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Les pratiques, enjeux et différences en matière d’animation socioculturelle enfance et jeunesse ont été passés au crible dans l’ensemble de la Suisse pour la première fois. Une publication en dévoile les résultats.
« Cette initiative rend visibles les réalités de l’action professionnelle et dévoile les enjeux qui en découlent. Elle renforce les savoirs sur le travail social au sens large et contribue activement à sa reconnaissance. » Ces propos sont ceux de Yuri Tironi. Le professeur associé à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HES-SO) signe le « Préambule de la Suisse romande » de l’ouvrage « Animation socioculturelle enfance et jeunesse ; Résultats de la première enquête nationale suisse », publié en trois langues aux éditions Seismo.
Ce recueil est le fruit d'un travail mené dans l'ensemble des cantons. Les buts étaient notamment de « combler le manque de connaissances sur l'animation socioculturelle enfance et jeunesse en Suisse et de procéder pour la première fois au niveau national à une analyse de ce champ d’activité. » Pour ce faire, les auteurs et autrices ont cherché à interroger tous les centres d’animation socioculturelle enfance et jeunesse, dans l'ensemble des régions linguistiques du pays.
Pour mener leur travail, les chercheur·se·s ont agendé leurs questions en quatre niveaux d'analyse : une analyse descriptive de l’offre, l’identification des besoins et de l’identité professionnelle des animatrices et animateurs socioculturels, l'analyse de la création d’opportunités d’éducation et de participation et, enfin, l'analyse des différences et points communs entre régions linguistiques et entre types de communes.
Les résultats empiriques sont présentés en sous-chapitres thématiques, comme les formes d’offres, les axes de travail, les caractéristiques du personnel et des bénéficiaires ainsi que des différentes structures de financement, de pilotage et d’assurance qualité. Chaque point contient une contextualisation, une discussion et une interprétation. Puis, après une analyse transversale portant sur les différences entre les régions linguistiques notamment, l'ouvrage conclut sur un chapitre « discussion et perspective d’avenir ».
Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait pas de recueil systématique de connaissances sur l’animation socioculturelle enfance et jeunesse en Suisse. Cette publication peut donc désormais servir de « compendium de l’état actuel des recherches », ainsi que le mentionnent les cinq auteurs et autrices.
(croc)
Sept centres romands spécialisés dans le suivi de personnes discriminées ont publié un ouvrage basé sur l’expérience d’individus confrontés au racisme. Il contient aussi une analyse des différentes pratiques de terrain.
Les centres romands de consultation liés au racisme et à l'intégration* se sont associés pour publier l'ouvrage « A l’écoute des personnes confrontées au racisme ». Les données qui figurent dans l’ouvrage permettent de mettre en lumière la réalité du racisme dans les sept cantons romands. Selon le communiqué de presse accomagnant cette publication, ce travail constitue une mise en exergue d’un phénomène menaçant la cohésion sociale et qui atteint la dignité de celles et ceux qui le subissent. Les centres romands espèrent ainsi donner de la visibilité aux personnes confrontées au racisme, mais également favoriser et consolider les actions de sensibilisation et de prévention.
Ce document permet également de rendre compte du travail diversifié des centres de consultation, qui se décline en plusieurs niveaux et avec différentes facettes sociales, juridiques, pédagogiques, voire politiques. Il montre leurs missions, eux qui assurent une écoute et donnent la possibilité aux personnes confrontées au racisme de s’exprimer dans un cadre neutre.
Celles et ceux qui s’adressent à ces ressources espèrent obtenir reconnaissance du tort subi, justice et réparation ou souhaitent dénoncer un fait qui les offense. Ainsi, une analyse scientifique des cas accompagnés par les bureaux romands a permis de dresser un constat des incidents de discrimination reportés, leur évolution dans le temps, ainsi qu’une vue d’ensemble des différentes prestations et pratiques offertes par les centres.
« A l’écoute des personnes confrontées au racisme » s’adresse à tou·te·s, aussi bien la population que les personnes professionnellement engagées dans l’action et la réflexion contre la discrimination raciale, qu’il s’agisse des instances politiques, sociales, de l’éducation, la santé, les administrations, la justice, les associations ainsi que les ONG. Il est disponible en ligne.
* Sont partenaires de « À l’écoute des personnes confrontées au racisme » :
Ils sont associés à l’Institut des sciences sociales des religions de l’Université de Lausanne (UNIL), l’Université de Genève (UNIGE) et le réseau de centres de conseil pour les victimes de racisme.
Pour améliorer la santé, accroître les opportunités et permettre à chacun·e de s’épanouir tout au long de sa vie, l'OMS s'engage dans une lutte mondiale contre l'âgisme. Afin de « créer ensemble un monde pour tous les âges ».
« L’âgisme nuit à notre santé et à notre bien-être et constitue un obstacle majeur à l’adoption de politiques et de mesures efficaces pour un vieillissement en bonne santé. » Face à ce constat, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé en ce mois de mars 2021 une campagne mondiale contre l’âgisme. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de la Décennie pour le vieillissement en bonne santé 2021-2030, qui prévoit la mise en place de partenariats multisectoriels et multipartites. Le but est de créer les conditions favorables à la compréhension et à l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées, comme à la valorisation de leur rôle dans la société.
Dans son rapport de 173 pages, actuellement disponible uniquement en anglais, l’institution fournit un cadre d'action pour réduire l'âgisme et émet des recommandations spécifiques pour les gouvernements, les organisations de la société civile ou du secteur privé. Le document rassemble les preuves disponibles sur la nature et l'ampleur du phénomène, ses déterminants et son impact. Il décrit les stratégies efficaces pour le prévenir et le contrer, identifie les lacunes et propose de futures pistes de recherche pour améliorer la compréhension de ce sujet.
Selon l’OMS, « l’âgisme prend différentes formes au cours de la vie. Un adolescent peut, par exemple, subir des moqueries pour avoir lancé un mouvement politique ; des personnes plus âgées ou plus jeunes peuvent se voir refuser un emploi en raison de leur âge ; ou une personne plus âgée peut être accusée de sorcellerie et chassée de sa maison et de son village. »
Le rapport est accompagné d’un guide de 21 pages intitulé « Lancer un dialogue sur l’âgisme ». Disponible en français, en anglais et en espagnol, il contient de nombreux thèmes et questions vouées à encourager les un·e·s et les autres à s’exprimer et à s’écouter à ce sujet. « Un dialogue ouvert et continu peut nous aider à reconnaître les idées reçues et les stéréotypes que nous avons tous intériorisés tout au long de notre vie, à reconnaître l’âgisme lorsque nous le rencontrons et à comprendre que l’élimination de la discrimination exige une action collective », estime l’OMS. Elle précise également que « remettre en cause les idées reçues et les attitudes est le premier pas vers l’épanouissement à tout âge et vers l’exploitation du potentiel de tous les membres d’une communauté. Le dialogue encourage en outre le genre de transformations personnelles et politiques nécessaires pour construire un monde où tous les âges ont leur place. » Les posts des réseaux sociaux liés à cette campagne peuvent utiliser le hashtag #AWorld4AllAges.
Le résumé contient des précisions sur les caractéristiques et les déterminants liés à l’âgisme. Il en précise l’ampleur, l’impact, donne des stratégies pour le réduire et des recommandations relatives aux mesures à prendre.
En Suisse, la Fédération des Associations des retraités et de l'entraide Suisse, la FARES, se réjouit de cette campagne, comme le mentionne sont président Bea Heim: « Nous devons lutter ensemble contre la discrimination fondée sur l’âge en devenant un mouvement, un mouvement qui transcende les générations. »
Lien vers la page de la campagne mondiale et l’ensemble des documents.
Une brochure vouée à favoriser la santé des proches aidant·e·s vient de paraître. Conçue par Promotion Santé Suisse, elle est destinée à ces personnes ressources, mais aussi à leur entourage et à toute la population.
Publiée en trois langues, la brochure « Prendre soin de soi et de son proche. Pour les personnes qui apportent aide et soin à un·e proche » vise à favoriser la santé des proches aidant·e·s en les encourageant à ne pas s'oublier. Elle présente des suggestions et des pistes utiles en réponse aux questions telles que « Qu’est-ce qui vous fait du bien? », « De quoi pouvez-vous être fier·ère? » ou encore « Comment pouvez-vous être soutenu·e par d’autres personnes? ». Conçue sur mandat de Promotion Santé Suisse, elle vient de paraître en français, en allemand et en italien, dans un langage simple et compréhensible. Un groupe de suivi composé de professionnel·le·s et de représentant·e·s de proches aidant·e·s en ont soutenu le développement.
Cette publication s’appuie sur la parole de personnes directement concernées. Les proches aidant·e·s y trouvent des impulsions encourageantes provenant de femmes et d'hommes vivant des situations identiques à la leur.
La brochure se veut également informative pour la population en général. Un chapitre entier est consacré aux principales attentes des proches aidant·e·s vis-à-vis de leur entourage. Ce document invite à la réflexion et la compréhension incite à la discussion.
Lien pour télécharger la brochure « Prendre soin de soi et de son proche. Pour les personnes qui apportent aide et soin à un·e proche ».
Avec « Mesdames, à vous la parole ! », le Canton du Jura a publié un magazine mettant en avant le parcours de « femmes d’exception », connues ou non, qui « tracent de nouveaux chemin » et impulsent des changements à la société.
Elles sont vingt. Vingt femmes, connues ou anonymes, jeunes ou plus matures, à s’être livrées dans le magazine spécial publié par le bureau de la déléguée à l’égalité entre femmes et hommes du Canton du Jura. Emilie Beuret, cheffe d’exploitation agricole et présidente du groupe des Jeunes agriculteurs jurassiens, y côtoie Danièle Laville, responsable de la section des permis de construire de la commune de Haute-Ajoie. La Castou, la jeune journaliste Marceline Michon ou encore la hockeyeuse Sarah Forster y racontent leurs défis du quotidien, leur lutte contre les stéréotypes.
Dans l’édito de « Mesdames, à vous la parole ! », Angela Fleury, la déléguée jurassienne entre femmes et hommes, écrit que « il est temps que la société aide [les femmes] à accepter et reconnaître leurs compétences, les autorise à rêver et se projeter dans tous les domaines possibles. Les femmes n’y parviendront qu’en défaisant les chemins obligés pour les filles et les garçons et en luttant contre le fait que partout le masculin l’emporte sur le féminin. »
Politique, société, formation et emploi, culture et sport ou encore femmes en marche sont les chapitres rythmant cette parution. Une interview de la cheffe du Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du Canton de Vaud, également présidente de la Conférence suisse des délégué·e·s à l’égalité, ouvre ce journal. Les dates marquantes dans la lutte pour les droits des femmes, ainsi que quelques références de publications médiatiques et d’événements culturels y figurent également.
(croc)
Face à une précarité en augmentation, 58 organisations ont signé un « Manifeste pour la dignité dans le canton de Fribourg ». Des études de la Haute école de travail social Fribourg corroborent leurs constats.
Afin de dénoncer la pauvreté et le surendettement qui s’accentuent, 58 associations ont signé un « Manifeste pour la dignité dans le canton de Fribourg ». Réunies au sein du Collectif dignité, elles y dénoncent notamment les conditions de précarité et le manque de moyens d’aide auquel font faire les organisations. « La crise sanitaire aggrave fortement la situation des plus démuni·es. Elle nous atteint dans notre dignité », est-il écrit en grand sur le document.
Ce plaidoyer requiert plus de dialogue entre les citoyen·ne·s, les organisations et les politiques. Il revendique des solutions qui assurent une vie digne et une prise de responsabilité partagée.
Dans le courrier envoyé aux autorités politiques fribourgeoises, les signataires réclament que le Canton de Fribourg mette en œuvre « MAINTENANT » les engagements formels pris ces dernières années en faveur de la réduction des inégalités et de la lutte contre la pauvreté. L’image négative dont sont victimes les individus en situation de précarité est également dénoncée. « Le rapport de dépendance vis-à-vis de l’État est fortement stigmatisé, notre pays s’étant bâti sur les fondements de la responsabilité individuelle. Partage et redistribution sont associés à assistance, ce qui amène à méconsidérer les bénéficiaires d’aides de l’État comme des assisté·es, ou pire encore. Cette stigmatisation conduit nombre de personnes concernées à renoncer à leurs droits. »
Rappelant que la précarité est une problématique multifactorielle qui « concerne aussi les domaines de la santé physique, de la santé mentale, de l’éducation et la garde d’enfants, de l’acquisition des compétences de base, du travail, de la participation citoyenne, des relations sociales, de l’habitat et de la stabilité du séjour », les associations et organisations énoncent sept mesures pour faire face à l’urgence de la crise sanitaire et sociale sans que cela ne débouche sur « des situations humaines dramatiques et inacceptables. » Ces mesures sont :
La Haute école de travail social Fribourg a mené, dès le début de la crise socio-sanitaire liée au Covid-19, plusieurs travaux à ce sujet. Douze articles rédigés dans ce cadre et en collaboration avec REISO ont paru dans la revue, et une brochure « Travail social et Covid-19 », réunissant ces textes, a été publiée.
(croc)
Publié à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le poster « Les 50 ans du suffrage féminin » retrace les dates et événements majeurs dans le domaine de l’égalité entre hommes et femmes en Suisse depuis 1971.
1981, inscription de l’égalité entre hommes et femmes dans la Constitution fédérale ; 1985, nouveau droit matrimonial ; 1993, aide aux victimes d’infraction ; 2005, loi sur le partenariat enregistré ; 2012, interdiction des mutilations génitales féminines... Ces quelques dates figurent sur un poster publié, en cette Journée internationale des droits des femmes, par la Commission fédérale pour les questions féminines. De nombreuses autres étapes importantes en matière d’égalité entre hommes et femmes y figurent également, comme 2013 et l’entrée des dispositions légales plus dures contre les mariages forcés.
Une colonne supplémentaire reflète les étapes de la question de l’égalité d’un point de vue international. En plus, des objectifs pour l’avenir – égalité salariale, lutte contre la pauvreté ou égalité à la retraite – y sont également mentionnés.
Le poster, ainsi que des cartes postales et des diaporamas créés à l’occasion des 50 ans du suffrage féminin, peuvent être commandés gratuitement en ligne via ce lien.
La Haute école de travail social Fribourg vient de publier le huitième numéro de son Journal de la recherche. Une mine d’or pour suivre les travaux menés par cette institution.
« La participation n’est pas qu’un mot à la mode. L’engouement dont elle est l’objet peut aussi constituer une opportunité pour penser la science autrement. » Signée de la professeure Annamaria Colombo, cette réflexion est extraite de l’article « L’« open science », la participation et le travail social », récemment paru en première page du huitième Journal de la recherche de la Haute école de travail social Fribourg.
Pour mettre en lumière toutes ses activités, l’institution académique publie en effet deux fois par année un bulletin conçu comme un espace d’information. Il vise également à créer un lien continu avec les partenaires institutionnels, académiques et politiques. Le numéro qui vient de paraître aborde donc les questions de la mise à disposition des données de recherche, mais auss des liens entre la notion de participation et le travail social. Il est disponible, comme tous les précédents, sur le site de la Haute école de travail social Fribourg.
La première partie de chaque édition est consacrée à l’un des six pôles de compétence de la Haute école fribourgeoise, de façon à offrir un espace thématique aux chercheur·se·s. Ils et elles peuvent ainsi partager leurs actualités, leurs projets et donner à voir les réflexions qui les occupent. La deuxième partie contient un répertoire des activités de recherche menées au cours des derniers mois, ainsi qu’un agenda au sujet des manifestations organisées au sein et par l’école.
Pour mémoire, la Haute école de travail social Fribourg conduit de nombreuses recherches, mène des mandats variés, contribue à des congrès scientifiques en Suisse et à l’étranger. Elle publie des ouvrages et des articles scientifiques dans des revues, organise des colloques et des journées thématiques. Elle est experte dans certains champs et propose à ses partenaires, ainsi qu’à la cité ses différents pôles de compétences dans le domaine de la recherche, mais également dans ceux de la formation initiale, de la formation continue, et des prestations de service.
Une étude menée à Genève a évalué l’efficacité de la qualification professionnelle en termes d'employabilité auprès des titulaires d’un CFC ou d’une AFP santé-social. Résultats ? Une grande satisfaction des sondé·e·s.
En automne 2020, 1'770 professionnel·le·s ayant suivi un cursus proposé par le centre de compétences de l’OrTra santé-social Genève ont reçu un questionnaire en ligne. Le but était d’évaluer l’efficacité de la qualification professionnelle en termes d’employabilité. Les formations prises en compte, suivies entre 2015 et 2019, concernaient les CFC d’assistant·e en soins et santé communautaire, d’assistant·e socio-éducatif·ive et l’AFP d’aide en soins et accompagnement. Près de 60% des personnes sollicitées ont répondu à l’enquête.
De manière générale, plus de 90% des répondant·e·s sont satisfait·e·s de leurs cursus de formation. Près de 87% d’entre elles et eux sont en emploi, sans variation notable entre les filières, les voies de qualification ou les autres paramètres socio-économiques. Seules 1,2% des personnes interrogées se trouvent en situation de précarité socio-professionnelle en ayant atteint leur fin de droit de chômage. L’étude permet donc d’affirmer que le niveau d’employabilité de cette cohorte AFP & CFC santé-social est excellent et que le "turnover" est resté modéré.
Environ 70% des professionnel·le·s sous contrat travaillent toujours chez le même employeur, dans la même fonction ou le même poste. La plupart d’entre elles et eux (72%) ont connu une valorisation financière ou obtenu une responsabilité plus importante. Parmi celles et ceux qui ont changé de patron·ne depuis la qualification, près de deux tiers occupent un emploi dans le même secteur. Pour 90% des sondé·e·s, l’avenir professionnel est consolidé et apparaît comme serein. Ces personnes se sont d’ailleurs senties confortées dans leur choix professionnel.
Moins d’un tiers des interrogé·e·s disent avoir été significativement impacté·e·s sur leur taux d’occupation par la pandémie et une très grande majorité des postes ont été retrouvés après le premier confinement. Elle a aussi indiqué que le Covid-19 n’a pas eu d’effet significatif sur l’employabilité de cette cohorte.
La situation sanitaire a modifié la vision du métier pour 34% des enquêté·e·s, notamment en termes de souhait de formation et de perfectionnement (40%), de doute et remise en cause sur la vie privée et professionnelle (20%), sur des changements d’employeur ou des réorientations de secteur (20%). L’enquête a montré aussi que de nombreuses personnes se sont investies sans relâche pendant la pandémie, notamment celles impliquées en première ligne. En même temps, la volonté de se perfectionner et de continuer à se former est forte. Compte tenu de ce constat, le développement de la formation professionnelle supérieure (brevets et diplômes fédéraux) serait une piste à explorer pour ces professionnels·le·s.
L’OrTra santé-social Genève - exécutante de l’enquête - est une association tripartite, créée en 2008, qui regroupe des employeurs, des associations professionnelles et des syndicats des domaines santé-social. Ensemble, ils défendent les intérêts des métiers et des formations de ces deux branches. Selon la loi cantonale et la loi fédérale de 2012 sur la formation professionnelle (LFPr), les OrTras ont pour tâche d’assurer, autant que possible, une offre suffisante dans le secteur de la formation professionnelle, notamment dans les domaines d’avenir.
Télécharger l'étude « Employabilité actuelle des publics qualifiés AFP & CFC santé-social entre 2015 et 2019»
Pour éviter un soutien de longue durée, la Conférence suisse des institutions d’action sociale émet des recommandations visant à réduire le risque de pauvreté chez les jeunes adultes.
Etudes, nouvel emploi, départ du domicile familial : les changements auxquels doivent faire face les jeunes adultes les exposent davantage au risque de pauvreté. « Compte tenu de leur âge, il est particulièrement indiqué pour l’aide sociale de réduire leur risque de pauvreté afin d’éviter un soutien de longue durée, ou plutôt des coûts ultérieurs élevés ». Dans son document de base qu’elle vient de mettre à jour, la Conférence suisse des institutions d’action sociale demande de poursuivre et d’intensifier les efforts actuels visant à réduire la dépendance à l’aide sociale de cette catégorie de la population.
Ce rapport contient deux chapitres, l’un intitulé « Jeunes adultes à l’aide sociale » et l’autre « Besoin d’optimisation ». Le point sur la situation indique que le taux de jeunes adultes bénéficiant de l’aide sociale a baissé entre 2006 et 2019, passant de 4,5 % à 3,5 %, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Des différences géographiques existent puisque les régions urbaines comptent davantage de bénéficiaires de telles prestations.
La Conférence suisse des institutions d’action sociale recommande également « d’accorder une priorité absolue à l’insertion professionnelle durable des jeunes adultes : ces personnes doivent acquérir une première formation adaptée à leurs capacités ».
Selon l’étude, certains champs d’action peuvent encore être optimisés, à l’image des lacunes identifiées pour l’entrée dans la vie professionnelle des jeunes mères, des réfugié·e·s et des personnes souffrant de troubles psychiques. La détection précoce des jeunes « menacés de déficit de formation » ou encore la coordination des offres et continuité de l’accompagnement sont également préconisées.
Enfin, dans sa conclusion, l'institution recommande d’adapter le forfait pour l’entretien aux conditions de vie des jeunes adultes, afin d’éviter les inégalités de traitement.
(croc)
Rencension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Le programme national de recherche « Alimentation saine et production alimentaire durable », présidé par le professeur Fred Paccaud de l’Université de Lausanne, a vu depuis 2013 quelque 26 groupes de recherche étudier les voies et moyens d'une meilleure alimentation dans notre pays. Sa synthèse est un document de première importance, portant sur ce champ très intersectoriel. Les grandes parties ont pour titre : Encourager une alimentation saine - Un système alimentaire plus durable - Analyse des politiques ayant une incidence sur le système alimentaire.
Ce travail étoffé présente analyses et recommandations. Il a le mérite de souligner la place centrale de l’alimentation et de la production de nourriture dans la vie d'une collectivité. Si sa lecture intéressera les professionnels de la santé, y compris les nutritionnistes, on doit souhaiter que les enseignements de ce programme national parviennent suffisamment à l'attention des politiques. Elles et ils sont par essence des généralistes qui doivent percevoir les diverses dimensions d’une problématique.
« L'élaboration de cette stratégie nécessitera un effort concerté de la part des domaines de la santé publique, de l'agriculture, de l'industrie et de l'environnement », peut-on y lire. Une alimentation saine, produite de manière durable, n'ira en effet pas sans difficultés politiques et soucis pour certain·e·s actrices et acteurs. Prenons l’exemple de la viande : si sa consommation, et donc sa production, s’infléchissent sérieusement, les conséquences retentiront sur les filières de l'élevage et de la production de fourrage, mais aussi sur des professions comme la boucherie ou même l'art vétérinaire... Les importateurs étrangers disposeront de moins de moyens pour acheter des machines suisses, engendrant de potentielles pertes économiques pour le pays. Aussi, tout récemment, les médias pointaient l'incohérence de subventions utilisées pour faire de la publicité pour la viande suisse alors qu'il s’agirait de manger moins de protéines animales.
Qu'on pense à cette conclusion : « Réduire la consommation de viande est probablement le plus important déterminant dans la transition vers un système alimentaire plus sain et durable (...) Il n'est pas possible d'atteindre ce but par des actions individuelles : la santé, la protection de l'environnement et la production alimentaire doivent être intégrées dans un cadre systémique, puis dans une stratégie commune. » Dans un régime démocratique et compte tenu de la lenteur guère contournable du processus politique, ces évolutions ne pourront se faire qu'avec un temps d'adaptation et avec des compensations. Mais il faudrait agir dès que possible néanmoins.
Cette affirmation rejoint une déclaration qui m’avait marqué, il y a longtemps, lors de mes études de santé publique : « Fondamentalement, ce dont nous avons besoin n’est pas tant une politique de santé publique que des politiques publiques saines. » L’alimentation de demain nécessite en effet une politique coordonnée intersectorielle et interministérielle (en matière de nutrition, la Norvège s'y est essayée il y a trente ans).
Un aspect dont on a beaucoup parlé lors des débats sur la nouvelle loi CO2 est aussi souligné dans le rapport du programme : la question alimentaire doit être placée « dans le contexte de la transition. La stratégie doit tenir compte du fait que deux tiers de l'empreinte environnementale suisse ont actuellement lieu à l'étranger ».
Le PNR 69 recommande enfin la mise en place de mesures visant à augmenter l’influence des consommateurs et des consommatrices et à réduire le gaspillage alimentaire.
Pour tout savoir sur les prestations complémentaires, dont la réforme est entrée en vigueur le 1er janvier 2021, ProSenectute a publié un numéro spécial de son Psinfo.
Qu’est-ce qui change ? Que faudrait-il encore changer ? Qui a droit aux prestations complémentaires ? Pro Senectute consacre l’entier de son Psinfo de janvier à la réforme de ce qui est communément appelé les « PC ». Le sujet est d’importance puisqu’un·e retraité·e sur huit en dépend pour couvrir ses besoins vitaux, selon Alain Huber, directeur de Pro Senectute Suisse.
La loi sur les prestations complémentaires a été adoptée le 22 mars 2019 par les Chambres fédérales pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2021. Si, selon Alexandre Widmer, responsable Innovation et Politique, « des problèmes structurels fondamentaux demeurent encore irrésolus », cette réforme contient des améliorations revendiquées depuis de nombreuses années, comme les montants maximaux pris en compte au titre du loyer.
Une double page résume les principaux changements en la matière, alors que le calculateur de prestations complémentaires de Pro Senectute a été mis à jour en fonction de cette nouvelle loi. Cet outil, qui s’adresse aussi bien aux spécialistes qu’au grand public, « permet de procéder rapidement à une estimation des chances de toucher des PC », écrit Nadine Bischof Loser, responsable de la Consultation sociale à Pro Senectute Suisse.
En décembre 2020, la Confédération a également publié une brochure destinée à expliquer la réforme des prestations complémentaires. Elle est peut être commandée gratuitement sur le site de la Confédération ou téléchargée en ligne.
Télécharger la brochure Les prestations complémentaires - l'essentiel expliqué simplement
Dans son panorama 2021 « Coronavirus, stress et addictions », Addiction Suisse se penche sur la consommation de tabac, de drogues illégales ou de médicaments. La dépendance aux jeux et à internet est aussi examinée.
Quelles sont les tendances actuelles en matière de consommation d’alcool, de tabac, de drogues illégales ou de médicaments psychoactifs ? Quelles sont les conséquences de la dépendance aux jeux d’argent et à internet ? Dans son panorama suisse des addictions 2021, la Fondation Addiction Suisse présente des faits et des chiffres, tisse des liens et offre une analyse complète de la situation.
Intitulé « Coronavirus, stress et addictions : oser demander de l’aide », ce rapport de 36 pages s’arrête sur les répercussions de la crise sanitaire en matière de conduite addictive. L’augmentation du niveau de stress pour l’ensemble de la population peut en effet entraîner l’émergence de nouveaux groupes à risque. Les individus qui présentaient déjà des signes de tendance dépendante sont, eux, davantage exposés.
Des publics spécifiques sont plus particulièrement concernés, comme le personnel des services d’urgence, des transports publics ou de la vente. Un stress majeur peut également persister pour celles et ceux qui ont subi un traumatisme en raison de la pandémie. « Toutes ces personnes ont un risque accru de perdre le contrôle de leur consommation d’alcool, de drogues ou de médicaments », écrit Addiction Suisse dans son introduction. « Or, lorsque la consommation devient problématique, elle est passée sous silence. Addiction Suisse entend briser le tabou et exhorte les personnes touchées, les proches et les employeurs à chercher de l’aide sans tarder. »
Addiction Suisse tire la sonnette d’alarme sur les effets à long terme de la situation sanitaire en termes de santé mentale. Elle s’inquiète également de la libéralisation des jeux d’argent, survenue presque simultanément à l’obligation de rester à domicile, au début de 2019. « Avec le semi-confinement instauré à l’échelle nationale au printemps, ces offres ont connu une croissance qui n’aurait certainement pas atteint pareille ampleur sans la pandémie, note la Fondation. Parallèlement, la publicité pour les plateformes de jeux en ligne a massivement augmenté, avec un marketing parfois agressif. » Elle craint une hausse de jeu problématique dans la population suisse, puisque « les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire constituent des facteurs de stress qui peuvent accélérer la perte de contrôle chez certain·e·s joueurs·euses. »
L’instance nationale appelle celles et ceux qui se sentent vulnérables, craignent une tendance addictive ou s’inquiètent pour un·e proche, à se tourner vers des structures d’aide. « Nous vivons une situation de stress totalement inédite que nous devons toutes et tous gérer de notre mieux. Ce qui compte à présent, c’est que toutes les personnes qui ont perdu le contrôle de leur consommation reçoivent l’aide dont elles ont besoin », souligne Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse. L’embarras qui peut surgir dans ces situations est cependant réel, dans un monde qui passe souvent « sous silence » les problèmes d’addiction. A ce sujet, Grégoire Vittoz requiert de la société un environnement permettant de « chercher de l’aide sans avoir honte. »
(croc)
Les injonctions à être heureux au travail qui caractérisent le nouveau management engendrent paradoxalement une fragilisation physique et psychique des travailleurs. Des spécialistes analysent les transformations du monde du travail et leurs effets sur la santé.
Alors que le bonheur de travailler, ou cette nécessité d’être impérativement heureux au travail, n’a jamais été autant proclamé, c’est le mal-être et la souffrance qui s’accroissent statistiquement dans la réalité des entreprises, mais aussi des services publics. Probablement parce que le bonheur prescrit n’est qu’une coquille vide masquant un délitement des conditions de travail et surtout de la définition même du travail.
La perte de sens de son travail, l’invisibilité progressive de ce qui constitue le cœur de son métier reviennent comme des arguments forts dans quasiment toutes les études en sciences sociales sur les liens entre santé et travail.
Cet ouvrage collectif regroupe les contributions en trois axes :
Il ressort des diverses contributions que, à l’encontre de la pensée dominante, la santé au travail n’est pas une question de «responsabilité individuelle».
Sophie Le Garrec est sociologue, maître d’enseignement et de recherche à l’université de Fribourg, chaire francophone de travail social et politiques sociales.
«Les servitudes du bien-être au travail», Sophie Le Garrec, avec la participation de Louis-Marie Barnier, Yves Clot, Sandro de Gasparo, Karen Lisa Goldschmidt-Salomon, Éditions Érès, février 2021, 320 pages.
De sa position d’observateur engagé au plus près du terrain, le bioéthicien Emmanuel Hirsch analyse les temps forts de cette année de pandémie où la démocratie a été confinée.
Dès l’annonce des premiers signes évocateurs de la pandémie, Emmanuel Hirsch s’est engagé avec l’équipe de l’Espace éthique de la région Île-de-France dans un travail d’observation et de suivi des enjeux sociétaux de la crise sanitaire. Bénéficiant de son expertise dans les « années sida » puis d’une implication dans les travaux préparatoires à la pandémie grippale entre 2006 et 2009, il s’est imposé comme une référence pour apporter les éclairages éthiques indispensables.
Dans cet ouvrage, l’éthique est abordée sous divers angles : les décisions poliatiques, sociales, sanitaires, la hiérarchisation des choix, la sensibilisation à la fois pertinente et mesurée de la population, la cohésion nationale, les rites de la fin de vie, le rôle des citoyens ou encore les stratégies de vaccination.
Emmanuel Hirsch est directeur de l’Espace de réflexion éthique de la région Ile-de-France et de l’Espace national de réflexion éthique maladies neurodégénératives, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Sud-Paris-Saclay.
«Une démocratie confinée. L'éthique quoiqu'il en coûte», Emmanuel Hirsch, Éditions Érès, février 2021, 344 pages.
Au début 1971, les Etats qui refusaient le droit de vote aux femmes n'étaient plus très nombreux: la Suisse, l'Arabie saoudite, le Koweit, le Qatar et quelques autres pays récalcitrants. Dans ce petit ouvrage agréable à lire, Brigitte Studer résume avec brio l'histoire nationale du suffrage féminin.
C'est en effet le 7 février 1971 que les Suissesses obtiennent le droit de vote. Dans «La conquête d'un droit. Le suffrage féminin en Suisse», l'historienne rappelle qu'il aura fallu 120 ans et plus de 90 votations communales, cantonales et fédérales pour y arriver. Au fil des décennies, les femmes se sont organisées et largement mobilisées, parfois soutenues par des hommes féministes. Elles ont écrit des essais et des pamphlets, fait campagne, donné des conférences, pétitionné.
L'autrice explique que la ligne de partage pour l’accès aux droits démocratiques reste une ligne de genre. Cette exclusion, dite « naturelle » par certains, est contestée et débattue pendant plus d’un siècle. Fondamentalement, l’histoire du suffrage féminin met en lumière le fait que la définition de la démocratie est un enjeu politique et sociétal, objet de luttes et de controverses parfois extrêmement violentes.
Brigitte Studer a été professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Berne. Elle a également enseigné dans les universités de Genève, de Zurich et de Washington à St. Louis (USA) et à l’EHESS (Paris)
«La conquête d'un droit. Le suffrage féminin en Suisse», Brigitte Studer, Livreo-Alphil, 2020, 160 pages.
Au début des années 2000, les voix des anciens enfants placés ont commencé à émerger d’une chape de silence longtemps entretenue. Depuis lors, de nombreuses recherches ont documenté ces pratiques. Elles sont synthétisées dans ce petit ouvrage destiné au grand public.
Grâce à la mobilisation tenace de certain·e·s, soutenus par quelques historien·ne·s et journalistes, la thématique de l’enfance placée s’est imposée comme un problème public au niveau national (redécouvrir les photos de Paul Senn et la tournée de l'exposition nationale «Enfances volées» dans REISO). Une Commission indépendante d'experts est mise en place pour mener des recherches historiques sur les internements administratifs (en savoir plus).
En proposant une synthèse des travaux récents, cet ouvrage répond à deux questions centrales: «Comment un dispositif qui voit le jour au nom de la protection de l'enfant a-t-il pu dysfonctionner au point d'entraîner des traumatismes chez ces mêmes enfants et de renforcer leur discrimination sociale? Peut-on évaluer l'importance de ces dérives?»
Le livre entend également contribuer à intégrer cette thématique dans l’histoire nationale et agir en faveur d’une reconnaissance de la mémoire des victimes. C’est aussi l’occasion d’alimenter un regard critique et réflexif sur le risque coercitif propre aux mécanismes d’assistance, hier comme aujourd’hui.
Joëlle Droux est maître d’enseignement et de recherche en histoire de l’éducation à l’Université de Genève.
Anne-Françoise Praz est professeure à l’Université de Fribourg et à l’Unidistance.ch. Elle a été vice-présidente de la Commission indépendante d’experts sur les internements administratifs en Suisse.
«Placés, déplacés, protégés? L'histoire du placement d'enfants en Suisse, XIXe-XXe siècles», Joëlle Droux et Anne-Françoise Praz, Livreo-Alphil, février 2021, 142 pages.
L'Association ASA - Handicap mental a actualisé le cadre de référence pour la promotion des artistes avec une déficience intellectuelle en Suisse.
Cette deuxième édition de la «Charte Mir'arts» est désormais assortie d'une version en langue facile à lire et à comprendre. Elle constitue le premier cadre de référence suisse pour la promotion des artistes en situation de handicap. La Charte s’appuie sur des valeurs et des principes que les signataires s’engagent à respecter et propose un référentiel commun aux personnes et institutions qui accompagnent les artistes dans leur démarche.
Coordonné par Teresa Maranzano, le programme Mir’arts a pour but de soutenir des artistes suisses en situation de handicap, défendre leurs droits d’auteur et promouvoir leurs œuvres dans le milieu de l’art contemporain. Sa mission répond au désir de ces artistes d’être reconnus pour leur contribution à la vie culturelle.
Depuis 2010, le programme offre aux professionnels qui les accompagnent dans ce processus de participation sociale des prestations ponctuelles : expositions, éditions, participation aux concours artistiques, mise en relation avec les collectionneurs, la presse et les médias.
En moins de six minutes dans «Diagonale», la Lausannoise Anne Thorens parvient à représenter subtilement la question du consentement à un rapport sexuel.
Le court métrage de cette comédienne, actrice et réalisatrice a reçu de nombreuses récompenses internationales. Il est en libre accès en ligne depuis le 7 janvier 2021. Le synopsis est simple : « Un jeune couple déjà échauffé se retrouve au lit. Mais au moment de passer à l’acte, elle réclame un préservatif. Il n’en a pas, ce qui ne freine pas ses ardeurs. »
Dans ce plan-séquence passionné et remarquablement filmé, les dialogues sont réduits à quelques phrases explicites qui permettent à Anne Thorens de montrer ce que signifie le «consentement». Pour la femme : une notion simple et univoque. Pour l’homme : une notion floue et équivoque. La femme finit par céder, sans consentir.
La réalisatrice précise que «ce film n’est pas pensé comme une réponse, mais comme une question». Loin des affaires qui font la une des journaux depuis des années sur des viols horribles et scandaleux, ce plan séquence présente une situation où les partenaires semblent a priori égaux. Dans ce cadre en quelque sorte banal, le consentement est alors cerné avec une grande habileté et beaucoup de finesse.
Rappelons la pertinence de la notion de consentement (lire cette actualité de REISO sur une enquête auprès des jeunes dans les transactions sexuelles). Rappelons aussi que, sur l’impulsion d’Amnesty International, une trentaine d’ONG ont remis une pétition au Parlement fédéral en 2019. Elle demande de modifier le code pénal sur les violences sexuelles pour que «tout acte sexuel non consenti puisse être adéquatement puni et pour que la législation suisse soit ainsi conforme aux standards internationaux en matière de droits humains, tels que la Convention d’Istanbul».
Visionner le court-métrage «Diagonale» en ligne
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Paléoanthropologue, Pascal Pick est spécialisé dans l'évolution des primates et des hominidés, particulièrement les grands singes dont nous sommes. Dans son dernier livre, grand public, il s'attache à étudier ce qu'ont été les statuts et rôles respectifs de la femme et de l'homme. Pour l'avoir entendu dans l'émission «La Grande Librairie», ce chercheur ne cache pas son drapeau, sa position engagée, s'agissant de pointer les situations de domination/oppression de la femme, de manière quasi universelle dans le temps et dans l'espace, avec quelques bien rares exceptions de sociétés matriarcales. « A ne parler que de l’évolution de l’homme, même avec un grand H, on est passé à côté de celle des femmes. »
Dans la première partie, il décrit la variété des pratiques dans la vie communautaire des singes et étudie le registre de la violence entre les sexes et dans les rapports sexuels. Il constate qu’il y a plus de violence chez les espèces vivant en terrain découvert, savane en particulier, plutôt qu’en forêt. Il montre aussi que plus le dimorphisme sexuel est marqué (différences d’aspect entre femelle et mâle), plus il y a de manifestations violentes. Le grand groupe qui fait exception, et cela est devenu de notoriété publique, est celui des bonobos chez qui la brutalité est pour l'essentiel absente et dont on sait les comportements amoureux et sexuels. Le tableau est tout autre chez les autres singes supérieurs : gorilles, chimpanzés et humains.
La seconde partie se penche de manière fouillée sur l’Homme. A propos de nos lointains ancêtres et sous divers angles, l'auteur évalue les mérites possibles de deux visions/théories: la vision rousseauiste du bon sauvage, de l'homme primitif vivant en bonne harmonie avec ses semblables et la nature, et celle de Hobbes, «l'homme est un loup pour l'homme». Même si le lecteur novice que je suis a été impressionné par ce qu'on peut tirer d’études paléontologiques, il reste que les données disponibles ne permettent guère de conclure. Sans doute, dit Picq, ni l'une ni l'autre des hypothèses opposées n'est-elle exacte. L'évolution des espèces et les existences qu'elles ont menées se situent quelque part entre deux, avec toutefois des variations certaines de tendances selon les groupes considérés.
Ce faisant, il examine attentivement la condition et le rôle des femmes dans diverses grandes régions, époques, contextes. Qu’est-ce qui est lié ou dû à la « nature », à notre bagage génétique ? Qu’est-ce qui ressortit à la « culture», la coutume, la construction sociétale ? Pourquoi, très majoritairement, la femme a-t-elle été dominée, marginalisée, privée de liberté de mouvement et d'autonomie ? Parmi les leçons majeures tirées des travaux paléoanthropologiques :
Picq rappelle aussi que, très généralement, toujours au cours du temps, les femmes ont plus travaillé que les hommes. Son résumé: « Les femmes représentent bien le sexe écologique, reproducteur et producteur. »
Sans être toujours en mesure de conclure, l’auteur apporte des éléments substantiels à la réflexion sur un sujet, la place de la femme et les contraintes et violences auxquelles elle fait face, qui à combien juste titre retient vivement l'attention depuis quelques décennies - de manière aiguë à vrai dire en ce moment. Pour le lecteur dont le temps est compté, on pourrait imaginer que Pascal Picq fasse aussi de ce volumineux essai une version plus courte ; on y trouve en effet des répétitions. Il reste que, malgré des longueurs, cet ouvrage très bien informé se lit avec beaucoup d'intérêt.
«Et l'évolution créa la femme», Coercition et violence sexuelles chez l'Homme, de Pascal Picq, Paris : Odile Jacob, 2020, 462 pages.
Cet ouvrage pratico-pratique donne à tout professionnel ou parent qui s’occupe d’une personne en situation de handicap des outils pour mieux la comprendre, en apprenant à l’observer et en adoptant une démarche éducative globale.
L’accompagnement des enfants, adolescents et adultes en situation de handicap est souvent complexe. Surtout si ce handicap est sévère, il est difficile de trouver un point d’appui pour construire un projet éducatif. Partant du postulat que tout être est en capacité d’apprendre avec un environnement éducatif adéquat, l’autrice propose une approche pédagogique basée sur une évaluation positive de la personne, ses connaissances, ses acquis, même minimes, et non ses déficits et ses échecs.
Elle aborde tous les aspects du développement de l’être humain (moteur, cognitif, sensoriel, affectif, émotionnel) pour élaborer une démarche éducative basée sur les activités quotidiennes, l’inclusion scolaire et la recherche d’autonomie. Avec l’observation du développement comme base de travail, elle donne des repères précis, illustrés d’exemples concrets, qui sont autant d’outils à destination des professionnels et des parents.
La recherche du mieux-être et de la qualité de vie pour les personnes en situation de handicap et ceux qui les entourent passe par le choix des priorités éducatives, spécifiques à chaque individu, qui n’est ni objet de soins ni objet de «protocoles», mais sujet instruit dans une approche globale pour atteindre la plus grande autonomie possible et se libérer ainsi de la dépendance, de l’infantilisation et de dangers potentiels de maltraitance.
Chercheuse en sciences de l’éducation, orthophoniste, Gloria Laxer est maître de conférences honoraire en sciences de l'information et de la communication. Elle poursuit également des activités de formation continue dans les établissements sociaux et médico-sociaux en France, Suisse, Italie, Irlande, etc.
«Handicaps, les chemins de l'autonomie. Manuel de pédagogie développementale», Gloria Laxer, Editions Erès, Connaissances de la diversité, janvier 2021, 570 pages.
Cette enquête inédite sur l’école inclusive et la scolarisation des enfants les plus vulnérables est menée directement de l’intérieur par une professeure des écoles. Elle éclaire les dysfonctionnements du système scolaire et propose des solutions.
Les réformes aux intentions les plus nobles et formellement bien conçues pour favoriser la scolarisation de tous les enfants et leur réussite peuvent défaillir du fait d’une mise en œuvre approximative. Dans cette enquête inédite sur l’école primaire et la scolarisation des enfants les plus vulnérables, Sylviane Corbion dresse un état des lieux des dysfonctionnements du système scolaire, qui ont été criants durant la pandémie du coronavirus. Elle s’appuie pour cela sur des histoires de vie professionnelle d’enseignants du primaire dans des contextes sociodémographiques différents, sur ses expériences propres de professeure des écoles et sur les résultats de sa recherche doctorale.
Ce livre montre l’écart abyssal entre, d’un côté, les prescriptions et recommandations des politiques ministérielles, qui affichent le souci d’une école inclusive et bienveillante, et de l’autre, le travail des enseignants, peu formés, qui doivent faire preuve d’inventivité pour les élèves les plus vulnérables, dont les besoins éducatifs particuliers sont insuffisamment pris en compte.
Alors que la crise sanitaire est venue corroborer son travail, l’auteure contribue utilement au débat sur l’école inclusive et propose des principes d’action qui donnent à réfléchir et ouvrent de nouveaux possibles.
Sylviane Corbion est, depuis plus de vingt ans, professeure des écoles et enseignante spécialisée auprès d’enfants en situation de handicap, d’élèves en grande difficulté scolaire en Seine-Saint-Denis. Docteure en sociologie, elle poursuit ses recherches sur l’école inclusive et sur le « mal-être » des enseignants.
«L'école inclusive. Entre idéalisme et réalité», de Sylviane Corgion, Editions Erès, janvier 2021, 256 pages.
Une étrange pratique a été repérée dans le financement des prestations médicales en milieu carcéral. Alors que le pécule des détenus est légalement insaisissable, il est régulièmenent utilisé pour financer des frais médicaux ou dentaires.
Le 11 août 2020, le Tribunal cantonal vaudois a rendu un arrêt autorisant le prélèvement d’argent sur le pécule du détenu pour payer des factures de soins médicaux et dentaires. Interloqué, l’«Action maladie psychique et prison» du Groupe d’accueil et d’action psychiatrique (GRAAP) a sollicité l’avis de Me Kathrin Gruber, avocate, spécialiste FSA en droit pénal, membre de la Commission des droits humains de l’Ordre des avocats vaudois à Vevey.
En résumé, elle estime que l’Etat viole le principe de l’insaisissabilité du pécule des détenus lorsqu’il instaure un troisième compte « réservé », non prévu par la loi, sur lequel est versé une partie du pécule contre l’avis du détenu, pour financer les frais médicaux non couverts par l’assurance maladie et les primes d’assurance. L’Académie suisse des sciences médicales et la Société suisse des médecins ont préconisé la gratuité des soins médicaux en prison en vertu du devoir d’assistance de l’Etat envers les personnes détenues. L’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil des Ministres européens ont également adopté cette position.
En fait, nous sommes choqués de voir régulièrement des patients-détenus payer de leur poche des soins médicaux ou dentaires. Sans parler de la qualité des soins dentaires où le traitement habituel est l’arrachage pur et simple de la dent, sans remplacement ! Ou du fait que les travailleurs sociaux, les curateurs en charge de dossiers de patients-détenus ne font pas appel aux prestations complémentaires de l’AI, alors même que ces patients seraient bénéficiaires de l’AI et que leur rente n’est que suspendue. L’analyse de Me Kathrin Gruber confirme que cette pratique n’est pas correcte.
Madeleine Pont, fondatrice du GRAAP
L’analyse juridique de l’arrêt du Tribunal cantonal vaudois, en ligne sur le site du GRAAP-Association
La Société suisse pour la politique de la santé (SSPS) vient de publier un utile petit guide de questions-réponses sur le vaccin contre le Covid. Elle rappelle que le vaccin n’est pas une obligation mais un acte de solidarité.
Les expert·e·s précisent que de nombreuses rumeurs infondées circulent autour de ces vaccins. Les analyses montrent qu’elles sont toutes dépourvues de base factuelle et scientifique. Ainsi par exemple, les rumeurs sur une prétendue modification de l’ADN, sur des réactions autistiques ou sur une supposée menace pour les personnes sujettes au rhume des foins sont sans fondement.
La société rappelle que le Covid a gravement touché des dizaines de milliers de personnes et provoqué des milliers de décès en Suisse. Face à cette situation, le débat entre les pros et les antis-vaccins a repris. Avec son petit guide, la SSPS tient à encourager la vaccination pour quatre raisons principales.
La SSPS est une plateforme neutre en matière de politique de la santé. Environ 1000 experts et parties intéressées des différents secteurs du système de santé, des milieux économiques, scientifiques, politiques et administratifs, des entreprises du marché des soins de santé ainsi que des organisations industrielles, professionnelles et spécialisées forment ensemble la SSPS en tant que réseau national indépendant.
Questions-réponses, 2 pages en format pdf
La Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) prévoit une augmentation de 21% du nombre de personnes à l’aide sociale en Suisse.
Les conséquences économiques à long terme de la pandémie de Covid-19 sont difficiles à évaluer, mais il convient de partir du principe qu'une partie de la population subira des pertes à moyen et long terme et aura besoin de soutien. Parmi les groupes vulnérables figurent les chômeurs de longue durée, qui auront encore plus de difficultés à réintégrer le marché du travail en raison de la crise, et les travailleurs indépendants à faible revenu.
Certains de ces groupes dépendront de l'aide sociale ces deux prochaines années. Dans le scénario principal de son étude, la CSIAS estime que le nombre de personnes tributaires de l'aide sociale augmentera de 21 % ces deux prochaines années. Dans le domaine de l’aide sociale, cette situation engendrerait des coûts à hauteur de 821 millions de francs suisses.
L'association professionnelle nationale de l'aide sociale appelle le Conseil fédéral à poursuivre les mesures de soutien afin d’éviter une surcharge de l'aide sociale. Pour amortir la hausse prévue des cas dans l'aide sociale, elle estime par ailleurs que plusieurs mesures sont nécessaires. Dans les cantons, il est urgent de mettre en place des mécanismes de partage des charges efficaces entre les communes. En ce qui concerne l'assurance-chômage et invalidité, un soutien et une coopération plus étroite sont nécessaires pour éviter un transfert supplémentaire vers l'aide sociale.
Pandémie de Covid-19. Bilan actuel et défis à venir pour l’aide sociale, Document d’analyse, Conférence suisse des institutions d’action sociale, janvier 2021, 13 pages.