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Le dernier numéro de «Dépendances», la revue romande sur les addictions, consacre son dossier au pari du rétablissement.
«Issu des usagers de la psychiatrie, le modèle du rétablissement s’éloigne d’une vision linéaire et mécanique du changement et redonne de l’espace à la personne. Mais si cette réflexion critique a aujourd’hui conquis le monde, force est de constater que les pratiques n’évoluent pas toutes à la même vitesse. Le rétablissement n’est pas une sorte de novlangue, qui permet de résoudre les problèmes en changeant le nom de ce que nous faisons. L’enjeu est trop important. Le rétablissement pose des exigences élevées aux professionnels et aux institutions. Les assurances sociales en Suisse fonctionnent à l’opposé de cette logique, comme bon nombre de processus de soins. [… Avec la notion de rétablissement], l’expert, juge, médecin ou travailleur social, ne peut plus se permettre de décider ce qui est bon pour autrui. Le rétablissement va au-delà du partenariat. Il met la personne au même niveau que le système de soins.» Jean-Félix Savary
Dépendances est un magazine édité par Addiction Suisse et le GREA. Il paraît quatre fois par année. 20 frs le numéro.
Lire aussi dans REISO «Recovery - Vers le rétablissement dans les maladies psychiques».
L’association romande Pro Mente Sana a publié le premier numéro de sa nouvelle revue, Esprit(s), qui remplace sa Lettre trimestrielle.
Ce nouveau magazine est réalisé et édité par l’équipe rédactionnelle de Planète Santé, des éditions Médecine et Hygiène. Dans leur édito, Jean-Dominique Michel, secrétaire général de Pro Mente Sana, et le Dr Philippe Schaller, président, précise que cette revue paraîtra deux fois par an avec, à chaque fois, un dossier thématique réunissant différents auteurs et autrices et différents points de vue.
Sur ses 32 pages couleurs, le premier numéro consacre son dossier à la question du handicap dans le domaine de la santé psychique. Car si la notion et la définition du handicap ont beaucoup évolué ces dernières années, les dispositifs construits au fil du temps doivent eux aussi profondément s’adapter. Ce dossier présente aussi la nouvelle loi adoptée en septembre 2019 à Bâle qui montre la voie des changements possibles. Il passe également en revue le contenu de la Convention de l’ONU pour le droit des personnes en situation de handicap.
Ce numéro consacre un éclairage aux conseils de l’OMS pour le domaine de la psychiatrie. L’organisation mondiale recommande en effet de fermer progressivement les hôpitaux psychiatriques pour les remplacer par des services intégrés dans les communautés. Le chemin sera long pour réaliser cet objectif, mais des outils sont désormais à disposition pour, dans une première phase, évaluer les établissements existants.
Esprit(s) publie également un témoignage sur «Le déni des souffrances psychologiques par les institutions sociales», des informations sur les expertises contestables des médecins de l’AI (lire l’actualité de REISO sur cette nouvelle plateforme), les diagnostics psychiatriques et le retour des substances psychédéliques dans certaines thérapies.
La revue est gratuite et disponible en format papier (commande à ) ou en format numérique en ligne.
Le mouton blanc dans une fratrie, c’est l’enfant qui – en apparence – va bien, qui n’inquiète pas, qui ne mobilise ni son entourage ni les professionnel·le·s.
Les moutons blancs sont discrets, si ce n’est invisibles. Et pourtant, ils jouent un rôle essentiel au sein de la dynamique familiale qui s’articule autour du mouton noir (celui dont la souffrance est évidente).
Quelle réelle place occupent ces moutons blancs dans leurs familles ? Quels ressentis les animent au quotidien et dans la durée ? Quelle compréhension ont-ils de leur fonction et rôle ?
Texte polymorphique, Les Moutons blancs combine des témoignages et leur analyse, décryptages cinématographiques et encarts théoriques pour tenter de comprendre la réalité de ces acteurs et actrices de l’ombre. Ainsi, ces quelques pages opèrent un déplacement de focale et se décentrent du porteur de symptômes de la fratrie.
Parents, proches, professionnel·le·s, et bien évidemment moutons noirs eux-mêmes pourront ainsi poser un regard renouvelé sur des relations familiales en apparence asymptomatiques qui dissimulent parfois de considérables souffrances. Cet ouvrage tente de mettre en mots les éprouvés souvent non exprimés des moutons blancs et de mettre en lumière leurs ressources.
«Les moutons blancs. Une souffrance invisible», de Chloé Laborde, collab. Stéphane Michaud, Genève : Editions ies, Collection Pratique.s, 2020, 102 pages.
Dans un projet mené au centre Rigot de l’Hospice général, à Genève, des réfugié·e·s et des requérant·e·s d’asile ont rencontré des étudiant·e·s. Résultats ? Dix parcours d’exil et d’asile en bandes dessinées.
Elles s'appellent Narges ou Lela, ils se nomment Awet, Sri ou encore Robiel. Réfugié∙es, requérant∙es d’asile ou bénéficiaires de l’aide sociale, toutes et tous ont un point commun : début mars, ils et elles ont participé à un magnifique projet organisé en collaboration avec l’Ecole supérieure de bande dessinée et d’illustration et le Festival du film et forum international sur les droits humains.
Alors que le festival annonçait l’annulation de la plupart de ses événements, le centre d’hébergement collectif de Rigot accueillait un des seuls projets maintenus : un atelier BD supervisé par Joe Sacco. Sous l’œil bienveillant du maître de la BD de reportage, Narges, Sri et les autres ont rencontré, le temps d’un après-midi, dix étudiant·es en illustration.
Constitués par affinités linguistiques ou de caractère, les binômes ont échangé durant plusieurs heures. Les étudiant∙es ont ensuite eu deux jours pour traduire en images l’histoire souvent difficile de leur interlocuteur·trice. Difficulté renforcée par plusieurs contraintes techniques : le noir et blanc, le format A3, 4 planches au maximum.
Le résultat de ces échanges est impressionnant. Il fera bientôt l’objet d’un catalogue. Mais en attendant, découvrez le parcours de ces bénéficiaires en ligne.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Les mouvements d’opinion des derniers mois concernant le racisme et les relations femmes-hommes m’interpellent, en tant qu’homme et en tant que médecin. Je pense n’être pas seul à reconsidérer des attitudes, dans ces domaines transculturels, que je croyais adéquates.
A propos du racisme, ma famille et moi avons vécu dans les deux Amériques, en Inde, puis en Afrique (huit ans en tout) et y avons développé des amitiés durables. De retour au pays, j’ai continué à être très « interculturel ». J’ai présidé durant neuf ans la section vaudoise de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme et ai fait partie de comités d’organisations de développement. Ma conviction née de l’expérience : « La différence, c’est toujours intéressant, laissons-nous enrichir par les atouts de la diversité. »
De notre séjour aux Etats-Unis, je garde un bon souvenir de l’intégration des Afro-Américains – en milieu universitaire. Mais la force et l’étendue des manifestations qui ont suivi l’homicide de George Floyd à Minneapolis, ainsi que les témoignages multiples de personnes d’ascendance africaine (entre autres), aux USA, en Suisse et ailleurs, m’ont vivement questionné. Suis-je resté aveugle, au cours des décennies ? Sans saisir ce que ressentent dans leur quotidien nos concitoyens « différents » devant trop d’attitudes qui vont de la maladresse à l’inadmissible : réserve, malaise, évitement, rejet voire gestes et paroles insultantes ? Au travail, à l’école, dans la rue, dans les loisirs ? J’ai cru trop vite que le problème était réglé pour l’essentiel, que les réflexes racistes étaient devenus très minoritaires. Le très persistant racisme ordinaire remis en lumière me bouscule. On ne lynche pas ici de jeunes Noirs, mais que dire de quantité d’attitudes stigmatisantes qui font sentir qu’ils/elles ne sont « pas comme nous », et pas bienvenus ?
Même examen de conscience pour les rapports femme-homme. Je pense avoir été correct, courtois, aidant parfois, avec mes collaboratrices et collègues – et j’ai cru que les choses se passaient raisonnablement dans ce pays. Même si je savais, sans attendre les coups de projecteur de #metoo, que beaucoup de femmes avaient à souffrir de paroles et de gestes à connotation sexuelle (j’ai eu à m’en préoccuper en tant que médecin cantonal). Les dernières Marches des femmes du 14 juin m’ont fait mieux saisir l’acuité et la gravité durables du problème.
Il faut se rendre à l’évidence : ces formes d’« infériorité » – respectivement de « supériorité » – sont systémiques et perdurent. Au bénéfice de l’homme à peau blanche, systématiquement favorisé, indépendamment de toute donnée personnelle ou circonstancielle. Toutes choses égales par ailleurs, cela reste en 2020 une muette loi d’airain.
Il y a des améliorations, mais éradiquera-t-on un jour complètement ces inégalités profondément inscrites ? Si la promulgation de lois, chartes et déclarations est indispensable pour poser un cadre ferme, ces textes ne sauraient régler ce qui relève du « fine tuning », de comportements usuels et quotidiens, « non scandaleux », qui gardent une dimension sexiste ou raciste. C’est à chacun-e d’en prendre conscience personnellement et d’évoluer.
On pourra juger ces propos excessifs, « auto-flagellation à la suisse » voire atteinte à la liberté d’expression. Débat classique. Je crois à cette formule : « La liberté de chacun ne vaut que par les limites qu’on lui met. »
Un mot sur les appels, dans la foulée de « Black Lives Matter », à déboulonner statues ou plaques honorant des personnages qui ont fait fortune dans la traite des êtres humains (pour parfois se montrer généreux dans leur lieu d’origine). N’espérons pas trouver un catalogue de principes permettant de trancher chaque cas avec justice. On n’efface pas l’Histoire, mais on peut l’analyser.
L’important est que les enfants à l’école, et la collectivité, soient informés de manière factuelle et équilibrée. Que soient menés des débats sur les « différences » alléguées entre personnes et groupes : pourquoi les uns continueraient-ils à être jugés « moins égaux que les autres » ? Qu’est-ce qui fait perdurer ce phénomène ? Beau défi pédagogique.
Notre société est confrontée à d’autres enjeux de survie, apparemment plus lourds encore. Pourtant, les inégalités et les atteintes à la dignité charriées par « Le Système » (et notre inconscient ?) sont un immense enjeu.
Infodrog, la centrale nationale de coordination des addictions, a publié la fiche d’information synoptique sur les centres d’accueil bas seuil en Suisse.
Dans une optique de réduction des risques, ces centres d’accueil permettent aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas renoncer à la consommation de substances illégales d’accéder à une aide et à une consultation.
Les coûts des quatre piliers de la politique nationale des drogues se répartissent à raison de 798 millions pour la répression, 460 millions pour le traitement, 60 millions pour la réduction des risques et 53 millions pour la prévention.
Télécharger la fiche 2 pages en format pdf
La loi révisée sur l'égalité est entrée en vigueur le 1er juillet 2020. Cette date est également celle choisie pour le lancement du clip didactique sur les droits des femmes en images et en langage faciles à comprendre.
Le film d’animation de 2:30 minutes marque le 40e anniversaire de la Convention de l’ONU sur les droits des femmes (CEDEF / CEDAW en anglais). Cette Convention présente les discriminations subies par les femmes* dans la société et exige que des mesures soient prises pour assurer l’égalité juridique et de fait dans tous les domaines de la vie. Cela inclut explicitement des mesures positives, c’est-à-dire la promotion active des catégories de personnes discriminées jusqu’à ce qu’un équilibre soit atteint.
La Convention impose en outre à la Suisse de documenter régulièrement et d’analyser les avancées et les déficits dans le domaine de l’égalité.
A l’attention des juristes, la Commission fédérale pour les questions féminines propose gratuitement un guide sur cette convention. Il donne accès aux documents pertinents et explique le fonctionnement de la procédure internationale. Il s’appuie sur des situations concrètes pour montrer comment la convention peut être utilisée dans la pratique juridique suisse.
Compte rendu par Jean Martin
Cyril Dion est bien connu pour le succès de « Demain » réalisé en 2015 avec Mélanie Laurent. Ce film a inspiré et encouragé des dizaines de milliers de personnes à entreprendre des démarches, notamment au niveau local, dans un sens de durabilité, permaculture, diminution des déchets, animation communautaire.
Très préoccupé par le dérèglement climatique, il brosse la situation actuelle avec les signes patents de la dégradation de la planète et la paralysie politique. Parmi d’autres graves anomalies : « Globalement, 97% des mouvements d’argent sont spéculatifs pour seulement 3% dans l’économie réelle, les échanges de biens et de richesses tangibles. »
Il relève les campagnes de « désorientation systématique » auxquelles nous sommes soumis dans un monde qui s’accoutume aux fake news.
L’auteur insiste sur la place des récits comme moteurs des évolutions sociétales. Il est pour lui impératif de développer des « histoires » autres que celles du XXe siècle avec les Trente Glorieuses, le « rêve américain », etc. « Il est fondamental, plutôt que de vouloir imposer les fictions que nous jugeons positives, de créer des contextes culturels qui réveillent notre créativité, stimulent nos capacités d’empathie et nourrissent nos connaissances. » Et d’agir à partir d’une compréhension partagée des faits.
Le changement, Dion veut le promouvoir par des démarches non-violentes. « Les perspectives radicales d’affrontements violents nous conduiraient à reproduire ce que nous prétendons combattre. Il ne s’agit pas de prendre les armes, mais de transformer notre façon de voir le monde. De tout temps, ce sont les récits qui ont porté les mutations philosophiques, politiques… » La question est : « Dans quelle perspective globale, dans quels récits collectifs, nos actions s’inscrivent-elles ? »
Il s’agit donc de commencer par des objectifs atteignables, comme que le recommande l’éducateur américain Jonathan Kozol. « Choisissez des batailles assez importantes pour compter, mais assez petites pour les gagner. » Il y a ainsi évidemment une place pour les « petits gestes » des personnes, des familles, des groupes locaux. L’auteur rappelle les quatre R (réduire, réutiliser, recycler, réparer) et y ajoute louer et partager - la liste peut être allongée.
Il faut aussi passer à l’étape supérieure et porter les préoccupations aux plus hauts niveaux par la voie démocratique. C’est dans ce sens qu’agissent des groupes très militants comme « Deep Green Resistance » ou Extinction Rébellion. Malgré les rejets de certains politiques, beaucoup de grandes villes se sont engagées très pratiquement pour répondre aux critères des Accords de Paris, aux Etats-Unis et ailleurs (pages 128-130).
« D’une certaine façon, la question qui nous occupe est infiniment spirituelle. Quel sens donnons-nous à notre présence sur cette planète ? Pourquoi nous avoir donné la capacité de vivre en sachant que nous allons mourir ? » L’étude du vivant plonge beaucoup de scientifiques dans un abîme de mystère et d’émerveillement. Une grande part de ce que nous faisons est un prolongement inconscient de cette quête.
« Des travaux nombreux mettent en lumière les bienfaits d’un arrêt délibéré de notre ‘machine automatique à penser’ ; de la possibilité de nous plonger dans l’instant présent, que ce soit à travers la respiration, la méditation, la marche […] Il me parait impossible de trouver la clairvoyance nécessaire sans nous abandonner à ces moments de plénitude et d’apaisement. » « Nous ne sommes pas extérieurs à la nature, nous sommes la nature. »
En résumé, un livre structuré, qui construit son contenu de données et son argumentation pas à pas. Il donne des exemples historiques, brosse des perspectives tout en mettant en garde contre les illusions. Il apporte utilement conseils tactiques et stratégiques. Pour Dion, une question à se poser chaque fois que nous entreprenons, achetons, nous déplaçons, faisons des travaux domestiques… : « Quel en est l’impact sur la nature et sur les autres êtres humains ? »
«Petit manuel de résistance contemporaine», Cyril Dion, Paris : Actes Sud (coll. Domaine du possible), 2018, 151 pages.
NDLR L’auteur de cette recension a participé, samedi 27 juin 2020 à Lausanne, à la manifestation des médecins membres de Extinction Rebellion, Doctors for XR. «Le dérèglement climatique aura des effets dévastateurs, beaucoup plus importants par exemple que ce que nous vivons avec le Covid-19», a-t-il affirmé, interrogé par Keystone-ATS. «Je crois au système démocratique, mais le processus politique est lent. Il y a une place pour la désobéissance civile au vu de l'urgence», a précisé Jean Martin. En savoir plus
L’association Vivre Ensemble a mené l’enquête : les enfants nés en Suisse de parents réfugiés sont comptabilisés dans les «demandes d’asile»!
Le Secrétariat d’État aux migrations indique que «les principaux pays de provenance des requérants d’asile dont les demandes ont été enregistrées au mois de mai 2020 sont l’Érythrée (102 demandes; +6 en comparaison avec le mois d’avril), l’Afghanistan (50 demandes; +24), la Syrie (48 demandes; +8)». Personne ne peut imaginer que sur les 102 demandes érythréennes, 98 sont le fait de nouveau-nés, 16 des 50 demandes afghanes ou 24 des 48 demandes syriennes sont juste des naissances.
Ce qui est encore plus surprenant, c'est que ce ne sont pas seulement les enfants de demandeurs d’asile qui sont ainsi comptabilisés. Mais aussi ceux des réfugiés ou titulaires d'une admission provisoire établis en Suisse depuis des années! C’est l'une des surprises de l’enquête statistique publiée en ligne et à paraître dans la prochaine édition de la revue Vivre Ensemble.
L’enquête menée sur les quinze dernières années montre que naissances et regroupements familiaux représentent en moyenne 17% du total des «nouvelles demandes d’asile». Une part en constante augmentation, puisqu’elles dépassent les 30% depuis 2017, atteignant 38% en 2019. Parmi ces demandes secondaires, 69% sont des naissances.
Sophie Malka, coordinatrice de Vivre Ensemble conclut : «Ces nouvelles données doivent aujourd’hui conduire à une prise de conscience de la population, des médias et des acteurs politiques, sur le fait que le nombre de demandeurs d’asile au sens où ils se les représentent – des personnes qui franchissent nos frontières pour demander une protection – est largement surestimé.» Avec des conséquences certaines sur le débat public et sur les lois.
Dans le canton de Vaud, 512 adolescents et 467 parents ont répondu à une enquête universitaire sur la «surprotection parentale».
Depuis quelques années, les médias évoquent un nouveau genre de parentalité en utilisant des formules comme «parents hélicoptères», «parents tondeuses» ou encore «parents surprotecteurs». Jusqu'ici, seules quelques études s’y sont intéressées de manière rigoureuse. Selon ces recherches, cette parentalité exerce une protection excessive par rapport au niveau développemental de l’enfant. Le comportement d’un parent surprotecteur se traduirait par sa tendance à vouloir protéger son enfant des moindres dangers ou contrariétés qui pourraient lui arriver, à résoudre ses conflits relationnels à sa place ainsi qu’à réagir démesurément lorsqu’il rencontrerait des difficultés.
Dans le cadre d’un projet FNS, une équipe du Centre de recherche sur la famille et le développement de l’Université de Lausanne s’est intéressée aux conséquences mais surtout aux raisons qui peuvent amener les parents à surprotéger leur enfant. Quelques constats :
La pandémie a renforcé les anxiétés et les pressions sur les parents. Sur ce thème, lire l’article «Covid-19. Une nouvelle pression sur les parents», sur le blog Viral, de l’Université de Lausanne.
Contact: Dr. Stijn Van Petegem, Gaëlle Venard, Université de Lausanne
Résumé de l’étude 4 pages pdf
Après avoir exploré les interactions entre l’alimentation, la santé et l’environnement, le Programme national de recherche «Alimentation saine issue d’une production alimentaire durable» (PNR 69) livre ses recommandations.
Depuis 2013, vingt-six groupes de recherche ont réalisé des études sur ce sujet dans le contexte du changement climatique et à l’heure où les régimes alimentaires sont d’une importance croissante pour la santé humaine. Leur conclusion est prometteuse : les connaissances actuellement disponibles suffisent pour que les décideurs établissent à l’avenir un système alimentaire sain et durable.
«Alimentation saine issue d’une production alimentaire durable» (PNR 69), rapport de synthèse, juin 2020, 53 pages illustrées. Président du Comité de direction: Prof. Fred Paccaud.
Synthèse PNR69 en ligne, format pdf
L’association française Old’Up est allée à la rencontre des personnes âgées pour leur donner la parole sur leurs ressentis et leurs vécus face à la pandémie et au confinement.
Plus à risque face au virus, plus isolés, les personnes âgées sont décrites comme les principales «victimes» de cette crise. Mais ce n’est pas ce qu’en pensent les principaux intéressés. Avec un questionnaire en ligne et une permanence téléphonique, l’association a recueilli le témoignage de 5’385 personnes âgées entre le 24 avril et le 13 mai 2020. Trois répondants sur quatre déclarent n’avoir rencontré aucune difficulté pendant le confinement.
Pour près des deux tiers des personnes interrogées, cette période a même été l’occasion de reprendre des activités de loisirs artistiques ou intellectuelles, d’organiser son espace, de renouer avec d’anciennes relations. De plus, quatre personnes sur dix ont le sentiment d’avoir fait des progrès dans leur usage des outils informatiques.
Ces déclarations contredisent les préjugés sur les personnes âgées et montrent que le confinement a même pu être vécu comme une opportunité pour nombre d’entre elles.
Sources : Old’Up et AgeVillage
Consulter l’enquête, 3 pages en format pdf
Le Centre régional d'études des populations alpines (CREPA) annonce la parution de ce livre inspiré de l’exposition «Etre vieux, et alors ? Regards croisés sur la vieillesse » qui a sillonné en Valais en 2017 et 2018.
Bien souvent, le vieillissement de la population inquiète. Les préoccupations sont principalement financières et sanitaires. Mais a-t-on essayé de changer son regard ? Et si le fait de vivre de plus en plus vieux était synonyme de richesses et d’opportunités ?
C’est précisément ce à quoi s’est attelé le CREPA avec le concours du foyer de jour pour personne âgées de Chantovent et les classes des écoles primaires de la région dans le cadre de son programme « L’enfant à l’écoute de son village ». En 2017 et 2018, l’exposition « Regards croisés sur la vieillesse » a sillonné la région et, au travers des yeux d’enfants, posé des questions d’actualité.
Dans le livre, Fabienne Lepori, animatrice socio-culturelle, a rassemblé une masse d’informations en imaginant un dialogue entre un petit enfant et ses grands-parents qui aborde les grandes réflexions auxquelles notre société est confrontée actuellement et dans un futur proche. Sociologue, président de commune, animatrice socioculturelle, responsable de foyer de jour, enseignantes, psychologue et humoriste apportent leurs éclairages.
Avec les contributions de
L’ouvrage (29 francs) peut être commandé au CREPA - Jean-Charles Fellay - Rue Saint-Honoré 14 - 1933 Sembrancher, ou au 027 785 22 20.
En plus du livre, quatre entretiens filmés par Gaël Métroz peuvent être visionnés en ligne : Marguerite Perraudin de Lourtier, Ginette Lattion de Liddes, Yvon et Irène Darbellay de Liddes, Thérèse Darbellay de Chandonne).
Cinq entretiens audios réalisés par le CREPA peuvent être écoutés en ligne : Jean-Marie Abbet d’Orsières, Lilia Bertocchi de Sembrancher, Odette Besse de Martigny, Joffrine-Aimée Farquet de Dorénaz, René Turin d’Evionnaz.
La nouvelle édition de la Revue de l’aide sociale, ZESO, consacre son dossier à la participation et présente divers projets de recherche et des études-pilotes.
Les mesures de prévention et de lutte contre la pauvreté sont plus efficaces lorsque les préoccupations, les expériences, les idées et les expertises des personnes concernées sont prises en compte.
C’est ce que montre ce dossier que la revue de la Conférence suisse des institutions d’action sociale, a consacré à la participation des bénéficiaires de l’aide sociale.
Parmi les articles, signalons «Quand des personnes au bénéfice de l’aide sociale participent à la formation des étudiant·e·s», de Caroline Reynaud, Sophie Guerry et Karine Donzallaz, Haute école de travail social Fribourg. Avec ces commentaires de participant·e·s :
«Quand on est à l’aide sociale, on subit, alors c’était très important d’être impliqué dans un tel projet.»
«Ça nous a permis de nous sentir moins seuls, moins coupables d'en être arrivés là (...). De montrer aux étudiants que ce n’était pas un choix d’être à l’aide sociale.»
Zeso 2/2020 en ligne
Commentaire de Jean Martin
Je n’appartiens pas au club des fans inconditionnels de Hubert Reeves, l’astrophysicien québécois qui, après études et enseignement au Canada et aux Etats-Unis, a passé la plus grande partie de sa vie en France, depuis l’âge de 33 ans, et est très sollicité par les médias. Mais peut-être parce que je tiens aussi parfois des propos de type « enseignements de mon existence » (j’ai bientôt 80 ans, il en a 88), j’ai beaucoup apprécié son petit livre tout récent.
Trois parties : une sur l’enfance stricte mais entourée de nature au Québec, ensuite la description d’un parcours académique brillant et atypique, puis ce qu’il a « récolté en chemin ». La conversation restitue son itinéraire. Elle est agréable à lire, sous une forme concise.
lI a été très proche de sa mère et d’une grand-mère, a étudié les sciences parce que c’était un domaine où son père autoritaire ne connaissait rien. Fait un doctorat à l’université Cornell. Ses recherches scientifiques portent sur la nucléosynthèse, la recherche de l’origine des éléments chimiques pour établir des théories permettant de reconstituer le passé. « La question qui me captive : que s’est-il passé pour que les choses soient comme elles sont ? »
Il poursuit sa carrière au CNRS et au Commissariat à l’énergie atomique. D’où, dit-il, il n’a pas été éjecté ni même censuré quand il s’est mis à tenir des propos anti-nucléaires. Il est de plus en plus actif comme vulgarisateur scientifique. On l’entend maintenant de Malicorne, sa maison bourguignonne.
Les castes en France. A propos de Mai 68, « la grande différence, c’est les castes. Il y a beaucoup moins de cela en Amérique du Nord. En France, étudiants et professeurs ne déjeunent pas ensemble. Aux Etats-Unis, nous mangions en toute simplicité avec des sommités, voire buvions un peu trop avec eux (…) Cette réalité des castes n’est pas étrangère au mauvais classement des universités françaises (...) Aux Etats-Unis, il y a un climat de coopération entre profs et étudiants qui est plus constructif.» Plus loin : « J’avais l’espoir à mon échelle de faire changer les choses en France, c’était une illusion. Sur ce sujet j’ai perdu mon temps. »
L’écologie et la militance. Hubert Reeves rappelle que, dans les années 1960, un de ses collègues enseignants à New York était James Hansen, un physicien spatial qui se préoccupait vivement déjà de gaz carbonique et d’effet de serre (Hansen dont on reconnait maintenant l’importance majeure). Reeves note que, avec d’autres, « nous n’étions ni convaincus ni tracassés ». Mais, de plus en plus, il milite pour le milieu de vie et, en compagnie notamment de Théodore Monod, il a un engagement social. Il a même l’oreille de Nicolas Sarkozy durant sa présidence.
Les relations avec ses enfants. « Je dois avouer que je ne suis pas très à l’aise avec cette question, parce que je n’ai pas été assez disponible pour eux. (…) Il y a eu une période de crise où le dialogue a été difficile. Mes enfants eux, aujourd’hui, s’occupent beaucoup de leurs enfants. Mais je n’ai jamais fait ça et je me le reproche. Si c’était à recommencer… »
Que dire à un (futur) scientifique de 18 ans ? Je dirais : « Méfie-toi, ne cherche pas à tout prix à être le meilleur, c’est destructeur. La chose contre laquelle je me suis toujours battu, c’est ma propre compétitivité. Être compétitif, c’est une qualité mais ça peut aussi te ruiner la vie (…) J’ai contre-investi beaucoup cette tendance et je continue à le faire. »
Les futures générations. « La planète sera-t-elle habitable dans cinquante ans ? Je me demande quelle vie auront mes petits-enfants. Il y a cent ans, tu connaissais concrètement le travail de tes parents et tu le poursuivais. Maintenant il n’y a plus de modèle. L’avenir est un grand blanc, les jeunes n’arrivent pas à y projeter des images. » Toutefois, avec Edgar Morin, se souvenir que la réalité est toujours surprenante. « La réalité a plus d’imagination que nous. »
«Je chemine avec Hubert Reeves», entretiens avec Sophie Lhuillier, Editions du Seuil, 2019, 115 pages.
Par Wassim Jerbia, Téa Leresche, Estelle Sauty, Louise Schlaefli, Manon Sieber, Fleur Valterio, étudiant∙e∙s 3ème année, Annick Anchisi, professeure, Haute Ecole de santé Vaud (HESAV), HES-SO
Le printemps 2020 restera marqué d’une pierre blanche. En quelques heures, la crise du COVID-19 nous propulse dans une réalité professionnelle hors du commun. Apprendre de nouveaux gestes, faire face à l’incertitude, mobiliser ses connaissances et ses compétences, s’adapter au jour le jour, être infirmier et infirmière, un peu avant l’heure. En quelques lignes, nous revenons ici sur cette expérience vécue avant la fin de notre formation.
À l’appel envoyé par notre école, ça n’a pas fait un pli, s’engager sonne comme une évidence, la concrétisation d’une mission, celle d’œuvrer pour la population. À peine arrivé·e·s, nous avons été mis∙e·s dans le bain, avec cette question qui taraude : allons-nous être à la hauteur ? Ce rôle de diplômé·e, envié d’une part mais craint de l’autre, se vit à même le corps, les émotions se bousculent. Le doute est là même si nous sommes encadré·e·s par les soignant·e·s sur le terrain et par nos référent·e·s à l’école. Le théâtre des opérations, jusque-là connu, est chamboulé.
À l’hôpital, en quelques heures, les services de soins sont déplacés, les flux de patient·e·s séparés, des équipes reconstituées. Dans les établissements médico-sociaux (EMS), l’expérience est d’un autre ordre. Ici, c’est la modalité du confinement qui marque. Coupé·e·s de leurs proches, les résident·e·s se sentent parfois abandonné·e·s malgré les efforts du personnel. L’usage des technologies de communication n’est pas toujours approprié, l’image à distance parfois anxiogène. Il faut alors user de créativité, installer une résidente sur le pas de la porte de sa voisine pour qu’elle l’écoute jouer de l’accordéon ; tenter de se faire reconnaître malgré son masque. Par ailleurs, si à l’hôpital il a fallu enfiler une blouse de diplômé·e·s, à l’EMS, il s’agit de se distinguer du rôle d’aide-soignant·e. À l’hôpital, dans un EMS ou ailleurs encore, nous devons trouver notre place comme infirmière et infirmier.
Malgré les journées qui s’allongent, douze heures consécutives, plusieurs jours d’affilée, nous sommes pris·e·s dans une sorte d’élan collectif mis à profit des personnes qui viennent à la consultation COVID avec toute l’appréhension qu’on devine, au service des patient∙e∙s et de leurs proches, des résident·e·s et des équipes soignantes parfois submergées. Les incertitudes sont multiples : est-ce que je prends des risques, est-ce que j’en fais courir à mes proches ? Combien de temps cela va durer ? Est-ce que la situation va impacter mon diplôme ? Est-ce que je vais pouvoir garder mon job d’étudiant·e, source de financement de mes études ? Tant de questions simultanément.
Les réponses sont multiples, changeantes, elles en rajoutent parfois au souci d’être performant·e·s. Alors qu’est-ce qui nous fait tenir malgré tout ? L’équipe d’abord, chaleureuse et bienveillante, les collègues de volée aussi, celles et ceux qui vivent des instants pareils aux nôtres, les enseignant·e·s soutenant·e·s, les ami·e·s qu’on voit de loin mais qui sont là, qui applaudissent le soir dans leur quartier, la famille fière et présente, les amours. Et puis, quand c’est possible, se défouler, faire du sport, s’échapper un instant. Par moment, c’est la solitude qui domine, quand on est loin des siens ou quand les résident·e·s n’ont que nous sur qui compter. Éprouver le manque, rire, pleurer, bâiller à n’en plus pouvoir, tenir encore, vivre.
Ce qui fait tenir aussi, ce sont nos connaissances et nos compétences acquises jusque-là. C’est proposer, se positionner comme professionnel·le·s dans une équipe pluridisciplinaire, faire valoir son point de vue. C’est se sentir utile, savoir qu’on peut aider quelqu’un qui souffre, qui a peur. On l’a appris à l’école, on l’a expérimenté en stage, ici on se lance sans filet, il faut faire face et ça marche ! C’est aussi l’occasion de tester ses points forts, ce qu’il faut travailler encore, c’est une expérience formatrice à tous les niveaux, en situation réelle, quelques semaines avant d’être engagé·e·s comme diplômé·e·s.
Cette situation aura plus que toute autre conforté notre choix d’être infirmière et infirmier. À aucun moment nous aurons douté de cela. La crise du COVID nous fait également prendre la mesure du fossé qui existe parfois entre les professionnel·le·s de la santé et la population. Les gestes qui nous semblent les plus anodins (se laver les mains, porter un masque, tenir la distance, etc.) ne s’acquièrent pas avec les affichettes. Ils doivent s’apprendre, s’inscrire dans des univers de sens accessibles aux usagers et usagères. C’est là que la question de l’enseignement à la population prend toute son importance.
Nous avons évalué la faille entre notre savoir et le sens commun afin d’être des repères crédibles : nous avons démenti des fake news, contrer des croyances de tous ordres, rassuré contre des peurs irrationnelles, nous ne nous sommes pas offusqué·e·s des erreurs ou des maladresses, mais avons tâcher de les comprendre pour être plus efficaces, nous avons fait entendre la voix des plus âgé·e·s assigné·e·s à résidence, nous avons, nous avons… quel boulot !
Un dernier mot encore pour dire l’espoir d’être reconnu·e·s comme professionnel·le·s autonomes, bien formé·e·s et irremplaçables. Nous applaudir tous les soirs nous a fait chaud au cœur, nous souhaitons que le bruit se fasse entendre plus loin dorénavant, jusqu’aux oreilles des politiques en charge du système sanitaire afin que notre profession soit enfin considérée à sa juste valeur.
Une version de ce texte a été publiée en français et en allemand par la revue «Soins infirmiers» 06/2020.
Les non-recours aux prestations sociales questionnent non seulement les autorités nationales et cantonales en Suisse. Cette problématique est aussi analysée en France.
Ce dossier dresse un panorama national des données produites par la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur le non-recours aux prestations sociales en France.
Comment le non-recours aux prestations, devenues de plus en plus ciblées, est-il devenu un objet de préoccupation des associations, des chercheurs et des acteurs publics ? Quels sont les enjeux de la lutte contre le non-recours ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre ? Quelles données sont disponibles sur l’ampleur du non-recours, le profil des non-recourants, les motifs déclarés, pour étayer l’action publique en la matière ?
Suivent un ensemble de fiches rassemblant les éléments statistiques disponibles sur le champ d’action du Ministère des solidarités et de la santé, produites par la DREES et d’autres institutions.
Les éditions Seismo publient un ouvrage collectif sur les effets sociaux du Covid-19. Vingt-sept chercheurs et chercheuses partagent leurs réflexions à chaud.
Le COVID-19 investit l’humanité, sans distinction d’origine ou de condition économique. Il y a un siècle, la grippe espagnole a tué au moins 50 millions de personnes à travers le monde. À cette époque, la science de l’hygiène, l’État social et la santé publique venaient de naître et les gens avaient peu accès aux informations ou les ignoraient complètement. Aujourd’hui au contraire, nous sommes constamment connectés au monde et restons protégés chez nous. Pourtant, nos peurs sont comparables à celles du passé.
Ces craintes sont-elles liées à des évènements réels ou plutôt à une perception de la réalité ? Les sciences humaines et sociales analysent les défis que pose la crise sanitaire en les insérant dans les dynamiques de nos sociétés, sans recourir aux fantasmes ou aux conclusions technocratiques. Ce livre entend décrypter comment les individus, les organisations et les communautés font face, souffrent ou réagissent dans cette pandémie.
Thomas Abel, Antonio Abellán García, Mathilde Bourrier, Jean-Michel Bonvin, Claudine Burton-Jeangros, Sandro Cattacin, Nicola Cianferoni, Ruxandra Oana Ciobanu, Bernard Debarbieux, Vera de Bel, Maxime Felder, Fiorenza Gamba, Olga Ganjour, Myriam Girardin, Marco Nardone, Michel Oris, Loïc Pignolo, Rogelio Pujol Rodríguez, Diego Ramiro Farinas, Toni Ricciardi, Emilie Rosenstein, Marlyne Sahakian, Sébastien Salerno, Daniel Stoecklin, Philippe Wanner, Eric Widmer, Marie-Eve Zufferey.
Ces chercheur·se·s sont rattachés à l’Université de Genève, l’Institut d’économie, de géographie et de démographie de Madrid, l’Université de Berne et l’EPFL.
«COVID-19 Le regard des sciences sociales», Fiorenza Gamba, Marco Nardone, Toni Ricciardi, Sandro Cattacin (dir.), Editions Seismo, juin 2020, 336 pages
Cet ouvrage invite le lecteur dans le quotidien des habitantes de la rue.
Au travers de récits déployés, l'auteur donne à comprendre les rapports qu'entretiennent ces femmes au temps et à l'espace dans la grande précarité. Les systèmes de relations et les modes de (sur)vie mettent en lumière des logiques de débrouille et d'ajustements qui viennent contrecarrer les conduites à risques et les dangers affrontés quotidiennement par ces femmes.
Mauro Almeida Cabral est éducateur spécialisé et travailleur de rue au Grand-Duché de Luxembourg. Il intervient auprès de personnes adultes qui vivent dans les interstices urbains et qui côtoient les marges de la société, la toxicomanie, la prostitution et la grande précarité.
«(L)armes d’errance. Habiter la rue au féminin», de Mauro Almeida Cabral, Louvain (BE) : Editions Academia - L’Harmattan, Collection Transitions sociales et résistances, mars 2020, 174 pages.
Plongeant dans les méandres du système de l’asile, cette étude propose de suivre les trajectoires des réfugiés à partir de leur arrivée en Suisse.
S’appuyant sur une vaste compilation de données issues de la statistique publique, l’autrice met en évidence les désavantages chroniques auxquels sont confrontés les réfugiés sur le marché du travail, tant durant la procédure d’asile qu’après l’obtention d’un permis de séjour stable.
Les droits attachés à chaque permis façonnent ainsi la vie des individus, affectant profondément et durablement leurs chances d’intégration professionnelle. Entre incitation à entrer sur le marché du travail et limitation d’accès aux permis les plus stables, les réfugiés sont donc placés face à un paradoxe.
Cet ouvrage offre de précieuses clefs pour comprendre les politiques d’asile et d’intégration helvétiques, éclairant la diversité des parcours des réfugiés, les droits associés à chaque type de permis, mais aussi l’impact des évolutions législatives sur les possibilités d’insertion des personnes venues chercher asile en Suisse.
Anne-Laure Bertrand est titulaire d’un doctorat en démographie de l’Université de Genève. Maître-assistante au Laboratoire d’études des processus sociaux de l’Université de Neuchâtel, elle poursuit ses recherches sur les thématiques de l’asile et des migrations, et enseigne avec enthousiasme les méthodes quantitatives aux étudiants en sciences sociales.
«Dans la jungle des permis de séjour. Parcours administratifs et intégration professionnelle des réfugiés en Suisse», Anne-Laure Bertrand, Editions Seismo, 2020, 257 pages.
Les nouvelles thérapies qui, grâce aux données génomiques des patientes et des patients, sont adaptées à leurs caractéristiques physiques individuelles, doivent gagner en précision et en efficacité.
Avec toutes les opportunités offertes par ces développements, de nombreuses questions sociales, juridiques et éthiques se posent.
Ces questions ont été abordées sous forme de dialogue. Si le projet a invité les experts à présenter les résultats les plus importants de la recherche, il visait surtout à connaître l’opinion du public intéressé. Un questionnaire online avec neuf questions – légèrement provocatrices – a été créé pour présenter au public différents scénarios prospectifs. Les arguments les plus intéressants et importants ont été abordés par le public et les experts lors de débats publics.
Lorsque les problèmes sanitaires du sud questionnent les services de santé de demain…
Depuis plus de dix ans, la majorité de la population mondiale vit en région urbaine. Un chiffre qui tend à faire oublier que 45% des habitants de la planète, des milliards d’êtres humains, résident encore en région rurale. Dans ce contexte, les populations des campagnes des pays à faible revenu, confrontées depuis des décennies à un accès réduit ou inexistant aux soins, à l’eau potable ou à l’assainissement, méritent d’autant plus notre attention.
C’est au retour d’un service civil à Madagascar que le Dr Scartezzini, jeune pédiatre suisse, ayant œuvré plus d’une année à l’ouverture d’un centre de santé en région rurale, a imaginé le guide pratique « La santé pour tous en zone rurale : développer et renforcer les centres de santé ». Confronté à l’ampleur des besoins dans ces régions et à la maladresse de certains acteurs y répondant sans considérer les attentes et les ressources locales, son objectif a été de réunir et de synthétiser, dans le cadre de sa thèse de médecine, les données existantes pour l’implantation ou la réhabilitation de centres de santé ruraux.
La rédaction de cet ouvrage a été menée en collaboration avec la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), faitière d’une cinquantaine d’ONG du canton de Vaud, ainsi qu’avec de nombreux acteurs de la santé des pays à faible revenu.
Suivant le fil rouge de l’ouverture d’un centre de santé type, le guide propose des fiches décrivant des projets concrets menés en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie, des check-lists de synthèse utilisables sur le terrain ainsi qu’une vingtaine d’annexes techniques accessibles en ligne (mise en place d’une pharmacie « de brousse », plan de construction d’un incinérateur d’appoint, etc.).
Publié en 2018, ce guide a déjà été utilisé et partagé par plusieurs acteurs du Sud et une évaluation de son utilisation est en cours. L’objectif est d’en poursuivre la diffusion et de l’utiliser pour questionner la place des soins en zone rurale tant dans les pays à faible revenu que dans nos contrées occidentales. La pénurie de généralistes de campagne frappant déjà nos voisins européens et les difficultés pour un nombre croissant de nos collègues retraités à remettre leur cabinet de campagne font de ces questions d’accès aux soins en région rurale une des préoccupations de santé mondiale de demain. Certaines expériences acquises dans les pays du Sud pourraient, qui sait, éclairer nos réflexions futures dans ce domaine.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Christa Spycher, fille d’un médecin de famille de Berthoud/Burgdorf, a fait avec son mari Peter l’essentiel de sa carrière dans le domaine du développement, avec la Coopération suisse. Ils ont vécu près de vingt ans en Amérique latine. Après six ans dans la capitale péruvienne Lima, ils ont été trois ans dans un projet agro-forestier sur la rive de l’Ucayali, gros affluent de l’Amazone, et plus tard sept ans au Honduras et au Nicaragua – avec deux périodes intermédiaires à la centrale de Berne. Retour au pays pour de bon en 1998. Alors que son mari y concluait sa carrière, la Dre Spycher s’est beaucoup engagée dans le domaine du planning familial – reprenant une activité liée aux problématiques femme dont elle s’était intensément préoccupée en Amérique centrale.
Personnellement, je suis touché par cet ouvrage pour avoir quelques années avant les Spycher travaillé comme eux en Amazonie péruvienne, dans un hôpital près de Pucallpa – ce que les Américains appellent une « frontier », une sorte de Far West. Et, beaucoup plus tard, vers 2000, j’ai rencontré Christa Spycher dans le cadre de « Santé Sexuelle Suisse ». Beaucoup de points communs !
« ER-LEBEN-DIG » (sympathique titre) est un récit s’étendant sur trois décennies vécues au contact de pays et populations hôtes de projets de développement. En milieu rural et urbain, dans des conditions matérielles et sous des régimes politiques divers (je rappelle en passant que la coopération suisse a à juste titre bonne réputation). Les expériences professionnelles, personnelles, familiales de l’auteure sont contées de manière proche des gens, de leurs modes et lieux de vie. Elle écrit toujours avec simplicité et empathie, sans cacher les difficultés et les occasionnelles déceptions. Ce ne sont pas des souvenirs du type « anciens combattants », qu’on se rassure ! C’est du vécu constructif, ouvert, qui réfléchit au sens de ce que l’on vit et que l’on fait.
Citons quelques grandes dimensions de ce parcours : trois ans en Amazonie (pour accéder à leur site, une douzaine d’heures de canot à moteur si on venait de l’amont, le double si on remontait de l’aval) ; les apprentissages socio-culturels ; la confrontation à la précarité, voire la misère, omniprésente et à ses multiples conséquences ; le travail avec les femmes dans plusieurs pays, y compris au Nicaragua où la révolution sandiniste (avant qu’elle ne perde son âme) a eu de remarquables succès dans l’alphabétisation, la promotion communautaire, la lutte contre la violence domestique.
Officiellement épouse de coopérant, mère de trois filles, l’auteure a aussi été une professionnelle, une médecin apportant, dans des conditions difficiles, ses compétences et son dynamisme pour soigner et participer à des actions de formation.
Dans une recension, on a envie de parler d’épisodes exemplaires, et il y en a beaucoup. Je n’en cite qu’un qui m’a touché aux pages 98 et 99. « Mili est une femme de 32 ans qui a un handicap à la marche, avec 9 enfants. Je lui rends visite, son dernier est malade avec une forte fièvre. Comment aider, par quoi commencer ? Je demande où est Rosita, l’aînée, 13 ans. Mili se tortille... Rosita vit maintenant avec un jeune policier, trois rues plus loin… Sur le moment je ne veux pas comprendre. Mais j’ai la situation sous les yeux… Rosita a été vendue. Cela me taraude, je sens du désespoir […] Des années plus tard, en Suisse, confrontée à la violence faite aux enfants et aux femmes dont nous nous occupions en équipes interdisciplinaires, il m’est revenu encore et encore combien, dans les circonstances des barrios (quartiers pauvres), j’avais insuffisamment saisi la réalité de la violence, combien je m’étais instinctivement protégée de la voir.»
Malgré une expérience substantielle au long de décennies, on reste parfois inhibé, incrédule, parce que les faits choquent trop quand on doit les admettre. Mais l’essentiel de ce que raconte Christa Spycher n’est pas sombre, au contraire. C’est plein de vie, de chaleur humaine, de découverte de l’autre, d’autres cultures et d’autres réactions devant les péripéties de l’existence. De plus, ce récit sera de grande aide et intérêt pour des personnes qui, aujourd’hui, s’engagent dans des activités de coopération.
«ER-LEBEN-DIG. Als Ärztin unterwegs in Lateinamerika», de Christa Spycher, Editions Mein Buch, 2020, 147 pages.
Six fondations ont réuni leurs compétences pour publier le «Guide pour une bonne prise en charge au troisième âge» qui analyse la différence entre les prestations de soins et celles de «prise en charge».
Ce guide a été rédigé avant la pandémie de coronavirus, mais ses recommandations pour une bonne prise en charge au troisième âge sont confirmées à 100% par la situation actuelle. Dans notre société où l’espérance de vie augmente, les besoins de prise en charge augmentent eux aussi, tant à domicile que dans les établissements médico-sociaux, les maisons de retraite ou les hôpitaux. Cette situation est exacerbée par le fait que de moins en moins de proches sont disponibles pour s’occuper de cette prise en charge.
La loi fédérale sur l’assurance-maladie fait la distinction entre les prestations de soins et de prise en charge. Pour les soins, des prestations légalement accessibles à toutes les personnes en Suisse ont été définies. Ce n’est pas le cas pour la prise en charge. Ce guide pour une bonne prise en charge au troisième âge s’est intéressé à ce sujet controversé. Il présente des bases pour la clarification urgente de la terminologie ainsi que des lignes directrices pour la bonne qualité de la prise en charge et son financement.
Le guide évoque quatre dimensions de la vulnérabilité
Il passe en revue les champs d’action
Auteurs: Carlo Knöpfel et Riccardo Pardini de la Haute École Spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) et Dr phil. Claudia Heinzmann, sociologue.
Fondations co-éditrices: Fondation Age, Fondation Beisheim, MBF Foundations, Pour-cent culturel Migros, Fondation Paul Schiller et Fondation Walder. SwissFoundations a apporté son soutien organisationnel à la coopération.
Le guide en format pdf
Face à la crise sanitaire du coronavirus et à la crise du climat, un appel national pour une société du «care» vient d’être lancé. Le texte demande notamment un impôt de solidarité sur les actifs financiers élevés, un service public de crèches, des limitations dans le trafic aérien.
Sources. Cette initiative est née à Denknetz, un réseau suisse de réflexion qui compte 1400 membres. Elle a rassemblé 290 personnalités du monde politique, scientifique, culturel et social. Parmi elles figurent l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, des parlementaires, des politiciens, des créateur·trice·s culturel·le·s, des scientifiques, etc.
Motivation. Il s’agit d’un plaidoyer pour un nouveau contrat social au niveau local et global. Car «sans une réorientation significative des choix politiques, les injustices mondiales, déjà immenses, s’exacerberont dangereusement.»
Extrait. «La communauté mondiale n'a jamais été aussi riche en ressources, en technologies, en connaissances et en expériences - et en même temps aussi injuste, hostile et négligente dans l’utilisation des ressources naturelles. La crise du coronavirus et la crise climatique montrent à quel point un monde basé sur l'exploitation de l'homme et de la nature est précaire. Si nous voulons sortir du maelström de ces crises, il nous faut changer de direction dès maintenant. Pour ce faire, nous avons besoin d'un nouveau contrat social fondé sur le ‘care’, la durabilité et de la solidarité, localement et globalement.»
Programme. L'appel demande, entre autres, «un impôt de solidarité d'au moins 3 % sur les actifs financiers élevés pendant au moins dix ans, ce qui se traduirait par des recettes annuelles estimées à trente milliards de francs suisses. La moitié de ces revenus devrait être utilisée dans le Sud, l'autre moitié en Suisse». Il poursuit : «Les crèches et autres structures d’accueil de l’enfance doivent être développées en tant que service public disponible partout et de haute qualité, à l’instar des écoles, enfantines et primaires.» Enfin, le plaidoyer veut que le trafic aérien soit «plafonné à une fraction du volume précédent» pour des raisons de politique climatique. Et les personnes dont l'avenir professionnel est bloqué doivent pouvoir se réorienter - avec un salaire décent.
L’appel peut être signé en ligne.