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Cet ouvrage collectif réunit les réflexions d’une cinquantaine d’autrices et auteurs de Suisse romande autour de la sortie de crise. Institutions, lien social, économie, alimentation, agriculture, sciences, santé, solidarité internationale, écologie, etc.
Avec la pandémie du Covid-19, la conscience d’une crise complète des écosystèmes a gagné des pans entiers de la société, sans pour autant provoquer pour l’heure les changements nécessaires. Exhausteur d’inégalités sociales, le coronavirus a révélé l’importance de l’action publique et la capacité des sociétés à se mobiliser pour un intérêt collectif supérieur.
Comment apprendre de cette période si particulière pour anticiper les défis auxquels est confrontée l’humanité ? Comment sortir de la crise et bifurquer ?
L’ambition de ce livre n’est pas de raconter l’histoire du Covid-19 ni de se poser en observateurs critiques. L’ambition des 57 auteurs et autrices est plus vaste. «Comment apprendre de cette crise, dont on a pu dire qu’elle constituait un dernier avertissement de la nature, menacée par nos excès et notre démesure ? Comment faire du combat contre le virus un engagement fondé sur une prise de conscience de notre appartenance à un écosystème fragile ? Comment faire perdurer les solidarités qui se sont manifestées avec générosité ? Comment lutter contre les inégalités que la crise a révélées ? Comment faire advenir une humanité réconciliée avec elle-même et avec son environnement ?»
Leurs réponses sont concrètes et ancrées sur le terrain. Elles ouvrent d’«autres possibles».
Raphaël Arlettaz, Yvette Barbier, Samuel Bendahan, Jacques Besson, Dominique Bourg, Nathalie Chèvre, Antoine Chollet, Philippe Christe, Valérie D’Acremont, Gilles Dubochet, Jacques Dubochet, Sergio Ferrari, Augustin Fragnière, Blaise Genton, Christophe Gallaz, Jean-Pierre Ghelfi, Sara Gnoni, Grève du Climat (Ella-Mona Chevalley, Gary Domeniconi, Teo Frei, Ley Klussyn, Mathilde Marendaz, Titouan Renard), Blaise Hofmann, Yvette Jaggi, Romaine Jean, René Longet, Yvan Luccarini, Raphaël Mahaim, Pierre-Yves Maillard, Michaël Malquarti, Virginia Markus, Jean Martin, Laurence Martin, Dick Marty, Lisa Mazzone, Anne-Catherine Menétrey-Savary, Guillaume Morand, Solène Morvant-Roux, Isabelle Pannatier, Stéfanie Prezioso, Luc Recordon, Jean-Claude Rennwald, Silvia Ricci Lempen, Gilbert Rist, Philippe Roch, Johan Rochel, Jean- Christophe Schwaab, Coline de Senarclens, Sonia I. Seneviratne, Jean-Michel Servet, Barbara Steudler, Sophie Swaton, André Tiran, Fanny Vaucher, Antonin Wiser, Josef Zisyadis, Libero Zuppiroli.
«Tumulte postcorona. Les crises, en sortir et bifurquer», coordonné par Anne-Catherine Menétrey-Savary, Raphaël Mahaim, Luc Recordon, Lausanne : Editions d’En bas, août 2020, 312 pages.
Pour les bénéficiaires de l’intervention sociale, l’autodétermination est souvent présentée comme un objectif à atteindre. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine socio-éducatif concernant les personnes présentant une déficience intellectuelle (DI). Mais qu’entend-on par autodétermination ? Qui la souhaite et dans quel but ? Par quels moyens les personnes concernées peuvent-elles y parvenir ?
Les auteures de Co-construire l’autodétermination au quotidien mettent en lumière la primauté de la relation socio-pédagogique entre les personnes accompagnées et les professionnel·le·s dans le démarrage de ce processus. Basé sur une recherche participative, l’ouvrage souligne la nécessité d’ancrer le concept d’autodétermination dans un quotidien partagé, pragmatique et dynamique, dans lequel la relation socio-pédagogique constitue un moteur. Quatre grands thèmes en lien avec le déploiement de l’autodétermination sont abordés : la co-construction des représentations et les définitions, l’autodétermination dans la vie quotidienne, les obstacles et ressources et finalement les caractéristiques de la relation d’accompagnement.
La méthodologie mise en œuvre au cours de la recherche permet de développer des stratégies pour la promotion de l’autodétermination des personnes ayant une DI. Les auteures fournissent des clés pour que cette démarche soit aisément répliquée et adaptée dans d’autres contextes d’intervention sociale.
Livre «Co-construire l’autodétermination au quotidien. Vers un partenariat entre professionnel·le·s et personnes avec une déficience intellectuelle», Annick Cudré-Mauroux , Geneviève Piérart , Carla Vaucher, Genève : Editions ies, août 2020, 176 pages.
Les contributions présentées dans cet ouvrage sont issues d’expériences de personnes concernées, de professionnel·e·s, de chercheur·e·s et d’étudiant·e·s de différents pays francophones (Suisse, France, Belgique, Canada) et offrent des pistes de réflexion et d’action en vue d’une concrétisation de l’égalité des droits.
La Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) adoptée en 2006 par l’ONU réaffirme le principe selon lequel les personnes vivant une situation de handicap jouissent des mêmes droits de participer à la vie politique et communautaire que tout autre citoyen ou citoyenne.
A travers lois, règlements ou conventions, les Etats ayant signé et ratifié cette convention établissent des politiques qui dessinent les orientations à suivre en faveur du développement de pratiques inclusives. Cependant, pour les personnes en situation de handicap, l’écart entre les lois et les pratiques peut s’avérer important, tant les attitudes négatives, les préjugés, les lacunes dans l’organisation des services et les problèmes d’accessibilités sont lents à disparaître. Passer du principe à la réalité peut souvent sembler utopique.
Pourtant, des initiatives citoyennes et scientifiques menées avec succès démontrent que l’émancipation des personnes avec une déficience intellectuelle est en marche et que l’autodétermination tend à devenir une réalité pour une partie croissante d’entre elles. Pour les enfants, on s'oriente vers une scolarisation plus inclusive, pour les adultes des dispositifs en vue d’une plus grande autonomie dans les choix de vie fondamentaux sont sporadiquement mis en place.
Livre collectif «Accessibilité et participation sociale. Vers une mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées», Manon Masse, Geneviève Piérart, Francine Julien-Gauthier , Danièle Wolf, Genève : Editions ies, août 2020, 288 pages
L’émission Vacarme, sur RTS La première, a consacré une semaine au Covid-19. Plusieurs thèmes ont été évoqués : les frontières, la pauvreté ou la distance des corps. L’émission du 25 août s’est intéressée à la barrière de l’âge.
Un fossé intergénérationnel s’est profondément creusé avec la pandémie. Particulièrement dans les EMS où les résidents sont devenus «des prisonniers de droit hors du commun», «des personnes embastillées dans des goulags doucereux» selon les formules volontairement choquantes de Marie-Claire Dewarrat. Dans un entretien tout en subtilité, le journaliste Arnaud Robert suit lʹécrivaine fribourgoise, 71 ans, lors d’une visite chez son mari de 83 ans, en EMS après un AVC.
L’émission se poursuit avec lʹancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, 80 ans. Elle espère être cette vieille dame indigne chère à Brecht, c’est-à-dire une personne active et engagée, qui voit la mort approcher avec sérénité. Pendant le confinement, elle a été impressionnée par les élans de solidarité intergénérationnelle, mais elle n’oublie pas pour autant les enjeux politiques de la prévoyance vieillesse où cette solidarité n’est pas réalisée.
L’écrivaine conclut l’émission en expliquant combien la décision de ne pas hospitaliser les résidents des EMS en cas de Covid l’a laissée pantoise. Et révoltée à l’idée que, dans cette même logique, quand une personne appellera désormais le 144, on lui demandera peut-être son âge et, si elle est âgée, on lui répondra «On viendra dès qu’on peut!»
Production : Véronique Marti
Lire aussi : Marion Repetti, «L’âgisme dans la lutte contre le coronavirus», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 4 mai 2020
Vacarme en podcast
Cette brochure passe en revue les différentes lois, notamment la protection de l’adulte, sur lesquelles une autorité peut se baser pour forcer une personne à se faire traiter.
Elle se veut un guide pour les patient·es atteint·es de troubles psychiques afin qu’ils et elles puissent questionner la légalité de l’obligation de soin qu’on entend leur imposer. Elle représente un outil particulièrement précieux pour toutes les mesures de contrainte qui portent une atteinte grave à l’intégrité physique et psychique .
En exergue de la brochure, cette citation de Jacques Prévert : «Nul n’est insensé qui ignore la loi.»
Commande gratuite par mail à en indiquant votre prénom, nom, adresse complète et le nombre d’exemplaires que vous souhaitez recevoir. Pour les envois en nombre, les frais d’emballage et de port seront facturés.
«Obligation de soin en cas de maladie psychique. Guide juridique à l'usage des patients en Suisse romande», Shirin Hatam, avec la collaboration de Tatiana Gurbanov, nouvelle édition, Genève : Pro Mente Sana, 2020 (2019), 60 pages.
Pro Mente Sana Suisse romande
Dans la revue Curaviva 2/2020, l’article de Nora Meuli chiffre les grandes disparités cantonales des frais de séjour en EMS.
L’étude sur le «Revenu librement disponible des personnes âgées en Suisse» menée par la Haute école spécialisée du Nord-Ouest montre qu’un séjour annuel en EMS coûte 91'600 francs à Zurich et 38'200 francs à Bellinzone.
Un clic sur l’image pour l’agrandir
Ce graphique présente les frais de pension à charge d’une personne seule, avec un besoin en soins moyen et une situation financière médiane. Sa rente est ainsi de 39'600 francs par année et elle dispose d’une fortune de 137'300 francs. La ligne noire représente le revenu de la rente. Dans tous les chefs-lieux cantonaux, à l'exception de Bellinzone et Fribourg, les frais d’EMS facturés la dépassent, souvent largement.
Collaboratrice scientifique à la (FHNW), Nora Meuli rappelle que, même si les caisses maladie prennent en charge la majeure partie des coûts liés aux soins, les frais socio-hôteliers en EMS sont à la charge des personnes âgées. Les frais de séjour en EMS engloutissent souvent l’intégralité des prestations de retraite et, lorsque celles-ci ne suffisent pas, les résident·es doivent entamer leur fortune (partie verte au-dessus de la ligne noire).
La chercheuse précise : «En comparaison européenne, c’est en Suisse que la part payée directement par les résident·es est la plus élevée.» Pour une majorité de résident·es, le séjour en EMS s'apparente à un impôt implicite sur les succesions. «Le message transmis par ce système est clair: il ne sert à rien d'épargner.» En savoir plus sur l’étude
Revue spécialisée Curaviva, quatre parutions par an en français
Le nouveau site internet Refugees@work vise à sensibiliser les employeurs et employeuses aux nouvelles dispositions légales relatives à l’engagement de réfugié·e·s (permis, prise d'emploi, insertion professionnelle).
Lancé en 2018, le réseau Refugees@work est un groupe de travail et un espace de partage réunissant des entreprises privées et des institutions publiques, dont l’Université de Genève. L’initiative promeut l’innovation sociale pour faciliter l’intégration des personnes réfugiées au monde du travail en Suisse romande. L’équipe coordonne également des campagnes de communication (par exemple les journées annuelles Hackathon) à travers lesquelles le réseau met à disposition des entreprises, des associations et des institutions publiques, les informations nécessaires pour faciliter l’engagement des personnes réfugiées.
Le dernier numéro de la revue Sciences et Actions sociales (N°13-2020) consacre son dossier à «Déviances, délinquance, sans-abrisme et mondes de la rue. Classements, déclassements et réactions sociales». Avec un article sur la situation en Suisse.
Dans leur article «Crimes et châtiments dans la modernité tardive. Politiques urbaines du sans-abrisme», Hélène Martin et Béatrice Bertho donnent la parole aux personnes sans abri en Suisse.
«À partir d’entretiens et d’observations réalisées auprès de personnes sans abri dans une ville suisse, nous rendons compte de leurs différentes expériences quotidiennes. Nous montrons comment leurs vulnérabilités sont produites par des politiques locales, nationales et internationales.
Leurs conditions d’existence sont en effet déterminées par des statuts légaux associées à des droits plus ou moins restreints en matière d’accès à l’hébergement d’urgence, d’établissement et d’accès au travail.
Les catégorisations dont les personnes sans abri sont l’objet les conduisent à adopter différentes pratiques de survie, dont certaines, comme le « campement sur la voie publique » ou la mendicité, sont criminalisées par la politique de répression.»
Les autrices : Hélène Martin, professeure, Béatrice Bertho, collaboratrice scientifique, Haute école de travail social et de la santé Lausanne
L’article en format pdf, 29 pages
Aldo Brina travaille depuis 2007 au cœur du réseau de défense des réfugiés. Son témoignage, il le puise dans l’expérience quotidienne des permanences juridiques et des mouvements associatifs. Il raconte la beauté miraculeuse d’une politique qui sauve des vies et décrit le labeur héroïque des acteurs de terrain.
Mais le tableau serait incomplet sans ses zones d’ombre : il y a aussi l’impuissance avec laquelle chacun doit tôt ou tard composer face aux expulsions et aux situations où des individus sombrent, les doutes qui surgissent et tempèrent la ferveur des discours militants, l’horreur des récits de réfugiés fuyant des pays pas si lointains. De là, l’auteur pose des questions urgentes : qu’est-ce qui motive des êtres humains à en aider d’autres à pouvoir vivre dignement ? Qu’est-ce qui, dans notre époque, fait obstacle à ce geste fondamental ?
Petite vidéo et conférence de l'auteur disponibles sur le site de l'éditeur.
Source : Labor et Fides
Quelle est l’histoire d’Eugen Brand qui a porté avec d’autres, pendant quarante ans, la mission d’Agir tous ensemble pour la dignité, mouvement plus connu sous le nom d’ATD Quart Monde?
Né en Suisse, Eugen Brand rencontre le Mouvement à l’âge de 22 ans et devient volontaire permanent. Il vit alors avec des familles en grande pauvreté et apprend à leurs côtés. Cet engagement le mènera à Créteil (près de Paris), New York, Bâle, au Pérou, en Bolivie. Il a été délégué général d’ATD Quart Monde après la mort du fondateur Joseph Wresinski. Il a occupé cette responsabilité avec d’autres en cherchant et en apprenant à vivre, penser et agir en mouvement tout à la fois localement et à l’échelle du monde.
Michel Sauquet est écrivain et enseignant à Sciences Po Paris. Il a passé l’essentiel de sa vie professionnelle dans le domaine de la coopération internationale et interculturelle.
«La dignité pour boussole», de Eugen Brand et Michel Sauquet, Editions Quart Monde et Les Editions de l’Atelier. 2020, 384 pages. 20.- CHF (+Port). Commande en ligne. Présentation du livre en visioconférence
L’Observatoire du bénévolat en Suisse 2020 reflète l’état actuel de l’engagement non rémunéré.
L’engagement bénévole en faveur du bien-être humain, de la société ou de l’environnement fait l’objet d’études régulières. L’Observatoire cherche à comprendre pourquoi, dans un monde dominé par les échanges monétaires, certaines personnes s’engagent sans être rémunérées pour le bien commun, favorisant ainsi la cohésion et la vitalité de la société.
L’Observatoire s’intéresse en outre aux tendances et évolutions qui caractérisent le travail bénévole, offrant ainsi des bases essentielles pour la gestion des bénévoles au sein des associations, clubs, foyers, églises et organisations caritatives. La Société suisse d’utilité publique (SSUP) a pour mission principale la promotion de la cohésion sociale et de l’engagement bénévole. La SSUP a lancé l’Observatoire du bénévolat en Suisse il y a près de 20 ans et publie son enquête tous les quatre à cinq ans.
Source : Seismo
Dans le Bulletin des médecins suisses (BMS) du 15 juillet 2020, sept spécialistes des addictions analysent l’arrêt du Tribunal fédéral qui permet aux personnes souffrant d’addictions d’obtenir une rente AI.
Les auteurs et autrices : Valérie Junod, Shirin Hatam, Etienne Colomb, Yasser Khazaal, Jean-Félix Savary, Robert Haemmig, Olivier Simon
Introduction : «Les personnes atteintes de syndrome de dépendance ont désormais autant de chance d’obtenir une rente AI que celles souffrant d’autres troubles psychiques. En juillet 2019, le Tribunal fédéral a changé sa jurisprudence. Ce renversement facilite également la tâche des médecins chargés des expertises visant à déterminer si une personne a droit ou non à une telle rente. Des incertitudes subsistent toutefois quant à la mise en œuvre de l’arrêt.»
Jusqu’ici en effet, «les expertises médicales étaient alambiquées, tantôt insoutenables sous l’angle médical mais respectueuses du cadre légal, tantôt le contraire. Les médecins traitants comme les personnes examinées regrettaient des résultats incompréhensibles. Les personnes souffrant d’un syndrome de dépendance se sentaient stigmatisées, peu reconnues, voire rejetées. Même si elles recevaient néanmoins le revenu minimal d’insertion du canton, le mythe du profiteur et du faux malade avait des effets délétères tant sur l’image d’elles-mêmes que sur leurs relations sociales et sur la relation avec leurs soignants et possiblement sur l’évolution même des troubles.»
Tout n’est pas résolu pour autant, mais «une vision mieux ancrée dans la réalité des personnes – une réalité où la souffrance et parfois la honte, et non le plaisir, occupent le centre de la scène – devrait permettre d’aménager des conditions cadres où le droit de chacun d’atteindre le meilleur état de santé sera progressivement réalisé.»
Lire aussi les articles et actualités dans REISO
Cet article du Bulletin des médecins suisses en ligne
En savoir plus sur le BMS
Le dernier numéro de la Revue suisse de pédagogie spécialisée consacre son dossier à la compensation des désavantages.
«Il y a deux façons de discriminer les personnes en situation de handicap: lorsqu’on ne leur donne pas les mêmes droits qu’aux autres; lorsqu’elles ont besoin d’un traitement différencié et qu’elles ne l’obtiennent pas.» L’éditorial de Caroline Ayer est disponible en format pdf.
Après la solitude et l’alimentation, le troisième numéro de humains consacre son dossier à la santé mentale.
Avec ses textes originaux et ces images surprenantes, ce magazine de arsanté, à Genève, poursuit son travail original d’édition.
Le dossier de ce numéro de mai-juillet 2020 a pour thème la santé mentale, avec les regards croisés du musicien Ivan Angelè, la directrice de l’association Minds Anne-Marie Trabichet et le professeur en santé mentale globale à l’Université Harvard Shekhar Saxena.
La revue rappelle aussi que, dans les sociétés avancées, une personne sur quatre souffre de problèmes de santé mentale. Elle présente la «nomophobie», pour «no mobile phobia», c’est-à-dire la peur d’être coupé de son téléphone portable. En Suisse, près d’une personne sur deux estime utiliser ou consulter trop souvent son téléphone.
A lire aussi, le témoignage de cette femme de 32 ans qui revient sur son burn-out maternel. Elle devait jongler entre deux enfants en bas âge, un job de graphiste, un blog et une boutique en ligne qu’elle gérait avec une amie. Un rythme effréné pour cette mère qui se dit perfectionniste. Un matin, impossible de se lever, de s’occuper des enfants ou d’aller au travail. Son corps a dit stop…
Revue gratuite diffusée dans des EMS et Centres de santé à Genève. Ou à commander par mail ou par téléphone +41 79 269 39 18
La sociologue Véréna Keller explique dans la page Contrechamp du quotidien Le Courrier pourquoi l’aide sociale est restée en retrait en Suisse pendant la crise du coronavirus. Et pourquoi la compassion ne remplace pas la justice sociale.
© Christian Bonzon
L’aide sociale reste «une démarche compliquée, longue et éprouvante». Même en période de crise, il faut attendre des semaines et fournir la liste des documents exigés. Et Véréna Keller de souligner le contraste avec l’aide aux PME. Le 4 avril déjà, 76’000 demandes de crédits transitoires avaient été traitées, soit un cautionnement toutes les quatre secondes !
Si l’aide sociale est restée en retrait, la sociologue rappelle l’aide individuelle mise en place et analyse son impact sur le système politique.
«Ces pratiques révèlent et renforcent une tendance à l’aide d’urgence au détriment du droit. Le sociologue et médecin Didier Fassin [1] constate, en France dès les années 1990, des nouvelles politiques sociales désormais «fondées sur l’humanitaire et la compassion et non plus sur la justice sociale et l’égalité». Elles permettent «d’afficher une préoccupation publique qui relève toutefois de la sollicitude plutôt que de la solidarité». […] Tant mieux pour les personnes concernées? Pas sûr. Ces choix politiques ne sont pas innocents. L’aide d’urgence et la charité sont peu onéreuses et déploient un effet de domination et de distance sociale prononcé.»
[1] Didier Fassin, Des maux indicibles: sociologie des lieux d’écoute, Paris : La Découverte, 2004, 198 pages.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Corine Pelluchon est une philosophe française reconnue et écoutée. Elle est très préoccupée par le besoin que notre société change pour limiter les dégâts majeurs liés au dérèglement climatique et à la diminution de la biodiversité. Dans son ouvrage « Réparons le monde - Humains, animaux, nature » (Rivages Poche, 2020), elle présente et débat des changements de cœur et de comportements qui devraient être atteints/induits chez nos contemporains. Cet ouvrage retiendra l’attention de celles et ceux qui réfléchissent et veulent agir vis-à-vis de ces défis. Pour elle, il n’y a pas de progrès possible dans le sens d’une société durable sans refus du modèle libéral, avec ses incitations obsessionnelles à produire, à consommer et à épuiser les ressources non renouvelables.
Vieux moi-même, j’ai été intéressé par le chapitre qu’elle consacre à « La vieillesse ou l’amour du monde ». Extraits : « Vieillir échappe à notre volonté et nous impose l’expérience d’une passivité. Il s’agit de subir, de reconnaitre que ‘cela se passe’. A la différence du vieillissement qui est un phénomène de ralentissement, la vieillesse est un jugement. C’est le moment où un individu se dit qu’il est vieux parce qu’il a l’impression d’être mis à l’écart, disqualifié. Ce ne sont pas les phénomènes de déclin physique et intellectuel qui la conduisent à accepter ce verdict, mais le regard des autres ». Je me permets de préciser ici que, quant à son seul ressenti personnel, on a tendance à penser que ce sont surtout les autres qui vieillissent !
Pelluchon estime qu’il n’est guère possible de bien vieillir dans une société de la performance. Guère possible non plus de mettre en place des politiques sociales et sanitaires adéquates, c’est-à-dire qui ne mettraient pas à l’écart les âgés. Pas possible de « parler de la prise en charge des plus vulnérables tout en continuant à cautionner une idéologie qui produit l’individualisme dont les effets sont censés être corrigés par des mesures d’austérité et des réformes. » « La valorisation de la performance et l’idéal de maîtrise sont de véritables obstacles à l’accompagnement des personnes âgées : non seulement ils les empêchent de trouver un sens à leur existence et de considérer le vieillissement autrement que de manière négative, mais de plus ils contredisent la notion de dignité qui est consubstantielle à notre responsabilité envers les plus vulnérables. »
Elle prend ses distances avec une certaine idée de l’autonomie, pourtant un principe dont (presque) tout le monde dit l’importance… « L’éthique de l’autonomie est (dans la doctrine libérale) une idéologie qui repose sur une conception étroite de cette notion et trahit une obsession de la maitrise de soi et de la performance s’opposant aux qualités qu’il est important d’acquérir quand on vieillit. » Une politique de la vieillesse, même si elle garantit l’accès à des logements sains et à des loisirs, « sera vaine tant que l’on ne changera pas les représentations de la vie et de la valeur de la vie sur lesquelles repose notre société ».
Pelluchon à sa dernière page : « Il est urgent de réorganiser le travail en fonction du sens des activités, au lieu de penser l’efficacité et l’équité à la lumière de la rentabilité qui prévaut dans la production d’objets manufacturés. Cela exige la sortie de l’économisme lié au règne du profit [...] C’est en ce sens que la réflexion philosophique sur la vieillesse est radicale ; elle suppose l’amour du monde. »
«Réparons le monde. Humains, animaux, nature», Corine Pelluchon, Paris : Editions Rivages Poche, mai 2020, 288 pages. En version papier ou numérique.
La Haute école de travail social de la HES-SO Valais-Wallis annonce la parution d’un article consacré aux ressortissant·e·s suisses au Maroc et en Espagne.
«Vieillir à l’étranger. Le cas des ressortissant·e·s suisses au Maroc et en Espagne», par Marion Repetti et Claudio Bolzman.
La migration tardive de ressortissant·e·s de pays riches vers des pays plus pauvres est de plus en plus fréquente. Elle est portée par des motivations d’ordre culturel, social et économique. Si des auteur·e·s s’intéressent à cette pratique, ils et elles ne s’intéressent que rarement au cas des personnes quittant la Suisse. Pourtant, en 2017, 11 % des Suissesses et des Suisses âgés de 65 ans et plus vivaient à l’étranger. Se basant sur des études de cas en Espagne et au Maroc, cet article contribue à mieux connaître ce phénomène.
Article paru dans la «Revue suisse de sociologie», N° 46, 2020, 2e cahier, 169 pages. Editions Seismo, accès libre en version pdf.
Dans ce même numéro, trois articles sur d’autres aspects des migrations
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L’Office fédéral de la statistique (OFS) montre que, en 2018, près de 42% des femmes et 46% des hommes ont perçu leur prestation de prévoyance professionnelle avant l’âge légal de la retraite.
En 2018, la rente médiane de vieillesse versée pour la première fois par la prévoyance professionnelle, qu'elle soit anticipée ou non, s’élevait à 1165 francs par mois pour les femmes et à 2217 francs par mois pour les hommes. Cela signifie que 50% des personnes de chaque sexe ont touché une rente supérieure à ce montant et 50% une rente inférieure. En ce qui concerne les versements en capital, le montant médian avoisinait 138 000 francs pour les hommes et 56 800 francs pour les femmes.
Largement connus, ces écarts importants entre les hommes et les femmes s’expliquent en partie par les différences de parcours professionnel, les interruptions de travail et les emplois à temps partiel. De plus, l’écart salarial entre hommes et femmes se traduit directement par un écart dans les prestations de prévoyance professionnelle.
Source : OFS
Dans un récit vivant et actuel, l’équipe d’un hôpital de jour témoigne du quotidien, de l’intime, de la rencontre et de l’échange d’une clinique engagée.
En suivant la temporalité d’une journée ordinaire, s’y expose une pratique qui allie éducation, pédagogie et thérapeutique, non pas « contre » une pathologie, mais avec l’enfant en souffrance psychique et sa famille.
Tous les acteurs – éducateurs, infirmière, institutrices, assistante sociale, secrétaire, pédiatre, psychologues, pédopsychiatres, directeurs, psychanalystes, psychomotriciens et cuisinière – racontent leur idée du soin qui s’inscrit dans une expérience collective et plurielle de quarante ans, fière de ses résultats thérapeutiques au long cours.
Cet essai de transmission vise à rendre de l’espoir aux enfants, aux familles et aux professionnels à partir des valeurs humanistes orientées par la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle d’aujourd’hui, loin d’une psychiatrie dogmatique et culpabilisante qui, associée à une baisse constante des dotations budgétaires, remet en cause tout l’édifice institutionnel du soin psychique destiné aux enfants.
Livre collectif «Le quotidien d'un hôpital de jour pour enfants. Souffrance psychique et soin institutionnel», Jean-Michel Carbunar (coordination.), Toulouse : Editions Eres, mars 2020, 272 pages.
Le numéro de mars 2020 de la Revue suisse de sociologie consacre un article aux concurrences entre métiers aux contours flous dans les établissements pour personnes âgées.
Au sommaire de ce numéro: Désaccords en établissements pour personnes âgées. Analyser les concurrences entre métiers aux contours flous. Par David Pichonnaz, Alexandre Lambelet, Valérie Hugentobler
Cet article s’intéresse aux débats interprofessionnels à propos du travail de soin et d’accompagnement des personnes âgées en établissements médicosociaux. Explorant les principes mobilisés par les professionnel·le·s pour juger leur travail et celui des autres, il montre que quatre principes généraux sont unanimement évoqués. Les désaccords entre actrices et acteurs portent sur les manières de les hiérarchiser, en raison de normes professionnelles qui sont variables et parfois antagoniques.
Le dernier numéro de «Dépendances», la revue romande sur les addictions, consacre son dossier au pari du rétablissement.
«Issu des usagers de la psychiatrie, le modèle du rétablissement s’éloigne d’une vision linéaire et mécanique du changement et redonne de l’espace à la personne. Mais si cette réflexion critique a aujourd’hui conquis le monde, force est de constater que les pratiques n’évoluent pas toutes à la même vitesse. Le rétablissement n’est pas une sorte de novlangue, qui permet de résoudre les problèmes en changeant le nom de ce que nous faisons. L’enjeu est trop important. Le rétablissement pose des exigences élevées aux professionnels et aux institutions. Les assurances sociales en Suisse fonctionnent à l’opposé de cette logique, comme bon nombre de processus de soins. [… Avec la notion de rétablissement], l’expert, juge, médecin ou travailleur social, ne peut plus se permettre de décider ce qui est bon pour autrui. Le rétablissement va au-delà du partenariat. Il met la personne au même niveau que le système de soins.» Jean-Félix Savary
Dépendances est un magazine édité par Addiction Suisse et le GREA. Il paraît quatre fois par année. 20 frs le numéro.
Lire aussi dans REISO «Recovery - Vers le rétablissement dans les maladies psychiques».
L’association romande Pro Mente Sana a publié le premier numéro de sa nouvelle revue, Esprit(s), qui remplace sa Lettre trimestrielle.
Ce nouveau magazine est réalisé et édité par l’équipe rédactionnelle de Planète Santé, des éditions Médecine et Hygiène. Dans leur édito, Jean-Dominique Michel, secrétaire général de Pro Mente Sana, et le Dr Philippe Schaller, président, précise que cette revue paraîtra deux fois par an avec, à chaque fois, un dossier thématique réunissant différents auteurs et autrices et différents points de vue.
Sur ses 32 pages couleurs, le premier numéro consacre son dossier à la question du handicap dans le domaine de la santé psychique. Car si la notion et la définition du handicap ont beaucoup évolué ces dernières années, les dispositifs construits au fil du temps doivent eux aussi profondément s’adapter. Ce dossier présente aussi la nouvelle loi adoptée en septembre 2019 à Bâle qui montre la voie des changements possibles. Il passe également en revue le contenu de la Convention de l’ONU pour le droit des personnes en situation de handicap.
Ce numéro consacre un éclairage aux conseils de l’OMS pour le domaine de la psychiatrie. L’organisation mondiale recommande en effet de fermer progressivement les hôpitaux psychiatriques pour les remplacer par des services intégrés dans les communautés. Le chemin sera long pour réaliser cet objectif, mais des outils sont désormais à disposition pour, dans une première phase, évaluer les établissements existants.
Esprit(s) publie également un témoignage sur «Le déni des souffrances psychologiques par les institutions sociales», des informations sur les expertises contestables des médecins de l’AI (lire l’actualité de REISO sur cette nouvelle plateforme), les diagnostics psychiatriques et le retour des substances psychédéliques dans certaines thérapies.
La revue est gratuite et disponible en format papier (commande à ) ou en format numérique en ligne.
Le mouton blanc dans une fratrie, c’est l’enfant qui – en apparence – va bien, qui n’inquiète pas, qui ne mobilise ni son entourage ni les professionnel·le·s.
Les moutons blancs sont discrets, si ce n’est invisibles. Et pourtant, ils jouent un rôle essentiel au sein de la dynamique familiale qui s’articule autour du mouton noir (celui dont la souffrance est évidente).
Quelle réelle place occupent ces moutons blancs dans leurs familles ? Quels ressentis les animent au quotidien et dans la durée ? Quelle compréhension ont-ils de leur fonction et rôle ?
Texte polymorphique, Les Moutons blancs combine des témoignages et leur analyse, décryptages cinématographiques et encarts théoriques pour tenter de comprendre la réalité de ces acteurs et actrices de l’ombre. Ainsi, ces quelques pages opèrent un déplacement de focale et se décentrent du porteur de symptômes de la fratrie.
Parents, proches, professionnel·le·s, et bien évidemment moutons noirs eux-mêmes pourront ainsi poser un regard renouvelé sur des relations familiales en apparence asymptomatiques qui dissimulent parfois de considérables souffrances. Cet ouvrage tente de mettre en mots les éprouvés souvent non exprimés des moutons blancs et de mettre en lumière leurs ressources.
«Les moutons blancs. Une souffrance invisible», de Chloé Laborde, collab. Stéphane Michaud, Genève : Editions ies, Collection Pratique.s, 2020, 102 pages.
Dans un projet mené au centre Rigot de l’Hospice général, à Genève, des réfugié·e·s et des requérant·e·s d’asile ont rencontré des étudiant·e·s. Résultats ? Dix parcours d’exil et d’asile en bandes dessinées.
Elles s'appellent Narges ou Lela, ils se nomment Awet, Sri ou encore Robiel. Réfugié∙es, requérant∙es d’asile ou bénéficiaires de l’aide sociale, toutes et tous ont un point commun : début mars, ils et elles ont participé à un magnifique projet organisé en collaboration avec l’Ecole supérieure de bande dessinée et d’illustration et le Festival du film et forum international sur les droits humains.
Alors que le festival annonçait l’annulation de la plupart de ses événements, le centre d’hébergement collectif de Rigot accueillait un des seuls projets maintenus : un atelier BD supervisé par Joe Sacco. Sous l’œil bienveillant du maître de la BD de reportage, Narges, Sri et les autres ont rencontré, le temps d’un après-midi, dix étudiant·es en illustration.
Constitués par affinités linguistiques ou de caractère, les binômes ont échangé durant plusieurs heures. Les étudiant∙es ont ensuite eu deux jours pour traduire en images l’histoire souvent difficile de leur interlocuteur·trice. Difficulté renforcée par plusieurs contraintes techniques : le noir et blanc, le format A3, 4 planches au maximum.
Le résultat de ces échanges est impressionnant. Il fera bientôt l’objet d’un catalogue. Mais en attendant, découvrez le parcours de ces bénéficiaires en ligne.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Les mouvements d’opinion des derniers mois concernant le racisme et les relations femmes-hommes m’interpellent, en tant qu’homme et en tant que médecin. Je pense n’être pas seul à reconsidérer des attitudes, dans ces domaines transculturels, que je croyais adéquates.
A propos du racisme, ma famille et moi avons vécu dans les deux Amériques, en Inde, puis en Afrique (huit ans en tout) et y avons développé des amitiés durables. De retour au pays, j’ai continué à être très « interculturel ». J’ai présidé durant neuf ans la section vaudoise de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme et ai fait partie de comités d’organisations de développement. Ma conviction née de l’expérience : « La différence, c’est toujours intéressant, laissons-nous enrichir par les atouts de la diversité. »
De notre séjour aux Etats-Unis, je garde un bon souvenir de l’intégration des Afro-Américains – en milieu universitaire. Mais la force et l’étendue des manifestations qui ont suivi l’homicide de George Floyd à Minneapolis, ainsi que les témoignages multiples de personnes d’ascendance africaine (entre autres), aux USA, en Suisse et ailleurs, m’ont vivement questionné. Suis-je resté aveugle, au cours des décennies ? Sans saisir ce que ressentent dans leur quotidien nos concitoyens « différents » devant trop d’attitudes qui vont de la maladresse à l’inadmissible : réserve, malaise, évitement, rejet voire gestes et paroles insultantes ? Au travail, à l’école, dans la rue, dans les loisirs ? J’ai cru trop vite que le problème était réglé pour l’essentiel, que les réflexes racistes étaient devenus très minoritaires. Le très persistant racisme ordinaire remis en lumière me bouscule. On ne lynche pas ici de jeunes Noirs, mais que dire de quantité d’attitudes stigmatisantes qui font sentir qu’ils/elles ne sont « pas comme nous », et pas bienvenus ?
Même examen de conscience pour les rapports femme-homme. Je pense avoir été correct, courtois, aidant parfois, avec mes collaboratrices et collègues – et j’ai cru que les choses se passaient raisonnablement dans ce pays. Même si je savais, sans attendre les coups de projecteur de #metoo, que beaucoup de femmes avaient à souffrir de paroles et de gestes à connotation sexuelle (j’ai eu à m’en préoccuper en tant que médecin cantonal). Les dernières Marches des femmes du 14 juin m’ont fait mieux saisir l’acuité et la gravité durables du problème.
Il faut se rendre à l’évidence : ces formes d’« infériorité » – respectivement de « supériorité » – sont systémiques et perdurent. Au bénéfice de l’homme à peau blanche, systématiquement favorisé, indépendamment de toute donnée personnelle ou circonstancielle. Toutes choses égales par ailleurs, cela reste en 2020 une muette loi d’airain.
Il y a des améliorations, mais éradiquera-t-on un jour complètement ces inégalités profondément inscrites ? Si la promulgation de lois, chartes et déclarations est indispensable pour poser un cadre ferme, ces textes ne sauraient régler ce qui relève du « fine tuning », de comportements usuels et quotidiens, « non scandaleux », qui gardent une dimension sexiste ou raciste. C’est à chacun-e d’en prendre conscience personnellement et d’évoluer.
On pourra juger ces propos excessifs, « auto-flagellation à la suisse » voire atteinte à la liberté d’expression. Débat classique. Je crois à cette formule : « La liberté de chacun ne vaut que par les limites qu’on lui met. »
Un mot sur les appels, dans la foulée de « Black Lives Matter », à déboulonner statues ou plaques honorant des personnages qui ont fait fortune dans la traite des êtres humains (pour parfois se montrer généreux dans leur lieu d’origine). N’espérons pas trouver un catalogue de principes permettant de trancher chaque cas avec justice. On n’efface pas l’Histoire, mais on peut l’analyser.
L’important est que les enfants à l’école, et la collectivité, soient informés de manière factuelle et équilibrée. Que soient menés des débats sur les « différences » alléguées entre personnes et groupes : pourquoi les uns continueraient-ils à être jugés « moins égaux que les autres » ? Qu’est-ce qui fait perdurer ce phénomène ? Beau défi pédagogique.
Notre société est confrontée à d’autres enjeux de survie, apparemment plus lourds encore. Pourtant, les inégalités et les atteintes à la dignité charriées par « Le Système » (et notre inconscient ?) sont un immense enjeu.
Bureaux partagés en sous-location à Lausanne-centre, dans un environnement propice aux échanges et aux synergies, notamment avec des associations axées sur la famille. (image : © Freepik)