Pour réunir les savoirs
et les expériences en Suisse romande
S'abonner à REISO
Des enfants et des adolescents en santé ! Mais comment promouvoir la santé des enfants et des jeunes, quels sont les risques, quelles lacunes devons-nous combler ? Ce manifeste a été adopté lors de la Conférence de santé publique suisse 2019. Il est signé par 35 associations, services et institutions actives en Suisse.
Dans aucune autre étape de la vie, la promotion de la santé et la prévention ne sont aussi efficaces, durables et économiquement avantageuses que durant l’enfance et l’adolescence. En Suisse, ce grand potentiel n’est que trop peu utilisé.
Les coûts de santé en hausse constante sont en tête des inquiétudes de la population. Une grande partie de ces coûts est générée par des problèmes de santé fréquents tels que le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les problèmes psychiques et les maladies de l’appareil locomoteur. La survenue de ces maladies répandues pourrait être considérablement retardée ou leur étendue pourrait être diminuée par des mesures appropriées de promotion de la santé et de prévention.
L’enfance et l’adolescence sont des périodes particulièrement propices. La mise en œuvre des mesures appropriées à cette étape de la vie permettrait d’éviter des coûts élevés et de gagner énormément en qualité de vie.
Le Manifeste, 26 pages en format pdf
«Apprendre l'albanais» est un podcast de Kantarena Gjelaj, destiné aux francophones en Suisse ou ailleurs qui souhaitent apprendre la langue albanaise et en savoir un peu plus sur cette culture.
Chaque épisode dure entre 3 et 6 minutes. Il est divisé en deux parties : la partie consacrée à l'apprentissage de la langue (grammaire, vocabulaire, emploi des expressions, etc.) et la partie consacrée à quelques valeurs de la culture albanaise afin de porter un peu de lumière sur les stéréotypes existants.
La réalisatrice de ce projet est Kantarena Gjelaj, 25 ans. D’origine albanaise, elle est venue étudier en Suisse. Pendant ces études, elle a appris à s'intégrer dans une société totalement différente de celle où elle a grandi. Le projet «Apprendre l’albanais» est né de son expérience personnelle en Albanie et en Suisse.
Les épisodes d’«Apprendre l’albanais» sont disponibles sur plusieurs plateformes (téléphone ou ordinateur). Au programme, un nouvel épisode chaque lundi soir!
A découvrir sur Itunes - Google Podcast ou Spotify
Êtes-vous un professionnel de la relation d’aide ? Pensez-vous que les trente premières secondes de l’entretien sont cruciales ? Estimez-vous que la pose de limites favorise la qualité de la relation ? Si vous répondez oui à l’une de ces questions, ce livre est pour vous.
L’être humain a besoin de coopérer et d’échanger avec ses semblables pour vivre et s’adapter à son environnement. Il est notamment amené à rencontrer des soignants, des travailleurs sociaux, des thérapeutes, des enseignants, des médiateurs, des coachs, des directeurs d’établissement, etc. Le premier contact avec ces professionnels est chargé d’attentes et d’espoirs, mais aussi d’anxiété et d’appréhension dues à la peur de l’inconnu. Les représentations que les uns ont des autres obligent l’intervenant à recadrer la situation.
Mener un premier entretien est une tâche délicate, d’autant plus quand on est conscient de son impact sur le suivi. Exigences, pression du temps, augmentation de la clientèle souffrant de troubles psychiques, mettent les professionnels à rude épreuve. Sans parler des risques d’agressivité et de violence, face auxquels nous devrions travailler en amont. Nous attribuons souvent l’échec du premier contact aux affinités personnelles ou aux incompatibilités de caractère. À tort. L’échec de cette rencontre repose la plupart du temps sur un manque de savoir-faire de l’intervenant.
Mais il y a une bonne nouvelle : conduire un premier entretien s’apprend ! C’est précisément le but de ce livre.
Philippe Weber intervient depuis de nombreuses années comme travailleur social, formateur d’adultes, superviseur et consultant. Spécialiste de la relation d’aide et de l’approche systémique des réseaux familiaux et institutionnels, il s’investit dans le transfert des savoir-faire, notamment des techniques d’entretien, du suivi et de l’évaluation des interventions. Il est également l’auteur de l’ouvrage L’intervention du travailleur social (Chronique sociale).
La sociologie clinique appréhende les phénomènes sociaux et psychiques dans une perspective théorique, pratique, critique et politique. Elle s’intéresse à la dimension existentielle des rapports sociaux. Elle prend en compte la façon dont les acteurs vivent la société.
Le Dictionnaire de sociologie clinique décrit les méthodes et questions centrales de recherche et d'intervention de la démarche clinique en sciences sociales, à partir de multiples champs d’application. II bénéficie de la participation de fondateurs de la sociologie clinique, de docteurs, doctorants, intervenants contribuant à son rayonnement national et international, ainsi que de représentants d'autres approches cliniques en sciences sociales.
Les 245 notices présentées par ordre alphabétique constituent une boîte à outils conceptuels et méthodologiques, destinée tant aux étudiants qu’aux chercheurs en sciences humaines et sociales, aux consultants et aux professionnels de la relation.
Editions érès, Collection « Sociologie clinique », 2019, 704 pages
Basée sur une enquête représentative menée auprès de 1001 jeunes et de 390 adultes, cette étude constate que les jeunes se préoccupent davantage que les adultes de leur utilisation d’Internet. Ils vivent la connexion permanente de manière essentiellement positive, mais sont conscients que des règles et limites sont nécessaires pour la gérer.
Cette étude complète le rapport «Grandir à l’ère du numérique» (Alexandre Bédat, «Les enfants et les ados à l’ère numérique», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 18 avril 2019). Les résultats de l’enquête dressent un tableau très varié et nuancé des activités en ligne et des durées d’utilisation des jeunes et des jeunes adultes. Une grande partie d'entre eux réfléchissent aux conséquences sociales de la connexion permanente et adoptent des stratégies d’autorégulation. Un peu moins de la moitié se fixent même des règles sur les moments et la durée des activités en ligne. Quelques chiffres :
Durée de connexion ? En moyenne, les jeunes sont en ligne quatre heures par jour pendant leur temps libre.
Quelles plateformes ? Les systèmes de messagerie instantanée (par ex. WhatsApp), les réseaux sociaux (par ex. Instagram), les services de messagerie électronique (courriels) et les portails vidéo (par ex. YouTube) sont utilisés par la majorité des jeunes plusieurs fois par jour. La plupart des jeunes utilisent plusieurs fois par semaine, mais pas quotidiennement des sites d’information (par ex. Wikipedia, journaux en ligne, sites sportifs en direct, forums) et des services de streaming pour regarder des films. Une minorité utilise régulièrement des jeux en ligne, des sites d’achat en ligne et des plateformes de lecture.
Age et genre. Les adolescents (16–20 ans) utilisent plus souvent les réseaux sociaux, les sites d’achat en ligne et les plateformes de lecture que les jeunes adultes (21–25 ans), qui, en revanche, utilisent davantage les services de messagerie électronique et les sites d’information. Les jeunes femmes accordent plus d’importance aux réseaux sociaux, tandis que les jeunes hommes préfèrent rechercher des informations sur les loisirs et sur des thèmes de société ou réaliser des créations numériques.
Quelle activité ? Être en contact avec d’autres personnes, rechercher des informations pour l’école ou le travail et se divertir constituent des aspects importants pour presque tous les jeunes. Peu de jeunes considèrent en revanche que regarder les profils d’autres personnes sur les réseaux sociaux, montrer quelque chose de soi ou réaliser des créations numériques est important.
«Always on», 24 pages en format pdf
Le «Programme d’accompagnement Justice et Santé mentale» pour la prise en charge des patients psychiques au Québec a été présenté le 1er avril 2019 à Lausanne, lors du 10e Café Prison organisé par l’Association Groupe d’accueil et d’action psychiatrique (GRAAP).
Depuis 2008, la ville de Montréal, suite au tragique décès d’un patient psychique en prison, a constaté que ces personnes ont besoin de plus de soins et d’encadrement que de réclusion. Elle a donc mis en place ce programme pour promouvoir la prise en charge de ces personnes par un réseau de professionnels. Ils travaillent en partenariat avec le patient-délinquant et ses proches, dans son environnement. L’approche a comme objectif d’éviter ou de réduire la récidive tout en assurant la protection du public. Les résultats sont très concluants.
Les participants au Café Prison ont comparé ce programme avec les pratiques en Suisse où le Placement à des fins d’assistance et les mesures thérapeutique en prison sont controversées. Les autrices du compte rendu concluent : «Comme la Suisse compte actuellement plus de mille personnes en prison, sous mesures thérapeutiques (cf. art. 59 CP), ne pourrions-nous pas nous inspirer de ce programme québécois afin de proposer ce type d’alternative à la prison pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques ?»
Lire aussi : Mélissa Staecheli, Madeleine Pont et Kathrin Gruber, «Quand la maladie psychique est soignée en prison», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 10 décembre 2018.
Le compte rendu, 3 pages en format pdf
Pour un enfant, utiliser Internet ou ses amis comme principales sources d'information en matière de sexualité peut se révéler problématique. Une étude financée par le Fonds national suisse conclut que l’éducation sexuelle devrait s’appuyer conjointement sur l’école et les parents.
En collaboration avec la Fondation suisse pour la santé sexuelle et reproductive, un groupe de recherche a évalué les données provenant d'un sondage national effectué en 2017 auprès de 5000 participant·e·s de 24 à 26 ans. Principale conclusion de l’étude: l'éducation sexuelle à l'école a un impact positif sur la santé et sur les comportements sexuels. Par exemple, les personnes ayant indiqué que l'école avait été leur première source d'information de sexualité constituent le groupe le moins touché par des infections sexuellement transmissibles.
Cette étude a également mis au jour des résultats surprenants, selon Yara Barrense-Dias, membre du Groupe de recherche sur la santé des adolescents au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté) à Lausanne: «On croit généralement que les jeunes d'aujourd'hui connaissent leurs premières expériences sexuelles plus tôt qu’auparavant, mais nous avons constaté que ce n'est pas le cas.»
Les comparaisons ont montré que les jeunes hommes, les personnes non-hétérosexuelles et les enfants qui entrent précocement ou tardivement dans la puberté étaient plus enclins à chercher des informations sur Internet. Parallèlement, davantage d’aspects négatifs tels que des comportements sexuels à risque apparaissent chez les personnes ayant recouru principalement à Internet et aux amis pour s'informer sur la sexualité.
En ce qui concerne les jeunes femmes, elles sont plus souvent informées de la sexualité par leurs parents, principalement par leur mère. Une hypothèse est que les parents se soucient davantage des informations données aux filles parce qu’elles peuvent tomber enceintes.
Les personnes ayant répondu que l'école avait été leur principale source d'information et, à quelques petites différences près, celles qui ont principalement été informées par leurs parents, présentent les taux les plus bas d'infections transmises sexuellement ‒ respectivement 6,8 % et 8,2 %, contre 11,3 % et 11,7 % pour Internet et les amis. Les résultats concernant des rapports sexuels consentis sans être vraiment désirés sont similaires. C'est la raison pour laquelle Yara Barrense-Dias affirme à quel point le développement d'un partenariat solide entre l'école et les parents est crucial. Source : FNS
Barrense-Dias Y., Akre C., Surís J., Berchtold A., Morselli D., Jacot-Descombes D., Leeners B.: Does the Primary Resource of Sex Education Matter? A Swiss National Study; éd.: The Journal of Sex Research (2019). doi: 10.1080/00224499.2019.1626331
Que signifie travailler dans la grande distribution aujourd’hui ? En Suisse, deux géants se partagent la quasi-totalité du marché. Pour tenir la concurrence, ils intensifient le travail, exigent davantage de disponibilité de la part de leurs employé·e·s et déqualifient certains postes. Dans ce contexte, comment les responsables de magasin atteignent-ils les objectifs de rentabilité malgré les contraintes ? Comment les caissières font-elles face à l’automatisation croissante de leur métier ? Ou encore, comment les travailleuses et travailleurs de rayon concilient-ils les contacts avec la clientèle avec des contraintes temporelles de plus en plus fortes ?
Cette enquête est basée sur 78 entretiens réalisés auprès de dirigeants, de travailleuses et travailleurs de divers échelons hiérarchiques et de secrétaires syndicaux. Elle met en évidence une réorganisation du travail à tous les échelons et interroge la place de la journée de travail dans notre société.
L’ouvrage inclut une préface de Jean-Michel Bonvin, professeur de sociologie à l’Université de Genève.
Nicola Cianferoni est chercheur post-doctorant à l’Université de Genève et à l’Université de Neuchâtel. Il s’est spécialisé dans la sociologie du travail et des entreprises par plusieurs enquêtes sur les restructurations, les conditions de travail et les mobilisations collectives dans les secteurs public et privé. Il connaît également les centres d’appels et l’administration cantonale pour y avoir travaillé respectivement trois ans et un an. Ses recherches actuelles portent, entre autres, sur l’économie des plateformes numériques.
Le journal Première ligne, de l’Association genevoise de réduction des risques liés aux drogues, fait le point sur les évolutions politiques récentes au niveau international et régional.
La dernière édition de Première ligne présente notamment le nouveau dispositif de Drug Checking, la Halte de nuit et le futur Sleep-in aménagé dans le Quai 9.
Ce numéro présente aussi une réflexion du directeur, Serge Longère, sur les effets délétères de la politique internationale des drogues. Extraits.
«Le dispositif international de lutte contre la drogue repose sur une idéologie d’un système qui permettrait l’éradication totale de la consommation et de la production de stupéfiants. Si cette manière de penser pouvait avoir une certaine légitimité il y a cinquante ans dans le contexte de l’époque, poursuivre cette quête, alors que de nombreux rapports en démontrent l’inefficacité, laisse songeurs bons nombres d’observateurs et d’ONG. En effet, depuis les années 60 et malgré le choix d’une politique répressive, le nombre de consommateurs de stupéfiants n’a cessé d’augmenter. Une politique qui aura contribué à la multiplication du nombre de réseaux mafieux souvent violents qui contrôlent encore aujourd’hui le marché. Elle aura aussi contribué, entre autres, à la marginalisation croissante des consommateurs de drogue et aura eu pour conséquence directe une désinsertion sociale et une entrée dans la précarité pour bon nombre d’entre eux.
[…] Plus de 100 milliards de francs sont dépensés chaque année dans cette guerre contre la drogue. Ce montant astronomique grève les autres budgets consacrés à la politique des drogues. Pourtant, seule une infime partie de cette somme suffirait à couvrir les besoins en matière de prévention et de réduction des risques.»
Première ligne août 2019, en format pdf
La Commission indépendante d’experts Internements administratifs (CIE) clôture ses travaux après cinq ans de recherche interdisciplinaire sur les «enfants placés» et les adultes internés. Rappelons que l’internement administratif a été pratiqué jusqu’en 1981 dans certains cantons.
Le rapport final de la CIE sera remis à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter le 2 septembre 2019. Il réunit une synthèse des dix volumes publiés par les experts. Tous ces volumes sont disponibles gratuitement, sous forme de livre électronique. La Commission a également réalisé un court métrage (39’) qui donne la parole aux personnes directement concernées par un internement administratif et d’autres mesures de coercition à des fins d’assistance.
Les dix personnes interviewées ont été placées et enfermées, dans des foyers, des établissements, des prisons, une fabrique ou une clinique psychiatrique. Aujourd’hui, elles s’engagent pour qu’un travail de mémoire soit fait sur ce passé, afin qu’il ne soit pas oublié.
L’Office fédéral de la statistique a publié en juillet 2019 l’«Enquête suisse sur la structure des salaires 2016. Les bas salaires en Suisse». Elle montre que 473'700 personnes sont concernées.
Définition. Un emploi est considéré, par convention, «à bas salaire» lorsque la rémunération recalculée sur la base d’un équivalent plein temps de 40 heures hebdomadaires est inférieure aux deux tiers du salaire brut médian suisse, c’est-à-dire, pour l’année 2016, à moins de 4335 francs par mois.
Personnes touchées. En 2016, on dénombre en Suisse près de 329’300 postes de travail à bas salaire. Ces postes représentent 10.2% de la totalité des postes offerts par les entreprises. 473’700 personnes au total, soit 12% des salariés, occupaient un tel poste. Deux tiers d’entre elles sont des femmes. Globalement, si 7.6% des hommes ont un emploi à bas salaire, 17% des femmes sont dans ce cas
Nationalité. Plus de la moitié (53.8%) des postes à bas salaire sont occupés en 2016 par des personnes de nationalité étrangère (232’700 en tout), bien que celles-ci n’occupent qu’un tiers (32.9%) des postes de l’économie suisse. Les autres postes à bas salaire sont occupés par 241’000 citoyens suisses. Le taux de bas salaires est ainsi deux fois moins élevé chez les personnes salariées munies d’un passeport suisse (8.9%) que chez celles de nationalité étrangère (19.1%).
Régions. Le taux de postes à bas salaire varie selon les régions. Il se situe entre 7.8% (Suisse du Nord-Ouest) et 12% (Suisse orientale) tandis qu’au Tessin il atteint 24.7%.
Formation. Alors que le taux de bas salaires chez les personnes au bénéfice d’un CFC s’élève à 10.4% et reste à un niveau inférieur à la moyenne suisse (12%), celui observé chez les personnes sans formation atteint un niveau bien plus élevé de 37.2%.
Age. La part des salariés touchant un bas salaire dépend fortement de l’âge. Elle tend à diminuer avec l’âge, mais elle se remet à augmenter chez les personnes de plus de 64/65 ans
Temps de travail. Plus le taux d’occupation est faible, plus le taux de personnes à bas salaire est élevé. Ainsi, le taux de bas salaires est de 20.8% pour les personnes qui travaillent à un taux compris entre 25 et 49% et de 24.1% pour les personnes qui travaillent à moins de 25%. Chez les personnes occupées à plein temps, le taux de bas salaires est environ trois fois plus élevé pour les femmes (16.4%) que pour les hommes (5.9%).
Migrants, jeunes et séparés de leurs parents, les mineurs non accompagnés présentent une vulnérabilité particulière. Le droit d’asile suisse tient-il suffisamment compte de leur besoin de protection? Respecte-t-il les garanties que leur confère le droit international des droits de l’enfant?
La présente étude examine les possibilités d’accès des mineurs non accompagnés aux différents statuts prévus par le droit d’asile, les conditions d’existence qui leur sont réservées, les principes qui gouvernent leur procédure, les étapes de cette dernière ou encore les règles qui régissent la fin de leur présence en Suisse. L’auteur s’efforce de mettre en lumière l’ensemble des aménagements opérés en leur faveur par le législateur, les autorités administratives et la jurisprudence. Il identifie également les situations dans lesquelles la prise en compte des droits de l’enfant s’avère insuffisante, tout en proposant des solutions pour y remédier.
La vérité crève les yeux : le travail, fondement du lien social, révèle depuis la crise de 2008, une fracture économique, sociale et politique que certains gouvernements et associations peinent à reconnaître. Cet ouvrage, tout en s’appuyant sur la doctrine sociale de l’Eglise, vient combler ce déni en menant de front un questionnement critique tant sur la place de l’économie financiarisée que sur le rôle des communautés chrétiennes au sein d’un système assassin.
En huit chapitres précédés d’une introduction qui revient sur les échecs empêchant une sortie de crise favorable, l’auteur brosse un large état des lieux de la réalité du chômage et de l’emploi, en contexte suisse et américain.
Tout en gardant un grand souci de vulgarisation et de contextualisation, il s’appuie sur une série de statistiques qui mettent en lumière la différence entre l’officialité et la réalité des mesures.
Les fractures sociales actuelles sont analysées sous l’angle de la doctrine sociale de l’Eglise. Une conclusion générale dégage les conséquences pratiques de ce déni d’information systémique et de cette tendance grandissante à la financiarisation, non sans pousser les Eglises à prendre leur responsabilité. Un décalogue de l’emploi ponctue cet ouvrage dense mais d’une lecture aisée, doté d’une bibliographie sommaire et d’une table des matières détaillée.
Le vingtième numéro d’«Initiale f», le magazine de la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ), consacre son dossier à «L’insertion scolaire, sociale et professionnelle».
En Suisse, 6.6% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont ni diplôme ni travail. Le décrochage scolaire et les ruptures d’apprentissage sont souvent à l’origine de ces situations. Plusieurs solutions sont proposées aux jeunes pour décrocher un emploi ou une formation. La revue les présente dans ce numéro. Au sommaire :
L’Office fédéral de la statistique a publié son 3e Rapport social statistique suisse. Il fait apparaître une hausse tendancielle des dépenses sociales pour la vieillesse et la maladie.
Chômage. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a fortement progressé entre 2001 et 2003 et entre 2008 et 2010. Depuis 2013, ce taux s’est stabilisé pour s’établir à 4,7% en 2018. Le chômage de longue durée, tendanciellement en hausse ces dernières années, affecte davantage les travailleuses et travailleurs âgés.
Vieillesse. La population a crû de 19,8% depuis 1996 pour s’élever à 8,5 millions d’habitants en 2017. Les personnes âgées sont toujours plus nombreuses. Ce vieillissement est toutefois ralenti par une augmentation de la population étrangère en général plus jeune. En 2017, on comptait parmi les Suissesses et les Suisses 37 personnes âgées (65 ans et plus) pour 100 personnes en âge de travailler (20-64 ans); ce rapport se montait à 11 pour 100 pour les étrangères et les étrangers.
Ménages. La structure des foyers a aussi évolué ces dernières années. Même s’ils restaient minoritaires en 2017 (4,5% des ménages privés), le nombre de ménages monoparentaux a augmenté de plus de 50% depuis 1990. Quant aux mariages et divorces, leur nombre est resté relativement stable. En 2017, 42,4% de la population était mariée et 8,4% divorcée. On relève également que les parents sont de plus en plus âgés à la naissance de leur premier enfant et que les naissances hors mariage progressent.
Pauvreté. En 2017, 8,2% de la population et 4,3% de la population active occupée étaient touchées par la pauvreté en termes de revenu. Depuis 2014, le taux de pauvreté a augmenté. Comme observé jusqu’ici, les personnes les plus concernées par la pauvreté sont les personnes seules, les personnes vivant dans un ménage monoparental avec des enfants mineurs, les personnes sans formation postobligatoire et celles qui vivent dans un ménage sans personnes actives occupées.
Aide sociale. Parallèlement, le taux d’aide sociale pour l’ensemble de la population est resté stable depuis 2005 et a atteint 3,3% en 2017. Il a toutefois augmenté pour les enfants et les personnes âgées de 46 à 64 ans. Par ailleurs, entre 2008 et 2017, la part des bénéficiaires qui étaient actifs occupés a diminué et la durée d’octroi des prestations de l’aide sociale s’est allongée. Le taux d’aide sociale n’est que faiblement influencé par les périodes de croissance économique ou de recul économique.
Protection sociale. Globalement, les dépenses pour la protection sociale continuent d’augmenter. Elles ont atteint 175 milliards de francs en 2017, ce qui correspond à 26,1% du PIB (en moyenne 27,1% dans les pays européens UE-28). Comme en Europe, ce sont surtout les risques et les besoins liés à la vieillesse et à la maladie qui ont fait progresser les dépenses sociales. Ces deux domaines représentaient respectivement 42,4% et 31,7% du total des prestations sociales en 2017. Les dépenses pour le chômage, quant à elles, ne connaissent pas de tendance à la hausse et ce malgré un nombre de plus en plus important de personnes au chômage au sens du BIT.
Invalidité. Dans le domaine de l’invalidité, depuis le milieu des années 2000, les dépenses sont stables, tandis que les dépenses pour l’aide sociale économique et les prestations complémentaires à l’AVS/AI ont augmenté. Les prestations nettes de l’aide sociale économique et des prestations complémentaires s’élevaient, en 2017, à respectivement 2,8 et à 4,9 milliards de francs.
Les Comptes globaux de la protection sociale (CGPS) et une sélection de résultats sur la pauvreté et les conditions de vie en Suisse sont actualisés conjointement avec la nouvelle édition du Rapport social statistique suisse.
Rapport social statistique suisse 2019 en format pdf, 80 pages
Le magazine spectra de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a consacré son numéro de mai 2019 au thème «Vieillir en bonne santé».
Dans son article, David Hess-Klein présente la stratégie pour préserver la santé et la qualité de vie des personnes âgées. L’auteur explique que la Suisse s’inspire des recommandations de l’OMS. Il insiste aussi sur la nécessité de changer de perception sur cette tranche de vie pour répondre de façon plus fine et nuancée aux besoins individuels. Extraits.
«Aucune autre phase de la vie n’est aussi hétérogène en termes de performance et d’état de santé. Tandis que certaines personnes âgées sont en pleine forme, d’autres sont vulnérables. Pour tenir compte de cette diversité, l’OMS a mis en place la stratégie «Vieillir en bonne santé» (Healthy Ageing) défini comme le processus de développement et de maintien des capacités fonctionnelles qui permet aux personnes âgées d’accéder au bien-être (voir la consultation sur la nouvelle «Décennie du vieillissement en bonne santé». Présentation dans REISO). Dans cette définition, on entend par « capacités fonctionnelles » toutes les caractéristiques liées à la santé qui permettent à un individu de mener la vie qu’il considère comme importante ou valant la peine d’être vécue. Cela englobe ses possibilités physiques et psychiques, mais aussi des facteurs environnementaux pertinents.
L’objectif est le bien-être des personnes âgées. Insistons ici sur deux réflexions, puisqu’elles influent aussi sur les actions à mener dans le secteur de la santé.
Plusieurs mesures décrites dans la stratégie de l’OMS sont déjà mises en œuvre en Suisse. Dans le cadre de la stratégie sur les maladies non-transmissibles par exemple, l’OFSP, les cantons et Promotion Santé Suisse poursuivent des objectifs communs. Les mesures pour une prise en charge coordonnée et l’égalité des chances en matière de santé contribuent aussi à la mise en œuvre de la stratégie « Vieillir en bonne santé ». L’OFSP s’engage également en faveur des proches aidants, qu’il convient d’aider et de soulager le plus possible. Dans le domaine des soins palliatifs, les échanges entre les différents acteurs sont encouragés.
De plus, diverses institutions fédérales se consacrent à des questions liées au vieillissement qui ont un impact sur la santé – et œuvrent ainsi dans le sens d’une politique globale de santé. Sécurité sociale, logement des aînés, droit de la protection de l’adulte, environnement et développement territorial ne sont que quelques-uns des thèmes abordés. Les actions des cantons, des communes et des organisations de la société civile complètent les efforts déployés dans le cadre de la politique de santé. Le succès d’une politique de santé en faveur des aînés dépend non seulement des approches intersectorielles évoquées, mais aussi de facteurs comme une coordination judicieuse des activités – en impliquant les personnes directement concernées : les personnes âgées vivant en Suisse.
[…] L’ancrage d’une perception nuancée de la vieillesse dans la société aiderait les personnes âgées, mais aussi leur entourage, à identifier et exploiter leurs ressources et leurs compétences. Et les aiderait à trouver une manière adaptée de gérer les troubles.»
David Hess-Klein, Office fédéral de la santé publique, section Santé publique, Berne, mai 2019, en ligne
En Suisse, la réglementation en matière de production, de vente et de consommation de chanvre a-t-elle atteint ses objectifs ? Quels en sont les effets indésirés, voire contre-productifs ? Ce livre pose les questions que personne n’aborde (volontiers) sur la politique suisse en matière de cannabis.
Pour cerner et documenter le «succès» effectif du modèle, la variabilité des stratégies et des procédures policières d’un canton à l’autre, les différences d’interprétation de la loi sur la circulation routière entre consommation de cannabis et consommation d'alcool, ou encore les difficultés d’accès au cannabis en vue d’une utilisation médicale.
Selon l’article 10 de la Constitution fédérale, toute personne a droit à la vie et à la liberté personnelle, notamment à l’intégrité physique et psychique. Alors qu’autrefois les décisions relatives à des traitements médicaux urgents étaient souvent déléguées au médecin, le droit à l’autodétermination a entre-temps accordé un rôle central au patient lui-même, pour ce qui concerne son traitement. L’état des lieux de la réanimation traite la question des intérêts divergents dans le cas d’une réanimation (après un arrêt cardio-vasculaire) dans un EMS.
NDLR de REISO Des repères précieux. Et notamment le fait que, en premier lieu, il appartient à l’EMS de clarifier la position de l’institution face aux mesures de réanimation, en s’inspirant des directives et recommandations médico-éthiques de l’Académie suisse des sciences médicales.
Un coût de soins jusqu’à trois fois supérieur à domicile qu’en EMS n’est pas disproportionné. Le Tribunal fédéral a précisé sa jurisprudence et Inclusion Handicap en présente les enjeux.
L'assurance maladie obligatoire ne prend en charge que les prestations réellement efficaces, appropriées et économiques. Mais jusqu'à quel point les prestations d'un service d'aide et de soins à domicile fournies en ambulatoire sont-elles encore considérées comme économiques comparées à un séjour dans un établissement médico-social? Dans sa synthèse «Soins à domicile ou en établissement médico-social? Question de l'économicité des prestations», Inclusion Handicap résume plusieurs décisions du Tribunal fédéral.
En décembre 2018, le Tribunal fédéral a analysé la situation d’un homme atteint entre autres d'un syndrome de démence sévère. Il était soigné à domicile par son épouse et par un service d'aide et de soins à domicile. Le coût mensuel des soins se montait à 7'480 francs, soit environ 90'000 francs par année. Suivant le degré de soins pris en compte, les prestations fournies par le service à domicile étaient dans ce cas concret 2.3 à 3.04 fois plus onéreuses que celles dispensées dans un établissement médico-social. La question posée était de savoir s'il y avait disproportion des coûts et si les prestations fournies par le service à domicile étaient encore à considérer comme économiques de sorte à devoir être obligatoirement remboursées par la caisse-maladie.
Le TF a conclu qu'il s'agissait-là d'un cas limite. Or, vu qu'il n'y avait en l'occurrence pas disproportion grossière et que les prestations du service à domicile apportaient tout de même une certaine plus-value à l'assuré, qui est décédé depuis lors, les soins ambulatoires remplissaient encore tout juste le critère d'économicité, a-t-il estimé.
La question de l'économicité des prestations fournies par les services d'aide et de soins à domicile est toujours à évaluer dans chaque cas particulier. Compte tenu de la pratique du Tribunal fédéral, on peut néanmoins constater qu'en présence d'un coût jusqu'à 3 fois supérieur, on ne parle en tout cas pas de disproportion grossière et que l'assurance maladie obligatoire ne peut limiter la prise en charge du coût engendré par les soins à domicile sans examiner plus en détails les circonstances concrètes.
Le rapport entre théorie et pratique marque la spécificité de la formation professionnelle de niveau tertiaire universitaire ; l’alternance est de fait située au cœur des pratiques pédagogiques. Pourtant ce rapport n’est que rarement discuté et semble aller de soi. Comment est-il construit ou que construit-il, selon que l’on privilégie la théorie, la pratique ou leur articulation ? Quelles alternatives peuvent être explorées pour éviter de se cantonner à une articulation qui se fonde sur le présupposé de la distinction voire de l’opposition des termes du rapport ?
Cet ouvrage collectif interroge les conséquences de cette construction pédagogique pour la formation, les caractéristiques induites pour la professionnalité dans les domaines santé et social et in fine, la nature de la connaissance.
Compte rendu par Jean Martin
Serge Thorimbert est un ingénieur romand de 59 ans, père de famille et chef d’entreprise dans le domaine électrique et électronique. Dans ce livre, il réfléchit en humaniste sur l’avenir de nos rapports avec les développements technologiques.
Une notion qu’il met en évidence est l’interfaçage entre l’humain et la nature. Depuis des millénaires, la progression de l’homme s’est faite en établissant et en interposant des artefacts, des dispositifs entre lui et l’environnement, depuis la peau de bête pour se vêtir jusqu’aux moyens sophistiqués en nombre croissant, smartphone, prothèses etc. Aujourd’hui, «les équilibres de la vie sur Terre sont rompus ; or les équilibres de la biosphère sont indissociables de l’équilibre psychique collectif de nos sociétés. »
La nouvelle divinité. « C’est un siphonnage permanent de nos cerveaux, de notre mémoire et de notre savoir-faire, qui s’opère par transfert vers le Cloud. Tout semble concourir pour casser l’être humain (maillon faible et coûteux de la chaîne) en le remplaçant par des systèmes informatisés, voire par des robots. […] « Nous sommes devenus démiurges en instaurant malgré nous une nouvelle ‘divinité’: omnisciente (accès à toutes les connaissances, Big Data, le Cloud), omniprésente (internet) et omnipotente (les moyens autonomes de calcul, de commande et de pilotage), dont les facultés nous dépassent. »
Penser le futur. Ce qui caractérise les années récentes, c’est la prise de conscience qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Toutefois, « comment penser le futur alors que les composantes intriquées de notre présent sont illisibles ? Et que ceux que nous créditons comme aptes à le faire ne s’expriment que de manière sectorielle, en experts au jargon pas pleinement appréhendable. » L’auteur évoque les risques qui menacent la solidarité telle que nous la connaissons (assurances sociales et maladie notamment) ; ceci par les moyens qui permettent de prédire qui deviendra vieux ou pas, qui sera plus ou moins malade que son voisin. « La joie de vivre sera-t-elle au rendez-vous dans cette vie d’hommes qui marchent à la hâte sur l’étrange (et vain) chemin de l’élimination de tous les dangers et périls ?»
Une éthique des machines ? « Il n’est pas inconcevable que les machines, dépourvues d’empathie mais aussi de cupidité et de goût du pouvoir, puissent accéder à une forme de ‘conscience mathématique’, froide mais déterminée à la préservation des équilibres de la vie sur la Terre. » Mécanisme qui nous protégerait de notre pulsion prométhéenne, de l’arrogance et de la mégalomanie que nous ne sommes pas en mesure de réfréner ?! « La forme que prendrait l’action ‘éthique’ des machines est difficile à concevoir. Mais elles pourraient, mues par une forme de ‘réflexe’, couper les vivres de l’industrie de l’armement, de la production agrochimique, inhiber le fonctionnement de structures boursières et commerciales ».
La Pentecôte des robots présente une mise en perspective bien informée de la situation à laquelle nous faisons face, discutant les dimensions qui caractérisent la (post-)modernité. Pour l’auteur, « il est important de considérer notre talent à accomplir des choses qui ne servent à rien. C’est un attribut humain que les robots n’auront jamais. C’est en étant capables de faire de l’inutile que nous sommes véritablement devenus des êtres humains. » Mais « on l’a tous compris, notre avenir passe par en donner un à la Terre. Et pour lui donner un avenir, point d’autre choix que d’inverser le cours d’un certain nombre de choses. » A ce stade, pas évident que nous ayons tous et toutes saisi cet enjeu.
En guise de conclusion, cette citation de William Carlos Williams, poète et médecin américain (1883-1963) : « L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour réaliser ses désirs. Maintenant qu’il le peut, il doit les changer, ou périr. »
Qu’en pense le patient ?
Commentaire de Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
J’apporte ici une réflexion complémentaire sur le sujet discuté fin 2018 suite à l’adoption par l’Académie suisse des sciences médicales de ses Directives médico-éthiques « Attitudes face à la fin de vie et à la mort ».
Ce texte [1] inclut de nombreux éléments sur lesquels il y a accord de longue date, comme : « Le patient est capable de discernement par rapport au suicide assisté (…) Le désir de mourir est mûrement réfléchi, il ne résulte pas d’une pression extérieure et il est persistant (…) Des options thérapeutiques indiquées ainsi que d’autres offres d’aide et de soutien ont été recherchées et ont échoué ou ont été jugées inacceptables par le patient».
Mais une formulation a été jugée litigieuse dans ces Directives : « Les symptômes de la maladie et/ou les limitations fonctionnelles du patient lui causent une souffrance qu’il juge insupportable. » Le débat a été motivé par le qualificatif «insupportable» qui serait trop vague et ouvre potentiellement la porte à des déterminations excessives ou laxistes.
Sont ici en cause : d’abord, l’autonomie garantie au patient capable de discernement dans les soins de santé. On peut rappeler que, pour être licite, tout acte médical, sauf urgence grave, doit avoir été précédé du consentement éclairé du patient.
Puis, principalement l’enjeu éthique, pratique, de savoir qui est le meilleur juge, s’agissant de souffrance et de son intensité. Le thérapeute a avec lui son expérience clinique et humaine, il reste cependant que souffrir est éminemment subjectif. Bien difficile de se mettre à la place du malade. Le grand clinicien du début du XXe siècle William Osler disait : « Ecoutez le patient, il vous donne le diagnostic. » La mesure de la douleur n’est pas un diagnostic mais le conseil d’Osler pourrait valoir ici aussi. Dans plusieurs lectures récentes, j’ai été frappé par ces réactions de patients, suite aux propos directifs ou paternalistes des ‘sachants’: « Mais qui sont-ils donc pour prétendre mieux savoir que moi/nous ? » Parmi d’autres, la Dre Véronique Fournier, directrice du Centre national français des soins palliatifs et de la fin de vie, rapporte de tels propos dans des situations éthiquement difficiles[2].
Dans un cadre de relation soignant-soigné marquée par l’échange mutuel d’une information claire, le dialogue, le partenariat et la responsabilisation du malade, il ne paraît pas possible de poser comme règle que le médecin disposerait d’une appréciation plus solide, plus intime, de la souffrance ressentie par le malade. Partant, ce qu’en dit ce dernier doit être cru. Et il ne saurait être sérieusement question de requérir de lui qu’il « démontre » combien il souffre.
A propos du caractère vague de « insupportable » : on peut toujours faire plus précis, sans doute, mais il me semble que ce qualificatif dit ce qu’il veut dire, dans la vie et en fin de vie. Sans préjudice au fait que c’est une partie intégrante du métier de médecin de s’entretenir avec le malade et d’estimer son état, la détermination de ce dernier doit prévaloir, sauf cas exceptionnel. Il peut en effet y avoir, dans des demandes d’assistance au suicide, une dimension de crise aigüe, de dépression qui doit faire surseoir à une décision dans le sens de l’assistance, mais ce n’est pas le cas général.
Deux mots sur le plan juridique : le cadre légal, ferme mais peu précis, est chez nous l’article 115 du Code pénal[3] : si elle n’est pas motivée par des mobiles égoïstes (de l’aidant), l’assistance au suicide n’est pas punissable. Aucune autre condition n’est posée. Cela étant, il est judicieux que des instances professionnelles posent ces conditions pour la corporation médicale. Hypothétiquement : que peut-il se passer si un médecin affirmait que c’est à cause de la souffrance insupportable alléguée par le patient qu’il l’a aidé ? Dans le cas éventuel d’une procédure pénale, il est bien improbable qu’on voie des décisions de sanction du praticien concerné. Les juges s’en tiendraient au critère du code, c’est-à-dire à la question de savoir si il y avait des motifs égoïstes. Et, si on devait poser la question aux juges, ils seraient fort réticents à vouloir juger, mieux que le patient demandeur, du caractère insupportable de sa souffrance, avec de plus la difficulté à le faire a posteriori…
Finalement : la modalité suisse d’un dispositif légal peu défini est particulière, mais à au moins deux reprises le Conseil fédéral a jugé qu’il n’était pas judicieux de la compléter. Pour avoir eu à me préoccuper d’assistance au suicide dès les années 1990 au sein de l’autorité sanitaire vaudoise, et pour avoir suivi les débats depuis lors, j’estime que les faits montrent que ce dispositif est adéquat dans nos circonstances (je note que je ne suis pas membre d’Exit). Il est bon qu’il laisse une large autonomie, à la personne demandeuse d’abord, au médecin interpelé ensuite, pour se déterminer sur une question, il faut le rappeler vivement, de nature particulièrement privée, personnelle, intime.
[1] Les directives disponibles en format pdf
[2] Entre autres : Fournier V. La mort est-elle un droit ? Paris : La Documentation Française (Série « Place au débat ») 2016, 164 pages. Recension dans REISO
Fournier V.: Puisqu’il faut bien mourir, itinéraire d’une réflexion. Paris : La Découverte, 2015, 248 pages. Recension dans REISO
[3] Art. 115
Incitation et assistance au suicide
Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d'une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d'une peine pécuniaire.
Les enfants ont le droit de recevoir une éducation sexuelle. La responsabilité en incombe aux parents mais aussi aux enseignant·e·s, aux professionnel·le·s de la santé sexuelle ainsi qu’à d’autres actrices et acteurs. Toutes et tous contribuent à ce que chaque élève bénéficie d’un accès à l’éducation sexuelle et que l’égalité des chance soit ainsi garantie.
L’éducation sexuelle est inscrite dans les programmes scolaires. Mais comment cela fonctionne-t-il plus précisément et quels sont les standards en la matière ? Pour répondre à ces questions et promouvoir une éducation sexuelle holistique dans les écoles, SANTÉ SEXUELLE Suisse a lancé une plateforme en ligne.
Cette plateforme est destinée aux enseignant.e.s, directions d'établissements et spécialistes de l’éducation sexuelle en Suisse latine et alémanique. Avec
Pourquoi, alors que nous pensions que le travail était devenu bien moins pénible qu'aux siècles derniers, les burn out, les dépressions et même les suicides sur les lieux de travail se sont depuis généralisés et n'épargnent plus aucune société occidentale ?
La sociologue du travail Danièle Linhart, spécialiste de ces questions, explique non sans humour – car il en faudra ! – les effets pervers des politiques managériales contemporaines qui précarisent les travailleurs, jusqu'à parfois les faire douter de leurs propres valeur et légitimité.
Textes Danièle Linhart. Dessins et couleurs Zoé Thouron. Bruxelles : Editions Le Lombard, Collection La petit Bédéthèque des savoirs, tome 28, 2019, format livre de poche, 72 pages.
REISO : un petit livre pour un grand sujet. Mais un thème aussi complexe, avec des mécanismes pervers et des logiques contradictoires peut-il vraiment être traité en bande dessinée ? La réponse est oui. Avec subtilité et humour en prime.
L’Association professionnelle suisse du travail social, AvenirSocial, a dressé un inventaire et un historique des évolutions intervenues ces vingt dernières années dans l’aide sociale.
Ces dernières années, de nombreuses modifications sont intervenues dans les règlements en matière d’aide sociale, qu’il s’agisse des normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS) ou des législations tant au niveau fédéral que sur le plan cantonal ou communal.
Après une phase d’élargissement des droits des personnes en situation de pauvreté jusqu’au tournant du siècle, les récentes modifications constituent souvent un durcissement des conditions d’accès et une restriction des prestations. Le texte de Véréna Keller (54 pages) publié par AvenirSocial a pour objectif de constituer une documentation solide et une référence fiable en la matière afin de servir de base pour des analyses, d’identifier les acteurs et les actrices et de dégager les logiques à l’œuvre dans ces évolutions.
Lire aussi: Véréna Keller, «Les Suisses n’ont pas besoin d’aide sociale!», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 3 janvier 2019.