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Addiction Suisse publie la cinquième édition de ce dossier média complet sur les thèmes : alcool, tabac, drogues illicites, médicaments, jeux d’argent et internet.
Que sait-on des divers marchés? Quelles sont les répercussions de la consommation d’alcool, de tabac et de drogues illégales ou encore des jeux d’argent sur la société? Quelles sont les tendances actuelles en matière de consommation de ces produits en Suisse? Qu’en est-il de la consommation de médicaments, de l’usage d’internet et du jeu excessif? Comment la société se positionne-t-elle face aux problèmes de dépendance? Comment protéger au mieux la santé des consommateurs et consommatrices? Le Panorama Suisse des Addictions répond à ces questions.
NDLR de REISO : une synthèse remarquable, un outil de référence important
Panorama 2019, 27 pages pdf
Qu’est-ce qui donne envie aux jeunes d’apprendre, de s’engager et de se mobiliser dans une activité ? Cette question intéresse en particulier les enseignants, mais aussi les employeurs. Afin d’y apporter des éléments de réponse, les auteures de cet ouvrage se sont intéressées à une population spécifique : des jeunes âgés de 16 à 25 ans qui ont librement choisi de s’engager dans des domaines associatifs aussi variés que le sport, la politique, l’environnement, l’humanitaire ou l’événementiel.
Se basant sur des entretiens, cette étude retrace le parcours bénévole d’une quarantaine de jeunes femmes et de jeunes hommes issus de toutes catégories sociales. Ils évoquent avec fierté les responsabilités qui leur ont très tôt été confiées dans un monde associatif structuré, souple et bienveillant. Leurs témoignages contribuent à mettre en visibilité les nombreux apprentissages et compétences que l’expérience bénévole leur a permis de développer.
Table ronde. Le jeudi 7 mars 2019 à 18h, vernissage et table ronde sur «Le bénévolat des jeunes» à l'Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle IFFP, avenue de Longemalle 1, 1020 Renens, 4ème étage, salle 112-114. En savoir plus
Les questions sont celles que les proches de personnes en situation de handicap posent lors des consultations en ligne de Procheconnect. Les réponses sont données par les spécialistes de Pro Infirmis Vaud.
De nombreuses informations sont disponibles sur cette page qui rassemble les questions concrètes posées par les proches de personnes en situation de handicap, avec des réponses concrètes elles aussi. Au sommaire :
Aider un proche et travailler
Santé de mon proche : mon rôle, mes droits
Avantages et réductions quand on s'occupe d'un proche handicapé
Cette rubrique s'enrichira au fil des prochains évènements en ligne et grâce aux interventions en direct des proches.
«À MA SANTÉ!» La nouvelle campagne de Dialogai veut prendre soin de la santé globale des gays. Avec de nombreuses actions et des ateliers.
Du 1er au 27 février 2019, Dialogai va à la rencontre des hommes gays pour leur parler santé et bien-être psychique. Que ce soit pour le grand public ou même les associations, la santé des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes est trop souvent cantonnée au VIH ou aux IST. Et pourtant d'autres questions telles que le mal-être, l'anxiété, la dépression, la santé psychique ont des conséquences lourdes à long terme sur la santé globale des hommes gays.
L’enquête santé gaie de Dialogai en 2002 a été l'une des premières recherches dans le monde à avoir mis en évidence le mauvais état de santé psychique des hommes gays et bisexuels. Toutes les recherches réalisées depuis sur la santé des hommes gays ont confirmé qu’ils sont particulièrement touchés par des problèmes de santé psychique comme les troubles anxieux, la dépression et l’abus de substances et qu’ils sont également à plus haut risque de suicide que les hommes de la population générale.
Durant le mois de février 2019, Dialogai organise des ateliers en lien avec les sites de rencontre, des coachings de santé mentale ou encore des ateliers ludiques et participatifs. En parallèle, des actions dans des bars et des saunas gays présenteront la campagne. Toutes les activités prévues sont gratuites et sans inscription. Suivre aussi le hashtag #dialogaiàmasanté.
La campagne est soutenue par Sidaide, l'Aide suisse contre le sida et l'Etat de Genève
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bioéthicien
L’auteure a étudié les croyances et les pratiques en rapport avec la santé et la maladie des enfants en Mauritanie, principalement dans la capitale Nouakchott. Il importe de savoir que « la pluralité culturelle des enfances tient à la diversité de la société, composée de Maures et de populations dites négro-mauritaniennes - pulaar » (d’origine notamment sénégalaise).
« Autour des trajectoires de maladie de quelques enfants, nous avons exploré les configurations familiales, les représentations des maladies et les logiques interprétatives. » Hélène Kane documente remarquablement parcours, croyances, différences et inégalités, au travers de vignettes de la vie - parfois de la mort - d’enfants et, notamment, de leurs mères. Confrontations aux multiples dimensions de la maladie, aux problèmes de relation avec les professionnels - le dialogue n’étant trop souvent ni empathique ni à égalité. « Les jeunes mères sont aux prises avec des faisceaux de normes exigeantes et parfois contradictoires. » S’ajoutent les complexités administratives et difficultés d’accès - qui pourraient être levées par des apports financiers additionnels dont un grand nombre de familles ne disposent pas. On se souvient que des formes d’esclavage persistent en Mauritanie (malgré une quatrième abolition officielle, en 1980).
Travail d’une anthropologue, considérant la maladie comme un « fait social total », l’ouvrage va « au-delà de la mise à disposition de services géographiquement et économiquement accessibles. L’accessibilité sociale et cognitive est questionnée ». Relevons que, en principe, la santé publique devrait elle aussi avoir une telle vision holistique (J.M.).
Quelques éclairages. « Les systèmes de santé comportent parfois des violences : absence d’attention pour le soulagement de la douleur ou négligence. » Il y a « dépendance de la qualité des soins du statut social, affectif et décisionnel donné à l’enfant. » Ce qui n’étonnera en rien, étant une constante - à des degrés variables bien sûr - dans toutes les sociétés, même riches et relativement égalitaires. « La méfiance, l’impression que les coûts sont trop élevés, la critique et la comparaison avec les normes étrangères dominent les perceptions des Mauritaniens. » Intéressant : « Les enfants que nous avons rencontrés interviennent sur leur prise en charge par l’intermédiaire de sollicitations habiles et discrètes. Ils apprennent à moduler leurs plaintes. » A propos du sous-titre de l’ouvrage Taire et soigner : « La prudence face au pouvoir des mots traverse l’ensemble de la société mauritanienne. »
Facette ethnologique interpelante : « Les femmes pulaar participent à l’économie domestique par divers apports. Les femmes maures elles ne sont pas tenues de contribuer à l’entretien de leur famille ; les maris doivent assurer toutes les dépenses et tendent à présenter leurs femmes comme oisives et inconsistantes. Cela a pour corollaire une certaine déresponsabilisation des femmes. Un travail chez les Tamasheq (Touareg) du Mali constate une négligence comparable des femmes nobles, dans une société où elles accroissent leur prestige en travaillant le moins possible, y compris soins aux enfants. »
Anthropologie de la santé infantile en Mauritanie intéressera les professionnels de la santé et du social, aussi chez nous bien sûr dans la mesure où les patients provenant d’autres pays et cultures sont nombreux.
Avec ces cent mots, pour une profession longtemps restée sans mots, Philippe Gaberan parle de pratiques éducatives, dans un langage simple, mais non simpliste. En analysant ce qui se trame entre Soi et l’Autre, entre l’éducateur et la personne accompagnée, il fait le lien entre les actes posés au quotidien et le sens que ceux-ci prennent au regard des objectifs éducatifs.
Au-delà des définitions, ce dictionnaire jette un pont entre l’apparente banalité des gestes quotidiens et leur fondamentale répercussion sur le développement de l’être. Il n’est pas à laisser dans la bibliothèque mais à intégrer dans la trousse à outils que tout professionnel devrait avoir à porter de main, comme tout artisan qui se respecte.
Car le métier d’éducateur relève d’un savoir faire dont la complexité n’est pas toujours bien perçue parce que souvent trop mal exprimée.
Philippe Gaberan, éducateur spécialisé, formateur et chercheur en travail social à l’ADEA de Bourg-en-Bresse.
A l’heure où, selon les statistiques, une personne sur quatre en Suisse est susceptible de faire un passage en institution psychiatrique au cours de sa vie, un livre lève le voile sur ce type d’établissement, lieu tabou par excellence dans l’imaginaire collectif…
Cet ouvrage décrit l’hôpital psychiatrique de Marsens (FR) depuis son ouverture jusqu’à ce jour. L’institution y parle d’elle-même par la voix de plusieurs médecins-directeurs qui s’y sont succédé, et la vie de l’hôpital se déroule au fil de son siècle et demi d’histoire. L’on y découvre les pratiques et thérapies utilisées pour soigner les troubles psychiques, et l’esprit dans lequel elles s’exercent – ou se sont exercées. Des soignants et thérapeutes décrivent leur mise en œuvre, et leur ressenti en les appliquant. Mais l’histoire serait incomplète sans la parole donnée à ceux qui sont la raison même de l’existence de l’hôpital: les patients. Une large place est donnée à leurs témoignages dans les deux derniers chapitres du livre. On l’aura compris, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage savant traitant de la psychiatrie, mais bien de la mise en lumière d’un type d’hôpital public, dont il est légitime de rappeler qu’il n’est la propriété ni des politiciens ni des psychiatres, mais bien celle de nous tous, citoyens.
Un nouveau portail présente une quarantaine de vidéos de quelques minutes pour raconter la vie quotidienne des participants et des professionnels de l’atelier Galiffe qui accueille des «fragilités psychiques et des solitudes urbaines» à Genève. Il est coordonné par Camille Bierens de Haan.
Ce portail est le résultat d’un projet de film pour garder la mémoire du lieu – car le chantier d’extension de la gare Cornavin va bouleverser le quartier durablement dès 2024 – pour célébrer une pratique professionnelle et une option institutionnelle particulières, et pour mettre en valeur des personnalités ignorées de la chronique sociale.
Plutôt que fabriquer un produit fini à distribuer à des consommateurs, ce projet cherche à intéresser et animer un réseau de personnes concernées par l’accueil de la fragilité psychique et de la solitude urbaine. Une page FaceBook liée attend vos commentaires et suggestions. Le portail est appelé à évoluer au fur et à mesure de la publication de nouvelles vidéos.
Les vidéos croisent les regards, les apports et les témoignages. Chaque fois introduites par un texte, clairement classées, avec une indication du minutage, elles représentent un matériel didactique potentiellement utile pour l'enseignement. Ses contenus sont disponibles en libre accès sur internet.
La première projection publique-discussion autour de Gens de Galiffe aura lieu le mercredi 16 janvier à 19h à Fonction Cinéma, Maison des Arts du Grütli, à Genève. La projection durera environ 45 minutes et les discussions suivront. Veuillez annoncer votre présence :
Les Collectifs romands publient le «Manifeste pour une grève féministe et des femmes» qui sera organisée le 14 juin 2019.
La grève des femmes de 1991 avait surpris tout le monde. Un immense élan vers l’égalité avait secoué le pays: nous avons depuis lors obtenu des résultats concrets comme une Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, un congé maternité, le splitting et le bonus éducatif dans l’AVS, la solution dite des délais en matière d’avortement, des mesures de lutte contre les violences domestiques.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouvel élan ! Le 22 septembre 2018, 20’000 personnes solidaires ont manifesté à Berne pour l’égalité et contre les discriminations. Le début d’une mobilisation que nous voulons poursuivre jusqu’à la grève féministe et des femmes* le 14 juin 2019 !
Le Manifeste présente 19 raisons, parmi d’autres, de la grève :
Le magazine Diagonales du Groupe d’accueil et d’action psychiatrique (GRAAP) a consacré un article élogieux à la revue REISO qui vient de fêter sa première décennie.
A l’occasion des dix ans de la Revue d’information sociale REISO, le magazine du GRAAP-Fondation revient avec sa rédactrice en chef Marylou Rey sur cette aventure interdisciplinaire qualifiée d’avant-gardiste.
L’article d’Alexandre Mariéthoz raconte les origines, les options rédactionnelles et le lectorat de la revue en ligne. L’indépendance de la rédaction est assurée notamment par le fait que la revue est autofinancée et gérée par une association à but non lucratif, une situation fort rare dans les médias romands. Les ressources financières proviennent des abonnés, en provenance de toute la Suisse romande, et des annonceurs qui présentent sur le site leurs formations continues, leurs offres d’emploi ou leurs événements. Quant à l’objectif éditorial, il consiste à amener les lecteurs et lectrices à s’ouvrir aux réflexions des uns et des autres pour s’interroger différemment sur des problématiques actuelles du domaine social et de la santé publique.
«REISO a pleinement trouvé sa place dans le paysage médiatique romand», conclut le journaliste.
Diagonales est le magazine romand de santé mentale édité par le Graap-Fondation (lien internet). Bimestriel, il s’adresse à l’ensemble des personnes concernées par cette thématique en Suisse romande, aussi bien les personnes vivant avec la maladie psychique que les proches, les professionnels de la santé ou du domaine social, les autorités, les professeurs, les étudiants et les simples curieux.
Les douleurs chroniques et rebelles aux traitements classiques minent, parfois gravement, le quotidien d’environ 20% de la population. Le fait que ces douleurs « ne se voient pas » lors des examens médicaux joue en défaveur des individus touchés qui ne se sentent pas toujours pris au sérieux dans leur souffrance. Elles n’ont pourtant rien d’imaginaire. On sait maintenant qu’elles sont liées à des dérèglements des systèmes de contrôle de la douleur.
Heureusement, l’amélioration de la qualité de vie des personnes endurant des douleurs persistantes est possible. Elle repose sur un engagement actif et une prise en charge globale combinant plusieurs approches: médicamenteuses, physiques, psychologiques et sociales.
Comment éviter que les douleurs ne prennent toute la place? Quel est le rôle des émotions dans les symptômes? Comment contrôler soi-même ses douleurs? Ce livre fournit des clés de compréhension, utiles également pour les proches aidants. Il propose une série d’outils pour mieux gérer ces douleurs complexes et redevenir le pilote de sa vie.
Suzy Soumaille, journaliste médicale, rédactrice en chef du magazine Pulsations , HUG
Dre Valérie Piguet, responsable du Centre multidisciplinaire d’évaluation et de traitement de la douleur, HUG
Vingt-huit mesures de promotion de la santé mentale seront soutenues par l’Etat de Fribourg et Promotion santé suisse pour plus de 2 millions de francs entre 2019 et 2021. La démarche systémique ayant conduit à la définition du programme est inédite.
Défini de manière participative et reposant sur un état des lieux de l’existant, le Programme cantonal de promotion de la santé mentale s’intègre à la Stratégie de promotion de la santé et de prévention (Perspectives 2030). Il répertorie les politiques publiques en lien avec la thématique et détaille l’implication des nombreux partenaires qui œuvrent déjà à la promotion de la santé mentale dans le canton.
Les objectifs du programme sont de sensibiliser les enfants, jeunes, seniors, leurs proches et les professionnels à l’importance de la santé mentale, de faciliter l’accès à des offres socio-sanitaires et de favoriser le renforcement des ressources et la participation. Chaque année entre 2019 et 2021, les mesures représenteront 563’000 francs pour les enfants et jeunes et 158’000 francs pour les senior-e-s. Promotion santé suisse participe à ces montants avec 179’000 francs par année.
Parmi les vingt-huit mesures figurent des prestations pour les enfants victimes de violence au sein du couple, l’accompagnement d’enfants ou de familles en deuil, les permanences sociales de rue, un projet de cohabitation entre personne âgée et jeune, un système de veille pour les senior-e-s fragilisé-e-s, la formation des professionnel-le-s ou encore le soutien aux parents lors d’une séparation.
Les auteures du rapport (Service de la santé publique) :
Lire aussi, sur la campagne nationale pour la santé mentale, l’article de Stéphanie Romanens-Pythoud et Alexandre Mariéthoz, «La santé mentale, ça s’entretient aussi!», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 4 janvier 2019
Présentation par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
L’historien et écrivain israélien Harari publie son troisième livre. Après sa brève histoire de l’humanité et sa brève histoire du futur, il présente sa vision des facteurs qui marqueront le siècle commençant. Il évalue ce que sont les forces qui formatent la réalité et présente les attitudes et orientations qu’il s’agit de privilégier. Comme les ouvrages précédents «Sapiens» et «Homo Deus», cette lecture est stimulante. Cinq parties : le défi technologique, le défi politique, désespoir et espoir, vérité, résilience. Et 21 chapitres pour 21 leçons.
L’auteur attaque frontalement la notion - jusqu’ici jugée quasi indiscutable - de l’homo economicus rationnel : « La pensée libérale a acquis une confiance immense dans l’individu rationnel indépendant et a fait de cette créature mythique la base de la société. La démocratie se fonde sur l’idée que l’électeur sait à quoi s’en tenir ; le capitalisme de marché croit que le client a toujours raison et l’enseignement libéral que les étudiants pensent par eux-mêmes. Or, des penseurs ont fait observer que cet individu rationnel pourrait bien être une chimère. On a démontré que la plupart des décisions humaines reposent sur des réactions émotionnelles et des raccourcis heuristiques. »
« Le libéralisme n’a pas de réponses évidentes aux plus gros problèmes : l’effondrement écologique et la disruption technologique. Il s’en remet à la croissance pour résoudre, comme par magie, des conflits politiques et sociaux épineux. Toutefois, la croissance ne nous sauvera pas, elle est la cause de la crise écologique. »
« Le libéralisme perd sa crédibilité au moment où les révolutions jumelles de l’information et de la biotechnologie nous lancent les plus grands défis. Les algorithmes Big Data pourraient créer des dictatures digitales au pouvoir concentré entre les mains d’une minuscule élite. »
(In-)justice. « Les injustices du monde contemporain résultent pour la plupart de biais structurels de grande échelle. Ecrire ce livre me l’a fait comprendre, je cours toujours le risque de privilégier le point de vue de l’élite mondiale par rapport à celui de groupes désavantagés (…), qui sont confrontés chacun à un dédale différent de plafonds de verre, de doubles standards, d’insultes codées et de discrimination institutionnelle. » Le temps est venu d’élaborer un récit entièrement nouveau.
« Nous ne cherchons plus les infos, nous googlisons. Et plus nous le faisons, plus notre capacité de chercher des informations par nous-mêmes diminue. La ‘vérité’ se définit par les premiers résultats de la recherche Google. Il en va de même avec les capacités physiques, telles que se mouvoir dans l’espace. » Cependant, on peut attendre des progrès de l’utilisation de l’IA, par exemple dans le trafic : 42 des études récentes font penser que « le remplacement des conducteurs humains par des ordinateurs devrait réduire d’environ 90% le nombre de morts et de blessés sur la route »... Mais aussi : « Peut-être l’Etat devra-t-il intervenir pour édicter un code éthique qui s’imposerait à tous les véhicules autonomes. »
« Dans un nombre croissant de compétences, l’IA commence à nous surpasser. Mieux nous comprendrons les mécanismes qui sous-tendent émotions, désirs et choix, plus les ordinateurs excelleront dans l’analyse des comportements et la prédiction des décisions.» « La créativité oppose des obstacles difficiles à l’automation. A la longue néanmoins, aucun travail ne lui échappera totalement. Les artistes doivent s’y attendre. Si l’art se définit par des émotions humaines, que pourrait-il advenir le jour où des algorithmes seront capables de comprendre et manipuler les émotions mieux que Shakespeare ? »
Des logiciels permettront de détecter nos émotions. « Netflix, Amazon ou qui possède notre ‘algorithme TV’ connaitra notre type de personnalité et saura presser sur nos boutons émotionnels. Ces données leur permettront de nous choisir des films avec une mystérieuse précision - et peut-être de prendre pour nous les décisions importantes ; qu’étudier, où travailler et qui épouser. »
« Hommes et machines pourraient fusionner si complètement que les humains ne pourront survivre s’ils sont déconnectés du réseau. Ils seront connectés dès le ventre de leur mère. »
L’artificiel et le naturel ! « Il y a danger si nous investissons trop dans le développement de l’IA et trop peu dans celui de la conscience humaine. L’IA trop sophistiquée des ordinateurs pourrait simplement servir à amplifier la bêtise naturelle des humains. »
« Malgré l’apparition de nombreux emplois nouveaux, nous pourrons assister à l’essor d’une nouvelle classe ‘inutile’ et souffrir à la fois d’un chômage élevé et d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. »
Les gens ordinaires perdraient leur valeur économique, les sociétés deviendront de plus en plus inégales. « Les riches et les aristocrates ont toujours imaginé posséder des talents supérieurs. Pour autant qu’on puisse le dire, ce n’était pas vrai. En 2100 cependant, les riches pourraient bien être réellement plus créatifs et intelligents, y compris par des cerveaux ‘améliorés’. Dans les pays capitalistes, l’élite pourrait saisir la première occasion pour démanteler ce qu’il reste de l’Etat-providence. »
Un revenu/soutien de base est-il la solution ? « Homo sapiens n’est simplement pas fabriqué pour être satisfait. Si le soutien de base universel vise à améliorer les conditions objectives de l’individu moyen en 2050, il a une bonne chance de réussir. S’il s’agit de rendre les gens subjectivement plus satisfaits de leur sort, probablement échouerait-il. Pour atteindre ses buts, le soutien universel devra être complété par des activités qui aient réellement du sens. »
Avec l’IA, « nous perdons certains avantages de l’individualité. Par exemple, un médecin qui commet une erreur ne tue pas tous les patients du monde et ne bloque pas la mise au point de tous les traitements. En revanche, si [la médecine] était un seul et même système et que celui-ci commette une erreur, les résultats pourraient être catastrophiques. »
« Beaucoup de médecins se concentrent sur le traitement de l’information (données dans les dossiers). Les généralistes, diagnostiquant des maladies connues et administrant des traitements familiers, seront probablement remplacés par des IA-médecins. Les infirmières quant à elles ont besoin de bonnes compétences motrices et émotionnelles. Aussi aurons-nous probablement une IA-médecin de famille sur nos smartphones avant d’avoir une infirmière-robot fiable. »
« Les gens bénéficieront des meilleurs services de santé mais probablement seront-ils tout le temps malades. Il y a toujours quelque chose qui ne va pas dans le corps. Autrefois, on se sentait en forme du moment qu’on ne présentait pas de douleur ou handicap. En 2050, grâce aux capteurs biométriques et aux algorithmes, on présentera sans cesse quelque ‘pathologie’. En refusant de suivre alors un traitement, vous pourriez perdre votre assurance-maladie, voire être licencié. »
« Le retour au nationalisme offre-t-il de vraies solutions aux problèmes sans précédent de notre monde globalisé ou s’agit-il d’une forme de dérobade complaisante ? » Une tentative d’échapper à une réalité inquiétante ? « Même si une planète unie continuera de faire une large place au genre de patriotisme célébrant le caractère unique de ma nation, l’humanité n’a guère d’autre choix que de compléter ces loyautés locales par des obligations substantielles envers une communauté mondiale. »
« Désormais, nous souffrons de problèmes mondiaux sans avoir de communauté mondiale. Ni Facebook, ni le nationalisme, ni la religion ne sont près de créer une communauté de ce genre. »
« Les technologies de rupture qui pourraient changer la nature même de l’humanité sont enchevêtrées avec des croyances éthiques et religieuses profondes. Si l’humanité ne parvient pas à concevoir des directives éthiques globalement acceptées, ce sera carte blanche au Dr Frankenstein (…) Après 4 milliards d’années d’évolution de la vie organique, la science entre dans l’ère de la vie inorganique façonnée par le dessein intelligent. »
« La plus grande menace est de loin la perspective du changement climatique. Comme si l’on menait une expérience illimitée sur des milliards de cobayes humains. A la différence de la guerre nucléaire – futur potentiel – le changement climatique est une réalité présente. Un consensus scientifique existe (…) Nous nous approchons rapidement de points de basculement (tipping points) au-delà desquels même une baisse spectaculaire des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas à éviter une tragédie mondiale. »
A garder en mémoire : « Autant il est difficile d’établir les priorités en temps réel, autant il est trop facile de dire rétrospectivement ce qu’elles auraient dû être. Nous accusons les dirigeants de n’avoir pas su empêcher les catastrophes qui se sont produites, tout en demeurant béatement inconscients de désastres qui ne se sont jamais matérialisés. »
« Les terroristes sont maîtres dans l’art de manipuler les esprits. Ils tuent très peu mais n’en réussissent pas moins à terrifier des milliards de gens et font trembler d’immenses appareils politiques (…) disproportion flagrante entre leur force effective et la peur qu’ils inspirent (…) Dans la plupart des cas, notre surréaction au terrorisme menace bien davantage notre sécurité que les terroristes eux-mêmes. »
Raisonnement intellectuellement cohérent, objectif, mais qui imagine pouvoir gommer les aspects émotionnels, liés notamment à l’imprévisibilité des actes terroristes. Nous savons qu’il faudrait leur accorder moins de visibilité, notamment médiatique, le fait est que ce n’est pas simple (droit à l’information).
Aujourd’hui, « donner plus d’informations à ses élèves est la dernière chose qu’ait besoin de faire un enseignant. Il faut plutôt leur apprendre à en dégager le sens, à distinguer l’important de l’insignifiant et surtout associer les multiples bribes en une vision d’ensemble du monde (…) Si la jeune génération manque d’une vision globale du cosmos, l’avenir de la vie se décidera au hasard. » L’important pour Harari est que les écoles passent à l’enseignement des quatre C : pensée critique, communication, collaboration et créativité.
« Pour me construire une identité viable et donner un sens à ma vie, je n’ai pas vraiment besoin d’un récit dépourvu d’angles morts et de contradictions. Il suffit qu’il satisfasse à deux conditions. La première est qu’il me donne un rôle à jouer, la seconde qu’il m’intègre à quelque chose qui me dépasse. Les récits qui ont le plus de succès demeurent ouverts. »
« Personne ou presque n’a qu’une identité. Personne n’est uniquement musulman, italien, ou capitaliste (…) Je peux me reconnaitre des obligations particulières envers ma nation tout en ayant d’autres identités – et responsabilités/devoirs. De temps en temps cependant apparait un credo fanatique exigeant de ne croire qu’à un seul récit et de n’avoir qu’une seule identité. »
Sur la laïcité. « Il s’agit d’une vision du monde positive et active, qui se définit par un code de valeurs cohérent plutôt que par l’opposition à telle ou telle religion. Certaines sectes revendiquent le monopole de la sagesse et de la bonté, les laïques ne revendiquent aucun monopole de cette nature. Ils sont à l’aise avec des identités hybrides et multiples. » « Les hommes devraient toujours garder la liberté de douter, de vérifier, d’entendre une seconde opinion ou d’essayer une autre voie. »
Le dernier chapitre est consacré à l‘importance qu’a eu pour lui à 24 ans, en 2000, la découverte de la méditation (de type Vipassana), qu’il pratique maintenant deux heures par jour et dont il affirme que cela a été un pilier fort dans l’écriture de ses livres.
« La méditation est un outil pour observer directement l’esprit, l’explorer. Loin de moi l’idée de suggérer d’abandonner les pratiques et outils [scientifiques] de la recherche sur le cerveau. La méditation ne les remplace pas mais elle pourrait les compléter. Cela fait penser aux ingénieurs creusant un tunnel à travers une montagne. Pourquoi creuser d’un seul côté ? Mieux vaut creuser des deux. Si le cerveau et l’esprit sont une seule et même chose, les deux tunnels ne peuvent que se rejoindre. »
* * * * *
« Les révolutions de la biotech et de l’infotech vont nous permettre de dominer le monde en nous, mais aussi de remanier ou fabriquer la vie. Personne ne sait avec quelles conséquences. Les humains ont toujours excellé à inventer des outils, beaucoup moins à en faire un usage avisé. » Appréciation qu’il n’est pas le seul à émettre…
Le but de cette recension était de traiter des facettes significatives des positions de Harari. Je n’ai pas abordé ses réflexions, entre autres, sur Dieu, les religions et leurs rôles aux cours de l’histoire comme aujourd’hui, sur l’immigration, sur la post-vérité et les fake news (dont il relève que si elles sont très présentes actuellement, elles ont toujours existé), ou encore sur la science-fiction qui serait à son sens, « au début du XXIe siècle, peut-être le genre artistique le plus important ».
Bonne lecture !
«21 leçons pour le XXIe siècle», Yuval Noah Harari, Paris : Albin Michel, 2018, 375 pages
L'association Première Ligne active dans la réduction des risques liés aux consommations de drogues a mandaté la Haute école de travail social de Genève pour réaliser une étude sur la situation sociale et économique des personnes usagères du Quai 9.
La situation sanitaire des personnes concernées fait l'objet d'une abondante littérature. Leur situation sociale et économique est en revanche très peu documentée. Recueillir un nombre important de données sur des dimensions parfois intimes liées à leur situation a représenté le principal enjeu de cette étude. C'est par immersion et en étroite concertation avec la direction et les professionnel·le·s de l'association que les chercheur·e·s ont travaillé pour établir une relation de confiance.
Quatre types socioéconomiques ont été distingués: les personnes intégrées, précaires, vulnérables et désaffiliées. Malgré leurs situations fort différentes, tous les usagers et usagères valorisent les soutiens sanitaires et sociaux proposés.
Un résumé de l'étude a été publié dans le journal de Première Ligne, avec des témoignages qui montrent combien la rencontre et le lien permettent parfois d'entrevoir de nouvelles perspectives de vie.
Auteur·e·s: Laurent Wicht, professeur associé, Laure Scalambrin, adjointe scientifique, Jérôme Mabilallard, collaborateur scientifique, Centre de recherche sociale, HETS Genève, Journal Première ligne N° 30, décembre 2018
Bégaiement, bégayer, je bégaie, je suis bègue... Et alors ? S’enclenche une vie de galère. J’ai à dire, beaucoup à dire, je veux le dire mais ma bouche ne catapulte que de lamentables morceaux de mots. Honte, rage, désespoir.
À moins que ne s’ouvre une porte qui donne accès à un cabinet d’orthophonie. Nous entrons avec ce livre dans les coulisses de la pratique quotidienne d’une orthophoniste pour partager sa passion pour le bégaiement, son amour pour les PQB (personnes qui bégaient) et assister à ce qui s’y passe.
Les témoignages recueillis sont riches à plus d’un titre : ils décrivent avec humour la complexité des « personnes qui bégaient », témoignent de ce qu’ils vivent au quotidien et sont une illustration vivante de ce qui se passe dans un cabinet d’orthophonie où l’orthophoniste se mue en «hortophoniste» ou «jardinière de la parole».
Patricia Oksenberg, orthophoniste, enseignante à Paris-Sorbonne spécialisée sur le bégaiement, est passionnée par ses patients. Elle entrebâille les portes de son cabinet pour dire ce que peuvent ressentir les enfants, les adolescents et les adultes qui bégaient, mais pas seulement...
La statistique suisse de l'aide sociale établie par l’Office fédéral de la statistique (OFS) montre que 278 345 personnes ont perçu une aide sociale économique en 2017. Cela signifie que 3.3% de la population résidante a été soutenue par une prestation d'aide sociale au moins une fois dans l'année.
Personnes exposées. Les enfants et les jeunes de moins de 18 ans, les personnes divorcées et les personnes de nationalité étrangère sont les plus exposés au risque de dépendre de l'aide sociale. Alors que le taux d'aide sociale des mineurs est passé de 4.9% en 2011 à 5.3% en 2017, celui des personnes de nationalité étrangère a parallèlement augmenté de 0.3 point à 6.3%. Le taux d’aide sociale des personnes divorcées a quant à lui progressé à 5.6% en 2017.
50-64 ans. Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale chez les 50 à 64 ans est passé de 38 484 à 54 615 personnes entre 2011 et 2017, soit un accroissement de quelque 40%, alors que la population résidante de la même classe d’âge n’a augmenté que de 14% durant cette période. Cette progression est surtout due aux bénéficiaires percevant une aide sociale depuis longtemps.
Formation. Les 50 à 64 ans se distinguent des personnes plus jeunes à bien des égards. On observe par exemple des écarts importants sur la formation: 57% des bénéficiaires ont achevé une formation professionnelle ou sont titulaires d’un diplôme d’une haute école. Contrairement à ce qui est observé chez les jeunes, une formation du degré secondaire II ou du degré tertiaire ne constitue pas, pour les personnes plus âgées, une protection contre le risque de dépendre de l’aide sociale.
Asile. Le nombre de requérants d’asile a baissé entre 2016 et 2017 et cette évolution se reflète au niveau de l’aide sociale: 55 504 personnes avaient perçu une aide sociale en 2016, contre 50 714 en 2017. Dans le domaine des réfugiés en revanche, le nombre de bénéficiaires de prestations d’aide sociale a continué de croître: ils étaient 27 945 en 2017, soit 2401 de plus qu’en 2016.
Publication, graphiques et tableaux
Un sondage Eurobaromètre sur l’immigration dans l’Union européenne publié en avril 2018 montre que les populations européennes ont tendance à largement surestimer la présence d’étrangers non-européens dans leurs pays respectifs. «Surpopulation», «afflux massif» ou autres superlatifs imprègnent ainsi les migrations humaines d’une dimension disproportionnée, menaçante, sans nuance et sans rapport avec la réalité.
La dernière édition de «Vivre Ensemble» (N° 170, décembre 2018) vise à déconstruire le mythe d’une prétendue «invasion». Un dossier cartographique est consacré à cette problématique, ainsi qu’un décryptage sur les migrations africaines et une chronique sur l’Ouganda, l’un des pays qui accueille le plus de réfugiés au monde.
Cette publication est le fruit d'un travail pluridisciplinaire conduit par Pascale Ferrari, infirmière spécialiste clinique, et réalisé en collaboration avec les Services de psychiatrie communautaire et de psychiatrie générale du DP-CHUV et l'Institut et Haute Ecole de la Santé La Source.
Elle présente notamment les résultats de l'étude exploratoire sur le Plan de crise conjoint, un outil novateur dans le domaine de la santé mentale. Il s'agit d'un travail impliquant les milieux hospitaliers, institutionnels et communautaires, dans lequel tous les acteurs du réseau sont représentés, dont les patients par l'intermédiaire des pairs praticiens en santé mentale.
L'étude se conclut par une série de recommandations qui faciliteront sans doute l'implantation de ce Plan de crise conjoint. Grâce à elles le projet connexe «Promotion et implantation efficiente du Plan de crise conjoint» vient d'obtenir un soutien financier de Promotion Santé Suisse pour sa mise en œuvre en 2019-2020 ! Les institutions de soins hospitalières et ambulatoires, de l'hébergement et du domaine communautaire seront informées et invitées à y participer.
Lire aussi : Pascale Ferrari, Caroline Suter, Mathilde Chinet, Laura Elena Raileanu, Un plan de crise conjoint pour les patient·e·s, REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 21 novembre 2018.
« À première vue, la dépression ne semble pas favorable à la créativité puisqu'elle entraîne ralentissement des fonctions psychiques, apathie, désintérêt, troubles de concentration, inhibition, etc. Mais les liens entre la créativité et le spectre bipolaire ne peuvent se ramener à quelques considérations aussi simples et réductrices. […] Car les bipolaires ne sont pas que victimes de leur maladie, ils ne font pas qu'en souffrir : quelles que soient chez eux les interactions entre la créativité et la maladie, il est reconnu aujourd'hui qu'ils possèdent souvent à un degré supérieur aux autres les dons merveilleux de sensibilité, d'originalité, d'inventivité, d'inspiration et d'imagination. Les 204 personnalités mentionnées dans ce livre en sont l'irréfutable preuve. »
Comment la bipolarité et ses troubles se sont-ils manifestés dans la vie et l'œuvre de grands écrivains ? A posteriori et à l'aune des avancées médicales sur cette maladie, comment relire les écrits et les trajectoires de ces femmes et hommes ? Combinant immersion dans les textes littéraires et enquête sur le quotidien souvent tourmenté de créatrices et créateurs aux prises avec cette pathologie, l’auteur François Buhler compose un essai accessible, éclairant et passionnant.
En version papier ou numérique
Ce livre a été écrit en pensant aux parents d’adolescent·e·s, mais il est destiné plus largement aux adultes qui les rencontrent: éducateurs, enseignants, formateurs… Il parle de l’adolescence d’un point de vue psychologique orienté par la psychanalyse. L’adolescence, celle que nous rencontrons avec les adolescents avec lesquels nous sommes en lien mais aussi, et de manière indissociable, celle que nous avons vécue.
Ce livre se propose comme une boussole pour aborder les différentes problématiques que l’on peut rencontrer à l’adolescence, présentées sous la forme d’un abécédaire. Chaque article apporte un regard sur les processus qui traversent l’adolescence, sur les points de difficulté et sur les ressources ; en contrepoint, un fragment de texte littéraire ou clinique offre un pas de côté pour une compréhension sensible des manifestations adolescentes.
L’adolescence est abordée dans une conception dynamique, hors de toute vision pathologisante. L’adolescence représente un passage dans la vie de tout individu, un moment paradoxal de fragilisation et de relance, de possible désorganisation mais aussi d’espoir. C’est dans cet esprit que le parcours de ce livre propose un cheminement en terre d’adolescence, en tentant d’ouvrir des pistes pour penser les phénomènes, davantage qu’en proposant des réponses définitives.
Un répertoire d’adresses, dans les principaux pays francophones, complète ce livre et en fait un guide précieux pour les adultes qui s’interrogent.
L’Association professionnelle suisse du travail social AvenirSocial dresse un panorama complet de la situation de la formation et de l’emploi dans l’action sociale en Suisse.
Rappelons que seule la moitié des personnes actives comme travailleurs ou travailleuses sociales dispose d’une formation correspondante. Face à cette situation complexe et problématique, une campagne nationale a été lancée en 2017 pour promouvoir la formation.
Dans sa nouvelle publication, AvenirSocial met à disposition les faits et chiffres actuels, les informations de base fiables et précises en matière de formation et d’emploi dans le champ du travail social. Ces données devront permettre des analyses et positionnements ultérieurs en vue de la professionnalisation du travail social.
Compte rendu de la soirée de conférences et discussions sur le réchauffement climatique, organisée par les Grands-parents pour le climat, à l’UNIL, 29 novembre 2018.
Par Jean Martin
Devant les défis qui nous sont lancés quant à l’avenir de la planète et celui des générations futures, il est essentiel de promouvoir des échanges entre jeunes et moins jeunes - ou plus du tout jeunes, d’avoir un dialogue adéquatement informé. REISO a eu l’occasion de rendre compte des activités de l’association « Grands parents pour le climat » - GPclimat, lancée en 2014 en Suisse romande, qui compte maintenant une demi-douzaine de groupes régionaux et plus de 500 membres.
Jeudi 29 novembre, avec l’aimable et efficace collaboration de l’Université de Lausanne, en particulier de son Centre interdisciplinaire de la durabilité, dans le dicastère du Vice-recteur Benoit Frund, les GPclimat invitaient à une manifestation intitulée « Agir ensemble pour le climat ». Avec deux orateurs de haut vol : Martine Rebetez, figure de la climatologie de notre pays, et Jacques Dubochet, nobélisé il y a un an – et qui, dans les très nombreux interviews auxquelles il a été soumis, a souvent mentionné sa qualité de membre de la première heure des GPclimat. Le public a répondu à l’invitation, plus de 400 personnes dans une salle comble (on a dû demander aux jeunes présents de s’asseoir par terre pour laisser de la place aux seniors…).
Les exposés des conférenciers se sont révélés bien complémentaires, en décrivant la situation, les perspectives sombres au vu de développements exponentiels. M. Rebetez a montré comment, sur le Plateau comme en montagne, la période d’hiver s’est raccourcie (de près de dix jours chaque décennie dans le passé récent), et comment le nombre de jours où la température dépasse 30 degrés augmente sérieusement. J. Dubochet : « Nous sommes très bons à créer du savoir, nous sommes mauvais s’agissant de l’utiliser pour le bien de chacun » – formule illustrant ses engagements à la fois académiques et sociaux.
Une dimension neuve de la soirée était la participation d’une dizaine de groupes de jeunes, des Hautes Ecoles et au-delà, qui de multiples manières s’engagent pour des modes de vie plus durables et respectueux, notamment dans l’utilisation des ressources (non renouvelables, fossiles, surtout). Encourageant. Par des posters et en interrogeant les conférencier/ère, ils avaient l’occasion de présenter leurs démarches. Leurs questions ont porté sur les aspects politiques du combat pour le climat et le rôle de l’économie, parmi d’autres. Comment les citoyens, la société civile, peuvent-ils faire bouger les lignes ? L’idée d’un recours à la force est refusée mais pas celle d’une désobéissance civile non violente. Il a été relevé que le pouvoir des consommateurs est important (et nous sommes tous des consommateurs), en étant attentifs à la qualité des aliments ou équipements que nous achetons, à la manière dont ils sont produits, au coût de leur transport. Quelqu’un a dit « Je suis ce que je mange ».
Quelques phrases. Martine Rebetez « Le futur est forcément sans carbone. » Cela semble peu attrayant, pourtant, a-t-elle relevé, bien que des modifications radicales du style de vie soient requises, un monde sans carbone peut être plus agréable à vivre que celui d’aujourd’hui. Certains ont appelé de leurs vœux un Mai 68 climatique !
Jacques Dubochet, à une question sur la possibilité de stopper la dérive actuelle : « C’est possible parce qu’il le faut ! » Dans la foulée, il dit joindre le pessimisme du réalisme à l’optimisme de la volonté – ou de la nécessité.
Ce qui a frappé, ce qu’on sentait dans l’air, c’est un bouillonnement de volontés, d’énergies, une impression que quelque chose est en train de se passer. Anne Mahrer, ancienne conseillère nationale genevoise, co-présidente des « Aînées pour la protection du climat » qui ont entrepris une démarche judicaire pour contraindre le Conseil fédéral à faire plus en la matière, a parlé des vagues qui doivent devenir une déferlante.
Au chapitre des anecdotes, Martine Rebetez raconte: « Une jeune étudiante d’Yverdon est venue me parler de possibilités pour elle d’études pour contribuer à l’amélioration du climat. Elle m’a dit avoir rencontré une ‘Grand-maman pour le climat’ dans le métro à 17 h. 45, qui lui a dit où elle se rendait. Ni une, ni deux, elle a décidé de venir avec elle! » (la rencontre commençait à 18h. 15). En fin de débat, on a quitté les aspects scientifiques et politiques : des participants ont souhaité que nous entamions dans la joie les changements nécessaires, et avec la sagesse d’être à l’écoute de la nature. Bonne idée sans doute.
De nos jours, les Hautes Ecoles savent qu’elles doivent entretenir des liens avec la société civile dans l’étude et la gestion des défis du temps. L’hospitalité offerte par l’UNIL à une association « toute simple » est un excellent signe à cet égard. Le Vice-recteur Frund a noté : « Il n’y a pas d’expert diplômé en transformation » (de la société). Son espoir que de telles collaborations se poursuivent, pour développer des outils en commun.
Cette manifestation a été de nature à encourager, c’est très bien. Mais les réticences, atermoiements voire blocages, le climato-scepticisme en un mot, sont loin de n’être plus qu’une donnée historique. Pour finir, ce mot d’un participant : «Une hirondelle ne fait pas le printemps, on le sait bien, mais c’était une belle hirondelle !»
Le travail en EHPAD (l’équivalent français des EMS suisses) s’est complexifié ces dernières années. Les établissements accueillent des résidents de plus en plus dépendants et la réglementation s’est étoffée sans que les moyens augmentent suffisamment. La qualité de vie des résidents comme celle des professionnels en pâtissent.
Mener une démarche qualité permet d’agir localement à partir des besoins et des attentes des personnes âgées, en les impliquant ainsi que leur entourage, et en redonnant du sens au travail des personnels. Thierry Le Brun le montre dans cet ouvrage complet, ponctué de situations rencontrées au fil de ses expériences. Il décrit les textes, présente les acteurs, et détaille les droits et les libertés des résidents. Il livre ensuite des conseils pratiques pour le respect de ces droits, les prestations à fournir, l’organisation pour la qualité et l’évaluation à mener. Et conclut sur les perspectives qui s’ouvrent pour les établissements.
Un guide précieux pour les équipes d’EHPAD, les groupes d’établissements, les autorités, les résidents et les familles, abordant toutes les facettes de la qualité.
Thierry Le Brun est médecin gériatre, coordonnateur de l’EHPAD La Mémoire des Ailes et membre de l’équipe d’appui gérontologique de proximité de Marcheprime, en Gironde. Soucieux de la qualité du travail en EHPAD, il est devenu en 2013 évaluateur externe d’établissements et services sociaux et médicosociaux.
Améliorer la qualité et le bien-être en EHPAD, de Thierry Le Brun, Editions Le Coudrier, Collection Partage d’expériences, 2018, 186 pages.
Plusieurs événements organisés par des organismes membres d’Insertion Vaud ont réuni des jeunes en recherche de stages et de places d’apprentissage avec des employeurs potentiels de différentes branches d’activité.
Sur le mode de l’entretien express, les futurs apprentis avaient quelques minutes pour convaincre les entreprises de leur donner une chance.
Pour les employeurs (l’hôtellerie, la construction, Migros, Coop, CFF, CHUV, etc.), ces forums emploi sont l’occasion de promouvoir les métiers et les formations proposés au sein de leur structure, de rencontrer des candidats potentiels et d’offrir des conseils expérimentés. Certains le font par vocation sociale, d’autres en raison d’une pénurie de main d’œuvre, et la plupart pour un mélange des deux raisons.
Pour ceux à qui l’apprentissage standard fait peur, les employeurs vantent aussi l’existence de l’AFP, l’Attestation fédérale de formation professionnelle, un cursus de deux ans, moins exigeant que le sacro-saint Certificat fédéral de capacité. Selon l’expérience du CHUV par exemple, «c’est une voie possible pour ceux qui ont décroché. 99% des apprentis qui ont commencé avec un AFP ont ensuite pris la passerelle vers un CFC».
Source : Reportage réalisé par Insertion Vaud à Payerne pour la rencontre organisée par la Fondation Cherpillod, et à Lausanne pour la «Démarche Connexion-Ressources».
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
L’accès au meilleur soin a toujours et partout été inégal et inéquitable, pour des raisons économiques, géographiques, culturelles, idéologiques. Les besoins de santé des personnes et des populations ont toujours et partout été inégaux et inéquitables, pour des raisons génétiques, sociales, comportementales, environnementales.
Fortes paroles qui résument la situation constante qui constitue la raison d’être de la santé publique, à savoir l’ensemble des actions qui ont pour but la meilleure santé d’une collectivité.
La lecture du « Rapport sur la politique de santé publique du canton de Vaud - 2018-2022 » (58 pages) est recommandée pour qui se préoccupe des enjeux liés à notre avenir médico-sanitaire, notamment en termes de durabilité et de financement du système, de convivialité et de freinage d’une tendance à la désolidarisation. Quelques points forts.
Puissance et limites de la médecine. « Alors que la médecine apparait plus puissante que jamais grâces aux technologies, l’adéquation entre accès au soin et besoins de santé reste un défi majeur. Ceci concerne également l’équilibre des investissements en santé par rapport aux autres investissements. Le développement durable du système est menacé par les limites sans cesse repoussées des capacités diagnostiques et thérapeutiques. Tant que ces limites étaient supportables économiquement et incontestables éthiquement, les questions de limitation de prestations ne se posaient pas. Aujourd’hui la question se pose de savoir si tout ce qui est possible est forcément souhaitable. »
Politique publique saine - intersectorielle. Dans l’introduction au rapport, le chef du Département de la santé, Pierre-Yves Maillard, écrit: « Pour atteindre ces objectifs, il conviendra de développer des liens avec les autres stratégies du Conseil d’Etat qui se révèlent aussi être déterminantes pour la santé de la population. » Cela me rappelle cette formule notée il y a longtemps déjà : plus que d’une politique de santé publique, nous avons besoin d’une politique publique saine. Avec une vue d’ensemble, des stratégies « interministérielles » dans toute l’action gouvernementale et, idéalement, dans l’économie en général, pour promouvoir la santé plutôt que lui nuire. Le rapport précise par exemple la nécessité de « consolider les collaborations interdépartementales pour réduire les risques d’exposition aux polluants », de « mettre à disposition des entreprises des outils pour mieux comprendre les enjeux de la santé au travail ». Ailleurs est souligné le besoin d’« articuler le dispositif santé dans le cadre de la politique [générale] de l’enfance et de la jeunesse ».
Autonomie des patients/personnes. Le rapport s’engage fortement dans ce sens. « Chacun de nous doit rester sujet et non objet de soins, doit pouvoir être et rester autonome, tout en étant accompagné. Cette autonomie est un droit fondamental qui doit non seulement être protégé mais favorisé. » Ceci vaut aussi pour les enfants et les jeunes et il s’agit donc de « renforcer la prise en compte de leurs droits à l’autodétermination, du respect de leurs valeurs, et favoriser leur implication. »
« Le soin juste ». « Le soin juste est équitable, car il répond au risque d’inégalité sociale et applique un ‘universalisme proportionné‘, respectueux du choix éclairé de la personne, autant que possible exercé dans son cadre de vie. Il ne dépend d’aucun préjugé de condition sociale, de genre, de culture. Le soin juste est d’abord un acte relationnel et secondairement une prestation. »