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Les «marchands de maladie» entravent les mesures de prévention contre les addictions à l’alcool, le tabac ou les jeux d’argent. L’argument de la liberté individuelle ne doit pas faire oublier les autres responsabilités de l’Etat.
Par Dr Jean Martin, ancien médecin cantonal (Vaud), ancien membre de la Commission nationale suisse d’éthique
ndlr Cette intervention a été présentée lors de la séance d’ouverture du Symposium international sur le jeu excessif à Fribourg le 27 juin 2018. L’auteur résume en quelques points forts les enseignements de son parcours professionnel mené dans la santé publique et la prévention.
© Tomasz Zajda / Fotolia
Je vais relever quelques éléments généraux en termes de santé publique et de politique de santé. Ils résultent de mes diverses expériences en tant que médecin cantonal et concernent les addictions, alcool, tabac et substances illégales, mais également les enseignements tirés de la saga du VIH/sida ou d’autres enjeux politiques et économiques récurrents.
1. Les sociétés libérales comme la Suisse ne sont pas très intéressées à mener des actions préventives précoces et fortes. Ces actions de prévention primaire souhaitent mettre des barrières, au moins une distance, entre les éléments menant à l’addiction et les personnes à risque ainsi que le public en général. Dans ces sociétés, les décideurs et autres influenceurs tendent à minimiser les risques et demandent des preuves catégoriques et en quantité avant de se laisser « émouvoir ». Avant d’affirmer clairement les dangers liés aux comportements ou substances et avant d’y consacrer des ressources. C’est notamment à cette réticence, cette tendance à dire « attendons de voir les dégâts, on avisera ensuite » qu’on peut attribuer le refus par le parlement national, il y a quelques années, d’une loi fédérale sur la prévention.
2. Le prétexte grossièrement exagéré à cet égard est celui de la liberté individuelle. L’argument est que les citoyens sont adultes et responsables et qu’ils savent choisir. Le cas échéant, ce n’est pas à l’Etat de les empêcher de vivre à leur guise, même si cela représente des risques majeurs pour leur santé, risques pour lesquels toutefois les pouvoirs publics devront payer quand ils se concrétisent en maladies. S’agissant spécifiquement des addictions chez les mineurs, des questions doivent sérieusement se poser sur leur autonomie et leur influençabilité. Autre point important : se souvenir que notre libre détermination est bien plus influencée par les matraquages publicitaires multiples nous incitant à des comportements et des consommations délétères que par les efforts pédagogiques de la santé publique. Cette dernière dispose de peu de moyens alors que, de l’autre côté, on ne voit guère de limite aux ressources consacrées à faire passer « fake news » et messages attrayants.
3. On tend à négliger les effets délétères des addictions sur l’entourage. Pour le moins, ils ne reçoivent pas assez d’attention. La santé publique a appris que maladies et accidents dépendent largement du milieu dans lequel ils surviennent. Les dommages ne concernent pas seulement celles et ceux qui sont directement touchés mais aussi leurs proches : précarité sociale voire misère, déstructuration familiale, difficultés psychosociales et scolaires, violences multiples. Nous devons marteler qu’il est impératif d’avoir une vue systémique et de considérer la causalité multifactorielle des situations pathologiques. Il faut rappeler que la liberté, dont certains se réclament à grands cris, consiste à pouvoir tout faire ce qui ne nuit pas à autrui, selon l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Or, les addictions à des comportements ou substances font beaucoup de tort à autrui… en particulier aux proches des personnes concernées elles-mêmes.
4. Pour accélérer l’action publique, j’aimerais souligner l’importance de la militance, notamment celle des milieux de la société civile. On connaît les « Anonymes » (Alcooliques, Narcotics, Nicotine, Gamblers), ils sont en général discrets. Mais certains sont beaucoup plus vocaux, comme le montre par exemple le film « 120 battements par minute », de Robin Campillo (2017), qui décrit la lutte forte, bousculante, d’Act Up en France dans les années 1980. Cette association a confronté les pouvoirs publics à leur manque de décision et même leur manque de conviction dans le traitement et la prévention du VIH/sida. J’ai vivement vécu comment l’épopée sida nous a beaucoup appris sur l’action de prévention et d’« advocacy » au sein de la société. S’agissant des dégâts spécifique du jeu excessif, il est probablement difficile d’être aussi percutant que, il y trente ans, devant la mort de tant de personnes jeunes dans des conditions qui marquaient les esprits.
5. Il importe de parler des « marchands de maladies», les «disease mongers ». Ils manufacturent, offrent, rendent attrayant et poussent à consommer. Ici à nouveau, c’est le grand combat entre la liberté, y compris celle de faire de la publicité, et la santé avec son volet prévention. Big Tobacco n’a montré aucune retenue dans ses campagnes et ses guerres pour discréditer les études épidémiologiques sérieuses et catégoriques et financer des recherches biaisées. Aujourd’hui encore, les marchands de maladies financent des évènements artistiques et même sportifs. Ce qui est tout de même un comble ! Pour le jeune professionnel engagé que j’étais il y a longtemps, voir comment ces entreprises pathogènes ne reculaient devant pratiquement rien (falsification des faits, mensonges, corruptions, manœuvres dilatoires) pour s’opposer à toute limite raisonnable, décente, mise au marketing de leurs produits a été un véritable choc. Je croyais encore à un minimum d’éthique, y compris dans le business. Des décennies plus tard, cela continue. Et, à cet égard, les ressources semblent inépuisables pour minimiser les dégâts, pour nier, pour influencer et s’opposer à la protection de la santé.
6. Les démarches de lobbying néfaste, bien souvent clandestin, s’étendent au plus haut niveau. On a bien démontré comment Big Tobacco, entre autres, a pu infiltrer commissions d’experts, milieux universitaires, y compris près d’ici à Genève, et des instances internationales comme l’OMS. Big Food, y compris Big Sugar, ne sont pas en reste : on voit en ce moment la grande difficulté, aux Etats-Unis par exemple, à introduire des mesures simples et pourtant efficaces pour limiter les conséquences délétères d’une alimentation trop riche en sucre. Les lobbys de l’alcool sont actifs eux aussi et, dans un pays comme le nôtre, bénéficient de trop de bienveillance. Big Gambling n’échappe pas à la règle. C’est une lutte dure, de tous les jours. Trop souvent on se croirait dans un roman de John Le Carré.
7. La vigilance et l’« advocacy » restent de mise même lorsque des ressources sont rendues disponibles pour la prévention et le traitement. Les politiques et les milieux des jeux de hasard et d’argent ont obtenu qu’un pourcentage des recettes soit consacré à ces programmes. Les choses se sont développées dans une atmosphère de bonne compagnie. Mais il faut se souvenir que les secteurs commerciaux concernés ne vont jouer le jeu (si je peux ici utiliser cette expression !) que s’ils sont constamment maintenus sous pression. Dès que le suivi se relâcherait, les bonnes dispositions affichées s’affaibliraient rapidement.
8. Une question à évoquer enfin, du point de vue de la responsabilité des pouvoirs publics, est de savoir s’il est judicieux ou non que la prise en charge de préoccupations de santé et sociales qui peuvent toucher tout un chacun soit financée par des contributions affectées en provenance des secteurs «marchands de maladie». D’un côté, il y a une logique à le faire, analogue à celle du pollueur-payeur. Mais de l’autre, on peut penser que les taxes que prélève l’Etat sur des activités ou produits menant à l’addiction devraient entrer dans ses recettes générales plutôt que d’être d’emblée spécifiquement attribuées. La bonne détermination va dépendre des lieux et circonstances. Les deux modèles peuvent être jouables si la démarche est adéquatement suivie et encadrée.
« Il y a le monde du travail où je fais un job qui ne m’intéresse pas et puis auquel je ne crois pas, et puis le monde du bénévolat où je fais quelque chose qui m’intéresse et auquel je crois. » Ariane est l’une des bénévoles interviewées dans le cadre de la recherche présentée dans ce Cahier, qui vise à interroger le pouvoir d’agir, en particulier dans le champ de l’activité bénévole.
Cette recherche s’inscrit dans une approche sociologique et biographique et adopte une épistémologie compréhensive. Des entretiens avec des personnes âgées de 37 à 63 ans ayant un parcours bénévole significatif sont restitués sous forme de portraits et analysés sous l’angle du pouvoir d’agir. Il s’agit de comprendre comment se construit l’engagement, comment se font les choix, selon quelles valeurs, quels types de reconnaissance y sont perçus et comment cet engagement s’articule avec les autres sphères de vie. La part intentionnelle et contributive des actrices et acteurs bénévoles est mise en exergue et permet de mieux saisir un pouvoir d’agir en situation.
L’enjeu central est de comprendre comment les personnes développent ou renforcent leur capacité d’agir sur le monde et pour elles-mêmes, en particulier par l’intermédiaire de leur engagement bénévole. La sphère bénévole apparaît alors comme un lieu de développement du pouvoir d’agir.
Saskia Weber Guisan est collaboratrice scientifique et enseignante à l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle. Ses recherches portent sur les différents lieux et formes d’apprentissage ainsi que sur la reconnaissance et validation des acquis de l’expérience. Elle accompagne également des enseignant·e·s en formation pédagogique ou dans leur parcours.
Service social spécialisé pour immigré·e·s, la Fraternité a une nouvelle brochure de présentation de ses prestations. Elle présente les lieux et les horaires des quatre Permanences Info-Conseil Migration disponibles dans le canton de Vaud. Elle rappelle aussi les destinataires de son activité et ses compétences spécifiques.
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En 2017, l’Office fédéral de la statistique a dénombré 7,861 milliards d'heures de travail dans le cadre professionnel. Quelques chiffres clés.
Entre 2017 et 2018, le Canton de Vaud a enregistré une baisse de 17.2% du nombre de jeunes à l'aide sociale. Le nombre total des bénéficiaires du revenu d’insertion a également diminué de 2.2%.
Le nouveau dispositif de l’aide sociale vaudoise a produit les effets escomptés : entre janvier 2017 et mars 2018, près de 1000 jeunes âgés de 18 à 25 ans ont pu être orientés vers l’insertion par la formation plutôt que vers l’aide sociale. Ils ont ainsi bénéficié de mesures de transition, de préapprentissages ou d’études. Parmi eux, 800 ont déposé une demande de bourse. 49% l’ont obtenue, 27% sont encore en cours de traitement et 24% ont reçu une décision de refus.
Les mesures visent les jeunes qui, à la fin de leur scolarité obligatoire, ne vont pas au gymnase, ne suivent pas un raccordement, n’ont pas trouvé de place d’apprentissage et sont d’accord de s’impliquer dans des démarches d’insertion. Il s’agit de 15 à 20% des jeunes achevant la 11e année Harmos et qui, à ce moment crucial de leur vie, peinent à forger un projet de formation initiale.
Concrètement, des mesures facilitent l’accès aux filières des apprentissages CFC et AFP de ces jeunes en transition. Le Canton a également augmenté son soutien au modèle des réseaux d’entreprises formatrices. A ces mesures s’ajoute le développement, sous la forme pilote, d’un apprentissage en formation mixte, plein temps et dual. Un dispositif destiné à intégrer professionnellement de jeunes migrants est aussi déployé. Il prévoit la prise en charge de 90 migrants en formation duale prolongée et de 10 migrants en places de préapprentissage. La durée de leur formation et leur encadrement sont adaptés à leurs besoins particuliers.
Un deuxième train de mesures est en préparation. Il vise à prévenir les ruptures en apprentissage et à faciliter, à l’instar de ce qui se fait en Suisse alémanique, encore davantage l’accès à la filière de l’apprentissage en 2 ans AFP. Délivrant un certificat professionnel de niveau fédéral dans quelques métiers à qualifications modestes, elle peut ensuite être prolongée vers le CFC.
Le Canton de Vaud vise la création, en 2018, de quelque 310 nouvelles places d’apprentissage pour ces jeunes en recherche d’insertion professionnelle.
Du côté des sexagénaires, les prestations complémentaires pour les familles et de la rente-pont ont également eu les effets escomptés. Plus de 600 nouvelles rentes-pont ont été octroyées en lieu et place du revenu d’insertion. Entre 2017 et 2018, le nombre de personnes de 60 ans et plus à l’aide sociale a diminué de 23.3%.
Source : Etat de Vaud
Chaque année, entre 30 000 et 50 000 enfants vivant en Suisse sont adressés à une organisation spécialisée : des enfants qui ont besoin d’aide et de soutien parce qu’ils sont victimes de violence physique ou psychique, de négligence, de maltraitance sexuelle ou parce qu’ils sont témoins de violence conjugale. C’est ce que montre l’étude Optimus réalisée par la Haute École spécialisée de Lucerne et l’Université de Lausanne. Ces résultats font apparaître clairement que la protection que reçoit l’enfant dépend aussi de l’endroit où il vit, de son âge ou de son sexe.
La brochure, rédigée par la journaliste indépendante Conny Schmid, en étroite collaboration avec l’équipe de recherche et validée par des experts du domaine, présente un condensé des principaux résultats de l’étude.
Andreas Jud (professeur à la HES Lucerne – Travail social), René Knüsel (professeur, directeur de l’Observatoire de la maltraitance envers les enfants de l’Université de Lausanne), et Jana Koehler (professeure à la HES Lucerne – Sciences informatiques) avec la collaboration de leur équipe de recherche, ont conçu l’étude ainsi que sa méthodologie et se sont occupés de la collecte des données et de leur évaluation.
Les résultats de l’étude Optimus, ainsi que les expériences acquises grâce à la fructueuse collecte de données, constituent un premier pas vers une vigilance régulière et systématique des mauvais traitements envers les enfants en Suisse. Car les problèmes ne peuvent être identifiés et les lacunes comblées que si l’on dispose de données exhaustives. Et c’est un devoir politique que de faire avancer les choses dans ce domaine.
Lire aussi l’article «Enfance maltraitée : la mesurer pour agir», Hakim Ben Salah, Thérèse Cuttelod et René Knüsel, REISO, revue d’information sociale, mis en ligne le 16 février 2015.
Comment les nouveaux savoirs scientifiques se traduisent-ils dans le quotidien des sage-femmes? La revue bilingue Sage-femme.ch de la Fédération suisse des sages-femmes, consacre son dossier à cette question.
En quelques décennies, le suivi des femmes avant, pendant et après la naissance d’un nouveau-né a énormément changé. Infirmière-cheffe au Département de gynécologie-obstétrique-pédiatrie à l’Hôpital fribourgeois (HFR), Bernice Fagan Tournier décrit toutes les innovations qu’elle a suivies au cours de ses trente années de pratique professionnelle dans diverses institutions romande et dans d’autres pays.
C’est du côté de la formation des sages-femmes que les changements ont été les plus importants. Elles ont désormais des connaissances scientifiques beaucoup plus approfondies et des compétences en recherche. Leur rôle dans les équipes interdisciplinaires est désormais reconnu et écouté. «Les sages-femmes ont initié des changements pour tout ce qui concerne la prise en charge mère-enfant, les positions différentes pour l’accouchement, l’allaitement, le peau à peau, les bains des bébés.» La manière de réfléchir et d’agir a également changé grâce aux pratiques basées sur les savoirs qui leur donnent confiance en elles. Plus leurs connaissances sont poussées et complétées par des formations continues, plus elles sont sécurisantes pour les patientes.
Dans ce contexte pourtant, la connaissance du terrain reste essentielle : la sage-femme doit toujours savoir faire les gestes et, pour cela, elle doit pratiquer. Pour Bernice Fagan Tournier, l’«académisation» de la profession ne modifie pas pour autant l’essence du métier : travailler dans l’intimité d’une vie de couple pour aider à la naissance avec un maximum de sécurité et dans le respect de l’autonomie des parents.
L’interview complète de Bernice Fagan Tournier, par Cynthia Khattar, en format pdf
En savoir plus sur la Fédération suisse des sages-femmes et les abonnements à la revue
L’assurance-invalidité fédérale (AI) a octroyé en 2017 des prestations à quelque 432’000 personnes. Grâce à des recettes de 10 milliards de francs pour des dépenses de 9,2 milliards, l’assurance a enregistré un résultat de répartition positif de 800 millions de francs.
Rentes. Avec 5,3 milliards, les rentes représentent la plus grande part des dépenses. Sur les 249 000 rentes d’invalidité versées, 219’000 l’ont été en Suisse et 31’000 à l’étranger.
Mesures de réadaptation. Ces mesures individuelles qui visent l’intégration de personnes invalides ou menacées d’invalidité ont été octroyées à environ 200’000 assurés pour un total de dépenses de 1,8 milliard de francs. Les mesures médicales viennent en tête avec 106 000 prestations (fournies essentiellement à des enfants atteints d’infirmités congénitales), suivies par la remise de moyens auxiliaires à 66 000 personnes. L’AI a également fourni à 41’000 personnes des prestations visant l’intégration professionnelle, pour un montant de 690 millions de francs.
Population. De 2005 à 2017, le pourcentage de rentiers AI par rapport à la population assurée n’a cessé de baisser et est passé de 5,3% à 4,1%.
Réaction de Agile.ch, la faîtière des organisations de personnes avec handicap
La médiation est-elle une fonction du travail social ou un métier en soi ? L’objectif de ce numéro d’ActualitéSociale, la revue spécialisée d’AvenirSocial, n’est pas de mettre un terme définitif au débat mais de nourrir la réflexion. Comment médiation et travail social se différencient et s’apparentent, d’un point de vue étymologique, dans la pratique, dans l’enseignement HES, dans les écoles, dans la médiation urbaine, dans l’art et la culture ?
Au sommaire :
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Dans un contexte de réingénierie des formations et des métiers du social, trois personnalités françaises, diversement situées et engagées sur ce terrain, engagent ici un dialogue thématique sur les arcanes du travail social.
Trois points de vue, correspondant à trois cultures différentes, sur sept questions décisives du travail social : Michel Chauvière, chercheur sociologue, Dominique Depenne, de formation philosophique et Martine Trapon, assistante sociale, de culture psychanalytique, aujourd’hui directrice d’une école pour travailleurs sociaux.
Cet ouvrage explore le génie caractéristique du travail social, le terme «génie» étant à entendre dans deux acceptions indissociables :
Une rencontre-débat sur ce livre aura lieu le 7 novembre 2018 à Lausanne, à la librairie Basta !, Petit-Rocher 4. Rencontre animée par Christophe Pittet, directeur du Pôle autonome en recherche sociale
Le programme de prévention des violences Sortir Ensemble et Se Respecter (SE&SR) a désormais son site internet.
Le programme vise à prévenir les violences dans les relations amoureuses entre les jeunes. Il est construit sur 9 séances d'environ 1h15 et s'adresse à des jeunes à partir de 13 ans. Scènes de la vie quotidienne, jeux de rôles, discussions et autres animations sont menés dans des groupes de 6-12 jeunes co-animés par un binôme d'animateurs et d'animatrices formé-e-s.
Le site internet dédié à Sortir Ensemble et Se Respecter vient d'être mis en ligne. Il informe sur le programme, sur ses modalités de mise en œuvre, propose des fiches d'information sur la violence dans les relations amoureuses et donne les coordonnées des personnes de référence dans les cantons en cas d'intérêt.
Lire sur ce thème :
Dans le cadre du Projet national Alcool, l’association romande CIAO a mis en ligne le site intitulé Bourré·e de savoir destiné aux 16-20 ans de Suisse romande.
Inspirée des principes de l’entretien motivationnel, cette plateforme fournit de multiples informations sur les risques liés à la consommation d’alcool tout en misant sur le non-jugement et l’autonomisation des jeunes.
Le site est lancé le 24 mai 2018 à l’occasion de la Journée nationale sur les problèmes liés à l'alcool. L’objectif est d’inciter les jeunes romand·e·s à réfléchir de manière autonome à leur consommation et de leur donner les outils pour prendre des décisions en connaissance de cause.
Le projet Bourré·e de savoir veut sortir des schémas en proposant un outil inspiré des techniques de l’entretien motivationnel. Les jeunes sont reconnu·e·s dans leurs besoins de découvrir par eux-mêmes et évaluent, sans injonction, les conséquences de leur consommation d’alcool.
Avec des pointes d’humour, un visuel coloré et dynamique ainsi qu’une communication sur les réseaux sociaux, CIAO veut offrir aux jeunes un outil qui leur parle et leur donne envie de s’informer. Adapté pour une navigation mobile, le site répond à des questions très pratiques comme « A-t-on le droit de rouler à vélo si on a bu ? » ou encore « Est-ce que les effets de l’alcool diminuent en cas de consommation régulière ? ». Tests sur leur consommation, quiz et conseils sont là pour renforcer leurs compétences en santé.
Source : Ciao, mai 2018
L’ouvrage propose une série de métasynthèses évaluant les instruments socio-économiques et formatifs voués à l’insertion professionnelle de travailleurs issus des migrations, dans les pays de l’OCDE.
A travers la littérature scientifique et institutionnelle, une vingtaine de types de dispositifs sont observés, comme des programmes de formation, d’orientation ou d’accompagnement de chercheurs d’emploi d’origine étrangère. L’approche a pour objectif d’identifier les dispositifs les plus efficaces de formation et d’accès au travail.
Quels sont les points communs et les spécificités de ces pratiques au sein des contextes sociopolitiques dans lesquels elles se déploient ? Quels sont les résultats de ces instruments d’intégration sur les publics cibles, sur les structures qui les mettent en œuvre, ainsi que sur le marché de l’emploi dans lequel ils interviennent ? Et, surtout, quelles leçons politiques et pratiques tirer de ces constats ?
Sur ce thème, la Lettre de l’IRFAM publie un article d’Isabelle Vauthey sur son travail de bachelor à la Haute Ecole de travail social – Fribourg : «L'avenir incertain des jeunes avec des troubles psychiques: l'expérience suisse», pp. 23-26.
Altay Manço est directeur scientifique et Joseph Gatugu chercheur à l'Institut de recherche, formation et action sur les migrations (IRFAM)
Vous pensez que le plaisir et l’équilibre alimentaire ne vont pas ensemble ? Vous êtes en panne d’idées pour cuisiner ? Vous aimeriez savoir comment préparer de bons petits plats équilibrés ? Ne cherchez plus !
Toutes les deux semaines, les étudiant-e-s en Nutrition et diététique de la Haute Ecole de la santé Genève proposent une recette à la fois saine et originale par le biais du projet Cook’Eat.
Chacune d’entre elles a été réalisée sur la base de recommandations nutritionnelles reconnues en portant une attention particulière au plaisir de manger. Pour correspondre à ces critères, les étudiant-e-s ont apporté leur expertise en nutrition afin de sélectionner et doser tous les ingrédients.
Bon et sain c’est possible ! Chaque recette a été testée et validée par un panel de diététiciens et cuisiniers. Vous en trouverez pour tous les goûts, tous les âges et toutes les saisons.
Les recettes comprennent également quelques trucs et astuces nutritionnels et techniques pour devenir incollables sur la préparation de mets équilibrés et gourmands.
La tyrannie infantile exercée sur les parents et l’entourage par des enfants ou des adolescents figure parmi les derniers tabous de la société contemporaine. Comment expliquer cette maltraitance psychologique parfois physique des cadets à l’égard de leurs aînés? En l’espace de trois générations, les enfants sont passés du statut de vassal à celui de roi. Ils cristallisent aujourd’hui une affection débordante qui appelle à un véritable sacrifice des parents.
Et pourtant, dans sa pratique de psychothérapeute et de superviseur, le Dr Philip D. Jaffé rencontre beaucoup de parents désillusionnés par l’attitude de leur enfant, non conforme à leur idéal initial. Ces familles, soucieuses de comprendre et de corriger les dysfonctionnements de leur progéniture, se sentent souvent coupables d’être de « mauvais parents ». Mais il n’y a pas de fatalité. Il existe des moyens éprouvés de reconstituer un lien intergénérationnel rompu ou nocif.
La Fondation Relais Enfants Parents Romands (REPR) a mis en ligne le Guide REPR des Prisons pour les familles dont un proche est en détention.
Une quinzaine d’établissements pénitentiaires romands ont désormais leur fiche signalétique très complète (liste des établissements). Vous y trouverez notamment des informations pratiques sur les visites, avec les horaires et les conditions spéciales réservées aux enfants ; les possibilités de contacts téléphoniques et par internet, les modalités d’envoi de courriers et de colis ; mais aussi les possibilités de travail et de formation, les coordonnées des services médicaux, sociaux ou spirituels, ainsi que l'accès en transports publics ou en voiture, à chaque lieu de détention.
Une quinzaine d'établissements pénitentiaires romands y figurent et ce nombre va croître au fil du temps... N'hésitez pas à revenir le consulter afin d'y découvrir de nouveaux établissements.
Libre à vous de le lire sur votre ordinateur, votre téléphone portable ou votre tablette. Vous pouvez également télécharger (et imprimer) une fiche au format PDF. Elles comptent en général 10-12 pages.
REPR espère que ce guide permette aux personnes touchées par la détention d'un proche en Suisse romande de mieux appréhender le monde de la prison.
Roger Gil est neuropsychiatre et a été doyen de la Faculté de médecine de Poitiers. Il est engagé de longue date dans le domaine de la bioéthique, dont il a introduit l’enseignement dans son université, y compris en sciences politiques. Il publie cet ouvrage très fourni et complet en se référant régulièrement aux valeurs françaises dites républicaines mais en accordant un intérêt réitéré aux options théoriques et pratiques dans d’autres pays et contextes socio-culturels.
A côté de thèmes qu’on peut dire classiques, notamment les enjeux éthiques des greffes d’organes, de la vie commençante (y compris procréation assistée) et finissante, il se penche aussi sur la problématique des coûts de santé et de leur régulation, la médecine prédictive, les soins sous contrainte, le pacte d’Ulysse à propos de directives anticipées en psychiatrie (Ulysse qui ordonne à ses compagnons, dont il y a bouché les oreilles, de l’attacher au mât et de ne lui obéir en aucun cas quand il entendra le chant des sirènes), la laïcité ou le transhumanisme.
Respect de la vie, éthique. Si la vie humaine est une valeur républicaine, son respect comporte des exceptions dont certaines sont universelles et d’autres variables d’un pays à l’autre : ainsi pour la peine de mort, le statut de l’interruption de grossesse ou les soins et démarches en fin de vie. Sur ce dernier sujet : « Les réponses de la République ont été les soins palliatifs, la règle du double effet, le droit à la sédation profonde jusqu’à la mort. D’autres pays ont choisi la voie du suicide assisté et de l’euthanasie. Mais le respect est rassemblé dans les relations interhumaines dans deux principes. Le premier, minimal et universel, est celui de non-malfaisance ; le second, optionnel, est celui de bienfaisance. » Une remarque générale : « Le monde de la santé doit, à l’image de la société, éviter l’écueil d’une éthique maximaliste, où la bienfaisance dériverait vers le paternalisme, et celui d’une éthique minimaliste qui se satisferait de la seule non-nuisance à autrui. »
Soins palliatifs et aide à mourir. Gil insiste à juste titre sur l’importance des soins palliatifs, tout en montrant une vraie crainte que l’introduction éventuelle d’assistances à mourir se fasse au détriment de leur développement. « La légalisation d’une aide active à mourir introduirait une culture euthanasique à contre-courant de la culture palliative. Car il ne s’agira pas de limiter l’euthanasie aux échecs des soins palliatifs mais d’instituer, au nom de l’autonomie, un nouveau droit ». C’est là un postulat de sa part, regrettable, avec lequel il convient de diverger au vu des expériences faites ailleurs. En effet, même si les palliatologues ne sont pas unanimes et si certains craignent vivement des « pentes glissantes » vers l’euthanasie, la tendance s’affirme qui montre que soins palliatifs et aide à mourir ne sont pas antagonistes - voir notamment les travaux de G.D. Borasio, de Lausanne (ndlr Lire cette réflexion sur son dernier livre). En France, le Dr Véronique Fournier (ndlr Lire cette recension de «La mort est-elle un droit») montre que médecine palliative et, par exemple, sédation terminale peuvent être complémentaires, devenant des « soins palliatifs intégraux », et contribuer à une meilleure prise en charge.
Procréation médicalement assistée. Gil parle de « confusion française », évoquant par exemple la paternité post-mortem ou la pénurie d’ovocytes. Sur la question de plus en plus aiguë de l’accès à ses origines, la France maintient pour l’instant l’accouchement sous X et l’anonymat des donneurs. Gil : « En matière de bioéthique, la France n’en est pas à un paradoxe près […] la question posée à la conscience de chacun est de savoir si l’accès aux origines doit ou non être considéré comme un droit fondamental et s’il est acceptable que la République détienne des renseignements sur des citoyens et refuse de les leur communiquer. » A noter aussi la présentation de la saga des débats récents autour de la GPA, ou grossesse pour autrui, en France.
Spiritualité et laïcité. « La spiritualité ne menace pas la laïcité puisqu’elle renvoie à la liberté de pensée dont se porte garant l’Etat. La dimension spirituelle est constitutive de l’humain et l’attention à la spiritualité est une nécessité éthique. Encore ne faut-il pas se méprendre sur les missions des professions de la santé et pointer le danger d’un amateurisme relationnel. Le soignant n’est pas un directeur spirituel. Sa mission est de permettre aux besoins spirituels de s’exprimer et à la personne malade, si elle le souhaite, d’accéder à un aumônier. »
Les valeurs. « La méditation sur les valeurs impose à chacun de se sentir comptable d’une humanité angoissée par sa finitude, tourmentée par le mal commis et par le mal subi et qui, dans le clair-obscur des parcours de vie, doit tenter de ne pas céder aux mirages. »
Les grandes questions de bioéthique est un ouvrage très complet, richement informé et argumenté, équilibré, de lecture aisée.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
La procréation médicalement assistée (PMA) est une épopée médico-psycho-socio-juridico-éthique. Dans un sens socio-historique, j’évoque ici des questions soulevées lors d’un Colloque à l’Institut suisse de droit comparé de Lausanne, en 1985, auquel j’avais participé. Il réunissait un groupe interdisciplinaire (majorité de juristes toutefois) de 120 participants et a donné lieu à une publication (ci-dessus) que je viens de retrouver récemment dans ma bibliothèque et que j’ai relue. Je fais référence et donne des extraits en particulier à la contribution de la psychiatre zurichoise C. Ernst.
Critères de refus. « La question est relativement urgente de savoir si nous disposons de suffisamment de données scientifiques pour diviser les couples infertiles entre ceux qui élèveront un enfant raisonnablement normal et ceux qui ne pourraient le faire. Il faudrait des études longitudinales adéquates et il n’est guère nécessaire de relever que de telles études n’existent pas et n’existeront peut-être jamais. » Problématique qui reste pour une bonne part inchangée.
« Que savons-nous des facteurs de risque parentaux ? Les risques au détriment de l’enfant sont une discorde parentale durable et une irritabilité et hostilité vis-à-vis de l’enfant (par exemple alcoolisme, personnalité antisociale, trouble mental). En présence de ces risques, il est justifié de refuser un traitement. Au reste, il est peu probable qu’une dépendance alcoolique ou une personnalité pathologique n’attire pas l’attention au cours d’une assez longue prise en charge, et il n’est pas essentiel d’employer un team de psychologues, psychiatres et travailleurs sociaux pour diagnostiquer des situations plutôt claires (clear-cut). » L’auteure émet des réserves à l’endroit d’évaluations trop fréquentes du registre psy au vu d’une « importante zone grise de traits psychologiques (chez les parents) dont la pertinence pour l’éducation des enfants est inconnue ».
« Nos connaissances sur le futur d’un éventuel enfant sont si incertaines. » L’auteure (rappelons-le, c’était en 1985) fait référence à plusieurs études montrant que le devenir d’enfants nés après insémination artificielle par donneur (IAD) se développent favorablement. Nous en savons plus aujourd’hui et les travaux scientifiques vont dans le même sens.
Anonymat des donneurs. C. Ernst fait référence à un Rapport Benda de 1985, en Allemagne, proposant que l’identité du donneur soit révélée. Elle n’est pas d’accord : « Le postulat selon lequel une personne qui ne connaît pas ses parents biologiques est à plus haut risque ne peut pas être soutenu, au vu des suivis d’enfants adoptés. » Elle est réservée vis-à-vis d’une loi anglaise de 1975 disposant que les adoptés aient accès à leurs certificats de naissance à l’âge de 18 ans. A propos de PMA : « Fixer par la loi un tel accès transformerait toute la situation des couples infertiles et des donneurs (…) Pas de raison d’attendre que ce changement serait une amélioration. L’allégation en Suède que cela mènerait à de ‘meilleurs donneurs’ est à ce stade hypothétique. » Le professeur belge R. Dierkens sur la situation dans son pays : « L‘obligation du secret médical existe. Le donneur ne sera jamais informé du devenir de son sperme, la personne qui le reçoit ni l’enfant conçu ne connaîtront jamais le donneur. Ce point de vue est unanimement accepté par la déontologie médicale et la doctrine juridique » à cette époque (!?).
O tempora, o mores… De plus en plus, l’accès à ces données est assuré. La France, qui maintient l’anonymat, est bien isolée, et contestée. En vérité, si je suis aujourd’hui opposé à l’anonymat, je m’étais exprimé en sa faveur à l’époque… en raison de craintes de déstabilisation psychologique des personnes qui se sont avérées infondées.
lnsémination d’une femme veuve. C. Ernst, assez catégorique, se prononce sur l’usage de sperme après le décès du mari-donneur : « On doit constater un usage inadéquat d’arguments psychologiques contre la fécondation d’une veuve. Le Rapport Warnock britannique de 1984, remarquable par ailleurs, ne l’accepte pas. Pourtant, nous avons beaucoup de données épidémiologiques montrant que le fait d’être orphelin n’est pas un facteur de risque alors que celui de grandir dans un foyer brisé par le divorce en est un considérable. »
Ce sont là des exemples. Intéressant de voir les évolutions. Sur certains points (comme l’usage de sperme ou d’embryons post mortem), les positions sont restées majoritairement réservées ou négatives. Alors que, avec l’accent mis sur le droit de connaître ses origines, l’anonymat est de moins en moins accepté. En général, on a vécu une tendance claire à l’assouplissement et à l’élargissement des conditions d’accès à la PMA.
Aide-soignante, préposée aux bénéficiaires, auxiliaire polyvalente ou encore accompagnatrice à domicile sont autant de métiers, le plus souvent au féminin, mal connus, effacés, parfois oubliés, jouant pourtant un rôle essentiel dans le soutien des personnes atteintes de handicaps, âgées, malades ou mourantes. Leur contribution est essentielle au maintien de la dignité de ces personnes.
Cet ouvrage a pour ambition de mieux comprendre ces métiers, en prêtant une attention aux collectifs de travail, à la nature des tâches, aux apprentissages et aux conditions de leur réalisation, aux multiples « arts de faire » dans l’accompagnement et les soins au sein d’univers très contraints. Au travers de ces métiers, sur lesquels il invite à jeter un regard différent, l’ouvrage cherche également à mieux saisir les transformations des dispositifs sociosanitaires dans différents pays (Belgique, France, Suisse, Québec), les divers établissements de soins et secteurs (soins aux personnes âgées, soins palliatifs, soins à domicile) dans lesquels évoluent ces travailleuses et travailleurs.
Le Dr Danthe a été médecin de famille à Vallorbe, dans le Jura vaudois, durant trente-cinq ans. Il a toujours été intéressé par la réflexion et l’écriture. A sa retraite, il a repris dans son galetas sa « nécropole de papier » : cinq cents dossiers de ses patients décédés sur une patientèle de six mille personnes. Il décrit le soin particulier qu’il accordait, lors d’une mort, à la « clôture » du dossier.
« Au fond de moi, j’ai conscience d’être habité par ceux que j’ai rencontrés. Je suis tissé des autres. Les métamorphoses de la vie active ont ébranlé mes certitudes au profit de représentations qui s’accordent de manière plus souple avec mes équilibres nouveaux. C’est le souvenir des relations qui donne un sens à l’ensemble du cheminement. […] La mémoire est mouvement. Ce qui apparaissait futile a gagné en gravité. Le lourd s’est envolé. La migration de souvenirs a modifié les reliefs. La vie est transgression. Le timide a enfin osé son cri de colère, la servante s’est mise à danser [...] le prêtre est tombé amoureux. On contemple, on s’étonne, on doute. » Et l’auteur de préciser : « J’ai mis quelques dizaines d’années pour apprendre à m’émerveiller des ressources des personnes et à me débarrasser de mon tic spirituel qui consistait à juger, à normaliser, à obéir. »
L’auteur développe des réflexions marquées par plusieurs lignes de force. D’abord son enfance dans un milieu évangélique très pratiquant. Il est aujourd’hui agnostique mais reste marqué par les Ecritures, souvent citées et commentées, ainsi que parfois le Coran. Les philosophes grecs et romains sont aussi très présents, avec ceux de Lumières et certains modernes – Trinh Xuan Thuan, Jacques Monod – mais aussi les shamanes. D’une manière qui pourra surprendre, il consacre cinq chapitres à la chose militaire : il a été lui-même officier et en parle ; il évoque aussi longuement deux patients qui ont été soldats à l’étranger et dont la trajectoire, les confidences et la vie au retour en Suisse l’ont marqué.
A propos d’une patiente : « Elle voulait mourir. La vie pour elle n’avait plus de sens. Ne voulant plus me voir, disant que j’étais inutile et que je l’empoisonnais avec mes pilules, j’ai demandé l’avis d’un psychogériatre. Elle se rendit à son cabinet [mais] revint fâchée en décrivant son ennui avec ce spécialiste qui ne lui disait rien. Elle avait protesté en lui reprochant son attitude de silence : ‘Mon docteur, lui, au moins, il me parle’. Le confrère avait répondu élégamment : ‘Il y a deux écoles’ ».
Parmi les thèmes débattus : les aléas de l’existence bien sûr, la mort et l’attitude devant elle, la mort fortuite ou imprévue, la croyance ou pas à une vie après la vie, la mort de l’animal compagnon, la dignité de la personne et le débat sur les doctrines utilitariste et déontologique. Et aussi l’amour et la perte de l’aimé, l’enfant homosexuel, le sida, une migrante bohémienne et les risques de racisme, les expériences de mort imminente. Et même des revenants rendant visite à un proche !
Un dernier chapitre évoque « les tentations messianiques » et transhumanistes pour lesquelles le Dr Danthe ne cache pas son peu d’attrait : « Deux cents ans de vie pour tous ! Sans modification de l’âge de la retraite ! » « Bienvenue sur le pont du paquebot vers un nouveau monde, celui de l’immortalité siliconée ! On est arrivé à l’immortalité pour des méduses et des vers, l’homme suivra. […] Seule la mort violente ou volontaire aura encore droit de cité [on ne mourra plus de cause naturelle]. Rien ne nous arrêtera. On disposera, à la dimension du monde, d’une médecine à deux vitesses ou trois ou cinq, avec leurs nouveaux empereurs et évêques, leurs soldats, leurs cours des miracles à géométrie variable et l’extension illimitée de leurs déserts spirituels. »
Les médecins ne sont pas rares qui prennent la plume au terme de leur carrière. L’essai (en termes de rugby) de Christian Danthe est réussi. Ouvrage bien écrit, dense, « buissonnant » comme disent les Vaudois, nourrissant par ses récits de compagnonnage du médecin avec ceux qui le consultent, chacun spécifique dans le colloque singulier. Réflexions substantielles sur l’existence humaine, lourde ou parfois légère, douloureuse ou sereine. Et, dans les dernières lignes, évoquant sa propre fin. : « Le moment venu, j’aimerais me retirer sur la pointe des pieds en disant : ‘Ce n’était pas très bien, mais c’était bien. C’était imparfait mais c’était bien’ ».
Pensant aux jeunes gens de 20 ans, naïfs à beaucoup d’égards, que lui et moi étions en entrant à la Faculté il y a un demi-siècle, pensant aussi aux étudiants d’aujourd’hui pas forcément si différents, malgré l’accès immédiat à « toutes les connaissances » par leur smartphone, j’ai envie de dire que Un rescapé de l’absolu est à recommander dans le cadre des « Medical Humanities » dont tout le monde dit la nécessité. Sans doute faut-il un peu de temps pour lire ces quelque 500 pages. Mais tentez la lecture, elle en vaut la peine !
Cette invitation à visiter un musée fictif du harcèlement de rue (MdHR) illustre la volonté de la Ville de Lausanne et de ses partenaires de voir le harcèlement de rue appartenir un jour au passé. Dans une vidéo pleine d’ironie, l’humoriste Yann Marguet sert de guide inspiré.
Cette campagne 2018 a été lancée avec l’appui d’organisations actives dans les domaines de la prévention, de la mobilité et des milieux festifs, afin que l’espace public reste un lieu accessible et accueillant pour toutes et tous.
Le Colloque thématique de CURAVIVA Suisse sur «Faire carrière en EMS» a eu lieu à Delémont le 24 avril 2018. Résumés des interventions par Camille-Angelo Aglione.
Faire carrière en EMS en format pdf
Cette journée de colloque s’est ouverte avec la projection d’un film de Curaviva réalisé auprès de soignantes en formation à l’Hôpital du Jura et à la résidence La Promenade. Ce documentaire de 15 minutes émouvant et souriant est à découvrir sur Youtube : Se former en EMS et envisager l’avenir.
Complétant le dispositif d’urgence genevois, la Maison Kelas a été officiellement inaugurée avec une chanson rap : des mots simples et forts pour raconter le parcours d’un jeune.
Située à Genthod (GE), la Maison Kelas est un foyer éducatif d'accueil d'urgence pour 8 jeunes de 7 à 18 ans de la Fondation Officielle de la Jeunesse. Sur mandat des services officiels, le placement vise l'apaisement de la crise en accompagnant et soutenant le jeune et sa famille dans leurs projets de vie.
A l'occasion de l'inauguration officielle de la maison, le 19 avril 2018, une chanson rap, «Sur mon chemin», a été diffusée en exclusivité. Le clip raconte l’histoire fictive du placement d'un jeune en foyer d'urgence avec ses différentes étapes.
Cette création artistique a été réalisée en collaboration étroite avec les professionnels de la Maison Kelas. Les images et les textes montrent la posture des éducateurs vis-à-vis des parents et des jeunes ainsi que les valeurs qui découlent du concept pédagogique.
La Communauté d’intérêt «Financement des soins» estime que des mesures urgentes s’imposent en matière de financement des soins. Des coûts sont reportés sur les cantons et communes, qui ne s’acquittent pas de toutes ces nouvelles obligations, et sur les patient·e·s.
Source : Communauté d’intérêt «Financement des soins»
Avec le nouveau financement des soins entré en vigueur le 1er janvier 2011, les assureurs maladie ainsi que les patientes et les patients ne prennent en charge qu’une partie fixe du coût des soins. Depuis lors, la croissance des coûts a été reportée unilatéralement sur les cantons ou les communes. Comme beaucoup d’entre eux ne s’acquittent pas dans une mesure suffisante de leur obligation légale relative au financement résiduel, les prestataires de soins stationnaires et ambulatoires de longue durée sont de plus en plus fréquemment confrontés à des coûts non couverts.
Au total, dans l’ensemble de la Suisse, les coûts non couverts des EMS atteignent entre 250 et 350 millions de francs par an. De nombreux établissements se retrouvent ainsi le couteau sous la gorge en raison des coûts non couverts. Ils font peser ces coûts sur leurs patientes et patients ou travaillent avec un volume de personnel insuffisant. Ils se voient forcés soit de porter atteinte à la protection tarifaire, soit de sacrifier la qualité des soins. Il en résulte un risque croissant que la qualité des soins octroyés à des personnes particulièrement vulnérables ne puisse plus être assurée de manière satisfaisante.
La Communauté d’intérêt «Financement des soins» demande que les contributions des caisses maladie soient régulièrement adaptées à l’évolution des coûts. Elle réclame aussi que les cantons s’acquittent de leur obligation et assument le financement de l’intégralité des coûts résiduels avérés. Trois modifications de l’art. 25 de la LaMal sont proposées dans ce sens. Elles sont adressées au Conseil fédéral qui doit établir un rapport pour l’été 2018 sur l’évaluation du financement des soins.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Guère besoin de rappeler la surprise, avec une dimension d’humour, qu’a été l’irruption le 4 octobre 2017, sur la scène sociétale et médiatique, du biophysicien Jacques Dubochet, nouveau prix Nobel de chimie. Six mois plus tard, il publie ce livre sur son parcours mais aussi sur les convictions et les engagements qui donnent du sens à sa vie.
La première partie de l’ouvrage, « Faire sens », réunit cinq textes de fond où il discute ce qu’il a déclaré en impromptu devant micros et caméras. Il revient sur ses engagements personnels et sociaux, y compris politiques - avec des remarques sur les notions de droite et de gauche qui ont fait froncer des sourcils. Il y parle de « bien faire», de transcendance, de science et philosophie. La seconde partie, « Tranches de vie », est constituée d’éléments sur sa vie et sa carrière - les briques peut-on dire qui ont construit son existence. Tout en suivant les développements dans son domaine, la cryo-microscopie électronique. Dans un texte « Vivre et mourir », il donne même ses Directives anticipées. La troisième partie, « De la science en miettes », comprend des notes étoffées, parfois savantes, qu’il rédigeait assidûment à l’intention de collègues et amis, un blog, sur ses lectures de revues scientifiques. Par exemple sur le dérèglement climatique - dont il parle à réitérées reprises en faisant état de son vif souci.
« J’ai écrit le présent texte parce que je rencontre tant de gens qui n’ont pas compris que bien faire n’est pas faire n’importe quoi et que bien vivre se construit sur quelques fondements incontournables. Un bon point de départ est Fais à ton prochain ce que tu voudrais qu’il te fasse.»
« Je me dis scientifique, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a que la nature pour maître, mais la nature est si grande qu’elle me laisse là avec mes émotions, mes sentiments, qui dépassent largement ma compréhension. Je me veux aussi philosophe, sensible à ce qui me dépasse. »
Conscience, évolution. « La conscience est à mon sens la capacité d’un individu à se construire un modèle mental du monde dans lequel il peut naviguer (…) La conscience est aujourd’hui en rupture avec près de 4 milliards d’années de vie sur Terre. Jusqu’ici, l’évolution s’est déroulée selon le couple ‘variation au hasard/sélection naturelle’. Arrivent l’homme et sa capacité à agir. L’évolution biologique est écrasée par l’évolution culturelle. Alors que la première se déroulait par centaines de milliers d’années, les transformations culturelles se font maintenant par périodes de 10 ans. La mondialisation s’est installée et nous nous fourvoyons dans un changement climatique qui nous vaut d’entrer dans l’ère anthropocène. »
Le Moi et le Nous. « Comme n’importe quel organisme social, l’homme repose sur deux jambes : le Moi et le Nous. L’une est typique de la réponse immédiate, l’autre appelle les solutions à long terme […] A priori, égoïsme et altruisme se rapportent à des stratégies adaptées à différentes situations. Pourtant, dans le langage courant, ces mots ont une forte connotation morale […] Pour moi, une personne est de gauche si elle tend à favoriser les valeurs altruistes ; elle est de droite si elle met son intérêt propre en priorité. »
« Les bases de nos sociétés se transforment et souvent chancellent. Avec des défis vitaux. Laisser aller conduira à des catastrophes extraordinaires. Pour nous sauver, les solutions seront collectives ou ne seront pas. Notre société a un urgent besoin de consolider la force du Nous. » Aussi : « Il nous appartient de faire face, volteface ».
Il parle d’éthique, dont un auteur disait que c’est décider « comment faire pour bien faire ». Dubochet : « Bien faire se ramène à deux stratégies possibles : l’une est darwinienne [sélection naturelle], elle va de soi, elle poursuit aujourd’hui son écrasante efficacité. Comme la pierre qui roule vers la vallée, elle ne demande ni plan ni choix. La seconde stratégie nécessite de prendre de la distance. Elle veut étendre le moi subjectif et embrasser chacun du même regard. Elle est moderne, elle est apparue avec l’Homme et sa capacité de se faire une image complexe du monde dans laquelle il peut se voir, lui, parmi les autres. »
Retraite. Jacques Dubochet est à la retraite depuis dix ans. Cela a été tout un apprentissage. « La difficulté est que chaque jour n’a que 24 heures. Le succès d’une journée de retraité dépend de la sévérité du tri. J’essaie d’équilibrer mes quatre S, à savoir : Soi-même, Social, Science et Service.» (NB : cette retraite qui a été très vivement bousculée depuis le 4 octobre 2017 !).
Rassembler. Après avoir tenu un blog, Jacques Dubochet avait le désir de présenter ses idées et positions sous une forme « rassemblée ». Dans ce sens, « courageusement, le 27 septembre 2017, j’annonçais à mes lecteurs que je cessais la rédaction de mon blog pour tenter de me lancer dans un bouquin plus synthétique, du genre réflexions d’un vieil intellectuel. Une semaine plus tard, le 4 octobre, le Prix Nobel ! En vue du livre, quelle stimulation. L’urgence et la nécessité ont produit l’objet que vous avez dans les mains. » Il ne se laisse toutefois pas emporter : « Le Prix Nobel me donne une voix, celle de la notoriété. Je n’ai pas de respect pour la notoriété. J’ai du respect pour ceux qui essaient de vivre juste. »
Parcours est une sorte de mosaïque/kaléidoscope (un patchwork, dit l’auteur) stimulant que beaucoup voudront lire pour approcher de plus près - avec profit ! - ce scientifique atypique.