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L’association française Old’Up est allée à la rencontre des personnes âgées pour leur donner la parole sur leurs ressentis et leurs vécus face à la pandémie et au confinement.
Plus à risque face au virus, plus isolés, les personnes âgées sont décrites comme les principales «victimes» de cette crise. Mais ce n’est pas ce qu’en pensent les principaux intéressés. Avec un questionnaire en ligne et une permanence téléphonique, l’association a recueilli le témoignage de 5’385 personnes âgées entre le 24 avril et le 13 mai 2020. Trois répondants sur quatre déclarent n’avoir rencontré aucune difficulté pendant le confinement.
Pour près des deux tiers des personnes interrogées, cette période a même été l’occasion de reprendre des activités de loisirs artistiques ou intellectuelles, d’organiser son espace, de renouer avec d’anciennes relations. De plus, quatre personnes sur dix ont le sentiment d’avoir fait des progrès dans leur usage des outils informatiques.
Ces déclarations contredisent les préjugés sur les personnes âgées et montrent que le confinement a même pu être vécu comme une opportunité pour nombre d’entre elles.
Sources : Old’Up et AgeVillage
Consulter l’enquête, 3 pages en format pdf
Le Centre régional d'études des populations alpines (CREPA) annonce la parution de ce livre inspiré de l’exposition «Etre vieux, et alors ? Regards croisés sur la vieillesse » qui a sillonné en Valais en 2017 et 2018.
Bien souvent, le vieillissement de la population inquiète. Les préoccupations sont principalement financières et sanitaires. Mais a-t-on essayé de changer son regard ? Et si le fait de vivre de plus en plus vieux était synonyme de richesses et d’opportunités ?
C’est précisément ce à quoi s’est attelé le CREPA avec le concours du foyer de jour pour personne âgées de Chantovent et les classes des écoles primaires de la région dans le cadre de son programme « L’enfant à l’écoute de son village ». En 2017 et 2018, l’exposition « Regards croisés sur la vieillesse » a sillonné la région et, au travers des yeux d’enfants, posé des questions d’actualité.
Dans le livre, Fabienne Lepori, animatrice socio-culturelle, a rassemblé une masse d’informations en imaginant un dialogue entre un petit enfant et ses grands-parents qui aborde les grandes réflexions auxquelles notre société est confrontée actuellement et dans un futur proche. Sociologue, président de commune, animatrice socioculturelle, responsable de foyer de jour, enseignantes, psychologue et humoriste apportent leurs éclairages.
Avec les contributions de
L’ouvrage (29 francs) peut être commandé au CREPA - Jean-Charles Fellay - Rue Saint-Honoré 14 - 1933 Sembrancher, ou au 027 785 22 20.
En plus du livre, quatre entretiens filmés par Gaël Métroz peuvent être visionnés en ligne : Marguerite Perraudin de Lourtier, Ginette Lattion de Liddes, Yvon et Irène Darbellay de Liddes, Thérèse Darbellay de Chandonne).
Cinq entretiens audios réalisés par le CREPA peuvent être écoutés en ligne : Jean-Marie Abbet d’Orsières, Lilia Bertocchi de Sembrancher, Odette Besse de Martigny, Joffrine-Aimée Farquet de Dorénaz, René Turin d’Evionnaz.
La nouvelle édition de la Revue de l’aide sociale, ZESO, consacre son dossier à la participation et présente divers projets de recherche et des études-pilotes.
Les mesures de prévention et de lutte contre la pauvreté sont plus efficaces lorsque les préoccupations, les expériences, les idées et les expertises des personnes concernées sont prises en compte.
C’est ce que montre ce dossier que la revue de la Conférence suisse des institutions d’action sociale, a consacré à la participation des bénéficiaires de l’aide sociale.
Parmi les articles, signalons «Quand des personnes au bénéfice de l’aide sociale participent à la formation des étudiant·e·s», de Caroline Reynaud, Sophie Guerry et Karine Donzallaz, Haute école de travail social Fribourg. Avec ces commentaires de participant·e·s :
«Quand on est à l’aide sociale, on subit, alors c’était très important d’être impliqué dans un tel projet.»
«Ça nous a permis de nous sentir moins seuls, moins coupables d'en être arrivés là (...). De montrer aux étudiants que ce n’était pas un choix d’être à l’aide sociale.»
Zeso 2/2020 en ligne
Commentaire de Jean Martin
Je n’appartiens pas au club des fans inconditionnels de Hubert Reeves, l’astrophysicien québécois qui, après études et enseignement au Canada et aux Etats-Unis, a passé la plus grande partie de sa vie en France, depuis l’âge de 33 ans, et est très sollicité par les médias. Mais peut-être parce que je tiens aussi parfois des propos de type « enseignements de mon existence » (j’ai bientôt 80 ans, il en a 88), j’ai beaucoup apprécié son petit livre tout récent.
Trois parties : une sur l’enfance stricte mais entourée de nature au Québec, ensuite la description d’un parcours académique brillant et atypique, puis ce qu’il a « récolté en chemin ». La conversation restitue son itinéraire. Elle est agréable à lire, sous une forme concise.
lI a été très proche de sa mère et d’une grand-mère, a étudié les sciences parce que c’était un domaine où son père autoritaire ne connaissait rien. Fait un doctorat à l’université Cornell. Ses recherches scientifiques portent sur la nucléosynthèse, la recherche de l’origine des éléments chimiques pour établir des théories permettant de reconstituer le passé. « La question qui me captive : que s’est-il passé pour que les choses soient comme elles sont ? »
Il poursuit sa carrière au CNRS et au Commissariat à l’énergie atomique. D’où, dit-il, il n’a pas été éjecté ni même censuré quand il s’est mis à tenir des propos anti-nucléaires. Il est de plus en plus actif comme vulgarisateur scientifique. On l’entend maintenant de Malicorne, sa maison bourguignonne.
Les castes en France. A propos de Mai 68, « la grande différence, c’est les castes. Il y a beaucoup moins de cela en Amérique du Nord. En France, étudiants et professeurs ne déjeunent pas ensemble. Aux Etats-Unis, nous mangions en toute simplicité avec des sommités, voire buvions un peu trop avec eux (…) Cette réalité des castes n’est pas étrangère au mauvais classement des universités françaises (...) Aux Etats-Unis, il y a un climat de coopération entre profs et étudiants qui est plus constructif.» Plus loin : « J’avais l’espoir à mon échelle de faire changer les choses en France, c’était une illusion. Sur ce sujet j’ai perdu mon temps. »
L’écologie et la militance. Hubert Reeves rappelle que, dans les années 1960, un de ses collègues enseignants à New York était James Hansen, un physicien spatial qui se préoccupait vivement déjà de gaz carbonique et d’effet de serre (Hansen dont on reconnait maintenant l’importance majeure). Reeves note que, avec d’autres, « nous n’étions ni convaincus ni tracassés ». Mais, de plus en plus, il milite pour le milieu de vie et, en compagnie notamment de Théodore Monod, il a un engagement social. Il a même l’oreille de Nicolas Sarkozy durant sa présidence.
Les relations avec ses enfants. « Je dois avouer que je ne suis pas très à l’aise avec cette question, parce que je n’ai pas été assez disponible pour eux. (…) Il y a eu une période de crise où le dialogue a été difficile. Mes enfants eux, aujourd’hui, s’occupent beaucoup de leurs enfants. Mais je n’ai jamais fait ça et je me le reproche. Si c’était à recommencer… »
Que dire à un (futur) scientifique de 18 ans ? Je dirais : « Méfie-toi, ne cherche pas à tout prix à être le meilleur, c’est destructeur. La chose contre laquelle je me suis toujours battu, c’est ma propre compétitivité. Être compétitif, c’est une qualité mais ça peut aussi te ruiner la vie (…) J’ai contre-investi beaucoup cette tendance et je continue à le faire. »
Les futures générations. « La planète sera-t-elle habitable dans cinquante ans ? Je me demande quelle vie auront mes petits-enfants. Il y a cent ans, tu connaissais concrètement le travail de tes parents et tu le poursuivais. Maintenant il n’y a plus de modèle. L’avenir est un grand blanc, les jeunes n’arrivent pas à y projeter des images. » Toutefois, avec Edgar Morin, se souvenir que la réalité est toujours surprenante. « La réalité a plus d’imagination que nous. »
«Je chemine avec Hubert Reeves», entretiens avec Sophie Lhuillier, Editions du Seuil, 2019, 115 pages.
Par Wassim Jerbia, Téa Leresche, Estelle Sauty, Louise Schlaefli, Manon Sieber, Fleur Valterio, étudiant∙e∙s 3ème année, Annick Anchisi, professeure, Haute Ecole de santé Vaud (HESAV), HES-SO
Le printemps 2020 restera marqué d’une pierre blanche. En quelques heures, la crise du COVID-19 nous propulse dans une réalité professionnelle hors du commun. Apprendre de nouveaux gestes, faire face à l’incertitude, mobiliser ses connaissances et ses compétences, s’adapter au jour le jour, être infirmier et infirmière, un peu avant l’heure. En quelques lignes, nous revenons ici sur cette expérience vécue avant la fin de notre formation.
À l’appel envoyé par notre école, ça n’a pas fait un pli, s’engager sonne comme une évidence, la concrétisation d’une mission, celle d’œuvrer pour la population. À peine arrivé·e·s, nous avons été mis∙e·s dans le bain, avec cette question qui taraude : allons-nous être à la hauteur ? Ce rôle de diplômé·e, envié d’une part mais craint de l’autre, se vit à même le corps, les émotions se bousculent. Le doute est là même si nous sommes encadré·e·s par les soignant·e·s sur le terrain et par nos référent·e·s à l’école. Le théâtre des opérations, jusque-là connu, est chamboulé.
À l’hôpital, en quelques heures, les services de soins sont déplacés, les flux de patient·e·s séparés, des équipes reconstituées. Dans les établissements médico-sociaux (EMS), l’expérience est d’un autre ordre. Ici, c’est la modalité du confinement qui marque. Coupé·e·s de leurs proches, les résident·e·s se sentent parfois abandonné·e·s malgré les efforts du personnel. L’usage des technologies de communication n’est pas toujours approprié, l’image à distance parfois anxiogène. Il faut alors user de créativité, installer une résidente sur le pas de la porte de sa voisine pour qu’elle l’écoute jouer de l’accordéon ; tenter de se faire reconnaître malgré son masque. Par ailleurs, si à l’hôpital il a fallu enfiler une blouse de diplômé·e·s, à l’EMS, il s’agit de se distinguer du rôle d’aide-soignant·e. À l’hôpital, dans un EMS ou ailleurs encore, nous devons trouver notre place comme infirmière et infirmier.
Malgré les journées qui s’allongent, douze heures consécutives, plusieurs jours d’affilée, nous sommes pris·e·s dans une sorte d’élan collectif mis à profit des personnes qui viennent à la consultation COVID avec toute l’appréhension qu’on devine, au service des patient∙e∙s et de leurs proches, des résident·e·s et des équipes soignantes parfois submergées. Les incertitudes sont multiples : est-ce que je prends des risques, est-ce que j’en fais courir à mes proches ? Combien de temps cela va durer ? Est-ce que la situation va impacter mon diplôme ? Est-ce que je vais pouvoir garder mon job d’étudiant·e, source de financement de mes études ? Tant de questions simultanément.
Les réponses sont multiples, changeantes, elles en rajoutent parfois au souci d’être performant·e·s. Alors qu’est-ce qui nous fait tenir malgré tout ? L’équipe d’abord, chaleureuse et bienveillante, les collègues de volée aussi, celles et ceux qui vivent des instants pareils aux nôtres, les enseignant·e·s soutenant·e·s, les ami·e·s qu’on voit de loin mais qui sont là, qui applaudissent le soir dans leur quartier, la famille fière et présente, les amours. Et puis, quand c’est possible, se défouler, faire du sport, s’échapper un instant. Par moment, c’est la solitude qui domine, quand on est loin des siens ou quand les résident·e·s n’ont que nous sur qui compter. Éprouver le manque, rire, pleurer, bâiller à n’en plus pouvoir, tenir encore, vivre.
Ce qui fait tenir aussi, ce sont nos connaissances et nos compétences acquises jusque-là. C’est proposer, se positionner comme professionnel·le·s dans une équipe pluridisciplinaire, faire valoir son point de vue. C’est se sentir utile, savoir qu’on peut aider quelqu’un qui souffre, qui a peur. On l’a appris à l’école, on l’a expérimenté en stage, ici on se lance sans filet, il faut faire face et ça marche ! C’est aussi l’occasion de tester ses points forts, ce qu’il faut travailler encore, c’est une expérience formatrice à tous les niveaux, en situation réelle, quelques semaines avant d’être engagé·e·s comme diplômé·e·s.
Cette situation aura plus que toute autre conforté notre choix d’être infirmière et infirmier. À aucun moment nous aurons douté de cela. La crise du COVID nous fait également prendre la mesure du fossé qui existe parfois entre les professionnel·le·s de la santé et la population. Les gestes qui nous semblent les plus anodins (se laver les mains, porter un masque, tenir la distance, etc.) ne s’acquièrent pas avec les affichettes. Ils doivent s’apprendre, s’inscrire dans des univers de sens accessibles aux usagers et usagères. C’est là que la question de l’enseignement à la population prend toute son importance.
Nous avons évalué la faille entre notre savoir et le sens commun afin d’être des repères crédibles : nous avons démenti des fake news, contrer des croyances de tous ordres, rassuré contre des peurs irrationnelles, nous ne nous sommes pas offusqué·e·s des erreurs ou des maladresses, mais avons tâcher de les comprendre pour être plus efficaces, nous avons fait entendre la voix des plus âgé·e·s assigné·e·s à résidence, nous avons, nous avons… quel boulot !
Un dernier mot encore pour dire l’espoir d’être reconnu·e·s comme professionnel·le·s autonomes, bien formé·e·s et irremplaçables. Nous applaudir tous les soirs nous a fait chaud au cœur, nous souhaitons que le bruit se fasse entendre plus loin dorénavant, jusqu’aux oreilles des politiques en charge du système sanitaire afin que notre profession soit enfin considérée à sa juste valeur.
Une version de ce texte a été publiée en français et en allemand par la revue «Soins infirmiers» 06/2020.
Les non-recours aux prestations sociales questionnent non seulement les autorités nationales et cantonales en Suisse. Cette problématique est aussi analysée en France.
Ce dossier dresse un panorama national des données produites par la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur le non-recours aux prestations sociales en France.
Comment le non-recours aux prestations, devenues de plus en plus ciblées, est-il devenu un objet de préoccupation des associations, des chercheurs et des acteurs publics ? Quels sont les enjeux de la lutte contre le non-recours ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre ? Quelles données sont disponibles sur l’ampleur du non-recours, le profil des non-recourants, les motifs déclarés, pour étayer l’action publique en la matière ?
Suivent un ensemble de fiches rassemblant les éléments statistiques disponibles sur le champ d’action du Ministère des solidarités et de la santé, produites par la DREES et d’autres institutions.
Les éditions Seismo publient un ouvrage collectif sur les effets sociaux du Covid-19. Vingt-sept chercheurs et chercheuses partagent leurs réflexions à chaud.
Le COVID-19 investit l’humanité, sans distinction d’origine ou de condition économique. Il y a un siècle, la grippe espagnole a tué au moins 50 millions de personnes à travers le monde. À cette époque, la science de l’hygiène, l’État social et la santé publique venaient de naître et les gens avaient peu accès aux informations ou les ignoraient complètement. Aujourd’hui au contraire, nous sommes constamment connectés au monde et restons protégés chez nous. Pourtant, nos peurs sont comparables à celles du passé.
Ces craintes sont-elles liées à des évènements réels ou plutôt à une perception de la réalité ? Les sciences humaines et sociales analysent les défis que pose la crise sanitaire en les insérant dans les dynamiques de nos sociétés, sans recourir aux fantasmes ou aux conclusions technocratiques. Ce livre entend décrypter comment les individus, les organisations et les communautés font face, souffrent ou réagissent dans cette pandémie.
Thomas Abel, Antonio Abellán García, Mathilde Bourrier, Jean-Michel Bonvin, Claudine Burton-Jeangros, Sandro Cattacin, Nicola Cianferoni, Ruxandra Oana Ciobanu, Bernard Debarbieux, Vera de Bel, Maxime Felder, Fiorenza Gamba, Olga Ganjour, Myriam Girardin, Marco Nardone, Michel Oris, Loïc Pignolo, Rogelio Pujol Rodríguez, Diego Ramiro Farinas, Toni Ricciardi, Emilie Rosenstein, Marlyne Sahakian, Sébastien Salerno, Daniel Stoecklin, Philippe Wanner, Eric Widmer, Marie-Eve Zufferey.
Ces chercheur·se·s sont rattachés à l’Université de Genève, l’Institut d’économie, de géographie et de démographie de Madrid, l’Université de Berne et l’EPFL.
«COVID-19 Le regard des sciences sociales», Fiorenza Gamba, Marco Nardone, Toni Ricciardi, Sandro Cattacin (dir.), Editions Seismo, juin 2020, 336 pages
Cet ouvrage invite le lecteur dans le quotidien des habitantes de la rue.
Au travers de récits déployés, l'auteur donne à comprendre les rapports qu'entretiennent ces femmes au temps et à l'espace dans la grande précarité. Les systèmes de relations et les modes de (sur)vie mettent en lumière des logiques de débrouille et d'ajustements qui viennent contrecarrer les conduites à risques et les dangers affrontés quotidiennement par ces femmes.
Mauro Almeida Cabral est éducateur spécialisé et travailleur de rue au Grand-Duché de Luxembourg. Il intervient auprès de personnes adultes qui vivent dans les interstices urbains et qui côtoient les marges de la société, la toxicomanie, la prostitution et la grande précarité.
«(L)armes d’errance. Habiter la rue au féminin», de Mauro Almeida Cabral, Louvain (BE) : Editions Academia - L’Harmattan, Collection Transitions sociales et résistances, mars 2020, 174 pages.
Plongeant dans les méandres du système de l’asile, cette étude propose de suivre les trajectoires des réfugiés à partir de leur arrivée en Suisse.
S’appuyant sur une vaste compilation de données issues de la statistique publique, l’autrice met en évidence les désavantages chroniques auxquels sont confrontés les réfugiés sur le marché du travail, tant durant la procédure d’asile qu’après l’obtention d’un permis de séjour stable.
Les droits attachés à chaque permis façonnent ainsi la vie des individus, affectant profondément et durablement leurs chances d’intégration professionnelle. Entre incitation à entrer sur le marché du travail et limitation d’accès aux permis les plus stables, les réfugiés sont donc placés face à un paradoxe.
Cet ouvrage offre de précieuses clefs pour comprendre les politiques d’asile et d’intégration helvétiques, éclairant la diversité des parcours des réfugiés, les droits associés à chaque type de permis, mais aussi l’impact des évolutions législatives sur les possibilités d’insertion des personnes venues chercher asile en Suisse.
Anne-Laure Bertrand est titulaire d’un doctorat en démographie de l’Université de Genève. Maître-assistante au Laboratoire d’études des processus sociaux de l’Université de Neuchâtel, elle poursuit ses recherches sur les thématiques de l’asile et des migrations, et enseigne avec enthousiasme les méthodes quantitatives aux étudiants en sciences sociales.
«Dans la jungle des permis de séjour. Parcours administratifs et intégration professionnelle des réfugiés en Suisse», Anne-Laure Bertrand, Editions Seismo, 2020, 257 pages.
Les nouvelles thérapies qui, grâce aux données génomiques des patientes et des patients, sont adaptées à leurs caractéristiques physiques individuelles, doivent gagner en précision et en efficacité.
Avec toutes les opportunités offertes par ces développements, de nombreuses questions sociales, juridiques et éthiques se posent.
Ces questions ont été abordées sous forme de dialogue. Si le projet a invité les experts à présenter les résultats les plus importants de la recherche, il visait surtout à connaître l’opinion du public intéressé. Un questionnaire online avec neuf questions – légèrement provocatrices – a été créé pour présenter au public différents scénarios prospectifs. Les arguments les plus intéressants et importants ont été abordés par le public et les experts lors de débats publics.
Lorsque les problèmes sanitaires du sud questionnent les services de santé de demain…
Depuis plus de dix ans, la majorité de la population mondiale vit en région urbaine. Un chiffre qui tend à faire oublier que 45% des habitants de la planète, des milliards d’êtres humains, résident encore en région rurale. Dans ce contexte, les populations des campagnes des pays à faible revenu, confrontées depuis des décennies à un accès réduit ou inexistant aux soins, à l’eau potable ou à l’assainissement, méritent d’autant plus notre attention.
C’est au retour d’un service civil à Madagascar que le Dr Scartezzini, jeune pédiatre suisse, ayant œuvré plus d’une année à l’ouverture d’un centre de santé en région rurale, a imaginé le guide pratique « La santé pour tous en zone rurale : développer et renforcer les centres de santé ». Confronté à l’ampleur des besoins dans ces régions et à la maladresse de certains acteurs y répondant sans considérer les attentes et les ressources locales, son objectif a été de réunir et de synthétiser, dans le cadre de sa thèse de médecine, les données existantes pour l’implantation ou la réhabilitation de centres de santé ruraux.
La rédaction de cet ouvrage a été menée en collaboration avec la Fédération vaudoise de coopération (FEDEVACO), faitière d’une cinquantaine d’ONG du canton de Vaud, ainsi qu’avec de nombreux acteurs de la santé des pays à faible revenu.
Suivant le fil rouge de l’ouverture d’un centre de santé type, le guide propose des fiches décrivant des projets concrets menés en Afrique, en Amérique du Sud ou en Asie, des check-lists de synthèse utilisables sur le terrain ainsi qu’une vingtaine d’annexes techniques accessibles en ligne (mise en place d’une pharmacie « de brousse », plan de construction d’un incinérateur d’appoint, etc.).
Publié en 2018, ce guide a déjà été utilisé et partagé par plusieurs acteurs du Sud et une évaluation de son utilisation est en cours. L’objectif est d’en poursuivre la diffusion et de l’utiliser pour questionner la place des soins en zone rurale tant dans les pays à faible revenu que dans nos contrées occidentales. La pénurie de généralistes de campagne frappant déjà nos voisins européens et les difficultés pour un nombre croissant de nos collègues retraités à remettre leur cabinet de campagne font de ces questions d’accès aux soins en région rurale une des préoccupations de santé mondiale de demain. Certaines expériences acquises dans les pays du Sud pourraient, qui sait, éclairer nos réflexions futures dans ce domaine.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Christa Spycher, fille d’un médecin de famille de Berthoud/Burgdorf, a fait avec son mari Peter l’essentiel de sa carrière dans le domaine du développement, avec la Coopération suisse. Ils ont vécu près de vingt ans en Amérique latine. Après six ans dans la capitale péruvienne Lima, ils ont été trois ans dans un projet agro-forestier sur la rive de l’Ucayali, gros affluent de l’Amazone, et plus tard sept ans au Honduras et au Nicaragua – avec deux périodes intermédiaires à la centrale de Berne. Retour au pays pour de bon en 1998. Alors que son mari y concluait sa carrière, la Dre Spycher s’est beaucoup engagée dans le domaine du planning familial – reprenant une activité liée aux problématiques femme dont elle s’était intensément préoccupée en Amérique centrale.
Personnellement, je suis touché par cet ouvrage pour avoir quelques années avant les Spycher travaillé comme eux en Amazonie péruvienne, dans un hôpital près de Pucallpa – ce que les Américains appellent une « frontier », une sorte de Far West. Et, beaucoup plus tard, vers 2000, j’ai rencontré Christa Spycher dans le cadre de « Santé Sexuelle Suisse ». Beaucoup de points communs !
« ER-LEBEN-DIG » (sympathique titre) est un récit s’étendant sur trois décennies vécues au contact de pays et populations hôtes de projets de développement. En milieu rural et urbain, dans des conditions matérielles et sous des régimes politiques divers (je rappelle en passant que la coopération suisse a à juste titre bonne réputation). Les expériences professionnelles, personnelles, familiales de l’auteure sont contées de manière proche des gens, de leurs modes et lieux de vie. Elle écrit toujours avec simplicité et empathie, sans cacher les difficultés et les occasionnelles déceptions. Ce ne sont pas des souvenirs du type « anciens combattants », qu’on se rassure ! C’est du vécu constructif, ouvert, qui réfléchit au sens de ce que l’on vit et que l’on fait.
Citons quelques grandes dimensions de ce parcours : trois ans en Amazonie (pour accéder à leur site, une douzaine d’heures de canot à moteur si on venait de l’amont, le double si on remontait de l’aval) ; les apprentissages socio-culturels ; la confrontation à la précarité, voire la misère, omniprésente et à ses multiples conséquences ; le travail avec les femmes dans plusieurs pays, y compris au Nicaragua où la révolution sandiniste (avant qu’elle ne perde son âme) a eu de remarquables succès dans l’alphabétisation, la promotion communautaire, la lutte contre la violence domestique.
Officiellement épouse de coopérant, mère de trois filles, l’auteure a aussi été une professionnelle, une médecin apportant, dans des conditions difficiles, ses compétences et son dynamisme pour soigner et participer à des actions de formation.
Dans une recension, on a envie de parler d’épisodes exemplaires, et il y en a beaucoup. Je n’en cite qu’un qui m’a touché aux pages 98 et 99. « Mili est une femme de 32 ans qui a un handicap à la marche, avec 9 enfants. Je lui rends visite, son dernier est malade avec une forte fièvre. Comment aider, par quoi commencer ? Je demande où est Rosita, l’aînée, 13 ans. Mili se tortille... Rosita vit maintenant avec un jeune policier, trois rues plus loin… Sur le moment je ne veux pas comprendre. Mais j’ai la situation sous les yeux… Rosita a été vendue. Cela me taraude, je sens du désespoir […] Des années plus tard, en Suisse, confrontée à la violence faite aux enfants et aux femmes dont nous nous occupions en équipes interdisciplinaires, il m’est revenu encore et encore combien, dans les circonstances des barrios (quartiers pauvres), j’avais insuffisamment saisi la réalité de la violence, combien je m’étais instinctivement protégée de la voir.»
Malgré une expérience substantielle au long de décennies, on reste parfois inhibé, incrédule, parce que les faits choquent trop quand on doit les admettre. Mais l’essentiel de ce que raconte Christa Spycher n’est pas sombre, au contraire. C’est plein de vie, de chaleur humaine, de découverte de l’autre, d’autres cultures et d’autres réactions devant les péripéties de l’existence. De plus, ce récit sera de grande aide et intérêt pour des personnes qui, aujourd’hui, s’engagent dans des activités de coopération.
«ER-LEBEN-DIG. Als Ärztin unterwegs in Lateinamerika», de Christa Spycher, Editions Mein Buch, 2020, 147 pages.
Six fondations ont réuni leurs compétences pour publier le «Guide pour une bonne prise en charge au troisième âge» qui analyse la différence entre les prestations de soins et celles de «prise en charge».
Ce guide a été rédigé avant la pandémie de coronavirus, mais ses recommandations pour une bonne prise en charge au troisième âge sont confirmées à 100% par la situation actuelle. Dans notre société où l’espérance de vie augmente, les besoins de prise en charge augmentent eux aussi, tant à domicile que dans les établissements médico-sociaux, les maisons de retraite ou les hôpitaux. Cette situation est exacerbée par le fait que de moins en moins de proches sont disponibles pour s’occuper de cette prise en charge.
La loi fédérale sur l’assurance-maladie fait la distinction entre les prestations de soins et de prise en charge. Pour les soins, des prestations légalement accessibles à toutes les personnes en Suisse ont été définies. Ce n’est pas le cas pour la prise en charge. Ce guide pour une bonne prise en charge au troisième âge s’est intéressé à ce sujet controversé. Il présente des bases pour la clarification urgente de la terminologie ainsi que des lignes directrices pour la bonne qualité de la prise en charge et son financement.
Le guide évoque quatre dimensions de la vulnérabilité
Il passe en revue les champs d’action
Auteurs: Carlo Knöpfel et Riccardo Pardini de la Haute École Spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW) et Dr phil. Claudia Heinzmann, sociologue.
Fondations co-éditrices: Fondation Age, Fondation Beisheim, MBF Foundations, Pour-cent culturel Migros, Fondation Paul Schiller et Fondation Walder. SwissFoundations a apporté son soutien organisationnel à la coopération.
Le guide en format pdf
Face à la crise sanitaire du coronavirus et à la crise du climat, un appel national pour une société du «care» vient d’être lancé. Le texte demande notamment un impôt de solidarité sur les actifs financiers élevés, un service public de crèches, des limitations dans le trafic aérien.
Sources. Cette initiative est née à Denknetz, un réseau suisse de réflexion qui compte 1400 membres. Elle a rassemblé 290 personnalités du monde politique, scientifique, culturel et social. Parmi elles figurent l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, des parlementaires, des politiciens, des créateur·trice·s culturel·le·s, des scientifiques, etc.
Motivation. Il s’agit d’un plaidoyer pour un nouveau contrat social au niveau local et global. Car «sans une réorientation significative des choix politiques, les injustices mondiales, déjà immenses, s’exacerberont dangereusement.»
Extrait. «La communauté mondiale n'a jamais été aussi riche en ressources, en technologies, en connaissances et en expériences - et en même temps aussi injuste, hostile et négligente dans l’utilisation des ressources naturelles. La crise du coronavirus et la crise climatique montrent à quel point un monde basé sur l'exploitation de l'homme et de la nature est précaire. Si nous voulons sortir du maelström de ces crises, il nous faut changer de direction dès maintenant. Pour ce faire, nous avons besoin d'un nouveau contrat social fondé sur le ‘care’, la durabilité et de la solidarité, localement et globalement.»
Programme. L'appel demande, entre autres, «un impôt de solidarité d'au moins 3 % sur les actifs financiers élevés pendant au moins dix ans, ce qui se traduirait par des recettes annuelles estimées à trente milliards de francs suisses. La moitié de ces revenus devrait être utilisée dans le Sud, l'autre moitié en Suisse». Il poursuit : «Les crèches et autres structures d’accueil de l’enfance doivent être développées en tant que service public disponible partout et de haute qualité, à l’instar des écoles, enfantines et primaires.» Enfin, le plaidoyer veut que le trafic aérien soit «plafonné à une fraction du volume précédent» pour des raisons de politique climatique. Et les personnes dont l'avenir professionnel est bloqué doivent pouvoir se réorienter - avec un salaire décent.
L’appel peut être signé en ligne.
Distribution alimentaire par la Caravane de Solidarité, Genève, mai 2020. Ces images des files d'attente ont été publiées par de nombreux journaux dans le monde. © Christian Bonzon
Alors que les médias donnent logiquement la parole aux spécialistes de la santé, une récente étude tente de cerner, au pied levé, les multiples aspects sociaux du coronavirus.
Médecins sans frontières (MSF) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont conduit le 2 mai 2020 une étude auprès de 532 personnes pour évaluer les besoins en santé de la population précarisée à Genève.
Les résultats soulignent que ces personnes sont 3,5 à 4,5 fois plus exposées au virus que la population globale du fait notamment de la promiscuité, qu’elles accèdent difficilement au dépistage et qu’elles parviennent péniblement à respecter les règles d’isolement et de protection sanitaire. Elles expriment une très vive inquiétude face à la pandémie et ses conséquences économiques, sur l’emploi, ainsi que sur l’accès au logement, à la nourriture et à la scolarisation des enfants. Elles sont inquiètes de leur santé physique et psychique. L’étude souligne les difficultés d’accès aux soins parmi ces personnes et la fréquente renonciation à se faire soigner pour raisons financières.
Cette étude a obtenu des réponses majoritairement de femmes (75%) dont l’âge moyen était de 44 (min- max. 18-76) ans. Les personnes migrantes sans statut légal (sans-papiers) représentaient 52% des participants, mais nombre de répondants avaient un statut accordant le droit à l’aide sociale (citoyens suisse 3.4%, résidents avec titre de séjour 28.3%, requérants d’asile 4.3%). Le statut n’était pas connu chez environ 12%.
Les principaux motifs de préoccupation recouvraient la situation financière (70.3%), l’emploi (64.1%), la situation dans le pays d’origine (58.7%), l’accès à l’alimentation (54.2%) et la crainte d’être contaminé (54.2%).
À l'initiative du CSP Vaud, trente-trois organisations actives dans le canton de Vaud ont signé une lettre ouverte à l'attention des autorités politiques nationales, cantonales et communales. Elles demandent de protéger les populations les plus précarisées du canton.
«Les secteurs d’activités occupés par les personnes sans-papiers sont principalement l’économie domestique, la construction et la restauration. Aucun de ces domaines ne permet le télétravail. Or, ne pas se rendre au travail implique bien souvent une perte de revenu, lequel ne peut être remplacé par aucun autre. De fait, de nombreux travailleuses et travailleurs sans statut ont déjà été licenciés et s’angoissent du lendemain, craignant de se retrouver à la rue avec leurs enfants. D’autres doivent continuer à travailler, mais dans des conditions qui les exposent de manière plus importante au risque de contagion.
Grand nombre de personnes sans-papiers travaillent « au gris », c’est-à-dire qu’elles paient leurs cotisations sociales et leurs impôts et sont donc soumises aux mêmes obligations que la population au bénéfice d’un permis de séjour. En revanche, elles n’ont pas les mêmes droits quant à l’accès aux prestations sociales et ne peuvent prétendre au chômage.»
La lettre ouverte en format pdf
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Adrien Gygax (1989) est un écrivain suisse. « Se réjouir de la fin » est son deuxième roman, imaginé suite à des passages comme consultant dans un EMS de Lausanne. Ce texte a prétendument été découvert dans les affaires d’un résident décédé, mais c’est une fiction. Sur la base de ses contacts avec des personnes âgées, dont sa grand-mère, Gygax propose des alternatives au jeunisme ambiant et aux injonctions contemporaines vis-à-vis des seniors : rester actif, dépasser ses limites, etc. Il a aussi approfondi ses réflexions en compagnie de Sénèque, Cicéron et Lucrèce, qui ont pensé la vieillesse et la mort.
Extrait d’un interview : « Je voulais voir si c’était jouable d’être hédoniste à 90 ans. Trouver un peu de beauté dans le déclin, dénicher une joie liée à ce que l’on mange ou à ce que l’on voit, se donner le droit d’être dans la contemplation. »
Récit attachant, plein de sagesse, tout en étant léger, souvent drôle. Le narrateur est un vieux monsieur veuf depuis peu, qui parle de sa chère épouse Nathalie, mais sans lamentations. Il accepte qu’elle ne soit plus là, bien que son décès ait causé son entrée en EMS ; plutôt, il se réjouit de ce qui a été vécu ensemble. Extraits.
La vie et le temps qui passe. « J’ai vécu les poings serrés, n’ai rien voulu lâcher. (…) Le temps m’a appris le contraire. On prévoit, on construit sur un tas de sable que le vent de la vie déforme à son gré. (…) J’aimais ma maison et détestais les maisons de retraite. Pourtant me voilà dans ce bloc de béton. Mes poings sont toujours serrés (…) Mais j’arrête le contrôle, la crispation. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Je vais prendre une grande inspiration, me déplier comme une fleur au retour du soleil. »
A l‘arrivée l’établissement a pour le nouveau des airs de mouroir. « On croirait presque que tous ces autres vieux n’ont jamais fait que mourir. Et dire qu’ils ont été gamins, adolescents ! »
Le moment des repas :« Le plus grandiose est le silence. Cela fait comme une procession, un moment important, presque spirituel. Personne ne s’en plaint, on a tous trop souffert des repas dominicaux. »
Possession, don, légèreté. «J’ai possédé bien des choses. J’étais ce grand type en Mercedes (…) On ne sonde ni les reins ni les cœurs, le patrimoine par contre si. Le temps passe et avec lui certaines de nos libertés, comme le droit de conduire…. Vient alors le temps du don, une pluie nécessaire après la sécheresse de la possession. Le don est une libération (...) Mais un bonheur supérieur vient après, tout naturellement. Il est fait de légèreté, de liberté. Je n’ai plus rien, le monde est riche pour moi. »
Détachement, souvenirs. « Je me sens loin de tout, de moins en moins concerné (…) je peux me dire de gauche comme de droite, macho ou féministe, tout me va. Ces catégories sont les vôtres. Seuls m’intéressent maintenant la couleur du ciel, celles des fleurs, l’envol d’un oiseau. »
« Oui, mes souvenirs sont de petites choses très indépendantes et très indisciplinées. Il m’est apparu qu’il est possible d’en convoquer certaines pour une durée limitée. En maintenant près de moi les plus gros d’entre eux, j’en attire des plus petits (…) Viennent alors d’autres vestiges, pétillants comme des bulles de savon, insaisissables… Et puis plus rien. »
Et l’amour. « En premier - quand on est jeune - on aime devant soi. Puis l’amour grandit, comme nous. Il dure, s’alourdit, s’offre une mémoire. Alors on aime toujours devant soi mais aussi derrière. »
Transmission, mort. « On transmet malgré soi, malgré tout. Ce sont les autres qui décident de la part de nous qui est transmise, ils nous cambriolent en douceur, jour après jour (…) On ne parvient jamais à savoir ce qu’on transmet vraiment. Ce n’est pas une chose qui se voit dans un miroir. » A propos de ce qu’on laisse : « Après tout, on se fiche de savoir si les étoiles sont déjà mortes, c’est leur éclat dans notre ciel qui importe. »
Affaiblissement - Vers la fin. « Ils m’ont trouvé une chaise roulante. Je pensais qu’un homme vivant est un homme debout. Mais finalement, tout bien réfléchi, j’ai aussi plaisir à vivre assis. On s’accroche parfois trop à l’idée qu’on a de la normalité, comme s’il n’existait aucune autre façon de vivre que celle des valides (…) Avec ma chaise roulante, je vais où mes pieds ne me portaient plus. »
A la dernière page : « Ma vie n’en peut plus de s’étirer. Je n’ai cessé de cueillir les joies partout où elles ont fleuri. Ma vie s’enfonce doucement dans le sol (…) Je me réjouis de la voir se terminer comme j’ai dû me réjouir de la voir commencer, comme d’une évidence absolue. »
« Oui, c’est la grande question. » Telle est la réponse de l’auteur quand on lui demande si c’est possible, une dernière partie de vie comme celle qu’il décrit, rassérénée, tranquille, pleine d’une bonne philosophie.
«Se réjouir de la fin», Adrien Gygax, Paris : Editions Grasset, 2020, 106 pages.
L’association Gerontologie CH n’a pas seulement changé de nom (anciennement Société suisse de gérontologie). Elle a aussi changé la forme et le fond de son journal.
La présidente Delphine Roulet Schwab précise le nouveau positionnement : «Plus proche de la pratique, encore plus interdisciplinaire et réellement bilingue.» Elle souhaite que le magazine constitue un véritable pont entre la pratique et la recherche et qu’il favorise les échanges d’expériences au niveau national.
Dans ce premier exemplaire de «Gerontologie CH», l’article principal est consacré aux «Nouvelles Cendrillons de l’Est». Il décrit le quotidien des aides-soignantes, avec d’interminables journées de travail, des bas salaires et des nuits agitées sur un coin de canapé. Diverses pistes pour améliorer leurs conditions de travail sont évoquées.
Ce numéro présente aussi la pauvreté d’une partie des personnes âgées, avec un témoignage et les enjeux politiques qui en résultent. Il fait aussi le point sur deux projets pilotes de colocation avec une démence menés en Suisse romande. Quant aux retraités, ils répondent aux questions sur leur mode d’habitation préféré et sur leurs aspirations en matière de logement.
«Gerontologie CH». Parution trois fois par année. Tirage: 1600 exemplaires. Le prix de vente est compris dans la cotisation de membre à l’association. Des abonnements à l’année de même que des numéros individuels peuvent être commandés auprès de l’éditeur. Contact:
Exceptionnellement, pendant la crise sanitaire, le magazine est disponible gratuitement en ligne.
Gerontologie CH – N°1-2020 en format pdf
Ce rapport de base de l’Office fédéral de la santé publique fait le point sur les iniquités en santé et les recommandations d’action pour améliorer la situation.
Toutes les personnes vivant en Suisse doivent avoir les mêmes chances de vivre en bonne santé. L’égalité des chances est l’un des objectifs principaux de la politique de santé. Toutefois, elle n’est pas encore atteinte dans la réalité. Les personnes socialement défavorisées sont plus souvent en mauvaise santé et ont une espérance de vie inférieure aux personnes socialement plus aisées. Ainsi, par exemple, les personnes avec de faibles revenus présentent un risque six fois plus élevé de développer un cancer du poumon. Ces disparités de santé dues à des inégalités sociales, appelées «iniquités en santé», sont au cœur de ce rapport.
Quels sont les groupes de population particulièrement touchés par l’injustice en matière de santé en Suisse? Que savons-nous des causes? Quelles sont les possibilités d’améliorer leur situation? Quelles ont été les expériences réalisées jusqu’ici? Cette publication contribue à une compréhension mutuelle des problèmes et à l’élaboration de solutions durables.
Rapport de base «
Égalité des chances dans la promotion de la santé et la prévention en Suisse», Définitions, introduction théorique, recommandations pratiques
, Berne : OFSP, Promotion santé suisse, CDS, avril 2020, 111 pages. Auteur : Dominik Weber, Promotion Santé Suisse
La professeure Samia Hurst, directrice de l'Institut Ethique Histoire Humanités de l’Université de Genève expose les enjeux éthiques du Covid-19. En 12 minutes, un panorama clair et précis de la situation. Remarquable !
Intervention «Enjeux éthiques du Covid 19 – Le grand miroir», faite le 28 avril 2020 dans le cadre des colloques du mardi de médecine des HUG, sur Youtube.
L’Office fédéral de la statistique (OFS) actualise chaque année les résultats du relevé structurel sur une série de thèmes. Petit choix subjectif de tendances.
Langues. Le nombre de francophones augmente en Suisse, celui des personnes qui parlent des langues non nationales aussi.
Religions. Le nombre de personnes sans appartenance religieuse augmente fortement. Entre 2010 et 2018, la part des catholiques romains et des réformés évangéliques a diminué (respectivement de 3 et 5 points de pourcentage), à l’inverse de celle des musulmans ou communautés issues de l’islam qui a très légèrement augmenté (+ 1 point). La part des communautés juives n’a pas changé. C’est la part des personnes sans appartenance religieuse qui a le plus fortement changé : elle a progressé de 8 points.
Taille des ménages. A fin 2018, on dénombrait environ 3,8 millions de ménages privés en Suisse. Un bon tiers de ces derniers se composait d'une seule personne. Près d'un tiers des ménages étaient formés de deux personnes, ce qui représente 29% de la population résidante permanente. La taille moyenne des ménages se montait à 2,23 personnes.
Conditions d’habitation. La Suisse est un pays de locataires. A fin 2017, elle compte 2.2 millions de ménages de locataires et 1.4 million de ménages propriétaires du logement qu'ils occupent.
Pendulaires pour le travail. La Suisse comptait quelque 4 millions de pendulaires en 2017. 71% de ces personnes travaillaient à l'extérieur de leur commune de domicile, soit une proportion nettement plus élevée qu’en 1990 (59%). La longueur moyenne du trajet simple est de 15 km. Pour se déplacer, 52% des pendulaires utilisent leur voiture, 17% le train.
Le nouveau numéro de la revue Vivre Ensemble propose un focus spécial sur l'asile au temps du Covid-19.
Les mesures de confinement et de fermeture des frontières pour lutter contre la propagation du virus ont eu un impact important sur la situation des personnes migrantes, en Suisse et dans le monde. Ce numéro est exceptionnellement disponible gratuitement en ligne pour le faire découvrir à de nouvelles lectrices et de nouveaux lecteurs.
Dans ce numéro, vous trouverez des articles sur la situation en Suisse, un témoignage sur les conditions de confinement d'un réfugié à risque en cas de contamination et dont la procédure d'asile se poursuit ainsi que le portrait d’Anbesa, jeune apprenti qui s’inquiète actuellement pour son cursus.
Le deuxième focus se place sur la Grèce, pays où la vie dans les hotspots se détériore depuis des années mais est encore plus mise à mal par l'arrivée du virus dans les camps surpeuplés. Face à cela, la Suisse peut et doit réagir en accueillant davantage d'enfants et de personnes bloquées, notamment celles et ceux qui ont de la famille en Suisse.
Au-delà des enjeux de transition propres à leur âge, les jeunes migrant·e·s avec un statut de séjour précaire vivent des cursus scolaires et professionnels dans lesquels ils rencontrent des obstacles spécifiques à ces statuts de séjour particuliers.
Les règlementations strictes qui régissent le séjour ont des conséquences sur leur parcours de formation et plus largement leur intégration. Ils et elles doivent trouver leur voie entre pays d’origine et pays de résidence, oscillant entre l’attente d’une stabilisation et la peur d’un renvoi, navigant entre une orientation dans des filières classiques ouvertes et des formations professionnelles duales qui leur sont fermées.
En présentant à la fois le dispositif de prise en charge, la vision des professionnel·le·s du social et de l’éducation, ainsi que la vision des jeunes eux-mêmes, cet ouvrage offre un éclairage renouvelé de ces transitions multiples.
«En transition. Trajectoires de formation de jeunes migrant·e·s en situation juridique précaire», Claudio Bolzman, Alexandra Felder et Antonio Fernández. Avec Laurent Wicht et Julie Peradotto, Genève : Editions IES, mars 2020, 160 pages.
« Voyages à Paris » a attiré plus de 1000 personnes les 15 et 16 février 2020 au Théâtre du Passage à Neuchâtel. Ce spectacle inclusif marquait les 100 ans de Pro Infirmis Suisse et les 80 ans de Pro Infirmis Neuchâtel. Il est disponible en vidéo.
Les deux soirées ont transporté le public dans le décor d’un marché du Paris des années 20. C’est l’opérette «Mesdames de la Halle», accompagnée de danse, de mime et de l’orchestre à cordes La Stravaganza qui a donné naissance à «Voyages à Paris». Ce spectacle a été monté avec des artistes professionnels ou amateurs parmi lesquels des personnes en situation de handicap. Moment surprenant par exemple Gaëlle Maire se lève de son fauteuil roulant, comme par miracle, et interprète «Non je ne regrette rien» d’Edith Piaf.
Clip très réussi, en ligne
Indiquer l’option DVD ou Clé USB avec vos noms et adresses complètes à Pro Infirmis, Maladière 35, 2000 Neuchâtel,
Comment les violences dans le couple sont-elles devenues un objet de politiques publiques en Suisse ?
Comment ce problème est-il aujourd’hui traité dans différents cantons ? En se penchant sur les cas genevois, vaudois et zurichois, cet ouvrage montre comment la question a évolué depuis les années 1970.
D’abord pensée en termes de violences conjugales ou de violences faites aux femmes, des termes et des politiques publiques portés par les associations, elle est aujourd’hui envisagée comme des « violences domestiques », une expression qui sous-tend un flou dans la manière de comprendre le rapport entre la violence et les inégalités sexuées.
Sans occulter les particularités cantonales, l’ouvrage analyse la lutte contre ces violences, au fil de l’investissement d’acteurs et d’actrices issu·e·s des mondes militants ou institutionnels, mais aussi de la police ou de la santé.
«Contrer les violences dans le couple. Emergence et reconfigurations d'un problème public» ; Lieber, Marylène, Roca i Escoda, Marta, Delage, Pauline ; Lausanne : Editions Antipodes, mars 2020, 205 pages.