Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
Recension par Jean Martin
Richard Wagamese (1955-2017) est l’un des principaux écrivains autochtones canadiens. Originaire de l’Ontario, il appartient à la nation amérindienne ojibwé. Il a travaillé comme journaliste et producteur radio et télévision et a été, en 1991, le premier «First Nation» à gagner un prix de journalisme national. Son livre Medicine Walk a été traduit en français sous le titre Les Etoiles s'éteignent à l'aube. Son roman Starlight paraît à titre posthume.
Tout petit, Wagamese vit avec ses parents dans une communauté traditionnelle. Alors qu’il a 3 ans, ses parents l’abandonnent, il est recueilli par l’Aide à l’enfance et placé dans une famille qui refuse qu’il maintienne des contacts avec sa Première Nation. « Les blessures dont j’ai alors souffert vont beaucoup plus loin que les cicatrices sur mes fesses », dira-t-il. Ce n’est qu’à 16 ans, fuguant et abandonnant l’école, qu’il rétablira des liens avec le monde autochtone et à 25 ans qu’il reverra ses parents. Il considérera leur négligence à son égard comme le résultat des abus qu’ils ont eux-mêmes subis. Il passe par des épisodes d’alcool, drogue, prison, petits boulots… puis par la passion littéraire.
Le héros du roman, Starlight, a eu une enfance comparable mais a trouvé un équilibre chez un vieux fermier (blanc) qui s’est bien occupé de lui et vient de mourir. Cette enfance a permis à Starlight de s’immerger dans la nature et d’en acquérir une immense et subtile connaissance. Il est amené à recueillir une femme et sa petite fille fuyant beaucoup de vicissitudes et de violences. Ensemble, les trois font un trajet de guérison. Un observateur a dit que le livre traitait de sylvothérapie, soit de soins par la forêt !
J’ai trouvé ce livre magnifique et j’ai été fasciné par la description de sorties et vie dans la nature : lumières, odeurs, ambiances et surtout descriptions de contacts de près avec des loups, des cerfs, etc. Elles correspondent sans doute à des expériences vécues. Substantiel, solaire et exemplaire dans les directions actuelles de retour, au sens large, vers le spirituel.
Genève/Paris : Editions Zoé, 2019, 219 pages.
Le rapport 2019 sur la consommation de substances dans les centres d’accueil bas seuil en Suisse sont rassemblés dans le rapport 2019 établi par les centres d’accueil et Infodrog, Centrale nationale de coordination des addictions.
L’ouverture de locaux de consommation en Suisse et d’autres mesures de réduction des risques ont contribué à faire baisser de manière significative le nombre de décès liés à la drogue et le nombre de nouveaux cas de transmission du VIH et à réduire la présence de scènes ouvertes de la drogue dans les grandes villes de Suisse. Le monitorage effectué par les centres d’accueil et Infodrog de 2016 à 2019 a eu pour objectif d’identifier la nature et les formes de consommations afin d’adapter les services fournis dans les locaux.
Les données de l’enquête. Au total, 5’405 personnes ont été interrogées et la majorité d’entre elles l'ont été plusieurs fois. Au total, 13’802 consommations ont été prises en compte dans l’évaluation. La majorité des clients des centres d’accueil ayant participé au monitorage était des hommes (78%). Plus de la moitié des consommations de substances ont été fumées (59%), les autres ont été injectées (21%) et sniffées (20%). Ces résultats sont assez comparables à ceux obtenus lors des années précédentes.
Les produits consommés. Dans les locaux de consommation, un bon tiers de la clientèle interrogée a consommé exclusivement de la cocaïne (40%) ou exclusivement de l’héroïne (28%). Un consommateur sur quatre a consommé les deux substances en polyconsommation. Les autres substances ont été comparativement plus rarement consommées. Environ 2% des personnes interrogées ont consommé du midazolam (Dormicum®). D’autres substances telles que la méthadone, le SROM (Sèvre-long®), les méthamphétamines («crystal meth»), les amphétamines («speed») ou le diazépam (Valium®) ont également été consommées.
Les différences géographiques. Si on considère les trois substances le plus souvent consommées, l’héroïne, la cocaïne et le Dormicum® (aussi bien en mono qu’en polyconsommation), on voit apparaître d’importantes différences. C’est dans le centre d'accueil bas seuil de Genève que la proportion de consommation d’héroïne (sous toutes ses formes) a été la plus élevée, avec 59%. Elle a été la plus faible dans celui de Zurich, avec 19%. La consommation de cocaïne a elle aussi fortement varié. Dans le centre d'accueil de Soleure, elle a représenté 60% de la consommation et c'est à Genève qu’elle a obtenu la proportion la plus faible, avec 8%.
Auteur·e·s : Dominique Schori, Infodrog ; Melanie Wollschläger, ValueQuest GmbH
Monitorage, 17 pages en format pdf
Un nouvel outil répond aux questions et aux inquiétudes de la population sur l’usage des médias numériques. Ce site regroupe des explications, des conseils et des astuces développées avec des spécialistes, des parents et des jeunes, ainsi que des ressources locales et du matériel de prévention.
C’est l’association fribourgeoise REPER, avec le soutien de la Direction de la santé et des affaires sociales du canton de Fribourg, qui a développé le site en français et en allemand.
Spécialisé dans la prévention des addictions et des comportements à risques, REPER développe des pistes éducatives en lien avec l’âge, les lieux et les temps de connexion. La sécurité est bien sûr développée aussi, en particulier le cyber-harcèlement avec les aspects légaux et le contrôle parental. Quant aux réseaux sociaux, ils sont systématiquement passés en revue avec l’âge conseillé, les actions possibles pour les jeunes, les marges d’intervention pour les parents.
Des sélections d’excellentes vidéos regroupées par thème montrent comment les images sont transformées, comment fonctionnent Youtube et d’autres réseaux pour créer de l’addiction à leurs sites. Elles présentent aussi les conseils de Serge Tisseron sur les contrôles parentaux ou l’expérience très pertinente menée en Belgique par un faux «mentaliste» connecté.
En Suisse, 103’00 enfants vivent dans la pauvreté, deux fois plus dans la précarité, juste au-dessus du seuil de pauvreté. Caritas réclame une loi-cadre fédérale.
Seuls quatre cantons (Tessin, Vaud, Genève et Soleure) ont reconnu l’urgence du problème. Ils luttent avec succès contre la pauvreté des enfants grâce à l’instrument des prestations complémentaires pour familles.
Pour Caritas, cet instrument qui a fait ses preuves doit désormais être introduit partout en Suisse. Garantir aux enfants une protection particulière et les aider à grandir et s’épanouir est un mandat constitutionnel. La Confédération doit jouer un rôle central en vue d’accorder les mêmes droits à tous les enfants. L’association estime qu’une loi-cadre obligeant tous les cantons à introduire des prestations complémentaires pour familles est impérative, tout comme une participation financière substantielle de la Confédération.
Prise de position, 12 pages
« C’était l’hiver, mon père nous avait quittés en toute brutalité et j’éprouvais le besoin de m’intéresser aux autres, de raconter des récits auxquels je n’appartenais pas. »
Pour Vivants, Francine Wohnlich a choisi de rencontrer vingt-quatre personnes qu’elle ne connaissait pas afin d’en restituer un portrait en texte et en dessin. Un contact sollicité auprès d’amis puis, après explication de la démarche et accord, rendez-vous est pris pour une conversation unique. Son but est la rencontre, avec une seule question : «Quand est-ce que tu te sens le plus vivant ?» Elle ne mène pas d’enquête ni n'oriente le propos.
Elle est prête à écouter ; qu’il raconte ce qu’il a à raconter, là, maintenant, qu’il se dévoile comme il le souhaite, s’il le souhaite. Qu’il parle avec les mains, les yeux, sa lassitude, son entrain, ses silences. Elle écoutera, car elle aussi est vivante, prise dans ses rythmes du jour, c’est-à-dire très loin d’une observatrice neutre. Car respecter l’autre, c’est aussi être attentif à ce qu’il produit en nous par le tracé de ses gestes, de sa parole, sa manière d’être là. Attirance, euphorie, ennui. Colère, complicité ou perplexité.
Francine Wohnlich, née à Genève en 1971, est comédienne, dramaturge et écrivaine. Elle exerce actuellement le métier de codeuse-interprète auprès d’enfants et de jeunes adultes sourds en milieu scolaire.
Le mémento statistique de la République et canton du Jura donne une multitude d’informations sur la population, la construction, la santé ou encore la culture. Quelques chiffres.
Population. En 2018, le canton dénombre 73'419 habitants (à titre de comparaison, Lausanne en compte 137'810 à fin 2017), soit 88 habitants au km2. La population résidente compte 21% de personnes de moins de 20 ans et 20.9% de 65 ans et plus.
Sécurité sociale. Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale s’élève à 2350. L’assurance invalidité compte 3335 bénéficiaires et l’AVS 16'843.
Logements. Les maisons individuelles composent 67% du parc de logements.
Economie. Le territoire jurassien comprend près de 6400 entreprises. Il y a 34'040 emplois en Equivalents plein temps, dont 42.3% dans le secteur secondaire et 51.4% dans le tertiaire.
Santé. Le canton dispose de 111 médecins, dont 34 généralistes. Il compte 17 dentistes et 19 pharmacies.
Version papier disponible sur demande
Mémento statistique jurassien, 28 pages en format pdf
Le volume des héritages a augmenté continuellement au cours des vingt-cinq dernières années. Dans Social Change in Switzerland, Marius Brülhart montre que la moitié de la fortune en Suisse provient actuellement de l'héritage.
Marius Brülhart examine l’évolution des héritages en Suisse depuis 1911. Il montre que le volume des héritages et des dons a augmenté fortement depuis 1990. D'ici 2020, ce volume devrait atteindre 95 milliards de francs suisses, passant du simple au triple en trente ans. L'héritage représente également une part croissante de la fortune. En Suisse, seul un franc sur deux de la fortune est gagné par les individus – l'autre moitié est héritée.
Lors des dernières décennies, le volume croissant des héritages est soumis à une imposition de plus en plus légère. Alors qu'un franc hérité en 1990 était imposé à 4.1%, le taux d'imposition sur les successions n'est aujourd'hui plus que de 1.4% en moyenne. A noter aussi que près de 60% de tous les héritages bénéficient à des héritiers âgés de plus de 60 ans.
Non seulement les héritages et les fortunes se sont accrus, mais les inégalités dans la répartition de la fortune se sont également accentuées. Aujourd’hui, le 1% des contribuables les plus riches possède plus de 40% de la fortune privée en Suisse.
Selon l’auteur de l’étude, l'impôt sur les successions semble être plus efficace et plus équitable que l’impôt sur le revenu. Néanmoins, de nombreux cantons ont réduit l'impôt sur les successions en raison de la concurrence fiscale, craignant de perdre de riches contribuables au profit d'autres cantons. Marius Brülhart montre que les réductions d'impôts n'ont pas entraîné de déménagements significatifs. Contrairement à l'impôt sur le revenu, l’impôt sur les successions semble n'avoir pratiquement aucune influence sur le choix de résidence des personnes fortunées. La réduction de l'impôt sur les successions serait ainsi clairement une activité déficitaire pour les cantons.
NDLR «En Suisse, les impôts sur les successions n’ont pas la cote», écrit l’auteur. Ne devrions-nous en dire autant de l’impôt sur les entreprises, et peut-être même de l’impôt sur la fortune ?
Le résumé de l'étude en ligne
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Marie Gaille est philosophe, directrice de recherches au CNRS français. Ses travaux s’intéressent à l’expérience de la maladie et au rapport au milieu de vie. Elle rappelle en exergue une phrase de Claude Bernard : « Il est très difficile, sinon impossible, de poser les limites entre l’état normal et l’état anormal. Les mots santé et maladie sont très arbitraires. »
On sait que, dans le monde occidental, c’est Hippocrate qui a séparé la médecine du religieux, « en combinant une faculté fine d’observation de choses particulières et une capacité à établir des faits généraux ». Gaille décrit dans la première partie du livre l’histoire de cet héritage, dont l’influence a perduré au cours des siècles et au-delà des évolutions épistémologiques. L’attention aux causes externes de la maladie est un des points principaux de cette filiation.
L’auteure a étudié principalement les travaux du psychiatre Kurt Goldstein (1878-1965), pionnier de la neuropsychologie, de Georges Canguilhem et de Maurice Merleau-Ponty ; tous philosophes, les deux premiers étant aussi médecins. « La réflexion de ces trois auteurs débouche sur une définition de la santé qui a pour axe central la relation à un milieu de vie. La santé n’est pas seulement l’absence de maladie, elle relève de l’expression de capacités, une forme d’aisance » (p. 19). Canguilhem : « La ‘normalité’ pour le vivant est relative à l’environnement de celui-ci et n’a pas de signification en dehors de cette relation. » Il importe de considérer et de combiner deux approches de la santé : une conception statistique et biologique d’une part, une conception holistique ou humaniste, centrée sur la personne, d’autre part.
Pour Goldstein, la mission de la médecine est « d’aider le patient à retrouver une place dans le monde et une relation à autrui, à se tailler un environnement de vie vivable, dans laquelle son existence a du sens et de la valeur. » Noter encore que, pour lui comme notamment pour Rudolf Virchow auparavant, la médecine a des dimensions et des implications sociales et politiques majeures. Ces impacts sont bien admis sinon démontrés aujourd’hui, même s’il y a peu de pays dans lesquels on en tire toutes les conséquences.
Antérieurement, Marie Gaille fait référence aux travaux du Français Pierre-Jean Cabanis à la fin du XVIIIe siècle. Par exemple, ce dernier assimile la criminalité à une maladie, raisonnement moderne quand on sait l’importance des influences du milieu, dès l’enfance, dans les délinquances comme pour la santé. Cabanis met l’accent sur les effets salutogénétiques d’un milieu naturel et architectural de qualité.
Est présentée une importante réflexion sur la notion de handicap, qui n’est pas caractérisée simplement par la déficience d’une personne mais bien comme le résultat d’une déficience et d’un environnement qui en aggrave les effets. L’anthropologue québécois Fougeyrollas renvoie à une « organisation sociale qui produit des situations systémiques de discrimination et de stigmatisation - ou encore de privilèges et de pouvoir » ! C’est pourquoi il faut parler aujourd’hui de situation de handicap. Comme d’autres, Goldstein relève qu’il est possible de se sentir en bonne santé même si, à cause de limitations, on ne peut pas ou plus effectuer ce qui était possible auparavant. Dans ce sens, on peut dire qu’une bonne santé exprime une marge « de tolérance et de compensation des agressions de l’environnement ».
Gaille souligne (p. 137) le passage nécessaire de la notion d’interdépendance entre les composantes de la biosphère (dont on parle beaucoup à propos du dérèglement climatique) à celle de solidarité au sein d’une société où tous ont une même communauté de destin. Ce qui renvoie à l’accent mis aujourd’hui sur le fait que les actions en matière de climat (vers une justice climatique) doivent se faire en concordance avec des actions du registre social.
Santé et environnement est un ouvrage maniable et agréable à lire, très bien informé, qui examine son sujet* du point de vue des sciences humaines et sociales, avec une perspective historique dès Hippocrate. Il apporte une contribution bienvenue alors que l’importance des humanités en médecine est de mieux en mieux reconnue et nécessaire pour une médecine du XXIe siècle qui aille au-delà du quantitatif et du technique.
* Une remarque linguistique : environnement se dit en allemand Umwelt (ce qui nous entoure) mais il est plus approprié, certains le font, de dire Mitwelt (ce avec quoi nous vivons).
L’association faîtière pour l’animation enfance et jeunesse en milieu ouvert (AFAJ) a élaboré un document de positionnement (pdf, 12p) concernant la jeunesse et le cannabis.
Prévention. La consommation de cannabis est une réalité sociétale. En raison de la longue expérience dans le contact avec des jeunes consommateur·trice·s, les profes- sionnel·le·s de l’animation enfance et jeunesse en milieu ouvert (AEJMO) est partie du principe qu’une consommation de cannabis qui soit consciente des risques est possible et peut être apprise. Sur la base des principes d’ouverture et de bas seuil, le travail de prévention n’est ainsi pas exclusivement axé sur l’abstinence.
Modalités. Le travail préventif se réalise dans des projets et des discussions ainsi que la prise de contact par des parents préoccupés. Cette façon de faire n'empêche pas la consommation, mais elle facilite pour les professionnel·le·s l'accompagnement des jeunes consommateur·trice·s. La consommation problématique est découverte et traitée plus tôt.
Objectifs. Les exigences et propositions présentées dans ce document visent à ce que l’animation enfance et jeunesse en milieu ouvert puisse apporter sa contribution à la protection des jeunes, à la prévention de comportements nocifs et à la promotion d’une gestion du cannabis consciente des risques.
Source : AFAJ
Document, 12 pages en format pdf
L’écologie dans tous ses états… Le magazine présente des reportages chez EcoLogistic et recyclage (EPI) et chez Réalise. Une double page présente l’atelier jardin de la FOJ et son magnifique potager éco-pédagogique. Pro Natura Genève plaide pour que les parents et les adultes jouent leur rôle envers les enfants dans le maintien du lien avec la nature. Une double page rappelle quelques gestes quotidiens suggérés par les jeunes. En plus d’un éclairage théorique, un cuisinier de l’institution présente les exigences du Label GRTA (Genève Région – Terre Avenir).
Initiale f en ligne
Le Siècle d'Emma est en réimpression: le livre sera livré durant la deuxième moitié de janvier 2020. Avec un peu de chance, vous pouvez encore le trouver en librairie ou en kiosque. Commande à
De la grève générale à la montée du nazisme, des moments sombres de l’immigration italienne aux luttes sociales des années 1970, l’histoire d’Emma, fictive mais très vraisemblable, nous immerge dans les conflits, les tensions et les questionnements du XXe siècle.
On dit souvent de l’histoire suisse qu’elle est ennuyeuse, sans conflits ni événements marquants. La vie (fictive) d’Emma démontre le contraire: née dans une petite bourgade horlogère au pied du Jura, Emma est soudain précipitée dans les soubresauts du XXe siècle.
Déclinée en cinq temps, dessinée en plusieurs centaines de cases, l’histoire d’Emma, fictive, mais très vraisemblable, nous immerge dans les conflits, les tensions et les questionnements du XXe siècle.
L’Office fédéral de la statistique a publié les résultats de son enquête sur la pédagogie spécialisée. À l’école obligatoire, 4,5% des élèves bénéficient de mesures de pédagogie spécialisée renforcées.
Plus de la moitié (53%) des élèves bénéficiant d’une mesure renforcée sont intégrés dans une classe ordinaire, 6% reçoivent un soutien dans une classe spéciale et 41% dans une école spécialisée.
Pendant l'année scolaire 2017/18, 4,5% des quelque 940’000 élèves de la scolarité obligatoire ont bénéficié d’une mesure de pédagogie spécialisée renforcée, soit près de 42’100 jeunes. Les garçons sont proportionnellement plus nombreux (5,7%) que les filles (3,2%) à recevoir un tel soutien. La part des élèves étrangers est plus élevée (5,8%) que celle des élèves de nationalité suisse (4%).
Le personnel chargé des mesures supplémentaires de pédagogie spécialisée est constitué en majeure partie de femmes, soit 83% en équivalents plein temps. Elle atteint même 94% en psychomotricité, en logopédie et dans l'enseignement pour élèves de langue étrangère.
Les écoles spécialisées constituent une minorité dans le système scolaire suisse (4,4% des institutions de formation de la scolarité obligatoire). Relevant à la fois du degré primaire et du degré secondaire I, elles se distinguent des écoles ordinaires par leur organisation et leur répartition sur le territoire suisse. Elles se situent pour 91% dans des communes urbaines ou intermédiaires et pour 9% seulement dans des communes rurales.
Pédagogie spécialisée, 24 pages en format pdf
En quelques décennies à peine, nous avons assisté à une curieuse inversion de sens de la fameuse « question sociale » : les personnes précarisées n’apparaissent plus seulement comme les plus vulnérables parmi les plus vulnérables, frappées par le sort et la malchance, attendant une aide, une réaction, une intervention de la part des autorités publiques. Elles sont désormais perçues comme une véritable charge pour la société.
Un peu partout en Europe, il s’en trouve, parmi les groupes les plus intégrés, qui ne souhaitent plus « payer » pour les plus pauvres. Ces derniers apparaissent à leurs yeux incapables de produire les efforts nécessaires pour s’intégrer au marché de l’emploi, aux valeurs et à la culture des autochtones !
Montée des inquiétudes, repli identitaire, peur de l’autre, émergence de véritables démagogues autoritaires, montée des populismes. Comment en sommes-nous arrivés là ? Que s’est-il produit pour que nous assistions aujourd’hui au rejet de ces publics les plus fragilisés ?
L’auteur Didier Vrancken questionne cette évolution sociétale et les causes de ce rejet, menant jusqu’à l’invisibilisation. Il discute ainsi de l’altération profonde d’un modèle de solidarité et de développement socio-économique, pensé dans l’immédiat après-guerre, autour d’une croissance démographique et économique portée par une Europe industrielle qui se relevait alors de ses cendres.
Source : Editions IES
Le Bulletin 04/1919 de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) a publié un important article de Susanne Hochuli : «Pouvoir des patients – ou pourquoi nous avons besoin d’organisations plus puissantes».
Les organisations qui s’engagent en faveur des patients sont nombreuses mais il leur manque une voix forte et unificatrice pour se faire entendre et faire bouger l'ensemble du système. Susanne Hochuli, présidente de l'Organisation suisse des patients (OSP) explique pourquoi elle s’engage pour un «quatrième pouvoir» dans le système de santé.
Le système de santé suisse, qui pèse 84 milliards de francs, est financé par les primes d’assurance maladie et les impôts. Dans son article, Susanne Hochuli se demande si cette somme énorme est réellement utilisée au bénéfice de la population. En fait, elle est plutôt convaincue que les intérêts des patients, des cotisants et des contribuables ne sont pas représentés comme étant d'une importance systémique.
C'est pourquoi, à l'avenir, l’OSP ne veut plus s’adresser uniquement aux patients et à leurs proches et les conseiller, elle souhaite également défendre les droits et les intérêts des cotisants et des contribuables en bonne santé au niveau politique. De son côté, l'ASSM y contribue en assurant la médiation entre les nombreuses organisations de patients et en sensibilisant le public à cette question. Source : ASSM
Télécharger le Bulletin ASSM 04/2019 en ligne
Véritable somme de savoirs, ce livre offre l’opportunité à tout proche ou praticien de la santé concerné par la maladie psychophysiologique d’accéder à une mine d’informations concises et approfondies proposées par un aréopage interdisciplinaire de professionnels gravitant autour de l’alimentation.
Recension par Nadia Baumann, psychopraticienne et formatrice d’adultes indépendante
ARPEGE, l’Association pour la Recherche et la Promotion en Etablissements Gérontopsychiatriques, est à l’origine de ce partage des connaissances et de plusieurs projets réunissant les différents acteurs de la santé autour du mieux-être holistique des personnes résidant en EMS, des collaborateurs, des proches et des bénévoles qui les entourent.
Le point fort de cet ouvrage est de réunir, à la manière d’un Banquet dédié à l’amour des convives, 29 auteur-e-s, qui, en 21 chapitres riches et synthétiques, partagent avec tout lecteur - professionnel ou non - concerné par l’accompagnement et l’alimentation, des astuces et outils utiles au maintien du goût de vivre. Son originalité réside dans le large éventail des expertises : s’y croisent et décroisent les points de vue de professeurs, médecins (psychiatre, gériatres, dentiste, endocrinologue) et diététiciens bien sûr, mais aussi ceux de directeurs d’institution, psychologues, chercheurs, éthiciens, infirmières, ostéopathe, ergothérapeute, thérapeute spécialiste de la déglutition, responsables des secteurs hôtelier et/ ou accompagnement psychosocial, expert en addiction, sans oublier les cuisiniers, véritables artisans des plaisirs du palais !
Plaisir de vivre et plaisirs de la table sont intimement liés ; toutefois, dès lors que la maladie s’attaque aux fonctions cérébrales, la compréhension, le raisonnement, la mémoire, l’orientation, la vision, le langage, la déglutition, l’adaptation des mouvements aux buts visés, la perception des objets et des personnes et les fonctions exécutives sont altérés, tout comme l’énergie et l’envie de vivre. Dans pareille situation, maintenir l’élan vital relève du défi pour les proches aussi bien que pour les professionnels au service de la personne atteinte dans sa santé.
Pour faire face à ces difficultés, il est nécessaire de connaître, concevoir, évaluer et mettre en place des réponses et stratégies adaptées. L’ensemble des chapitres vise à instruire, « faire connaître » et proposer de nouvelles manières de répondre aux besoins. Petite invitation à découvrir les « mets » thématiques au menu de cet ouvrage.
Dans un chapitre consacré aux « Démence, détérioration des fonctions cognitives et changements psychologiques et comportementaux » (chap.4), le Professeur Armin von Gunten s’attache à distinguer vieillissement normal et pathologique avant de décrire les caractéristiques des syndromes démentiels, leurs origines potentielles et leurs manifestations. Il s’intéresse ensuite aux traitements visant le recouvrement et le maintien de la meilleure qualité de vie possible par le biais des traitements pharmacologiques et de mesures d’ordre psychologique, psychosocial et contextuel.
Plusieurs chapitres traitent ensuite de la nutrition, des mesures d’évaluation, ainsi que des manières de prévenir et remédier aux éventuelles carences.
Les maitres-queux partagent les secrets des transformations qui leur permettent de contourner les difficultés de praxie, déglutition ou désorientation pour offrir à leurs hôtes des aliments apprêtés tout exprès pour leur santé et le plaisir de leurs papilles.
La réflexion éthique s’invite régulièrement au fil des pages et deux chapitres lui sont spécifiquement consacrés.
À l’origine de ce Banquet d’idées se trouvent Véronique Gafner et François Matt, gourmands gourmets et directeurs d’institutions. Tous deux promeuvent activement, avec et auprès de leurs collaborateurs et des familles, les grands principes de la philosophie de soins présentés par les auteurs conviés en cet ouvrage, à savoir : développer des lieux de vie pensés pour le bien-être et l’autodétermination des personnes accompagnées, dans le respect de la diversité et de la spécificité de l’ensemble des acteurs concernés.
Enfin, Carlo Crisci, grand chef étoilé et virtuose de la créativité gastronomique, résume en ces termes l’essence même de ce livre : « Dans l’existence tout passe, tout va, l’amour et la fortune, mais lorsqu’elle est amère, rien de tel que la bonne cuisine pour lui rendre sa douceur. »
ARPEGE - Bon appétit Monsieur Alzheimer - Alimentation: un plaisir pour tous. Lausanne : Editions d’en bas, 2017, 256 pages. En ligne
«Mais vous allez le regretter un jour si vous ne faites pas d’enfant !» Combien de femmes sans enfant n’ont-elles pas entendu cette remarque! Beaucoup plus rares en revanche, les femmes qui osent avouer qu’elles regrettent d’être mère.
Elles aiment leurs enfants, mais elles ont aussi besoin de s’exprimer par elles-mêmes, de s’épanouir, de réussir. L’idée même que l’on puisse concevoir du regret d’être mère peut être troublante. Orna Donath a interrogé de nombreuses femmes et propose l’idée suivante : nous devons nous questionner sur la façon dont la société pousse les femmes vers la maternité et pourquoi celles qui ne sont pas prêtes à suivre ce chemin sont encore considérées comme pouvant être une menace.
«Une enquête qui défie les tabous de la société, car tout remords est toléré, sauf celui d’avoir des enfants dans le monde.» Vanity Fair
«Grâce à ses recherches et à son livre, Orna Donath a rendu visible quelque chose qui, jusqu’à aujourd’hui, était limité aux confessions entre amis ou sur le divan des psychothérapeutes.» Der Spiegel
Orna Donath est docteur en sociologie, elle enseigne à l’Université Ben Gourion du Néguev en Israël où elle mène des recherches sur les attentes sociales auxquelles les femmes sont confrontées. Le regret d’être mère est son premier livre et a déjà rencontré un écho international.
Editions Odile Jacob, 2019, 240 pages.
De « abandon » à « zoom », 580 définitions pour découvrir et comprendre les droits de l’enfant, le droit à la protection et au respect, les libertés et les devoirs. Presque tous les domaines sont abordés : l’éducation, la famille, la santé, la protection des données personnelles, la salubrité de l’environnement, les migrations, le développement durable, l’égalité, la non-discrimination, la justice et la paix.
Un livre complet qui ne se limite pas aux droits de l’enfant mais propose des contextes de réflexion à leur propos. Par exemple concernant le paragraphe « Abus sexuels », l’auteure explique les différentes formes d’abus et ce que la loi et les Etats sont censés mettre en place pour éviter ces dérives. Concernant l’esclavage, elle revient sur l’historique de l’esclavage, parle de son abolition mais aussi des nouvelles formes qu’il a pris aujourd’hui, ce que l’on appelle l’esclavage moderne.
En 2019, c’est le 30e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).
Source: La joie de lire
Ouvrage publié en collaboration avec l’Association pour le dictionnaire des droits de l’enfant.
« Il y a dix ans, on me demandait comment trouver du travail. Il y a cinq ans, du logement. Aujourd’hui, de quoi manger. Et demain ? » Les travailleurs sociaux se sentent désormais démunis devant l’ampleur des demandes qu’ils rencontrent et le peu de moyens dont ils disposent. L’argent, mais aussi le temps, manquent.
En face, ceux que l’on appelle « les usagers » ont peur de finir comme Daniel Blake dans le film de Ken Loach, broyés par un système et une administration qu’ils ne parviennent plus à satisfaire.
Que faire, dans ces conditions, de la relation d’aide ? L’originalité des réponses qu’apporte cet ouvrage réside dans la démarche adoptée : prendre pour point de départ la perspective de l’usager, associer les professionnels à l’analyse, (faire) entendre la voix des personnes qui fréquentent les services sociaux associatifs pour mieux comprendre leurs réalités et nourrir la pratique des travailleurs sociaux.
C’est un serious game. Il s’appelle Bužanglo et vise à démonter les clichés à l’égard des Rroms. Il est destiné aux jeunes entre 12 et 15 ans et à toute personne intéressée.
Le serious game « Bužanglo, Démonte tes clichés ! » est inspiré de la vie de personnes réelles. Il permet de vivre l’histoire de plusieurs personnages, de suivre leurs parcours et d’adopter leur point de vue afin de mieux percevoir la grande diversité des situations des Rroms et de récolter des «cartes connaissances» pour nourrir le débat.
À la fin d'une partie de Bužanglo (prononcez Boudjanglo), les «cartes connaissances» trouvées durant l’exploration sont utilisées pour répondre à des questions (« vrai/faux ») sur l’histoire, l’économie, la géographie, la sociologie, le droit ou la citoyenneté.
Une partie dure environ 20 à 25 minutes. Elle dure environ 45 minutes avec la phase débat pour distinguer « le vrai du faux ». Elle peut se jouer sur ordinateur, tablette ou smartphone. Aucune connaissance préalable des jeux vidéo n'est nécessaire. Bužanglo est gratuit, ne comporte aucune publicité, aucun achat intégré et aucune image violente.
Destiné aux élèves de 8e à 11e Harmos, le jeu a été testé et évalué dans différentes classes vaudoises ainsi que par des enseignant·e·s de différentes disciplines (citoyenneté, économie, histoire, géographie). Une fiche pédagogique est disponible avec des pistes en lien avec le plan d'études romand (PER) pour aider les enseignant·e·s à intégrer ce jeu dans un cours.
Le jeu a été créé en partenariat par
Sa réalisation a été soutenue par Innosuisse, l’agence suisse pour l’encouragement de l’innovation, par la Rroma Foundation et par Digital Kingdom.
Les troubles bipolaires ne sont efficacement soignés que depuis la seconde moitié du XXe siècle alors que les relations entre la créativité, la mélancolie et les périodes d’hypomanie sont connues dès l’Antiquité. Alors que le premier tome de ce grand ouvrage consacré aux relations entre l’art et la santé mentale décrivait la vie tragique de 150 écrivains de premier plan - comme Andersen, Artaud, Balzac, Baudelaire, les sœurs Brontë, Byron, Carroll, Coleridge, Conrad, Cowper, Dickens, Dickinson, Essenine, Faulkner, Feydeau, Fitzgerald, Goethe, Gogol, Gorki, Hemingway, Hesse, Hölderlin, Hugo, Ibsen, les frères James, Lenau, Lermontov, Lowry, Maïakovski, Melville, Musset, Nerval, Pasternak, Pavese, Poe, Pouchkine, les Shelley, Stevenson, Strindberg, Tolstoï, Tourguenev, Twain, Woolf et Zola - le second analyse en détail la vie et l’œuvre de quatre compositeurs parmi les plus célèbres.
«Comment la bipolarité et ses troubles se sont-ils manifestés dans la vie et l’œuvre de ces quatre grands compositeurs ? Combinant immersion dans leur quotidien et étude approfondie de leur art, François Buhler compose un nouvel essai biobliographique à la hauteur du premier, aussi accessible qu’intelligent, aussi éclairant que passionnant.» Claudio Leubacher
«Voici le livre fondamental que l’on attendait, le livre nouveau qui procède enfin à l’inverse de la quasi-totalité des ouvrages parus sur le trouble bipolaire depuis plusieurs décennies. Au lieu d’être écrit par un psychiatre et de se servir des grandes personnalités du monde musical comme de simples exemples pour le bénéfice presque exclusif de l’étude et de la connaissance de la maladie, il est rédigé par un musicologue et se fonde sur les dernières avancées de la psychiatrie pour faire progresser la connaissance des compositeurs et leur œuvre. Ce livre mérite de trouver place dans la bibliothèque de toute personne intéressée par la psychologie et la musique.» France Loïse Rehbur
Ancien virtuose de la clarinette et professeur de conservatoire dans sept disciplines différentes, François Buhler est aussi écrivain, critique littéraire, traducteur, auteur de nombreuses publications spécialisées en musicologie, correcteur, relecteur, rewriter, graphologue et conférencier international. Il est l’actuel directeur de la collection Musicologie aux éditions Connaissances et Savoirs où il a publié Aleko, l’opéra tzigane de Rachmaninov.
Les coûts de l’assistance et des soins à la charge des particuliers à la retraite pèsent particulièrement lourd sur le budget des classes moyennes. Suivant le lieu de domicile, les différences annuelles sont énormes: jusqu’à 40'000 francs en EMS et 33’000 francs à domicile.
Le fédéralisme génère de très grandes différences. À situation économique et à besoins en soutien parfaitement identiques, le montant du revenu librement disponible des ménages de retraité-e-s varie en fonction du lieu de domicile. Les différences entre les revenus librement disponibles ont tendance à augmenter au fur et à mesure que le revenu et la fortune augmentent. Elles peuvent atteindre jusqu’à 40’000 francs par année pour les personnes vivant en EMS, et jusqu’à 33’000 francs par année pour les retraité-e-s qui vivent à leur domicile.
Les frais d’assistance et de soins à la charge des particuliers pèsent particulièrement lourd pour les classes moyennes. Les ménages dont le revenu des rentes est bas et qui possèdent peu de fortune peuvent demander à percevoir des prestations complémentaires, qui couvrent la majeure partie des frais d’assistance et de soins ou des frais d’EMS. En revanche, les ménages des classes moyennes doivent payer de leur poche des frais d’assistance et de soins nettement plus élevés, et le revenu de leur rente ne suffit pas à couvrir les frais courants d’un EMS. Ces personnes vont donc piocher dans leur fortune jusqu’à pouvoir prétendre à des transferts sociaux.
Pour nombre de retraité-e-s, les frais d’assistance représentent une charge financière importante. Les dépenses d’assistance sont un poste important dans le budget des ménages étudiés. Elles pèsent beaucoup plus lourd que les frais de soins, car dans toute la Suisse, ces derniers sont pris en charge par les caisses-maladie, tandis que les frais d’assistance restent largement à la charge des ménages de retraité-e-s.
Au début du processus de fragilisation, les retraité-e-s paient beaucoup de frais de leur poche. Au début du processus de fragilisation, les personnes âgées ont surtout besoin d’assistance dans la vie quotidienne, mais de peu de soins. Durant cette phase, il faut qu’elles soient en mesure de payer l’assis- tance nécessaire elles-mêmes ou de compter sur un bon réseau familial ou de voisinage.
En Suisse, le système de sécurité sociale pour les personnes âgées est (trop) complexe. Les retraité-e-s tributaires d’assistance et de soins doivent impérativement savoir se repérer dans un système de protection sociale complexe ou connaître des personnes qui puissent les guider. Pour les personnes âgées, cette complexité peut être un obstacle et les empêcher de faire valoir leurs droits. La conséquence en est que toutes les possibilités disponibles ne sont pas utilisées et que les inégalités deviennent encore plus grandes.
Signalons que ce modèle ne fait pas apparaître les nombreuses heures de soins apportées en plus par les membres de la famille, ami-e-s, voisin-e-s et volontaires dans l’assistance et les soins prodigués aux personnes âgées. Sans cet engagement bénévole, le système social suisse, en particulier dans le secteur ambulatoire, ne pourrait pas fonctionner.
Source : advocacy ag, Bâle/Zurich
La synthèse en format pdf
L’enquête a été menée de mars à décembre 2018 auprès des trois acteurs principaux en lien avec cette thématique : les assistants sociaux, assistantes sociales, conseillers et conseillères en insertion professionnelle, les personnes 50+ bénéficiant de l’aide sociale et les employeurs du marché primaire genevois membres de la Fédération des entreprises romandes et de l’Economie sociale et solidaire.
L’analyse, réalisée au printemps 2019, a mis en évidence les différentes perceptions et pratiques des acteurs questionnés.
Pour améliorer l’insertion professionnelle des 50+, l’étude suggère de développer l’interface entre tous ces acteurs. Elle insiste aussi sur la nécessité, pour la société dans son ensemble, de changer l’image négative des seniors en faisant connaître et reconnaître leurs compétences, en valorisant leur vécu professionnel et personnel.
Synthèse de l’étude en format pdf, 21 pages
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Né à Boston, Richard Cabot œuvra en laboratoire, devint professeur de médecine à Harvard, puis d’éthique sociale à la fin de sa carrière. L’auteur Bernard Hoerni, professeur émérite d’oncologie de Bordeaux, qui a beaucoup écrit dans les domaines de la déontologie médicale et de l’histoire de la médecine, s’est intéressé de longue date à la vie de Cabot, considérant que sa vie et son œuvre étaient injustement peu ou mal connues. De manière surprenante, on ne trouve effectivement pas de véritable biographie à son sujet en langue anglaise.
Une vision de santé communautaire
Au Massachussetts General Hospital, Cabot transforme la manière dont le département de policlinique était organisé. Selon sa vision, les conditions économiques, sociales, familiales et psychologiques sous-tendent beaucoup des affections dont souffrent les patients. Ils vivent souvent dans des logements surpeuplés et insalubres et dans des situations de migration récente. Il évoque bien sûr la tuberculose, mais se demande aussi, par exemple, où trouver une aide utile pour une fille ayant un enfant sans mari. Sur cette question, avec une vision éminemment moderne, le médecin est réservé quant à une prise en charge en institution.
Une formulation m’apparaît à la fois interpellante et juste : « Il faut reconstituer l’historique des désordres, leurs circonstances. Malgré ce qu’expose souvent le patient, les troubles actuels sont rarement accidentels. » Cette citation me rappelle (J.M.) la formule que je débattais avec les étudiants, « L’accident n’est pas accidentel », il survient par la conjonction de divers facteurs de risque.
Le travail social à l’hôpital
Cabot met en place un système où des assistantes sociales œuvraient en complémentarité avec les médecins et il montre que le travail social améliorait les résultats du traitement en apportant une perspective critique. En 1905, il crée les premières positions d’assistantes sociales professionnelles, collaborant durant quatre décennies avec Ida Maud Cannon, sœur du physiologiste Walter Cannon. Et comme l’hôpital refusait de payer ces dernières, il le faisait de sa poche.
Des « art classes » en psychiatrie sont parmi les développements novateurs qu’on lui doit. ll soutint également la création de l’école d’infirmières laïques de Bordeaux.
Un contemporain de l’Académie de médecine, Maurice de Fleury, a dit de lui : « Partout où fonctionne l’organisation qu’inventa le Dr Cabot, l’hôpital subit une transformation. Il y a une atmosphère de confiance. Les plus déshérités d’entre les hommes se sentent là compris, discrètement aimés et protégés. Au traitement du médecin, une femme active et délicate apporte une part d’ineffable. »
Pratique et éthique médicales
Sur la participation du patient. « Il y a des siècles, écrit Cabot, que les médecins caressent l’idéal d’aller au fond des maux de leur patient, de sonder aussi loin que possible les causes de la maladie. Mais leurs formation et caractère professionnels les incitaient à se concentrer sur les manifestations physiques de la maladie et à négliger l’intelligence et la volonté du patient, ainsi que ses réactions aux rapports avec diverses dimensions de son milieu […] Cet oubli caractérise particulièrement la pratique à l’hôpital, car on n’y voit le malade qu’arraché à son entourage naturel. » Ecrit il y a un siècle, difficile de faire plus pertinent, aujourd’hui encore.
Sur l’écoute. « Il faut aussi une intensité de sympathie, un don de soi durant le temps que nous passons avec une personne. Les gens que j’aide le plus souvent sont ceux pour lesquels je ne fais rien. Ils me racontent leur histoire et voient alors eux-mêmes la solution. » « Dans sa relation avec le malade, le médecin n’agit pas par amour, il n’a pas à avoir pitié, ni à donner avec condescendance. Il a à partager, à restituer ce qu’il a reçu. »
Le mensonge et les erreurs
Très en avance sur son temps, à une époque où l’information aux malades reste dominée par le mensonge « médical » ou « thérapeutique », Cabot défend le droit du patient à une information complète et exacte. Allant jusqu’à dire qu’il faut faire confiance aux malades qui sont capables d’entendre des nouvelles désagréables et que le médecin a l’obligation de donner le diagnostic. « Je n’ai jamais vu un malade s’aggraver en apprenant la nature de sa maladie. »
Précisions encore qu’il s’implique pour convaincre qu’on peut s’instruire à partir de ses erreurs, même si beaucoup de ses confrères vivent mal qu’il mette en évidence ces erreurs médicales. Il crée aussi les conférences anatomo-cliniques et est un pionnier de la formation professionnelle continue.
Pour terminer, notons que Cabot affirme des conceptions écologiques avant l’heure, relevant que l’homme emprunte beaucoup à la nature qui l’entoure, mais qu’il en fait partie et doit respecter un équilibre entre ce qu’il reçoit et ce qu’il donne.
Bien écrite, agréable à lire, vivante, cette biographie suit de manière détaillée les itinéraires d’un pionnier de la prise en compte des conditions sociales dans la pratique médicale. Elle fourmille d’informations précises, médicales, sociales, historiques sur la vie de Richard Cabot, son milieu, les Etats-Unis (mais aussi la France) à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C’est une contribution fort bienvenue.
Ce numéro s’intéresse à la construction des corps au travail, disciplinés par les systèmes de genre et de classe. Quatre articles du Grand angle examinent cette modélisation des corps dans des métiers de production et de service, au plus près de ce que vivent les serveuses d’une grande chaîne de restauration populaire (Marie Mathieu), les grooms et les concierges d’un hôtel de luxe (Amélie Beaumont), des bouchers (Isabelle Zinn) et des apprenti·e·s se formant respectivement dans les métiers de l’automobile et de la coiffure (Sophie Denave et Fanny Renard).
Les auteures analysent les transformations corporelles auxquelles conduisent les prescriptions des entreprises et l’exercice d’un travail souvent pénible, ainsi que les stratégies des employé·e·s pour s’en accommoder ou y résister. L’ensemble du dossier rend compte des différents modèles du féminin et du masculin qui sont mobilisés pour définir le physique de l’emploi qu’elles et ils se doivent d’acquérir.
L’échantillon de 1500 personnes. Menée dans le cadre du Pôle de recherche national LIVES à l’Université de Genève, en collaboration avec l’Université de Lausanne, l’étude se base sur les trajectoires administratives sur 48 mois d’un total de trois groupes de 500 personnes ayant déposé une demande en 2000, 2004 et 2008 auprès de l’Office de l'assurance-invalidité du canton de Vaud.
L’octroi de la rente. Ainsi, quatre ans après avoir déposé une demande, 49% des assuré·e·s de la cohorte de 2000 étaient au bénéficie d’une rentre contre 28% dans la cohorte de 2008. Cette diminution s’explique en bonne partie par l’augmentation des refus de prestation. Alors que quatre ans après le dépôt de leur demande, 19% des assuré·e·s de la cohorte de 2000 avaient quitté l’AI suite à un refus de prestation, ils étaient 28% dans la cohorte de 2008 à connaître la même situation.
Les tranches d’âge. La part des personnes de 18-35 ans bénéficiant de rentes (entières et partielles) est restée la même pour les deux cohortes (soit 33%, 4 ans après le dépôt de leur demande). Cependant, pour les tranches d’âge de 35 à 49 ans ainsi que celle de 50 à 65 ans, l’impact a été très concret et se traduit par une augmentation marquée des refus de prestations (+79% parmi les 35-49 ans, et +54% parmi les 50-65). Contrairement à la situation des jeunes, l’accès aux rentes des classes d’âge supérieures a été nettement réduit, sans que leur accès à la réadaptation professionnelle n’ait progressé de manière significative.
La santé psychique. La part des rentes octroyées pour des raisons psychiques continue d’augmenter, celles-ci concernent près d’un·e rentier·ère sur deux. Le renforcement des mesures de réadaptation professionnelle entrepris par les récentes réformes n’a que peu d’effet.
Les non-recours. Le manque de connaissance à l’égard de l’AI et le stigmate qui lui est associé, renforcé par les mesures de lutte contre les «abus» ont un effet désincitatif qui tend à accroître le risque du non-recours.