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Dans son dernier numéro du FVA Info, la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme publie l’interview du médecin français Gérard Ostermann, professeur de thérapeutique à Bordeaux.
Interviewé par Jean-Philippe Rapp, le médecin présente la thérapie narrative. En quelques questions-réponses, le professeur parvient à situer clairement cette nouvelle approche et sa pertinence pour les personnes souffrant d’alcoolisme ou d’anorexie par exemple. Extraits.
«L’estime de soi est un élément majeur. La confiance et l’estime passent par l’autre. Les gens qui travaillent à leur propre estime se trompent lourdement. J’ai besoin de l’autre pour devenir moi, tout en étant différent·e, ce qui est quand même incroyable, paradoxal. En même temps, c’est à partir de là que se fonde le paysage de soi, c’est-à-dire celui des intentions et des valeurs théoriques, mais qui sont des valeurs incarnées.»
«La thérapie narrative, c’est déconstruire la réalité dans laquelle les personnes se sont enfermées ou emprisonnées. Par un jeu de questions, nous pouvons les faire douter un peu de la vérité de ce qu’ils énoncent pour qu’ils passent à une autre représentation.»
Ce FVA Info N°4 présente également les formations, dont les supervisions ou la formation des jeunes qui mènent un travail de prévention comme pair·e·s dans les manifestations festives.
«FVA Info» 6 pages en format pdf
Cet ouvrage de synthèse d'Elisa Fellay-Favre fait le point sur les conditions de travail en Suisse en matière d'aide sociale.
L'activité des travailleurs sociaux est fortement contrainte. Qu'il s'agisse du cadre légal qui structure leur travail, des directives institutionnelles auxquelles ils sont soumis, de la réalité du marché du travail ou encore des situations de plus en plus complexes des usagers, leur marge de manœuvre semble se réduire comme peau de chagrin.
Pourtant, ils accompagnent, aident, conseillent et conduisent leurs usagers sur les voies de la réinsertion. Si leur agir est limité, ils sont pourtant agissants.
C'est le paradoxe central qui a motivé cette recherche, l'énigme qu'il s'est agi de résoudre. Comment travaillent les intervenants si tout leur échappe ?
Elisa Fellay-Favre est collaboratrice scientifique à la Haute Ecole en travail social HES-SO Valais-Wallis (Suisse) et titulaire d'un master en travail social et politiques sociales de l'Université de Fribourg réalisé sous la direction du professeur Marc-Henry Soulet, avec lequel elle poursuit également une thèse de doctorat.
«Le travail social et le recours à la fiction. La relation entre assistant.e sociale.e et bénéficiaire de l'aide sociale financière en Suisse» Elisa Fellay-Favre, Editions L’Harmattan, décembre 2019, 176 pages.
« Tout va bien » est une sorte d’album-photo de 40 pages dont chacune, avec des messages et informations utiles, est illustrée de belles images. Il a été conçu par deux pédiatres praticiennes à l’intention des parents aussi bien que des enfants qui les consultent, en particulier dans le cadre de mesures préventives.
Deux parties, selon la page de couverture que l’on considère. Dans la première, on trouve le contenu principal des examens de prévention au cabinet pédiatrique, de la naissance à 14 ans, des messages-clés sur les compétences que l’enfant acquiert progressivement et treize pages de photos illustrant le contact du médecin avec son patient et ses parents au long de la même période (0-14 ans).
Quand on ouvre le livre dans l’autre sens, on trouve un contenu destiné spécifiquement aux enfants, dans le but de les familiariser avec ce qui se passe pour eux dans un cabinet médical : être pesé, voir son périmètre crânien et sa taille mesurés, être examiné, vacciné, avoir une prise de sang au bout du doigt. Devoir se déshabiller, être ausculté et palpé, avoir des tests de la vue et de l’ouïe, parler, échanger. Ce qui est original, dans les photos qui portent l’ouvrage, c’est que ce sont deux enfants de 7 ans, Elaina et Matteo, qui jouent le rôle des parents et que les petits patients sont des singes en peluche - le rôle de la pédiatre étant joué par une étudiante en médecine.
Sûrement, le fait pour les parents et le médecin de discuter ces pages avec l’enfant le distraira et contribuera à diminuer sa tension et sa crainte. A noter qu’on ne voit aucune blouse blanche dans tout le livre ! Il y a aussi un petit quizz pour l’enfant.
De tels outils bien informés, didactiques et déstressants pour petits et grands fréquentant le milieu médical sont très bienvenus. Ils sont heureusement disponibles en nombre croissant.
Jean Martin
Album «Tout va bien ? Ce que je peux découvrir au cabinet pédiatrique», Lea Abenhaim et Sabine Zehnder, Maison d’édition : Creathera, Berne, 2020, 40 pages, avec le soutien de la Société suisse de pédiatrie. Existe en francais, allemand et italien.
Les personnes sans handicap auraient-elles le monopole de la vie de couple?
Le magazine d’Agile.ch, faîtière nationale des organisations de personnes avec handicap, est allée poser la question à quelques personnes concernées et à leurs partenaires.
Pour surmonter les difficultés liées à un handicap, un couple a besoin de beaucoup d’amour, de solidarité, de respect et de résilience. Rechercher une ou un partenaire s’avère certes plus épineux, car il faut parfois former un ménage à trois avec le handicap. Mais finalement, c’est un peu comme pour tout le monde.
Il n'est pas rare que des relations se brisent en raison du fardeau du handicap ou de la maladie. Et il y a aussi les autres. Celles qui résistent à toute épreuve. Celles qui font fi des préjugés et des réticences et pour qui l'amour, la solidarité et le respect sont un socle.
Ce numéro de Handicap & politique 1/2020 apporte aussi des éclairages sur la terminologie du handicap, sur le dossier électronique du patient et sur les dispositions relatives au droit du travail.
Dossier «Ménage à trois», en format pdf
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Nahum Frenck est un pédiatre lausannois bien connu, Jon Schmidt est psychologue. Tous deux sont thérapeutes de famille et œuvrent ensemble depuis dix ans. Ils ont beaucoup collaboré avec Gérard Salem. L’ouvrage qu’ils publient présente seize histoires tirées de leur pratique, avec les enseignements et les commentaires. Elles résument le déroulement de la thérapie et illustrent la palette des difficultés qui perturbent, agitent ou compliquent la vie des familles.
Cothérapeutes. Dans l’avant-propos : « Nous sommes cothérapeutes et amis. Cette complicité nous a conduits à écrire ce livre à quatre mains, à deux cerveaux et à deux cœurs. Il est le témoignage de nos expériences mais il dit aussi ce que nous sommes. Notre but est de permettre à tout un chacun de se rendre compte que, dans la salade familiale, il y a du chili piquant, du persil amer, du vinaigre acide ainsi que du miel et des pétales de roses. »
Approche systémique. Selon les auteurs, l’approche systémique considère la famille comme un ensemble d’éléments reliés les uns aux autres. Ils prennent l’exemple d’un mobile suspendu : le fait de toucher une des pièces fait inévitablement bouger l’ensemble de la structure mais le mobile tient toujours en équilibre (homéostasie). L’état d’esprit qu’ils prônent est la bienveillance. Elle laisse à l’autre le bénéfice du doute et évite d’attribuer instantanément une intentionnalité aux actes.
Les récits. Quelques facettes de situations qui font l’objet d’une narration : l’enfant roi, celui à haut potentiel, ou hyperactif ; le patient désigné ; l’adolescent en quête d’identité, le coming out difficile à propos d’homosexualité ; l’enfant adultifié, parentifié, ou à l’inverse l’adulescent, c’est-à-dire la personne de 30 ou 40 ans qui vit comme un ado. Sont abordées les tensions du couple, voire les ruptures, les familles recomposées, les difficultés rencontrées dans l’adoption, en particulier internationale. Sont discutés aussi les rapports et les différences entre lien conjugal et lien parental.
La comptabilité familiale. Les relations avec les grands-parents sont bien présentes : difficultés liées à un modèle familial patriarcal, aux origines culturelles différentes posant problème après transplantation en Suisse, etc. Les contentieux non réglés depuis l’enfance sont une problématique importante : les auteurs parlent de comptabilité familiale (le « grand livre des comptes »), d’« ardoise » (sur ces sujets, lire aussi le livre de Sylvie Galland « La relation entre les adultes et leurs parents », recension dans REISO).
Les questionnements. « Les échanges entre nous deux ont enrichi notre travail, nous forçant à nous interroger quotidiennement sur notre pratique et à cibler nos interventions, pour trouver les mots justes. Nous autorisant à nous questionner mutuellement et devant nos patients, tout en les invitant à se joindre à la discussion. Pour leur fournir de nouvelles briques pour tenter de construire un avenir plus sain et plus heureux. »
Dans l’inconnu. « La thérapie de famille est avant tout une expérience au cours de laquelle ses membres, comme les thérapeutes, s’aventurent dans l’inconnu, chacun avec son histoire, ses valeurs, ses rêves […] C’est là que se situe la beauté du voyage, pour trouver l’essentiel. L’espace et le temps de la thérapie permettent à chacun de définir et de négocier son rôle et sa place, entre les libertés et les contraintes du quotidien, chacun à son rythme. »
Défis de familles sera lu avec intérêt, profit – et souvent plaisir – par celles et ceux qui connaissent ou ont connu des moments difficiles, parfois déchirants, dans leurs existences familiales mais aussi, sans doute aucun, par celles et ceux dont la vie serait plutôt un fleuve tranquille.
«Défis de familles. 16 histoires de thérapie systémique», Nahum Frenck et Jon Schmidt, Le Mont-sur-Lausanne : Editions LEP Loisirs et Pédagogie, 2019, 157 pages
L’incarcération d’un père ou d’une mère engendre une séparation brutale avec ses enfants qui se trouvent exposés à de nombreux risques liés à leur bien-être physique, émotionnel, psychologique et social. Elle rend problématique le maintien des liens enfants-parents et entraîne une limitation de l’exercice de la parentalité. Comment rester parent malgré la détention ? Cette difficile question est ici abordée du point de vue du droit, de la psychologie, de la sociologie.
De la présentation de l’état du droit au recueil de la parole de parents en prison, cet ouvrage allie approches fondamentales et données issues d’une recherche de terrain qui permet de saisir au plus près la réalité et les problématiques spécifiques de la parentalité en prison. En contre-point, le témoignage d’une personne adulte, qui, pendant toute son enfance, a vu son père emprisonné, offre une plongée dans le vécu des relations enfant-parent détenu.
Enfin, les auteurs proposent des points de repères pour penser et améliorer les pratiques professionnelles au regard des enjeux de l’accompagnement de la parentalité en prison qui constitue un véritable défi pour les institutions.
«Comment être parent en prison ? Un défi aux institutions», de Marie Douris et Pascal Roman, Editions érès, 2020, 224 pages
Une nouvelle campagne de sensibilisation aux comportements à risque pour les jeux de hasard et d’argent chez les jeunes vient d’être lancée par Promotion Santé Valais.
«En ligne pas besoin de miser gros pour devenir accro» : c’est un des slogans de la campagne actuelle. Elle est promue au salon Your Challenge à Martigny et sur des affiches publiques.
Les constats. Les jeunes sont confrontés aux jeux de hasard et d’argent en ligne dès l’âge de 8 ans ! L’âge moyen de la première mise est à 16 ans. De 2014 à 2018, la part de jeunes au comportement à risque et problématique a été multipliée par dix, passant de 0.4% à 4.5%. Les garçons et les apprenti·e·s sont plus directement concernés.
Les coulisses. Les influenceurs et les influenceuses sont payé·e·s pour faire la promotion des jeux sur les réseaux sociaux, sur Youtube, etc. Les pronostics dans les paris sportifs promettent de gagner de l’argent facilement. Les stratégies de communication convaincantes font miroiter des gains, des bonus ou des jeux supplémentaires et un système agressif de notifications pousse au jeu. Tout cela a pour but de séduire les jeunes et de les influencer à jouer.
La prévention. Il est donc important d’informer et de sensibiliser tant les jeunes que leurs parents aux risques qu’ils encourent. Avec le soutien du Canton du Valais, Promotion santé Valais et Caritas Valais se sont associés pour développer un stand commun de prévention du jeu excessif et de l’endettement chez les jeunes au Salon des Métiers et Formations « Your Challenge », jusqu’au 16 février 2020 au CERM de Martigny. La prévention est menée de manière ludique avec une roue des paris sportifs pour parler de la gestion du budget et du jeu excessif avec les adolescent·e·s et leurs parents.
Lire notamment :
Avec le soutien de la Fondation ADREA et l’aide de professionnels de santé, d’aidants familiaux et d’aidants professionnels, de scientifiques et de chefs de cuisine, le Centre de recherche de l’Institut Paul Bocuse a fait un état des lieux des particularités alimentaires des personnes âgées et a utilisé son expertise multidisciplinaire pour concevoir des conseils et des recettes adaptées.
Ce guide a pour but de donner des clés aux aidants pour comprendre les difficultés rencontrées et pour cuisiner des plats savoureux et adaptés aux personnes âgées dont ils s’occupent. Parce qu’il est essentiel d’apporter du plaisir alimentaire à chaque occasion, les recettes ont été déclinées en recettes du quotidien et en recettes festives, à tester sans limite !
Avec d’intéressantes astuces culinaires pour les plats en texture mixées ou le «manger main».
«Le plaisir dans l’assiette», 42 pages en format pdf
Une bibliographie très fournie sur la psychopathologie de l’adolescent·e est proposée par le Centre d’information et de documentation de l’Institut français MGEN La Verrière.
Sur 44 pages sont présentés les livres et les articles récents sur cette période souvent chahutée qu’est l’adolescence. Au sommaire:
Cette bibliographie est complétée par une liste commentée de sites internet et de revues.
Réalisé par Fanette Martin et Aurore Cartier, Centre de documentation, janvier 2020, 44 pages
Télécharger le Dossier MGEN
Compte rendu par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Le statut de la personne présentant des troubles mentaux, sa place dans la société qui cherche à l’inclure ou au contraire, le plus souvent, à l’exclure, y compris la défense de ses intérêts, est un grand sujet. De droit au premier chef, avec de nombreux points de contact et interactions avec la médecine : les médecins sont appelés à soigner ces personnes d’une part et, d’autre part, en tant qu’experts, à se prononcer sur leur capacité de discernement et leur responsabilité, en matière pénale aussi bien que civile. Un domaine passionnant à plusieurs égards, qui connaît des « flux » en fonction de l’évolution des idées quant aux droits des personnes et, aujourd’hui, du développement des neurosciences qui pourraient apporter des éléments potentiellement déstabilisants pour les doctrines pénales en place. « La médecine et la police ont en commun de pouvoir porter atteinte à l’intégrité d’autrui afin de protéger la société, tandis qu’il incombe à la justice de fixer les règles encadrant ces interventions », rappelle la préface.
Antiquité. Alexandre Lunel, juriste et historien, présente un ouvrage très bien informé, dense, sur les idées et les régimes juridiques depuis le « legs » de la Grèce et de Rome. Car si le médecin de l’Antiquité a longuement disserté sur la folie, c’est le juriste romain qui va définir son statut. Jusqu’au début de notre ère, la protection du fou et de ses intérêts est essentiellement dévolue à ses proches. «Progressivement, au cours de l’Empire, s’opère une révolution vers un transfert de compétence de la famille à la chose publique.» Noter par exemple cette disposition protectrice : si l’un des conjoints présente des troubles mentaux, aucune rupture du mariage n’est permise, « car rien n’est plus conforme à la nature humaine pour le mari que de prendre part aux accidents fortuits de sa femme ou la femme à ceux de son mari » (p. 23). Entre autres points, l’irresponsabilité pénale du « furieux » retient l’attention du droit romain.
Moyen-Âge. S’agissant du Moyen-Âge, intéressante discussion sur la « médicalisation de la sorcellerie » dont ont été accusés des fous, dont beaucoup de femmes, entrainant la mort sur le bûcher de milliers de personnes entre les XVe et XVIIe siècles. Un médecin rhénan, Johann Wier, prend courageusement position contre ces procès. Des théologiens s’insurgent, l’un d’entre eux prédisant que « si les médecins sont admis à donner leur avis, on ne brûlera [plus] personne ». L’Eglise est malheureusement plus écoutée par les juges que le médecin Wier (p. 43-46). Ensuite, les XVIIe et XVIIIe siècles sont une grande période d’enfermement des malades dans des hospices, hôpitaux, maisons de force et dépôts de mendicité (!). « Les fous y rejoignant la cohorte des déviants sociaux, mendiants, prostituées et autres galeux. »
XVIIIe - XIXe siècle. La Révolution française voit la naissance progressive de la psychiatrie, avec Philippe Pinel en particulier. Il démontre que la folie peut être soignée et qu’il est possible de communiquer avec le sujet aliéné. Néanmoins, en pratique, la condition des malades ne s’améliore guère. Est promulguée en France une loi de 1838 dont la genèse a été influencée par les aliénistes et qui passe alors du « fou social au fou médical ». Plusieurs médecins éminents débattent : pour certains la protection de la liberté individuelle du malade est au cœur de la problématique, d’autres craignent qu’on ne tienne pas assez compte de l’intérêt des familles et que trop de conditions rendent la loi inapplicable, en d’autres mots qu’elles gênent les placements.
XIXe - XXe siècle. Les dernières sections du livre décrivent la mise en place au XIXe siècle de structures d’accueil, les asiles départementaux, et les critiques que certains d’entre eux ont suscitées. Dès l’entre-deux guerres apparaissent les prémices de l’hospitalisation libre. Titre du dernier chapitre, « L’asile, chronique d’une mort annoncée ». Il présente les évolutions récentes, le mouvement d’antipsychiatrie, la sectorisation psychiatrique, la loi Evin de 1990 notamment. L’ouvrage se termine sur l’arrivée des médiateurs de santé et des pairs aidants, anciens usagers désormais établis dans les équipes de soins dans plusieurs pays.
«Le fou, son médecin et la société. La folie à l’épreuve du droit de l’Antiquité à nos jours», Alexandre Lunel, Bordeaux : LEH Edition, 2019, 194 pages
Ce remarquable dossier fait le point sur les programmes de formation et de prévention mis en place en France dans la politique publique de santé mentale pour prévenir le suicide, troisième cause de mortalité prématurée derrière les maladies cardiovasculaires et les tumeurs.
Au sommaire de ce dossier de 33 pages
Télécharger La santé en action N° 450
L’Office fédéral de la statistique a publié les chiffres 2018 de la pauvreté en Suisse : 7.9 % de la population du pays, soit environ 660 000 personnes, étaient en situation de pauvreté en termes de revenus.
Ainsi, en Suisse, une personne sur huit avait en 2018 des difficultés à joindre les deux bouts. Simultanément, le niveau de vie général reste parmi les plus élevés d’Europe.
A titre de comparaison, en 2017, 8.2 % de la population résidente suisse était touchée par la pauvreté en termes de revenus. Les groupes sociaux les plus souvent touchés par la pauvreté sont les personnes vivant dans des ménages monoparentaux (taux de pauvreté de 19.3 %), les étrangers originaires d’Europe de l’Est ou d’un pays non européen (17.5 %), les personnes sans activité professionnelle (14.4 %) et les personnes sans formation postobligatoire (12.1 %).
Ces chiffres sont basés sur l’Enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC) coordonnée au niveau européen dans plus de 30 pays.
Résumé de cinq pages en format pdf
Compte rendu du 1er colloque national Vieillesse sans violence. «Affûter les regards pour promouvoir la prévention», Fribourg, 28 janvier 2020, 18 pages word. Par Camille-Angelo Aglione.
Au sommaire de ce compte rendu, les résumés des présentations de :
Ce colloque Vieillesse sans violence s’est tenu à Fribourg le 28 janvier 2020.
Télécharger le résumé en format word, 18 pages
INTEGRAS, l’association professionnelle pour l’éducation sociale et la pédagogie spécialisée, a publié une réflexion intéressante d’Olivier Mottier sur les nouveaux concepts psycho-éducatifs et thérapeutiques.
Extraits de l’introduction. «Depuis une trentaine d’années, nous constatons une mutation psychosociétale qui modifie en profondeur la construction identitaire et le rapport au monde de nos enfants et adolescents. Il s’agit à la fois d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle, la bonne étant l’évolution d’une société qui rompt avec la soumission par principe, la mauvaise étant les nouvelles formes de précarité sociale liée à ces changements sociétaux.»
«Nous avons à créer de nouveaux modèles pédagogiques pour les jeunes qui vont bien, et ils sont nombreux, et pour les enfants et adolescents en grandes difficultés. Les études et ouvrages sur les mutations actuelles, les nouvelles formes de précarité sociale, la traumatologie, les troubles de l’attachement, la question du rôle de la proximité affective, de l’intime et de la spiritualité en éducation sociale obligent les décideurs et les acteurs de la protection de l’enfance à penser de nouveaux modèles d’accompagnement pédagogiques.
Les prises en charges éducatives du XXe siècle, efficientes en leur temps, se montrent aujourd’hui inefficaces pour les enfants abîmés par la vie et périlleuses pour les professionnels. Nous devons (ré) inventer des structures sociales qui prennent en compte la complexité des situations des enfants polytraumatisés, avec des troubles de l’attachement et en situation d’ (auto) exclusion. Des établissements ni médicaux, ni thérapeutiques, ni éducatifs, mais des institutions sociales avec des concepts novateurs qui prennent soin des enfants et des adolescents blessés par des adultes, souvent eux-mêmes négligés ou abusés !»
Et la dernière phrase de la conclusion. «Au risque d’insister, nous n’avons plus le choix ! Il nous faut passer d’une soumission par principe qui (ré) éduque à une autorité de type horizontal qui soigne et socialise.»
«Une révolution socio-éducative», réflexion d’Olivier Mottier, directeur du Foyer de Salvan, septembre 2019, 21 pages en format pdf sur le site d’INTEGRAS.
Après le thème de la solitude, «humains» consacre son deuxième numéro à l’alimentation. Une revue différente des autres, avec des textes originaux et des images étonnantes.
Dans ce deuxième numéro, «humains» évoque le gourmand et la gourmande qui sommeille en nous. Le premier article est consacré au NID, une épicerie participative à Genève qui explique comment l’équilibre économique et l’ouverture sur la communauté participent au sentiment de manger sain.
L’alimentation «en pleine conscience» fait l’objet d’une immersion intrigante dans le cours «med’Eat». Que l’on peut prononcer comme «médite» ! Il propose donc de ne plus manger en mode automatique, mais en pleine conscience, d’être attentif à ce que nous mangeons et de ne pas manger trop vite, ou trop. Texte de Louis Viladent, avec des dessins d’Elorri Charriton.
Dans «Le temps se gâte pour le sucre», nous apprenons que, entre 1850 et 2014, la consommation moyenne de sucre par habitant et par année en Suisse est passée de 3 kg à 39 kg selon Agristat. Quant à la dopamine, une des hormones responsables de la sensation de plaisir, elle est fortement stimulée par… le sucre justement.
«humains» donne également un éclairage zen où l’on apprend que l’amer, l’acide, le doux, le piquant et le salé ne sont pas les seules saveurs nécessaires au corps. Il y a aussi le «fade». Vous en doutez ?
Doutiez-vous aussi que 90% de la sérotonine, ce neurotransmetteur impliqué dans la gestion des bonnes et des mauvaises humeurs des êtres vivants, est produite dans le ventre ? Souhaitez-vous une belle citation sur la madeleine de Proust ou une autre de «Charlie et la Chocolaterie» ?
Marylou Rey
Revue gratuite diffusée dans des EMS et Centres de santé à Genève ou à commander par mail ou par téléphone +41 79 269 39 18
Le dernier numéro du magazine spécialisé Curaviva présente un dossier «Recherche et pratique. Comment transférer le savoir dans la réalité du terrain».
En ouverture du dossier, Patricia Jungo, coordinatrice de la coopération pour la recherche à Curaviva Suisse, présente le rôle des institutions dans les travaux de recherche. Sont-ils uniquement des fournisseurs de données ? Des figurants ? Des partenaires ? Pour elle, une intégration précoce et équitable de l’entité dans l’étude conduit à un meilleur transfert du savoir académique aux pratiques du terrain. Elle conseille aux institutions sociales sans but lucratif, qui sont sollicitées pour de telles études, de proposer dès le début une participation financière prise sur le budget de la recherche. Car ce sera trop tard lorsque la subvention scientifique sera épuisée et qu’il n’y aura plus d’argent pour assurer le retour au terrain.
En plus de sept critères pour évaluer les questions de recherche, la coordinatrice évoque aussi la difficulté d’appréhender rapidement un sujet. Pour ce faire, elle conseille une intéressante base nationale de données. Sur ce point, la revue REISO se permet de conseiller son outil de recherche (grande loupe en haut à droite en page d'accueil) et sa rubrique Vieillesse qui donneront de précieuses informations sur ce qui se passe en Suisse romande.
Le dossier évoque aussi la recherche dans les hautes écoles, le modèle Intercare, la première étude sur la prescription de cannabinoïdes en EMS ou le droit à l’autodétermination menacé dès l’entrée en EMS.
En savoir plus sur le magazine Curaviva
Cet ouvrage est destiné aux professionnels du soin et du social. Il donne à penser un accompagnement ajusté de femmes ayant vécu un déni de grossesse.
Les mères qui témoignent évoquent le choc du déni et sa culpabilité, la quête de sens par-delà le stigmate et les débrouilles pour faire face aux effets du déni de grossesse sur leur vie affective, sociale et professionnelle.
Leur parcours est un combat individuel, social et sociétal pour la reconnaissance de toutes les maternités impensées.
Justine Masseaux a appris le métier d'éducatrice par la pratique de terrain. Elle a travaillé huit ans dans un service d'Aide aux Jeunes en Milieu Ouvert, à Bruxelles.
La collection Transitions sociales et résistances élabore des savoirs transversaux dépassant les clivages entre les disciplines. Les recherches qui y sont déployées «visibilisent» des expériences inédites. À partir des interstices du social et des espaces-frontières, les récits de vie donnent à entendre une parole politique.
Disponible en version papier ou numérique.
Dans sa «Lettre trimestrielle» N° 82-83 de décembre 2019, l’association romande Pro Mente Sana publie un remarquable manifeste pour que chaque personne en Suisse puisse mener une vie digne et épanouissante.
Et deux citations de ce manifeste :
Ce numéro de la Lettre trimestrielle publie également un article complet et documenté de Dr Carlos Leòn sur l’Open Dialogue et le rétablissement durable.
Le magazine Pulsations des Hôpitaux universitaires de Genève consacre un dossier à «La médecine à l’heure du genre».
Les scientifiques ont pris conscience que le sexe biologique et le genre social pouvaient influencer la santé et qu’il fallait en tenir compte dans la recherche et à tous les stades de la prise en charge. Aujourd’hui, les soignants sont plus attentifs aux différences entre les sexes et au poids des stéréotypes féminins et masculins. Avec un objectif égalitaire : offrir à chacun et chacune des soins adaptés et sans discrimination de genre.
Pulsations, Janvier-Mars 2020
Présentant une synthèse (en anglais) des connaissances et enjeux actuels, cet ouvrage collectif pose les jalons d’une politique sur les jeux d’argent fondée sur l’interdisciplinarité et les droits humains.
Co-édité par le Centre du jeu excessif (CHUV/Lausanne) et la National Problem Gambling Clinic de Londres, l’ouvrage montre que l'impact du jeu problématique concerne aussi bien l'individu que la famille et la société. Il présente un aperçu des modèles de prévention et de réduction des risques dans une approche de santé publique du jeu. Les difficultés et les défis du suivi et de l'évaluation sont également passés en revue, avec leurs obstacles potentiels et des moyens pour les surmonter. Le livre se termine par des recommandations sur la façon d’adopter une approche de réduction des risques, du point de vue politique et des droits de l’homme.
Ce travail donne un synopsis inédit des problèmes actuels lors de la mise en œuvre d'une stratégie de réduction des risques du jeu. Les travaux récents des experts sont présentés afin d'encourager de nouveaux développements dans ce domaine en constante évolution.
L’ouvrage s’adresse aux cliniciens, étudiants, professionnels de la santé, politiciens et à toutes les personnes intéressées.
Auteur·e·s : Henrietta Bowden-Jones (National Problem Gambling Clinic, UK), Cheryl Dickson, Caroline Dunand et Oliver Simon, tous trois du Centre du jeu excessif, CHUV, Lausanne
«Harm Reduction for Gambling. A Public Health Approach», Editions Routledge, 2019, 176 pages.
Recension par Jean Martin
Richard Wagamese (1955-2017) est l’un des principaux écrivains autochtones canadiens. Originaire de l’Ontario, il appartient à la nation amérindienne ojibwé. Il a travaillé comme journaliste et producteur radio et télévision et a été, en 1991, le premier «First Nation» à gagner un prix de journalisme national. Son livre Medicine Walk a été traduit en français sous le titre Les Etoiles s'éteignent à l'aube. Son roman Starlight paraît à titre posthume.
Tout petit, Wagamese vit avec ses parents dans une communauté traditionnelle. Alors qu’il a 3 ans, ses parents l’abandonnent, il est recueilli par l’Aide à l’enfance et placé dans une famille qui refuse qu’il maintienne des contacts avec sa Première Nation. « Les blessures dont j’ai alors souffert vont beaucoup plus loin que les cicatrices sur mes fesses », dira-t-il. Ce n’est qu’à 16 ans, fuguant et abandonnant l’école, qu’il rétablira des liens avec le monde autochtone et à 25 ans qu’il reverra ses parents. Il considérera leur négligence à son égard comme le résultat des abus qu’ils ont eux-mêmes subis. Il passe par des épisodes d’alcool, drogue, prison, petits boulots… puis par la passion littéraire.
Le héros du roman, Starlight, a eu une enfance comparable mais a trouvé un équilibre chez un vieux fermier (blanc) qui s’est bien occupé de lui et vient de mourir. Cette enfance a permis à Starlight de s’immerger dans la nature et d’en acquérir une immense et subtile connaissance. Il est amené à recueillir une femme et sa petite fille fuyant beaucoup de vicissitudes et de violences. Ensemble, les trois font un trajet de guérison. Un observateur a dit que le livre traitait de sylvothérapie, soit de soins par la forêt !
J’ai trouvé ce livre magnifique et j’ai été fasciné par la description de sorties et vie dans la nature : lumières, odeurs, ambiances et surtout descriptions de contacts de près avec des loups, des cerfs, etc. Elles correspondent sans doute à des expériences vécues. Substantiel, solaire et exemplaire dans les directions actuelles de retour, au sens large, vers le spirituel.
Genève/Paris : Editions Zoé, 2019, 219 pages.
Le rapport 2019 sur la consommation de substances dans les centres d’accueil bas seuil en Suisse sont rassemblés dans le rapport 2019 établi par les centres d’accueil et Infodrog, Centrale nationale de coordination des addictions.
L’ouverture de locaux de consommation en Suisse et d’autres mesures de réduction des risques ont contribué à faire baisser de manière significative le nombre de décès liés à la drogue et le nombre de nouveaux cas de transmission du VIH et à réduire la présence de scènes ouvertes de la drogue dans les grandes villes de Suisse. Le monitorage effectué par les centres d’accueil et Infodrog de 2016 à 2019 a eu pour objectif d’identifier la nature et les formes de consommations afin d’adapter les services fournis dans les locaux.
Les données de l’enquête. Au total, 5’405 personnes ont été interrogées et la majorité d’entre elles l'ont été plusieurs fois. Au total, 13’802 consommations ont été prises en compte dans l’évaluation. La majorité des clients des centres d’accueil ayant participé au monitorage était des hommes (78%). Plus de la moitié des consommations de substances ont été fumées (59%), les autres ont été injectées (21%) et sniffées (20%). Ces résultats sont assez comparables à ceux obtenus lors des années précédentes.
Les produits consommés. Dans les locaux de consommation, un bon tiers de la clientèle interrogée a consommé exclusivement de la cocaïne (40%) ou exclusivement de l’héroïne (28%). Un consommateur sur quatre a consommé les deux substances en polyconsommation. Les autres substances ont été comparativement plus rarement consommées. Environ 2% des personnes interrogées ont consommé du midazolam (Dormicum®). D’autres substances telles que la méthadone, le SROM (Sèvre-long®), les méthamphétamines («crystal meth»), les amphétamines («speed») ou le diazépam (Valium®) ont également été consommées.
Les différences géographiques. Si on considère les trois substances le plus souvent consommées, l’héroïne, la cocaïne et le Dormicum® (aussi bien en mono qu’en polyconsommation), on voit apparaître d’importantes différences. C’est dans le centre d'accueil bas seuil de Genève que la proportion de consommation d’héroïne (sous toutes ses formes) a été la plus élevée, avec 59%. Elle a été la plus faible dans celui de Zurich, avec 19%. La consommation de cocaïne a elle aussi fortement varié. Dans le centre d'accueil de Soleure, elle a représenté 60% de la consommation et c'est à Genève qu’elle a obtenu la proportion la plus faible, avec 8%.
Auteur·e·s : Dominique Schori, Infodrog ; Melanie Wollschläger, ValueQuest GmbH
Monitorage, 17 pages en format pdf
Un nouvel outil répond aux questions et aux inquiétudes de la population sur l’usage des médias numériques. Ce site regroupe des explications, des conseils et des astuces développées avec des spécialistes, des parents et des jeunes, ainsi que des ressources locales et du matériel de prévention.
C’est l’association fribourgeoise REPER, avec le soutien de la Direction de la santé et des affaires sociales du canton de Fribourg, qui a développé le site en français et en allemand.
Spécialisé dans la prévention des addictions et des comportements à risques, REPER développe des pistes éducatives en lien avec l’âge, les lieux et les temps de connexion. La sécurité est bien sûr développée aussi, en particulier le cyber-harcèlement avec les aspects légaux et le contrôle parental. Quant aux réseaux sociaux, ils sont systématiquement passés en revue avec l’âge conseillé, les actions possibles pour les jeunes, les marges d’intervention pour les parents.
Des sélections d’excellentes vidéos regroupées par thème montrent comment les images sont transformées, comment fonctionnent Youtube et d’autres réseaux pour créer de l’addiction à leurs sites. Elles présentent aussi les conseils de Serge Tisseron sur les contrôles parentaux ou l’expérience très pertinente menée en Belgique par un faux «mentaliste» connecté.
En Suisse, 103’00 enfants vivent dans la pauvreté, deux fois plus dans la précarité, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Caritas réclame une loi-cadre fédérale.
Seuls quatre cantons (Tessin, Vaud, Genève et Soleure) ont reconnu l’urgence du problème. Ils luttent avec succès contre la pauvreté des enfants grâce à l’instrument des prestations complémentaires pour familles.
Pour Caritas, cet instrument qui a fait ses preuves doit désormais être introduit partout en Suisse. Garantir aux enfants une protection particulière et les aider à grandir et s’épanouir est un mandat constitutionnel. La Confédération doit jouer un rôle central en vue d’accorder les mêmes droits à tous les enfants. L’association estime qu’une loi-cadre obligeant tous les cantons à introduire des prestations complémentaires pour familles est impérative, tout comme une participation financière substantielle de la Confédération.
Prise de position, 12 pages
« C’était l’hiver, mon père nous avait quittés en toute brutalité et j’éprouvais le besoin de m’intéresser aux autres, de raconter des récits auxquels je n’appartenais pas. »
Pour Vivants, Francine Wohnlich a choisi de rencontrer vingt-quatre personnes qu’elle ne connaissait pas afin d’en restituer un portrait en texte et en dessin. Un contact sollicité auprès d’amis puis, après explication de la démarche et accord, rendez-vous est pris pour une conversation unique. Son but est la rencontre, avec une seule question : «Quand est-ce que tu te sens le plus vivant ?» Elle ne mène pas d’enquête ni n'oriente le propos.
Elle est prête à écouter ; qu’il raconte ce qu’il a à raconter, là, maintenant, qu’il se dévoile comme il le souhaite, s’il le souhaite. Qu’il parle avec les mains, les yeux, sa lassitude, son entrain, ses silences. Elle écoutera, car elle aussi est vivante, prise dans ses rythmes du jour, c’est-à-dire très loin d’une observatrice neutre. Car respecter l’autre, c’est aussi être attentif à ce qu’il produit en nous par le tracé de ses gestes, de sa parole, sa manière d’être là. Attirance, euphorie, ennui. Colère, complicité ou perplexité.
Francine Wohnlich, née à Genève en 1971, est comédienne, dramaturge et écrivaine. Elle exerce actuellement le métier de codeuse-interprète auprès d’enfants et de jeunes adultes sourds en milieu scolaire.
Bureaux partagés en sous-location à Lausanne-centre, dans un environnement propice aux échanges et aux synergies, notamment avec des associations axées sur la famille. (image : © Freepik)