fondée sur des entretiens avec des personnes en contact avec la mendicité et avec ceux et celles qui la pratiquent, ainsi que sur des observations systématiques. En conclusion, selon les auteurs, aucune politique adéquate ne sera possible sans impliquer les personnes qui mendient comme des partenaires et des êtres humains à part entière.
Jean-Pierre Tabin est professeur à la Haute école de travail social et de la santé EESP Lausanne (HES·SO).
René Knüsel est professeur à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne.
Claire Ansermet est titulaire d’un Master en travail social de la HES·SO.
Comment comprendre la récidive délinquante des mineurs ? Qu’est-ce qui la rend possible ? Pourquoi certains jeunes dits « récidivistes » sont-ils si imperméables à l’intervention socioéducative qui leur est proposée, voire imposée ? En somme, par quels processus certains jeunes restent-ils dans une dynamique délictueuse ? L’auteure propose d’approcher cette thématique en partant d’un postulat fort : les parcours de vie se construisent et, dans ce sens, les parcours de récidive sont une construction biographique personnelle inscrite dans le social. L’étude de la récidive devient ainsi l’étude d’une construction biographique.
A partir d’une enquête menée auprès de jeunes placés pénalement dans des établissements suisses pour mineurs et jeunes adultes, cet ouvrage révèle une double facette génératrice de l’ancrage dans un parcours de récidive délinquante : une expérience de désaffiliation et de souffrance sociale commune et la mobilisation d’une forme d’agir spécifique pour faire face à l’adversité : l’agir émancipatoire. Dans cet ouvrage destiné aux chercheurs, aux praticiens et de manière plus générale à qui souhaite mener une réflexion poussée sur la récidive des mineurs, l’auteure invite le lecteur à comprendre le parcours de ces jeunes, ni victimes, ni coupables, mais à la fois acteurs et captifs.
Géraldine Duvanel Aouida est enseignante-chercheuse au Domaine Sociologie, politiques sociales et travail social de l’Université de Fribourg en Suisse. Après une expérience de travail en éducation spécialisée dans des foyers pour jeunes en difficultés sociales, elle a réalisé un doctorat en pédagogie spécialisée dont l’objet était lié aux préoccupations rencontrées sur le terrain. Ses principales activités d’enseignement et de recherche adoptent un regard socio-anthropologique et portent sur la jeunesse contemporaine.
Lire son article : « Rester délinquant juvénile : une logique de survie », REISO, Revue d’information sociale, 8 février 2016
Site internet Editions Academia
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
Christian-Nils Robert est professeur honoraire de droit pénal à l’Université de Genève. Son livre montre le combat, dès les années 1970, contre les idées reçues, et pour une bonne part importées dans la foulée de la « Guerre à la drogue » décrétée par Richard Nixon. Celles et ceux qui ont été impliqués alors dans les questions relatives aux drogues et à la toxicomanie y retrouveront de vifs souvenirs.
C.-N. Robert a notamment observé les dégâts qu’occasionnait la prohibition alors qu’il était directeur du Service genevois de protection de la jeunesse - prohibition renforcée en Suisse depuis un arrêt du Tribunal fédéral de 1969. Son livre regroupe, sans modifications, ses écrits au cours de quatre décennies sur la politique de la drogue. Le moins qu’on puisse dire est que cela donne à réfléchir sur la lenteur de l’évolution des attitudes et prescriptions légales ; lenteur aussi à voir et admettre la réalité. Ceci dit sans minimiser l’action pionnière de la Suisse, sous l’égide de Ruth Dreifuss en particulier, dans la mise en œuvre de la politique dite des quatre piliers : prévention, répression, thérapie et réduction des risques. De manière intéressante, l’auteur met en parallèle de chaque article repris des citations du rapport récent de la « Global Commission on Drug Policy » [1] .
A l’heure où rares sont ceux qui défendent encore une doctrine prohibitionniste qui échoue depuis un demi-siècle, et où la Commission fédérale pour les questions liées aux drogues a pris depuis des années des positions ouvertes et éclairées, on pourrait dire que cet ouvrage a un caractère historique, de témoignage d’engagement. Mais il est bon, primo, de relever que Robert a eu largement raison avant les autres et, secundo, de se remémorer les funestes enchaînements et rigidités qui marquent cette histoire – le blocage de démarches pragmatiques par un arbitraire doctrinal éloigné de la réalité.
L’ouvrage bénéficie d’une préface de la journaliste Sylvie Arsever. Elle évoque la « montée en puissance d’un droit pénal tentaculaire, érigé en rempart des valeurs sociales et morales - une prolifération tumorale, une inflation punitive ». Son espoir est mitigé de voir la raison s’imposer rapidement. « Les effets pervers de la prohibition, dénoncés dans les pages qui suivent, sont si apparents que peu les contestent. [Mais] l’imaginaire mondial, hanté par le martyrologue des tombés au combat contre les mafias et les cartels, continue à lier la drogue et le crime. » L’Assemblée générale de l’ONU consacrée à ce thème en avril 2016 à New York a en effet conclut sur des résultats très modestes.
Site internet Editions Georg
Un changement d’échelle d’analyse majeur s’est opéré à la fin des années 70 avec les processus de mondialisation et d’individualisation de nos sociétés. Les peurs eschatologiques présentes jusqu’alors ont été supplantées par des peurs centrées sur de nouvelles valeurs engendrées par cette transformation et métamorphose sociétale : l’économie, le travail, les technologies et les intérêts individuels immédiats. Ces référentiels « dogmatiques », culturels et identitaires ont tracé les nouveaux sillons de nos peurs contemporaines : peur de perdre son emploi, peur du chômage, peur de la précarité, peur de l’incertitude, peur de l’avenir, peur de l’Autre, peur de ne pas être performant, etc.
Simultanément à ces peurs, le plus souvent combinées entre elles et faisant système, des maux comme la fatigue, l’usure, le burn out, le stress, le mobbing, etc., sont exprimés par nombre de salariés et sont de plus en plus associés à certains modèles de gestion du travail récemment implantés au sein des organisations, tant privées que publiques. Un lien de cause à effet entre ce nouveau management, ces maux et ces peurs au travail, peut-il être établi ?
Psychologues, philosophes, historiens, anthropologues ou sociologues autant de regards disciplinaires se sont joints à cet ouvrage collectif pour réfléchir sur cette thématique et apporter des éléments d’éclairage.
Ce numéro traite des luttes féministes autour des reconfigurations d’une « morale sexuelle contemporaine » qui s’efforce, au-delà des normes religieuses traditionnelles, de définir les comportements convenables, acceptables, légitimes, valorisés, ou au contraire répréhensibles ou stigmatisés.
À travers des objets divers comme la contraception, la prostitution, la SlutWalk (souvent traduit par Marche des salopes), le consentement des patientes en gynécologie, la régulation des naissances dans le mariage catholique, ce numéro analyse comment les divers discours féministes proposent des normes sexuelles alternatives pour réguler les sexualités.
Les études de cas abordent des mobilisations anciennes et nouvelles, intra et extra-européennes.
« J’oubie, c’est grave Docteur ? »
Les résumés en format word
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique
« L’histoire de la violence sexuelle remonte aux origines de l’humanité, il a pourtant fallu attendre [jusqu’à récemment] pour que les victimes, en très grande majorité des femmes ou des fillettes, voient leur statut de victimes puis leur souffrance psychologique davantage reconnus. (…) On se heurte au mur du silence des victimes ; moins de la moitié d’entre elles parlent de leur agression et seulement 10% osent porter plainte ; elles continuent trop souvent à endosser la culpabilité du viol (…) C’est pourquoi il est très important de laisser une large place à leur parole. »
Florence Thibaut, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’Hôpital Cochin, Paris, dresse un état des lieux et donne un aperçu historique, des définitions, des indications du registre anthropo-sociologique, puis un panorama de la violence sexuelle en termes chiffrés. Elle analyse les raisons qui font que les victimes restent si souvent muettes et que les professionnels ne déclarent pas systématiquement les situations. Elle présente également une typologie des agresseurs et des diverses paraphilies (anciennement dites perversions).
L’auteure aborde ensuite la pratique : quand faut-il penser à une agression, chez un enfant, un adolescent ? Le point de vue des victimes est suivi au fil de leurs réactions psychologiques, immédiates et à long terme, et à leur prise en charge par diverses méthodes. L’ouvrage termine avec la législation et les aspects judiciaires, le renforcement récent des droits de l’enfant et de sa protection, l’aide aux victimes et la prévention, y compris l’identification précoce des situations à risque et la problématique internet. Plusieurs annexes complètent l’information pratique, sur les modalités de signalement, le secret médical auquel il peut être dérogé, l’examen médical et le recueil des preuves. Soulignons l’importance des certificats médicaux, qui doivent rapporter aussi fidèlement que possible les paroles de la victime (entre guillemets), mais ne doivent faire état par ailleurs que de faits objectivement constatés. Plusieurs points à garder aussi à l’esprit :
Pédophilie. « Dans la plupart des cas, les signes sont indirects et très peu spécifiques. Ce qui doit alerter, c’est une modification importante du comportement de l’enfant, dans son milieu familial ou scolaire, ne pouvant être expliquée par un évènement identifiable. » Thibaut aborde aussi la question de la crédibilité de l’enfant.
Soin et justice. « Le thérapeute ne peut pas faire l’impasse sur l’importance, sur le plan symbolique et dans la réalité, de la réparation judiciaire. Il est nécessaire dans la prise en charge de se référer à la loi, sans jamais se substituer à la justice. La justice ne s’attache qu’aux éléments factuels, la médecine en revanche se doit de considérer, au-delà des faits, l’immense souffrance de la personne. »
La parole. « Difficile pour la victime de faire un choix, sachant que se taire ou parler peut aboutir à la même conséquence : la mort sociale. » Pour l’inceste, des auteurs parlent d’assassinat psychique. On sait la difficulté écrasante, en cas d’inceste, de briser ce « secret entre nous » (abuseur dixit), vu comme une trahison…
Les pistes d’intervention. 1) Mettre en place des centres pluridisciplinaires spécialisés dans l’accueil et l’examen (pôles de référence) ; c’est heureusement un domaine où des progrès visibles sont réalisés, sous l’égide de la médecine légale souvent. 2) « Les soins apportés aux agresseurs sexuels eux-mêmes sont un élément clef dans la réduction du nombre d’abus. » La formation dans ce but d’équipes compétentes permettra de limiter les récidives (un tel centre s’ouvre à Lausanne au printemps 2016). 3) Un rappel qui devrait aller de soi : « Il est très important, pour prévenir, de renforcer les programmes d’éducation sexuelle, et d’insister sur la nécessité d’un consentement entre partenaires lors d’une relation. »
En résumé, un ouvrage présentant, sous une forme aisément compréhensible et maniable, l’essentiel des informations utiles sur une problématique majeure et les manières de l’identifier, de la prendre en charge et, dans toute la mesure du possible, de la prévenir.