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Migrants, jeunes et séparés de leurs parents, les mineurs non accompagnés présentent une vulnérabilité particulière. Le droit d’asile suisse tient-il suffisamment compte de leur besoin de protection? Respecte-t-il les garanties que leur confère le droit international des droits de l’enfant?
La présente étude examine les possibilités d’accès des mineurs non accompagnés aux différents statuts prévus par le droit d’asile, les conditions d’existence qui leur sont réservées, les principes qui gouvernent leur procédure, les étapes de cette dernière ou encore les règles qui régissent la fin de leur présence en Suisse. L’auteur s’efforce de mettre en lumière l’ensemble des aménagements opérés en leur faveur par le législateur, les autorités administratives et la jurisprudence. Il identifie également les situations dans lesquelles la prise en compte des droits de l’enfant s’avère insuffisante, tout en proposant des solutions pour y remédier.
La vérité crève les yeux : le travail, fondement du lien social, révèle depuis la crise de 2008, une fracture économique, sociale et politique que certains gouvernements et associations peinent à reconnaître. Cet ouvrage, tout en s’appuyant sur la doctrine sociale de l’Eglise, vient combler ce déni en menant de front un questionnement critique tant sur la place de l’économie financiarisée que sur le rôle des communautés chrétiennes au sein d’un système assassin.
En huit chapitres précédés d’une introduction qui revient sur les échecs empêchant une sortie de crise favorable, l’auteur brosse un large état des lieux de la réalité du chômage et de l’emploi, en contexte suisse et américain.
Tout en gardant un grand souci de vulgarisation et de contextualisation, il s’appuie sur une série de statistiques qui mettent en lumière la différence entre l’officialité et la réalité des mesures.
Les fractures sociales actuelles sont analysées sous l’angle de la doctrine sociale de l’Eglise. Une conclusion générale dégage les conséquences pratiques de ce déni d’information systémique et de cette tendance grandissante à la financiarisation, non sans pousser les Eglises à prendre leur responsabilité. Un décalogue de l’emploi ponctue cet ouvrage dense mais d’une lecture aisée, doté d’une bibliographie sommaire et d’une table des matières détaillée.
Le vingtième numéro d’«Initiale f», le magazine de la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ), consacre son dossier à «L’insertion scolaire, sociale et professionnelle».
En Suisse, 6.6% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont ni diplôme ni travail. Le décrochage scolaire et les ruptures d’apprentissage sont souvent à l’origine de ces situations. Plusieurs solutions sont proposées aux jeunes pour décrocher un emploi ou une formation. La revue les présente dans ce numéro. Au sommaire :
L’Office fédéral de la statistique a publié son 3e Rapport social statistique suisse. Il fait apparaître une hausse tendancielle des dépenses sociales pour la vieillesse et la maladie.
Chômage. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a fortement progressé entre 2001 et 2003 et entre 2008 et 2010. Depuis 2013, ce taux s’est stabilisé pour s’établir à 4,7% en 2018. Le chômage de longue durée, tendanciellement en hausse ces dernières années, affecte davantage les travailleuses et travailleurs âgés.
Vieillesse. La population a crû de 19,8% depuis 1996 pour s’élever à 8,5 millions d’habitants en 2017. Les personnes âgées sont toujours plus nombreuses. Ce vieillissement est toutefois ralenti par une augmentation de la population étrangère en général plus jeune. En 2017, on comptait parmi les Suissesses et les Suisses 37 personnes âgées (65 ans et plus) pour 100 personnes en âge de travailler (20-64 ans); ce rapport se montait à 11 pour 100 pour les étrangères et les étrangers.
Ménages. La structure des foyers a aussi évolué ces dernières années. Même s’ils restaient minoritaires en 2017 (4,5% des ménages privés), le nombre de ménages monoparentaux a augmenté de plus de 50% depuis 1990. Quant aux mariages et divorces, leur nombre est resté relativement stable. En 2017, 42,4% de la population était mariée et 8,4% divorcée. On relève également que les parents sont de plus en plus âgés à la naissance de leur premier enfant et que les naissances hors mariage progressent.
Pauvreté. En 2017, 8,2% de la population et 4,3% de la population active occupée étaient touchées par la pauvreté en termes de revenu. Depuis 2014, le taux de pauvreté a augmenté. Comme observé jusqu’ici, les personnes les plus concernées par la pauvreté sont les personnes seules, les personnes vivant dans un ménage monoparental avec des enfants mineurs, les personnes sans formation postobligatoire et celles qui vivent dans un ménage sans personnes actives occupées.
Aide sociale. Parallèlement, le taux d’aide sociale pour l’ensemble de la population est resté stable depuis 2005 et a atteint 3,3% en 2017. Il a toutefois augmenté pour les enfants et les personnes âgées de 46 à 64 ans. Par ailleurs, entre 2008 et 2017, la part des bénéficiaires qui étaient actifs occupés a diminué et la durée d’octroi des prestations de l’aide sociale s’est allongée. Le taux d’aide sociale n’est que faiblement influencé par les périodes de croissance économique ou de recul économique.
Protection sociale. Globalement, les dépenses pour la protection sociale continuent d’augmenter. Elles ont atteint 175 milliards de francs en 2017, ce qui correspond à 26,1% du PIB (en moyenne 27,1% dans les pays européens UE-28). Comme en Europe, ce sont surtout les risques et les besoins liés à la vieillesse et à la maladie qui ont fait progresser les dépenses sociales. Ces deux domaines représentaient respectivement 42,4% et 31,7% du total des prestations sociales en 2017. Les dépenses pour le chômage, quant à elles, ne connaissent pas de tendance à la hausse et ce malgré un nombre de plus en plus important de personnes au chômage au sens du BIT.
Invalidité. Dans le domaine de l’invalidité, depuis le milieu des années 2000, les dépenses sont stables, tandis que les dépenses pour l’aide sociale économique et les prestations complémentaires à l’AVS/AI ont augmenté. Les prestations nettes de l’aide sociale économique et des prestations complémentaires s’élevaient, en 2017, à respectivement 2,8 et à 4,9 milliards de francs.
Les Comptes globaux de la protection sociale (CGPS) et une sélection de résultats sur la pauvreté et les conditions de vie en Suisse sont actualisés conjointement avec la nouvelle édition du Rapport social statistique suisse.
Rapport social statistique suisse 2019 en format pdf, 80 pages
Le magazine spectra de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a consacré son numéro de mai 2019 au thème «Vieillir en bonne santé».
Dans son article, David Hess-Klein présente la stratégie pour préserver la santé et la qualité de vie des personnes âgées. L’auteur explique que la Suisse s’inspire des recommandations de l’OMS. Il insiste aussi sur la nécessité de changer de perception sur cette tranche de vie pour répondre de façon plus fine et nuancée aux besoins individuels. Extraits.
«Aucune autre phase de la vie n’est aussi hétérogène en termes de performance et d’état de santé. Tandis que certaines personnes âgées sont en pleine forme, d’autres sont vulnérables. Pour tenir compte de cette diversité, l’OMS a mis en place la stratégie «Vieillir en bonne santé» (Healthy Ageing) défini comme le processus de développement et de maintien des capacités fonctionnelles qui permet aux personnes âgées d’accéder au bien-être (voir la consultation sur la nouvelle «Décennie du vieillissement en bonne santé». Présentation dans REISO). Dans cette définition, on entend par « capacités fonctionnelles » toutes les caractéristiques liées à la santé qui permettent à un individu de mener la vie qu’il considère comme importante ou valant la peine d’être vécue. Cela englobe ses possibilités physiques et psychiques, mais aussi des facteurs environnementaux pertinents.
L’objectif est le bien-être des personnes âgées. Insistons ici sur deux réflexions, puisqu’elles influent aussi sur les actions à mener dans le secteur de la santé.
Plusieurs mesures décrites dans la stratégie de l’OMS sont déjà mises en œuvre en Suisse. Dans le cadre de la stratégie sur les maladies non-transmissibles par exemple, l’OFSP, les cantons et Promotion Santé Suisse poursuivent des objectifs communs. Les mesures pour une prise en charge coordonnée et l’égalité des chances en matière de santé contribuent aussi à la mise en œuvre de la stratégie « Vieillir en bonne santé ». L’OFSP s’engage également en faveur des proches aidants, qu’il convient d’aider et de soulager le plus possible. Dans le domaine des soins palliatifs, les échanges entre les différents acteurs sont encouragés.
De plus, diverses institutions fédérales se consacrent à des questions liées au vieillissement qui ont un impact sur la santé – et œuvrent ainsi dans le sens d’une politique globale de santé. Sécurité sociale, logement des aînés, droit de la protection de l’adulte, environnement et développement territorial ne sont que quelques-uns des thèmes abordés. Les actions des cantons, des communes et des organisations de la société civile complètent les efforts déployés dans le cadre de la politique de santé. Le succès d’une politique de santé en faveur des aînés dépend non seulement des approches intersectorielles évoquées, mais aussi de facteurs comme une coordination judicieuse des activités – en impliquant les personnes directement concernées : les personnes âgées vivant en Suisse.
[…] L’ancrage d’une perception nuancée de la vieillesse dans la société aiderait les personnes âgées, mais aussi leur entourage, à identifier et exploiter leurs ressources et leurs compétences. Et les aiderait à trouver une manière adaptée de gérer les troubles.»
David Hess-Klein, Office fédéral de la santé publique, section Santé publique, Berne, mai 2019, en ligne
En Suisse, la réglementation en matière de production, de vente et de consommation de chanvre a-t-elle atteint ses objectifs ? Quels en sont les effets indésirés, voire contre-productifs ? Ce livre pose les questions que personne n’aborde (volontiers) sur la politique suisse en matière de cannabis.
Pour cerner et documenter le «succès» effectif du modèle, la variabilité des stratégies et des procédures policières d’un canton à l’autre, les différences d’interprétation de la loi sur la circulation routière entre consommation de cannabis et consommation d'alcool, ou encore les difficultés d’accès au cannabis en vue d’une utilisation médicale.
Selon l’article 10 de la Constitution fédérale, toute personne a droit à la vie et à la liberté personnelle, notamment à l’intégrité physique et psychique. Alors qu’autrefois les décisions relatives à des traitements médicaux urgents étaient souvent déléguées au médecin, le droit à l’autodétermination a entre-temps accordé un rôle central au patient lui-même, pour ce qui concerne son traitement. L’état des lieux de la réanimation traite la question des intérêts divergents dans le cas d’une réanimation (après un arrêt cardio-vasculaire) dans un EMS.
NDLR de REISO Des repères précieux. Et notamment le fait que, en premier lieu, il appartient à l’EMS de clarifier la position de l’institution face aux mesures de réanimation, en s’inspirant des directives et recommandations médico-éthiques de l’Académie suisse des sciences médicales.
Un coût de soins jusqu’à trois fois supérieur à domicile qu’en EMS n’est pas disproportionné. Le Tribunal fédéral a précisé sa jurisprudence et Inclusion Handicap en présente les enjeux.
L'assurance maladie obligatoire ne prend en charge que les prestations réellement efficaces, appropriées et économiques. Mais jusqu'à quel point les prestations d'un service d'aide et de soins à domicile fournies en ambulatoire sont-elles encore considérées comme économiques comparées à un séjour dans un établissement médico-social? Dans sa synthèse «Soins à domicile ou en établissement médico-social? Question de l'économicité des prestations», Inclusion Handicap résume plusieurs décisions du Tribunal fédéral.
En décembre 2018, le Tribunal fédéral a analysé la situation d’un homme atteint entre autres d'un syndrome de démence sévère. Il était soigné à domicile par son épouse et par un service d'aide et de soins à domicile. Le coût mensuel des soins se montait à 7'480 francs, soit environ 90'000 francs par année. Suivant le degré de soins pris en compte, les prestations fournies par le service à domicile étaient dans ce cas concret 2.3 à 3.04 fois plus onéreuses que celles dispensées dans un établissement médico-social. La question posée était de savoir s'il y avait disproportion des coûts et si les prestations fournies par le service à domicile étaient encore à considérer comme économiques de sorte à devoir être obligatoirement remboursées par la caisse-maladie.
Le TF a conclu qu'il s'agissait-là d'un cas limite. Or, vu qu'il n'y avait en l'occurrence pas disproportion grossière et que les prestations du service à domicile apportaient tout de même une certaine plus-value à l'assuré, qui est décédé depuis lors, les soins ambulatoires remplissaient encore tout juste le critère d'économicité, a-t-il estimé.
La question de l'économicité des prestations fournies par les services d'aide et de soins à domicile est toujours à évaluer dans chaque cas particulier. Compte tenu de la pratique du Tribunal fédéral, on peut néanmoins constater qu'en présence d'un coût jusqu'à 3 fois supérieur, on ne parle en tout cas pas de disproportion grossière et que l'assurance maladie obligatoire ne peut limiter la prise en charge du coût engendré par les soins à domicile sans examiner plus en détails les circonstances concrètes.
Le rapport entre théorie et pratique marque la spécificité de la formation professionnelle de niveau tertiaire universitaire ; l’alternance est de fait située au cœur des pratiques pédagogiques. Pourtant ce rapport n’est que rarement discuté et semble aller de soi. Comment est-il construit ou que construit-il, selon que l’on privilégie la théorie, la pratique ou leur articulation ? Quelles alternatives peuvent être explorées pour éviter de se cantonner à une articulation qui se fonde sur le présupposé de la distinction voire de l’opposition des termes du rapport ?
Cet ouvrage collectif interroge les conséquences de cette construction pédagogique pour la formation, les caractéristiques induites pour la professionnalité dans les domaines santé et social et in fine, la nature de la connaissance.
Compte rendu par Jean Martin
Serge Thorimbert est un ingénieur romand de 59 ans, père de famille et chef d’entreprise dans le domaine électrique et électronique. Dans ce livre, il réfléchit en humaniste sur l’avenir de nos rapports avec les développements technologiques.
Une notion qu’il met en évidence est l’interfaçage entre l’humain et la nature. Depuis des millénaires, la progression de l’homme s’est faite en établissant et en interposant des artefacts, des dispositifs entre lui et l’environnement, depuis la peau de bête pour se vêtir jusqu’aux moyens sophistiqués en nombre croissant, smartphone, prothèses etc. Aujourd’hui, «les équilibres de la vie sur Terre sont rompus ; or les équilibres de la biosphère sont indissociables de l’équilibre psychique collectif de nos sociétés. »
La nouvelle divinité. « C’est un siphonnage permanent de nos cerveaux, de notre mémoire et de notre savoir-faire, qui s’opère par transfert vers le Cloud. Tout semble concourir pour casser l’être humain (maillon faible et coûteux de la chaîne) en le remplaçant par des systèmes informatisés, voire par des robots. […] « Nous sommes devenus démiurges en instaurant malgré nous une nouvelle ‘divinité’: omnisciente (accès à toutes les connaissances, Big Data, le Cloud), omniprésente (internet) et omnipotente (les moyens autonomes de calcul, de commande et de pilotage), dont les facultés nous dépassent. »
Penser le futur. Ce qui caractérise les années récentes, c’est la prise de conscience qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Toutefois, « comment penser le futur alors que les composantes intriquées de notre présent sont illisibles ? Et que ceux que nous créditons comme aptes à le faire ne s’expriment que de manière sectorielle, en experts au jargon pas pleinement appréhendable. » L’auteur évoque les risques qui menacent la solidarité telle que nous la connaissons (assurances sociales et maladie notamment) ; ceci par les moyens qui permettent de prédire qui deviendra vieux ou pas, qui sera plus ou moins malade que son voisin. « La joie de vivre sera-t-elle au rendez-vous dans cette vie d’hommes qui marchent à la hâte sur l’étrange (et vain) chemin de l’élimination de tous les dangers et périls ?»
Une éthique des machines ? « Il n’est pas inconcevable que les machines, dépourvues d’empathie mais aussi de cupidité et de goût du pouvoir, puissent accéder à une forme de ‘conscience mathématique’, froide mais déterminée à la préservation des équilibres de la vie sur la Terre. » Mécanisme qui nous protégerait de notre pulsion prométhéenne, de l’arrogance et de la mégalomanie que nous ne sommes pas en mesure de réfréner ?! « La forme que prendrait l’action ‘éthique’ des machines est difficile à concevoir. Mais elles pourraient, mues par une forme de ‘réflexe’, couper les vivres de l’industrie de l’armement, de la production agrochimique, inhiber le fonctionnement de structures boursières et commerciales ».
La Pentecôte des robots présente une mise en perspective bien informée de la situation à laquelle nous faisons face, discutant les dimensions qui caractérisent la (post-)modernité. Pour l’auteur, « il est important de considérer notre talent à accomplir des choses qui ne servent à rien. C’est un attribut humain que les robots n’auront jamais. C’est en étant capables de faire de l’inutile que nous sommes véritablement devenus des êtres humains. » Mais « on l’a tous compris, notre avenir passe par en donner un à la Terre. Et pour lui donner un avenir, point d’autre choix que d’inverser le cours d’un certain nombre de choses. » A ce stade, pas évident que nous ayons tous et toutes saisi cet enjeu.
En guise de conclusion, cette citation de William Carlos Williams, poète et médecin américain (1883-1963) : « L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour réaliser ses désirs. Maintenant qu’il le peut, il doit les changer, ou périr. »
Qu’en pense le patient ?
Commentaire de Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
J’apporte ici une réflexion complémentaire sur le sujet discuté fin 2018 suite à l’adoption par l’Académie suisse des sciences médicales de ses Directives médico-éthiques « Attitudes face à la fin de vie et à la mort ».
Ce texte [1] inclut de nombreux éléments sur lesquels il y a accord de longue date, comme : « Le patient est capable de discernement par rapport au suicide assisté (…) Le désir de mourir est mûrement réfléchi, il ne résulte pas d’une pression extérieure et il est persistant (…) Des options thérapeutiques indiquées ainsi que d’autres offres d’aide et de soutien ont été recherchées et ont échoué ou ont été jugées inacceptables par le patient».
Mais une formulation a été jugée litigieuse dans ces Directives : « Les symptômes de la maladie et/ou les limitations fonctionnelles du patient lui causent une souffrance qu’il juge insupportable. » Le débat a été motivé par le qualificatif «insupportable» qui serait trop vague et ouvre potentiellement la porte à des déterminations excessives ou laxistes.
Sont ici en cause : d’abord, l’autonomie garantie au patient capable de discernement dans les soins de santé. On peut rappeler que, pour être licite, tout acte médical, sauf urgence grave, doit avoir été précédé du consentement éclairé du patient.
Puis, principalement l’enjeu éthique, pratique, de savoir qui est le meilleur juge, s’agissant de souffrance et de son intensité. Le thérapeute a avec lui son expérience clinique et humaine, il reste cependant que souffrir est éminemment subjectif. Bien difficile de se mettre à la place du malade. Le grand clinicien du début du XXe siècle William Osler disait : « Ecoutez le patient, il vous donne le diagnostic. » La mesure de la douleur n’est pas un diagnostic mais le conseil d’Osler pourrait valoir ici aussi. Dans plusieurs lectures récentes, j’ai été frappé par ces réactions de patients, suite aux propos directifs ou paternalistes des ‘sachants’: « Mais qui sont-ils donc pour prétendre mieux savoir que moi/nous ? » Parmi d’autres, la Dre Véronique Fournier, directrice du Centre national français des soins palliatifs et de la fin de vie, rapporte de tels propos dans des situations éthiquement difficiles[2].
Dans un cadre de relation soignant-soigné marquée par l’échange mutuel d’une information claire, le dialogue, le partenariat et la responsabilisation du malade, il ne paraît pas possible de poser comme règle que le médecin disposerait d’une appréciation plus solide, plus intime, de la souffrance ressentie par le malade. Partant, ce qu’en dit ce dernier doit être cru. Et il ne saurait être sérieusement question de requérir de lui qu’il « démontre » combien il souffre.
A propos du caractère vague de « insupportable » : on peut toujours faire plus précis, sans doute, mais il me semble que ce qualificatif dit ce qu’il veut dire, dans la vie et en fin de vie. Sans préjudice au fait que c’est une partie intégrante du métier de médecin de s’entretenir avec le malade et d’estimer son état, la détermination de ce dernier doit prévaloir, sauf cas exceptionnel. Il peut en effet y avoir, dans des demandes d’assistance au suicide, une dimension de crise aigüe, de dépression qui doit faire surseoir à une décision dans le sens de l’assistance, mais ce n’est pas le cas général.
Deux mots sur le plan juridique : le cadre légal, ferme mais peu précis, est chez nous l’article 115 du Code pénal[3] : si elle n’est pas motivée par des mobiles égoïstes (de l’aidant), l’assistance au suicide n’est pas punissable. Aucune autre condition n’est posée. Cela étant, il est judicieux que des instances professionnelles posent ces conditions pour la corporation médicale. Hypothétiquement : que peut-il se passer si un médecin affirmait que c’est à cause de la souffrance insupportable alléguée par le patient qu’il l’a aidé ? Dans le cas éventuel d’une procédure pénale, il est bien improbable qu’on voie des décisions de sanction du praticien concerné. Les juges s’en tiendraient au critère du code, c’est-à-dire à la question de savoir si il y avait des motifs égoïstes. Et, si on devait poser la question aux juges, ils seraient fort réticents à vouloir juger, mieux que le patient demandeur, du caractère insupportable de sa souffrance, avec de plus la difficulté à le faire a posteriori…
Finalement : la modalité suisse d’un dispositif légal peu défini est particulière, mais à au moins deux reprises le Conseil fédéral a jugé qu’il n’était pas judicieux de la compléter. Pour avoir eu à me préoccuper d’assistance au suicide dès les années 1990 au sein de l’autorité sanitaire vaudoise, et pour avoir suivi les débats depuis lors, j’estime que les faits montrent que ce dispositif est adéquat dans nos circonstances (je note que je ne suis pas membre d’Exit). Il est bon qu’il laisse une large autonomie, à la personne demandeuse d’abord, au médecin interpelé ensuite, pour se déterminer sur une question, il faut le rappeler vivement, de nature particulièrement privée, personnelle, intime.
[1] Les directives disponibles en format pdf
[2] Entre autres : Fournier V. La mort est-elle un droit ? Paris : La Documentation Française (Série « Place au débat ») 2016, 164 pages. Recension dans REISO
Fournier V.: Puisqu’il faut bien mourir, itinéraire d’une réflexion. Paris : La Découverte, 2015, 248 pages. Recension dans REISO
[3] Art. 115
Incitation et assistance au suicide
Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d'une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d'une peine pécuniaire.
Les enfants ont le droit de recevoir une éducation sexuelle. La responsabilité en incombe aux parents mais aussi aux enseignant·e·s, aux professionnel·le·s de la santé sexuelle ainsi qu’à d’autres actrices et acteurs. Toutes et tous contribuent à ce que chaque élève bénéficie d’un accès à l’éducation sexuelle et que l’égalité des chance soit ainsi garantie.
L’éducation sexuelle est inscrite dans les programmes scolaires. Mais comment cela fonctionne-t-il plus précisément et quels sont les standards en la matière ? Pour répondre à ces questions et promouvoir une éducation sexuelle holistique dans les écoles, SANTÉ SEXUELLE Suisse a lancé une plateforme en ligne.
Cette plateforme est destinée aux enseignant.e.s, directions d'établissements et spécialistes de l’éducation sexuelle en Suisse latine et alémanique. Avec
Pourquoi, alors que nous pensions que le travail était devenu bien moins pénible qu'aux siècles derniers, les burn out, les dépressions et même les suicides sur les lieux de travail se sont depuis généralisés et n'épargnent plus aucune société occidentale ?
La sociologue du travail Danièle Linhart, spécialiste de ces questions, explique non sans humour – car il en faudra ! – les effets pervers des politiques managériales contemporaines qui précarisent les travailleurs, jusqu'à parfois les faire douter de leurs propres valeur et légitimité.
Textes Danièle Linhart. Dessins et couleurs Zoé Thouron. Bruxelles : Editions Le Lombard, Collection La petit Bédéthèque des savoirs, tome 28, 2019, format livre de poche, 72 pages.
REISO : un petit livre pour un grand sujet. Mais un thème aussi complexe, avec des mécanismes pervers et des logiques contradictoires peut-il vraiment être traité en bande dessinée ? La réponse est oui. Avec subtilité et humour en prime.
L’Association professionnelle suisse du travail social, AvenirSocial, a dressé un inventaire et un historique des évolutions intervenues ces vingt dernières années dans l’aide sociale.
Ces dernières années, de nombreuses modifications sont intervenues dans les règlements en matière d’aide sociale, qu’il s’agisse des normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) ou des législations tant au niveau fédéral que sur le plan cantonal ou communal.
Après une phase d’élargissement des droits des personnes en situation de pauvreté jusqu’au tournant du siècle, les récentes modifications constituent souvent un durcissement des conditions d’accès et une restriction des prestations. Le texte de Véréna Keller (54 pages) publié par AvenirSocial a pour objectif de constituer une documentation solide et une référence fiable en la matière afin de servir de base pour des analyses, d’identifier les acteurs et les actrices et de dégager les logiques à l’œuvre dans ces évolutions.
Lire aussi: Véréna Keller, «Les Suisses n’ont pas besoin d’aide sociale!», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 3 janvier 2019.
Les personnes âgées arrivent en institution avec leur histoire personnelle, faite non seulement de beaux souvenirs, de gratitude, de savoirs, mais aussi de regrets, de pertes, de peurs qui accentuent leur fragilité et influencent la qualité des jours qui restent à vivre. C’est ainsi que le récit de vie, conçu comme une manière de relier leur passé au présent et de le sauvegarder, a fait son entrée dans les établissements.
Novatrice dans les institutions de soins de longue durée, cette démarche d’accompagnement repose sur un moteur puissant : se raconter pour tisser des liens et consolider la transmission entre les générations, pour penser sa vie et en être l’auteur jusqu’à la dernière minute. Pour les professionnels, c’est une formidable opportunité de mieux connaître les personnes qu’ils accompagnent et de contribuer à leur bien-être et à leur qualité de vie.
Cet ouvrage est le fruit d’une rencontre de recueilleuses de récits de vie passionnées. Elles ont toutes suivi la formation de l’Université de Fribourg organisée par Catherine Schmutz-Brun sur le recueil de récits de vie. Elles partagent leur pratique et leurs démarches afin de donner envie aux accompagnants, aux responsables d’établissements et même aux bénévoles de développer la place du récit de vie en institution. La diversité et la richesse des expériences relatées s’accompagnent d’apports théoriques qui viennent les étayer.
Peut-on avoir un engagement féministe tout en revendiquant un ancrage au sein d’un courant religieux?
En s’intéressant aux initiatives féministes qui se développent à l’intérieur du christianisme, du judaïsme, de l’islam et de nouveaux mouvements religieux, ce numéro donne des repères pour penser ce double engagement. Face aux fondamentalismes, il importe d’éviter que ces femmes soient doublement marginalisées – au sein du féminisme comme dans leur tradition religieuse – mais aussi de prendre la pleine mesure de leurs marges de manœuvre dans les espaces religieux qu’elles investissent et transforment.
La culture occidentale contemporaine imprégnée par l’idéal de la maîtrise et le diktat de la performance perçoit le corps vulnérable comme une tare à bannir, à cacher ou à travestir. L’objectif consiste à ce que l’humanité puisse se libérer de sa vulnérabilité physique, préserver son corps de l’exposition à la souffrance, au vieillissement, à la maladie et, enfin, à la mort grâce à la maîtrise scientifique du vivant. Le transhumanisme du XXIe siècle s’est fait le champion de cette lutte contre la vulnérabilité du corps en prophétisant l’euthanasie de la mort.
En réaction à cette culture ambiante, le champ de l’éthique dite « de la vulnérabilité » s’est largement développé. Toutefois, il est encore souvent abordé à partir de l’autonomie du sujet en refusant de réfléchir à la dépendance ontologique de l’être humain. La question essentielle de ce livre n’est pas, même si elle est importante, de savoir comment le sujet autonome doit se comporter à l’égard d’une personne en situation de vulnérabilité (comment établir une société capable de l’intégrer). Elle consiste plutôt à se demander si l’être humain en tant que tel – qu’il soit bien-portant ou non – n’est pas fondamentalement vulnérable, et si cette vulnérabilité n’est pas, en dernier ressort, une « grâce ».
Bernard Schumacher enseigne la philosophie à l’Université de Fribourg où il dirige le pôle de recherche et d’enseignement « Vieillissement, éthique et droit » à l’Institut interdisciplinaire d’éthique et de droits de l’homme, dont il est le coordinateur.
Offre spéciale. Grâce à l'Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l'Université de Fribourg, les lecteurs et lectrices de REISO peuvent commander ce livre à un tarif préférentiel par simple mail. Le livre sera envoyé par la poste accompagné d'un bulletin de versement.
Dans la revue Social Change in Switzerland, Benita Combet de Daniel Oesch montrent que l'inégalité salariale ne s'explique pas uniquement par la division des tâches au sein de la famille mais commence bien avant.
En Suisse, les salaires des femmes sont en moyenne près de 20% inférieurs à ceux des hommes pour un emploi à plein temps. Cette différence est souvent expliquée par une répartition inégale des tâches au sein du couple. Selon cet argument, l’écart des salaires se creuse après la naissance d’un enfant, quand les hommes se concentrent sur le travail rémunéré et les femmes sur les responsabilités familiales.
Dans une nouvelle étude, Benita Combet et Daniel Oesch montrent que ce n'est que la moitié de la vérité. L’enquête de cohorte TREE et l’Enquête auprès des diplômés des hautes écoles leur permettent de comparer les salaires de plusieurs milliers de jeunes femmes et hommes en Suisse. Leurs résultats montrent que la brèche salariale entre les sexes s’ouvre dès l’entrée sur le marché du travail. Les femmes âgées de 20 à 30 ans qui n'ont pas (encore) d'enfants gagnent entre 4 et 5% de moins que les hommes du même âge – et ceci pour le même niveau de formation, la même expérience professionnelle et la même profession.
Converti en salaire annuel, cela signifie que les jeunes femmes sans enfants reçoivent un demi-mois de salaire de moins que les jeunes hommes sans enfants pour un poste comparable. De toute évidence, la division du travail au sein du ménage des familles n’est pas la seule cause de l'inégalité salariale entre les sexes.
En quoi consiste la notion de consentement enthousiaste? De quelles façons se vit le plaisir sexuel, seule ou avec des partenaires? Comment conjuguer désir et handicap ou maladie chronique? Et comment la société et la culture influencent-elles l’expérience de la sexualité? Des questions fondamentales qui se retrouvent bien souvent sans réponse, à une époque où on en aurait tant besoin pour faire des choix éclairés. Corps accord vient rompre le cycle de l’ignorance.
Accessible, décomplexé et inclusif, cet ouvrage est la première adaptation québécoise du classique Our Bodies, Ourselves, dont la dernière édition est parue en 2011. D’abord publié en 1971, puis maintes fois réédité et traduit en 34 langues, OBOS a révolutionné le domaine de la santé des femmes en alliant des témoignages sur leur sexualité, des points de vue féministes diversifiés et des données scientifiques. Cette véritable encyclopédie a contribué à une réappropriation du pouvoir et du savoir des femmes sur leur corps et demeure à ce jour une ressource incontournable pour toutes les générations.
Une campagne nationale est lancée sur le thème «Le métier le plus important en Suisse». En lisant ce slogan, on ne pense pas aux soins de longue durée et pourtant, au vu de l’évolution démographique, il s’agit bien d’eux.
Face à la pénurie imminente de professionnels qualifiés, CURAVIVA Suisse, Aide et soins à domicile Suisse et OdASanté lancent cette campagne afin de mettre en avant l’attractivité des métiers dans les soins de longue durée et les possibilités de carrière associées.
Aujourd’hui déjà, le manque de personnel se fait ressentir et le recrutement est difficile. Au regard de l’évolution démographique, la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé et OdASanté estiment que quelque 17’000 professionnels supplémentaires seront nécessaires d’ici 2025. Les besoins des établissements médico-sociaux et des organisations d’aide et de soins à domicile représentent à eux seuls 10’000 postes. La demande est particulièrement forte au niveau tertiaire, c’est-à-dire chez les infirmières et infirmiers diplômés, et elle continuera d’augmenter à l’avenir.
Cette campagne vise à accroître le nombre de diplômes de niveau tertiaire dans le domaine des soins et à inciter le personnel en place à rester dans la profession. Elle présente aux jeunes et aux adultes à la recherche d’un métier les différentes professions qu’offre le secteur. Elle encourage également le personnel en place à suivre des formations continues et à s’intéresser aux possibilités de carrières.
Tôt ou tard, chacune et chacun sera confronté à ce «métier le plus important en Suisse» et voudra bénéficier de soins de longue durée empreints d’humanité et de qualité. Cette campagne contribue à assurer que toutes les personnes âgées bénéficieront demain encore de soins professionnels, susceptibles de leur procurer autonomie et qualité de vie.
La campagne comprend une série de petites vidéos. Sous «Histoires de vie», des personnes âgées se racontent. Sous «Témoignages de professionnel·le·s», ce sont des infirmières et des personnes d'autres métiers qui disent leur attachement à leur profession. Le site présente aussi la palette des formations et les raisons de choisir ce métier.
Le numéro 2 de la Revue suisse de pédagogie spécialisée, juin 2019, consacre son dossier coordonné par Rachel Sermier Dessemontet (HEP-VD) au thème : « Littératie et numératie ». Au sommaire du dossier :
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Lire aussi:
Aline Tessari Veyre, Evelyne Thommen et Laetitia Baggioni, «Autisme: de nouveaux outils pour les enfants?», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 4 avril 2019
Fabienne Clément et Areti Buhler, «Autisme: les apports de la téléthèse et des app’», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 4 avril 2019
La participation culturelle est sur toutes les lèvres. Tout comme la participation politique, économique et sociale, elle a pour but d’associer, de faire participer et de responsabiliser la population à la vie publique. La participation culturelle contribue à l’inclusion, à la cohésion sociale et à la diversité culturelle.
Le manuel donne un aperçu de l’histoire et de la définition de la participation culturelle, explore ses champs d’activité et propose des pistes d’action concrètes. Il s’adresse aux responsables de projets dans le domaine culturel et dans d’autres secteurs où la participation entre en jeu, ainsi qu’aux institutions privées et publiques qui s’engagent en faveur de la participation à la vie sociale.
Le Dialogue culturel national a été institué en 2011 par la Confédération, les cantons, les villes et les communes. Il vise à renforcer la collaboration entre les divers échelons étatiques dans le domaine de la politique culturelle. Parmi ses différentes activités, le Dialogue culturel national s’engage pour des contributions concrètes pour un renforcement coordonné de la participation culturelle en Suisse.
La participation ne signifie pas ‹intégrer› les ‹autres› dans l’existant, mais soumettre les structures et les offres à une réflexion collective.
Mark Terkessidis
Avec des contributions de Heinz Altorfer, Cécilia Bovet, Jacques Cordonier, Martin R. Dean, Claudia della Croce, Anja Dirks, Valeria Donnarumma, Hans Ulrich Glarner, Simone Gretler Heusser, Nicole Grieve, Peter Haerle, Liliana Heimberg, Barbara Hornberger, Rohit Jain, Stefan Koslowski, Karin Kraus, Annatina Kull, Siglinde Lang, Lutz Liffers, Rachel Mader, Birgit Mandel, Inés Mateos, Nina Mekacher, Mathieu Menghini, Patrice Meyer-Bisch, Élodie Morand, Isabelle Moroni, Katrin Rieder, Carena Schlewitt, Sarah Studer, Mark Terkessidis, Sonja Thiel, Nathalie Unternährer, David Vitali, Barbara Balba Weber.
24 contributions en allemand, 8 en français et 1 en italien. Les contributions sont accompagnées de résumés dans les trois langues.
«Participation culturelle. Un manuel publié par le Dialogue culturel national», Editions Seismo, juin 2019, 368 pages
Dans l’émission Ensemble de RTS1 du 16 juin 2019, le journaliste Raphaël Engel présente l’association genevoise ALCIP et sa fondatrice Anne-Marie Tesson.
Les personnes qui vivent de l’aide sociale se sentent souvent comme des laissés-pour-compte. L’Association de lutte contre les injustices sociales et la précarité (ALCIP) est un peu leur porte-parole. En compagnie de sa fondatrice, rencontre avec les personnes précaires près de chez nous. Un bref reportage qui explique aussi pourquoi les membres de l’association demandent «Ne parlez pas sur nous mais avec nous !»
Voir aussi les autres reportages car, semaine après semaine, «Ensemble» permet de découvrir les personnes qui s’activent dans les dizaines d’associations d’utilité publique de Suisse romande.
Recension par Jean Martin
Astrophysicien, Aurélien Barrau possède aussi un doctorat en philosophie et s’occupe de culture et de poésie. Dans cet ouvrage, il explique pourquoi, données chiffrées à l’appui, il importe de changer urgemment de modèle.
« Je souhaite simplement que notre violence extrême envers la vie [par le modèle économique actuel] fasse maintenant partie de ce qui n’est plus autorisé. » L'auteur souhaite aussi « réenchanter un rapport au réel qui s’extraie de la fuite en avant consumériste et matérialiste, en s’éloignant de la logique de prédation. […] Autrement dit: tenter l’expérience d’un être-à-la-vie coopératif, symbiotique et commensaliste, comme le sont la grande majorité des relations dans la nature. »
L’individualisme. Un paradoxe est que le dernier siècle a vu des progrès qui devraient permettre de combattre efficacement la faim et la maladie, si nous étions une société du partage comme celle qu’appelle de ses vœux Aurélien Barrau. Mais il sera bien difficile d’y arriver au vu de notre addiction au maintien voire à l’expansion d’un individualisme forcené négligeant le droits et intérêts des autres – et au vu de la vanité des nations et de leurs leaders.
Les énergies. Dans son chapitre sur les évolutions urgentes indispensables, souvent assez simples quant au principe, l’auteur présente une liste comparable à celles qu’on trouve dans d’autres documents : en plus de la promotion des énergies renouvelables et de la nécessité de laisser les combustibles fossiles « là où il sont, sous terre » : diminuer l’utilisation de l’avion, mieux isoler les bâtiments, modérer les chauffages et la climatisation, produire et consommer localement nos aliments, diminuer en particulier la consommation carnée, ce qui est aussi une bonne chose du point de vue de la santé de chacun. Introduire de manière substantielle l’écologie dans les programmes scolaires. Et abandonner toute politique nataliste !
De nouvelles lois. Barrau ne cache pas qu’il faudra envisager des mesures impopulaires voire coercitives. Toutefois : « il n’est pas question d’instaurer une dictature verte ! Il s’agit de se donner les moyens d’éviter le pire, de considérer que la vie a une valeur supérieure à l’argent et qu’elle mérite d’être protégée. Pourquoi sommes-nous libres de détruire le monde et de décider que nos enfants ne pourront pas y vivre ? […] Nos biens sont protégés par la loi, est-il acceptable que la vie ne le soit pas ? » Et de préciser : « Les humains sont faibles - même par rapport à leurs propres critères – et ont tendance à abuser des possibles. Nous n’avons pas la force de nous restreindre mais nous avons celle d’accepter voire de demander une loi qui nous restreigne. […] Une évolution législative plus contraignante à l’endroit de comportements ‘contraires à la vie’ tendrait finalement vers une liberté accrue. »
La dimension sociale. A la lumière du mouvement des gilets jaunes,’auteur aborde les dimensions sociales de cette démarche. « Tout changement des habitudes de vie exige des efforts. Ils doivent être pris en charge par la collectivité et pas par ceux qui sont déjà en difficulté. Lorsque l’écologie s’oppose au social, elle se suicide. » Et à propos de transports, de tourisme, de production alimentaire, l’auteur précise : « Il n’est plus possible de tout sacrifier aux seuls impératifs économiques ou au seul hédonisme irresponsable de ceux qui en ont les moyens. L’impératif de changement qui s’impose est une chance d’explorer un nouveau rapport au réel. »
La poésie. Et un surprenant mot de conclusion : « Si le poète est celui qui sait entrevoir ce qui n’avait pas encore été imaginé, l’avenir sera poétique ou ne sera pas. »
«Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. Face à la catastrophe écologique et sociale», Aurélien Barrau, Paris : Michel Lafon, 2019, 144 pages
Compte rendu par Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO
La population vieillit et se trouve globalement en bonne santé. Le système de santé vieillit aussi, mais se trouve en mauvaise santé. Si nous ne le changeons pas profondément, nous allons droit dans le mur ont déclaré la majorité des conférenciers et des conférencières. Les professionnel·le·s du domaine de la santé et du social, des personnalités politiques et des leaders d’opinion ont échangé leurs expériences et leurs idées pour envisager l’avenir.
Dès l’ouverture du Congrès, Jacques Chapuis, directeur de l’Institut et Haute Ecole de la santé La Source, a mis en garde contre les fausses solutions, celle qui consiste par exemple à penser résoudre la pénurie d’infirmières en engageant des personnes moins formées. A ses yeux et en fonction des enseignements du passé, cette tendance au «downgrading» ou déclassement observée dans plusieurs cantons est une grave erreur.
Erreur aussi, selon Nuria Gorrite, présidente du gouvernement vaudois, de considérer le vieillissement comme un problème. C’est au contraire une grande richesse. Encore faut-il que les politiques publiques deviennent réellement transversales, estime-t-elle, afin de repenser les soins certes, mais aussi le logement, les transports publics ou les commerces en fonction des caractéristiques de cette population.
Ce sont justement les caractéristiques démographiques qui ont été passées au crible par Michel Oris, professeur à l’Université de Genève (lire «Un regard démographique sur le vieillissement», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 4 juillet 2019). Graphiques à l’appui, il a montré que les représentations négatives du vieillissement ne correspondent pas à la réalité. La vieillesse a été une période de vie à haut risque de pauvreté par le passé, elle l’est beaucoup moins aujourd’hui. Le niveau de formation de la population est un facteur important dans cette amélioration.
Une vision optimiste de la vieillesse que partage Christophe Bula, chef du Service de gériatrie du CHUV. Il n’a pas fait de «gérontolisme», un nouveau néologisme pour qualifier l’attitude de celles et ceux qui insistent trop sur les aspects positifs du vieillissement. Il a simplement présenté les chiffres des compétences des personnes âgées sur les activités de la vie quotidienne, ou «AVQ», utilisées dans les enquêtes de santé. Sur vingt ans, l’amélioration est spectaculaire.
Si la bonne santé de la population permet l’optimisme, le financement de la santé oblige au pessimisme, selon l’économiste Carlo De Pietro, professeur à la HES du Tessin (lire «Comment financer les services de santé des aînés?», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 27 avril 2020). En vingt-cinq ans, les dépenses de santé par habitant·e ont passé de 350 francs à 800 francs par mois. Les frais de santé augmentent légèrement avec les années et ils explosent durant les quatre derniers mois de vie. Face aux coûts, la solidarité «obligée» entre jeunes et vieux va devenir difficile à supporter pour les premiers et le pays n’échappera donc pas à un double questionnement qui s’annonce vif : combien voulons-nous payer et qui doit payer ?
Le casse-tête des ressources a également été soulevé par Fred Paccaud, professeur de santé publique et chercheur au CHUV (lire «Vieillissement et santé: plusieurs pistes d’action» REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 16 décembre 2019). Pour conserver le bon état de santé de la population, il voit un levier d’action primordial dans la prévention et le diagnostic précoce des maladies chroniques. Pour lui, il faut agir sur les maladies que l’on peut prévenir sans quoi nous manquerons de ressources pour les maladies qu’on ne peut prévenir. Il conseille également d’ouvrir le débat sur le rationnement des soins au plus vite afin qu’il soit mené dans la sérénité plutôt que dans l’urgence.
Maintenir le bon état de santé de la population est aussi la préoccupation de Stéfanie Monod, directrice à la Direction générale de la santé du canton de Vaud. Cet objectif ne sera pas réalisable si le système actuel n’est pas profondément repensé. Elle considère qu’il fonctionne à l’image d’une «industrie» au lieu de suivre la logique d’un service où les acteurs et actrices se coordonnent et agissent ensemble.
Cette coordination entre les aides à domicile, les séjours de courte ou de longue durée et toutes les prestations sociales et sanitaires pour les personnes âgées a été largement commentée dans les ateliers, par exemple par Philippe Schaller et Stéphane Moiroux avec l'expérience de Cité Générations à Onex (lire Philippe Schaller et Stéphane Moiroux, «Pour les aînés, un parcours de santé revisité», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 2 septembre 2019), ou par Camille-Angelo Aglione avec la nouvelle approche adoptée par HEVIVA qui vise à réduire l’hébergement en institution et à favoriser de nouvelles formes d’habitat et d’aide à domicile.
Les personnes concernées ont participé aux échanges. La première intervention de ce Congrès et la dernière allocution ont été assurées par des retraités actifs : Roland Grunder, coprésident du Conseil suisse des aînés, et Pascal Couchepin, que l’on ne présente plus. Quant au bon déroulé de l’événement, il a été assuré par plusieurs bénévoles retraités.
Durant cette journée où ont été partagés les savoirs pratiques et théoriques, les expériences et les chiffres, une place a été faite à la poésie et à la philosophie. Proposé par Pia Coppex, cheville ouvrière du Congrès, et Bernard Schumacher, professeur à l’Université de Fribourg, ce dialogue a vanté le consentement face à nos vulnérabilités. Evitons de nous confronter ou de nous soumettre à notre finitude et essayons au contraire d’y consentir, ont-ils conseillé. Pour le philosophe, les personnes âgées sont comme un musée où sont rassemblées des choses importantes. Elles n’ont pas de prix, elles sont à la fois hors du temps et situées dans le temps, elles vivent résolument dans le présent et nous invitent à en faire de même.
Organisé par l’Institut et Haute École de la Santé La Source, l’événement a bénéficié du soutien de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), l’État de Vaud, la Ville de Lausanne, la Revue médicale suisse, la Fondation Leenaards, esprit nomade, Age Stiftung et la Ligue suisse contre le cancer. Tous les documents des présentations sont disponibles sur cette page.
Lire aussi: Hans Peter Graf, «Alternatives politiques face au vieillissement», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 6 juin 2019