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La pratique du travail social hors murs (TSHM) se déploie au sein des collectivités locales au plus près de différents publics en situation de vulnérabilité. Peu connue, elle peut apparaître comme opaque aux yeux d’un observateur non averti.
Les praticiens eux-mêmes rencontrent parfois des difficultés à expliciter leur propre action au quotidien. Afin de rendre compte de la finesse de l’exercice de la pratique et de tenter de répondre à la question : comment fait-on du travail social hors murs, les professionnels de la Plateforme romande du travail social hors murs ont construit collectivement ce référentiel de pratiques.
Ce qui « fait référence » pour le travailleur social hors murs ne peut être mobilisé de manière statique, mécanique comme le prescrirait un guide de « bonnes pratiques ». Pour cette raison, au fil de cet ouvrage, le lecteur est invité à effectuer un aller-retour entre une typologie qui réduit volontairement la complexité des éléments de la pratique afin de mieux les identifier, et une série de récits rédigés par des professionnels romands du TSHM.
Des récits de pratiques qui, chacun à leur manière, témoignent du savoir-faire engagé dans la diversité des situations rencontrées sur le terrain.
L'initiative populaire fédérale pour l’introduction d’un congé paternité rémunéré de 4 semaines récolte actuellement des signatures. Au cours des deux dernières décennies, plusieurs dizaines de propositions en faveur d’un congé parental ou paternité ont été avancées. Eclairages sur les enjeux d'un tel congé pour l'égalité entre hommes et femmes. Les quatre points-clés présentés par la chercheuse Isabel Valarino.
Le principal avantage de la contribution d'assistance: la possibilité d’engager du personnel selon ses propres critères, de définir le cahier des charges et les horaires selon ses besoins. Toutefois cela ne va pas sans son pendant de responsabilités. Car l’employeur, c’est la personne handicapée avec laquelle vous vivez, ou c’est vous, les parents. Il s’agira donc de recruter, d’établir un contrat de travail, de gérer les relations avec votre employé, de lui accorder les congés auxquels il a droit, de verser son salaire, tout cela dans le respect des obligations légales de tout employeur.
Les questions auxquelles répond ce mode d'emploi:
Le guide a été réalisé sur les conseils de Sophie Rais Pugin, responsable du service de Conseil spécialisé en assistance de Pro Infirmis.
Commentaire de Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
En Suisse, le droit de demander et de recevoir (ou de refuser) des soins est un droit dit strictement personnel. Le mineur l’exerce librement, y compris à l’insu ou contre le gré de ses parents. Des questions délicates à cet égard concernent en particulier la contraception et l’interruption de grossesse. Les réponses données varient selon les pays voire, en Suisse, selon les cantons. Ainsi, dans le canton de Vaud, dès les années 1950, une interruption de grossesse peut être pratiquée sur une mineure capable de discernement sans en informer les parents. D’autres interrogations éthiques concernent l’éventuel don d’organe par un donneur mineur vivant, ainsi que l’assistance au suicide. En Belgique en 2016, il a été admis qu’un mineur pouvait légitimement requérir un tel geste, y compris l’euthanasie.
Pour l’essentiel, la doctrine ne semble pas aujourd’hui poser problème chez nous. Raison pour laquelle il est intéressant de trouver, dans la dernière livraison du Hastings Center Report, un article détaillé d’une enseignante d’éthique de l’Université de St. Louis (USA). Elle prend le contre-pied de la pratique actuelle et estime que la décision devrait rester de la compétence des représentants légaux. Elle note que l’évidence scientifique est imprécise : « Les mêmes données psychologiques et neurologiques ayant été interprétées en soutien à des conclusions opposées, il parait prudent de réserver son jugement quant à ce qu’elles révèlent de la qualité de la prise de décision par les adolescents.»
Le propos est parfois simpliste : « Un enfant de 10 ans peut disposer du discernement voulu pour décider de recevoir un médicament en une ou plusieurs doses mais pas de la capacité de décider si sa jambe gangrenée doit être amputée.» Cette situation soulève pourtant un enjeu important. Lorsque je faisais des exposés sur ce thème, je prenais l’exemple de la contraception et de la stérilisation. En principe et sauf objection de conscience, le médecin peut/doit répondre à la demande de contraception d’une ado de 15 ans. Il doit aussi respecter le secret médical, y compris vis-à-vis des parents. Toutefois, il ne saurait obtempérer de la même manière si elle lui demandait de la stériliser, « parce que le monde va si mal et qu’elle ne voudra jamais d’enfant ». Le principe juridique et éthique est chez nous « en faveur » de l’ado, le praticien toutefois garde un devoir professionnel d’appréciation. Ici, en cas de désaccord ou de conflit, l’ado exerce son droit strictement personnel. Néanmoins, le dialogue doit être favorisé, chaque fois que c’est possible, en vue d’arriver à un assentiment des représentants légaux.
« Avec d’autres, dit Salter, j’argumente que, même vis-à-vis d’ados, les parents devraient garder l’autorité de décider. Je ne le dis pas parce que je croirais que la plupart des ados n’ont pas la capacité de discernement voulue [mais] parce que, en soi, la capacité de détermination d’un ado ne justifie pas/n’entraîne pas à mon sens que l’autorité de décider doive lui être remise. Confondre capacité et autorité néglige une raison centrale : les parents sont moralement et légalement responsables pour leurs enfants ». Aussi : « Il se pourrait que la science montre que certains ados prennent des décisions aussi bien que leurs adultes de référence. Mais savoir si les ados doivent se voir accorder l’autorité de décider est une question éthique qui n’est pas réductible à l’évidence scientifique. »
Il y a là une différence socio-culturelle manifeste. La société étatsunienne et ses valeurs ont des dimensions légalistes marquées. De plus, on observe un certain retour vers l’autorité de ceux qui la détenaient traditionnellement – à noter que Salter parle de la famille comme d’une unité « sacrée » de la société. En Suisse et en Europe, notamment nordique, l’éventail des références pertinentes montre un autre équilibre, une appréciation différente des intérêts et droits respectifs. Et je continue à penser que nous sommes mieux servis par la disposition du Code civil sur le droit strictement personnel librement exercé par l’ado (sauf exception), et par la position éthique prévalente, que par des règles sans souplesse. Curieusement, la demande de Salter de maintenir de routine l’autorité parentale de décider pour les ados se base sur des éléments comme l’âge chronologique et la majorité juridique, rigides par essence, alors que par ailleurs elle insiste sur le caractère éthique de la problématique. Un peu contradictoire, non ?
Salter E.K. Conflating capacity and authority : Why we’re asking the wrong questions in the adolescent decision-making debate. Hastings Center Report 2017, 47, No. 1, 32-41. En ligne
REISO a soigneusement évité l'austérité des revues scientifiques et la splendeur des sites publicitaires. Elle a aussi voulu se distinguer des quotidiens et hebdomadaires généralistes (ou ce qu'il en reste), des mensuels thématiques, des magazines spécialisés. Unique en son genre en Suisse romande, REISO a tracé sa voie particulière, celle d'une revue interdisciplinaire en ligne qui s'adresse à des lecteurs et des lectrices, jamais à des utilisateurs ni à des consommateurs. Des inspirations ont été trouvées chez nos voisins français, Liens Socio, La vie des idées, Nonfiction, le blog de Pierre Assouline ou d'autres, mais il a fallu créer un chemin nouveau, différent de 95% des sites-vitrines d'activités aussi intéressantes soient-elles. REISO n'a pas un site internet, REISO est un site internet.
Les principales options choisies pour ce nouveau site? La police de caractère Open Sans avec ses lettres rondes et ergonomiques, une longueur de ligne calibrée pour le confort de la lecture, des interlignes et des interparagraphes qui facilitent le repérage dans le texte, des notes claires mais discrètes, des vignettes-photos mieux mises en valeur.
Les actualités et les événements de l'agenda déclinent les options typographiques de base dans une mise en page plus compacte. Les albums-photos sont désormais disponibles dans des diaporamas fluides. Quant à la recherche, la grande loupe à droite du menu principal, elle permet de rechercher un ou plusieurs mots, des auteur·e·s ou des thèmes dans tout le site ou des parties spécifiques. Développé sur Joomla! avec l'éditeur de texte FlexiContent, le site est également agréable à lire sur tablettes et téléphones.
Alain Rihs, webmaster de ce site depuis 2011, consultant en logiciels libres, Artisan du web, et Lucien Pamingle, chargé de projet, ont non seulement transféré les plus de 2000 textes de l'ancien site au nouveau, ils ont suivi les développements et continuellement œuvré pour la qualité et la cohérence de ce nouveau site. Margaux Délez, coordinatrice assistante, a elle aussi participé à l'aventure, à la réflexion sur les thèmes, la vérification d'actualités et la mise en ligne des agendas.
Des milliers d'hyperliens ont été adaptés, modifiés et/ou redirigés. Il reste toutefois des liens qui ne seront corrigés qu'au fil des semaines, quand les fameuses «erreurs 404» restantes seront peu à peu répertoriées.
La coordination de REISO se réjouit de vos commentaires et réactions. Nous comptons sur vous: offrez-nous quelques minutes de navigation, recherchez votre nom si vous êtes un·e auteur·e, recherchez le nom de votre entité pour voir quels articles et actualités en parlent, testez les hyperliens! Et envoyez-nous vos impressions à avec ce que vous aimez et ce que vous aimez moins; avec le signalement des bugs que vous repérez; avec vos idées et vos pistes d'améliorations. Ce sera un beau cadeau pour l'équipe et nous vous en remercions d'avance.
Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO
L’Ecole de santé de Suisse romande vient de réaliser une vidéo dans le cadre des cours. Elle explique en quelques images et conseils simples les principes de base de la réanimation cardiopulmonaire aux non professionnels de la santé.
Jetez un œil à cette courte vidéo : sa démarche pédagogique est à la fois pertinente et souriante. Surtout, elle est utile et peut sauver une vie…
La démarche a été coordonnée par Dr François Dupuis, directeur médical de l’Ecole de santé de Suisse romande ESSR
Doté de 5’000 CHF, ce prix permettra aux enfants de réaliser un projet de leur crû destiné à faire vivre les droits de l’enfant dans leur institution. Il sera décerné le 22 novembre à Genève, au cours d’une manifestation organisée par l’IDE et ses partenaires pour célébrer la Journée internationale des droits de l’enfant.
Il récompensera un projet efficace et réalisable initié par/avec des enfants et/ou des jeunes placés dans des institutions de Suisse romande, qui rende réels les droits de l’enfant dans leur lieu de vie/d’accueil. L’accent sera mis sur la participation effective des enfants (Art. 12 de la CDE), tant dans l’élaboration que dans la réalisation du projet, qui devra intervenir durant l’année 2017 et/ou 2018. Le projet pourra mettre à l’honneur un ou plusieurs droits de l’enfant.
Les projets soumis au concours peuvent être en cours de réalisation ou totalement nouveaux. Aucune forme particulière pour leur présentation n’est exigée et les supports sont libres. Délai de dépôt des projets : 1er septembre 2017.
Infos et règlement en ligne
L’usage de substances psychoactives – qu’elles soient légales ou illégales – dans notre société reste un sujet d’actualité. Tandis qu’une grande partie de la population consomme ces substances de manière non problématique, un quart fume et un cinquième boit trop ou trop souvent. De plus, environ 200’000 personnes ont consommé du cannabis durant le dernier mois. En outre, l’omniprésence d’internet pose problème à une partie de la population, tout comme certain-e-s perdent le contrôle sur les jeux d’argent.
Le Panorama Suisse des Addictions 2017 d’Addiction Suisse offre une vue d’ensemble de la situation et des tendances actuelles et soulève des questions critiques sur les substances psychoactives, l’addiction et la politique en la matière. Une question centrale est celle de la responsabilité des différents acteurs qui remet également en cause le rôle de l’Etat et de l’économie.
Avec des informations détaillées dans les domaines de l’alcool, du tabac, des drogues illégales, du jeu, de l’usage d’Internet et pour la première fois du mésusage de médicaments sous ordonnance ainsi qu’un communiqué principal, Addiction Suisse livre une analyse des évolutions dans ces domaines.
Panorama en format pdf
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Philosophe analytique français, Ruwen Ogien a été opéré d’un cancer du pancréas et subi une demi-douzaine de chimiothérapies. Dans ce récit, il évoque son histoire individuelle mais fait aussi un tour d’horizon bien informé de sociologie médicale. Il décrit les relations soigné-soignant, les rapports entre soignants, la psychologie médicale et les ressentis du malade. Quelques extraits.
Vécu personnel. « Je suis atteint d’un cancer capricieux. Je crois être indifférent à ce qui m’arrive mais suis terriblement inquiet lorsque je dois aller chercher les résultats des analyses. Je me sens plein de compassion envers les autres malades mais ai du mal à supporter leur proximité physique. J’ai l’impression d’être de plus en plus étranger à mon corps alors que je m’intéresse sérieusement à son fonctionnement pour la première fois. Je prétends être ouvert à toutes les thérapies alternatives mais m’arrange pour n’en suivre aucune. J’éprouve de la gratitude et même de l’amour pour le personnel soignant mais ressens aussi souvent de la méfiance et de la crainte à son égard. »
Contre le dolorisme. Ogien s’en prend aux vues de certains auteurs et milieux, religieux par exemple. A son sens, ces réponses « contribuent à discréditer la souffrance des personnes atteintes de graves maladies, à renforcer la violence sociale à leur encontre [liée à ce qu’on voit à la souffrance une vertu « rédemptrice »], et à protéger certaines formes de paternalisme médical. » Il précise : « La souffrance physique est un fait brut qui n’a aucun sens, qu’on peut expliquer par des causes, mais qu’on ne peut pas justifier par des raisons. »
Le statut du malade. « J’avais l’impression que, si je ne voulais pas être perçu comme un ‘déchet’ ne méritant pas des efforts thérapeutiques, je devais présenter une certaine image : celle d’une personne résistant vaillamment, sincèrement désireuse de suivre les recommandations des médecins ».
Sur la résilience. « Au fond, la psychologie positive, dont la résilience est un des piliers, a un côté bêtement optimiste, répugnant aux yeux de tous ceux dont la vie est précaire, marquée par des échecs et des peines profondes. Elle tend à culpabiliser tous les défaitistes en pensée, ceux qui n’ont pas la force ou l’envie de surmonter leur désespoir (…). C’est pourquoi la tendance à présenter les maladies comme des défis susceptibles de nous faire grandir m’est devenue quasiment insupportable. Si résilience et autres notions positives méritent sans doute de retenir l’attention, il faut aussi entendre la crainte que ce discours puisse augmenter le malheur des ‘paumés’. »
Une idée iconoclaste. « Le fait que les médicaments anticancéreux n’ont pour objectif que de prolonger la survie donne l’impression d’un grand déficit de l’institution médicale. Ceci devrait être un aiguillon pour revenir à un but plus classique, la guérison. Mais l’invasion des maladies chroniques fait tellement les affaires de l’industrie pharmaceutique qu’on peut se demander si cette dernière ne contribue pas à laisser les choses en l’état. Certains chercheurs font même l’hypothèse que c’est la relative impuissance des médicaments à guérir la maladie qui en font tout le prix pour l’industrie. »
Enfin, un point délicat. « Sans tomber dans un utilitarisme calculateur, je me demande, comme devrait le faire tout citoyen ‘raisonnable’, si prolonger ma vie de quelques semaines au prix de dépenses énormes en vaut vraiment la peine (…) Est-ce que je trouverais juste de dépenser tout ce qui me reste à la banque pour cela, en privant ma famille ou une organisation caritative de cette somme qu’ils pourraient consacrer à un bien-être plus durable. Je suis en train de perdre mes certitudes ‘déontologiques’, ma croyance que l’impératif de me maintenir en vie prévaut sur toutes les autres considérations. »
Bibliographie. Il y a beaucoup d’érudition dans « Mes Mille et Une Nuits », y compris une bibliographie de 120 titres avec une sélection d’ouvrages académiques d’Europe et d’Amérique du Nord, les livres de l’Américain Talcott Parsons (Eléments pour une sociologie de l’action. Paris : Plon, 1955) et des Français Adam et Herzlich (Sociologie de la maladie et de la médecine. Paris : Armand Colin, 1994) et des classiques littéraires comme Mars, de notre compatriote Fritz Zorn, ou Une mort très douce, de Simone de Beauvoir.
Il suffit d’une vingtaine d’années pour que les sociétés occidentales passent du baby boom au baby bust. Le nombre d’enfants par famille augmente fortement dès la Seconde Guerre mondiale puis s’effondre à partir du milieu des années 1960 pour se stabiliser à une moyenne de 1,5 enfant au tournant des années 1970.
Quelles sont les raisons de cette transformation rapide et profonde de l’intimité familiale ?
Cet ouvrage cherche à éclairer cette révolution silencieuse au travers du cas de la Suisse romande pour les années 1955-1970. Il donne la parole à une cinquantaine d’individus devenus parents dans les villes de Lausanne et de Fribourg durant les années 1960. Accès à la contraception, discours médiatiques, religieux et politiques sur la famille et l’éducation : les deux villes offrent alors un environnement bien différents aux jeunes parents. Ce contraste met en lumière l’importance du contexte social et institutionnel sur les choix intimes.
Combinant sources institutionnelles, médiatiques et expériences individuelles, cet ouvrage éclaire les aspirations familiales et professionnelles d’une génération précurseuse de nos sociétés contemporaines. Le bien-être matériel et émotionnel de l’enfant et des parents devient un élément déterminant, renforçant l’idée de l’enfant précieux.
Recension par François-Xavier Audergon, président du Tribunal de la Sarine, Fribourg
Dans cet ouvrage, l’auteur actualise les concepts développés par le philosophe Paul-Michel Foucault et les applique au Travail social, fort de son expérience personnelle dans le domaine.
Une société conçue comme un ensemble d’individualités se dote de normes pour garantir son bon fonctionnement. Elle érige ainsi une « normalité » qui porte en elle une part indéniable d’arbitraire. Pour s’en convaincre, force est de relever la définition fluctuante de « normalité » au fil des ans, mais aussi dans les différentes cultures.
Pour ceux qui ne peuvent cependant s’insérer dans cette moyenne normative, qui vivent dans la marge, il appartient alors au pouvoir politique d’organiser des modes d’assistance, d’insertion, de contrôle, tâches qu’il a confiées aux travailleurs sociaux. Or, paradoxalement, le pouvoir exige toujours plus de résultats en la matière, pose de nouvelles exigences aux personnes dans le besoin, sans doter suffisamment en personnel ou en moyens l’action sociale, créant une asymétrie ambigüe.
Fort de ce constat, l’auteur, faisant siens les principes de Foucault, élabore une problématisation de l’action du travailleur social. Il s’interroge notamment sur la possible ou nécessaire cohabitation du contrôle et de l’aide dans le travail social, sur l’incidence du pouvoir en ce domaine, sur les différents types de savoir dans l’action sociale et leur objectif scientifique, sur la publicité à donner aux actions entreprises. Ce dernier point revêt une importance particulière, puisqu’en matière de travail social, il n’est en effet pas rare que les thématiques soient développées entre professionnels, à l’écart du public, informé des seuls abus ou alerté sur les seuls coûts engendrés par l’action sociale, non sur ses bénéfiques effets. Ce manque d’information peut alors avoir pour conséquence et contre toute logique que des normes qui fonctionnent pour 97 à 99% des situations soient, avec l’aval du peuple, abrogées ou durcies, en raison d’une infime proportion d’abus ou de surcoûts, provoquant par là-même une nouvelle et plus importante marginalisation, qui à son tour impliquera des nouveaux coûts et une nouvelle problématique !
L’auteur souligne également la tendance actuelle à responsabiliser la personne bénéficiaire de l’aide de l’Etat, à l’impliquer dans le processus, appliquant au travail social quelques principes du capitalisme, qui se retrouvent dans la notion de « contrat » avec le bénéficiaire. Cette vision peut cependant amener collatéralement à une forme de culpabilisation de l’individu. Respecter le droit à la différence, remettre en confiance l’usager, s’abstraire de jugements moraux sont autant de méthodes qui amènent à penser le changement individuel à partir de l’environnement dans lequel évolue la personne qui demande de l’aide. Il est essentiel que l’axe normatif soit représentatif pour que l’individu puisse se reconnaître dans les décisions et dans les valeurs qui ont inspiré cet axe normatif. Il appartient donc à la société de réduire ses marges tant que faire se peut, en optant pour des objectifs raisonnables, et non de creuser lesdites marges par des normes trop incisives, qui excluent plus qu’elles ne solutionnent.
Thierry Gutknecht signe avec son ouvrage une réflexion extrêmement bien structurée sur une problématique des plus actuelles, induite par l’augmentation croissante des inégalités et donc des personnes laissées en marge de la société. La fluidité des arguments guide le lecteur d’un bout à l’autre du livre. Au terme de cette passionnante lecture, il appartiendra à chacun d’envisager les solutions qu’il sied d’apporter aux problèmes soulevés et de repenser le travail social pour le rendre encore et toujours plus efficace.
Un paradoxe : la sexualité est omniprésente dans les médias, mais peu abordée avec des professionnels du social ou de la santé. C’est pour sensibiliser le public à cette thématique que Genève publie une brochure, disponible en format papier et en ligne, « Santé sexuelle : histoires d’en parler ».
La dernière grande enquête nationale sur la vie sexuelle en Suisse rapporte que 40% des personnes interrogées souhaiteraient que les spécialistes du corps médical abordent avec eux le sujet de leur comportement sexuel et des risques inhérents à la santé. Bien que la prévention montre des effets positifs, il reste un effort important à faire au niveau de la parole autour des thématiques de santé sexuelle.
Par exemple, en 2016 à l’Unité de santé sexuelle et planning familial des HUG, seulement 1,5% des personnes venues consulter ont été orientées par un service social, et 2,5% par un médecin privé.
C’est dans ce contexte que le Groupe interinstitutionnel genevois de promotion de la santé sexuelle a créé la brochure. Elle présente plusieurs situations de la vie courante sous forme de bandes dessinées, afin d’aider les personnes à réaliser « qu’on peut en parler », avec son médecin, mais aussi avec l’animateur de rue, son assistant social ou sa sage-femme.
La démarche et ses questionnements est résumée dans ce dossier de presse en format pdf.
Santé sexuelle : histoires d’en parler
L’agression sexuelle est un acte, par essence, impensable. Cette violence bouleverse, par ce qu’elle fait subir à la victime, par ce qu’elle met en jeu chez l’auteur, mais aussi par son écho dans l’ensemble du corps social.
Après des décennies d’occultation de cette réalité, les législations et les pratiques juridiques, sanitaires, sociales et éducatives de différents pays ont pris acte de l’ampleur des enjeux liés aux violences sexuelles et en ont été profondément modifiées. Les dispositifs qui se mettent en place actuellement privilégient, en particulier, la parole de la victime, parole dont l’agression l’a privée. Mais se pose, dans le même temps, la question des réponses sociales apportées à l’auteur d’agression sexuelle, réponses qui oscillent entre la tentation de l’exclusion définitive et la promotion de dispositifs de soin, qui se présentent le plus souvent sous la forme d’une injonction adressée aux soignants de développer des approches thérapeutiques avec des sujets présumés jusqu’alors inaccessibles à tout changement.
Exerçant en France, en Suisse, en Belgique ou au Canada, les auteurs rendent compte de diverses pratiques, cliniques notamment, auprès des auteurs d’agressions sexuelles, ainsi que de dispositifs de prévention ou d’accompagnement des professionnels.
Bruno Gravier est professeur de psychiatrie à l’Université de Lausanne, président de la Conférence des médecins pénitentiaires suisses et secrétaire du Comité européen droit éthique et psychiatrie.
Pascal Roman est psychologue, psychothérapeute, professeur de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse à l’Université de Lausanne.
Avec la participation de Milena ABBIATI, Christophe ADAM, Bernard BAERTSCHI, Dianne CASONI, Corinne DEVAUD, Claude-Olivier DORON, Jean-Pierre DURIF-VAREMBONT, Marie-Laure GAMET, Raphaël HAMMER, Jean KINABLE, Frédérique LAVEZE, Véronique LE GOAZIOU, Annie LÉCHENET, Pierre MALFROY, Patricia MERCADER, Mireille STIGLER, Marco TUBEROSO, Aurélie VITTOZ. Préface de Jocelyn AUBUT
Procap Suisse dispose d’un nouveau site internet, facilement accessible sur smartphone et tablette. Procap a particulièrement veillé à son accessibilité et propose ainsi une version à haut contraste pour les personnes atteintes d’un handicap visuel. L’affichage standard est aussi bien contrasté, avec des caractères de grande taille, pour le rendre plus lisible. Par souci de compréhension, les termes complexes sont expliqués dans un glossaire.
Le site propose aussi désormais le seul portail immobilier suisse dédié aux logements sans obstacles. Les personnes intéressées peuvent y proposer et y rechercher un logement gratuitement. Les petites annonces ont été conservées et enrichies d’un portail des bénévoles rassemblant toutes les possibilités de soutenir Procap, par exemple en tant qu’accompagnant ou accompagnante lors de voyages de groupe ou pour travailler au sein des sections locales.
Procap compte aujourd’hui quelque 21’000 membres répartis dans plus de 40 sections locales et 30 groupes sportifs.
Le nouveau site internet Procap
L’arrivée d’une nouvelle génération dans la famille provoque des changements dans les rôles et relations entre les nouveaux parents et grands-parents, changements qui sont souvent sous-estimés et sources de tensions. Comment gérer au mieux les places de chacun dans l’éducation des enfants ? Comment les places et les liens se modifient-ils en cas de départs, de ruptures ou de divorces ?
Ce livre instructif et pratique formule de nombreuses pistes, avec simplicité, sincérité et humour, pour aider à :
L’auteure montre aux plus jeunes comment bénéficier de la disponibilité des grands-parents tout en gardant leur indépendance et propose aux grands-parents des solutions pour trouver leur juste place au sein du système familial. Articulé autour de dix chapitres traitant de diverses étapes et expériences de vie, l’ouvrage développe pour chacun sept conseils essentiels et clairs autour des principales dynamiques de la relation parents – grands-parents et des ressources à utiliser pour construire une alliance intergénérationnelle positive et bénéfique à tous.
Après une licence en Sciences économiques à l’Université de Turin (Italie), Vittoria Cesari Lusso a obtenu un doctorat en psychologie à l’Université de Neuchâtel (Suisse) et s’est spécialisée dans les problématiques relationnelles.
Ce triple ouvrage est le fruit de deux ans de travaux et de recherches sociohistoriques. Tous les domaines sont concernés : éducation, santé, protection, société, culture. On y traite donc la fin du travail des enfants, la généralisation de l’école obligatoire et publique, l’amélioration des conditions sanitaires, l’augmentation du niveau de vie, l’apparition des services de protection et des institutions spécialisés, la prise en charge des enfants handicapés, l’intégration des migrants, etc.
Editeur : Société d’histoire du Valais romand, avec l’Institut international des droits de l’enfant (IDE) et le Centre interfacultaire en droits de l’enfant (CIDE) de l’Université de Genève.
Auteurs : plus de 60 contributions de divers chercheurs, experts, témoins… sous la responsabilité de Jean-Henry Papilloud, Paola Riva Gapany, Jean Zermatten, Philip D. Jaffé, Zoe Moody, Christophe Boulé et la rédaction de Sophia Cantinotti. Photo ci-dessus: Max Kettel / Médiathèque Martigny
Prix : CHF 89.–
Commande : Société d’histoire du Valais romand, Ch. des Barrières 21, CP 854, 1920 Martigny – ou par courriel à : info (at) shvr.ch
Les témoignages des dix joueurs excessifs sous la forme de nouvelles poignantes de Roger Cuneo. Ils permettent de comprendre les dangers encourus par les personnes souffrant d’addiction au jeu, ainsi que les répercussions sur leurs proches.
« Je me croyais au théâtre, je devenais le roi de la salle, j’avais l’impression que tout le monde me regardait : j’existais. Parfois, on ne joue pas pour gagner, mais avant tout pour se faire voire. (…) J’en sors souvent lessivé, sans un sou, encore plus minable à mes propres yeux qu’à ceux de mes voisins qui, impuissants, ont assisté à ma chute. »
Extrait d’un des dix témoigages de ce livre riche en émotions, qui parle d’un sujet délicat et qui peut servir de signal d’alarme et de prévention.
A quoi sert la pensée critique ? On aime à croire qu’elle est le fondement de nos démocraties. Qu’elle pourrait nous aider à affronter la violence du monde, à rompre l’enfermement de l’activité humaine dans une rationalité purement gestionnaire, à dépasser un sentiment d’isolement. Ou encore, qu’elle nous permet de redécouvrir et d’éclairer les chemins d’une activité professionnelle ou d’une action plus globale qui revivifient le projet d’un monde plus humain. Mais comment une pensée critique se forge-t-elle ? Se transmet-elle ? S’enseigne-t-elle ? Peut-on s’y exercer ?
A travers une multiplicité de thèmes, de points de vue et de formes d’expression, les contributeurs au présent ouvrage – enseignants, militants, chercheurs, étudiants en travail social – posent autant de regards critiques sur le monde et abordent ces questions selon une diversité de pensées que la coopération instaurée entre eux a voulu respecter.
La pensée critique se nourrit et s’exprime ainsi à la fois sous forme de témoignages, de rêves, de projets politiques, de qualités humaines et intellectuelles. Ce florilège est encadré par deux textes plus théoriques : un premier qui offre un plaidoyer pour l’enseignement d’une pensée critique et un second qui questionne le thème au regard des notions de normes et d’éthique.
L’animation socioculturelle est considérée comme l’un des trois métiers historiques du travail social. Depuis son apparition dans les années 60, la profession cherche à définir ses racines, ses champs d’intervention, ses pratiques et à s’ancrer dans le travail social. Enseignée aujourd’hui à un niveau universitaire axé sur la pratique, l’animation socioculturelle est de plus en plus examinée sous un angle académique.
Le présent recueil d’articles – traduit de l’allemand – émane d’enseignant-e-s chercheur-e-s de la Haute école de travail social de Lucerne. Les contributions exposent des perceptions et conceptions variées de l’animation socioculturelle et explicitent leur approche théorique du métier. L’intérêt de cette traduction réside indéniablement dans l’audace des enseignant-e-s germanophones à nouer un dialogue avec d’autres disciplines (sociologie, culture) et approches (systémique, structuralisme) et à créer ainsi des ancrages théoriques et méthodologiques novateurs pour le champ. Leurs travaux et réflexions interrogent les racines traditionnelles francophones, ouvrent la voie vers une autre manière de nommer et d’analyser le métier, et enfin créent l’opportunité d’inventions et / ou de confrontations conceptuelles.
Il en résulte une compréhension nourrie de l’animation socioculturelle qui ne se limite pas uniquement à la transformation de l’espace de vie mais vise le renforcement de la cohésion sociale et d’un meilleur vivre ensemble.
Traduction de l’allemand par Liliane Morend
Bien que le terme « troubles bipolaires » soit généralement connu du grand public, les connaissances liées à ces troubles demeurent souvent superficielles. Le but de cette brochure est de permettre à tous de découvrir ou d’approfondir les notions inhérentes à cette maladie : ses aspects, son vécu, les traitement proposés pour y faire face ainsi que son évolution possible.
Nommés par le passé « troubles maniaco-dépressifs » ou « psychose maniaco-dépressive », l’étude de cette maladie remonte à de nombreuses années. A ce jour pourtant, les recherches sont toujours en cours pour mieux l’expliquer et la prendre en charge. Il ressort des dernières études qu’un rétablissement est possible pour beaucoup de personnes qui peuvent alors vivre sans crises ou traversent des épisodes plus courts et moins intenses.
Après les définitions, les causes, les critères diagnostiques, l’auteure passe en revue les formes de traitements et de prises en charge. Les associations d’entraide, les adresses utiles, une bibliographe et des sites internet complètent ce précieux guide.
Avec cette brochure, magnifiquement illustrée par Isabelle Martin, Pro Mente Sana veut contribuer à diffuser l’idée selon laquelle il est possible de vivre avec cette maladie psychique fluctuante.
La brochure est gratuite. Commande au 0840 00 00 60 ou par mail
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Endocrinologue et professeur à la Faculté de médecine de Genève, Jean-Philippe Assal est un pionnier dans la formation et la pratique médicales francophones de l’éducation du malade (voir sa publication de 1998 avec Anne Lacroix, « L’éducation thérapeutique du patient – Nouvelles approches de la maladie chronique »). Il a développé avec son équipe des démarches très originales. Son dernier ouvrage présente une modalité de mise en œuvre, le Théâtre du Vécu, avec une quinzaine de contributeurs, la plupart universitaires : un tiers de médecins, un tiers issus des sciences de l’éducation et de la psychologie ; un tiers du domaine du théâtre et de la communication. L’ouvrage compte cinq parties : genèse et structure de la méthode ; vécus et témoignages ; expériences faites dans d’autres lieux et cultures ; intrication/complémentarité du soin, de l’art et de l’éducation (dimension anthropologique) ; recommandations pratiques.
Le Théâtre du Vécu, né d’une rencontre entre Assal et le metteur en scène Marcos Maldavia, a été conçu pour aider patients et soignants à mieux percevoir le poids affectif de la maladie chronique ; la démarche a été introduite dans plusieurs pays d’Europe et quelques-uns outremer, dans les soins et d’autres milieux (humanitaires, formateurs). Il s’agit d’ateliers de trois jours à cinq à six participants et des encadrants, une démarche intensive. Assal expliquant le chemin qui l’a mené à cette aventure interdisciplinaire : « Chez le médecin surchargé qui s’occupe de diabète et voit chez ses patients toutes les complications de la maladie, il arrive un moment où à force d’être dans le processus de réparation, un travail de Sisyphe, tu entres dans une routine harassante. » D’où le besoin d’impliquer activement le malade. Comme beaucoup de novateurs : « Lorsque nous avons démarré, j’ai rencontré une résistance de la part des collègues. J’étais parti à contre-courant, pour faire comprendre le rôle du théâtre dans sa résonance avec le vécu des patients [même si], dans un univers formé et parfois déformé par des cascades d’algorithmes, l’approche théâtrale a quelque chose d’incompréhensible. »
Extrait de l’introduction : « Le Théâtre du Vécu n’est pas « que » du théâtre, ni « que » de la médecine. Il emprunte à ces domaines mais se distingue par ses finalités. Son pari est qu’en écrivant puis en mettant en scène son vécu, chacun peut surmonter et reprendre en main un nœud ou une impasse dans son parcours de vie. » Il importe de souligner qu’il ne s’agit pas d’improviser à la va-vite des saynètes, mais bien d’une démarche rigoureuse – d’où la nécessité d’un encadrement professionnel par des gens de théâtre. « Les patients participant au Théâtre du Vécu n’ont souvent jamais rien écrit de leur vie ; leurs messages sont maladroits, voire ambigus, mais ils ont une force brute et sauvage. »
Noter que, depuis les débuts, Olivier Horn, auteur de films documentaires, enseignant à l’Université Paris-Diderot, a réalisé avec J.-Ph. Assal plusieurs films, dont des séquences constituent le DVD joint au livre. Quelle différence entre participer au Théâtre du Vécu et aller consulter un psychologue ? Réponse d’une femme de théâtre formatrice : « Le processus créateur. On permet à la personne de s’exprimer, avec les mots qu’elle veut, de prendre la direction qu’elle veut. Cela permet de se reconnecter avec la partie créatrice en chacun de nous. Il y a quelque chose de fort dans l’œuvre d’art quand elle est partagée, le courage de montrer qui on est. »
Cet ouvrage fourmille de vignettes cliniques et d’observations du déroulement des sessions, il inclut de nombreuses élaborations théoriques et indications pratiques. C’est là une description fort intéressante et complète d’une démarche qui ajoute à la panoplie des moyens développés afin de permettre aux malades chroniques de mieux gérer leur affection et son évolution.
Editions Raison et Passions
Devenir parent, donc la transition à la parentalité, marque les parcours de vie par une multitude de changements touchant autant les partenaires que leur couple : transformation de la division du travail, reconfiguration du réseau social, ajustements identitaires…
Souvent, ces changements rapprochent l’organisation du couple des rôles traditionnels de père et de mère, modèle qui inclut également les inégalités de genre. Le présent ouvrage vise à comprendre les mécanismes sociaux à l’œuvre dans la manifestation des inégalités entre les hommes et les femmes au moment de la naissance de leur premier enfant dans le contexte social et institutionnel de la Suisse.
Le livre présente les résultats d’un projet interdisciplinaire regroupant des psychologues, psychologues sociaux, sociologues et démographes. L’étude a été réalisée en Suisse romande, associant matériaux quantitatifs et qualitatifs sur la transition à la parentalité et relevés en trois vagues autour de la naissance d’un premier enfant.
Jean-Marie Le Goff est démographe, maitre d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne et chercheur associé au NCCR Lives. Il a participé à l’élaboration du projet devenir parent et de l’enquête devenir parent, puis a été chef de projet de la collecte des données de cette enquête.
René Levy est sociologue (inégalités sociales, rapports sociaux de sexe, parcours de vie), professeur émérite à l’Université de Lausanne, ancien directeur du centre Pavie. Il a dirigé le projet Devenir parent.
Lire aussi l’article de René Levy paru dans REISO le 27 janvier 2011 : « Les enfants nous rendent traditionalistes »
Ce numéro s’intéresse à la place des personnes âgées migrantes dans la société française (et suisse), à la manière dont elles vieillissent.
Pourquoi n’ont-elles généralement pas recours aux droits sociaux et aux soins et, dans le même temps, pourquoi n’envisagent-elles pas un retour au pays d’origine ?
Le rôle des travailleurs sociaux dans l’accueil et le soutien des migrants âgés et de leur famille nécessite notamment le développement des compétences culturelles.
Avec l’article « Résidents inattendus : trajectoires, dilemmes et situations de vie des Africains et Latino-Américains âgés en Suisse francophone », de Claudio Bolzman, Théogène-Octave Gakuba et Siboney Minko.
Vie sociale Editions érès
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Depuis 2016, le Dr Véronique Fournier préside le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie. Dans ce livre, elle décrit le long cheminement en France, depuis la fin du XXe siècle, des idées et démarches quant à la fin de vie. Elle présente les réflexions menées dans les milieux qui se préoccupent d’éthique, le corps médical, le monde politique jusqu’en 2016 et la révision, dite Claeys Leonetti, de la loi de 2005. Pour l’essentiel, cette révision dispose que les directives anticipées du patient s’imposent aux médecins et soignants et ouvre, sous conditions, un droit du patient en fin de vie à bénéficier d’une sédation profonde et continue (terminale) jusqu’au décès.
Comme dans d’autres ouvrages, l’auteure reste au plus près de la réalité clinique. Elle considère attentivement les questions éthiques et philosophiques, de même que le processus politique ; tout en prenant du recul par rapport aux éléments très marqués d’idéologie dans les controverses du passé récent. Elle souligne comment accorder plus de place au respect de l’opinion de l’autre et faire un effort concerté de tolérance au meilleur sens du terme. « La voie du dialogue pour le vivre ensemble » serait susceptible d’apaiser une scène politico-sociétale qui a pris des airs de guerres de religion.
En effet, ne devrait-il pas être admissible, et même salué, au pays des droits de l’homme et au XXIe siècle, que des individus majeurs soient en mesure de prendre des décisions concernant leur mort comme ils en prennent à propos de leur vie. Précisons que, en aucune manière, la décision de celui qui demande une assistance à mourir ne saurait être au détriment de la volonté différente de celui qui décide de ne jamais faire appel à une telle assistance.
La question divise aussi la « communauté » des soins palliatifs, et pas seulement en France : un partie d’entre elle s’oppose inconditionnellement à toute mesure où elle perçoit une « pente glissante » vers l’euthanasie, alors que d’autres voient comment soins palliatifs classiques et, par exemple, la sédation terminale maintenant admise peuvent véritablement être complémentaires, devenant des « soins palliatifs intégraux », et contribuer à la meilleure prise en charge, pour le patient et ses proches. Fournier relève que la résistance est jusqu’ici souvent plus forte dans les milieux soignants, pour des motifs qu’on peut comprendre avec la crainte d’être de plus en plus souvent témoin de fins de vie « décidées . Mais on doit aussi regretter que les empoignades idéologiques n’aient en rien facilité la meilleure compréhension des situations pratiques, de manière plus posée. Ceci alors que les études d’opinions montrent que la majorité des Français (comme les Suisses) sont ouverts à un droit de décider de sa propre mort.
Difficile de savoir, aux yeux de Fournier, comment les choses vont évoluer. Il n’est pas exclu que « le socle de la loi Claeys Leonetti soit trop instable, puisque fondé sur la ligne de crête d’un improbable compromis, susceptible de ne contenter ni les artisans de l’ouverture d’un droit à mourir ni ses opposants. » Elle n’ose guère espérer pour bientôt l’avènement d’un véritable consensus. Regrettable. Mais le pire n’est jamais certain !
Lire aussi « Entre laisser mourir et faire mourir », réflexion de Jean Martin sur un autre ouvrage de Véronique Fournier, mis en ligne le 11 février 2016 sur REISO.
Pôle artistique de l’association ASA-Handicap mental, Mir’arts poursuit une mission de soutien aux artistes ayant une déficience intellectuelle. Ce livre permet de retracer son parcours et ses activités de promotion des œuvres des artistes en situation de handicap auprès des acteurs culturels, des responsables politiques, du public et des médias.
Cet ouvrage retrace également le travail de fond de la commission, composée de huit professionnels engagés dans des organismes de Suisse romande, visant à analyser les enjeux d’ordre juridique, administratif, social et culturel, auxquels une personne en situation de handicap est confrontée lorsqu’elle souhaite être reconnue en tant qu’artiste.
Au sommaire :
Questions éthiques
Questions juridiques
Témoignages des artistes
Rôles et responsabilités
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