Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
L’art peut être bénéfique pour la santé, tant physique que mentale. C’est l’une des principales conclusions d’un nouveau rapport du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, qui analyse les éléments de preuve tirés de plus de 900 publications du monde entier. Il s’agit, à ce jour, de l’étude la plus complète de bases factuelles sur les arts et la santé.
Les exemples cités montrent comment les arts permettent de gérer des problèmes de santé pénibles ou complexes comme le diabète, l’obésité ou la mauvaise santé mentale. Ils envisagent la santé et le bien-être dans un contexte sociétal et communautaire plus large, et proposent des solutions là où la pratique médicale habituelle n’a pu, jusqu’à présent, apporter de réponses efficaces.
Ces bienfaits concernent tous les âges de la vie. Ainsi, les jeunes enfants auxquels les parents lisent une histoire avant le coucher ont de plus longues nuits de sommeil et une meilleure concentration à l’école. Chez les adolescents vivant en milieu urbain, une formation théâtrale dispensée entre camarades peut faciliter une prise de décisions responsables, renforcer le bien-être et limiter l’exposition à la violence. À un stade ultérieur de la vie, la musique peut stimuler les fonctions cognitives chez les personnes souffrant de démence. Le chant, en particulier, améliore l’attention, la mémoire épisodique et les fonctions exécutives.
L’étude constate aussi que l’écoute de la musique ou les réalisations artistiques limitent les effets secondaires des traitements contre le cancer, dont la somnolence, le manque d’appétit, l’essoufflement et les nausées. Quant à la danse, bien des études montrent qu’elle améliore de façon cliniquement mesurable les scores moteurs des personnes atteintes par la maladie de Parkinson.
Le rapport souligne que certaines interventions dans le domaine des arts, en plus de donner de bons résultats, peuvent aussi être plus rentables que des traitements biomédicaux plus conventionnels. Il termine avec plusieurs recommandations pour favoriser les programmes d’«art pour la santé».
Christophe Genolini, chercheur, statisticien et épidémiologiste, maître de conférence à l’Université Paris Nanterre et fondateur de start-up, explique cinq scénarios pour la fin du Coronavirus.
Cette excellente vidéo de 16 minutes explique clairement, de façon toujours didactique, parfois ludique, les calculs cachés derrière les courbes graphiques qui nous envahissent depuis le début de la pandémie. Le calcul de la mortalité et celui de la contagiosité en particulier. Il termine avec les changements de comportements qu’il faudra désormais appliquer. Instructif et impressionnant!
Vers la 8e minute, une petite séquence de la file des ambulances à Moscou. C’est peut-être simplement un exercice des ambulanciers, mais il est malheureusement possible que ce soit autre chose. Inquiétant et impressionnant!
… mais il faut persévérer dans la durée. Bulletin d'étape avec trois remarques du Dr Jean Martin sur la mondialisation des virus, bactéries et autres ; sur la santé psycho-sociale et sur la qualité de l’information.
Commentaire du Dr Jean Martin, médecin de santé publique et bioéthicien
Les problèmes de santé publique. Il est bien admis que la dissémination d’agents infectieux tels que le Covid-19 a été favorisée par la mondialisation, qui a massivement accentué l’interdépendance économique et a mené ici à des pénuries qui nous ont stupéfiés - ou peu s’en faut (masques, gants etc.). Avec un « bouquet » d’autres facteurs, l’augmentation du transport international facilite la propagation de virus, bactéries et parasites. Dans un futur proche, l’Europe sera vraisemblablement confrontée à la dengue, au chikungunya, à la malaria. On doit aussi craindre qu’en Arctique, la fonte du permafrost libère des microorganismes qui y sommeillent congelés depuis des siècles.
Sur ces sujets de santé, comme en général pour la problématique climat, il importe d’écouter la science et les scientifiques, et de leur donner les moyens d’approfondir leurs travaux, de progresser en termes de thérapeutiques et de prévention, et d’élaborer des méthodes/moyens à soumettre aux parties prenantes économiques (gouvernants, privés) dans la perspective de changements drastiques d’orientations.
A noter encore que la santé publique au sens large devait inclure celle des animaux et même des végétaux, que nous malmenons gravement et de plus en plus. « L’exceptionnalisme humain est auto-destructeur », dit l’écrivain américain Richard Powers. L’exceptionnalisme, cette fâcheuse façon de penser qu’il n’y a que nous qui comptions.
* * * * * * * *
Sur le plan psycho-social. Des psychiatres relèvent l’augmentation des « pertes de sens » devant les tensions actuelles. On connait le syndrome de stress post-traumatique (après un évènement grave dans sa vie, en cas de guerre, etc). Aujourd’hui, on voit des stress pré-traumatiques (crainte de choses qui vont ou pourraient se passer). Ce printemps, différentes études et sondages montrent comment la corona-pandémie et le confinement ont déstabilisé passablement de personnes (fragilisation psychique, dépression) – et aussi comment le télétravail a entrainé des tensions et des surcharges.
Les restrictions massives du moment nous montreront-elles qu’on peut vivre différemment ? Pour la santé et le mieux-être psychosocial : produire et consommer moins de ces choses qui relèvent du superficiel, du superflu ou de l’égocentrique ? Ce qui libérerait un peu de notre temps précieux, si « embouteillé » dans la vie d’avant, pour le dédier à nous enrichir sur des modes non-matériels.
Sur la convivialité souhaitable dans un monde qui garde un sens, le poète Christian Bobin : « Nous ne sommes pas ici pour triompher. L’existence peut offrir beaucoup mieux. »
* * * * * * * *
L’importance de lutter pour la qualité de l’information. Le contrôle de qualité de ce que chacun peut trouver sur les réseaux est un sujet important, aigu. Cela vaut aussi bien pour la pandémie coronavirus que pour le climat. Les fausses informations sont particulièrement préoccupantes s’agissant de santé et médecine et les médias ont rendu attentif à leur fréquence durant la pandémie. Le 18 avril 2020, la chaîne CNN relevait que, dans certains milieux évangéliques états-uniens, on voyait la promotion de produits « originaux » prétendument antivirus et potentiellement toxiques. Attention aux illuminés qui disposent de tribunes médiatiques !
S’invite ici à nouveau la question des « marchands de mensonges » - ou de doutes -, les lobbys des énergies fossiles et leurs communicants. Dans le dernier quart du XXe siècle, des chercheurs (genevois notamment) ont mis au jour l’étendue des manipulations de l’industrie du tabac pour minimiser les données scientifiques quant à la nocivité du produit et discréditer ceux qui œuvraient pour la santé de la population. Aujourd’hui, les mêmes méthodes sont utilisées pour minimiser les catastrophes que prépare le dérèglement climatique et pour disqualifier les scientifiques qui étudient ce problème.
La justice restaurative soulève des questions fondamentales quant à la capacité de notre société à faire face à la criminalité et, particulièrement, aux crimes graves contre les personnes.
Aux notions de culpabilité et de punition de la justice rétributive, la justice restaurative oppose celles de responsabilisation et de réparation, en vue de favoriser la reconstruction de la victime, l’apaisement des souffrances, la réinsertion sociale de l’infracteur·rice et la réduction des risques de récidive par la pacification des liens sociaux.
Sur ce thème important, l'ouvrage contient les exposés et discussions de la 2ème Journée de justice restaurative organisée à l'Université de Fribourg (Suisse) en février 2019.
Cet ouvrage s’adresse à toutes celles et ceux qui sont intéressé·e·s par l’évolution des politiques pénales, la manière de résoudre les dommages causés par les infracteur·rices et la défense des victimes.
Das Werk enthält die Referate und Diskussionen, die im Februar 2019 anlässlich des 2. Tages der restaurativen Justiz an der Universität Freiburg (Schweiz) teilgenommen haben. Schwerpunkte über die Beziehung zwischen restaurativer Justiz und schweren Straftaten sind hervorgehoben. Angesichts der sicherheitsorientierten Ausrichtung der heutigen Strafjustiz ist es erforderlich, die Perspektive zu wechseln und verstärkt auf restaurative Praktiken zurückzugreifen.
Nicolas Queloz, Catheriene Jaccottet Tissot, Nils Kapferer, Marco Mona (eds), «Changer de regard : La justice restaurative en cas d'infractions graves – Perspektivenwechsel : Restaurative Justiz auch bei schweren Verbrechen», Zurich : Editions Schulthess, 2020, 133 pages.
Cette étude, signalée par Pratiques en santé, dresse un état des lieux des troubles du sommeil chez les jeunes d’Île-de-France. Responsable ? Les écrans et les nouveaux modes de communication. Impossible d’extrapoler pour la Suisse, mais il y aura assurément des ressemblances.
Le constat est alarmant : des modifications profondes et délétères du sommeil des jeunes sont en cours avec de nombreuses répercussions sur leur vie sociale, sur leur bien-être physique et mental, sur leur scolarité et l’apparition de maladies chroniques.
Extraits de la préface du Professeur Damien Léger, responsable du Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu, AP-HP et Université de Paris, président de la Société française de recherche et médecine du sommeil.
«Près d’un jeune Francilien sur cinq est insomniaque chronique et plus d’un sur quatre est en dette de sommeil. Près de 10 % des jeunes adultes prennent des somnifères. Comme le montrent les auteures de ce rapport, ce mauvais sommeil affecte sévèrement le comportement de ces jeunes : fatigue, démotivation, irritabilité, agressivité, addictions, troubles de la mémoire.
[…] Nous savons pourtant, comme chercheurs et médecins, combien le sommeil a une importance pour notre équilibre physiologique et psychologique. Si nous avons besoin de sept à huit heures de sommeil chaque nuit, c’est parce que le sommeil joue un rôle essentiel dans la réparation cellulaire et tissulaire, la sécrétion hormonale (hormone de croissance, cortisol, ghréline et leptine qui participent à l’équilibre métabolique et énergétique), la mémoire et le classement des émotions et des idées. Il a aussi été démontré qu’une dette chronique de sommeil (dormir moins de six heures par 24 heures en semaine) était associée à un risque plus élevé de surpoids, d’obésité, de diabète de type 2, de maladie cardiovasculaire, de dépression, d’anxiété, d’accidents de la route.
[…] Il est possible de se déconnecter la nuit pour profiter des bienfaits et du plaisir de dormir. Il est possible d’informer les jeunes adultes sur les effets négatifs du manque de sommeil. Il est possible d’améliorer la qualité de son sommeil par des traitements comportementaux.»
«Le sommeil des jeunes franciliens à l'ère du numérique. Un enjeu de santé publique largement sous-estimé», Bobette Matulonga et Isabelle Grémy, Observatoire régional de santé, Île-de-France, 2020, 80 pages.
Le rapport – 80 pages en format pdf
Les personnes en situation de pauvreté sont doublement pénalisées par la crise du coronavirus. Vingt-huit organisations actives dans la prévention et la lutte contre la pauvreté ont publié une déclaration commune à l'initiative d'ATD Quart Monde et d'AvenirSocial.
La crise du coronavirus frappe le plus durement celles et ceux qui, dans notre société, étaient déjà confrontés à la pauvreté et à l'exclusion sociale avant la crise.
Ces trois priorités ont été élaborées avec les personnes en situation de pauvreté.
Soutiennent cette prise de position : Association de lutte contre les injustices sociales et la précarité ALCIP | Association pour la Défense des Chômeurs de Neuchâtel ADCN | ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde | AvenirSocial, Association professionnelle suisse du travail social | Départements solidarité & diaconie de l´Église catholique romaine en Suisse Romande (Cantons Fribourg, Genève, Neuchâtel, Vaud, Valais) | Emmaüs Suisse | Fédération suisse Lire & Écrire | FIAN Suisse | IG-Sozialhilfe | Kafi Klick | Travail de rue soutenu par les églises | Kirchliche Gassenarbeit Bern | La Marmite | Le pèlerin des rues | Observatoire de la diversité et des droits culturels | Pastorale du Monde du Travail en Suisse Romande PMT | Planet13 | S.Egidio Suisse | Schwarzer Peter | Oeuvre Suisse d'Entraide Ouvrière OSEO | SUBITA, Mobile Sozialarbeit Winterthur | Surprise | Verein für soziale Gerechtigkeit | Verkehrt
La prise de position - 2 pages en format pdf
Les professionnels de la santé et du social sont amenés à interagir avec des populations très diverses en âge, origine géographique, langue, religion, état de santé, milieu socioéconomique, etc. Ce contexte peut venir modifier la façon d’intervenir.
La présente étude vise à explorer la perception des étudiant·e·s en ergothérapie et en travail social de Suisse romande quant au développement de leurs compétences interculturelles, incluant les stratégies à mettre en œuvre pour travailler harmonieusement dans un contexte de diversité.
Quarante-six personnes ont participé annuellement à un entretien durant leurs trois années de formation. Sur la base du modèle d’apprentissage transformateur, une analyse thématique a permis d’identifier sept thèmes évoqués par les participants à ce sujet.
Des recommandations pour la formation sont formulées.
Sylvie Tétreault, HETSL, Camille Brisset, Université de Bordeaux, Carine Bétrisey, HETSL, Alida Gulfi, HETS-FR, Yvan Leanza, Université Laval, et Nicolas Kühne, HETSL, « Perceptions des étudiants en ergothérapie et en travail social quant au développement de leurs compétences interculturelles durant la formation initiale », Éducation et socialisation 55 | 2020, mis en ligne le 1er mars 2020, consulté le 31 mars 2020. URL ; DOI
Dans ce livre, Jean-Claude Borgeaud prend la parole. Il a 86 ans.
Les locataires d’un immeuble entier occupé par des octogénaires reçoivent une lettre de résiliation de leur bail. Ils entrent en résistance. La presse suit. Indignation ! Ils ont gain de cause.
Avec élégance et une juste colère, l’auteur propose une vaste réflexion sur le vieillissement. Il se documente avec soin et précision. Pas de langue de bois, mais le choix du dialogue et de l’action. Il ose. La démarche est audacieuse.
«Défis et saveurs de la vieillesse», de Jean-Claude Borgeaud, Lausanne : Editions Socialinfo, 2020, 446 pages.
Recension par Jean Martin
Judith Rochfeld est professeure de droit privé à l’Ecole de droit de la Sorbonne, à Paris. Elle publie un livre passionnant sur les dimensions juridiques majeures que la problématique climat et biodiversité soulève.
Cet ouvrage est très bien renseigné sur les procès et autres démarches judiciaires lancées ces dernières décennies, d’abord contre des corporations pollueuses et pathogènes, notamment multinationales, plus récemment à l’endroit de gouvernements qui ne prennent pas de mesures adéquates contre le dérèglement climatique (on note la mention, pour la Suisse, des « Aînées pour la protection du climat »). Il décortique aussi de manière remarquable les défis d’un point de vue juridique et les principales actions en justice entreprises, dont certaines ont connu le succès (la cause Urgenda aux Pays-Bas par exemple).
« L’humain souhaiterait pouvoir continuer à vivre comme avant. A la place, il affronte une véritable révolution copernicienne : il redécouvre qu’il dépend d’entités naturelles autres, qu’il doit composer avec un monde qui évolue à l’inverse de la vision anthropocène à laquelle il s’était habitué. »
La place des « communs ». Suit une très intéressante réflexion sur les biens communs, ces dimensions de la biosphère qui devraient rester librement, également et gratuitement accessibles à tous : air, eau nature, etc. Sur ces points, il faut vivement conscientiser société et autorités, et formaliser - souvent inventer - des concepts et règles pour protéger ces communsm avec des mécanismes et des institutions correspondants.
Les entités naturelles. Sont discutées les inscriptions constitutionnelles novatrices, dans plusieurs pays récemment (Equateur, Bolivie Nouvelle-Zélande, Inde), instituant des droits pour des sites et autres éléments naturels : des « prérogatives » qui en font un nouveau type de personnes, à côté des personnes physiques et morales classiques.
Les procès climatiques. L’auteur commente une substantielle liste de procès, dans différents pays. Remarque finale : «Les procès climatiques déclenchent la conscientisation des populations, des changements d'agenda des gouvernements ; ils rencontrent parfois la compréhension et la volonté de juges décidés à prendre au sérieux l'urgence de la situation et d'y apporter des réponses entre termes de contraintes et d’exigences ; juges conscients, cependant, de souvent déborder des rives de la séparation des pouvoirs et du cadre classique...» En Suisse romande, on pense au verdict du 13 janvier 2020 du Tribunal de police de Lausanne, acquittant les jeunes militants qui avaient occupé le lobby du Crédit suisse en y tenant une partie de tennis.
Ethique et politique. Il s'agit de «remettre en question cette grande dichotomie fondatrice sur laquelle nous sommes construits, celle de la Nature et/contre les humains ». Et de passer de l’anthropocentrisme au biocentrisme, c’est-à-dire donner la priorité à la vie, à l’ensemble de l’écosystème. Pour cela, aller vers la « reconnaissance d’un principe de priorité des intérêts de préservation des grandes entités ou systèmes naturels ». Rochfeld demande de prendre au sérieux les offres d’instituer une troisième Chambre du Parlement : « Chambre du futur », ou « Assemblée du long terme » (proposition commentée par Jean Martin dans «Comment représenter les générations futures»).
Repenser les marchandises. « Nous vivons la fin des 'choses', au moins de celles qui ne peuvent plus être des marchandises avec ce statut uniforme pensé au soutien de l'essor du capitalisme ». ll importe de reconsidérer le statut et la notion de ce que, de longue date, nous appelons choses – notamment la faune et la flore, la Nature – et cesser de permettre qu’elles soient livrées sans réflexion ni discernement ni égard à l’exploitation, voire à l’anéantissement par l’homme.
«Justice pour le climat. Les nouvelles formes de mobilisation citoyenne», Judith Rochfeld, Paris : Odile Jacob, 2019, 208 pages.
Le rapport thématique de l’enquête sur la situation sociale et économique des étudiant·e·s menée par l’Office fédéral de la statistique (OFS) établit que, en 2016, dans les hautes écoles universitaires et spécialisées, un·e étudiant·e sur cinq étudie à temps partiel.
Raison du temps partiel. Selon leurs propres indications, 22% des étudiant·e·s sont à temps partiel. La moitié d’entre eux exercent une activité à côté de leurs études. Pour l’autre moitié, les raisons du temps partiel sont des problèmes de santé, la pratique d’un sport d’élite, la garde de leurs enfants, etc.
Conditions d’étude. Les étudiant·e·s à temps partiel sont moins satisfaits de leurs conditions d’études que les étudiant·e·s à plein temps et se disent en moins bonne santé. Ils se distinguent aussi clairement des étudiant·e·s à plein temps par leur situation financière, de même que par leur âge, leur origine sociale et leur situation professionnelle.
Origine sociale. 27% des étudiant·e·s à temps partiel qui exercent une activité rémunérée sont issus de familles où au moins l’un des deux parents dispose d’un diplôme d’une haute école. Cette part s’élève à 46% chez les étudiant·e·s à plein temps.
Etat de santé. Les étudiant·e·s à temps partiel portent une moins bonne appréciation sur leur état de santé général que les étudiant·e·s plein temps: 71-72% des premiers estiment que leur état de santé est bon ou très bon, contre 78% des étudiant·e·s à plein temps.
Dans une approche cohérente de l’éducation correspondant à la complexité de la sexualité humaine, des outils pratiques permettant la préparation, l’animation et l’évaluation de séances d’éducation sexuelle auprès de tous les publics en milieu scolaire ou en institution.
Cet ouvrage découle des recherches sur la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité humaine effectuées depuis de nombreuses années dans le cadre de l’Université du Québec à Montréal, puis de l’Université de Toulouse, en collaboration avec la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ, Genève). Il se base sur une longue mise en pratique sur le terrain de l’éducation sexuelle auprès de populations variées et de tous âges.
Conçu par une équipe multidisciplinaire, ce guide n’est pas un livre de recettes, mais il offre des outils pour accompagner l’échange, la communication, la découverte de la sexualité dans toutes ses dimensions (cognitives et émotionnelles). Il propose également à toute institution, un modèle d’organisation (réglementaire, éthique, etc.) nécessaire à la mise en place d’un projet d’éducation sexuelle. Il s’inscrit dans une volonté de continuité conforme aux principes universels de l’éducation qui consistent à écouter, informer, orienter, soutenir et témoigner.
«Guide d'éducation à la sexualité humaine. A l'usage des professionnels», Réjean Tremblay, avec la participation de Nicolas Brunot, Sylvie Fernandez, Anne-Sophie Saus et Frédérique Xavier, Editions érès, mars 2020, 320 pages.
Le thème de la mort ne fait généralement pas partie du cahier des charges des professionnel·le·s de l'intervention sociale. Elle traverse pourtant leurs engagements et s'invite parfois là où personne ne l'attendait.
Les douze articles de cet ouvrage éclairent la façon dont ces professionnel·le·s accompagnent socialement une fin de vie, un décès ou un deuil. En documentant les gestes et paroles des personnes concernées, ils offrent un regard original et souvent inédit sur une diversité de situations institutionnelles et familiales.
Ce livre est une invitation à réfléchir à la posture professionnelle et personnelle à adopter lorsque la mort vient marquer l'accompagnement social prodigué dans ces situations.
Avec les contributions de : Laetitia Probst (préface), Anne-Laure Neuwerth, Cédric Millot, Natalia Lainz Allet, Laurent Chenevard, Ludivine Barthélémy, Mélanie Piñon, Charlotte Jeanrenaud, Adrien D'Errico, Aurélie Masciulli Jung, Vanessa Francoeur, Catherine Gaignat, Christina Lefkaditis, Gaëlle Clavandier (postface).
NDLR Cet ouvrage collectif offre des réflexions extrêmement stimulantes. En fait, il invite chacun et chacune à prendre le temps de penser la vie.
Prévues du 14 au 21 mars 2020, les dix-septièmes Journées de la schizophrénie résistent au COVID19. Au lieu des événements «physiques» annulés, de nombreuses ressources sont disponibles sur le web.
Depuis quelques années d'incroyables progrès sont réalisés dans des centres spécialisés pour améliorer le quotidien des personnes souffrant de troubles psychiques. La schizophrénie se soigne de mieux en mieux! Grâce à l'effort conjugué de spécialistes issus de très nombreux domaines on comprend mieux la maladie de son origine à sa prise en charge. La campagne 2020 fait la lumière sur les incroyables découvertes et la collaboration de tous pour améliorer la prise en charge d'environ 1% de la population mondiale.
Pour parler au grand public de ces avancées, les Journées de la schizophrénie ont adopté les codes des séries TV et dévoilé l'épisode 0 de S C H I Z O. De nombreux bonus à découvrir. A voir en ligne
L'Association internationale des journées de la schizophrénie a mis à disposition vingt-cinq fiches synthétiques pour résumer les informations sur les recherches les plus récentes et les études en cours.
A découvrir en ligne
Et n’oubliez pas la formation sur le rétablissement «Se rétablir, un vrai délire ?». Cette formation en ligne (MOOC) est gratuite et tout public. Créée en partenariat par plusieurs écoles et institutions, la première session a été lancée en octobre 2019 et suivie par 1300 personnes. La deuxième session commence dès le 16 mars 2020 pour six semaines. En ligne
Site des Journées de la schizophrénie, avec ses sponsors principaux : L’Ilôt, la Fondation Spoelberch et le Canton de Vaud
Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee : « Nous avons écrit ce livre pour garder espoir. Pour parler de ce qui ne s'est pas bien passé et raconter pourquoi, mais aussi de tout ce qui est allé dans le bon sens. »
Face aux inégalités qui explosent, aux désastres politiques et aux catastrophes environnementales qui menacent de toutes parts, cet ouvrage montre que tout n’est pas perdu. Si des choix de politiques publiques nous ont menés où nous sommes, rien n’empêche d’en faire d’autres. À condition de dresser, d’abord, un constat honnête. Ces pages traquent les fausses évidences sur toutes les questions les plus pressantes : immigration, libre-échange, croissance, inégalités, changement climatique. Elles montrent où et quand les économistes ont échoué, aveuglés par l’idéologie.
Mais l’ouvrage ne fait pas que renverser les idées reçues. Il répond à l’urgence de temps troublés en offrant un panel d’alternatives aux politiques actuelles. Une bonne science économique peut faire beaucoup. Appuyée sur les dernières avancées de la recherche, sur des expériences et des données fiables, elle est un levier pour bâtir un monde plus juste et plus humain.
Une interview d’Esther Duflo par Isabelle Hanne a paru dans Libération le 11 mars 2020. Quelques extraits.
«Parmi les poncifs économiques, une des idées les plus fausses est celle qui affirme que les individus sont très réactifs aux incitations économiques. Si les impôts sont plus élevés, ils vont s’arrêter de travailler ; si les transferts sociaux sont plus généreux, les pauvres vont faire de même ; si les conditions économiques sont meilleures dans nos pays, toute la misère du monde va débarquer chez nous, etc. En fait, il n’en est rien : gagner un peu plus d’argent ou faire un peu moins d’effort n’est pas le moteur principal de nombreux individus. Cela signifie que nous pourrions payer plus d’impôts plus progressifs sans qu’il s’ensuive de catastrophe économique, et qu’on pourrait concevoir des politiques sociales moins méfiantes envers ceux qui en bénéficient.»
[…] «Il y a toujours eu une méfiance fondamentale envers les pauvres. Dès l’Angleterre victorienne, les programmes d’assistance étaient fondés sur l’idée que les gens devaient être mis dans des circonstances dures pour vouloir s’en sortir. On ne s’est jamais complètement libéré de cette vision d’une protection sociale punitive, qui sert également à protéger le reste de la société des pauvres qui seraient potentiellement dangereux ou contagieux. […] Non seulement le système n’est pas construit pour préserver la dignité des gens qui ont besoin d’aide, mais il a plutôt tendance à les enfoncer dans leur pauvreté, en amplifiant leur sentiment de ne pas être à la hauteur. […] La peur de rendre les pauvres paresseux est avec nous depuis toujours et cela prendra du temps de s’en débarrasser.»
Esther Duflo et Abhijit V. Banerjee ont reçu le prix Nobel d’économie en 2019. De réputation internationale, tous deux sont professeurs d’économie au MIT (Massachusetts Institute of Technology). Ils y ont cofondé et y co-dirigent le J-PAL, laboratoire d’action contre la pauvreté. Ils ont signé, en 2012, Repenser la pauvreté (Seuil).
«Économie utile pour des temps difficiles», Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo, Paris : Editions du Seuil, Collection Les Livres du nouveau monde, mars 2020, 544 pages.
Alors que le premier tome de la série «Art et santé mentale» était consacré aux écrivains bipolaires et le deuxième tome à Beethoven, Berlioz, Schumann et Williamson, ce troisième tome évoque le parcours de Gounod, Elgar, Arenski et Gurney.
Première étude en français sur Anton Arenski, un compositeur russe considéré comme un génie de son vivant et pourtant presque totalement ignoré par la critique de son pays, première étude en français sur le poète et compositeur anglais Ivor Gurney, auquel les très nombreux écrits qui lui ont été consacrés en Angleterre n'ont jamais franchi la Manche, ce livre est aussi l'un des tout premiers textes révélant la bipolarité d'un compositeur aussi célèbre en France qu'à l'étranger, Charles Gounod, sur lequel existe pourtant une bibliographie très abondante dans plusieurs langues. Deux autres artistes anglais de premier plan, Edward Elgar et Malcolm Arnold, complètent l'ouvrage.
L’ouvrage surprend parfois au détour de leurs chemins de vie d'autres grandes célébrités musicales aux prises avec la même maladie, Balakirev, Bruckner, Mahler, Rakhmaninov, Scriabine, Sibelius, Tchaïkovski, Wolf, ainsi que de grandes figures littéraires ayant connu un destin parallèle.
Un essai richement documenté et écrit comme un roman.
«Cinq Grands Compositeurs bipolaires. Gounod, Elgar, Arenski, Gurney, Arnold. Art et santé mentale», tome 3, de François Buhler, Publibook, 2020, 224 pages. Disponible en version papier ou numérique.
Le dernier numéro de la revue «Éthique, politique, religions» a pour thème «Levinas et le soin».
Cette revue semestrielle de l'Institut de recherches philosophiques de Lyon (Université Lyon 3) est centrée sur l'étude philosophique des sociétés contemporaines et de leur généalogie.
Avec, pages 15 à 28, un article de Lazare Benaroyo, professeur honoraire de l’Université de Lausanne : « Pertinence et limites de la pensée d’Emmanuel Levinas en éthique médicale ».
Avec, pages 97 à 117, un article de Bernard N. Schumacher, professeur, coordinateur de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme, Université de Fribourg : «La mort comme limite et expérience de la passivité du sujet. Enjeux autour de la liberté».
A noter que chaque article peut être acheté isolément.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Bon nombre de soignant·e·s et d’intervenants et intervenantes sociales sont surchargé·e·s, parfois proches du burnout, du boreout ou du brownout.
« Trois soignants-auteurs mettent en commun les fruits de leurs compétences et de leurs expériences afin de vous aider à garder le cap au sein du relief accidenté du système de santé » (quatrième de couverture). Laurent Seravalli est spécialiste de médecine interne et mène actuellement une activité dédiée au soutien et coaching de soignants, Pamela Indino est psychiatre, Caroline Zosso interniste générale.
Tous trois ont développé au cours de leur carrière un intérêt pour le bien-être et la santé mentale des professionnel·le·s. « Nombre de soignants ne vivent plus au quotidien les raisons pour lesquelles ils ont choisi leur métier. » Note en passant : « Bien que de formation scientifique, nous aimons rappeler que nous vivons tous avec beaucoup de ‘vérités’ qui n’ont jamais été vérifiées scientifiquement. »
Feuille de route. L’ouvrage demande à chacun d’établir sa feuille de route, « une proposition d’étapes à réaliser pour aligner votre voyage de vie avec vos valeurs-clés. » Ce but sous-tend tout le propos et est illustré par cinq vignettes cliniques, présentant des soignants aux prises avec des difficultés; on suit, chapitre après chapitre, les étapes de leur parcours – vers le mieux.
La première moitié du livre est consacrée à décrire les moyens d’évaluer sa propre situation, d’avancer, en discutant des questions comme : quels sont mes besoins fondamentaux ; quelles sont mes valeurs personnelles ; comment mieux comprendre les interactions entre mes valeurs et celles des autres et de mon environnement ; comment faire concorder mes besoins avec un plan de vie professionnelle et privée ? Une recommandation : « Challengez vos croyances. En cas de conflit insoluble avec vos valeurs-clés, privilégiez ces dernières. » Le meilleur résultat étant, bien entendu, quand on parvient à aligner les besoins des patients, les valeurs des soignants et celles de l’organisation.
Quelques règles. Il y a des règles à suivre au cours des étapes de la feuille de route. Primo : mettre les choses en perspective : prendre du recul, élargir l’angle de vision. Est présentée à ce propos la méthode du « mind mapping », par laquelle on construit une arborescence de ses idées et des réflexions qui s’y attachent, en mettant en évidence les liens entre elles.
Une deuxième règle retient l’attention : les auteur-e-s insistent sur l’intuition qu’il ne faut surtout pas négliger : « Ecoutez votre ventre, pas seulement votre cerveau ! Cela implique, une fois identifiées vos valeurs-clés et celles du csontexte (…), qu’il ne faut pas se lancer dans un itinéraire de vie que vous ne ‘sentez’ pas. »
La troisième est de ne faire aucun compromis par rapport à ses valeurs-clés : « Un conflit de valeurs compte parmi les situations les plus énergivores et les plus potentiellement destructrices. » La suivante est d’être réaliste, de s’assurer que ses ressources sont à la hauteur des buts recherchés. La dernière est de se réserver le droit de « slasher » – à savoir combiner plusieurs éléments ou réponses possibles en les reliant par une barre oblique/slash – et de garder ainsi la possibilité de panacher ses choix de vie et d’activités.
Quelques obstacles. Pour promouvoir cet épanouissement, il y a des obstacles à gérer. Entre autres, être conscient de ses automatismes. Il s’agit des attitudes en rapport avec la réciprocité, le besoin de cohérence, la sympathie, l’autorité. Il importe d’en être conscient et de savoir y résister parfois. Il importe aussi de reconnaitre et d’éviter ou contrecarrer la manipulation sous ses diverses formes - vis-à-vis de personnes narcissiques ou perverses, en cas de double contrainte, etc.
Burnout, boreout et brownout. Le chapitre conclusif apporte des conseils pour le traitement des situations de mal-être ou d’épuisement. On y parle de burnout bien sûr, mais aussi de « boreout », syndrome particulier lié à l’ennui, et de « brownout », qu’on peut décrire comme une baisse de courant, de motivation, une perte de sens dans l’activité professionnelle. Une section sur la psychologie positive et la salutogenèse rappelle trois éléments protecteurs de sa santé et importants dans la guérison : la compréhension de soi et de son environnement, la maîtrise de son itinéraire et la découverte/le maintien du sens de ses actions.
Sont finalement mentionnées les ressources/dispositifs auprès desquels on peut chercher de l’aide, en Suisse et en France. Pour la Suisse, ReMed, mis en place avec la FMH, réseau de soutien pour les médecins en difficulté et leur entourage. Avec un conseil important : ne pas attendre/retarder trop, que ce soit par fierté, peur du jugement des autres, en minimisant le problème ou en cherchant à le traiter par médicaments, alcool ou drogue, avant de s’adresser à une telle ressource.
En résumé, un ouvrage ramassé, avec des éléments substantiels de psychologie sociale et des illustrations proches de la réalité, qui contribue à combler une lacune dans domaine où les références sont encore rares.
Petit guide de (sur)vie à l’usage des soignants, Laurent Seravalli, Pamela Indino-Bambi, Caroline Zosso, Genève/Chêne-Bourg : RMS Editions/Médecine et Hygiène, 2020, 134 pages.
Lire aussi : «Coaching des soignants», René Chiolero et Véronique Haynal, RMS Editions/Médecine et Hygiène. 2019, 400 pages. Recension
Françoise Tschopp interroge la singularité du parcours de Fernand Deligny, à la manière dont celui-ci révélait les cartes retraçant les cheminements des enfants autistes. Chaque étape de ce parcours fut un point de rupture ou le moyen d’ouvrir des perspectives pour le travail social et l’éducation spécialisée.
Fernand Deligny a établi son œuvre éducative en laissant de côté les carcans institutionnels de son temps et en édifiant des milieux de vie, des dispositifs d’existence ou des réseaux de relations lui permettant de faire cause commune avec les enfants marginaux.
Cet ouvrage est le témoignage d’une rencontre qui s’est tenue en juillet 1987 et à partir de laquelle Françoise Tschopp a tiré le fil d’une transmission en faisant place aux méthodes radicales et exploratoires de Deligny qui jamais ne posent la réalité de l’enfance en termes de déficit, et qui prêtent une attention salutaire à ses moindres gestes.
Préface. Non-portrait de Deligny
Itinérance d’un énergumène
Gestes de mots et abstinence éducative
Postface de Fernand Deligny envoyée à Françoise Tschopp le 2 mars 1989
«Le geste de Fernand Deligny. L’éducation aux prises avec les mots», Françoise Tschopp, Genève : Edition ies, 2020, 156 pages
La nouvelle édition du «Journal de la recherche» de la Haute Ecole de travail social de Fribourg vient de paraître avec une focale sur le pôle de compétences « Migration et interculturalité ».
Ce sixième numéro est consacré aux thématiques d’actualité de la migration et de l’interculturalité. Dans un contexte d’internationalisation croissante, la mobilité des professeur·e·s, des étudiant·e·s, mais aussi des usagers et usagères représente à la fois des opportunités et des défis pour l’intervention, la recherche et la formation en travail social. Comme le montrent les projets présentés dans ce numéro, la recherche et la formation sont des espaces qui permettent d’outiller les (futur-e-s) professionnel-le-s aux enjeux qui se posent dans les rapports à l’Autre, entendu comme autrui culturellement di érent de soi.
Conçu comme un espace d’information, le Journal de la recherche de la HETS-FR a pour but de mettre en lumière les activités de recherche, les mandats, les ouvrages, les colloques et les formations initiales et continues. Il vise également à créer un lien continu avec la Cité, ses partenaires institutionnels, académiques et politiques.
Journal de la recherche N°6, février 2020, 4 pages en format pdf
Dans son dernier numéro du FVA Info, la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme publie l’interview du médecin français Gérard Ostermann, professeur de thérapeutique à Bordeaux.
Interviewé par Jean-Philippe Rapp, le médecin présente la thérapie narrative. En quelques questions-réponses, le professeur parvient à situer clairement cette nouvelle approche et sa pertinence pour les personnes souffrant d’alcoolisme ou d’anorexie par exemple. Extraits.
«L’estime de soi est un élément majeur. La confiance et l’estime passent par l’autre. Les gens qui travaillent à leur propre estime se trompent lourdement. J’ai besoin de l’autre pour devenir moi, tout en étant différent·e, ce qui est quand même incroyable, paradoxal. En même temps, c’est à partir de là que se fonde le paysage de soi, c’est-à-dire celui des intentions et des valeurs théoriques, mais qui sont des valeurs incarnées.»
«La thérapie narrative, c’est déconstruire la réalité dans laquelle les personnes se sont enfermées ou emprisonnées. Par un jeu de questions, nous pouvons les faire douter un peu de la vérité de ce qu’ils énoncent pour qu’ils passent à une autre représentation.»
Ce FVA Info N°4 présente également les formations, dont les supervisions ou la formation des jeunes qui mènent un travail de prévention comme pair·e·s dans les manifestations festives.
«FVA Info» 6 pages en format pdf
Cet ouvrage de synthèse d'Elisa Fellay-Favre fait le point sur les conditions de travail en Suisse en matière d'aide sociale.
L'activité des travailleurs sociaux est fortement contrainte. Qu'il s'agisse du cadre légal qui structure leur travail, des directives institutionnelles auxquelles ils sont soumis, de la réalité du marché du travail ou encore des situations de plus en plus complexes des usagers, leur marge de manœuvre semble se réduire comme peau de chagrin.
Pourtant, ils accompagnent, aident, conseillent et conduisent leurs usagers sur les voies de la réinsertion. Si leur agir est limité, ils sont pourtant agissants.
C'est le paradoxe central qui a motivé cette recherche, l'énigme qu'il s'est agi de résoudre. Comment travaillent les intervenants si tout leur échappe ?
Elisa Fellay-Favre est collaboratrice scientifique à la Haute Ecole en travail social HES-SO Valais-Wallis (Suisse) et titulaire d'un master en travail social et politiques sociales de l'Université de Fribourg réalisé sous la direction du professeur Marc-Henry Soulet, avec lequel elle poursuit également une thèse de doctorat.
«Le travail social et le recours à la fiction. La relation entre assistant.e sociale.e et bénéficiaire de l'aide sociale financière en Suisse» Elisa Fellay-Favre, Editions L’Harmattan, décembre 2019, 176 pages.
« Tout va bien » est une sorte d’album-photo de 40 pages dont chacune, avec des messages et informations utiles, est illustrée de belles images. Il a été conçu par deux pédiatres praticiennes à l’intention des parents aussi bien que des enfants qui les consultent, en particulier dans le cadre de mesures préventives.
Deux parties, selon la page de couverture que l’on considère. Dans la première, on trouve le contenu principal des examens de prévention au cabinet pédiatrique, de la naissance à 14 ans, des messages-clés sur les compétences que l’enfant acquiert progressivement et treize pages de photos illustrant le contact du médecin avec son patient et ses parents au long de la même période (0-14 ans).
Quand on ouvre le livre dans l’autre sens, on trouve un contenu destiné spécifiquement aux enfants, dans le but de les familiariser avec ce qui se passe pour eux dans un cabinet médical : être pesé, voir son périmètre crânien et sa taille mesurés, être examiné, vacciné, avoir une prise de sang au bout du doigt. Devoir se déshabiller, être ausculté et palpé, avoir des tests de la vue et de l’ouïe, parler, échanger. Ce qui est original, dans les photos qui portent l’ouvrage, c’est que ce sont deux enfants de 7 ans, Elaina et Matteo, qui jouent le rôle des parents et que les petits patients sont des singes en peluche - le rôle de la pédiatre étant joué par une étudiante en médecine.
Sûrement, le fait pour les parents et le médecin de discuter ces pages avec l’enfant le distraira et contribuera à diminuer sa tension et sa crainte. A noter qu’on ne voit aucune blouse blanche dans tout le livre ! Il y a aussi un petit quizz pour l’enfant.
De tels outils bien informés, didactiques et déstressants pour petits et grands fréquentant le milieu médical sont très bienvenus. Ils sont heureusement disponibles en nombre croissant.
Jean Martin
Album «Tout va bien ? Ce que je peux découvrir au cabinet pédiatrique», Lea Abenhaim et Sabine Zehnder, Maison d’édition : Creathera, Berne, 2020, 40 pages, avec le soutien de la Société suisse de pédiatrie. Existe en francais, allemand et italien.
Les personnes sans handicap auraient-elles le monopole de la vie de couple?
Le magazine d’Agile.ch, faîtière nationale des organisations de personnes avec handicap, est allée poser la question à quelques personnes concernées et à leurs partenaires.
Pour surmonter les difficultés liées à un handicap, un couple a besoin de beaucoup d’amour, de solidarité, de respect et de résilience. Rechercher une ou un partenaire s’avère certes plus épineux, car il faut parfois former un ménage à trois avec le handicap. Mais finalement, c’est un peu comme pour tout le monde.
Il n'est pas rare que des relations se brisent en raison du fardeau du handicap ou de la maladie. Et il y a aussi les autres. Celles qui résistent à toute épreuve. Celles qui font fi des préjugés et des réticences et pour qui l'amour, la solidarité et le respect sont un socle.
Ce numéro de Handicap & politique 1/2020 apporte aussi des éclairages sur la terminologie du handicap, sur le dossier électronique du patient et sur les dispositions relatives au droit du travail.
Dossier «Ménage à trois», en format pdf
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Nahum Frenck est un pédiatre lausannois bien connu, Jon Schmidt est psychologue. Tous deux sont thérapeutes de famille et œuvrent ensemble depuis dix ans. Ils ont beaucoup collaboré avec Gérard Salem. L’ouvrage qu’ils publient présente seize histoires tirées de leur pratique, avec les enseignements et les commentaires. Elles résument le déroulement de la thérapie et illustrent la palette des difficultés qui perturbent, agitent ou compliquent la vie des familles.
Cothérapeutes. Dans l’avant-propos : « Nous sommes cothérapeutes et amis. Cette complicité nous a conduits à écrire ce livre à quatre mains, à deux cerveaux et à deux cœurs. Il est le témoignage de nos expériences mais il dit aussi ce que nous sommes. Notre but est de permettre à tout un chacun de se rendre compte que, dans la salade familiale, il y a du chili piquant, du persil amer, du vinaigre acide ainsi que du miel et des pétales de roses. »
Approche systémique. Selon les auteurs, l’approche systémique considère la famille comme un ensemble d’éléments reliés les uns aux autres. Ils prennent l’exemple d’un mobile suspendu : le fait de toucher une des pièces fait inévitablement bouger l’ensemble de la structure mais le mobile tient toujours en équilibre (homéostasie). L’état d’esprit qu’ils prônent est la bienveillance. Elle laisse à l’autre le bénéfice du doute et évite d’attribuer instantanément une intentionnalité aux actes.
Les récits. Quelques facettes de situations qui font l’objet d’une narration : l’enfant roi, celui à haut potentiel, ou hyperactif ; le patient désigné ; l’adolescent en quête d’identité, le coming out difficile à propos d’homosexualité ; l’enfant adultifié, parentifié, ou à l’inverse l’adulescent, c’est-à-dire la personne de 30 ou 40 ans qui vit comme un ado. Sont abordées les tensions du couple, voire les ruptures, les familles recomposées, les difficultés rencontrées dans l’adoption, en particulier internationale. Sont discutés aussi les rapports et les différences entre lien conjugal et lien parental.
La comptabilité familiale. Les relations avec les grands-parents sont bien présentes : difficultés liées à un modèle familial patriarcal, aux origines culturelles différentes posant problème après transplantation en Suisse, etc. Les contentieux non réglés depuis l’enfance sont une problématique importante : les auteurs parlent de comptabilité familiale (le « grand livre des comptes »), d’« ardoise » (sur ces sujets, lire aussi le livre de Sylvie Galland « La relation entre les adultes et leurs parents », recension dans REISO).
Les questionnements. « Les échanges entre nous deux ont enrichi notre travail, nous forçant à nous interroger quotidiennement sur notre pratique et à cibler nos interventions, pour trouver les mots justes. Nous autorisant à nous questionner mutuellement et devant nos patients, tout en les invitant à se joindre à la discussion. Pour leur fournir de nouvelles briques pour tenter de construire un avenir plus sain et plus heureux. »
Dans l’inconnu. « La thérapie de famille est avant tout une expérience au cours de laquelle ses membres, comme les thérapeutes, s’aventurent dans l’inconnu, chacun avec son histoire, ses valeurs, ses rêves […] C’est là que se situe la beauté du voyage, pour trouver l’essentiel. L’espace et le temps de la thérapie permettent à chacun de définir et de négocier son rôle et sa place, entre les libertés et les contraintes du quotidien, chacun à son rythme. »
Défis de familles sera lu avec intérêt, profit – et souvent plaisir – par celles et ceux qui connaissent ou ont connu des moments difficiles, parfois déchirants, dans leurs existences familiales mais aussi, sans doute aucun, par celles et ceux dont la vie serait plutôt un fleuve tranquille.
«Défis de familles. 16 histoires de thérapie systémique», Nahum Frenck et Jon Schmidt, Le Mont-sur-Lausanne : Editions LEP Loisirs et Pédagogie, 2019, 157 pages
L’incarcération d’un père ou d’une mère engendre une séparation brutale avec ses enfants qui se trouvent exposés à de nombreux risques liés à leur bien-être physique, émotionnel, psychologique et social. Elle rend problématique le maintien des liens enfants-parents et entraîne une limitation de l’exercice de la parentalité. Comment rester parent malgré la détention ? Cette difficile question est ici abordée du point de vue du droit, de la psychologie, de la sociologie.
De la présentation de l’état du droit au recueil de la parole de parents en prison, cet ouvrage allie approches fondamentales et données issues d’une recherche de terrain qui permet de saisir au plus près la réalité et les problématiques spécifiques de la parentalité en prison. En contre-point, le témoignage d’une personne adulte, qui, pendant toute son enfance, a vu son père emprisonné, offre une plongée dans le vécu des relations enfant-parent détenu.
Enfin, les auteurs proposent des points de repères pour penser et améliorer les pratiques professionnelles au regard des enjeux de l’accompagnement de la parentalité en prison qui constitue un véritable défi pour les institutions.
«Comment être parent en prison ? Un défi aux institutions», de Marie Douris et Pascal Roman, Editions érès, 2020, 224 pages